J'ai a peine eu le temps de me dire que c’est pas souvent que je suis chez moi, le concierge me prévient - déjà ? - que River est ici et demande à me voir, elle a besoin de me parler. Est-ce que ça fait plusieurs fois qu’elle essaie de venir jusqu’à ce qu’on lui dise que je suis rentré ou est-ce que le jour où j'arrive elle est dans mon sillage ?

Ce qui m’empêche d’être franchement démotivé par l’idée d’avoir à lui parler parce que je lui cache toujours quelque chose, c'est que ce qu’elle veut me dire doit être important. Maintenant qu’elle ne peut plus entrer chez moi comme bon lui semble pour la première fois depuis toujours, elle a dû insister et pas seulement pour me demander des explications à propos de la sécurité de l’hôtel qui s’en tient aux nouveaux ordres. Elle a quelque chose à me dire qu’elle monte me le dire, c’est ce que je réponds au concierge:

“Merci, faites la monter.”

J’étais en train de lire je m’empresse de ranger ma tablette, laquelle était posée sur une table basse avec l’arme que je ne vais pas pouvoir cacher sur moi cette fois alors je vais la ranger dans sa cache camouflée dans mon dressing. J’ai eu le temps de refermer la planque, mais pas la chemise que j’ai attrapée au vol. Je termine d'en fermer les boutons devant River quand l’ascenseur s’ouvre pour qu’elle me trouve comme si elle m'avait surpris en compagnie de quelqu’un que j’aurais tenté de cacher vite fait dans mon dressing avant de me présenter encore débraillé devant elle.

“Comme si” parce que ce serait impossible comme elle ne peut plus entrer ici comme si c'était chez elle. Et à cause de ça elle risque de me poser des questions auxquelles j’ai pas envie de répondre, pas envie de lui parler de sécurité, de gang encore moins, pas envie de lui parler d’armes, j’ai même pas envie de lui parler de voitures mais plus que tout j’ai pas envie de lui parler de moi, c’est elle le sujet.

“Est-ce que tu vas bien ?”

C’est ma première question et c'est pas du small talk je poserais jamais la question à quelqu’un qui me répondrais un faux oui pour s’assoir sur mon canap et m'accaparer pendant des heures ensuite, je lui demande déjà si elle va bien, est-ce qu’elle est en danger par exemple ?

Je lui fais aussi signe de me suivre pour qu’on ne reste pas devant l’ascenseur, pour qu’on aille s'asseoir à la même table où quelques instants avant qu’elle arrive j’étais en train de lire. Il ne reste plus qu’un verre, un fond d’alcool dedans et la bouteille sur la table.

“La prochaine fois appelle ou envoie un message avant de venir je préviendrais que je t’attends. Tu peux monter, si je sais que tu montes.”

Je bouge différemment.
Comme il faut aussi que je me prenne mes distances avec les histoires sentimentales parce que je suis un jedi, un chevalier ou quelque chose comme ça…

“Tu veux un verre ?”

Je pousse mon verre devant elle.