@matilda middleton & sienna middleton maybe then, Once we’re 10 drinks deep, We’ll finally say some things we mean, Like, “oh god,
I’m so lonely,” But at least I'm not alone.
paradise fears ; reunion

Le regard posé sur son téléphone, Sienna se demandait si c’était là une blague qu’on lui faisait. Certes, les souvenirs lui revenaient peu à peu, tout comme les raisons qui l’avaient poussée à changer le nom de bien des contacts dans son téléphone pour des surnoms plus ou moins absurdes, mais ça lui semblait improbable qu’on la contacte comme ça, le message sorti de nulle part. Et pourtant, si la raison la forçait à être sceptique – ou était-ce peut-être simplement qu’elle était légèrement paranoïaque depuis son arrivée à Brisbane, la peur qu’il la retrouve plus grande que quoi que ce soit d’autre – quelque chose lui disait que ce n’était en rien des mensonges. Sans se donner le temps d’y penser plus longtemps, Sienna s’empara de ses essentiels – le sac à main posé sur le banc près de la porte d’entrée, et les clés posées sur l’un des crochets apposés au mur – avant de quitter son appartement. À peine avait-elle mis le pied à l’extérieur de son logis que l’anxiété la gagna. Le trajet qui la faisait traverser la ville fut ponctué de questions, de si, d’hypothèses qui n’aidaient en rien à la calmer. Et si l’entente n’était plus aussi bonne qu’autrefois? Et si elle lui en voulait d’avoir coupé contact? Et si Sienna ne parvenait pas à être honnête avec elle, si elle ne pouvait pas lui donner de raison quant au manque d’appels, de messages textes, d’emails même, à la limite? Que ferait-elle? Sienna était très sélective de son cercle, amis et confidents choisis avec parcimonie et délibération. Ce n’était que coïncidence que sa meilleure amie se trouve également à faire partie de sa famille. Elle se disait qu’un lien comme celui qui les unissait depuis l’enfance pouvait tout supporter, qu’il pouvait résister à toutes les épreuves de la vie, et elle avait bien l’impression que ce n’était qu’une question de temps avant qu’elle n’en ait la preuve.

Les écouteurs dans les oreilles, elle tentait de se calmer alors que l’autobus s’emplissait un peu plus à chaque arrêt. IL y avait bien une raison pour laquelle elle acceptait d’être sur le quart de nuit si besoin était. Elle préférait de loin les heures un peu moins achalandées, préférait la quiétude des transports en communs le soir venu, en dehors des heures traditionnelles de travail. Elle était pourtant prête à faire face à toutes ces petites choses qui pouvaient faire monter en elle ces sensations qui lui déplaisaient, qui rendaient sa respiration un peu plus laborieuse, et qui la faisait être aux aguets plus qu’en temps normal. Un coup d’œil à son téléphone, l’application carte d’ouverte lui indiquant que le prochain arrêt était le sien, le signe demandant l’arrêt de l’autobus au prochain stop planifié vint s’illuminer. Elle se faufila à travers les quelques gens qui se trouvaient sur son chemin, attendant patiemment l’arrêt complet du véhicule avant de remercier le chauffeur, de lui souhaiter une bonne journée, et de descendre. Elle marqua une pause le temps de retrouver ses repères. Il était loin, le dernier souvenir qu’elle avait du quartier. Ou peut-être avait-elle simplement réprimé des souvenirs pour éviter de se faire plus de mal que nécessaire en pensant à ce qui lui était interdit, à ce qu’il lui arrachait. Après quelques minutes, Sienna entreprit sa marche, le regard se posant tantôt sur les buildings environnants, avant de se reposer sur son téléphone, là ou était indiquée sa destination, jaugeant la distance qu’il lui restait encore à parcourir avant d’y parvenir.

Elle eut l’impression que son cœur manqua un battement lorsqu’elle s’arrêta finalement face à la bonne maison, la bonne adresse. Ses pas la guidèrent jusqu’à la porte, devant laquelle elle se stoppa, immobile pendant quelques secondes. Elle ne cessait de s’interroger quant à la raison de sa nervosité, parce qu’après tout, c’était Matilda qu’elle retrouvait. Il n’y avait rien là. Elles se connaissaient mieux que quiconque. Pourtant, elle redoutait ces retrouvailles, le ton de Matilda à travers ses quelques messages lui laissait présager que leur conversation ne serait pas toute rose, que ce ne seraient pas là que là joie de se retrouver qui primerait par-dessus tout. Une expiration et Sienna toqua finalement trois petits coups à la porte, attendant que le visage familier de Matilda n’apparaisse devant elle. Elle se trouva ridicule de ne lui lancer qu’un « hey » lorsqu’elle la vit, le mélange d’émotions qui l’envahi ne lui donnant pas la chance de dire quoi que ce soit d’autre. Elle n’osa pas non plus faire à son aise, comme elle avait pu le faire auparavant, lorsqu’ils étaient en visite et entrer sans attendre d’y être invitée. Elle avait l’impression qu’après tout ce temps, elle avait perdu ce privilège.