Do not settle for the ordinary

feat Chelsea Cavanagh & @Max Novak

C’était une journée à marquer d’une pierre blanche, c’est ce que lui aurait dit sa grand-mère si celle-ci savait que Chelsea avait décroché son tout premier rencard. Elle pourrait pourtant le considérer comme son second, puisque sa rencontre avec Max était censé en être un, mais comme il n’avait été programmé par aucun d’entre eux, elle n’y parvenait pas. Ils avaient été forcés de le faire, elle ne savait toujours pas pourquoi le brun s’était rendu à ce speed dating, mais elle obtiendrait peut-être une réponse de sa part cet après-midi. L’étudiante en photographie était encore incrédule, elle doutait du fait qu’il allait réellement venir, offrir de son temps à une fille qui n’avait probablement rien à voir avec celles qu’il avait l’habitude de fréquenter. Les échanges qu’ils avaient eus par textos auraient dû la rassurer, mais cela pouvait faire partie d’un jeu, celui qu’elle s’était imaginée dès qu’elle avait vu son visage et eut un aperçu de son tempérament. Étrangement, les paroles tenues par Carl quelques jours plus tôt étaient celles qui lui insufflaient le plus de courage, parce qu’il lui avait dit qu’elle était aussi belle intérieurement qu’extérieurement, que son meilleur ami était le grand perdant. Elle s’observa dans son miroir, s’attarda sur ce qui était considéré comme ses atouts, ses yeux et ses lèvres, qu’elle para d’un mascara augmentant considérablement le volume de ses cils, avant de modifier le rose naturel de ses lippes au profit d’un rouge coquelicot. Un maquillage simple qui lui permettait de se sentir un peu plus femme, à défaut d’être capable d’enfiler une tenue suffisamment sexy pour ne plus être cataloguée comme une adolescente. Elle décida de faire un clin d’oeil à leur première entrevue en optant pour au moins un vêtement rétro, une longue jupe noire marquant sa taille par-dessus un caraco blanc bordé de dentelle, qui devait lui permettre de survivre aux températures élevées du jour. Chelsea se chaussa avec de simples sandales plates, pour éviter de se retrouver dans la mer en essayant de rejoindre son bateau, sur lequel elle avait promis de le retrouver.

Une fois arrivée sur le port, elle se planta devant son voilier. Qui aurait cru qu’il serait le premier témoin de sa première tentative d’évolution au niveau sentimental ? Personne, mis à part Raghnall, qui lui avait toujours raconté que son modeste navire avait toujours fait son petit effet auprès de la gent féminine. Elle afficha un sourire amusé, en se remémorant la réaction que sa mamie avait eue en entendant ces paroles, même si elle était persuadée qu’il lui avait toujours été fidèle. Dans le fond, Chelsea rêvait d’avoir un jour une relation similaire à la leur, solide, emplie de complicité sans le moindre chichi, une histoire d’amour qui n’était probablement pas très transposable au siècle dans lequel elle vivait. Elle secoua légèrement sa tête, parce qu’elle devait s’en tenir à son credo habituel ; elle n’avait pas besoin de romance pour être heureuse, juste de divertissement. L’étudiante en photographie enjamba le quai avant de le confirmer, en cherchant à rejoindre au plus vite le meuble dans lequel elle avait laissé tout son matériel. Une fois qu’elle retrouva le dessin qu’elle n’avait pas terminé, elle se plaça à l’avant du Wayfarer afin de continuer à dessiner le port. Il ne s’agissait pas seulement d’une façon de s’occuper, mais aussi d’une manière d’oublier l’absence de Max si jamais celui-ci lui faisait faux bond, ainsi elle ne regretterait pas d’avoir fait le déplacement. Les nombreux coups de crayon de la rousse lui firent perdre toute notion du temps, jusqu’à l’instant où le calme dominant fut perturbé. Quelqu’un était arrivé sur le quai, mais elle n’arrivait pas à percevoir qui en restant assise, elle plaça son fusain derrière son oreille avant de se lever. Les yeux grands yeux bleus de l’étudiante en photographie s’écarquillèrent, quand elle crut reconnaître sa silhouette. Max était bel et bien là, ses prunelles semblaient rechercher sa présence. Elle doutait du fait qu’il ait bien retenu la brève description de son voilier, ni même son appellation, elle lui fit donc un grand signe de la main avant de l’interpeller. « Je suis là, Max. » Elle ne savait plus ce qu’elle devait ressentir, de la joie que ce rendez-vous se concrétise ou au contraire de l’appréhension ?

Do not settle for the ordinary

feat Chelsea Cavanagh & @Max Novak

Il lui était étrange de se rendre sur son bateau avec pour principal objectif d’y passer un rendez-vous galant, elle ne savait pas vraiment ce qu’il lui avait pris de proposer cela à un parfait inconnu. Un coup de folie ? Certainement, n’importe lequel de ses proches aurait pu lui dire que c’était carrément dangereux de se retrouver en pleine mer avec ce type. C’était une des raisons pour lesquelles elle n’en avait parlé à personne, même si cela aurait pu représenter une précaution plus que nécessaire. Le côté occulte du tête-à-tête avait quelque chose d’excitant, Chelsea aimait avoir ce semblant d’impression de mener une double vie, un peu comme sa tante lorsqu’elle effectuait son travail de détective privée. Elle avait toujours été avide d’aventures, mais elle ne pouvait pas dire qu’elle en avait eu beaucoup, posséder ce voilier lui donnait l’illusion que le monde pouvait lui appartenir, que la mer n’était pas un obstacle. Le rêve le plus fou de l’étudiante en photographie n’allait probablement rester qu’un fantasme, elle le voyait à toutes les distances qu’elle avait pu parcourir, elle ne s’était jamais trop éloignée du port de Brisbane. Un endroit dont elle ne se lassait pourtant pas, puisqu’elle avait décidé de continuer de l’immortaliser, jusqu’à ce qu’elle ne soit interrompue. Les alentours n’étant que peu fréquentés par les touristes, elle s’était doutée que les pas qu’elle avait entendus n’étaient pas ceux de n’importe qui. Max était bien là, le sourire aux lèvres, il usa de nouveau de ce surnom un peu ringard qu’il lui avait trouvé juste avant de lui confier son numéro et de quitter la salle obscure. « Salut monsieur vert bouteille. » Elle n’avait pas pu s’empêcher de mentionner la couleur de sa chemise, qu’il avait troquée contre du noir. Un simple t-shirt, accompagné d’un pantalon plus habillé, peut-être un peu trop pour une virée en mer, ce qui la laissait penser qu’il venait de quitter son travail. Le jeune homme chercha rapidement à se renseigner sur leur destination, un mystère qu’elle ne tardera pas à élucider. « On va s’arrêter à l’île Moreton. » Un choix qui n’avait pas été difficile à faire, elle avait simplement choisi celle qui était la plus proche, mais sa proximité n’était pas sa seule qualité.
 
Il s’approcha considérablement d’elle, assez pour pouvoir saisir le fusain caché derrière son oreille, tout en se permettant de toucher ses cheveux. Elle eut pour réflexe de cligner les yeux, elle ne s’attendait pas à ce qu’il fasse preuve d’une telle familiarité aussi vite, ni qu’il soit doté d’un véritable œil de lynx. Il n’avait pas manqué que ses doigts étaient déjà noircis au cinéma, peut-être parce qu’ils avaient laissé une trace sur le ticket qu’il lui avait tendu. Chelsea se dit qu’elle n’avait jamais été observée avec autant d’attention par Desmond durant toutes ces années, elle aurait pu soupirer si elle ne s’était pas rappelée qu’elle avait justement accepté de le voir pour le dégager de son esprit, ne serait-ce que quelques heures. Alors que Max constatait que son appétence pour le vintage n’avait que peu de limites, elle se pinça les lèvres, le regard de son interlocuteur était profond, il semblait se réjouir de la découvrir à la lumière du jour. Elle ne l’interprétait peut-être pas de la bonne façon, parce qu’après tout elle n’avait jamais été un objet de convoitise, elle remit ses idées en place avant de lui répondre ; « Je ne fais jamais les choses à moitié. » Le plan qu’elle avait élaboré en quelques secondes pour ce rencard en était une belle preuve, elle n’avait pas été dans la simplicité, elle n’avait pas hésité à se servir de son atout ; le Wayfarer. Chelsea retrouva le binôme taquin qui lui avait été imposé au speed dating, elle plissa des yeux, définitivement prête à lui rétorquer. « Je ne suis plus du tout une victime, je suis la capitaine de mon navire, voyons. » Une phrase à double sens qui lui insufflait toute la confiance dont elle avait besoin de s’armer. Elle étira la commissure de ses lèvres, avant de s’avancer jusqu’au moteur et de l’allumer. La rousse vérifia que les jauges du tableau de bord étaient bonnes avant de retirer les amarres du bateau. « C’est parti. »
 
La jeune femme s’était dirigée vers le gouvernail, elle le manipula suffisamment pour s’assurer que le voilier parte dans la bonne direction. Le vent se mit à souffler doucement, ce qui lui rappela qu’elle n’avait pas prit le temps de ranger son dessin, elle l’attrapa et se tourna vers Max. « Tu veux quelque chose à boire ? De la bière ou du coca ? » L’étudiante en photographie n’étant dotée que d’un petit réfrigérateur, elle n’avait pas grand-chose à lui proposer. « Enfin, tu veux peut-être faire un tour du propriétaire avant tout ? » Chelsea avait souvent remarqué que ses invités étaient curieux de découvrir l’intérieur de son voilier, qui était plus grand qu’il ne le paraissait. Elle était dotée d’un studio flottant, d’un échappatoire que peu de personnes pouvaient se targuer d’avoir. Il n’était peut-être pas très luxueux, mais il était authentique et assez bien équipé pour qu’elle s’y sente à son aise. La Cavanagh ne comprenait toujours pas comment sa mère avait pu envisager de le vendre, alors qu’il s’agissait d’un bijou de famille. Les yeux de la jeune femme s’attardèrent sur une inscription faite à la main, un texte gaélique qui citait un proverbe écossais qu’elle connaissait par cœur, dont elle se dévia pour observer son invité. Elle ne s’était jamais doutée que ce message était peut-être l’encouragement dont elle avait le plus besoin.