adrian #1 • rumour has it

rumour has it
ft @Adrian West

Greta avait quitté Londres et s’était installée à Brisbane définitivement depuis presque une année déjà et pourtant, ses parents avaient toujours autant de mal à couper le cordon avec elle. Alors pour les rassurer, elle donnait le change, continuant à se plier à leurs demandes comme celle d’aller les représenter dans des galas ou des défilés. Elle n’était pas particulièrement enthousiaste à l’idée de parler en leur nom parce qu’elle avait quitté le pays avec un nom d’usage justement pour ne plus avoir à rendre de comptes. Ne plus avoir à s’assurer que chacun de ses mouvements était en adéquation avec l’image de marque que voulaient renvoyer les Sighbury. C’était une faveur qu’elle pouvait encore leur accorder et la moindre des choses parce qu’ils avaient vu comme un véritable affront le départ de la cadette de ce nid orné d’or dans lequel elle s’épanouissait depuis la naissance. Ils n’avaient pas réellement compris le besoin de Greta de se prouver quelque chose parce que Carmine réussissait très bien à marcher dans leurs pas et à se tracer une carrière qui coulait de source en ayant des créateurs pour parent. Greta était un peu plus rebelle, avait des rêves un peu plus coriaces et son cœur brisé avait fini de lui donner envie d’entreprendre quoique ce soit à Londres. Cette ville avait bien trop de souvenirs qu’elle voulait oublier alors elle les avait laissés derrière elle, sans se retourner.

Les robes de ses parents lui allaient toujours aussi bien, mais elle n’aimait plus les porter tant il était aisé de faire le lien avec son milieu social lorsqu’elle les revêtait. Des matériaux de qualité, un design à couper le souffle et cela était suffisant pour attirer une attention dont elle ne voulait plus sur elle. Greta s’était engouffrée dans un taxi pour rejoindre le défilé organisé ce soir-là et aller se mêler à nouveau à des personnes trop aisées pour se soucier de la fille des Sighbury. Elle se présentait comme tel, ajoutant un sourire ici et là aux concurrents de sa famille pour sauver les apparences mais une fois qu’elle s’était assez montrée, elle s’était réfugiée près du bar. Un moment pour s'enivrer avant de regarder le défilé, comme si cela permettrait d’apprécier des créations parfois douteuses. « Vous aussi vous êtes là parce qu’on vous y a obligé ? » avait-elle tenté de lancer à son voisin de gauche, venant toucher légèrement son avant-bras avec son coude, sa coupe de champagne à la main. C’était à peu près le seul avantage à être là alors elle en profitait allègrement. « Où vous avez un réel intérêt pour la collection ? » Le rire qui s’était échappé de ses lèvres était probablement dû à un excès de bulle, pourtant, elle trouvait risible que quiconque soit ici pour autre chose que pour le paraître. Les photographes grouillaient et s’empressaient de cumuler les flash lorsque les personnes importantes passaient devant eux et Greta soufflait, ravie de se fondre parmi les personnes lambdas. C’était paradoxal, elle n’avait aucune envie d’être dans ce genre d’événement, pourtant, c’était le seul endroit de Brisbane où elle pouvait révéler son identité sans risquer quoi que ce soit - il y avait toujours plus important qu’elle. La personne à qui elle avait adressé la parole n’avait, à première vue, pas non plus de visage familier et elle n’avait pas pris trop de risques, selon elle, en l’accostant comme s’il était comme elle, complètement désabusé. Mais quand il s’était tourné vers elle, Greta avait tiqué.

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just know this too shall pass

losin' your mind in the mirror like you have to, screamin' in your car in the driveway, spinnin' out, think your life's going sideways. sleep is so thin outta habit, hard to tell the real from the dreams you imagine. nights when one broken glass turns to total collapse just know this too shall pass.-byendlesslove

All of these words whispered in my ear tell a story that I cannot bear to hear, just 'cause I said it, it don't mean that I meant it. People say crazy things, just 'cause I said it, don't mean that I meant it.
@Greta Moore

L'idée de quitter Fortitude Valley te trottait de plus en plus dans la tête. C'était ce qui t'occupait l'esprit ce soir, tout seul dans cet appartement que tu avais de plus en plus de mal à supporter. Ton boulot ne t'allait plus vraiment non plus d'ailleurs, la plonge c'était bien sympa cinq minutes mais tu avais atteint ton quota de patience. Tu avais besoin de changement sur tous les plans, ton arrivée à Brisbane remontant à presque trois ans déjà, il était temps de se renouveler. Tu n'étais plus le même que quand tu avais débarqué début 2017, dans l'idée de changer ta vie du tout au tout. Beaucoup de choses avaient changé, certes, mais tu n'étais pas encore satisfait de là où tu en étais. Toujours le goût amer de la mort de Michael au bord des lèvres qui te revenait constamment, et l'envie de faire payer au monde entier, et surtout à ton paternel.

C'était dans cet état d'esprit que tu t'étais dit que ce soir, tu avais besoin de te changer les idées. Ca tombait bien, tu avais l'occasion parfaite: une invitation pour un défilé qui patientait bien sagement sur ton meuble d'entrée depuis quelques jours. Une invitation refourguée de la part de papa, justement. Autant se servir de cette influence que tu détestais tant pour sortir te changer les idées, ça avait au moins cet avantage et tu avais décidé d'en tirer le meilleur. Ca te permettrait de profiter d'un open bar dans la plus grande des tranquillités. De sortir de cet appartement et d'aller un peu voir dehors ce qu'il se passait. Pourquoi pas ne pas passer la nuit seul, tu n'en serais pas à ton coup d'essai et ça te permettrait de penser à autre chose qu'à tes envies irrépressible de changements sans réel objectif. Alors tu prenais un petit temps pour choisir tes vêtements, histoire d'être présentable. Une chemise classe sans trop en faire non plus, un blazer chic et ton pantalon fluide noir ça serait parfait. Juste le temps de mettre une veste sur tes épaules et de passer jeter un œil à ta coupe de cheveux, plus qu'approximative, dans le miroir et te voilà déjà dehors. Tu n'avais pas vraiment plus de temps à y accorder ni plus l'envie que ça. Et tu avais toujours eu la chance de pouvoir quand même compter sur ta belle gueule pour pouvoir passer partout, sans avoir non plus trop besoin d'en faire. Tu l'avais compris bien longtemps avant et tu avais parfois abusé de ces charmes par le passé. C'était moins ton genre maintenant, maintenant que tu avais grandi, maintenant que tu avais réalisé la réalité du monde de l'apparence et du paraître. Mais tu devais bien avouer que l'avantage de pouvoir te préparer en coup de vent pour ce genre de soirée sans toutefois paraître ridicule te faisait gagner un sacré bout de temps.

Ton enthousiasme pour l'envie de sortir semblait cependant s'être un peu éteint à ton arrivée à la soirée. Tout d'un coup, voilà que tu regrettais presque d'être venu, à la vue de tous ces gens avec qui tu n'avais l'impression de ne rien partager. Tes envies de ne repartir seul semblaient bien compromises dans cette situation, et tu désespérais même de simplement trouver quelqu'un avec qui discuter pour passer le temps. Par contre, la perspective de profiter de l'open bar, elle, ne s'était pas évanouie. C'était donc tout naturellement que tu t'étais réfugié au bar, un verre de scotch étant arrivé dans ta main presque comme par magie. Ce soir tu avais besoin d'un truc plus fort que le champagne, on garderait les bulles et les festivités pour une autre fois. Et comme tout venait à point à qui savait attendre, une jolie blonde venait de se faire une place au bar juste à ta droite. Elle te demande si toi aussi, tu es là par obligation. Sa remarque te fait sourire, si elle savait. Tu sens aussi son bras qui vient effleurer ta peau, juste en dessous de tes manches de chemise retroussées. Finalement, les perspectives de cette soirée allaient peut-être s'éclaircir. Elle faisait un peu naïve peut-être, avec sa jolie robe et sa coupe de champagne à la main, mais elle avait réussi à t'arracher un sourire, tu pouvais accorder ça. "Le pire, c'est que pour une fois je suis venu de mon plein gré !" Tu déplaces tes yeux rapidement vers elle et lui sourit, avant de reprendre une grande gorgée. "Pas de réel intérêt pour la collection par contre, plutôt un intérêt pour l'open bar de mon côté." Tu souris une nouvelle fois, venant faire trinquer ton verre contre le sien doucement. "Mais je vois que je ne suis pas le seul !" Vous vous retournez enfin l'un vers l'autre, vos regards se croisent et tu as l'impression de voir un changement dans son regard. Comme si elle te connaissait de quelque part. Mais elle, elle ne te dit rien, alors tu te dis que ça doit être dans ta tête. Tu essayes de ne pas tenir compte de cette impression de switch, et continues tranquillement ta conversation, toujours tourné vers elle. "Et vous, qui peut bien vous forcer à être là ?" Avait-elle, un peu comme toi, des parents fortunés avides de voir leur enfant fièrement parader pour dorer le blason familial ? Ou était-ce complètement autre chose, une situation atypique qui aurait pu faire une bonne anecdote pour égayer ta soirée ?

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In the shade, I spend my life - in continuous travel between living and dead; see here, my heart of metal, my black wings, stretched out on the grass... drawn down on the ground like dark waves that recede.