« C’est demain. » qu’elle avait lâché au téléphone sans trop savoir si elle devait y croire ou non. Depuis le temps, que cette menace pesait au-dessus de leur tête, ils n’y croyaient plus. Ils, tous les habitants de ce terrains, installés depuis des années, pour la plupart. C’était chez eux. Ils avaient vu grandir les ados des caravanes voisines, ils avaient vu le nouveau terminal de l’aéroport sortir de terre, ils avaient vu passer des milliers d’avions au-dessus de leurs têtes, ils s’étaient faits à tout ce vacarme. C’était leurs petites vies, loin de la vie urbaine, loin des contraintes de la ville. On les avait prévenu, on les avait menacé, à plusieurs reprises, parfois, l’entrée du terrain était scellé d’une barrière en ferraille, cadenassé, mais une pince coupante était suffisante à y libérer l’accès à nouveau. Cette fois, la date était donnée : ils devaient déguerpir sur le champ et tout ce qui resterait sur le terrain serait saisi et détruit.
Un tiers des occupants avaient quitté les lieux, un autre tiers avait simplement fait bagage en prenant le principal de leur affaire, en étant persuadé qu’ils pourraient revenir pour récupérer le reste et puis, le tiers restant avait décidé de rester coute que coute. Ils feraient barrage jusqu’à la dernière minute, refusant de céder leurs biens à des vendus capitalistes, à la merci des grands patrons.
Jina venait de boucler sa valise, n’ayant aucune idée d’où elle pourrait aller, parce que si elle avait l’habitude d’aller chez sa mère, chez Cait, chez Lena ou encore chez Angus, elle le faisait parce que c’était toujours histoire de quelques jours, histoire de quelques temps. Pas pour toujours. Parce qu’elle avait toujours la possibilité de retrouver son cocon, son nid douillet. Sa caravane, l’endroit le plus réconfortant pour elle.
Seth était la seule personne qui savait où Jina habitait, parce qu’il avait compris son petit jeu, il avait compris qu’elle n’était la colocataire de personne, encore moins de Cait. Parce qu’il avait insisté et qu’il avait fini par lui tirer les vers du nez. Alors si quelqu’un pouvoir la soutenir dans ce moment-là, c’était lui. Une dernière nuit, qu’elle lui avait demandé. Et quand le soleil se lèverait, ils partiraient tous les deux, parce qu’elle refusait de voir son paradis se faire détruire sous ses yeux. Elle ignorait s’il viendrait vraiment, parce que Seth se fou toujours de tout.

@Seth Moriarty