Hassan Jaafari & @Jules Rhodes

I can't sleep tonight, everybody's saying everything is alright, still I can't close my eyes. I'm seeing a tunnel at the end of all of these lights, sunny days, where have you gone ? I get the strangest feeling you belong, why does it always rain on me ? ☆☆

gifs @harleystuff & @benterps

Dernier regard sur la cuisine, sur le salon. Dernier regard sur le bureau, qui résonnait d’avoir été ainsi délesté de tous les livres qui couvraient habituellement ses étagères, bien à l’abri à l’étage avec le fauteuil en velours vert normalement installé près de la fenêtre. Dernier regard vers l’escalier, où avaient été montées à la hâte toutes les choses qui pouvaient l’être, le reste ne pouvant compter que sur les briques et les parpaings utilisés pour surélever les meubles en espérant que cela suffise à limiter les dégâts. La veille, les services de la municipalité avaient fait le tour du quartier et prévenu les habitants que cette portion de Logan City risquait de se retrouver sous l’eau une fois le cyclone Olga arrivé sur les côtes. S’il avait été seul, sans doute Hassan aurait-il eu plus de mal à se convaincre qu’abandonner sa maison aux intempéries était la meilleure décision, et ce malgré une peur de l’eau déjà handicapante lorsqu’elle ne menaçait pas d’envahir son rez-de-chaussée. Mais seul, Hassan ne l’était pas (plus) et si prudence était mère de sûreté, alors sans doute comptait-il s’assurer que cette mère-là, au moins, ne ferait pas faux-bond à Mo à peine de retour chez lui (chez eux).

Au matin, Hassan avait aidé les Khadji à mettre en ordre leur propre maison, accompagné de Sohan chez qui père et mère comptaient trouver refuge jusqu’à la levée de l’alerte météo. Puis, y ayant déposé ces derniers pour qu’ils s’installent et s’occupent de Mo quelques heures, les deux hommes avaient effectué un retour à Logan City pour s’occuper de la maison du Jaafari. « Je l’ai jamais vu comme ça. » Incapable de tenir en place, Bandit multipliait les allers-retours d’une pièce à l’autre, claudiquant sur ses trois pattes, les oreilles en arrière. « Il sent la tempête venir, tu penses ? » Sans doute. Parait-il que les animaux avaient un sixième sens. Même Spike ne faisait pas le fier, d’ordinaire doté d’une espièglerie à toute épreuve, et ce jour-là planté devant la porte d’entrée, droit comme un piquet, et semblant craindre qu’on l’oublie en partant. « Ça va aller, vous trois ? » Les choses avaient beau se tasser entre Sohan et ses parents, lentement mais sûrement, ils n’avaient pas partagé le même toit plus de quelques heures depuis … Oh, si longtemps que ni Hassan ni lui n’auraient sur le dater avec exactitude. « On verra bien. J’ai envie de croire que oui. » Tout le monde avait envie de le croire, et rassemblant ses pensées autant que ses dernières affaires, l’enseignant avait acquiescé lorsque son ami avait indiqué « Le vent commence à se lever, faut pas traîner. » et tout le monde était monté en voiture, les hommes à l’avant et les chiens à l’arrière.

L’appartement de Sohan n’était pas suffisamment grand pour pouvoir accueillir tout le monde de façon convenable, quant à l’idée de faire cohabiter les deux chiens d’Hassan avec le chat de Yasmine, laissé aux bons soins des autres Khadji dans l’optique où sa garde à l’hôpital devait se prolonger, elle relevait de l’utopie. Aussi Hassan, Mo et les deux animaux avaient-ils obtenu asile chez Jules, laquelle avait accepté de bon cœur, quoi que l’enseignant la soupçonnait de s’inquiéter un peu de la compatibilité entre ses tapis et deux animaux habitués à gambader dans un jardin – mais de cela, Hassan se portait garant. « Fatima avait peur qu’on meurt de faim, comme tu peux voir. » Chargé comme une mule entre ses affaires, celles de Mo et les tupperwares préparés par la mère de Sohan, il avait déposé ces derniers sur la table de la cuisine à peine Jules les avait-elle invités à entrer « Elle m’a même laissé couper les légumes ! » s’était pour sa part enthousiasmé Mo avec un brin de fierté, à propos de la ration de couscous que contenait les boîtes en plastique. « Merci encore de nous accueillir. Avec de la chance c’est beaucoup de précautions pour rien, et on pourra rentrer demain soir. » Hassan l’espérait tout du moins, tant parce qu’il espérait retrouver sa maison sans trop de dégâts que parce qu’il restait un peu gêné de devoir ainsi empiéter sur l’espace vital de Jules. « L’université est fermée toute la semaine prochaine, cela dit. Ils supposent que le lac va déborder. » Ce ne serait pas la première fois, ni probablement la dernière, mais de façon purement pragmatique Hassan y voyait un timing assez malheureux, alors que les examens étaient pour ainsi dire imminents.