Pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Du moins, c’est ce que la plupart des gens disaient. Zelda, elle, elle trouvait que c’était de la connerie. Quand ça va, on parle aux gens, et quand ça va pas, on s’enferme, on s’enterre six pieds sous terre. Silence radio. En tout cas, c'était ce qu'elle faisait depuis toujours, n'ayant personne à qui s'ouvrir et se confier sans avoir peur de paraître faible. Alors pour elle, c'était comme ça que les choses marchaient. Donc pas de nouvelles, mauvaises nouvelles. Surtout quand il s'agissait du silence radio d'une jeune un peu colérique, quelque peu imprévisible, qui voyait beaucoup de monde au quotidien, et à qui il aurait pu arriver n'importe quoi après un regard de travers ou après un verre.

Molly. C'était elle, la merdeuse qui forçait involontairement Zelda à sortir de son bureau où elle était enfermée pour bosser paisiblement, esquivant meetings inutiles et conversations soporifiques dans l'open space. Cette "gamine", c'était un peu la protégée de Zelda. Nan, c'était carrément sa protégée. La brune se retrouvait beaucoup en elle, c'est en partie la raison pour laquelle elle a avait envoyer chier un de employé de la radio le jour où il avait osé manquer de respect à Molly, en train de faire une tâche ingrate, et qui n'avait pas besoin de se faire emmerder davantage. Depuis ce jour, Molly lui collait au train, et Zelda, bien qu'ayant du mal à comprendre pourquoi la jeune femme l'appréciait tant, appréciait la compagnie de sa mini-moi, l'ayant même aidée à avoir un meilleur petit boulot comme assistante. Zelds s'était attachée à cette morveuse, et même si en pensant à elle, ce genre de surnoms lui venaient à l'esprit, ce n'était qu'un moyen de la jouer meuf cool et détachée, pas trop niaise, ni sentimentale. Ces surnoms étaient évidemment affectueux, mais quiconque s'amuserait à parler de Molly ainsi serait très mal reçu.

Trouvant ce silence radio étrange, et surtout, anormalement long pour Molly, Zelda était un peu inquiète. Les deux se répondaient parfois avec du retard, mais au moins, il y avait une réponse. Là, rien. Ca lui faisait chier de l’admettre, mais la Rivera se faisait du souci, et c’était bien pour cela qu’elle avait débarqué directement sur le lieu de travail de Molly pour vérifier si tout allait bien. Elle priait pour l'y trouver, avec son air aimable, en train de juger les gens quittant le ciné. Zelda pénétra dans le hall, foulant tranquillement la moquette rouge, et salua les employés l'ayant reconnue d'un petit sourire se voulant poli et aimable, juste ce qu'il fallait pour être sympa sans inviter à une discussion pour autant. C'était tout sauf le moment pour ça; Zelda était tendue comme un string (comme quatre-vingt dix pour cent du temps, cela dit). « Est-ce que Molly est là ? », demanda simplement Zelda en s'appuyant contre le premier comptoir à l'entrée. Affirmatif. Dieu bénisse. Faisant un signe  de la main à l'employé manifestement un peu impressionné de la rencontrer afin qu'il se rapproche et se montre attentif, Zelda sortit un billet de sa poche « Je te file vingt dollars si tu me trouve l'insaisissable Casper, et que tu me la ramène. ». Elle posa le billet sur le comptoir et y appuya son coude, pour attendre confortablement, fixant les quelques curieux qui tentaient de faire comme si sa tête ne leur rappelait pas quelque chose. Zelda ponctua son attente dans le hall de petits signes de têtes, et de clins d'œil, sans trop s'attarder pour éviter de se faire tenir la jambe trois heures (même si elle appréciait de rencontrer des "fans" lorsqu'elle avait le temps).

Zelds se redressa en voyant la blonde sortir d'une salle, et suivre son collègue. « Well, well, well.... Regardez qui est bel et bien vivante ! », s'exclama la brune en sortant son téléphone de sa poche pour l'agiter devant elle. « Dis, Biggs, depuis quand tu ghostes la grande Rivera ?? Je sais déjà que tu m’adores, pas la peine de faire la nana détachée avec moi. », reprit la brune en secouant la tête, un petit sourire satisfait de sa connerie flottant sur ses lèvres. Une fois la 'gamine' arrivée à sa hauteur, elle lui cogna doucement l'épaule avec son poing, comme pour la saluer de manière faussement awkward. Zelda cessa net de sourire en regardant plus attentivement le regard de Molly. « C’est quoi, ça ? », demanda Zelda en désignant du doigt son œil au beurre noir. Les sourcils froncés, elle reprit immédiatement « C’est pour ça que tu répondais pas ? Tu faisais des conneries ? ». Non, Zelds ne lui faisait pas la morale, ne l'engueulait pas. Elle la questionnait. Molly n’avait pas besoin de son aide, et elle se doutait qu’elle avait dû esquinter le ou la responsable, mais Zelda ne s’en cachait pas: Molly était sa protégée, et personne n’avait intérêt à la toucher. Elle souffla, et lâcha, en tournant les talons « Prends tes affaires, on va manger. Je te laisse choisir où. ». Une fois sorties, Zelda passa son bras autour de ses épaules pour la secouer gentiment. « T'as intérêt à me raconter pourquoi j'ai pas eu de tes nouvelles, au point de devoir ME déplacer jusqu'ici. Et pourquoi quand j'te retrouve, t'as cette tête. », dit-elle en laissant Molly la guider jusqu'au restaurant de son choix. Zelds ne lui en voulait pas pour son silence, ni pour son oeil au beurre noir, mais elle voulait savoir ce qui avait bien pu lui arriver, histoire de s'assurer qu'elle allait bien.

@Molly Biggs