Dès que l’ouragan avait été annoncé et Juliana avait décidé de changer ses horaires pour travailler. C’était bien plus facile pour elle que de rester chez soit à espérer que tout aille bien. Elle savait très bien qu’elle ne pourrait pas s’arrêter de penser qu’elle pourrait aider à l’hôpital au lieu d’être dans son salon. C’était tout bonnement impossible pour elle mais elle ne jugeait pas pour autant ses collègues qui avaient besoin de rester chez eux pour leur famille ou juste leur animaux de compagnie. Par chance pour elle, sa sœur avait accepté de rester avec ses chiens pour qu’elle puisse travailler tranquillement sans avoir à s’inquiéter ou se poser des questions.

Pour le moment, Juliana n’avait pas reçu de sms ou d’appel de la part de sa sœur. En réalité, elle ne regardait pas vraiment son téléphone, bien plus occupée à son travail. Depuis plusieurs heures, le flux de personnes ne s’arrêtait pas. Tout le monde était sur le quai vive et si elle avait un peu moins de monde dans son service que ce qu’elle avait au départ imaginé, c’était quand même une journée chargée. Elle savait que le service des urgences était bien plus débordé que le sien et au fond, était bien contente de ne pas être là bas. Avec sa nature, elle aurait bien voulu aider tout le monde et tous les patients qui passaient la porte mais ce n’était pas spécificité. Elle, elle était là pour les plus petits, souhaitant qu’ils aillent mieux et faisant tout son possible pour qu’ils gardent le sourire ou ne se pausent pas trop de questions. Elle tentait au maximum de ne pas les effrayer. C’est pourquoi, elle avait décidé en avance d’acheter différents types de peluches pour les accompagner pendant l’ouragan et préparer quelques biscuits pour les faire patienter calmement. Elle savait que ça n’était pas grand chose mais si ça pouvait leur donner un petit peu le sourire, c’était tout ce qui comptait pour elle. Elle savait très bien que ça pourrait être bien plus stressant que lors d’un autre jour bien que soit toujours effrayant quand un enfant passait les doubles portes du services. Les parents étaient toujours inquiets, ce qui était tout à fait normal. Après plus de dix ans d’expériences, elle avait pris l’habitude de rassurer tout le monde à sa manière.

Il était enfin temps que la blonde prenne une petite pause. Elle avait besoin de s’arrêter pour un petit moment. Malheureusement, ce n’était pas comme si elle pouvait vraiment aller boire de la caféine, détestant le goût du café. Elle décida donc de prendre un thé à une des machines. Alors qu’elle s’y dirigeait tranquillement, elle reconnu la tête de Jaylen. Elle l’avait vu plusieurs fois en tant que père d’une de ses patientes mais aussi lorsqu’il avait tenté de l’initié à la guitare. Elle décida donc de l’aborder, espérant discuter un petit peu s’il avait le temps. Ils n’étaient pas vraiment amis, juste des connaissances mais elle appréciait le jeune père. « Bonjour, Je ne pensais pas vous retrouver ici. Comment allez-vous ? » Juliana sourit, malgré la fatigue qui commençait à s’accumuler, elle était encore de bonne humeur.

La nuit commençait à être longue et Juliana commençait à en ressentir les effets. Elle n’avait pas pensé que ça serait aussi intense. Bien qu’elle soit habituée au chaos de la nuit, elle n’avait encore jamais eu cette sensation. C’était intense pas seulement pour elle mais aussi pour le fait qu’elle savait que les autres services étaient débordés. Tout le monde l’était bien entendu mais son expectation n’était pas ce qu’elle vivait actuellement. Elle espérait du mieux qu’elle pouvait d’aider tout le monde et ne pas trop penser à ses collègues aux urgences. Elle serait incapable de les aider proprement même si elle le pouvait. Elle décida donc d’aller prendre une pause. Il était plus que temps de recharger ses batteries et de s’éloigner quelques instants de son service. Elle n’était définitivement pas prête d’avoir son shift terminé. Elle envoya un petit message à sa sœur pour être sûre que tout allait bien. C’était tout à fait le cas pour le moment. Ses chiens avaient l’air inquiet et avait fini par se réfugier sous le lit à cause du bruit mais ça semblait quand même se passer. Elle se dit qu’elle vérifierait encore dans quelques heures juste pour s’assurer que les choses ne s’empiraient pas.

Elle aperçut Jaylen. Elle était surprise de le trouve ici. Elle s’avait qu’il avait changé de poste et désormais était dans les bureaux. Elle lui demanda alors comment il allait. « Oui, ça n’arrête pas. Enfin, je ne suis pas trop mal placée par rapport aux urgences. Ils sont débordés. JE crois que les gens ne comprennent que quant on dit de rester chez soi excepté pour urgentes raisons, on reste chez soi. » Il était déjà bien assez difficile de s’occuper des vrais cas d’urgences sans en plus ajouter ceux qui auraient pu être éviter. Malheureusement, elle ne pouvait rien n’y faire. Certaines personnes aiment braver l’autorité même si elle est là pour aider. « Qu’est-ce qui t’amène ici ? Tu es de services ? » Juliana ne se souvenait pas d’avoir vu Riley ans son service et elle ne s’était absentée que depuis quelques secondes. L’uniforme semblait aussi montrer que ce n’était pas une « Riley » situation. « Tu as besoin d’aide pour ta main ? » Elle avait beau ne pas pouvoir traiter certaines opérations des urgences, elle était encore capable de faire un bandage. Il semblait que celui qu’il avait, avait été fait rapidement. Elle n’avait pas forcément envie que ça s’empire pour lui. Avec cette nuit, qui sait les problèmes futurs qu’il pourrait avoir s’il n’était pas soigné comme il faut. Pas seulement au niveau des maladies mais juste de sa main en général.

Juliana était contente de pouvoir enfin prendre une pause. Elle était là depuis bien trop longtemps et en temps normal serait même rentrée chez elle. Cette nuit, c’était différent, elle s’était portée volontaire. C’était plus facile que de rester seule chez elle.
Juliana s’était souvent posée la question de comment elle réagirait en cas d’apocalypse ou si des morts vivants faisaient leurs apparitions. Autant dire qu’elle n’était pas certaines de rester bien longtemps vivante. Elle suivrait les annonces mais aurait probablement une forte tendance à vouloir aider les autres quitte à mettre sa vie en danger. Elle savait que ce n’était pas bien et qu’elle devrait avoir un instinct de préservation plus important mais elle n’était pas sûre que c’était le ca. En tout cas, en cas d’évènements comme aujourd’hui, elle suivrait les consignes. Ce n’était que pour quelques heures et pouvait bien rester chez elle. Elle avait décidé de travailler pour s’occuper. « Oh ça, c’est certain. Ils iraient droits dans le panneau mais je me dis que franchement, je serais capable de vouloirs les soigner avant de me rendre compte que c’est trop tard. » Elle se disait que probablement, elle ne se rendrait pas compte qu’en réalité, ils étaient un danger.

Elle lui demanda s’il avait été requestionné. Vu l’uniforme, elle supposait que c’était le cas. « Je suppose que le maximum de personnes a été recruté. » Elle supposait que comme pour les urgences, le maximum de pompiers et de policiers étaient au travail pour tenter de faire leur maximum et éviter des attentes interminables. Juliana doutait que ce soit assez pour les urgences et pensait qu’il faudrait bien plus que ce que le nombreux de docteurs et infirmières présents. Elle avait vu que la main du jeune homme était couverte d’un bandage approximatif. Elle se dit qu’avec toutes les interventions qu’il allait probablement effectué, c’était plus sûre de mettre quelque chose de plus permanent avant de risquer l’infection. « On devrait peut être regarder ça. Si tu veux bien sûr, ça prendra cinq minutes et tu pourras me dire comment vas Riley et Libeth. Je suis contente qu’elle se soit bien remise. » Riley avait été une de ses patientes. Elle était soulagée qu’elle ai pu reprendre une vie normale sans avoir à venir à l’hôpital régulièrement. Ca voulait aussi dire qu’elle n’avait plus de nouvelles et du coup, voir Jaylen était l’occasion de savoir comment elle se portait. En posant certaines questions, elle était capable de détecter si l’enfant avait besoin de revenir ou pas. Elle espérait toujours que la réponse serait négative. Il n’était jamais agréable que de voir des enfants revenir et endurer une nouvelle fois tous les traitements qui leur sont imposés.

Juliana savait que dans certains pays, des sms étaient envoyés par le gouvernement pour prévenir de dangers importants. Elle trouvait l’idée plutôt bonne sachant que parfois les gens si déconnectés de la réalité qu’ils ne savaient pas ce qui se passait dans la vraie vie. Les gens avaient beau être plus connectés que jamais, les annonces importantes passaient souvent au travers des mailles du filet ce qui pouvait être inquiétant. Bien évidemment, il y avait toujours ceux qui sortaient parce qu’on leur interdisaient. Comme si la seule chose à faire était de contrer les politiques ou avis pour leur propre sécurité. Ils pensaient généralement que tout était complot et fait pour atteindre au choix de tous. Juliana trouvait toujours que ces gens là ne voulaient pas rester en vie et qu’ils préféraient mettre les autres en péril plutôt que de prendre responsabilité pour leurs actions. Elle supposa que c’était le cas de beaucoup de personnes présentes cette nuit dans les urgences. Bien qu’elle aime aider les autres, elle était contente de ne pas être affectée dans ce services pour éviter d’avoir à remettre en place certains d’entre eux.
Ils parlèrent alors d’une potentielle attaque de zombies. Juliana doutait qu’elle survivrait bien longtemps. Il n’était même pas certain qu’elle comprenne complètement ce qui se passait. Il lui faudrait un peu de temps mais elle voudrait aussi aider les autres. Son bon cœur la perdre un jour. Après tout, il était certain qu’elle ne pourrait pas rester sans rien faire si elle savait que certaines personnes souffraient et qu’elle pourrait les aider. « Non, je crois qu’on aime trop aider les autres pour ça. » Si elle avait eu des enfants ou encore si son mari était toujours en vie, peut être qu’elle aurait serait restée à la maison. Quoique son mari était aussi un pompier alors il aurait lui aussi décidé d’aider les autres.

En emmenant Jaylen vers une pièce où elle pourrait trouver des pansements et de quoi désinfecter la plaie du jeune père, elle ne put s’empêcher de lui demander comment allait Riley. Elle aimait avoir des nouvelles de ses anciens patients. Au commentaire du pompier sur le fait que lui aussi aimerait savoir comment allait sa fille, Juliana se tourna vers lui. Elle ne comprenait pas comment il était possible qu’il ne sache pas comment sa fille allait. Il était certain qu’ils n’étaient pas assez proches pour qu’elle sache tous les petits détails de la vie privée du jeune homme mais elle trouvait quand même ça bizarre. « Comment ça tu ne sais pas comment elle va ? Quelque chose s’est passée avec Lisbeth ? » Ils avaient l’air si bien ensemble. Heureux n’étaient pas le mot adéquat. Ils s’étaient rencontrés à l’hôpital parce que Riley était malade alors ce n’était pas comme si ils allaient être heureux entre ces murs. Elle ne pouvait pas vraiment imaginer autre chose que quelque chose s’étant passée entre eux.

Être à l’hôpital permettait à Juliana d’oublier la perte de son mari. Elle n’avait toujours pas décidé de se remettre en selle pour recommencer une nouvelle relation amoureuse. Elle se doutait que lorsque ce serait le cas, elle déciderait probablement de ne pas sortir avec un pompier ou un gendarme. Elle n’était pas sûre qu’elle pourrait à nouveau endurer la perte d’un être aussi cher à son cœur. Elle savait que tous ne périssaient pas. Cependant, c’était encré en elle. C’est pourquoi elle voulait s’assurer que malgré le fait que la blessure de Jaylen semble superficielle, elle soit prise en compte. Evidemment, ça n’avait rien à voir avec perdre sa vie dans un feu mais tout était possible. Ce serait idiot que quelque chose arrive à cause d’une simple blessure mal soignée. Elle l’emmenait donc un peu plus loin pour pouvoir s’assurer que tout allait bien et désinfecter la blessure. C’était le plus important pour le moment.

En chemin, elle demanda alors comment allait la petite fille, ancienne patiente qu’elle était contente de savoir aller mieux. Enfin c’était ce que Juliana avait espéré entendre. Elle n’avait pas le moins du monde imaginé entendre les propos de Jaylen. Elle ne savait pas ce qu’elle avait espéré qu’il lui dise quand elle avait demandé si quelque chose s’était passée avec Lisbeth mais une chose était certaine, la mention d’un enlèvement ne lui était pas venu à l’esprit. « Oh mon Dieu ; je suis vraiment désolée. » Elle voulu le prendre dans ses bras mais ils n’étaient pas assez intimes pour qu’elle puisse le suggérer. « Quand est-ce que ça s’est passé ? Où est-ce que ça s’est passé ? » Elle se demandait comment ça se faisait qu’elle n’avait pas entendu parlé de l’incident. Ce n’était pas anodin et elle savait que rapidement, la population était rapidement avertis des enfants disparus afin de pouvoir aider. Son cœur se serra en pensant à Riley. Elle était si petite, si mignonne. Qui avait pu bien faire ça ? « Je suppose que tu n’as pas forcément envie d’en parler. Je suis désolée, je ne voulais pas te brusquer ou être insensible. » N’avait-il pas assez souffert ? Après la maladie de Riley, il fallait maintenant qu’elle disparaisse ? Juliana se demandait comment un être humain pouvait être aussi fort et accepter tout ça. Se relever d’une tragédie était déjà bien difficile alors deux à la suite, ce n’était définitivement encore moins évident. Elle comprit alors pourquoi Jaylen s’était porté volontaire. Elle pensa que tout comme elle, malgré le fait qu’elle soit conditionnée pour aider les autres, ça lui permettait aussi de ne pas trop penser à la douleur.