Après avoir vu une partie de sa vie lui être arrachée par la tempête qu’on ne présente plus, Mickey s’était au moins juré de bien mieux commencer l’année pour compenser la façon dont la dernière s’était terminée. Retrouver un toit était alors une priorité et il n’est pas peu fier de pouvoir dire que la mission est accomplie, désormais détenteur d’un tout nouveau loft à côté duquel son ancien studio aurait franchement de quoi rougir car Mickey a fait fort, très fort pour s’assurer de repartir du bon pied. L’argent mis en jeu reste quant à lui un problème pour plus tard, pas une chose dont le boxeur souhaite pour l’heure se soucier et encore moins une chose dont il compte se vanter, préférant aménager ce qui a encore besoin de l’être sans même s’inquiéter du reste. Son loft comporte aussi bien un bar pleinement équipé – un luxe pour le moins nécessaire, dirait-il – qu’une chambre pour sa fille, car il est déjà acté que Lola passera de plus en plus de temps chez lui. Mickey a bon espoir de devenir ainsi un père plus convenable pour celle qui a autrefois souffert de ses absences, et cela passe avant tout par le fait d’être plus présent qu’il n’a longtemps été capable de l’être, rongé par des addictions qu’il a le mérite d’un peu mieux dompter. S’il serait bien optimiste de parler de miracle pour des démons qui n’ont pas fini de le poursuivre, Mickey n’en est pas moins un homme nouveau depuis qu’une certaine photographe gravite elle aussi de façon bien plus récurrente dans sa vie, au point de ne plus avoir le moindre scrupule à l’appeler sa petite amie. Avec Zoya les choses sont claires, leur relation revendique même fièrement sa nouvelle étiquette et ce n’est pas un hasard si le premier achat effectué pour meubler ce loft a été un grand lit, comme pour annoncer que la Lewis viendrait elle aussi en quelque sorte y loger. Un peu tôt sans doute pour imaginer une véritable vie à deux mais pas trop tôt pour lui faire en revanche une place de choix par ici, comme sa présence sur ce canapé avec lui en témoigne encore ce soir sans que Mickey ne s’en lasse – et sans que quiconque ne puisse venir troubler ce moment qui n’appartient qu’à eux.

Nichée jusque là dans ses bras, ce n’est que pour aller chercher un snack dans l’un de ses placards que Zoya tente de s’en défaire et ce, pour mieux se heurter au mécontentement du boxeur dont la main la retient auprès de lui. « Je vois, tu m’abandonnes encore. » déplore-t-il avec toute l’exagération que l’on devine, et une allusion tout sauf voilée à son dernier voyage à Paris. Une façon d’insinuer surtout qu’il ne veut plus en être séparé car la prochaine fois, Mickey n’exclut pas d’insister doublement pour que son boss sollicite une autre photographe si cela peut lui éviter de passer encore dix jours à ruminer. Son égoïsme ne va toutefois pas jusqu’à lui interdire de quitter ses bras si une petite fringale l’anime alors sa main se défait doucement de la sienne, suivant du regard son déplacement et appréciant que Zoya ne soit pas longue à revenir à ses côtés, où la chaleur de ses bras lui est encore et toujours réservée. « On peut mettre sur pause si tu veux passer voir Chloe, quoiqu’elle dort sûrement comme un bébé. » propose-t-il après lui avoir dérobé un baiser, car c’est bien la petite tête blonde qui occupe ce soir le lit de Lola. Cette chambre est finalement un peu la leur à toutes les deux et à force que Zoya et sa fille prennent chez lui certaines habitudes, c’est un peu comme s’ils formaient une petite famille dont l’image n’a rien pour lui déplaire quand bien même Mickey ne prétend pas cumuler deux rôles de père. Il savoure pour l’heure la simplicité d’un tel moment, autant que la solidité des murs qui les entourent car c’est la sécurité qu’il désire plus que tout leur garantir, et un cocon qui se doit aujourd’hui d’en porter le nom. Ses yeux se reportent sur l’écran face à eux tandis que son bras encercle l’épaule de Zoya, celle-ci jouant au même instant avec ses doigts lorsque les siens ne viennent pas plonger dans le paquet de sucreries qu’elle a apporté, une soirée comme ils devraient en connaître beaucoup d’autres mais bel et bien vouée, pourtant, à marquer entre eux un nouveau tournant qu'il ne se figure pas encore. Jusque là concentré sur le documentaire, Mickey remarque que les doigts de sa petite amie semblent un peu plus hésitants en vagabondant sur ses mains à lui, comme si quelque chose la freinait ou la déconcentrait dans la pièce. « Tu m'as l’air bien pensive, c’est le documentaire qui te fait aussi intensément réfléchir ? » il glisse alors sans vraiment s’en alarmer et ce, avant de tourner la tête vers Zoya dont l’air lui semble plutôt légèrement préoccupé. « Non, de toute évidence c’est autre chose. » Officiellement intrigué, il délaisse l’écran pour reporter sa pleine attention sur elle, curieux de savoir ce qui peut bien la turlupiner puisqu’il y a bien quelque chose, Mickey en mettrait actuellement sa main à couper. « Hey, tu es sûre que ça va ? » il finit par questionner, sa main replaçant une mèche de cheveux derrière l’oreille de la Lewis dans un geste d’une tendresse qu’il ne sait avoir que pour celle-ci.

Il ne reviendrait pour rien au monde à l'époque où il collectionnait les soirées en solitaire, car c'est bien souvent sa profonde solitude que le boxeur cherchait à noyer dans tout autant de verres que de lignes. Si ces consommations existent encore et sont bien loin d'être laissées derrière lui, aucun autre manque que celui de Zoya ne se fait ressentir un soir comme celui-ci et c'est d'autant plus vrai lorsqu’elle cherche à quitter ses bras, où Mickey n'a aucun scrupule à la retenir prisonnière. C'est là qu'elle est le mieux dirait-il, pour ne pas avouer surtout que sa présence comble en lui un certain nombre de vides et que vivre seul dans ce nouveau loft, le boxeur n'y tient tout simplement pas. Ces murs ont beau avoir bien plus fière allure que les anciens, ils seraient malgré tout d'une tristesse sans nom si Zoya ne s'y trouvait pas et c'est tout autant valable pour sa fille, à qui Mickey n'a eu aucun mal à trouver aussi une place. Elles ne sont pas uniquement les bienvenues chez lui, elles sont aussi priées de l'y rejoindre dès que possible pour qu'il ne perde plus le moindre combat contre sa morosité et ne fasse pas de ce loft le nouveau lieu de sa débauche, car cet équilibre trouvé auprès de sa petite amie ne tient comme le reste qu'à un fil lorsque l'ancien champion s’avère être d'une très mauvaise influence pour lui-même. Avec elle, au moins, Mickey peut mettre ses plus sombres pensées de côté mais son réflexe consistant à la retenir sur ce canapé révèle bien plus qu'une réaction disproportionnée comme celle que Zoya souligne. « Fais pas ta dramaqueen. » S'il est le premier à en sourire pour rapidement lui rendre sa liberté, une petite voix en lui semble lui souffler de ne pas la laisser elle aussi lui échapper. C'est stupide, bien sûr que ça l'est, et Mickey garde évidemment de telles idées pour lui quand la seule raison poussant Zoya à s'évader réside dans le fait de s'emparer d'un paquet de sucreries. Autant avouer qu'il déteste la voir s'éloigner, peu importe comment. « Tu vois, je ne t’ai pas abandonné longtemps. Et en plus j’ai ramené tes préférés. » Mickey ne dirait pas exactement qu'il en voit la couleur tant le paquet se voit accaparé par la Lewis mais il peut de son côté tout à fait s'en passer, et se voit même prêt à sacrifier tous les bonbons du monde contre ses baisers car il a ses préférences, au point de faire de ses lèvres une autre forme de gourmandise sans hésiter. Pendant ce temps, la petite Chloe goûte très certainement à un sommeil apaisé que ni Zoya, ni lui n'entendent pour l'heure troubler. « Je pense aussi et crois moi que si elle vient à se réveiller, on le saura très vite. » Des mots qui le font aussitôt sourire, car difficile en effet de passer à côté des réveils pour le moins sonores de la fillette. « Elle sait se faire entendre, comme sa maman. » il glisse dans une volonté évidente de la taquiner sur l'intensité que sa fille tient forcément d'elle, son visage s'avançant pour embrasser son cou avant de nuancer : « Bon, vous êtes toutes les deux expressives si tu préfères. » Puisque Zoya sait parfaitement l'être elle aussi quand elle désire son attention ou n'importe quelle autre chose, pour ne pas mentionner tout simplement sa capacité à facilement s'emporter. Mère et fille savent donner de la voix et ce n'est pas Mickey, boule de nerfs et grand impulsif par excellence qui compte s'en plaindre, car ce loft revendique au moins bien plus de vie que son ancien studio n'en avait avant ça connu. « J’irai la voir dans un moment. » Et sans doute iront-ils ensemble, c'est l'idée silencieuse que son regard semble porter au moment de retrouver le sien. Il n'y a simplement pas urgence, et ça tous deux le savent bien.

Il mentirait néanmoins s’il disait ne pas sentir que quelque tourmente les pensées de la photographe à ses côtés, preuve en est son long silence et la façon dont sa main va et vient sur la sienne. Si ce contact n’a rien pour lui déplaire, Mickey ne peut ignorer le côté étrangement songeur de sa petite amie lorsque celle-ci semble à présent dans sa bulle, ainsi qu’en proie à une intense réflexion. Il s’imagine alors qu’il n’est pas le seul que ce documentaire inspire, mais comprend bien vite que Zoya se laisse distraire par bien d’autres choses que ces histoires d’astronomie qu’elle n’écoute certainement plus que d’une oreille, ce que le boxeur finit lui-même par faire. Le replay existe, contrairement à cette discussion qu’il conviendrait sans doute d’avoir ici et maintenant s’il s’avère que celle-ci s’impose, quand bien même Mickey ne prétend pas la voir venir. Il est tout autant incapable de prédire le poids des mots qui lui seront adressés ensuite, sous la forme d’une question que sa petite amie prononce avec calme, et presque même un certain défaitisme. « Est-ce que tu me laisserai si elle te disait vouloir se remettre avec toi ? » Ses yeux s’orientent sans attendre vers elle tandis que ses sourcils se froncent légèrement, peinant à comprendre pourquoi Zoya se met ce genre d’idées en tête. Il ne pense pas avoir semé le doute sur un possible rabibochage avec Aliyah, pas récemment du moins, mais il a aussi conscience que son statut d’homme marié ne rend possiblement pas les choses aussi claires qu’elles devraient l’être à défaut de pouvoir être simples. « Regarde-moi. » souffle-t-il pendant que ses doigts se saisissent en douceur du menton de la Lewis, ses yeux cherchant les siens pour qu’elle puisse y lire qu’il ne compte pas fuir cet échange. « Bien sûr que non. Pourquoi tu penses une telle chose ? » Et pourquoi maintenant ? Les choses ont le mérite d’être officielles, une étiquette a même été fièrement posée sur leur histoire et c’est avec elle que Mickey se trouve ce soir, pas auprès de la mère de sa fille. Cette soirée leur appartient tout comme il ne fait aucun doute que ses yeux ne voient plus qu’elle, mais il manque de toute évidence quelque chose à Zoya pour s’en convaincre. « Crois-moi, elle n'a pas l'intention de revenir en arrière et c'est pas ce que je veux non plus. Nos discussions ne ressemblent plus à ça depuis longtemps, ça fait presque cinq ans tu sais. » Et s’il pourrait admettre avoir eu le plus grand mal à accepter la fin abrupte de ce mariage, Mickey entreprend bel et bien de tourner la page pour en écrire des tas d’autres avec Zoya. Peut-être ne le montre-t-il simplement pas assez ? Cette pensée le traverse alors qu’il reprend, sans laisser une chance au moindre blanc de s’installer. « On se remettra pas ensemble, je pensais que c'était évident. Parce que j'y vois beaucoup plus clair que la dernière fois que tu m'as posé la question et que j'estime avoir avancé de mon côté, aussi. » Il était encore perdu durant un certain mariage et ne dira pas le contraire, tout comme il pourrait plaider coupable d’avoir bêtement laissé son cœur le perdre avant de retrouver la raison en novembre dernier. Avec elle et personne d’autre, car elle est la seule à avoir éveillé en lui l’envie de redonner un sens à ce qui n’en avait plus. La seule, aussi, qui l’ait à la fois respecté et compris. « Je suis avec toi aujourd'hui et j'ai besoin de rien d'autre, on serait pas assis sur ce canapé tous les deux si c'était le cas mais il y a sûrement un truc que je fais mal pour que tu t'imagines ça. » Mickey n’est à cet instant pas le plus serein des hommes, car difficile de ne pas se demander à quel niveau ses mots ou ses actes ont pu manquer de clarté. « Parle-moi Zoya. » il ajoute, en sentant peut-être bien les doigts de sa petite amie s’attarder sur un détail de sa main en particulier. Mickey commence à faire le lien de son côté mais il garde encore ses suppositions pour lui, préférant à la place prendre le soin de l’observer et de l’écouter afin de ne rien brusquer.

Il s'amuse des réactions que l'on retrouve aussi bien chez la mère que chez la fille à présent que les deux passent un temps relativement important chez lui, certain que Chloe a hérité du caractère bien trempé de sa mère – mais il soigne quand même la formulation de ses dires face à Zoya pour que celle-ci ne s'offusque pas de ce qui n'avait pas vocation à la piquer, uniquement à la titiller dirait-il. Ses baisers sont quant à eux voués à sécuriser le terrain, ce dernier n'étant pas aussi glissant qu'il peut parfois l'être lorsque leurs deux tempéraments se cherchent car si Mickey sait une chose, c'est que cette soirée ne tournera pas au vinaigre. Quant à la Lewis, elle ne tarde pas à se mouvoir vers lui de façon à se rapprocher plus encore, pour mieux lui rappeler que son côté expressif n'a habituellement pas de quoi lui déplaire. « Et ce n’est pas une mauvaise chose. Puis je crois que tu aimes que je le sois non ? » Une insinuation on ne peut plus claire qui ne manque pas de lui valoir un sourire espiègle, que le prochain baiser de la photographe vient même agrandir car fidèle à lui-même, Mickey ne se fait pas prier pour accueillir ses lèvres sur les siennes. La ferveur de Zoya n'a alors d'égal que la réponse que le boxeur lui donne, ses mains glissant sans attendre dans sa chevelure brune pour approfondir ce qu'elle a débuté avec lui et ce, même si ce n'est le temps que de quelques secondes. « Mais je peux l’être un peu moins, si tu préfères ? » Cette fois, Mickey ne se contente pas de lui rendre son sourire, remuant la tête pour rejeter l'idée que Zoya puisse ne serait-ce que changer sa façon d'être pour lui. C'est avec toute son intensité que le boxeur l'a adoptée et il ne pourra en l'occurrence jamais lui reprocher de donner de la voix dans l'intimité de leur chambre à coucher, puisque c'est bien le sous-entendu que sa petite amie a glissé à moins qu'il n'ait l'esprit un peu trop mal placé. « Shhhh, jamais. » souffle-t-il contre ses lèvres avant de revenir s'en saisir, clôturant le sujet tout en se jurant que s'ils n'étaient pas devant un documentaire et que si Chloe ne dormait pas à l'étage, c'est sans doute sur ce canapé que Mickey lui aurait donné l'occasion d'être particulièrement expressive, comme il dit.

Il suffit toutefois d'une question pour balayer la moindre plaisanterie qu'il pourrait être encore tenté de faire, car l'air soudainement distrait de la Lewis prend bientôt la forme de mots qui ont tout pour prendre l'ancien champion de court. Le nom d'Aliyah n'est pas prononcé tout comme Zoya ne s'y est d'ailleurs jamais vraiment risqué, mais c'est bel et bien sa femme qu'elle désigne lorsqu'elle cherche à savoir si Mickey pourrait tout plaquer au moindre signe que l'intéressée lui ferait. Peut-être bien que le fait que Zoya l'en imagine capable a de quoi le vexer légèrement mais il se doute aussi que la photographe ne laisse pas entendre de tels mots sans raisons, lesquelles Mickey ne possède simplement pas encore. Il n'a en tout cas pas pour projet de se remettre avec la mère de sa fille, en admettant même que celle-ci le désire, car Aliyah n'est pas entamé une procédure de divorce par hasard ni mis un terme à leur mariage sans y avoir mûrement réfléchi, aussi. Leur histoire était belle, il ne pourra pas dire le contraire, mais les années ont emporté toutes les illusions que le boxeur a pu se faire pour le mettre face à une réalité : il n'est plus un homme auprès duquel Ali souhaite vivre, et leurs sentiments mutuels ont fini par se dissiper eux aussi. Pas son respect éternel pour elle en revanche, ni les bons souvenirs gardés d'une vie heureuse passée à ses côtés car refaire la sienne ne l'amènera jamais à cracher sur ce qu'ils ont vécu, et c'est tout autant valable pour des papiers que Mickey devra un jour se résoudre à signer. Pour l'heure, assurer à Zoya que son futur s'écriera avec elle est une évidence quand bien même il semble être le seul à le percevoir ainsi, sa petite amie doutant au point que le boxeur y a aussi droit vis-à-vis de lui-même. Est-ce une chose qu'il a dite, ou bien une chose qu'il a faite ? Tandis que Mickey s'interroge et refait le film de leur histoire pour y déceler un éventuel manquement de sa part, un indice lui apparaît au vu de l'attention portée à sa main où, il ne l'ignore pas, un certain anneau trône toujours. Et cet anneau, Zoya finit par le désigner comme la source des questions qu'elle se pose, sans qu'il n'en soit au final vraiment surpris. « Je parle de cette alliance, Mickey… » Le sujet ne s'était pas encore invité à leur table, mais dans aucun monde Mickey aurait pu continuer de porter cette bague sans que cela n'en devienne pas tôt ou tard anormal. Son regard s'oriente alors en silence vers Zoya, conscient que la discussion qui se profile n'est pas sans importance et qu'elle est aussi parfaitement légitime. « Elle me rappelle sans cesse que tu es toujours liée à elle et je ne peux pas m’empêcher de penser que je suis sur un siège éjectable. » Il s'était juré de la laisser parler sans intervenir, mais comment accepter que de telles paroles puissent flotter entre elle et lui ? Un court soupir lui échappe en songeant au fait que Zoya semble penser que sa place ne tient qu'à un fil, en s'imaginant certainement qu'elle ne ferait pas le poids face à la mère de sa fille. La vérité, c'est que Mickey n'a même pas à choisir. « J’ai aucune envie que tu puisses le penser et pour être honnête, ça me fait même assez chier. T'es pas remplaçable, peu importe par qui, alors je te jure que t'as rien à craindre Zoya. » Il ne cache pas les préoccupations que lui-même peut y gagner car sa petite amie ne se sent pas en sécurité dans leur couple, et c'est une chose qu'il aurait manifestement pu éviter. S'il estime n'avoir jamais joué sur plusieurs tableaux, il semble que la présence de cette alliance ait rendu les choses plus floues qu'elles n'auraient dû l'être et c'est un tort qui lui revient, sans aucun doute. « Si tu n’as besoin de rien d’autres, si tu y vois beaucoup plus clair maintenant que tu es avec moi alors… alors pourquoi tu la gardes ? » Mickey redevient silencieux, et cela parce que ces mots le font plus profondément réfléchir. Il savait pourquoi il continuait de porter cet anneau au départ, mais il aurait le plus grand mal à le justifier aujourd'hui, d'où son regard fuyant un instant celui de Zoya. Cette question ne l'agace pas mais elle le tourmente, bien plus qu'elle ne doit à cet instant le voir. « J’ai besoin d’être rassuré, de savoir que tu tiens à moi et que tu ne me laisseras pas… j’ai… Je n’ai pas envie de connaitre ça à nouveau. Je n’ai pas envie d’être seule à tenir à l’autre, à vouloir plus, à me faire des idées sur notre relation et me prendre un mur quand tu me diras que tu ne veux plus de moi… je… » Il n'en faut pas plus aux yeux du boxeur pour rétablir le contact avec les siens à mesure que ses pensées fourmillent et qu'il entreprend de se réveiller, pourrait-on dire. Il ne sait pas ce que Zoya a connu avant lui mais il comprend qu'elle en garde certaines blessures, et des insécurités qu'il semble assez facile de nommer ici.

« Respire, tout va bien. » prend-il alors le temps de lui murmurer lorsque sa petite amie manque d'y perdre son souffle. Sa prévenance est la moindre des choses lorsqu'elle fait de son côté l'effort de se livrer à cœur ouvert, et cette facette vulnérable qu'elle lui dévoile l'amène à reprendre avec cette douceur qu'il ne sait trouver que pour elle, sans même avoir à se forcer. « Tu te fais aucune idée sur nous deux, d'accord ? Je suis pas du genre à me mettre avec quelqu’un sans que ça compte réellement, je l'ai fait qu’une seule fois avant toi et tu sais que ça a duré longtemps alors j’espère que ça te fait réaliser ton importance et que tu me crois, surtout. » Sur l'importance en question car le fait d’avoir épousé la seule petite amie qu’il ait jamais eue avant elle est bien censé prouver qu'il ne fait pas de n'importe qui sa moitié. « Je suis désolée Mickey, je crois que je… » Ses mains s'activent doucement pour tenter de détacher celles que Zoya positionne devant son visage, car elle n'a pas à se cacher de dire ou de ressentir ces choses avec lui. « Je tiens sûrement trop à toi. » Peut-on seulement tenir trop à quelqu'un ? Le boxeur ne peut s'empêcher de trouver cela flatteur lui, comme de sourire à l'idée que ça n'est certainement pas un crime. Mérite-t-il cet attachement que Zoya a pour lui et ces sentiments qui se devinent quand bien même Mickey n'imagine pas leur ampleur ? Il n'en est pas certain mais il peut par contre affirmer, de son côté : « Je tiens aussi beaucoup à toi. Vraiment. » en ne pouvant pas être plus sérieux qu'en le disant, son regard et sa main ancrée dans la sienne appuyant même ces mots pour qu’ils prennent ici tout leur sens. Le reste se situe là où Mickey n’a pas encore pris le risque de s’aventurer mais il y a bien longtemps qu’il n’avait pas ressenti tout cela pour quelqu’un, à défaut de pouvoir encore le nommer car il revient de loin, tous deux le savent bien. « Il y a une chose qui est vraie dans ce que tu dis, j’ai techniquement plus besoin de cette alliance aujourd’hui. Elle a jamais quitté mon doigt en l'espace de huit ans parce qu'à l'époque, j’avais besoin de la voir et de la sentir pour pas sombrer. » Comme une bouée qui le maintenait à la surface, un ultime espoir auquel se raccrocher et un symbole auquel il ne voulait pas renoncer. Si Aliyah est partie, cette alliance était au moins là pour ne pas le quitter, elle. « Mais c'est terminé. » il ajoute sans détour, en parlant aussi bien du refuge trouvé dans cet anneau que de son mariage, aussi peu pressé soit-il d'officialiser ce qui doit encore l'être. Terminé, aussi, le temps où Mickey passait de longues heures à manipuler cette alliance en se torturant l'esprit à n'en plus finir. « J'ai jamais eu l'intention d'entretenir cette confusion, tu sais. Mais tu me donnes l'impression d'en souffrir et maintenant, je me sens comme le dernier des cons en réalisant le mal que ça te fait. » Et puis, Zoya a l'air d'avoir connu de belles ordures d'après ce qu'elle raconte, et il ne tient pas à ce qu'elle s'imagine qu'elle vivra aussi ce genre de désillusion avec lui car ils désirent tous deux la même chose, l'a-t-elle oublié ? La Lewis n'aurait pas trouvé une place de choix chez lui s'il n'était pas désireux de vivre pleinement cette histoire alors elle ne se prendra aucun mur, c'est la promesse silencieuse que son regard semble désormais lui faire. « J'aurais dû la retirer c'est vrai, un homme sensé l’aurait fait. Je crois que j’ai surtout fini par la garder par habitude et que c’était pas me rendre service. » Aujourd’hui cette alliance fait surtout du mal à Zoya puisque celle-ci la perçoit comme un obstacle se dressant entre et lui, ce qu’il réalise en questionnant lui-même sa place à son doigt. « Mais je refuse de te laisser dans une relation où mes actes manquent de clarté et où tu n’as pas l’impression de compter alors que je veux la même chose que toi, ça n'a pas changé. » Son ton ne change pas lui non plus tandis qu'il poursuit d'une voix calme, assurée et dénuée de toute hésitation. « De toute façon, je me sens prêt. » Il l’est, oui. Sans doute que prêt, Mickey l'est en réalité depuis un moment mais qu’il lui manquait encore une certaine prise de conscience. Son regard remonte alors pour rencontrer celui de sa petite amie, à la fois déterminé à lui rendre justice et navré de ne pas en avoir eu le réflexe plus tôt. Et s’il était plus que temps de retirer cette alliance, à présent ?