Il se souvient avoir froncé les sourcils lorsque sa petite sœur lui a annoncé participer à ces olympiades, et pas parce qu’il ne la pense pas capable de briller durant celles-ci. Ce sont peut-être bien ses instincts de frère qui ont réagi pour lui, Callie n’étant pas une aussi grande sportive qu’Eddie peut l’être et les années passant ne changeant également rien à son éternel besoin de veiller sur elle. Et si la benjamine Yang tombait sur des adversaires tout sauf tendres ? Il n’ignore pas que cette compétition a vu le jour pour la bonne cause mais il croit déjà percevoir chez certains participants un sacré désir d’en découdre, c’est donc un regard quelque peu sceptique que le danseur porte sur la participation de Callie pendant que celle-ci s’échauffe avec son équipe. Elle n’est pas en sucre, non bien sûr, alors il ferait sans doute mieux de respirer un bon coup et de l’encourager sans envisager déjà le pire. Il est après tout celui qui prend habituellement les plus grands risques sur une scène au vu d’une pratique de la danse particulièrement intense, ce ne sont donc pas des épreuves de tir à la corde ou de balle au prisonnier qui devraient lui rendre sa sœur partiellement abîmée. « Sois prudente. » ne peut-il malgré tout s’empêcher de souffler quand Callie effectue un dernier passage vers lui, sa main retenant un instant la sienne avant que la jeune architecte ne prenne place pour ce qui semble s’annoncer comme du tir à l’arc. Il faudrait évidemment que quelqu’un vise très mal pour que sa sœur reçoive une flèche en plein visage, n’est-ce pas ? Eddie chasse cette pensée stupide, préférant se dire que Callie a bien assez le compas dans l’œil pour réussir car si quelqu’un en est capable, il ne doute pas que c’est elle avec bien sûr toute son objectivité de frère.

Planté parmi les spectateurs, le danseur tente aussi de ne pas penser au fait que non loin d’ici, Halston profite au même instant de la mise en avant de son agence sans lui. Il devrait être à ses côtés et tâchera de l’être ensuite, quand bien même l’intéressée ne semble plus compter sur sa présence, son soutien et le reste, une idée qui a évidemment tout de difficile. Elle lui tord même le ventre tandis qu’il fait tout pour se concentrer sur Callie, offrant à sa sœur toute l’attention qu’elle mérite en attendant toujours que l’épreuve ne débute, car tout cela prend un peu plus de temps que prévu. Son regard navigue alors autour de lui comme pour combler cette attente, et c’est une hallucination qu’Eddie croit avoir en remarquant un grand blond à l’allure étrangement familière, positionné à seulement quelques mètres. La survie, et maintenant ici ? De toute évidence, ces deux-là sont destinés à être réunis lors d’épreuves sportives. « Hey, je sais pas si tu te souviens de moi. » il débute en réduisant le peu de distance existant entre Blake et lui, comptant il est vrai sur les quelques mois écoulés depuis leur rencontre pour que ce dernier ne l’ait pas déjà oublié. « Eddie, ton binôme de survie qui confondait le bleu et le vert. C'est cool de te revoir après quoi.. sept mois ? » Il le souligne dans un sourire, gardant des souvenirs plutôt très précis de leurs aventures pour sa part. Ça ne remonte pas à si loin, et c’était aussi une parenthèse pour le moins appréciable dont Eddie réalise qu’il aurait aujourd’hui plus que jamais besoin. Sa vie personnelle prend l’eau et ce n’était pas le cas, au moins, le jour où il a connu Blake entre l'atelier pêche et la course d'orientation. « J’aurais pu m’attendre à te voir participer à ces olympiades. T’as eu ta dose d’épreuves collectives pour toute une vie, c’est ça ? » Ce trait d’humour cache effectivement sa surprise de voir son ancien binôme du côté des spectateurs, mais peut-être qu’il se fait aussi la même réflexion à son sujet, après tout. Tous deux aussi endurants qu’agiles et dégourdis mais préférant pourtant passer leur tour, cette fois-ci.

Retrouver son acolyte de survie sur un tel événement n’est pas si improbable quand il se prend à y penser, car d’autres épreuves s’étaient chargées de réunir les deux aventuriers en herbe qu’ils étaient et dont la cohésion avait d’ailleurs fait merveille. « Eddie, oui, bien sûr que je me souviens. » C’est encore assez frais dans son esprit et il tend à croire que Blake peut en dire autant, quelques mois seulement les séparant de cette folle aventure effectuée ensemble. « Comment j'aurais pu oublier le coéquipier avec qui j'ai failli perdre la tête à cause de cette histoire de balises ? » Eddie en sourit de plus belle, amusé par les souvenirs que cette discussion fait déjà remonter. C’était le bon temps en fin de compte, lorsqu’il n’avait pas encore vu sa vie de famille ébranlée par un fichu article et son couple grandement fragilisé par son manque de réactivité. « C'est cool de te voir aussi. Comment tu vas ? » Il se tient prêt à mentir ou du moins, à ne pas admettre qu’il a connu des jours meilleurs car Blake n’a pas signé pour entendre parler de ses problèmes. Eddie force alors un sourire et hausse doucement les épaules. « Plutôt bien je crois, j’ai toujours la vie bien remplie dont je t’avais parlé mais au moins, je m’ennuie pas. » Il ne manque effectivement pas de projets pour se changer les idées et c’est le point sur lequel il préfère appuyer, espérant juste que Blake n’a pas trop mis le nez dans une autre presse que la sienne. « Tout roule aussi de ton côté ? Je saurais pas te dire pourquoi mais j’étais sûr qu’on finirait par se recroiser. » Il avait eu ce sentiment en le quittant à l’issue de leur stage et force est de constater que l’univers avait bel et bien ce genre de plan en réserve pour eux deux.

Mais ce qu’il remarque, c’est surtout que Blake n’a pas l’air plus disposé que lui à prendre part à ces épreuves alors qu’il ne doute pas de l’agilité qui y serait la sienne. « J'en avais l'intention à l'origine, mais je me remets d'une blessure au poignet et d'après mes médecins ce serait pas la meilleure idée à avoir. (…) » Ses médecins l’imaginent capable de prendre des risques et Eddie peut assez facilement l’imaginer aussi, pour avoir pu constater le côté téméraire du journaliste. Faire les choses à moitié ne semble tout simplement pas être le genre de Blake. « Tu fais sûrement bien de passer ton tour dans ce cas, comment tu t’es fait ça ? » il questionne avec une curiosité sincère, son regard s’orientant tout naturellement vers ses poignets. « Mais le concept me plaît bien alors j'ai quand même voulu voir ça de mes propres yeux. Ça me donnera matière à faire mention de ces épreuves dans mon prochain édito. » Il n’est donc pas un simple spectateur attiré par ces épreuves et cette information ne surprend pas beaucoup Eddie, dont les lèvres se retroussent en un nouveau sourire. « Je vois, t’es aussi un peu là pour le boulot alors. Remarque, je comprends qu’il y ait des choses à en dire vu l’évènement. » Ces olympiades devraient donner à elles seules du beau spectacle ainsi que des moments marquants qui mériteront leur petit coup de projecteur. « Et toi, pourquoi t'es pas du coté de ceux qui vont mouiller le maillot ? » L’idée avait de quoi lui plaire sur le papier, Eddie n’ira certainement pas prétendre le contraire. « T'es aussi la dernière personne que j'aurais pensé voir passer son tour, entre nous. » Blake n’est pas le seul à s’être dit que le danseur y aurait sa place, Callie ayant elle-même tout tenté dans l’optique de le convaincre. « Je suis surtout venu pour encourager ma petite sœur. C’est celle que tu peux voir avec le bandeau rouge, on tient pas trop en place dans la famille. » Elle n’est pas aussi sportive que son aîné mais elle se défend bien, Eddie n’est pas inquiet quand bien même il prie pour que Callie ne tombe pas sur des brutes qui n’en feront qu’une bouchée. « Mais je crois que j’avais pas non plus trop la tête à ça, pour être franc avec toi. J’aurais pas forcément donné le meilleur sur ces épreuves et tu sais que j’accepte pas facilement la défaite. » Blake a déjà pu se faire une idée de son esprit compétiteur et ces derniers mots sont glissés avec un peu moins de sérieux que les premiers. Il disait un peu plus tôt aller bien, oui, et c’est au moins vrai d’un point de vue physique. « Tu connais quelqu’un qui participe toi ? La légende dit qu’on a tous une connaissance ou un proche dans ces olympiades, mais tu vas peut-être me faire mentir. » Promis, ce n’est pas une case à cocher à tout prix, uniquement ce que l’on aime se raconter par ici.