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West end Je suis à la fois impatiente et stressée de reprendre le travail. Mon travail de fou me manque, organiser des séances de travail avec les écoles de la ville, préparer des évènements, ça me manque et en même temps, je n’ai pas envie de quitter mes enfants. Je suis en pleine ambivalence. Je sais que je vais devoir reprendre le travail et j’ai à la fois terriblement pas envie et très envie. Alors, pour me remettre dans le bain, commencer à reprendre les dossiers entamés sans moi, j’ai proposé à Gloria, la directrice, de passer quelques après-midi pendant le mois d’Août, avant ma reprise officielle en septembre. Avant d’aller au planning familial, elle m’a demandé de passer dans une boutique de comic’s dans West end. Une boutique avec laquelle elle collabore depuis quelques temps et qui nous fournit des BD à lire pour les enfants.

Après avoir tourné un moment pour trouver une place, je pénètre enfin dans la boutique. Une ambiance peu familière pour moi parce que, honnêtement, je n’ai jamais lu aucun Comic’s, alors oui j’ai les deux premiers spider man au cinéma, j’ai vu les 4 fantastiques (la version avec Jessica Alba) et ça s’est arrêté. Je suis donc dans un univers assez énigmatique. Mais ce n’est pas grave. Mon regard s’arrête au niveau du comptoir où un jeune homme semble concentré sur l’écran de son ordinateur. Je me racle la gorge et m’avance vers lui : « Bonjour, je viens de part de Gloria Iver, la directrice du planning familial. Apparemment, vous avez des nouveautés à nous passer. » Et en même temps, je sors de mon espèce de cabas tout un paquet de BD que je dois leur rendre. Je trouve ce système donnant/donnant plutôt ingénieux et les enfants apprécient de toujours découvrir de nouvelles histoires. « Et je vous rends tout ça ! » lui dis-je et je lui tends mon paquet. Mes yeux se posent sur le jeune homme … et je crois que je le connais ! « Oh mais on s’est déjà vu non ? Vous avez déjà apporté des colis au planning non ? »

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West end Parfois, j'avais envie d'emplâtrer Rudy sur le comptoir, quand je l'entendais siffler des conseils à la con, à une certaine clientèle. Non pas qu'il était mauvais en soi, mais force était de constater qu'on pouvait pas être bon en tout, et c'était exactement ce qu'était Rudy dans une journée comme aujourd'hui. Moi, j'étais cantonné dans la réserve, -sûrement pour me calmer car Georges, il avait flairé la douille lui-, en train de chercher le carton dédié au planning familial de Toowong.
Ça, c'était une idée mise en place par mon patron et la responsable de l'établissement. Parce qu'ils s'étaient mis d'accord pour fournir en lectures, les demoiselles qui gravitaient à l'intérieur.

Plus d'une fois, j'avais été convié de m'y rendre mais je ne m'étais jamais étalé dans le temps. Pas que j'en aimais pas l'ambiance, hein. C'était pas ça. C'était juste peut-être un peu trop féminin à mon goût ? Non, même pas. Parce que j'aimais pas mettre des gens dans des cases et encore moins des situations, je préférais fuir quand ça devenait trop étrange. Bien que les nanas présentes là-bas, j'avais déjà discuté avec elles et elles étaient vachement sympas.
Elles aussi, la vie -cette chienne parfois-, elle les avait pas épargnées. C'était plutôt ce constat que l'aspect trop féminin qui me mettait mal à l'aise.

Revenu vers la caisse et plus spécifiquement sur l'ordinateur, avec une caisse de nouveautés de comics à faire partager, sans pour autant avoir envie de commettre à nouveau un Rudycide, je fus interrompu dans mes recherches par une femme blonde. Très belle. Une trentenaire qui jurait dans l'univers de DC et de Marvel, c'était cocasse. Mignon, mais cocasse.

- Oh ! J'eus l'un de mes sourires en coin, le taquin. Avec une certaine malice dans mon regard sombre, pour le coup. ... justement. À croire que le hasard, il est drôlement bien fait dis donc ... j'étais dans la réserve, en train de remplir le carton avec les nouveautés pour votre association. Carton, qui était toujours à mes pieds, ce faisant.

Toujours un sourire en coin, avant de récupérer la pléthore de bouquins que je venais poser sur une étagère, derrière moi. Histoire de les ranger plus tard. Ou, Rudy, il se le tapera certainement le petit rangement, j'en étais plus que persuadé.
Aux interrogations de mon interlocutrice, j'haussais un sourcil, avant de la remettre. C'était la nana dont je m'étais pas privé de reluquer le déhanché alors qu'elle était passée devant moi et que j'étais venu déposer l'un des premiers cartons qui faisait office désormais de partenariat.
Ça, j'espérais qu'elle s'en rappelle pas. Le matage hein. Pas le carton.

- Ouais, c'est moi. Georges Ford, celui qui vient d'habitude et qui est le patron, pouvait pas ce jour-là. Du coup, je l'ai remplacé au pied levé. Et, ç'avait pas été pour me déplaire. Aha. ... je m'appelle Axel, au cas où. Et vous ?

En espérant, qu'elle soit pas pressée hein.

- Ça m'a pas l'air d'être votre monde, hein ? Les super héros, tout ça ? C'était sûrement pas un reproche, ça. Juste une constatation.

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West end ... justement. À croire que le hasard, il est drôlement bien fait dis donc ... j'étais dans la réserve, en train de remplir le carton avec les nouveautés pour votre association. Le jeune homme affiche un sourire en coin et je ne peux m’empêcher de sourire moi aussi : « Le timing parfait alors ! » m’en amusais-je. « ça occupe bien les enfants en tout cas, c’est une super idée ce partenariat. » je souligne parce qu’on pourrait croire que c’est un détail, mais parfois c’est mieux que les enfants n’écoutent pas ce qui passe autour d’eux et ces bouquins nous aidaient beaucoup.

Je pose vraiment mon regard sur le jeune homme et le reconnaît. Mais oui ! je l’avais déjà vu au planning familial une fois, il était venu apporter les livres parce que Gloria était débordée. Je me souviens bien de cette journée, ça avait été le feu : amener deux femmes se faire avorter, une intervention dans une école à l’autre bout de Brisbane … ça avait été une journée affreuse et j’avais immédiatement remarqué ce jeune homme qui détonnait avec le décor. Le mec pas à l'aise, pas dans son élément. - Ouais, c'est moi. Georges Ford, celui qui vient d'habitude et qui est le patron, pouvait pas ce jour-là. Du coup, je l'ai remplacé au pied levé ... je m'appelle Axel, au cas où. Et vous ? Ce qui explique pourquoi je ne l’avais pas revu dans le coin. « Pénélope. Je suis l’adjointe de Gloria. » Je précise tout en prenant le carton. « Vous travaillez ici depuis longtemps ? » Moi, curieuse ? Un peu et puis ça me permettrait peut-être de jauger son âge. Etait-il étudiant ?

- Ça m'a pas l'air d'être votre monde, hein ? Les super héros, tout ça ? Je laissais échapper un éclat de rire gêné, avant de grimacer légèrement tout en me grattant l’arrière de la tête. « Pas du tout ! C’est si évident que ça ? » Évidemment que c’était évident … j’avais l’impression d’être un éléphant dans un magasin de porcelaine. J’étais absolument pas branchée super-héros. Et à dire vrai, je comprenais pas vraiment tous les univers, qui sont les méchants et les gentils … La perfection n’existe pas ! « Je devrais peut-être commencer à m’y mettre dès maintenant, ils sont encore petits mais j’ai deux enfants, un garçon et une fille … Y’en aura bien un qui me parlera spider-man ou un autre ovni du genre ! » gloussais-je, « Plus sérieusement, vous avez mis des super-héroïnes dans cette commande ? On a des jeunes filles de plus en plus exigeantes. » rajoutais-je en levant un sourcil pour appuyer ma demande.

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West end - Toujours le timing parfait. Et, c'est vachement cool, quand ça se passe comme ça. Je dirais. Fallait croire que c'était assez bien tombé, même si parfois, j'y croyais pas vraiment à ce genre de trucs à la con. Le Destin, tout ça. C'était pas un concept qui avait l'art et la manière de résonner en moi. C'était même tout l'inverse. Mais bon, j'avais l'impression qu'ici, il fallait se rendre à l'évidence. ... si ça peut aider les enfants à ne plus s'ennuyer et à s'échapper un peu de leur quotidien ... merdique, c'est que c'est bon. Que le partenariat, a fait son job.

Et pourtant, je leur avais pas adressé la parole à tout ces gosses. J'avais observé du coin de l’œil tout ces gamins, pour qui la vie n'avait pas fait son boulot. Ou n'était pas clémente. J'avais alors contemplé quelques sourires, lorsque quelques regards s'étaient attardés sur les comics et ça, ça m'avait presque attendri. Je disais presque, hein. J'étais pas d'un caractère à avoir la compassion facile, moi. Mais savoir que les lectures triées et sélectionnées par Georges, pouvaient faire leur office, ça ma foi ... c'était chouette.

... me sentant être détaillé par la belle blonde en face de moi, j'haussais alors un sourcil des plus circonspects. Elle me voulait quoi, là ? Est-ce qu'elle se rappelait que je l'avais peut-être un peu trop matée à son insu ? Ou, c'était un autre truc qu'elle allait me sortir ?!
Instinctivement, je préférais un autre truc, hein.

Soulagé de cet état de fait, -parce qu'elle avait rien mentionné de tout ça et heureusement d'ailleurs-, j'apprenais comment elle pouvait se prénommer. Pénélope, donc. Et visiblement adjointe de Gloria, celle avec qui Georges avait eu des contacts.
Okaaaay.

- Enchanté Pénélope. Soufflais-je avec un sourire en coin, avant de constater qu'elle s'intéressait un tant soit peu à moi, en me posant des questions légèrement plus personnelles. ... je bosse ici depuis quelques mois. Je suis pas de Brisbane à la base. Un silence. Et vous ? Vous êtes australienne, pure souche ? Pitié, si c'est ça ... me dites pas que vous bouffez de la vegemite à tous les repas, je vous croirais pas. Okay, je voulais bien qu'on critique la gastronomie anglaise parce qu'il y avait matière à le faire, mais ce machin-là, c'était tout droit sorti des Enfers.

C'était infect. In-fect.
J'eus d'ailleurs une grimace, rien que d'y penser, hein.
Grimace bien vite envolée, quand mon interlocutrice me confirma mon hypothèse : qu'ici, elle était pas dans son milieu naturel. Que c'en était sûrement tout l'inverse, à ce niveau. C'était à la fois mignon et extrêmement cocasse. Note que c'est comme si je me retrouvais à bosser ailleurs que dans la boutique de Georges, ça serait la catastrophe. Et personne, n'avait envie de la voir arriver.

- Aaaaah bah, je peux pas le nier, non. J'eus un éclat de rire, avant de réagir à ses propos, concernant ses ... gosses ? Urgh, là aussi, j'en étais pas fan. ... ça, c'est certain. Mais, vous saurez où me trouver pour le coup ! Même si je savais que Loan voudrait pas que je fasse carrière là-dedans. Lui, il me voyait autre part. À une place prestigieuse, pas derrière un comptoir à conseiller une clientèle à longueur de journée.

... mais moi, ça, ça me plaisait.

- T-t-t-t-t. Je vous arrête de suite, on parle pas d'ovni ici. Mon regard sombre pétillait d'une forme de malice, alors que je m'approchais de ma vis-à-vis avec un sourire en coin. ... alooooors, pour rassurer ce public féminin de plus en plus exigeant semble-t-il, je vous ai mis des super-héroïnes et des super-vilaines. Parce qu'il faut ma foi, un équilibre, hein. Qu'est-ce que vous en pensez ? Elle, la dénommée Pénélope, elle serait parfaite dans un cosplay de Poison Ivy.

Elle était pas rousse, mais ça pouvait s'arranger, ça.

- ... vous avez jamais vu des vieux films ? Genre les Batman de Burton ? C'est un classique ça, Pen ! Oups, le surnom qui était venu se glisser tout seul, dans la conversation.

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West end « ... si ça peut aider les enfants à ne plus s'ennuyer et à s'échapper un peu de leur quotidien ... merdique, c'est que c'est bon. Que le partenariat, a fait son job. » Je lui adresse un petit sourire tout en remettant une mèche de cheveux derrière mon oreille, « ça aide beaucoup, autant les enfants que les parents, que nous … ça aide une femme victime de violences conjugales à parler parce qu’elle est rassurée de voir sa fille concentrée sur sa lecture alors elle se livrera plus facilement, donc merci pour tout ça. » C’était que des livres, mais ils étaient un outil indispensable.

Et comme j’étais une femme curieuse, je cherchais à en savoir plus sur mon interlocuteur. ... je bosse ici depuis quelques mois. Je suis pas de Brisbane à la base. Je lui souris, contrairement à moi, il ne faisait pas tâche, dans cet environnement, bien au contraire. Et vous ? Vous êtes australienne, pure souche ? Pitié, si c'est ça ... me dites pas que vous bouffez de la vegemite à tous les repas, je vous croirais pas. Cette fois-ci, j’éclatais carrément de rire parce que sa question m’amusait autant qu’elle me prenait au dépourvue : « Australienne pure souche, je suis juste née au Texas, à Galveston, mais je n’y ai jamais vécu et mes parents étaient australiens. » lui dis-je en levant les bras, « Et promis, pas de végémite à tous les repas, » ris-je, « C’est délicieux mais il faut pas en abuser. » répond-je, « Alors comme ça, on aime pas la végémite ? Comment vous avez survécu dans le coin ? » lui demandais-je hilare, en posant mes mains sur mes hanches.

En tout cas, ça se voyait qu’il était à l’aise dans ce milieu, tous le contraire de moi ! - T-t-t-t-t. Je vous arrête de suite, on parle pas d'ovni ici. Son regard pétillant de malice m’arracha un autre rire, « Si on dit pas ovni, on dit quoi ? Bestioles avec des pouvoirs bizarres ? » demandais-je en levant un sourcil, ... alooooors, pour rassurer ce public féminin de plus en plus exigeant semble-t-il, je vous ai mis des super-héroïnes et des super-vilaines. Parce qu'il faut ma foi, un équilibre, hein. Qu'est-ce que vous en pensez ? J’acquiesce, « J’en pense que je vous fais confiance : vous avez mis un peu de tout c’est parfait. » Qui était-je pour juger ? Mon niveau de connaissance entre 0 et 10 ? -10 000 !! - ... vous avez jamais vu des vieux films ? Genre les Batman de Burton ? C'est un classique ça, Pen ! Je ne me formalisais pas du diminutif parce que tout le monde l’utilisait. On m’appelait rarement Pénélope. « Heum, j’ai vu les spiderman avec Jake Gyllenhaal et Kirsten Dunst ? » ça commençait à dater, et je me souviens que Tony m’y avait trainé de force parce que ça m’a jamais attiré, « Et j’ai vu le deuxième Aquaman aussi, mais je ne me rappelle même plus du film, » lui confiais-je avec une grimace désolée, « Quand vous disiez que c’était pas mon monde, vous imaginez pas à quel point c’est vrai. »
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