Un jour. Voilà depuis combien de temps tu as décidé d’accepter d’aller dans une colocation. Tu l’as presque annoncé trop fièrement à ta patronne ce matin autour d’un café. Elle a misé sur ta capacité à rester dans le même appartement ; pour elle tu ne feras pas plus d’une semaine. Tu souhaites lui prouver le contraire. Pour une fois, si elle pouvait avoir tort sur quelque chose.
Ta nuit s’est bien passée. Enfin, assez inhabituelle. Tu es rarement seule pour dormir. Parfois trop angoissant pour t'endormir dans des draps frais, dans une obscurité qui peut te paraître étouffante. Tu sais que la chaleur d’un corps peut te rassurer, qu’une présence proche de toi te sécurise. Tu ne sais pas de quoi tu as besoin d’être sécurisée, c’est une question que tu ne te poses même pas. Préférant les laisser de côté, pour plus tard, peut-être quand tu auras vraiment envie de prendre ta vie en main ? Ou pas !
Tu as commencé ta journée au salon, avec ta jolie robe blanche fleurie, ta chevelure attachée en queue de cheval pour dégager ton visage légèrement maquillé.
Une habituée est venue pour une coloration. Tu as papoté de tout et de rien avec elle, elle a surtout balancé quelques potins. Tu as aussitôt enchaîner avec quelques coupes de cheveux. Ta patronne te demande alors qu’elle est au téléphone si tu peux te libérer un créneau à la pause déjeuner pour une urgence capillaire. Tu râles, parce que tu avais prévu de souffler au parc avec un bon panini. Tu finis par accepter, contrainte, parce que madame la boss va déjeuner avec son mari, toi tu dois assurer entre midi et 14 heures.
Tu te fais livrer ce merveilleux panini au chèvre et au miel. Tu manges, laissant ta main libre balayer l’écran de ton téléphone, le regard fixé sur différents posts des réseaux sociaux, likant par la même occasion quelques photos. Le ding-dong de la porte te tire de ta rêverie, ta tête se soulève, posant le reste du panini sur le bord du comptoir. Ta bouche s’entrouvre. L’impression de voir un fantôme débarquer subitement. Cette tête brune tu t’en souviens. Toujours aussi belle, toujours aussi attirante. Tu bondis sur tes deux pieds, avant de t’avancer.
Alors… C’est elle qui vient en urgence ?
- Bonjour ! Peut-être qu’elle ne va pas te reconnaître. A l’époque tu étais brune, adepte d’une couleur foncée dans un moment de rébellion de ta vie. Ta coloration plus claire témoigne d’un certain adoucissement dans ta vie. Pourtant, tu as toujours un esprit rebelle. C’est pour l’urgence capillaire ?