stay awake
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Les bruits sourds du bois martelé retentissaient dans tout l'appartement. Seth, le sommeil léger, ouvrit les yeux comme s'il venait à peine de les fermer et par réflexe, alluma l'écran de son téléphone sur sa table de chevet. Quatre heures quarante trois. Est-ce une heure pour réveiller les gens, ça? L'américain se leva, enfila rapidement un t-shirt et un pantalon tout en se dirigeant tel un funambule vers la porte d'entrée, à laquelle un poing tambourinait sans ménagement. Lorsqu'il ouvrit, son regard descendit sur un jeune homme qu'il estima encore mineur, paniqué et essoufflé. Etait-ce l'heure tardive dans la nuit - ou plutôt précoce dans la matinée - ou l'affolement de l'adolescent, mais l'archéologue peina à comprendre le flot inintelligible de paroles qu'il débitait à toute vitesse. Deux mots suffirent à intégrer l'urgence de la situation et à achever de réveiller l'américain. Phoebe. Vite. Le lien était vite fait, le garçon n'était autre que le petit ami de la fille de sa voisine, laquelle hurlait ostensiblement depuis le salon. Les pupilles de Seth s'agrandirent et son sang fit un tour entier de son corps avant qu'il ne se précipite dans l'appartement en face du sien, dont la porte était encore entrouverte. Lorsqu'il avait quitté la brunette quelques heures plus tôt, tout allait bien. Qu'avait-il bien pu se produire pour que tout bascule en une nuit?  Il pénétra les lieux sans se soucier des convenances, et trouva l'adolescente agenouillée et gémissant à côté d'un corps allongé par terre.

"C'est pas vrai. Phoebe!", laissa-t-il échapper, se pressant aux côtés de Keïla. Sa mère était étendue sur le sol, et son sang se répandait autour d'elle comme une traînée de poudre. Une lame plantée dans le ventre, Phoebe avait perdu connaissance. "Mais qu'est-ce qui s'est passé?", demanda-t-il aux deux jeunes, le ton sévère, les dévisageant à tour de rôle avant de constater l'étendue des dégâts. Comment est-ce que cela avait pu arriver? Qui avait bien pu lui faire ça? Ces questions trouveraient leurs réponses plus tard, pour l'instant il était évident que la jeune femme devait aller aux urgences. Le couteau était encore enfoui dans sa chair, mais elle perdait beaucoup d'hémoglobine. Ne cédant pas à la panique - après tout, le seul adulte conscient de la pièce devait bien garder le contrôle de la situation - Seth donna les directives. "Ne touchez pas au couteau. On va l'emmener à l'hôpital.". Il fit un saut express dans son appartement pour récupérer les clés de sa voiture, et les donna au garçon. "La Mercedes noire garée en bas, juste devant. Descendez tous les deux et ouvrez la porte arrière.", ordonna-t-il au jeune homme, parlant d'une voix ferme mais relativement calme pour ne pas alimenter davantage l'état de panique des deux adolescents. Heureusement pour lui, ils s'exécutèrent sans poser de question, sans se figer de peur. Lorsqu'ils disparurent dans les escaliers, Seth posa sa main sur la joue de Phoebe et y assena une claque modérée. "Phoebe, réveille-toi. Reste avec moi. Il ne faut pas que tu t'endormes.", commanda-t-il, caressant ses cheveux et espérant voir ses yeux s'ouvrir. "Je t'emmène aux urgences, d'accord?", comme si elle était actuellement en mesure de refuser ou de protester. Mais parler à la blessée lui semblait une bonne idée, il fallait qu'elle reste consciente, qu'elle reste avec lui. Avec eux.

Ses bras glissèrent sous ses jambes et ses omoplates, et enveloppèrent son petit corps frêle. Il la souleva sans la moindre difficulté, jamais elle ne lui avait parue si légère. L'américain descendit les escaliers aussi vite que possible, prenant bien soin de ne pas cogner la tête de sa voisine contre la rembarde, et fut soulagé de voir que Keïla et son petit ami avaient suivi ses directives à la lettre. Le garçon, qui semblait garder plus de constance que la pauvre fillette dévastée, s'installa à l'arrière et Seth y déposa également le corps meurtri de la brunette, avec toutes les précautions possible pour ne pas toucher au couteau. Il somma le jeune de maintenir les jambes de sa belle-mère un peu relevées, ce qui calmerait temporairement l'hémorragie. Il s'exécuta, Keïla monta à l'avant côté passager et Seth se glissa au volant. Il démarra en trombes, sans doute n'avait-il jamais conduit aussi vite. Voyant la jeune femme pleurer et gémir à côté de lui, il ne put s'empêcher d'essayer de calmer la tempête de larmes qui l'assaillait. "Keïla, c'est ça?", se rappelait-il, l'ayant aperçue plus tôt dans la soirée. "Ta mère va s'en sortir, je te le promets.", affirma-t-il, parlant avec une conviction profonde et une voix rassurante. Il n'était pas en mesure de réfléchir à quoique ce soit d'autre que la direction de l'hôpital, tous les sens alertés par l'urgence de sauver au plus vite la brunette.

 

La violence avait envahit mon appartement sans que je ne puisse savoir pourquoi, je n'avais pas compris qui été les hommes qui avaient pénétrer dans mon appartement afin de tenter de me tuer. Quoi qu'il en soit, il n'était pas loin d'avoir réussi, le couteau planté dans mon ventre, je perdais peu à peu connaissance de ce qui était entrain de se produire autour de moi. Les cris de Keïla se transformaient en bruit de vague et une certaine sérénité venait s'emparer de moi. Finalement, si c'était ainsi de mourir, il n'y avait pas lieu d'en avoir peur. La seule chose triste était pour ceux que j'allais laisser derrière moi. Mais qu'est-ce que je pouvais y faire ? J'avais pas envie de m'accrocher, la vision de cet océan devant moi était bien trop tentante.

Je sentais alors soudainement une main venir se poser sur ma joue, m'extirpant de la contemplation de l'océan et j'ouvrais légèrement les yeux pour croiser le regard vert de Seth. Qu'est-ce qu'il faisait ici ? Il aurait dû être dans son appartement normalement ? Je l'entendais me dire que je ne devais pas m'endormir et qu'il fallait que je reste avec lui, "...L'océan...Je l'ai vue...." Il m'indiqua alors qu'il allait m'emmener aux urgences et je le sentais me porter, ses mains se positionnant avec précaution sous mon corps. Je passais une main sur sa joue réalisant alors que je laissais des traces de sang. "...Parle...moi..." Je posais ma tête contre son épaule, "...L'Egypte...j'aurais...aimé y aller avec toi..." J'aurais aimé découvrir ce pays qui avait une histoire incroyable et j'aurais aimé qu'il puisse me faire découvrir cet endroit si particulier pour lui.

Pouvait-on considérer la descente des escaliers comme celle des enfers ? Qu'est-ce que j'allais encore devoir affronter une fois en bas ? Je me retrouvais rapidement dans une voiture et je distinguais Ethan qui prenait place au niveau de mes jambes et venait me les soulever sur les indications de Seth. J'entendais alors ma fille qui semblait totalement dévastée de la situation et dans le fond, je ne pouvais que la comprendre. La situation devait être choquante et l'a ramené une fois encore à ce jour où son père avait essayé de me tuer. Je cherchais à prendre sa main mais, elle était bien trop bouleversée pour s'en rendre compte alors j'écoutais juste Seth tentait de la rassurer. Je préférais donc le laisser gérer les émotions de ma fille en fermant les yeux pour retrouver l'endroit réconfortant de la plage que j'avais découverte un peu plus tôt.

Assise sur le sable, j'écoutais le bruit des vagues venir se casser sur la plage, tout était calme et je sentais une certaine sérénité. Soudainement, l'océan venait se reculer jusqu'à disparaître pour laisser place à une étendu de sable dorée et une chaleur écrasante. Je me relevais rapidement pour avancer dans la direction où l'océan avait glissé regardant autour de moi et réalisant qu'il n'y avait que du sable à perte de vue. J'étais dans un désert et tandis que j'avançais, je sentais mes pieds s'enfoncer dans le sable chaud sous un soleil écrasant. Je plissais un peu les yeux afin de distinguer la direction à prendre avant de voir un temple se matérialiser devant moi, des escaliers semblaient être manger par le sable et la noirceur me faisait quelque peu hésiter. Mais bientôt le vent, souleva des quantité de sable me forçant à pénétrer dans l'endroit sombre. Tout n'était plus que noirceur et froideur. Je venais frotter mes mains contre mes bras tandis que je descendais les escaliers sans réellement savoir où j'allais. Puis soudainement, des flambeaux s'allumèrent et une dalle de pierre semblable à un tombeau se dévoila, j'approchais avec précaution avant qu'un homme portant un masque d'animal que je ne saurais identifié s'avance vers moi. Il était grand et imposait un certain respect, je restais un instant à contempler ce masque essayant de savoir si, c'était un chien, un âne ou tout autre animal, amenant une certaine confusion dans mon esprit qui voulait absolument mettre un mot sur cette forme. Seulement, je sortais de ma contemplation alors que cet homme venait me porter pour me poser sur cette dalle me forçant à m'allonger. Mon regard toujours plongé dans le sien que je ne pouvais pas réellement percevoir à travers le masque. Une fois allongée, il s'éloigna et deux serpents venaient onduler sur mon corps, un noir et un blanc. Je fermais les yeux en sentant la froideur de leur peau sur mon visage avant de soudainement les sentir entrer dans mon ventre et me faisant me redresser brusquement.

J'ouvrais les yeux éblouis par les lumières du plafond entend un bip régulier d'une machine. Je me redressais sentant alors une certaine douleur au niveau de mon ventre et je posais ma main dessus, constatant alors que j'avais un bandage. Il me fallut un instant pour remettre de l'ordre dans mes idées et comprendre que j'étais à l'hôpital. Ils avaient réussi à m'amener aux urgences et les médecins avaient dû s'occuper de moi, je regardais autour de moi pour chercher la présence de Keïla ou Seth.

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Enchevêtré dans la précipitation et l'urgence de mettre sa voisine en sécurité, Seth ne s'était pas rendu compte qu'au fond de lui, il se faisait du souci pour elle. Encore une habitude balayée d'un revers de main, une partie de la calotte polaire qui fondait à vue d'oeil. A Brisbane, et presque partout ailleurs dans le monde, une seule personne pouvait se vanter d'être dans ses petits papiers et mériter son inquiétude. Danaë, la fille de son ancien mentor et patron, qui appartenait aussi bien à son passé qu'à son présent et qui bénéficiait d'une place particulière dans son entourage. Finalement, il n'était peut-être pas si inhumain qu'il pensait l'être. Ce ne fut qu'une fois installé dans la salle d'attente de l'hôpital aux côtés de Keïla et de son petit ami, qu'il réalisa soudain l'ampleur de la situation. Quelqu'un s'en était pris à Phoebe, sans qu'il ne comprenne qui ni pourquoi. Etait-ce en lien avec son ex-mari, qui avait déjà tenté de la tuer une fois et qui avait envoyé ses sbires pour terminer le travail? Ou était-ce quelque chose de plus louche encore? Une intuition ridicule lui étreignait le coeur, celle que la jeune femme était une victime indirecte de ses propres activités illégales. Il balayait cette pensée rapidement, parasitée par les jérémiades de l'adolescente à ses côtés dont les larmes ne cessaient de ruisseler. "Ça va aller, elle est entre de bonnes mains.", tenta-t-il de la rassurer, et surtout d'interrompre cette logorrhée plaintive qui n'amenait rien d'autre que des ondes négatives. Ce dont, de toute évidence, il n'avait pas besoin dans un pareil moment. Lorsqu'elle se calma enfin, essayant de balayer son chagrin avec une discussion triviale, il regretta presque ses sanglots. Cette question maladroite provoqua une réponse malhabile. Est-ce que ma mère et toi êtes ensemble?, résonna dans la tête de Seth comme une rengaine étrangère. "Nous sommes... amis.", répondit-il en forçant un sourire sur ses lèvres. Esquive rusée qui mettait un terme à des suspiscions malvenues. La gamine n'avait pas besoin de connaître la nature de la relation entre sa mère et l'archéologue, et quand bien même serait-ce le cas, ce n'était pas à lui de tenir cette discussion avec Keïla. Lui-même peinait à mettre une étiquette sur la nature de leur lien. Ce n'était pas de l'amour, ni réellement de l'amitié. C'était quelque part entre les deux.  

Les minutes s'écoulèrent d'une lenteur infinie, se transformant en une heure, voire deux, quand un médecin vint finalement fouler le couloir jusqu'à la salle d'attente. Phoebe s'était bien défendue, visiblement, et avait gagné la bataille pour sa vie. Elle était tirée d'affaires, et s'en sortirait avec une belle cicatrice. Pour le côté physique, du reste. L'état psychologique de la jeune femme était encore à constater à son réveil, et dans les mois qui suivraient cet épisode macabre. L'archéologue laissa évidemment Keïla aller voir sa mère en premier, jugeant que sa propre présence ici n'était due qu'au hasard des choses, le petit copain étant venu tambouriner à sa porte juste parce qu'il ne savait pas quoi faire d'autre, et que sa bien-aimée avait dû lui dire que Phoebe et son voisin entretenaient de bonnes relations. Il patienta donc encore, de longues minutes, aux côtés d'Ethan qui, ayant retrouvé sa langue, ne tarissait pas d'éloges au sujet de sa petite amie. Seth écouta l'adolescent lui raconter à quel point elle était merveilleuse, à quel point il était amoureux et souhaitait l'épouser un jour, ce qui eut le don d'alimenter à la fois l'hilarité et la pitié de l'américain. Que connaissait-il de l'amour? Comment savait-il qu'elle était la personne avec qui il voulait passer le reste de ses jours, alors qu'il n'avait vraisemblablement connu qu'elle? Comment signer un contrat à vie sans faire de devis ailleurs? Le talent de l'archéologue pour le mensonge lui permit de rebondir habilement sur ses sujets triviaux avec des phrases comme "je suis heureux pour vous" ou encore "je vous souhaite que ça dure", ce dont en réalité il se fichait éperdument. Toutefois, il devait bien l'admettre, la candeur et la naïveté adolescentes étaient tout de même admirables.

Quand Keïla revint enfin auprès de son promis, ce fut au tour de Seth de pénétrer la chambre dans laquelle Phoebe se remettait de ses blessures. Il n'était pas particulièrement à l'aise avec les hôpitaux de manière générale, jugeant qu'ils regorgeaient d'une explosion de sentiments beaucoup trop humains, trop prégnants, mais il voulait constater de ses propres yeux l'état de santé de la brunette. L'américain s'avança vers le lit, restant à une distance mesurée, comme à son habitude. Il s'assit sur la chaise près du matelas pour éviter à Phoebe d'avoir à lever la tête. "Comment tu te sens?", s'enquit-il d'une voix basse. Des câbles la reliaient à une machine relevant ses constantes, et un oxymètre pour garder un œil sur son pouls et sa saturation en oxygène. Elle avait perdu beaucoup de sang, et son visage pâli avait perdu de sa superbe, mais elle paraissait aller bien mieux qu'il y a quelques heures, quand il l'avait trouvée gisant dans son propre sang. Seth soupira, un mélange de soulagement et d'incrédulité envers cet épisode inexpliqué. "Comment est-ce que ça a pu arriver?", ne put-il s'empêcher de demander. Ce n'était pas de la curiosité mal placée, mais une partie de lui éprouvait une colère telle qu'il aurait pu tuer ses assaillants s'il les avait sous la main. "Est-ce que tu as vu ou entendu quelque chose?", poursuivit-il, espérant qu'elle se souvienne de n'importe quoi qui lui donnerait une piste, un indice, pour deviner à qui elle avait eu affaire et surtout, le motif de cette agression. Réalisant que ses questions seraient reprises par les policiers qui viendraient probablement pour l'interroger, il se ravisa. "Excuse-moi, je suppose que tu devras répondre à tout ça lors de l'interrogatoire de police. Le principal, c'est que tu ailles bien.", affirma-t-il, et sans réfléchir, il posa sa main sur celle de la jeune femme.

Ce rêve avait laissé une sensation étrange dans mon organisme, ne sachant pas tellement comment je devais le traduire, avait-il seulement une traduction à celui-ci ? Alors que je m'étais redressée rapidement, la silhouette de Keïla apparut dans mon champ de vision et un sourire léger se dessinait sur mes lèvres. Elle avait les yeux rouge, preuve qu'elle avait beaucoup pleurée, mais tout ça été derrière nous à présent, j'étais vivante non ? Je venais tant bien que mal la serrer dans mes bras essayant de ne pas emmêler les fils avant de lui dire que tout était bien et qu'il fallait qu'elle soit forte, il fallait qu'elle pense à elle et à ce qu'elle allait construire avec son chéri. Je l'invitais d'ailleurs à retourner auprès de lui, ne me souvenant plus tellement comment ils étaient arrivés à l'hôpital. Je me souvenais juste du visage de Seth qui m'avait trouvé dans mon appartement et tout était devenu sombre, seul le rêve de cette créature ? Homme ? Restait dans mon esprit. Je déposais un baiser sur sa joue avant de la voir filer en dehors de la chambre, consciente que tout ceci devait remuer des souvenirs désagréable pour elle. Je soupirais légèrement avant de fixer le plafond et fermer les yeux, tandis que la porte se faisait une nouvelle fois entendre.

Je redressais un peu ma tête pour poser mon regard sur un nouveau visiteur ? Infirmière ? Ou même mon frère qui travaillé ici. Mon regard croisa les pupilles verte de Seth et je tentais de sourire également, espérant certainement tromper la gravité de l'instant. Je l'entendais me demander comment j'allais, "...Mmh et bien je dirais que passer sous un bus doit faire la même sensation..." Je tentais de rire un peu avant de sentir la douleur sur mon ventre et de poser ma main dessus, "L'accouchement était moins terrible que ça !" Il fallait dire que mon accouchement avait été parfait. Je l'entendais alors me poser une multitude de questions, ne sachant pas réellement que je pouvais répondre car, je ne savais pas du tout. Je secouais la tête, "Je ne sais pas quoi te dire Seth...Je ne sais pas...Je n'ai rien entendu juste leur présence et encore, j'ai cru que c'était un des enfants qui venaient prendre un verre d'eau...C'est juste quand j'ai vu la lumière sur moi que j'ai compris que ça n'était pas normal..." Je haussais les épaules ne pouvant pas vraiment lui venir en aide et de toute façon, ça n'était pas à lui de régler tout ça ? La police devait s'en charger.

D'ailleurs, il ne tarda pas à s'excuser tout en posant sa main sur la mienne, contact qui me fit une drôle d'impression surtout après les explications que nous avions eu. "...Oui j'imagine que je vais devoir répondre...Mais je ne sais pas comment je pourrais aider." Je soupirais légèrement resserrant un peu mes doigts contre les siens. "...Je n'étais que ce rêve étrange qui reste dans mon esprit pour l'instant...Mais ça ne va clairement pas les aider vu que ça n'a aucun rapport..." Je souriais doucement en le regardant, "Merci ! Sans toi...Je ne serais sans doute plus de ce monde. "Heureusement que tu étais là." Il fallait bien avouer que si, Seth n'était pas intervenu, sans doute que les deux adolescents n'auraient pas eu le sang froid nécessaire pour me venir en aide et j'aurais fini par me vider de mon sang au milieu de mon salon.

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La sensation d'un couteau planté dans les entrailles pouvait-elle être comparable à un accouchement? Seth n'était pas en mesure de le dire, toutefois il garda pour lui la réflexion selon laquelle la simple présence d'un corps étranger dans le ventre était déjà une douleur en soi. Quelque chose d'anormal. Heureusement pour lui, l'archéologue était né homme et n'aurait jamais à endurer la souffrance induite par la ponte d'un petit être certes mignon - quoique les bébés ne l'étaient pas à ses yeux - mais qui vous déchirait de l'intérieur, appuyant sur vos organes, remuant contre votre intestin, votre estomac, pressant ses pieds microscopiques contre la paroi interne de votre vessie. Non merci, grâce au destin, il ne saurait jamais ce que cela faisait. Et le temps de songer à un potentiel héritier tardait à venir. L'américain esquissa une légère grimace, sifflant derrière ses dents comme s'il imaginait le calvaire par lequel sa voisine était passée. Il l'écouta lui raconter les éléments dont elle se souvenait, à savoir: pas grand chose. Phoebe avait entendu des pas dans son appartement, pensé que les enfants se levaient pour boire un verre d'eau au beau milieu de la nuit, puis avait réalisé le danger une fois seulement que son visage fut éclairé par une lampe de poche. Elle n'avait ni vu le visage de ses agresseurs, ni entendu le motif de leur crime, ni reconnu le moindre signe qui permettrait de mettre toute cette histoire au clair. Les policiers allaient bien s'amuser, tant de preuves pour si peu d'indices, et il ne faisait presque aucun doute que l'affaire serait classée sans suites, en fin de compte, pour dossier incomplet. A moins que les coupables ne viennent eux-mêmes se livrer aux forces de l'ordre, nulle âme à part eux - et leur potentiel commanditaire - ne saurait la raison de l'agression sur la personne de Phoebe Jensen.

Seth resta silencieux en prêtant oreille au récit de la brunette, finalement heureux qu'elle soit en état de parler comme elle le faisait. Elle évoqua un rêve qu'elle avait fait lorsqu'elle avait perdu connaissance, jugeant que cela n'avait aucun rapport avec l'enquête qui serait menée sur son agression. "Quel rêve? Raconte-moi.", l'invita-t-il, reprenant la main qu'il avait déposé sur la sienne pour mieux l'écouter. Lorsqu'il l'avait trouvée, gisant au sol, baignant dans son propre sang, elle avait évoqué l'océan, et ses souhaits de visiter l'Egypte à ses côtés. Quel tourment son imagination lui avait-elle infligé cette fois?

Phoebe remercia l'archéologue d'avoir été présent pour l'aider, et assez réactif pour l'emmener directement aux urgences. Il avait bien grillé quelques feux rouges et dépassé les limites de vitesse autorisées, mais quand il voyait le résultat, cela en valait largement le risque. "Je ne pouvais pas te laisser te vider de ton sang dans ton salon.", raisonna-t-il, conscient que n'importe qui aurait fait la même chose à sa place, à moins de se voir inculpé pour non-assistance à personne en danger. Seth n'était pourtant pas sûr qu'il se serait autant démené pour un ou une inconnue. Il se serait probablement contenté d'appeler les secours, ce qui aurait rallongé le temps d'attente pour le patient et donc amoindri ses chances de survie. Mais c'était Phoebe, sa délicieuse voisine, et il ne jouerait pas avec le sablier de sa vie. Les deux adolescents avaient eu le bon réflexe en décidant de venir toquer à sa porte, après tout, il pouvait bien lui rendre ce service. Et il n'avouerait jamais qu'il tenait suffisamment à elle pour ne pas la laisser mourir.  "Par contre... Je t'interdis de recommencer.", gronda-t-il, le regard sévère, avant de poursuivre. "Si quelqu'un doit jouer de sa lame sur ton corps, c'est moi.", le sourire taquin et l'oeil malicieux, se permettant se genre de vanne même dans un moment pareil, peu certain qu'elle la fasse réellement rire.

La comparaison était peut-être étrange et découlait peut-être d'une certaine fatigue ? Ou d'un état de choc ? Quoi qu'il en soit, il était certains que avoir une lame de couteau dans le ventre était presque aussi, voir plus douloureux que l'accouchement que j'avais vécu seize ans plus tôt. Mais, j'étais loin d'être convaincu que ça puisse intéresser Seth et de toute façon, il me posa rapidement des questions pour savoir si j'avais vue ou entendu quelque chose qui pourrait expliquer cette attaque. Je ne savais pas exactement quoi répondre, je n'étais pas certaine d'être d'une grande utilité étant donné que je n'avais rien entendu réellement. J'avais simplement cru au départ, qu'un des adolescents avait voulu boire un verre d'eau, avant que la présence ne soit plus grande et plus forte sur moi. Les mains de l'homme qui s'étaient enroulées autour de mon cou avait été très désagréable et loin de me faire le même effet que lorsque Seth jouait à ce genre de jeu. Heureusement, que mon aptitude à l'apnée avait été utile ce soir et m'avait permise de me défendre un peu, mais pas suffisamment pour éviter l'inévitable.

J'étais donc désolé de ne pas pouvoir être utile à l'archéologue sur la compréhension de mon attaque. De toute façon, il n'y avait qu'une seule chose dans mon esprit depuis mon réveil, le fameux rêve que j'avais fait durant la période où j'avais perdu connaissance. Je ne pensais pas qu'il me poserait la question, mais il semblait curieux de savoir de quoi il était question. Je sentais ses doigts quitter ma main et je laissais mes doigts serrer un instant le drap de l'hôpital, un peu frustrée qu'il puisse ainsi rompre le contact entre nous. Je soupirais doucement, "Et bien au départ, j'étais sur une plage au bord de l'océan...puis elle s'est retirée avant de disparaître entièrement et de me laisser dans le désert. Je sentais la chaleur sous mes pieds et le soleil sur mon visage avant de voir apparaître un temple et des escaliers...Sans vraiment réfléchir, j'ai descendu dans le noir du temple et des flambeaux se sont allumés. Une grande dalle en pierre trônait au milieu d'une pièce...La dalle était éclairée par un puit de lumière. Puis un homme est apparût, il avait un masque sur le visage...Une sorte de chien ou d'âne...Ou même de chacal, je ne sais pas exactement....j'ai pas réussi à définir l'animal du masque. Il m'a fait m'allonger sur la dalle avant que deux énormes serpents, un blanc et un noir glissent sur mon corps et pénètrent dans mon ventre à l'endroit où le couteau avait été planté." Je reprenais un peu ma respiration en essayant de réfléchir à tout ça, "Peut-être que c'est juste un moyen pour mon cerveau de m'avoir protégé de l'opération..." Je n'avais aucune idée du message que ça pouvait indiquer.

Quoi qu'il en soit, une chose était certaine, sans Seth je serais certainement dans un autre monde et ma fille serait quasiment orpheline. C'était donc normal pour moi de remercier l'archéologue de son geste et surtout de ne pas avoir le sommeil trop lourd. Je hochais la tête alors qu'il affirmait qu'il n'était pas question de me laisser me vider de mon sang dans le salon. C'est sur que j'avais appréciée qu'il ne me laisse pas gisant dans mon flux vital et je n'imaginais même pas l'état de mon tapis à l'heure qu'il était. Je sortais de mes pensées alors qu'il reprenait la parole, m'interdisant de recommencer et je me pinçais les lèvres. Si seulement, j'avais pu faire autrement, il était évident que je ne l'aurais pas fait. C'était une expérience que je n'avais pas envie de revivre, ça et la balle dans la cuisse. Je l'entendais alors poursuivre concernant le fait que seul lui serait autorisé à manier une lame sur mon corps et un petit sourire étira la commissure de mes lèvres. "Ne me fait pas rire...C'est douleur quand je ris ou que je tousse...Mais j'en prends bonne note dans ce cas..." Bien que je n'étais pas certaine qu'il soit encore réellement intéressé par ce genre de moment avec moi. C'était tout de même quelque peu perturbant de voir comment, il pouvait souffler le chaud et le froid vis à vis de moi.

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Il écouta attentivement le récit des songes de sa voisine, qui avait visiblement traversé les océans pour se rendre dans les sables arides du désert égyptien. La nuit dernière avait été peuplée de rebondissements, aussi bien dans le voisinage de West End que dans les rêves de la brunette. Seth comprit de suite quel dieu avait veillé sur son sommeil, un dieu qu'il avait étudié, célébré, vénéré, et qui résonnait en lui comme le porteur éponyme de sa propre histoire. Un reflet dans le lointain, des gênes dispersés et envolés jusqu'à son berceau. L'homme portant un masque de chien ou de chacal n'était autre que son homonyme: Seth, le second fils de Geb et de Nout, frère violent et querelleur d'Osiris. Il fut jadis le gardien des terres stériles du désert, là où son frangin s'était vu hériter des sols prolifiques du delta du Nil. Dieu de la confusion, du désordre, du chaos et des tempêtes, sa réputation n'était pas la meilleure mais il n'en demeurait pas moins un élément indispensable à l'équilibre du monde. La lumière ne peut exister sans les ténèbres. L'archéologue s'étonna de ce rêve, se demandant si le subconscient de la jeune femme avait tiré cet extrait d'un documentaire qu'elle avait vu à la télévision, ou si le destin lui avait envoyé un signe dont il ignorait encore le sens. "Et est-ce que cet "homme" t'a parlé?", s'enquit-il par curiosité. Quel message avait-il eu à lui délivrer et pourquoi lui avoir rendu visite dans son inconscience nocturne? Quant aux serpents, Seth n'était pas un fin analyste dans la symbolique des rêves, mais un blanc et un noir, cela se résumait sans doute à la guérison d'un côté, et la peur, l'inconnu, de l'autre. "Je crois que je sais qui c'était.", finit-il par avouer, quoique surpris par l'irruption de la mythologie égyptienne dans l'esprit de sa voisine.

"Tu as regardé un documentaire sur les mythes d'Egypte, récemment?", demanda-t-il, le regard bienveillant, le coeur amusé. La passion reprenait toujours le dessus, c'était plus fort que lui. Il était mû par cette vocation transformée en métier, emballé par les histoires des dieux anciens, enthousiasmé par l'exceptionnel talent des architectes de l'époque et leur incroyable capacité à bâtir des merveilles d'ingénierie. C'était son monde, son univers, sa bonne raison de se lever chaque matin pour creuser un peu plus ce passé enfoui. Coïncidence que la brunette ait rêvé d'une personnification de Seth lui-même? Probablement. Ou probablement pas. Un lien étrange s'était créé entre l'américain et sa voisine, sans qu'il ne le sente ni ne le comprenne, mais il était bel et bien là. La chair cicatricielle d'une plaie qui guérissait, le fil rouge qui reliait deux destinées sans leur demander leur avis, la polarité inversée de deux aimants qui se rejoignaient malgré la distance qu'il s'efforçait de mettre entre eux.

Le sourire de Phoebe, faible mais perceptible, étira la commissure de ses lèvres alors que l'archéologue avait mentionné son exclusivité quant au maniement d'un couteau sur la peau de la brunette. Elle lui demanda de ne pas la faire rire - et l'humour n'était pourtant pas sa principale qualité - tandis qu'elle signalait prendre bonne note de cet ordre. Il acquiesça, baissant le menton en guise d'approbation. C'est bien. Mais au fond de  lui, il douta que la jeune femme ne veuille encore se livrer aux jeux qu'il aimait tant après une telle agression. Ce jour signait peut-être la fin de tout ce qu'ils avaient été jusqu'à aujourd'hui. Perdrait-elle de l'intérêt pour lui maintenant qu'elle ne souhaiterait plus être violentée? Est-ce que cela reviendrait un jour? Seth n'eut pas même l'indécence d'y songer, car le plus important pour lui dans l'état actuel des choses, c'était juste que Phoebe aille bien. Peu importait le futur, que l'avenir les rassemble ou non. Ne restait que le moment présent, la lumière blanche éblouissante typique des hôpitaux, et le coeur battant le rythme de la vie de sa voisine.  

Alors qu'il me demandait de parler de mon rêve, je me replongé dedans avec délice. Si au départ, j'avais ressentie une certaine tension, très rapidement, j'avais apprécier le sentiment que cela avait fait naitre dans mon organisme. J'expliquais donc à Seth que la mer avait disparut pour laisser place à un désert aride et qui avait réussi à me faire chauffer la plante de mes pieds, le soleil avait tapé sur la peau de mon visage, avant de trouver un endroit abrité et frais. Je n'avais aucune idée à quoi j'avais eu à faire dans ce tombeau ? Abri ? Je ne savais même pas comment on pouvait exactement le définir en réalité. Quoi qu'il en soit, l'homme qui s'était présenté à moi, avait eu la capacité de m'hypnotiser, il avait été attirant à la seconde où mes yeux s'étaient posés sur lui. Je secouais la tête alors que l'archéologue voulait savoir si, cet homme avait prononcé un mot, une phrase, "Non...Il n'a rien dit...Son aura m'a juste envahit et il m'a fait comprendre simplement que je devais m'allonger sur la dalle en pierre." J'avais l'impression de ne pas être utile une fois de plus, comme pour mon récit de l'attaque dans le salon. Mais alors que Seth reprenait la parole, je le regardais avec curiosité, "Quoi ? Tu as une idée ?"

J'avais envie de savoir à qui il pensait, ce que tout ceci pouvait signifier et surtout pourquoi j'avais une représentation qui semblait sortir de l'Egypte antique. Je gardais mon regard posé sur lui en secouant la tête une nouvelle fois, "Non...La dernière fois, c'est quand je suis venu écouté ton intervention au musée...pourquoi ?" Est-ce que tout ceci avait un lien avec ce que j'avais pu entendre là-bas ? Mon esprit était-il parti dans un délire et m'avait simplement permis de supporter l'intervention chirurgical ? Peut-être même qu'en réalité c'était simplement les effets de l'anesthésie afin que je ne m'agite pas trop pendant l'extraction du couteau. Cependant, je ne pouvais m'empêcher de remarquer le changement chez Seth, qui semblait à la fois amusé, passionné et peut-être perplexe face à mon rêve, à croire qu'il avait compris les tenants et aboutissants de cette histoire ?

Le naturel cependant, revenait rapidement au galop quand il m'interdisait de recommencer à lui faire peur de la sorte et qu'il était le seul à être réellement habilité à utiliser une lame sur mon corps. Je souriais, retenant tout de même un rire sentant la douleur se diffuser dans mon organisme, si je remuais trop. Je prenais bonne note de sa remarque, laissant tout de même mon esprit vagabonder dans ses tourments. N'étant pas convaincu que de toute façon, il puisse encore avoir envie de quoi que ce soit avec moi. J'avais été trop loin dans mes paroles quelques jours avant, nos retrouvailles avaient été marqués par ce magnétisme incroyable de nos corps, avant que tout s'effondre dans la nuit. "Pardon de t'avoir fait peur...Et merci pour Keïla...Elle m'a dit que tu avais toujours été positif..." Je savais également qu'il nous avait qualifié d'amis et en même temps, je pouvais comprendre, qu'est-ce que nous pouvions être d'autre ? Bien que j'aurais imaginé qu'il nous qualifie simplement de voisins avec des points communs.

stay awake
w/ @Phoebe Jensen  ∆ crédit/tumblr&pint

Seth, dieu des tempêtes, visiteur nocturne. Il s'était glissé sans un mot dans les songes de la brunette mais pourtant, elle avait compris qu'il lui demandait de s'allonger sur la pierre, pour laisser deux serpents onduler sur le corps frêle de la jeune femme. Cela aurait tout aussi bien pu être Seth, l'archéologue, se dérobant à la nuit pour abattre sur Phoebe les deux couleuvres de la tendresse et de la violence. Il avait autant envie de lui procurer du plaisir que d'asséner sur sa peau pâle des claques à en faire rougir la lune. Retrouverait-il jamais ces instants volés avec elle? Ou son agression la murerait-elle dans une paralysie contre toute forme de brutalité? Seul l'avenir le dira.

Elle n'avait pas plus regardé d'émission sur la mythologie égyptienne qu'il n'avait mentionné son dieu homonyme lors de sa dernière intervention, au musée. Pourtant, la certitude ruisselait dans ses veines jusqu'à atteindre les tréfonds de son coeur. L'américain hocha la tête et acquiesça lorsque sa voisine lui demanda s'il avait une idée concernant l'homme masqué qui avait hanté son rêve. "Je pense que tu as reçu la visite du dieu Seth.", énonça-t-il, un sourire d'amusement se dessinant sur ses lèvres alors qu'il s'entendit prononcer son propre prénom. "Mais c'est étrange, car je n'ai pas parlé de lui dans ma dernière conférence.", pas plus que depuis son arrivée à Brisbane, d'ailleurs. Son admiration et son intérêt pour cette mythologie n'appartenaient qu'à lui, comme une forme tacite de religion taboue. Ses croyances n'incombaient qu'à lui, jamais il n'oserait les partager avec qui que ce soit. Les prunelles verdoyantes de l'américain se figeaient dans le vide, ses sourcils se fronçant légèrement, comme s'il essayait de comprendre ce qu'il n'était pas en mesure d'expliquer. Il se rendit vite compte de son état stationnaire, et balaya ses pensées d'un geste machinal de la main, chassant l'air. "Quoiqu'il en soit, il faut croire que cet homme masqué a décidé de te faire vivre, et je me réjouis qu'il en ait fait autant.", lui apprit-il. C'était sans doute la parole la plus tendre qu'il ait jamais eu envers sa voisine, dont - il fallait bien l'avouer - il n'avait pas ménagé les sentiments ces derniers jours. Seth avait soufflé sur ses avances comme le grand méchant loup sur la maison de paille des trois petits cochons. Fidèle à lui-même, il avait repoussé ses sollicitations sans ménagement, et il demeurait encore certain aujourd'hui que la jeune femme méritait d'être avec quelqu'un qui saurait lui rendre son amour, au lieu de se contenter de le rejeter et se complaire dans l'obscurité des abysses. Pourtant, c'était lui, à son chevet. Encore lui, qui avait conduit à vive allure dans les rues de Brisbane car il avait eu peur qu'elle ne rende son dernier souffle sur la plage arrière de sa Mercedes. Toujours lui, qui se sentait désormais concerné par son sort et, malgré son coeur aussi froid que le marbre, ne comptait pas l'abandonner dans les lumières blanches de l'hôpital.

"Il fallait bien que quelqu'un le soit.", positif, répliqua-t-il, une moue polie au visage, vraisemblablement gêné par les remerciements de sa voisine. Tout s'était déroulé de façon si... naturelle. Comme s'il avait été au bon endroit, au bon moment, parce que c'était là que se trouvait sa place. Il n'avait ni hésité, ni vacillé, ni n'avait laissé la panique le submerger. Sauver sa vie, c'est tout ce qui compte. Il se redressa sur son siège, déroulant sa colonne vertébrale pour que sa main puisse atteindre le visage de Phoebe, dont il caressa doucement l'arrête du menton. "Je suppose que tu me dois un verre, maintenant.", essaya-t-il, rappatriant son doigt tandis qu'on toquait à la porte de la chambre. La douceur et la tendresse n'étaient pas des qualités qui le définissaient, loin de là, mais sa tentative avait même fini par le convaincre lui-même. Sa voisine avait besoin d'être rassurée, cajolée, réconfortée après l'épisode tragique de cette nuit, l'heure n'était pas à la violence et à la fessée. La porte s'ouvrit sur un médecin équipé d'un porte-documents sur lequel étaient attachées quelques feuilles volantes, que l'homme tourna distraitement en s'avançant vers la blessée. "Madame Jensen" - était-ce son nom de jeune fille ou avait-elle gardé son nom d'épouse, Seth se fit la remarque qu'il ne la connaissait même pas assez pour le savoir - "nous allons vous garder un jour en observation, vous pourrez sortir demain soir.", apprit-il à sa patiente et son visiteur. C'était une bonne nouvelle, elle était suffisamment forte pour rentrer à la maison le lendemain. Alors que le médecin faisait étalage des soins à apporter à sa blessure et des précautions à prendre pour éviter qu'elle s'infecte ou que la plaie ne s'ouvre, il finit par annoncer l'inévitable: "mieux vaut éviter de rester seule, autant que possible, dans les semaines à venir", conseil de psychologue. Seth déglutit, sentant l'odeur amère de l'obligation auto-infligée rouler au fond de sa gorge tandis que le docteur quittait les lieux en direction d'une autre chambre. L'archéologue tourna ses pupilles avec une lenteur exagérée et finit par croiser le regard de Phoebe. "Je serai là.", s'entendit-il prononcer, et cela sonna comme une promesse insoupçonnée.  

Raconter mon rêve à voix haute, me donnait le sentiment d'encore moins le comprendre. Je n'avais aucune idée du message qu'on pouvait y trouver et d'ailleurs, peut-être qu'il n'y en avait pas du tout ? Cependant, l'archéologue semblait de tout évidence comprendre qui était l'homme que j'avais vu dans mon rêve et peut-être même le message ? Mais avant de me donner les indications que je souhaitais, il me demandait si j'avais vu un reportage quelconque sur l'Egypte ou autre qui pourrait expliquer que je me retrouve dans un désert. Les seuls instants où j'avais entendu parlé de l'Egypte était lors de ma visite au musée et la conférence que j'avais écouté avec attention. Je le regardais tandis qu'il m'expliquait que j'avais eu la présence du dieu Seth et je levais un sourcil quelque peu surprise. Je n'en avais jamais entendu parlé, je ne savais même pas que le prénom de mon voisin était tiré de la mythologie égyptienne.

Je continuais de le regarder alors qu'il semblait partir dans ses pensées, peut-être qu'il comprenait le message de mon rêve ou le sous-entendu qu'on pouvait y voir ? Il semblait chasser ses pensées tandis qu'il marquait le fait que l'homme vue dans mon rêve, avait sans doute voulu que je vis encore un peu. Je restais un instant surprise de sa remarque, il était content de me voir encore vivante et je souriais légèrement. Mais je ne pouvais m'empêcher de croire qu'une fois encore, je me faisais des idées sur ses sentiments. Après tout, il avait été clair déjà plusieurs fois et j'imaginais que la vision qu'il avait de moi, n'était autre que toujours la même, une voisine un peu amie avec qui il pouvait passer du bon temps. Quoi qu'il en soit, je devais bien le remercier pour ce qu'il avait fais pour moi et Keïla, ma fille m'avait indiqué que Seth avait réussi à lui donner du réconfort et lui changer les idées l'amenant dans une pensée positive.

Je hochais la tête tandis qu'il indiquait qu'une personne devait bien l'être dans ce genre d'instant et je sais combien ma fille avait dû être bouleversée. J'imagine aussi que ça avait dû être pénible pour lui de devoir subir une jeune adolescente complètement dévastée. Je le regardais alors se redresser tandis que sa main venait sur mon visage, mon coeur manqua un battement et la machine reliée à moi, venait trahir ce que j'éprouvais avec ce geste. Je me perdais un instant dans ses yeux tout en hochant la tête alors qu'il indiquait que je lui devais un verre. "Pas sur que ça paie ma dette envers toi..." Tandis qu'il s'éloignait, je regrettais le contact de son doigt sur mon menton, mais bien vite mon attention se reporta sur un médecin qui pénétra dans la chambre.

Les yeux rivés sur mon dossier, il n'avait pour l'heure même pas encore relevé la tête annonçant que j'allais devoir rester en observation et que je pourrais rentrer chez moi le lendemain soir. Je soupirais légèrement, n'étant pas une fanatique des hôpitaux. Si j'avais pu me traîner en dehors de l'endroit immédiatement, je l'aurais fais, mais clairement je sentais que je n'étais pas en état. Le médecin me fit sortir une nouvelle fois de mes pensées alors qu'il indiquait que je ne devrais pas rester seule durant ma période de convalescence. "...Je..." Il fit demi-tour et retourna à ses occupations. Je savais que Isy était en plein dans son déménagement et qu'il n'aurait surement pas de place pour m'accueillir chez lui et puis, je ne voulais pas réellement m'imposer dans sa petite famille, bien que ses enfants seraient ravis d'avoir tata Pheeb's chez eux. Peut-être que Keïla pourrait rester avec moi, bien que l'idée de lui demander, n'était pas pour me plaire. Après tout, elle avait sa vie qui allait commencé avec son chéri bien que ça pourrait être un bon exercice avant de prendre un appartement ensemble ?

Je sortais alors subitement de mes pensées tandis que Seth reprenait la parole pour me dire qu'il serait présent. "Quoi ?" J'étais surprise de cette annonce, "...Je ne veux pas m'imposer dans ton quotidien...J'ai bien compris que tu avais tes habitudes alors m'avoir dans ton environnement n'est surement pas une très bonne idée." Je souriais un peu consciente qu'il ne me devait rien et certainement pas jusqu'à ce point. J'avais bien vu la dernière fois que j'étais restée dormir chez lui comment ça avait tourné et on ne s'était plus parlé jusqu'à ce fameux jour. "Je pense que je serais parfaitement en capacité de me débrouiller toute seule !" Je me redressais dans le lit avant de grimacer en sentant la douleur se répandre dans mon organisme et de retomber dans le lit, "Enfin pas tout de suite..." Je soupirais légèrement en le regardant, "Juste un jour ou deux alors ?" Je souriais légèrement.

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w/ @Phoebe Jensen  ∆ crédit/tumblr&pint

Un verre ne suffirait probablement pas aux yeux de la brunette, mais Seth trouverait bien des façons pour elle de régler cette dette karmique. Ce n'étaient pas les idées qui manquaient. Toujours fallait-il que la jeune femme soit partante pour le suivre à nouveau dans les méandres de son désir, et les pratiques viciées qu'il aimait tant. Ce dont, pour l'heure, il doutait fortement. Et c'était largement compréhensible. L'archéologue lui souhaitait simplement que le traumatisme ne soit pas trop violent, et l'empêche de profiter pleinement de toutes les bonnes choses que la vie avait à lui offrir. Que ce soit avec, ou sans lui. Pour l'heure, il lui fallait guérir de ses blessures, aussi bien physiques que mentales. "J'imagine que nous pourrons négocier...", la discussion serait toujours ouverte à ce propos, "mais nous verrons ça en temps voulu.", acheva-t-il. Chaque chose en son temps. Il n'était pas spécialement pressé d'affronter les temps à venir, bien qu'il ne se rendait pas encore bien compte de l'épopée dans laquelle il s'embarquait.

Il ne pouvait pas l'abandonner, pas après les évènements de la nuit dernière. La décision de partager son appartement, sa vie privée, ne l'enchantait pas spécialement, toutefois elle paraissait s'être imposée à lui comme une évidence. Jamais il n'avait eu à prendre soin de quelqu'un, et jamais il n'aurait cru avoir à le faire un jour. Mais l'américain habitait sur le palier en face de l'appartement de Phoebe, elle aurait ses affaires à proximité si besoin, et, le plus important, elle ne se trouverait pas sur les lieux de son agression si les ravisseurs s'amusaient à revenir terminer le travail.  "Ce n'est pas comme si tu connaissais pas déjà les lieux.", justifia-t-il, tentant lui-même de se convaincre que l'idée était bonne. "Et puis, tu seras juste à côté de chez toi.", littéralement, la porte à côté. Le temps qu'elle se stabilise et puisse à nouveau se débrouiller toute seule, comme une grande. Il acquiesça lorsque la brunette mit un délai sur cet accord. Un jour ou deux, pas plus. "C'est le temps de te remettre sur pieds, et puis, entre nous, je n'ai pas spécialement envie d'avoir à réitérer l'expérience.", sous-entendu, je n'ai pas envie de franchir le seuil de ton appartement et de te trouver à nouveau étendue par terre, barbotant dans ton propre sang. Une fois lui avait suffi, même s'il aimait la couleur et le goût du sang, la quantité mortelle répandue sur le plancher n'avait rien auguré de bon.

"A moins que tu aies une autre solution?", demanda-t-il, devinant toutefois que les options n'étaient pas nombreuses, et moins avantageuses que l'abri qu'il lui proposait. Sa demeure ressemblait moins à un cocon qu'à l'antre d'une bête, vide et dépourvue de toute décoration chaleureuse, mais elle avait le mérite d'être relativement sûre et à deux, ils seraient plus forts que seuls.

Seth se leva de sa chaise, défroissant d'un geste machinal son pantalon. Il était presque huit heures du matin désormais, et une nouvelle journée de travail s'annonçant, il ne pouvait demeurer à l'hôpital plus longtemps. "Je passerai te chercher demain soir.", annonça-t-il, et cela sonna comme une affirmation incontestable. Il commandait, comme toujours, ne lui laissant pas forcément le choix. L'américain s'avança vers le lit, et se pencha en avant pour déposer un simple baiser, furtif, sur le front de Phoebe. "Sois sage.", ordonna-t-il, encore, lui jetant un dernier regard malicieux du coin de l'oeil, avant de disparaître par la porte de la chambre.