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Tu comptes enlever ton pantalon bientôt, ou je dois m’en occuper ? Il fallait une entrée en matière de ce genre pour mettre au clair les intentions de Jo sitôt qu’ils étaient entrés dans la suite de Midas. Inutile de justifier son désir en se servant du baiser vorace qu’ils avaient échangé sur scène une heure plus tôt. D’ailleurs, il agitait déjà la toile pour des raisons aussi diverses et variées que Jo s’en foutait pas mal, là, de savoir ce qu’on en disait. Elle vibrait encore de ce que ça lui avait fait d’entendre le je t’aime de son petit ami après autant de temps à se demander s’il ne s’était pas trompé en la prenant pour une autre. Le doute s’était immiscé en elle, c’était moins lui qu’elle-même qui avait fait une erreur en croyant qu’il pouvait la haïr. Cet homme l’aimait comme un fou, et elle l’aimait comme une folle en retour, pourquoi chercher des complications quand tout était aussi simple ? S’asseyant sur le bord du lit, c’est la tête levée dans sa direction, les yeux brillants d’une lueur de défi qui allait de pair avec sa provocation, qu’elle avait joué à l’ingénue, ne pouvant s’empêcher de manoeuvrer pour que la bretelle de sa robe glisse de son épaule. Trop sage, elle l’avait laissé venir à elle en sentant une tension particulière régner dans le mètre qui les séparait.

Elle n’avait aucun doute sur ce qui allait se passer. Dès qu’elle l’avait retrouvé, elle avait vu dans son regard que les projets qu’il avait pour elle nécessitaient qu’elle consente d’abord, qu’elle se taise ensuite, et c’est ce qui avait fait naître l’anticipation avant qu’elle ne le rejoigne sur scène pour une parade amoureuse plus tout public que celle qui s’annonçait dans une, deux, trois secondes. Evidemment qu’elle avait consenti, et ça sans un mot, se laissant tout simplement basculer en arrière en remontant sa robe pour découvrir ses jambes, ses cuisses, et plutôt deux fois qu’une, emportée par la fougue de retrouvailles lascives et charnelles qui rendaient presque tolérable l’idée qu’elles étaient le fruit de plusieurs mois de pause durant laquelle ils avaient soufferts tous les deux à la même intensité. Cette intensité devenue torture, elle était renversée ce soir. Transfigurée pour devenir à nouveau du plaisir pur, elle était le point de départ d’un nouveau chapitre d’une histoire qui était loin d’être terminée.

***
Jo sent toujours la poigne de Midas sur son corps. Elle sent palpiter son coeur, sa peau rougie et moite, bien qu’elle se soit détachée de lui pour rejoindre la salle de bain. Ça lui fait mordre le sourire qu’elle contient avec délice, mais surtout réaliser à quel point ça, entre tout autre chose, lui a manqué. Elle chérit sa moindre intention de rassasier équitablement leur faim respective, la sienne hors de contrôle tandis qu’elle l’a guidé sans délai, crevant d’impatience, sa peau le réclamant en réagissant à la sienne, avide de retrouver la douce brutalité induite par leur passion. Elle entend toujours ses soupirs rauques, ceux qu’elle lui a arraché en répondant à la pression de son bassin soudé au sien, ses lèvres pressantes, audacieuses, dont elle sent toujours, là aussi, le poinçon partout sur son corps qu’elle couvre du t-shirt du jeune homme qu’elle a récupéré en s’échappant ; qu’on la juge d’être une femme qui n’a pas honte du désir qu’elle éprouve à l’égard de l’homme qu’elle aime, qu’on la traite de cliché ambulant pendant qu’elle couve le rêve excessif de ne vivre que de ça, que comme ça, avec lui qui la possède et la comble en l’aimant aussi fort que ce soir : elle s’en fout qu’on la juge, elle s’en fout qu’on la moque, elle se fout de tout à vrai dire, si ce n’est de lui, d’eux.

Elle aimerait que le temps s’arrête, c’est certainement pour cette raison qu’elle lui a promis une nuit sans fin. Jo veut profiter de la moindre seconde avec Midas ce soir, demain, et tous les jours d’après "On a trop de temps à rattraper pour que tu t’endormes maintenant." Elle le rejoint en murmurant, taquine, ses cheveux défaits déportés sur son épaule découverte par la manière dont elle a enfilé son t-shirt, son maquillage souffrant de la perte d’un ou deux strass qu’ils retrouveront demain ou jamais, peu importe. Paresseusement, elle grimpe à nouveau sur le lit pour s’y retrouver à genoux, petit chat qui attend sa caresse pour bonne conduite, alors qu’elle s’apprête déjà à faire sa prochaine bêtise. Elle ne tarde pas puisque, se faufilant entre les jambes du jeune homme, le drap stratégiquement remonté, elle estampille doucement, progressivement, son ventre, son estomac, son cou, ses lèvres de baisers rapides, le dernier accompagné d’un léger rire, surtout d’une promesse qu’elle a envie qu’ils scellent ce soir, et tant pis si c’est un brin trop solennel "Jure-moi qu’on fera plus jamais ça." Le surplombant, elle l’observe avec une attention décuplée, son nez creusant près du sien avec une tendresse certaine, puis affronte ses yeux la seconde d’après. Ça n’a pas besoin d’être explicité, elle le fait quand même, son corps se coulant tout contre celui de Midas à qui elle n’a pas l’intention de laisser le moindre espace vital "S’engueuler comme ça, et faire des pauses." Elle se corrige, le dispensant de devoir le faire "Je sais qu’on s’engueulera encore, mais tu comprends ce que je veux dire." Et même s’il comprend, elle précise à nouveau ; elle ne veut plus aucun malentendu entre eux "Je veux plus qu’on le fasse au point de croire que c’est terminé, et que je t’ai perdu." Elle l’a cru, et peut-être que c’est encore un peu trop frais pour que ça ne lui fasse pas un truc de le lui avouer.

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Je n’ai pas préparé à l’avance la déclaration que je lui ai faite sur scène, mais au creux de l’oreille pour qu’elle ne soit qu’à elle et à elle seule. Cela ne m’a cependant pas demandé la moindre réflexion, je n’ai pas besoin de me demander si ce que je ressens pour elle a changé et perdu en puissance pendant ces semaines que nous avons passé séparés. Je l’aime et, si nous ne nous étions pas retrouvés, j’aurais quand même continué à l’aimer de loin et en silence et à souffrir de ne pas pouvoir être avec elle. Ses sentiments sont sans équivoque également. Je n’ai ni attendu ni besoin qu’elle me retourne ma déclaration. Je ne l’ai pas fait pour ça et comment pourrais-je douter, étant donnée sa fébrilité lorsqu’elle m’a invité à la rejoindre au restaurant à Sydney, avant le tournage de l’émission spéciale de X-Factor, étant données ses larmes et après qu’elle soit revenue sur ses décision concernant son clip pour nous et pour personne d’autre ? Elle m’aime,  je l’aime et, bien que ces deux faits ne fassent pas s’envoler tous nos problèmes et défauts à l’un et à l’autre, j’ai plus foi en notre avenir qu’avant notre séparation. Dans les faits, ce n’en était pas une : ni elle ni moi n’avons accepté de lui donner ce nom. Je suis autant incapable d’accepter qu’elle me quitte que je ne suis moi-même capable de la quitter. A partir de là, dans mon esprit, ce n’était rien de plus qu’une pause. Une pause qui me faisait souffrir à en crever, une pause qui me terrifiait, mais qualifier Jo d’ex petite-amie était au-dessus de mes capacités à regarder la vérité en face.

Elle n’était pas mon ex mais je n’en ai pas moins eu peur de la perdre pour autant si bien qu’à peine la chanson terminée et l’obscurité des coulisses retrouvés, j’ai fondu à nouveau sur ses lèvres, avec bien moins de retenue cette fois. Personne n’a eu la moindre velléité de me proposer une soirée post-concert, personne ne m’a sollicité après ça : tout le monde avait l’intime conviction que, le faire, ce serait me déranger, me détacher de Jo alors que je ne voulais qu’une chose : me laisser happer par ses yeux sombres. Lidia avait déjà arrangé mon retour à l’hôtel lorsque j’ai finalement mis la main sur elle, consciente que nous ne nous attarderions pas dans le paysage et, dans la voiture, installé à côté de la brune sur la banquette arrière, je n’ai presque pas lâché ses lèvres du trajet. Prétendre qu’elle a dû me supplier pour que je la laisse au moins respirer, ce n’est qu’à peine grossir le trait. A peine arrivé dans la chambre d’hôtel, j’ai pris les devants pour nous faire réécrire une version pour adulte du conte du petit poucet. En lieu et place de petits cailloux, j’ai semé mes vêtements de l’entrée jusqu’à la chambre ou j’ai entrepris de délester Jo des siens. Je n’ai pas eu besoin de ses regards et sourires provocateurs pour allumer la flamme de mon désir, mais ils l’ont sans conteste alimenté. Je me suis à nouveau emparée de ses lèvres avec ferveur avant de laisser mes lèvres glisser dans sa nuque et, baiser après baiser, caresse après caresse, j’ai entrepris de me réapproprier ce corps qui m’a manqué à en crever.

***

 

« On a trop de temps à rattraper pour que tu t’endormes maintenant. » - « Je m’endors pas. » Je soulève péniblement une paupière, mon regard en direction de la brune qui me rejoint à nouveau au lit. Épuisé par les deux heures de concerts qui ont précédé nos retrouvailles, mon corps a bien failli échapper à la vigilance de mon esprit qui, comme Jo, refuse que je m’octroie le repos dont j’ai besoin parce qu’elle a raison : je n’ai pas envie de m’endormir alors qu’elle est à mes côtés et que j’ai rêvé de ces retrouvailles pendant toute la seconde partie de ma tournée. Ses lèvres remontent le long de mon corps en flattant ma peau d’albâtre de baisers, provoquant d’agréables décharges qui me flanquent des frissons à chaque endroit qu’elles touchent. Dès qu’elle est à ma portée, je glisse une main sous son - mon - t-shirt pour la poser à même sa peau. Je remonte mes doigts le long de sa colonne vertébrale en même temps que la brune remonte de son côté jusqu’à mes lèvres et, espiègle, je renvoie la balle dans son camp. « Pourquoi tu portes encore ça alors ? » Dans les faits, elle me surestime si elle me pense capable d'enchaîner nos aventures nocturnes sans prendre une courte pause, le temps de me remettre d’aplomb.

« Jure-moi qu’on fera plus jamais ça. » Toute lueur mutine a disparu de son regard. Elle m’observe de ses grands yeux sombres, penchée au-dessus de moi, et je lui rends un regard d’une pareille intensité, la dévorant du regard en silence. Elle est belle lorsqu’elle a peur pour nous, Jo. « S’engueuler comme ça, et faire des pauses. » J’esquisse un sourire tendre et, si j’essaie de l’attirer vers moi d’une légère pression de ma main sur sa nuque, elle précise et je suspends mon geste. « Je sais qu’on s’engueulera encore, mais tu comprends ce que je veux dire. » A tort, j’ai d’abord supposé qu’elle faisait preuve d’esprit, que sa première phrase n’attendait pas d’autre question qu’un baiser et la preuve de tout mon amour. Mais alors qu’elle poursuit, je réalise qu’elle a besoin d’être rassurée. Vraiment. « Je veux plus qu’on le fasse au point de croire que c’est terminé, et que je t’ai perdu. » Je sors délicatement ma main du t-shirt qu’elle m’a volé pour prendre son visage en coupe entre mes mains et caresser ses joues du bout de mes pouces. « Je te le jure. » C’est facile pour moi : je n’ai jamais voulu de tout ça. « J’ai jamais voulu d’une pause. Encore moins d’une rupture. » Je ne cherche pas à la pointer du doigt et à la désigner coupable de notre séparation. Parce que je réalise qu’elle pourrait le croire, j’enchaîne et précise sans lui laisser le temps de prendre la mouche. « Je veux pas être séparé de toi, et j’avais pas besoin de prendre du recul pour savoir que je veux être avec toi pour toujours. Je le savais avant ça, et je le sais toujours. » Je l’attire à moi pour déposer un tendre baiser sur ses lèvres, avant de détacher les doigts de ma main droite de sa joue pour les déposer et laisser glisser sur la peau douce au niveau de la courbe de ses reins. « Tu crois qu’il va falloir combien de temps avant qu’on entende parler de ce qu’il s’est passé ce soir ? » Je ne parle pas uniquement de notre performance surprise, je parle du baiser qui l’a clôturée. « Quel téléphone sonnera en premier ? Le tiens ou le mien ? Qu’est-ce que tu es prête à mettre en jeu ? »

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Jo aurait du mal à expliquer ce qu’elle ressent. C’est un mix entre le soulagement et la détente, les endorphines répandant leur magie sur son état d’esprit et sur son corps qu’elle ne veut pas garder trop loin de celui de Midas. Elle lui accordera surement le droit de se reposer plus tôt que prévu, elle aussi accusant non seulement des semaines d’insomnies couplées à de l’anxiété profonde, mais aussi un jet lag qui ne tardera pas à se rappeler à elle. En attendant, le mener par le bout du nez en agissant comme la tortionnaire qu’elle sait être, ça l’amuse plus qu’autre chose, mais beaucoup moins que la manière dont il lui renvoie la balle. Ses doigts filent sous le t-shirt qu’elle lui a chapardé, constituant à peine un rempart à la suite de leur activité du moment, et sa peau frissonne sous la caresse dont il flatte sa colonne vertébrale "Ça m’a manqué de porter tes vêtements et de sentir ton odeur sur moi." Elle se défend sans mauvaise humeur. Joignant le geste à la parole, elle plonge son nez dans le col du t-shirt, respire avec exagération le tissu qui tombe de travers sur ses épaules. Elle laisse échapper un rire concis, lui avouant dans la foulée d’un autre baiser volé "Quand je suis allée récupérer mes trucs chez toi, j’ai embarqué un de tes sweats avec moi, mais il avait déjà plus ton odeur au bout d’une semaine." Ça l’a rendue folle, mais pas empêchée de le porter tous les soirs. En fait, elle en a fait un doudou qu’elle ne lui rendra jamais, qu’elle lui demandera seulement de porter à nouveau pour qu’il sente comme lui avant de lui dérober encore, et ainsi de suite. Elle aurait pu se passer de cette confession, il y a un passé pas si lointain où ça l’aurait gonflée d’en être réduite à ce genre de débilités d’ado attardée, mais être embarrassée d’exprimer ses sentiments à l’égard de l’homme qu’elle aime n’est plus dans son agenda. C’est évident qu’ils ont dépassé le stade où ils prétendent être détachés l’un de l’autre, leur foutue pause aurait été plus facile à vivre si c’était le vraiment le cas.

Elle ne l’a pas été, inutile d’en discuter. Brièvement, non sans authenticité, Jo cherche à ce que ses inquiétudes soient apaisées par la parole de Midas qui n’hésite pas un seul instant. Elle a l’air faussement boudeuse quand il lui prend le visage à deux mains, lui jurant que cette conjoncture n’arrivera plus jamais, que ce n’est pas ce qu’il voulu "Moi non plus. J’ai détesté ça." Elle a juste réagi comme souvent : sur un coup de tête, moins en colère que blessée par ce qu’ils s’étaient crachés au visage. C’est parce qu’elle était vexée qu’elle l’a poussé à la rupture, prenant finalement la responsabilité de s’en aller à sa place, pas parce qu’elle en avait envie. Ils en ont débattu suffisamment longtemps pour que ce ne soit pas nécessaire qu’ils le fassent à nouveau. Ainsi, elle ne pense pas un seul instant à prendre la mouche à ce qu’il ajoute, c’est même un vrai sourire qui fend ses lèvres pendant qu’il exprime sa certitude qu’elle ne remettra pas en doute ce soir. Elle crève d’envie de lui dire qu’il est encore plus beau quand il est sûr de lui, sûr d’eux, mais elle se laisse attraper par le baiser tendre qu’il lui donne, et qui lui fait murmurer contre ses lèvres l’instant d’après, ses doigts se posant sur sa mâchoire "Pas de conversations profondes et interminables ce soir, hm ? J’ai juste envie qu’on se retrouve et qu’on pense à rien." Elle lève un sourcil malicieux, et puis enfin, elle recule juste un peu son visage du sien, ses yeux s’élargissant à mesure que sa pensée se verbalise dans l’espace infime qui sépare leurs bouches "Tu sais ce qui pourrait aider ? Du champagne." À défaut d’avoir pu célébrer leur anniversaire, ils peuvent au moins célébrer leur retrouvailles, non ?

Elle n’attend pas son approbation. Avec entrain, elle le quitte pour descendre du lit, rejoint le coin opposé de la pièce, et s’accote par la hanche à l’encadrement de l’arche qui sépare la chambre du reste de la suite pour décrocher le combiné du téléphone. Tournée vers lui, son poids-plume transféré sur une seule jambe tendue, elle suspend le geste qu’elle a amorcé pour appeler le room service, et incline la tête sur le côté à sa question "Tu parles de notre performance, ou du reste ?" Son regard se voile d’un soupçon de provoc, son nez se fronce, et sa voix devient murmure "T’as peur d’avoir choqué les mamans de tes fans ? C’est vrai quoi, c’est elles qui payent leurs places de concert, et tu viens de leur donner un très, très mauvais exemple, à ces pauvres gamines innocentes." Elle oublie pour de faux que c’est elle qui l’a pressé de répondre à ses désirs, c’est plus commode pour parfaire sa petite comédie. C’est pas bon pour le business de rouler des pelles en public, Sterling que dit la lueur dans son regard qui reste fixé sur lui. Finalement, elle retrouve le sens de sa question pour y accorder une réponse plus sérieuse — elle le fait tout en pressant la touche du téléphone qui la met en communication avec le room service "Ça doit déjà être partout sur les réseaux. Bonsoir —" Un index levé dans sa direction pour suspendre leur conversation, elle passe sa commande de champagne. Elle y ajoute des fruits rouges par principe, réfléchit brièvement en demandant à la jeune femme au bout du fil s’ils ont des desserts qui valent le coup, et s’arrête sur n’importe quoi, pourvu que ça soit du chocolat, sinon c’est pas un vrai dessert — tout ça en insistant pour que ce soit rapide, et raccroche en reprenant comme si de rien n’était "Mon équipe doit déjà savoir, mais ils sont assez malins pour avoir deviné que c’est pas le moment de me tomber dessus." Elle hausse les épaules en même temps qu’elle chaloupe pour retrouver sa place "Y a des chances pour que mon entourage proche soit plus branché réseaux sociaux que le tien. A moins que l’oncle Bill passe ses nuits à faire des lives matchs sur TikTok ?" De nos jours, tout est possible "Je parie que Megan sera la première à m’envoyer un message." Et à sincèrement se réjouir au début, pour mieux se foutre de sa gueule après. Cette éventualité se cale sur ce qu’elle ajoute en se lovant à ses côtés cette fois, rassemblant ses longs cheveux dans un chignon qui ne tient pas, qui a le mérite de dégager son visage qu’elle sent bouillir sous l’anticipation du reste de leur nuit dont elle se languit déjà d’une morsure brève de sa propre lèvre inférieure "En vrai, je m’en fous. Ça a été le plus beau moment de cette année, encore mieux que les Grammys." Elle exagère à peine "Merci." Elle le lui chuchote en plongeant de nouveau son regard dans le sien après lui avoir tourné le visage du bout des doigts pour qu’il la regarde.

Avec un sourire fugace qui se perd dans le baiser qu’elle dépose sur son épaule, elle fait rebondir le bout de son nez tout contre avant de marquer un temps de silence et de se rendre compte qu’elle n’a pas répondu à sa question au sujet de ce qu’elle était prête à mettre en jeu. Une autre réflexion s’impose alors qu’elle laisse courir ses doigts sur la peau de Midas, de l’intérieur de son poignet jusqu’au creux de son coude. Elle sent le relief de ses veines sous la pulpe de ses doigts qui brûlent agréablement sous ce contact lascif et doux "Si je me trompe pas, et que c’est le mien qui sonne en premier, tu m’accordes au moins une semaine de vacances après ta tournée, et avant Noël." Juste une semaine, puisqu’il voudra passer du temps avec sa fille, que ce sera même sa priorité. Elle n’est pas amère, elle consent à occuper la place de seconde dans la liste des priorités de Midas quand il s’agit de la gamine. Elle quitte sa brève rêverie pour faire la focale sur ses yeux bleus "Et si je me trompe, je te laisse décider." Mais sois pas trop exigeant, laisse entrevoir le nouveau sourire qui effile ses lèvres pendant que son regard finit par s’attarder sur les siennes. Elle ne l’ajoute pas parce qu’elle sait qu’il n’ignore pas qu’au fond, il peut tout exiger d’elle sur l’instant.

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« Quand je suis allée récupérer mes trucs chez toi, j’ai embarqué un de tes sweats avec moi, mais il avait déjà plus ton odeur au bout d’une semaine. » Je la désarme peut-être au simple contact de mes doigts sur sa peau mais, elle, elle me désarçonne avec cette confession qui transpire l’intimité. Ce serait mentir que de prétendre qu’elle ne m’a pas habitué à de touchantes déclarations, me faisant entrevoir la personnalité sensible qu’elle dissimule sous son épaisse cuirasse. Je sais depuis longtemps que Jo n’est pas que la personne qu’elle montre au reste du monde. Mais malgré ça, je reste touché à chaque fois qu’elle baisse sa garde et ouvre son cœur. « Pour quelques dizaines de dollars tu pouvais t’acheter un t-shirt ou un sweat avec mon visage dessus tout à l’heure. Fallait le dire. » Je la taquine sans que ma main ne quitte son épiderme.

Nous avons tous les deux détesté ces moments que nous avons passés loin l’un de l’autre et je n’ai pas la moindre envie de chercher à qui la faute ou d’argumenter à ce sujet. Lorsque je passe à autre chose, je passe à autr chose. Et dans le cas présent, je n’ai plus envie de revenir aux paroles dures que nous avons échangées. « Pas de conversations profondes et interminables ce soir, hm ? J’ai juste envie qu’on se retrouve et qu’on pense à rien. » - « On est pas obligé de reparler de tout ça. » Ni maintenant, ni jamais, voilà ce que je cherche à sous-entendre tandis que je caresse délicatement sa joue du bout du pouce. Si cela ne tenait qu’à moi, nous ne sortirions jamais de cette chambre d’hôtel. Je me moque d’avoir des fans à contenter et des concerts à assurer.

Lorsqu’elle s’arrache à mon étreinte pour quitter le lit et ordonner - pardon, demander - au room-service de nous monter du champagne comme la princesse qu’elle est et qu’elle est en droit d’être, je la couve d’un regard amoureux. Elle s’arrête à mi-chemin et je l’observe faire, toujours hypnotisé comme l’idiot amoureux que je suis par chacun de ses gestes. « Tu parles de notre performance, ou du reste ? » - « Je pense qu’on peut parler du package global. » Je lui réponds, un sourire amusé sur les lèvres. Une performance en duo aurait suffit à elle seule à créer un vent de frénésie chez les fans présents dans le stade. Alors la suite, oh la suite n’est que pain béni pour les tabloïds autant que pour les pages de fans qui fleurissent sur internet pour parler d’elle, de moi ou encore de notre couple. Je ne suis pas attaché à mon image : je me moque de savoir si nous faisons le buzz ou pas. Toutefois, la revendiquer comme étant mienne et me revendiquer comme étant sien devant plus de cinquante mille personnes avait quelque chose de grisant, je ne le nierai pas. « T’as peur d’avoir choqué les mamans de tes fans ? C’est vrai quoi, c’est elles qui payent leurs places de concert, et tu viens de leur donner un très, très mauvais exemple, à ces pauvres gamines innocentes. » J’explose de rire avant de croiser les bras sur mon oreiller, derrière ma tête. « Les mamans viennent aux concerts aussi. Et je suis sûre qu’elles ont apprécié le spectacle. » L’avantage non négligeable d’être un artiste masculin dont l’image repose autant sur sa musique que sur… et bien, son image, justement, c’est de ne pas laisser indifférentes plusieurs générations de femmes. Je n’en joue qu’à petites doses - sauf sur scène - mais cela ne m’empêche pas d’en être conscient et de l’utiliser pour houspiller ma petite amie.

Cette image, je ne suis même pas celui qui l’a créée. Moi, la seule chose que j’ai faite, c’est d’avoir une gueule d’ange, de porter ce qu’a demandé de porter et de ne pas être avare en sourires charmeurs - chose somme toute assez naturelle pour moi. Les réseaux, les tendances ou trend, cela m’échappe et je m’en moque. « Mon équipe doit déjà savoir, mais ils sont assez malins pour avoir deviné que c’est pas le moment de me tomber dessus. » Oh, je les défie d’essayer de nous déranger maintenant. Ils ne se heurteraient même pas à mon mécontentement ; Jo les dissuaderait d’insister en quelques secondes à peine. « Y a des chances pour que mon entourage proche soit plus branché réseaux sociaux que le tien. A moins que l’oncle Bill passe ses nuits à faire des lives matchs sur TikTok ? Je parie que Megan sera la première à m’envoyer un message. » Jo chemine à nouveau vers moi et je tends une main dans sa direction pour l’attirer vers moi. Lorsqu’elle la saisit, je tire doucement sur son poignet et ne la lâche que lorsqu’elle retrouve l’étreinte de mes bras. « Mon frère ne savait même pas que je voyais quelqu’un. Tu gagneras haut la main sans l’ombre d’un doute. » Je revois Oscar, gêné à la mention de Jo, me demander s’il s’agit de ma copine, plus d’un an après le début de notre relation et ce alors que nous avons officialisé il y a bien assez longtemps pour qu’il n’ait pas la moindre excuse. « En vrai, je m’en fous. Ça a été le plus beau moment de cette année, encore mieux que les Grammys. Merci. » Mon bras passé autour de ses épaules, je l’attire à moi pour déposer des baisers sur chaque centimètre de peau que notre position m’offre et que le t-shirt - son larcin - ne recouvre pas. Je remonte ensuite jusqu’à son visage termine par ses lèvres. « C’était pas un cadeau. C’était autant pour toi que pour moi. » Et c’était magique, j’ai eu le sentiment d’être seul avec elle alors qu’autour de nous, ils étaient des milliers.

« Si je me trompe pas, et que c’est le mien qui sonne en premier, tu m’accordes au moins une semaine de vacances après ta tournée, et avant Noël. » J’ai appris ma leçon : je ne ramène pas mon ex en précisant que je vais devoir appeler Harleen pour savoir quand elle est disposée à me laisser Posy. Ce genre de détail n’a rien à faire dans la discussion et pour cause : je suis déjà acquis à la cause de Jo. Quels que soient les jours où mon ex daigne me laisser récupérer ma fille, je trouverai une semaine, le double, le triple ou le quadruple pour Jo : quels que soient ses désirs, ils seront des ordres. « Et si je me trompe, je te laisse décider. » - « Ça me va. » Et j’ai, en tout logique, déjà hâte d’être le perdant de notre pari. « Si c’est mon téléphone qui sonne en premier - » Ce dont je doute, mais je ne peux pas rater cette occasion de lui glisser que mes projets n’ont pas changé la concernant. « Tu viendras avec Posy et moi au ranch pour Noël, comme on s’était dit avant tout ça. » La proposition était déjà tombée avant notre séparation. La question de savoir si elle est toujours d’actualité ne se pose même pas à mes yeux, en revanche, j’espère qu’elle voudra toujours bien la saisir, que son téléphone sonne avant le mien ou pas.

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Jo ne répond pas à la moquerie de Midas, et s’enfonce plus profond dans ce vêtement qui lui appartient autant qu’à elle désormais. Elle ne lui dit pas qu’elle n’en veut pas, de sa belle gueule sur un t-shirt, que comme tout le monde peut l’avoir, ça ne l’intéresse pas. Ce qu’elle veut, c’est ce que personne n’a, et ça elle le trouve dans des détails qui ne comptent pas pour ceux qui s’intéressent plus à ce qu’il représente qu’à ce qu’il est, mais qui veulent tout dire pour elle qui en tient un glossaire qu’elle chérit aussi fort qu’il constitue la base de ce qu’elle ressent pour lui. Elle se tient à leur volonté commune de profiter du moment, de ne pas se lancer dans des débats interminables, comme ils savent si bien les mener. Ils l’ont assez fait, le tour des questions laissées en suspend durant leur pause a été fait, et elle non plus, elle n’a pas besoin d’en reparler. Elle veut célébrer, d’une manière ou d’une autre, avec du champagne de préférence. Elle veut avoir le coeur aussi léger que les bulles qui chatouilleront bientôt sa langue, laisser derrière elle le mal que ça lui a fait de comprendre que rien n’est jamais acquis en matière de relation, qu’importe l’intensité des sentiments qu’on nourrit l’un pour l’autre.

Elle a commandé son champagne, ce n’est qu’une question de minutes avant qu’on ne leur dépose devant leur porte. Elle revient vers Midas, lui avoue dans la foulée de ce dont ils discutent sur l’instant ; ce qui s’est passé ce soir devant cinquante mille personnes "Je veux le refaire." Elle ne parle pas de leur baiser qui restera probablement une rareté qui tournera en boucle un peu partout, mais du reste : de monter sur scène avec lui, de retrouver le plaisir de chanter avec lui, que ce soit leur chanson ou une autre. C’est complémentaire au reste, à ce qu’ils ont partagé sans pudeur dans ce lit qui devient leur cocon tandis qu’elle se love contre lui et qu’elle lui fait avec un sourire en coin "Je suis disponible jusqu’à ta toute dernière date, tu trouves pas ça dingue comme coïncidence ?" Faussement candide, elle bat des cils. D’aucuns diraient qu’elle a prévu le coup, qu’elle a libéré son planning pour donner l’occasion à Midas de le combler avec une invitation pérenne à se produire avec lui jusqu’à la fin de sa tournée, et d’aucuns n’auraient pas tort : elle a anticipé, elle sait que ce soir ne sera pas le seul soir où il voudra l’avoir à ses côtés.

Ils s’étaient faits des promesses à ce sujet, il est temps qu’elles soient exaucées "Que tu vois quelqu’un, hein ?" C’est presque insultant, mais surement que c’est comme ça que son frère a présenté le truc. Elle se laisse couler dans les bras de Midas, l’arrière de sa tête contre sa bouche qui poinçonne sa peau à nue pendant qu’elle, elle laisse courir ses doigts sur la sienne. Elle se fond contre lui, son corps se détend, et elle se dit qu’elle pourrait rester comme ça longtemps, à se faire ensevelir par sa tendresse qui la fait glousser comme une gamine. Elle se recentre cependant, bascule la tête en arrière pour le dévisager et lui demander au sujet de ce frère qu’elle ne connait pas, qu’elle n’a pas envie de connaître tant tout ce que Midas lui raconte à son propos lui semble une suggestion de red flags qu’elle ne veut pas s’imposer "Ça t’a fait de la peine ? Qu’il l’ignore ?" Elle ne lui dira pas que ça ne tenait qu’à lui de le lui annoncer puisqu’il se fustige probablement déjà bien assez de ne pas réussir à maintenir une relation avec son frère, tout comme il ne réussit pas à maintenir la même chose avec Nina. Il y a des clans chez les Sterling, c’est commun à toutes les familles, même celles qui semblent plus saines que la majorité.

Une famille qu’elle n’a rencontrée que partiellement, mais c’est en passe d’être corrigé. Elle entend la contrepartie qu’il propose au faux pari qu’ils passent, et lui fait tout bas, ses lèvres marquant un baiser à la naissance de sa mâchoire "T’en rates pas une, toi." Ça l’amuse qu’il choisisse de lui rappeler de cette façon qu’il est fier sur ses appuis et que, leur pause mise à part, il est prêt à reprendre là où ils se sont arrêtés. Elle aussi, ça ne constitue aucun sacrifice, même si ça l’effraye un peu "Je suppose qu’on peut plus repousser l’échéance de la préparation intensive ?" Celle qu’il lui agite sous le nez depuis des mois et qui consiste à la tenir au courant de tous les petits potins entourant sa famille histoire de ne pas faire de bourde "Ça va être du boulot. T’es prêt ?" Elle fera en sorte d’être une bonne élève, juré. Elle précise toutefois avec malice, le faisant resserrer ses bras autour d’elle pendant qu’elle remue contre lui pour être plus confortable encore "Ça veut dire que j’accepte, si c’est pas assez clair pour toi." Et en vérité, même si son téléphone ne sonne pas, elle acceptera.

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« Je veux le refaire. » Amusé et d’humeur à la railler - toujours gentiment et je dirais même, avec un amour non dissimulé, je réplique. « Je t’ai déjà dit qu’il allait me falloir quelques minutes avant de nous remettre en selle. » Jo ne parle de toute évidence pas de ce que nous avons partagé là, dans ce lit. Pour ça, elle sait qu’elle n’a besoin d’aucune discussion, d’aucune autorisation puisque je lui suis entièrement dévoué. Le reste non plus n’est qu’une formalité, ceci-dit. Le sourire qui étire mes lèvres me confère un quelque chose qui tient plus du benêt que du génie, mais je n’en ai cure. Lorsque je suis avec Jo, je n’ai pas envie de masquer ma béatitude. Le sourire que je lui adresse confirme aussi que je marcherais si la tête si elle me le demandait. Dans le cas présent, nul besoin de sacrifice. J’ai autant envie que ma petite amie de partager d’autres duo, d’autres moment magiques sur scène et devant mes fans. Si je n’avais pas une équipe derrière moi pour réfréner mes lubies, elle pourrait chanter avec moi du début du show jusqu’à la fin si elle le désirait. J’ai de l’égo, comme tout Homme - avec un grand H, il n’est pas question de genre ici - en possède. Toutefois, il ne me viendrait pas à l’esprit de me dire que ce sont mes dates, mes fan et mon moment de briller. Ça, je le partage volontiers avec elle. « Je suis disponible jusqu’à ta toute dernière date, tu trouves pas ça dingue comme coïncidence ? » - « Comment je vais faire pour continuer ma vie décadente de star hein ? Les prostitués à l’hôtel, terminé ? » Je recule légèrement ma tête, comme prêt à recevoir la fausse gifle que je mérite clairement. Je me sais bien trop innocent pour que le moindre malentendu se crée autour de cette blague qui restera donc dénuée de conséquence.    

« Que tu vois quelqu’un, hein ? » Je hoche la tête, l’air triste et ailleurs. Jo représente bien plus qu’une petite amie de passage - je n’ai pas des dizaines de ces dernières, de toute façon, toujours persuadé que j’étais approché bien plus pour mon statut que celui que je suis réellement - mais si Oscar arrive déjà à se souvenir de son prénom pour Noël, ce sera un miracle ; mon frère ne s’intéresse pas sincèrement à ce qui ne tourne pas autour de sa personne ou, en tout cas, c’est ce dont je suis persuadé. « Ça t’a fait de la peine ? Qu’il l’ignore ? » Je pousse un soupir durant lequel, en pleine introspection, je joue avec les doigts de la brune. « Plus autant qu’avant. » Pour une raison aussi triste que ce constat : je n’attends plus grand chose de mon aîné. « C’est plus une nouveauté, qu’il s’intéresse pas à ce qui ne tourne pas autour de son nombril. » J’aurais été davantage surpris qu’il soit capable de remettre ma petite amie simplement grâce à son prénom. Pour ça, il aurait fallu qu’il regarde l’émission, s’intéresse aux magazines ou juste à mes chansons. Bon sang, j’ai gagné un Grammy avec Jo et il n’a tout de même pas été capable de voir de qui je parlais. « Ça me rendait triste à une époque, mais maintenant... » J’allais terminer ma phrase par un je m’en fous qui ne serait pas tout à fait honnête. Je réfléchis un instant, avant de conclure. « Je suis habitué. » Olive se renseigne sur ma vie pour trois. Ceci dit, même Nina semble un peu plus attentive à mes actualités que Oscar.

Mais elle aura l’occasion de constater les dynamiques de notre famille d’elle-même, ou en tout cas, si j’arrive à obtenir ce que je veux : qu’elle  vienne dans ma famille exactement comme nous l’avions prévu avant tout ça. « T’en rates pas une, toi. » J’esquisse un sourire innocent, lève même mes deux mains paumes vers elle. Elle sait que, malgré ça, je ne lui forcerais pas la main si d’aventure je sentais qu’elle était farouchement opposée à cette idée. « Je suppose qu’on peut plus repousser l’échéance de la préparation intensive ? » Je pose ma main à l’arrière de son crâne pour l’attirer à moi et l’embrasser sur le front. A mes yeux, elle n’a pas besoin de se préparer. Mais je sais qu’elle y tient, et cela ne me dérange pas de me prêter au jeu. « Ça va être du boulot. T’es prêt ? » - « Tu sais très bien que t’es parfaite et que t’as pas besoin de ça. Mais sinon, j’espère que tu es prête à prendre des notes. » Je la houspille d’une voix amusée. « Ça veut dire que j’accepte, si c’est pas assez clair pour toi. » Sans rien dire, je hoche la tête et l’embrasse. Je m’empare de ses lèvres, cette fois-ci. « On va commencer par les principaux acteurs. Je t’ai déjà parlé d’Oscar et de Nina, et tu connais Olive. Tu connais aussi déjà mon oncle et ma tante. » Tante qui, je n’en doute pas, a dû s’emprasser d’appeler ma mère à peine avions nous quitté le ranch pour lui faire part de toutes ses impressions concernant la fille qui partage ma vie. Puisqu’elle est plus clémente avec moi qu’avec ses propres fils, j’ose espérer qu’elle n’a pas été si dure qu’elle est capable de l’être concernant leurs conjoints et conjointes. « Ma mère aura certainement déjà eu droit au rapport de sa sœur. Mais elle a des idées un peu moins arrêtées que les siennes. » Plus jeune, elle vit simplement davantage avec son temps. Toutefois, je suis certain qu’elle préfère que Chad soit le fils de Margaret que le sien. « Mon père sait être aussi charmant qu’il est exigeant. C’est pas un mauvais bougre, mais il est pas aussi chaleureux que mon oncle, tu verras. » Ce ne sera pas dirigé vers elle, c’est simplement qui il est. Les apparences et la place en société comptent plus à leurs yeux que le reste. Là-dessus Margaret et Bill sont au moins bien plus humble. « Si tu veux marquer des points, achète lui quelque chose qui vient de son pays. Il est Néo-Zélandais. » Je me suis toujours sentie tant Australien que j’en oublie une moitié de mes racines. « Margaret a quatre fils. Mais je doute qu’Amos soit là, sa femme n’est pas très fêtes de familles et c’est compliqué entre Maggie et elle. » Elle lira entre les lignes qu’il s’agit donc d’un sujet à éviter, l’absence de l'aîné de la fratrie Taylor et les raisons derrière. « C’est l’aîné, Amos. Mes quatre cousins sont un peu plus vieux que nous. Ensuite, tu as Liam, il est prof d’histoire à l’université. Puis Zach, le seul qui est resté à Kilcoy pour les aider au ranch, c’est un séducteur invétéré, tu verras. » Au moins, j’aurais prévenu Jo qui ne pourra être surprise si mon cousin, non, quand mon cousin fera des blagues graveleuses. « Et le dernier c’est Chad. Il a fait son coming out à Noël y’a deux ans, je peux te dire que les fêtes ont été animées. Je sais pas s’il viendra avec son compagnon ou pas. » Je ne suis pas réellement proche de mon cousin qui, s’il est le plus jeune des quatre, a toujours été paradoxalement celui dont je suis le moindre proche. « Puisque la fille d’Amos ne sera pas là, normalement Posy sera la seule gamine. Ce sont les deux seules petits enfants. » Et Sofia, mais Sofia est un sujet plus compliqué à aborder, surtout pour Olive et moi qui aimions la fille d’Amos de tout notre cœur et je suppose qu’Olive a déjà dû l’évoquer en présence de la chanteuse.

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Jo change de position. Elle grimpe sur Midas, s’assoit sur lui, et remarque, au travers de l’air qu’il se donne en lui volant une réplique qu’elle aurait pu prononcer avec moins d’élégance, combien ses traits ont changé depuis leur dernier tête-à-tête. Il est heureux, c’est tout ce qu’il lui faut pour considérer qu’ils sont sur la bonne voie. Face à lui, elle lui offre une mine sévère, ses mains peinant à rester en place, tantôt posées sur ses épaules, tantôt longeant son torse qu’elle sent chaud sous ses doigts, mais elle ne dure que quelques secondes. L’air benêt qu’elle reçoit en retour lui fait mordre le sourire qu’elle retient, puis l’attraper par les mâchoires d’une seule main, et lui dire tout bas "T’es qu’un idiot, Sterling." Un charmant idiot à qui elle vole un baiser fugace, mais un idiot quand même.

Il perd de sa malice lorsqu’elle le questionne au sujet du désintérêt évident de son frère pour ce qui se passe dans sa vie. Ça ne la surprend pas, elle connait son lot de mépris de la part de sa propre fratrie. Pour autant, ça l’ennuie que Midas y soit soumis étant donné qu’il accorde beaucoup d’importance à ce que représente la famille. Elle est touchée de le voir touché, et effleure son nez avec le sien en y mettant une dose supplémentaire de tendresse pour que ça ne le mine pas plus, ses mains venant balayer la masse de cheveux qui lui tombent dans les yeux pour mieux déposer plusieurs baisers consécutifs sur son front. Perdu dans ses pensées, s’étant emparé de sa main pour jouer avec ses doigts, il lui avoue qu’il a pris l’habitude d’encaisser l’indifférence de son aîné. Après ces mots en particulier, Jo est déterminée à ne pas l’apprécier. C’est arbitraire, elle prendra le temps d’en avoir quelque chose à foutre plus tard "Ça te rend nerveux que je le rencontre ?" Elle n’est pas toujours maîtresse d’elle-même, il est en droit de redouter que le dialogue avec Oscar soit compliqué "Je vais bien me tenir, mais je me suis déjà fait mon avis à son sujet." C’est un connard. Si elle ne le dit pas, elle est certaine que Midas a deviné le fond de sa pensée "J’aime bien Nina, ça compensera." finit-elle par ajouter, ses épaules se haussant en même temps.

Elle devra apprendre à apprécier les autres — à apprendre au sujet des autres, comme elle le rappelle à Midas. Il n’instaure pas le moindre délai à l’exercice fastidieux qui l’attend "Oh putain, on s’y met tout de suite alors ?" La mauvaise élève en elle a un sursaut de réalisation qui vient avec un froncement de sourcils. Il lui donne l’air plus concentré tandis qu’elle est là, assise à moitié nue sur l’homme qu’elle aime et qui ne porte rien sur le dos, lui non plus. Autant dire que le dérapage guette et qu’elle n’apprendra pas grand-chose cette nuit. Elle est tout de même disposée à faire semblant si ça fait plaisir à Midas qu’elle écoute et interrompt avec malice lorsque son oncle est mentionné "Mon plus grand fan. J’ai hâte de le revoir et de lui chanter son chant de Noël préféré." Elle minaude, elle ne ment pas cependant. Elle apprécie la bienveillance de Bill, une qualité qui fait défaut à son épouse. En parlant d’elle, elle a un léger rire "J’aurais aimé être une petite souris pour écouter ce qu’elle lui a raconté d’horrible sur moi." Certainement pas grand-chose. Jo est ce qu’elle est — et elle est beaucoup de choses allant du pire au meilleur —, elle reste capable de faire bonne impression quand elle veut, et puisqu’à l’époque de leur première visite au ranch, elle n’était pas tout à fait elle-même, Margaret ne risque pas d’avoir critiqué autre chose que la longueur de ses tenues alors au fond, elle ne craint pas tellement d’avoir été sa cible. Maman Sterling aura tout le loisir de découvrir en direct de quel genre de femme son rejeton s’est entiché, tout comme son époux d’ailleurs, dépeint par son fils avec des mots qui n’impressionnent pas Jo "Les pères pas aussi chaleureux que ton oncle me font pas peur." De là à redouter qu’il soit chaleureux comme le sien, de père, ça ne lui traverse pas l’esprit. Il n’y a pas de ça chez les Sterling, elle en a pleine conscience. Etrangement, elle le craint un peu, s’étant toujours donné l’impression de ne comprendre que ça : la violence. Le sentiment de se préparer à une visite chez les autochtones est réel, d’autant qu’à la suite des mots de Midas, elle comprend quelque chose qui la fait se perdre brièvement dans ses pensées "Je vais devoir faire des cadeaux à des gens que je connais même pas ? J’ai jamais fait ça." Vraiment, jamais "Je vais avoir besoin de toi, j’ai pas le luxe de pouvoir me planter." Bien sûr qu’elle l’a. Sauf que, mine de rien, une partie d’elle ne veut pas se laisser le bénéfice du doute au sujet de ce Noël au ranch. C’est important pour Midas, alors ça le devient pour elle, c’est aussi simple que ça.

Elle déplace ses cheveux d’une épaule à une autre, fait basculer sa tête en arrière quand les enfants de Bill et Margaret sont listés par Midas "Y a trop de prénoms, je vais jamais réussir à les retenir." Elle retiendra cependant qu’il ne faut pas parler d’Amos et de sa femme "C’est plus facile avec ma famille. On a nana et Richie, c’est tout, c’est carré, on en parle plus." Les autres sont nombreux, mais ils ne comptent pas. Il ne risque jamais d’avoir à retenir les prénoms de ses cinq frères, de leurs moitiés, et de leurs enfants. C’est plutôt pratique en définitive, de couper les ponts avec sa famille. Elle baisse la tête, la hoche, imaginant très bien quel genre d’ambiance a dû tomber sur les fêtes lorsque Tad — non, Chad, a fait son coming out. Ça lui fait penser à un autre scandale "Tu crois que Ruben accompagnera Nina ?" Elle l’espère. Non seulement parce que se foutre de la gueule de Ruben est devenu l’un de ses passe-temps favori depuis qu’elle sait qu’il marche à voile et à vapeur et qu’il se tape tout ce qui bouge, mais aussi parce que ce serait un peu rassurant de ne pas être la seule pièce rapportée "Tu lui as parlé ?" finit-elle pas lui demander, aussi bien par intérêt que par curiosité, laquelle s’accroit un peu lorsqu’elle apprend que Posy est la seule gamine du clan "Oscar n’a pas d’enfant ?" Elle ne sait même pas s'il est marié, et elle s’en fout. Ça la surprend juste que quelqu’un comme lui, qui est décrit par son frère comme un homme aux valeurs traditionnelles, n’en soit pas arrivé au stade où il impose sa marmaille aux membres de sa famille.

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« Un idiot, mais un idiot qui n’aime que toi. » Je le précise après que ses doigts aient lâché mon visage et qu’elle m’ait embrassé. Je n’aime pas lorsqu’elle tient le visage en coupe parce qu’elle est en colère ; j’ai le sentiment d’être un gamin à qui ont fait la leçon. J’adore en revanche lorsqu’elle le fait dans un contexte comme celui-là. Que je l’aime comme un fou et que mon univers tourne autour d’elle, elle le sait déjà. Si le moindre doute persistait quant à ma fidélité, je ne me serais jamais permis ce genre de blague. Toutefois, j’aime le répéter certainement autant qu’elle aime l’entendre.

« Ça te rend nerveux que je le rencontre ? Je vais bien me tenir, mais je me suis déjà fait mon avis à son sujet. » Nerveux, je le suis, mais pas à cause de la chanteuse. Je l’idéalise encore un peu - même si je suis devenu un peu plus conscient de ses défauts ces derniers mois - mais il n’existe pas une seule situation où je ne serais pas fier de l’avoir à mon bras. Non, si je suis nerveux, c’est davantage parce qu’elle va rencontrer ma famille étendue que parce qu’ils vont faire sa connaissance. Elle sera parfaite, je n’ai pas le moindre doute à ce sujet. Toutefois, je sais d’avance que tous les Sterling et Taylor ne le seront pas. Oscar, dont il est question ici, est un excellent exemple. « Je suis nerveux. » Je l’avoue avec honnêteté. « Mais pas à cause de toi. » J’embrasse son front, avant de lui adresser un sourire rassurant. « C’est le fait que lui se comporte bien qui m’inquiète un peu plus. » Oscar ne sait pas se taire, même lorsque garder son opinion pour lui serait préférable. « J’aime bien Nina, ça compensera. » Je lève un sourcil, étonné que la chirurgienne ait gagné les faveurs de ma petite amie. « a, c’est pas le genre de chose que je pensais entendre. » Parce que Nina est beaucoup de choses, snob étant le défaut qui, chez ma sœur, fait la course en tête. De sa part, je n’attends rien de plus qu’un dédain typiquement Ninesque en ce qui concerne la musique Jo. Après tout, je n’ai jamais eu droit qu’à ça.

« Oh putain, on s’y met tout de suite alors ? » - « Tu voulais avoir le temps de tricher à l’interro en te rencardant auprès d’Olive, c’est ça ? » Un sourire malicieux étire mes lèvres. Je m’amuse de sa réaction mais, si elle me disait sincèrement et sérieusement que ce n’est pas le moment, je changerais de sujet sans y réfléchir à deux fois. L’opportunité m’a simplement semblé trop bonne pour ne pas saisir la perche qu’elle me tendait. « Mon plus grand fan. J’ai hâte de le revoir et de lui chanter son chant de Noël préféré. » J’éclate de rire en imaginant ma petite-amie dans la scène qu’elle dépeint. Bill est un homme classique qui apprécie les classiques du genre. Imaginer Jo pousser la chansonnette sur ce genre de titre me rend à moitié hilare. Elle ne saurait pas le faire sans faire un remake de Marilyn chantant un Happy Birthday à l’égard de Kennedy. « J’ai hâte de voir ça, tiens. » Je ne me départirai pas de mon sourire idiot de sitôt. « J’aurais aimé être une petite souris pour écouter ce qu’elle lui a raconté d’horrible sur moi. » Certainement rien d’agréable, mais certainement rien de dramatique. Jo ressemble bien plus à l’image de la belle-fille idéale que l’épouse d’Amos ou le conjoint de Chad, à leurs yeux. « Les pères pas aussi chaleureux que ton oncle me font pas peur. » Doucement, je caresse l’épaule de Jo avant de chercher ses doigts pour y nouer les miens. J’ai compris. Sans qu’elle n’ajoute quoi que ce soit, j’ai compris ce qui se cachait derrière cette déclaration. Comparés à son père, tous les membres de ma famille sont de bonnes personnes. « C’est un homme bon. » J’ajoute simplement, pour la rassurer. Mon père est bourru, campé sur ses positions et exigeants, mais il n’a rien à voir avec Isaiah Carter.

« Je vais devoir faire des cadeaux à des gens que je connais même pas ? J’ai jamais fait ça. Je vais avoir besoin de toi, j’ai pas le luxe de pouvoir me planter. » - « T’es pas obligée. » J’embrasse son front, avant d’ajouter. « Mais mes parents, ça leur ferait plaisir en tout cas. On peut tout choisir ensemble. » Quoi qu’il en soit, je maintiens qu’elle n’a pas la moindre obligation. Je ne fais que lui prodiguer des conseils pour une première rencontre réussie. « Y a trop de prénoms, je vais jamais réussir à les retenir. C’est plus facile avec ma famille. On a nana et Richie, c’est tout, c’est carré, on en parle plus. » - « J’ose espérer que cette bande de mufles se présentera de toute façon. » Certains de mes cousins sont un peu moins polis - au sens premier du terme - sur les bords que les autres, mais tous savent malgré tout comment évoluer en société, même Amos et Abe. « C’est pas grave si tu retiens pas maintenant. » Évidemment, je me garde bien de faire la moindre allusion à sa famille qui, dans les faits, est plus étendue que ça. Je respecte le choix de Jo de vouloir garder tout le monde en dehors de sa vie, je n’aurais même pas eu besoin de savoir pourquoi pour le faire. Elle a forcément une bonne raison, voilà ce que j’aurais supposé si je n’en savais pas déjà trop sur sa famille pour ne pas être en colère. « Tu crois que Ruben accompagnera Nina ? Tu lui as parlé ? » Cette fois, ma réponse prend bien plus l’allure d’un grognement que de quoi que ce soit de plus évolué. « J’espère bien que non. » Nina a été claire quant à ce que sa vie ne regarde qu’elle. Toutefois, mes griefs envers son abruti d’époux sont bien trop tenace pour ne pas passer outre l’avis de mon aînée. « Je te jure que je supporterais pas de le voir faire semblant. » Les apparences comptent pour ma sœur : elle n’a évidemment rien dit à nos parents. « C’était un bon ami à moi avant d’être le mec de Nina, tu sais. » Autrement dit : le degré est bien entendu différent, mais je me sens trahi et pris pour un con par le chirurgien aussi.

« Oscar n’a pas d’enfant ? » Je secoue la tête, trop peu finot pour m’être un jour posé des questions à ce sujet. « Non. Juste moi. On pourrait croire que ça aurait fait de moi le préféré hein ? » Il n’en est de toute évidence rien. Les choses auraient peut-être été différentes si Posy était née dans un autre contexte, si j’étais aujourd’hui marié avec sa maman et à la tête d’une petite famille conventionnelle. Mes parents adorent ma fille. Loin de moi l’idée de penser le contraire. Mais sur ce point-là aussi, j’ai réussi à faire les choses de façon décevante pour eux. « Je sais pas pourquoi. Sa femme adore Posy. » Autrement dit : il est évident qu’elle fait partie de la catégorie des femmes qui veulent des enfants, je n’ai jamais trop douté de ça. Pour Oscar, c’est un peu moins évident et serais incapable de m’avancer.

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Quelqu’un d’autre aurait appuyé l’idée que Midas est un idiot justement parce qu’il aime Jo, mais ce n’est pas cette dernière qui fera le moindre commentaire à ce sujet, se contentant de prendre sa déclaration pour ce qu’elle est : une déclaration authentique, qu’elle lui rendra plus tard, leur conversation bifurquant sur un plan plus sérieux que leurs badinages habituels. La nervosité de Midas ne la surprend pas autant que ça — ce qui la surprend en revanche, c’est qu’elle se situe moins dans ce que ses parents pourraient penser d’elle que dans la manière dont il redoute que son frère se comportera avec elle. Elle connait dans les grandes lignes ce qui divisent les deux garçons Sterling, de là à s’imaginer que ce soit critique au point de rendre Midas inquiet, elle avoue ne pas s’y être attendue. Finalement, c’est une histoire vieille comme le monde. La rivalité fraternelle est un vrai truc, et il jalonne les mythes et légendes, alors d’un certain côté, elle n’est surprise qu’à moitié.

Jo finit par quitter les genoux de Midas, et lui demande après s’être glissée juste à ses côtés "T’as peur qu’il me réserve les mêmes jugements qu’il te réserve ? Tu sais que je m’en fous ?" Son propos est plus nuancé que celui-ci, ainsi elle l’explicite pour ne pas donner le mauvais signal au jeune homme dont elle tache de capter le regard, le dos appuyé contre la tête de lit, les jambes étendues sur les siennes "J’accorde de l’importance à ce que tes parents penseront de moi, même si au fond, ça changera pas grand-chose à la suite de notre relation. S’ils me haïssent, ça m’ennuiera, je m’en voudrais peut-être un peu de pas être la belle-fille sage et charmante et chiante à crever qu’ils attendent, mais je ferais avec." Elle fera des efforts, parce qu’à nouveau, c’est important pour Midas de, si ce n’est avoir l’approbation de ses parents, au moins leur prouver qu’il a trouvé une femme qui saura prendre soin de lui et des projets qu’il couve pour son avenir, leur avenir. Au-delà de ça, elle ne deviendra pas quelqu’un d’autre pour autant, et certainement pas pour plaire à des gens qui s’estiment au summum de la réussite parce qu’ils sont architectes ou chirurgiens — avec tout le respect qu’elle doit à Nina, être chirurgien ne l’a pas protégée contre l’adultère, on repassera sur la notion de réussite en la matière "Par contre, si ton frère m’aime pas, j’essaierais pas de renverser la vapeur, et s’il tente d’émettre le moindre commentaire sur ce qu’on fait, ce sera à ses risques et périls. J’ai pas honte de divertir les gens, surtout pas après avoir remporté un putain de Grammy Award et une bonne dizaine d’autres récompenses en l’espace de quelques mois seulement." En d’autres termes, la chute est prévisible, ça fait toujours du bien de l’entendre de la bouche d’une Jo qui a ses défauts, qui n’est pas moins fidèle à elle-même quand ses convictions sont engagées "Je l’emmerde, ton frère. Je le respecte par défaut, parce que je tiens une nouvelle ligne de conduite, et que je te respecte toi avant ta famille, mais t’as pas à craindre qu’il me heurte avec son opinion. Puis paraît que je sais plutôt bien me défendre, au cas-où." Celui qui a le plus à craindre dans cette histoire, c’est peut-être bien Oscar. Nina, elle, a beau être snob, elle a tout de même les faveurs de Jo sans qu’elle ne sache véritablement pourquoi. La justification qu’elle en donne à Midas, étonné, elle est évidemment à peine sérieuse, prononcée dans un haussement d’épaules nonchalant qu’elle met au service de sa théâtralité "Je crois que j’ai un soft spot pour les blonds." Ça, elle peut à peine le nier, sa bouche venant déposer un baiser rapide sur le dos de la main du blond qui se trouve à ses côtés.

Elle n’affirme pas qu’elle aurait aimé avoir le temps de soudoyer Olive avec des infos sur sa famille avant de passer à l’interrogation orale. Du reste, elle a encore le temps de se dépatouiller pour apprendre des Sterling-Taylor. C’est une évidence que rien ne rentrera dans sa tête cette nuit, si ce n’est peut-être la certitude qu’elle ne s’apprête pas à rentrer dans la fosse aux lions. C’est tout de même un peu curieux pour elle d’être nerveuse à ce sujet alors que tout ce qui la travaille en vérité, c’est l’idée d’atterrir quelque part où la chaleur et la bienveillance seront de mise. Elle n’y est pas habituée dans le cadre familial, ça lui fait peur. Elle a un peu honte d’admettre qu’une famille normale, c’est un concept étrange pour elle, et que c’est plus ça qu’autre chose qui s’oppose à sa confiance en elle. Une parte d’elle, la plus fragile, sans doute, craint d’être triste d’observer la dynamique d’un clan qui s’aime, se protège et se respecte, et de faire des comparatifs avec le sien en se demandant ce qu’aurait sa vie si elle avait eu un terrain sain sur lequel pousser dans le bon sens, comme ça a été le cas pour Midas. Elle n’a pas besoin d’en parler maintenant, donc elle ne le fait pas, mais plus l’échéance approchera, et plus elle se demandera si elle est vraiment apte à faire ça.

Ils verront, comme pour les cadeaux "On choisira ensemble. Tu m’aideras pour le cadeau de Posy ?" Elle marque un temps de silence durant lequel elle fronce le nez, le préparant à recevoir une confession inattendue, qui tranche surement avec l’aura de bad bitch qu’elle dégage "J’ai vraiment hâte de passer un peu de temps avec elle." Elle en a pensé quoi, la petite, des mois qu’elle a passé sans voir l’amoureuse de son papa ? Ce n’est pas une question à laquelle elle a besoin de trouver une réponse maintenant (ou même jamais, c’est derrière eux maintenant), mais elle dit vrai : elle a hâte de rattraper les petits potins de ses poupées. À défaut d’avoir un allié adulte à qui se vouer durant les fêtes, Ruben étant persona non grata, comme Midas le lui confirmera quelques secondes après, elle aura au moins Posy vers qui se tourner si tout devient trop pour elle. Les lèvres étroitement serrées, Jo tourne la tête vers Midas "Je lui ai parlé avant de partir en tournée. On s’est croisés, il m’a pas donné l’impression de regretter." Elle n’enfonce pas le couteau dans la plaie, elle énonce des faits. Elle aime bien Ruben, son arrogance est rafraîchissante dans le cercle des Sterling. Sauf qu’elle a du flair pour reconnaître les connards, et c’en est clairement un. Bizarre donc que Midas et lui se soient si bien entendus dans leur jeunesse "Je sais." murmure-t-elle, avant d’ajouter "Ça a l’air d’être son domaine d’expertise pourtant, de faire semblant." Elle le voit, que ça le chagrine, Midas. Elle préfère ravaler les dizaines de sarcasmes qui lui picotent la langue et qui moquent les vices de Ruben, et incline la tête pour la poser sur son épaule. Elle serre un peu plus ses doigts qu’il a noué aux siens tout à l’heure, et se tait cette fois parce qu’elle estime qu’il n’y a rien à dire de plus : Midas se sent trahi, à raison. Ce n’est pas à lui de faire le premier pas pour au moins avec une conversation avec Ruben. Il est le petit frère de Nina, rien ne pourra le convaincre de sa bonne foi, et dans tous les cas, il l’a trompée, et pas qu’une fois, la bonne foi n’a rien à faire là-dedans.

Ils en reviennent à Oscar, Jo étonnée que ce dernier ne soit pas encore papa. La réponse de Midas lui fait de la peine. Elle regorge d’une tristesse qui fait chavirer quelque chose en elle, et qui part de sa certitude que personne ne devrait se sentir comme le paria de sa famille, surtout pas quand le monde entier s’est mis d’accord pour considérer ses accomplissements comme tels, pas comme des caprices. Elle relève la tête, pose le bout de son nez contre sa joue, ses mains se glissant sur sa nuque et son cou, avant que l’une ne trouve sa mâchoire pour doucement l’inciter à tourner la tête dans sa direction "Je t’aime, et je suis fière de toi, moi." Ça lui fait peut-être un petit quelque chose, de lui dire je t’aime après autant de temps, dans le calme d’une chambre d’hôtel, là où personne ne leur volera ce moment. Ce temps, elle en a passé une partie à réaliser qu’il a été le seul à qui elle n’a jamais dit je t’aime. Pour elle qui regrette beaucoup que toutes ses vraies premières fois n’aient pas été avec lui, elle chérit ce secret qu’elle lui confiera peut-être plus tard. En attendant, elle ajoute, un peu moins sérieuse, même si elle pense ce qu’elle dit du fond du coeur "Ça a peut-être pas la même importance que si ça venait de tes parents, mais t’es ma personne préférée ever." L’exagération, elle la fait durer un petits temps, celui qu’il faut à ses lèvres pour trouver les siennes, et balayer ses questions au sujet de l’épouse d’Oscar.