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Je suis venue à pied. Je suis à la fois nerveuse et excitée par ce qui s'annonce pour cette fin d'après midi. Le soleil brille haut dans le ciel, il fait même chaud en ce mois de novembre ce qui va à l'encontre de mon cycle habituel. Il faut que je m'accoutume à vivre dans l'hémisphère sud et donc à vivre un second été. Ce n'est pas qu'il fasse réellement froid en Californie, mais on est loin de l'été à Brisbane. J'imagine que ça veut dire deux fois plus de surf pour moi. L'hiver n'est pas une raison pour ne pas surfer en réalité, les vagues sont parfois plus intenses même pendant ses périodes hivernales.

Après l'entraînement je suis rentrée chez moi pour me doucher, et me changer, choses que je fais en général au club, mais puisque pour une fois l'action se déroule à Redcliffe j'en profite. D'ailleurs, je fais le tour de toutes ses choses que j'ai préparé. Le panier, les gamelles, des jouets, une laisse qui finit par atterrir dans mon sac à dos d'ailleurs... J'en ai peut être trop fait. Sans doute même, il faut dire que j'ai eu un regain d'enthousiasme à l'idée d'aller au refuge. Est ce que ce regain est lié à la présence de Maeve ? C'est en partie ce qui me rend nerveuse, ça et le fait de trouver un compagnon à quatre pattes, mais surtout ça. Notre dernière rencontre s'est mieux passée que celle d'avant c'est vrai, et pourtant ça ne semble jamais gagné d'avance entre nous. Ce n'est la faute de personne en particulier, les évènements qui se sont passés entre nous, ont suffit à mettre un froid, voire même un abysse entre elle et moi. C'est sans doute la chose la plus normale du monde, a t'on envie de se frotter encore à son bourreau après qu'il nous ait fait du mal ? J'exagère sans doute parce que Maeve ne m'a jamais fait physiquement du mal, mais elle m'a brisé le coeur. Je sais que c'est une rengaine qui ne semble pas avoir de fin, que se sont ses pensées qui tournent en boucle dans mon esprit à chaque fois que je pense à elle, et il n'y a qu'à moi que j'ose avoué que j'y pense souvent. Il faut dire que c'est comme si quelqu'un là haut tirait les ficelles pour qu'on ne cesse de se retrouver. Ca ne m'aide pas à penser ni à passer à autre chose.

Arrivée quelques minutes en avance, ne sachant pas exactement combien de temps serait nécessaire pour que je puisse arriver sur place, je me repasse les évènements récents en tête. Je finis par m'asseoir sur un muret, et par prendre mon téléphone pour regarder si je n'ai pas de message. Quand je me rends compte qu'il n'y en a aucun, je soupire, et reprend mon observation de la rue, ne sachant pas par quel côté elle arrivera.

Finalement je reprends mon observation de la page internet du refuge. Là il y a le profil de chiens et chats qui sont présents dans les locaux en recherche d'une famille pour les adopter. Je scrolle et lis les descriptions au fur et à mesure qu'elles tombent sous mes yeux. A vrai dire, pour beaucoup j'ai déjà eu l'occasion de le faire. Mais peu importe, ça m'occupe et calme mes nerfs. Malgré mon pied qui semble être animé de sa propre volonté ça fonctionne. J'hésite à envoyer un message à Maeve, en fait ce n'est pas la première fois que j'hésite à le faire, même si à cet instant c'est davantage pour lui demander quand elle pense arriver. Cependant je m'abstient, ce n'est pas encore l'heure. Voilà que je commence à mordre ma lèvre jouant avec quelques peaux mortes.

Heureusement pour moi c'est à ce moment que j'entends le bruit distinct de la cane qui roule au sol et m'arrête dans mon élan avant de me faire mal. Je me lèvre rapidement, et jette mon téléphone dans mon sac avant de replacer les lanières sur mes épaules. Je décide de manifester ma présence rapidement pour ne pas la laisser dans le flou. Je trouve ça malgré tout impressionnant qu'elle arrive à faire ce genre de déplacement seule, sans personne pour la guider. Nombre de fois je me suis interrogée sur la difficulté à naviguer quand on ne peut pas voir. Un sourire vient se greffer à mon visage, ce qui me fait rapidement réaliser que je suis contente de la voir. C'est déjà plus simple quand ce n'est pas une surprise qui me prend de cours, et que j'ai eu le temps de préparer... Je ne sais pas vraiment ce que ça change finalement, car je ne me sens toujours pas prête à aborder certains sujets compliqués entre nous.

- Salut !

Je sais qu'elle sait que c'est moi, cette fois ci je décide de ne pas me présenter avec l'ensemble de mon identité.

- Tu vas bien ? Tu es venue comment ?

Je sais qu'il y a un arrêt de bus non loin, mais elle ne m'avait pas indiquer à l'avance comment elle comptait venir. Le fait que je sois déjà plus volubile que d'habitude témoigne de l'agitation qui m'habite. Maintenant se sont mes mains que je commence à chiffonner l'une contre l'autre. Comme bien souvent, je me dis que c'est une chance qu'elle ne puisse pas assister à mon malaise dont elle est en partie responsable. Je n'ai pas envie que ça se propage et qu'elle ne se sente à son tour pas dans son assiette. Je ne devrais pas être aussi nerveuse... Je ne lui ai pas vraiment demandé pourquoi elle a demandé à m'accompagner. Du moins ce qui motive réellement cette demande. Passer du temps ensemble ? Aller au refuge ? Après tout elle doit en être une habituée si déjà elle a réussit à y trainer mon frère.

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C’est sûrement un hasard si elle n’a presque pas dormi la veille au soir, s’imaginant tout un tas de scénarios concernant cette rencontre organisée des jours à l’avance, et qui lui semblait être un évènement décisif pour la suite. La suite de quoi ? Elle l’ignore, Maeve, mais elle ne semble pas être franchement pressée de se poser les questions qui s’imposent. Puisque c’est également encore un hasard si elle a mis deux bonnes heures à choisir sa tenue, à se coiffer et se maquiller, prétextant qu’il lui fallait rentabiliser les produits cosmétiques achetés sans trop savoir pourquoi — ni depuis quand — et, de toute façon, c’est toujours un hasard si son coeur a pulsé dans sa cage thoracique durant tout le trajet, la rapprochant de celle qui ne devrait pas lui faire autant d’effet. C’est tout bonnement ridicule et Maeve le sait suffisamment pour se le marteler intérieurement, mantra chétif qui valse au milieu de ses pensées chimériques en donnant l’illusion qu’elle sait ce qu’elle fait.

Non, elle n’en sait rien du tout.

Mais elle avance quand même le long du trottoir après avoir emprunté quelques bus pour rejoindre Radcliffe, sa canne maniée devant ses pieds pour lui dégager le chemin indiqué par le gps de son téléphone, dont la voix lance une indication au moment même où Bryn fait son entrée dans sa sphère de conscience ’’Salut !’’ interrompant ses pas, elle ramène machinalement sa canne auprès de sa cuisse, le manche appliqué contre son ventre, tandis qu’elle adresse un sourire jovial à la personne qui se tient devant elle, même si ses paupières sont légèrement inclinées vers le bas, étirant ses longs cils noirs allongés par son mascara ’’Salut.’’ d’une voix douce elle rajoute, sans changer son expression : ’’Je ne suis pas en retard, j’espère ?’’ songeant que Bryn va accepter de l’aider à se diriger, elle commence à replier sa canne ’’Tu vas bien ? Tu es venue comment ?’’ devant l’enthousiasme de Bryn — du moins, est-ce ainsi qu’elle l’interprète, Maeve accentue les contours de son sourire avant de ranger son téléphone ainsi que sa canne repliée dans son sac, sans changer l’orientation de son visage ou de son regard ’’En bus… D’ailleurs je me suis trompée d’arrêt, pour ça que je te demande si je ne suis pas en retard.’’ une grimace désolée traverse sa bouche avant qu’elle ne retrouve son sourire, en remontant la anse de son sac sur le milieu de son épaule menue ’’Et je vais bien ! Impatiente de découvrir les chiens… Comme toi, je suppose ?’’ elle se retient de dire que cela s’entend, mais elle craint de chasser cette étincelle joyeuse si elle la met en évidence alors, elle se contente d’attendre la réponse de la surfeuse, en espérant que cet engouement jovial perdure.

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Je suis impatiente. Il y a peu de choses qui depuis que je suis revenue, m'ont mise dans un état similaire. Non pas que je manque d'entrain, mais peut être un peu quand même. J'ai du mal à trouver ma place dans tout ça, je pensais que ça serait plus simple, peut être que justement je pensais que ça serait trop simple. Cependant revenir à Brisbane ça ouvre d'anciennes blessures, me rappelle que j'ai été absente longtemps. Trop longtemps ? Peut être. Je pense que Finn serait d'accord là dessus, et il aurait bien raison de me le dire. De vraiment me le dire. Un peu comme un "j'te l'avais dit", percutant et bien mérité. Oui, je cherche peut être l'autoflagellation, parce que le coup ne vient pas, du moins pas encore. *

Est ce que c'est ce que je fais avec Maeve ? Je cherche peut être à recoller les morceaux d'un passé perdu, qui serait facile de retrouver ? Je ne trouve pas ça facile. Pas facile du tout en réalité. Parce que ce n'est pas comme reglisser dans d'anciennes chaussures faîtes à mon pied et confortables. Non. Là c'est clairement une paire de chaussures qui sont là depuis longtemps, qui m'ont fait des ampoules, et qui aujourd'hui continuent à me blesser. Pourtant je persiste et signe. Est ce que j'espère que cette fois ci je pourrais marcher plus longtemps avec ces chaussures ? Est ce que je dois espérer quoi que se soit ? Je n'ai personne a qui mentionner ses questions, personnes de qui je me sente assez proche pour exprimer mes doutes et qui m'éviterait son jugement. En plus il faudrait narrer l'entièreté de notre histoire, et je ne sais pas si j'ai le courage de dire à voix haute que j'ai tout gâché. Même à Finn, il y a des choses que j'ai occulté.

Donc je suis arrivée en avance nerveuse, enthousiaste, la boule au ventre dû à l'anticipation. Pourtant ce n'est pas négatif, ça ne peut pas l'être si on lit le sourire que j'ai accroché sur mon visage. Sourire qui s'élargit quand elle s'approche de moi canne au poing.

- Non t'inquiète pas je suis arrivée en avance.

Je la regarde replier sa canne.  Je suis plus bavarde qu'à l'habitude, et j'imagine qu'il va falloir un peu plus pour que j'arrive à me calmer totalement, mais il ne faudrait pas que je retombe dans mon mutisme monosyllabique auquel j'ai habitué la jeune femme. Je sais que ça ne lui plairait pas.

- Désolée...

Je me doute que ça ne doit pas être si simple les transports en commun. Peut être que je pourrais l'aider davantage au retour ? J'imagine que nous n'en sommes pas encore là.
Si mon sourire s'est affiné alors qu'elle m'apprenait ses malheurs, il s'élargit à nouveau quand elle me parle des boules de poils que nous allons voir.

- J'ai hâte !

Ca s'entend comme ça se voit d'ailleurs, mais Maeve va devoir se contenter de ma voix comme toujours. Je m'approche d'elle m'étant faite au au fait de lui servir de canne. Je suis peut être un peu plus fiable. Quoi que...

- Tu veux prendre mon bras ?

Je me met à ses côtés, décollant mon bras de mon corps pour lui permettre de l'attraper plus facilement mais je pourrais toujours l'aider si elle ne le trouve pas.

- J'ai regardé sur leur page internet déjà quelques profils, j'ai pas pu résister. J'ai hâte de les voir ! J'espère que je vais en trouver un qui voudra bien de moi.

Je ne parle pas de site de rencontre même si ça y ressemble formulé comme ça c'est vrai. Quelque part c'est un peu ce que je compte faire non ? Rencontrer mon âme soeur, du moins dans sa version canine car l'humaine qui sera prête à m'aimer ne semble pas s'être encore manifestée pour de bon. Au moins avec un chien, je ne serais pas condamnée à rester seule pour l'éternité.

- C'est parti ?

Je lui demande son aval avant de nous conduire vers l'avant pour passer la porte du refuge et qui présente par une porte vitrée. Je la pousse pour la laisser passer et la suit ma main glissant machinalement le long de son bras pour attraper la sienne.

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Bryn est arrivée en avance… Un instant, Maeve est tentée de croire que la surfeuse était tellement pressée de la revoir qu’elle a joué contre l’horloge mais, elle étouffe rapidement cette idée saugrenue, aidée par l’aboiement d’un chien, au loin, qui disperse ses espérances comme une main chasse de la fumée. Ce n’est pas la concernant que la rousse était impatiente… C’est pour l’animal qu’elle convoite en adoption. T’es vraiment trop bête ma pauvre fille, qu’elle se marmonne avec la voix de sa mère, en accomplissant néanmoins le sourire qui ne quitte pas ses lèvres. ’’Désolée...’’ intriguée par les excuses qu’elle entend, Maeve penche légèrement son menton sur le côté en redressant ses paupières, portant ses iris sans reflet vers le visage de son interlocutrice ’’Pourquoi tu t’excuses ?’’ elle le demande avec douceur, en ayant l’air de dire qu’elle n’a aucune raison de le faire, puisque sa joie est davantage agréable que le froid réservé qu’elle lui sert trop souvent ’’J'ai hâte !’’ - ’’Je vois ça…’’ attendrie, mais aussi galvanisée par cette joie contagieuse, Meï émet un petit rire doucereux en plissant ses paupières, frustrée de ne pas pouvoir se rendre compte des accents joyeux qui acclament le visage de Bryn… Elle se souvient encore de ses traits, mais suppose qu’ils ont changé depuis le temps, ou que sa mémoire lui fait quelque peu défaut. ’’Tu veux prendre mon bras ?’’ crochetant son bras au sien sans aucune hésitation, Maeve replace correctement une boucle brune derrière son oreille percée avant de poursuivre, sur le même ton pressée par l’engouement : ’’Alors, est-ce que tu as des critères particuliers ?’’ elle se doute que c’est avant tout l’affaire d’une rencontre, mais elle tient encore à entendre la voix guillerette de son ancienne petite-amie, puisque cela lui semble être le bruit le plus mélodieux au monde ’’J'ai regardé sur leur page internet déjà quelques profils, j'ai pas pu résister. J'ai hâte de les voir ! J'espère que je vais en trouver un qui voudra bien de moi.’’ déposant le bout de ses doigts sur son avant-bras, Maeve la rassure d’un ’’Je pense que tu vas avoir un succès fou.’’ du moment que ça reste auprès des canidés, Maeve continue de sourire ’’Il en faut un qui aime la plage, en tous cas !’’ vu le temps que Bryn passe à s’entraîner sur les vagues, il vaut mieux que son fidèle compagnon apprécie de se rouler dans le sable et de faire trempette, n’est-ce pas ’’C'est parti ?’’ hochant son menton pour donner son accord, elle lui emboite le pas en maintenant un sourire enfantin aux lèvres, heureuse de pouvoir partager ce moment privilégié avec Bryn.

À peine la porte d’entrée passer, une odeur particulière vient flotter auprès des narines hypersensibles de Maeve qui, fronçant légèrement les sourcils, pince ses lèvres en n’ayant pas tellement le temps de se questionner sur la nature de ces effluves, puisque la main de Bryn vient chercher la sienne. Elle ne sait pas trop si le geste est involontaire ou non mais, paume contre paume, la brune la serre délicatement dans la sienne en tournant son menton vers elle, lui intimant un ’’Ça va bien se passer.’’ d’une voix douce, pendant qu’une demoiselle, derrière le comptoir, leur fait signe d’approcher — faut pas compter sur Maeve pour la remarquer, cependant, et même si elle n’avait pas été malvoyante, elle est tellement obnubilée par la main qui tient la sienne qu’elle n’aurait rien vu d’autre que ce contact entre leurs corps.

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- Parce que tu t'es perdue... Je sais que ça peut arriver à tout le monde, mais c'est pas pour ça que c'est agréable pas vrai ?

L'ambiance est bien différente de la dernière fois qu'on s'est vues. C'est sans doute de ma faute, c'est moi qui jette des froids sibériens sur nos conversations j'en ai à moitié conscience. Oui à moitié, parce que c'est déjà trop tard quand je m'en rend compte, et le pire sans doute c'est que je ne sais pas comment faire autrement. Les montagnes russes sont là métaphore qui convient le mieux à mes états d'âme en présence de Maeve. Je ne sais pas si c'est la même chose pour elle, du moins je n'arrive pas à savoir si c'est complètement de ma faute ou si elle même a des sentiments mitigés à mon égard. Il ne faudrait pas que je lui en veuille si c'était le cas, j'imagine que je ne pourrais pas espérer mieux, surtout je ne devrais pas le faire. C'est idiot je sais.

Comment nombre de fois auparavant elle est accrochée à mon bras pour que je la guide dans les méandres voilés de son environnement. C'est dur de rester éloigné de quelqu'un dans son genre avec son handicap. Ou peut être que c'est juste moi qui me retrouve toujours attirée ?

- Je voudrais un jeune chien, pas forcément un chiot mais un chien dynamique. Sociable si possible, qui ait de l'énergie à dépenser.

Un peu comme moi j'imagine.

- Enfin j'imagine que ça ne va pas être qu'une question de critères pas vrai ?

J'ai l'impression de retourner des années en arrière, c'est étrange mais trop tard pour que je puisse m'arrêter en si bon chemin. D'autant que je me suis déjà documentée sur les chiens comme je te tarde pas à lui dire. Malgré les doutes qui font vaciller mon sourire, un coin de mes lèvres vient se rehausser alors qu'elle essaie de m'encourager. Je ris légèrement quand elle rajoute qu'il devra aimer la plage.

- Ça c'est sûr.

C'est un critère important en effet. Pas le seul bien entendu.
Il est temps. J'enclenche la marche avant donnant une impulsion alors que je fais le premier pas en direction de la porte. L'état de fébrilité dans lequel je suis plongée ne me permettra de réaliser que plus tard que j'ai pris sa main dans la mienne plutôt que de garder son bras au creux du miens.

Derniers mots d'encouragement qui me poussent à aller vers le comptoir où on m'attend déjà. Après une brève hésitation et un échange de bonjours en bonne et due forme j'explique mon cas.

- J'avais dans l'idée d'adopter un chien.

Je sais que ça ne suffira pas, mais je ne sais pas vraiment ce qu'elle a besoin de savoir.

- C'est une excellente nouvelle ça. J'imagine que si vous êtes ici c'est que vous êtes déjà suffisamment motivée pour le faire ! Est que vous pourriez un peu me décrire vos motivations à avoir une boule de poils et un peu votre rythme de vie pour voir lequel de nos pensionnaires je pourrais vous proposer ?

J'ai mordu ma lèvre, peut être même un peu serré la main de Maeve dans la mienne. Je suis nerveuse, impatiente mais le sourire ne quitte pas mon visage alors que je hoche la tête à mesure qu'elle parle.

- J'ai un métier qui me permet d'avoir assez de temps de libre dans ma journée, je suis surfeuse, et du coup souvent en extérieur. Je fais aussi pas mal d'autres sports/activités en extérieur. J'aimerais avoir un chien qui puisse m'accompagner, et comme je vis seule qui pourrait aussi me tenir compagnie.

Le regard de la jeune femme se pose sur Maeve mais c'est toujours à moi qu'elle s'adresse. À mesure que j'ai donné des détails de ma vie, elle s'est levée pour faire le tour du comptoir et s'y adosser. Elle aussi a hocher la tête semblant noter ses éléments dans une liste mentale.

- D'accord je vois un peu le genre de compagnon que vous recherchez. Vous avez une préférence niveau gabarit ?[/color]

Je hausse les épaules. C'est une bonne question. Je ne suis moi même pas une experte. Elle semble le comprendre.

[b]- Je pense qu'on peut déjà éliminer les petits chiens, ils ne sont pas les plus sportifs mais on va aller faire un tour dans les box et je vais vous présenter quelques chiens qui pourraient vous convenir. On y va ?

- On est prêtes.

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’’Parce que tu t'es perdue... Je sais que ça peut arriver à tout le monde, mais c'est pas pour ça que c'est agréable pas vrai ?’’ Bryn s’inscrire pour quelque chose qui n’est pas de son fait — et qui n’est même pas si problématique dans le fond, et cela fait curieusement sourire celle qui, par touchée par cette attention, tente de la rassurer par un ’’Ça m’arrive tout le temps, c’est rien et surtout pas ta faute.’’ pour preuve, elle chasse la gravité d’un mouvement de la main sans perdre son sourire, bien trop pressée d’aller à la rencontre des canidés pour accorder la moindre importance à des détails qui ne gâchent en rien son plaisir, même si elle a l’impression que les chiens — que l’on entend aboyer même depuis l’extérieur — n’est qu’un prétexte pour justifier l’engouement de son palpitant, qui bat curieusement plus vite que d’ordinaire ; rien d’alarmant, rien d’inquiétant, circulez il n’y a rien à déceler par ici ’’Je voudrais un jeune chien, pas forcément un chiot mais un chien dynamique. Sociable si possible, qui ait de l'énergie à dépenser. Enfin j'imagine que ça ne va pas être qu'une question de critères pas vrai ?’’ un petit « hmmm » se fait entendre quand elle presse ses lèvres l’une contre l’autre en marchant à ses côtés, ayant bien conscience que ses doigts s’accrochent plus que nécessaire au bras de sa guide ’’Non, ce sera avant tout une rencontre.’’ du coeur, du moins, c’est ainsi qu’elle se le figure, même si elle sait qu’elle a tendance à romancer tout et n’importe quoi, puisqu’elle vit dans un véritable monde édulcoré ’’Je crois que tu sauras que c’est lui, quand tu le verras. Tu le reconnaîtras, ton chien.’’ cela ressemble fortement à une rencontre amoureuse, ce qu’elle décrit, mais elle hausse ses épaules en disant, plus amusée que prophétesse : ’’Je me souviens plus comment ça s’était passé pour Finn, mais je suis presque sûre qu’il a su tout de suite lequel il voulait.’’

Elle garde le silence lorsque la main de Bryn chute dans la sienne, sans hésitation ou geste brusque, avec ce naturel tout aussi déconcertant qui lie leurs doigts comme s’ils ne s’étaient jamais détachés l’un de l’autre. Elle aime bien, Maeve, tenir sa main, même si ça fait bouillir son coeur, remonter des bulles d’émotions dans sa gorge et provoque quelques papillonnements dans son ventre ; une vraie machine à sentiments qui s’emballe, et dont elle peine à garder le sifflement silencieux.

’’J'avais dans l'idée d'adopter un chien.’’ ne pouvant pas réellement se rendre compte de la personne qui les accueille, Maeve se contente de sourire en regardant devant elle, ses yeux fixes attirant un instant l’attention de leur hôte qui, fronçant les sourcils, met quelques secondes à comprendre ’’C'est une excellente nouvelle ça. J'imagine que si vous êtes ici c'est que vous êtes déjà suffisamment motivée pour le faire ! Est que vous pourriez un peu me décrire vos motivations à avoir une boule de poils et un peu votre rythme de vie pour voir lequel de nos pensionnaires je pourrais vous proposer ?’’ les doigts de Bryn referment leur prise et, instinctivement, le pouce de Maeve se met à caresser la tranche de sa main pour l’apaiser, son menton se tournant même en sa direction pour l’encourager à poursuivre ’’J'ai un métier qui me permet d'avoir assez de temps de libre dans ma journée, je suis surfeuse, et du coup souvent en extérieur. Je fais aussi pas mal d'autres sports/activités en extérieur. J'aimerais avoir un chien qui puisse m'accompagner, et comme je vis seule qui pourrait aussi me tenir compagnie.’’ le discours de Bryn semble convaincre la jeune femme puisqu’elle les invite à poursuivre pour rencontrer les boules de poils et, alors que le sourire de Maeve s’accentue, elle continue de caresser tendrement la main de sa comparse ’’Allons-y.’’ sa voix douce se fait entendre alors qu’elles suivent leur hôte à travers un long couloir froid, dans lequel l’on peut entendre des jappements multiples ’’Je crois qu’ils sont impatients de te rencontrer…’’ - ’’Pas de préférence pour mâle ou femelle ?’’ demande-t-elle en se retournant vers les deux, sans cesser de marcher ’’Venez, c’est par là.’’ elle pousse une porte pour ouvrir sur l’arrière-cours, dans laquelle sont entreposées des box accueillant des chiens visibles entre les barreaux, dont les yeux quémandent quelques caresses. ’’Alors ?’’ Maeve lui demande davantage ses impressions qu’autre chose, sans quitter sa main, qu’elle tient toujours précieusement dans la sienne.

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Je sais que ce n'est pas de ma faute si elle s'est perdue mais ça ne change pas ce que je ressens à cet instant. C'est sans doute naïf de vouloir que ça ne lui arrive plus, qu'elle, et que toutes les autres personnes porteuses de cet handicap soient mieux accompagnées dans cette vie. Aussi pieu que ce vœu soit, je sais qu'il ne pourra pas se réaliser si facilement.
Heureusement pour aujourd'hui il y a de quoi se réjouir. L'épisode sera bientôt oublié au regard des chiens que vous allez rencontrer. La nervosité ne quitte pas mes entrailles, et fait battre mon coeur plus fort. Je m'accroche à la jeune femme pour me rassurer, m'obliger à garder les pieds sur terre.

Ne sachant pas comment ça fonctionne habituellement je me laisse guider par les questions qu'on me pose, essayant d'y répondre le plus sincèrement possible. En tout cas ça a l'air de fonctionner pour l'instant. Je sens à peine les mouvements de Maeve pour me réconforter, la chose déjà plus importante pour loi c'est qu'elle soit toujours là avec moi. Je suis contente qu'elle ait proposé de m'accompagner finalement. J'aurais pu le faire seule, mais il y a déjà beaucoup de choses que je fais seule, celle là je suis contente de la partager avec quelqu'un. C'est dans ce genre de moment là que je me rend compte le plus que la solitude me pèse quoi que j'en dise. Je suis contente qu'elle soit là, et je suis contente d'être là pour trouver une bête à poils capable de tromper cette solitude.

Nous allons donc de l'avant. Les bruits et l'odeur des chiens nous atteignent alors que nous passons un couloir.
Je souris à Meï toujours accrochée à ma main. Reste silencieuse pour l'instant jusqu'à ce que la jeune femme qui nous accompagne, et je lis qu'elle s'appelle Julia sur son badge, me pose une nouvelle question.

- Pas de préférence non plus.

Ça me paraît pas la chose la plus important le sexe du chien au regard de son caractère.
Nous arrivons enfin dehors.  Il y a une grande quantité de box, une grande quantité de chiens parfois même ils sont plusieurs dans un même petit enclos. Si certains devaient dormir avant qu'on ouvre la porte, le vacarme a dû les réveiller maintenant.

- Ils sont nombreux !

Pour l'instant je ne me vois pas de grand chose de plus. Julia souris. Et te fais signe. Elle semble avoir compris que Mei ne voit pas et que c'est moi qui la guide.

- On va aller voir Helix d'abord. C'est un chien de 5 ans, il est croisé berger australien, il est arrivé il y a quelques semaines, très énergique... Il a besoin de se dépenser.

Elle vous conduit jusqu'à un chien de gabarit moyen, qui fais déjà des tours sur lui même alors qu'il vous voit approcher. Je visualise ce qu'elle voulait dire quand elle parlait d'énergique.

- vous pouvez le caresser.

Lâchant la main de Mei à regret une fois l'avoir guider jusqu'aux barreaux de la cage, je m'accroupis. Le museau du chien se montre à travers les poteaux en métal, je souris. Il a du mal à rester en place.

- Il est gris et blanc avec les yeux marrons. Et il ne tient pas en place.

Je le décris pour Mei évidemment n'ayant pas besoin pour ma part d'une description à haute voix. Il semble avoir du mal à se calmer le pauvre lui. Mais on peut sentir l'amusement dans ma voix ainsi que l'empathie envers cette pauvre créature enfermée là.

- Si vous voulez on peut aller voir les prochains et ensuite je pourrais vous faire sortir ceux qui vous semblent le plus matcher ?

Je relève les yeux vers elle en hochant la tête.

- D'accord.

Je me redresse rapidement après avoir tenté de faire une dernière caresse sur la tête de Helix qui ne semble pas avoir finit de faire la fête. Une fois redressée je pose ma main sur le bras de Maeve.

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Finalement, Bryn n’a que trop peu de critères, et cela permet à Maeve de songer qu’elle n’aura pas trop de difficulté à trouver le chien parfait pour l’accompagner au quotidien. Leur guide doit se formuler la même conclusion puisqu’elle agrandit son sourire dans un hochement du menton, sans ralentir la cadence de ses pas jusqu’à l’extérieur ; elle semble être pressée, la demoiselle qui les accompagne, sans nul doute parce que dans le refuge, chaque seconde doit être productive. ’’Ils sont nombreux !’’ le constat que formule Bryn possède une dimension triste qui conduit la plus jeune a foncé ses sourcils d’un air contrit, puisque cela sous-entend que beaucoup de chiens attendent une famille aimante… En vain. C’est à ce moment précis qu’elle est saisie par l’envie déraisonnable de tous les adopter mais, heureusement, sa lucidité prend le dessus avant qu’elle envisage de proclamer cette idée à voix haute. ’’On va aller voir Helix d'abord. C'est un chien de 5 ans, il est croisé berger australien, il est arrivé il y a quelques semaines, très énergique... Il a besoin de se dépenser.’’ elle ne se souvient pas de l’allure du « berger australien » mais elle hoche néanmoins son menton de haut en bas d’un air enthousiaste puisque, de toute façon, l’apparence du chien n’est que secondaire. ’’Il est câlin ?’’ elle le demande comme si elle était directement concernée par le choix que Bryn s’apprête à faire, oui, mais c’est bien le critère le plus important à ses yeux : que le chien soit affectueux !

Se laissant de nouveau guider par Bryn, elle regrette brièvement de devoir lâcher la main de cette dernière mais, elle ne perd pas son sourire, comprenant que la surfeuse vit présentement la rencontre magique dont elles parlaient quelques minutes plus tôt. Est-ce que ce fameux Helix est le chien destiné à la rouquine ? Debout derrière elle, Maeve attend patiemment que Bryn partage ses premières impressions. ’’Il est gris et blanc avec les yeux marrons. Et il ne tient pas en place.’’ - ’’Il doit avoir envie de se promener…’’ elle le devine avec une pointe de tristesse dans la voix, imaginant fort bien combien une vie d’enfermement est terrible pour les animaux entreposés dans ces cages, même si elle ne doute pas du fait que le personnel du refuge fait son maximum pour les choyer ’’Si vous voulez on peut aller voir les prochains et ensuite je pourrais vous faire sortir ceux qui vous semblent le plus matcher ?’’ - ’’D'accord.’’ sentant la main de Bryn se déposer sur son bras, Maeve tourne son menton en sa direction en pinçant ses lèvres d’un air compatissant, se doutant que faire un choix, parmi toutes ces âmes qui espèrent être désigné, est difficile pour Bryn. ’’Écoute ton coeur.’’ qu’elle lui conseille d’une voix douce en reprenant sa main dans la sienne, avant de se remettre à marcher jusqu’à l’enclos suivant. ’’Celle-ci est un peu plus câline, mais tout aussi joueuse. Vous pouvez approcher votre main, allez-y…’’ ne se sentant pas concernée par l’invitation, Meï relâche la main de Bryn afin de lui permettre de faire connaissance avec, peut-être, son futur animal. Qui sait ?

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Si j'étais volubile quand Maeve est arrivée, c'est comme si tout d'un coup, impressionnée j'avais perdu tout les mots. Je me laisse guidée à vue et de manière somme toute passive. Je ne suis pas sûre de savoir quelles questions seraient les plus pertinentes d'emblée. Heureusement il y en a une qui ne peut pas se faire avoir par le côté mignon et en profite pour poser une question.

-  il est assez affectueux oui. Il aime la présence des hommes, mais il est assez réactif comme maintenant. Il faudra lui apprendre à se comporter pour qu'il ne saute pas par exemple. Mais il a beaucoup à donner.

Peut être que je réalise enfin. Je comprends ce qu'elle veut dire par lui apprendre. C'est quelque chose que j'avais envisagé, suivre des cours de training pour chien avec mon futur chien. Peut être même faire du parcours. Allez savoir, en tout cas je ne suis pas contre. Mais si je voulais prendre un chien adulte c'était justement parce que je voulais qu'il y ait déjà des "bons" comportements.

- J'essaie.

Je souris à Maeve. Le premier chien que nous avons vu était mignon, mais je ne me suis pas sentie envahie d'une émotion particulière. En fait je ne sais pas ce que j'attend réellement. Si j'en crois Maeve je vais le sentir. Tu l'attires avec toi en l'attirant par la main qu'elle a repris dans la sienne vers la prochaine cage rejoignant notre guide. Je me sens plus confiance avec sa main dans la sienne. Je suis sans doute trop investie dans la situation actuelle pour réaliser ce que ça implique.

Une fois devant tu tombes sur un chien qui fait davantage penser à un loup. Elle est grande sur patte, son pelage gris mêlé d'autres couleurs qui évoquent l'automne.

- Comment elle s'appelle ?

Je demande alors qu'à nouveau je m'accroupis après avoir abandonné la main de Mei. Ma main se glisse entre les barreaux, et vient gratter la tête de la chienne. Elle est assise sur son séant, sa queue battant la poussière au sol mais elle reste bien droite et sage jusqu'à ce qu'elle lève la patte pour la poser sur mon genou tant bien que mal.

- Rima. Ça va fait un an qu'elle est là, elle est vraiment gentille, facile à vivre, mais son gabarit -elle est grande et peut impressionner- joue contre elle. Et elle a 3 ans.

- Elle est très belle. On dirait un loup.

- Oui on ne sait pas vraiment quelle espèce c'est mais elle a beaucoup du chien loup tchécoslovaque. C'est une de nos meilleures pensionnaires on serait vraiment contents pour elle si elle trouvait une maison.

Je prends la main de Mei pour la guider vers la chienne laquelle est ravie et vient chercher la main à la peau foncée. Toujours accroupie je change légèrement de position car je commence à fatiguer et je gratte son dos collé contre les barreaux.

- On peut lui ouvrir ?

- Si vous voulez mais j'ai encore deux chiens en tête...

Elle semble comprendre qu'on ne l'écoute pas vraiment.

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