take my hand and don't you ever let go
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@Helen Stenfield 11/2024 - st vincent hospital

La fatigue la pousse à s'inviter chez la policière, qu'elle ne veut forcer à rien, même si les deux jeunes femmes évoquent depuis tout à l'heure la probabilité d'emmener Derya ici, ou que cette dernière serait ravie de rencontrer la chirurgienne, pour qui ce sentiment est réciproque. Le fait que Yasmin soit maman ne réfrène pas ses sentiments naissants, il ne fait justement qu'amplifier cette maturité et cette capacité à endosser des responsabilités qui sont des qualités qui lui plaisent énormément. Même si elles n'en sont qu'aux prémices d'une relation, sur laquelle ni l'une ni l'autre n'ont encore posé officiellement de mots, Helen a ce sentiment que Yasmin ne la laisserait pas entrer ainsi dans sa vie, si elle ne lui plaisait pas vraiment ; elle imagine, peut-être pas correctement mais c'est ainsi qu'elle perçoit les choses, que quand on est déjà parent, la nécessité de préserver son enfant de ses relations amoureuses s'impose, tant que rien n'est sérieux, non ? Parce qu'on ne souhaite pas ce va-et-vient dans la vie d'une petite personne, qui n'est pas encore à même de comprendre pourquoi un jour son parent a un.e amoureux.se, et pourquoi quelques semaines plus tard, il n'y a plus personne ?  « Tu es la bienvenue, quand tu veux. » Le sourire qu'elle lui adresse est franc, et confirme davantage cette pensée qu'elle a de leur histoire : un lien particulier les unit, et rend véritable ce désir d'être ensemble.

Les deux jeunes femmes rejoignent la chambre, où Yasmin lui énonce le choix entre manger une pizza ou un hamburger, ce qui n'est pas le plus important aux yeux de la chirurgienne, qui affirme timidement que ce qui prime pour elle, c'est sa compagnie plutôt que le reste.  « Ce qui te fait plaisir me fait plaisir… » Elles sont toutes les deux envahies d'une gêne affreusement mignonne, en tout cas, elle l'est pour Helen qui décide finalement de ce qu'elles vont manger : « Alors, ce sera pizza...»  Mais avant qu'elle n'ait pu sortir son téléphone pour lui demander celle qu'elle souhaite commander, la policière lui fait une proposition qu'elle ne peut décemment pas refuser : celle de se vêtir de son pyjama. Elle en rêve depuis qu'elles sont arrivées à l'appartement, alors Helen se laisse rapidement convaincre par l'idée. La brune s'empare de deux pyjamas, un pour elle, et l'autre pour la policière qui va la joindre dans les songes, dans son lit à elle, ce soir. Mais avant cela, la chirurgienne lui fait la demande un peu particulière de l'aider à enfiler son pyjama, puisqu'elle ne maîtrise pas bien encore le coup de retirer fluidement son écharpe, sans se faire un mal de chien toute seule. « Bien sûr. Il va falloir retirer ton écharpe pendant quelques secondes, ça va aller ? » Elle acquiesce délicatement de la tête, tandis qu'elle laisse Yasmin se rapprocher d'elle, pour s'exécuter ; ses mains agiles retirent son écharpe sans que ça lui occasionne trop de douleurs, et c'est apprécié. « Voilà… Je ne m’en sors pas trop mal comme infirmière, qu’est-ce que tu en penses ? » Sa remarque a l'effet escompté, Helen lâche un rire, séduite par cette malice qu'elle décèle sur le visage de la policière. Elle sent cette brèche dans laquelle elle peut s'engouffrer sans souci, alors elle déclare avec un sourire en coin : « Il ne te manque que la tenue, et tu pourras venir tous les jours t'occuper de moi... » Evidemment qu'il y a un sous-entendu, dans sa réponse. Evidemment qu'elle répond à sa taquinerie, comme elle a pu le faire plus d'une fois par message, notamment. Sur le téléphone, sa gêne est moins visible, mais elle se risque à dire les choses à voix haute, pour lui montrer qu'elle lui plaît, sérieusement. La policière l'aide alors à passer le haut de son pyjama par la tête, l'élasticité de son vêtement lui permettant assez aisément de passer son bras endolori dans la manche, sans qu'elle ne grimace plus que ça à cause de la douleur. « J’étais pas sereine… » - « Je n'ai pas du tout eu mal... » qu'elle souffle, en tentant de masquer cette gêne qui s'agrippe malgré tout à elle, du fait que la policière l'aperçoive à demi nue dans cette situation, alors qu'elles ne sont pas encore découvertes dans un moment un peu plus intime et sensuel. « Je peux défaire ton jean ? » Sa tête se balance de haut en bas, tandis qu'elle lève instinctivement son bras mobile pour lui laisser l'accès au vêtement, en regardant ailleurs pour ne pas scruter la réaction de la policière dans cet instant définitivement embarrassant. Pour attirer l'attention sur autre chose que le fait d'être soigneusement déshabillée par la femme qui lui plait, Helen reprend la parole pour lui demander si Miketi peut ou non dormir avec elles, puisqu'elle a déjà acté dans son esprit que Yasmin la rejoindra dans son lit ce soir. Elle fait peut-être preuve d'un manque de politesse en forçant la chose, mais elle craint de lui formuler la demande et d'essuyer un refus... La chirurgienne a terriblement besoin d'une compagnie cette nuit, elle n'a pas la force de dormir seule. Elle retient presque son souffle tout le temps que la policière attend avant de lui répondre, agenouillée devant elle, ce qui déclenche le feu sur ses joues qu'elle s'obstine à tourner vers la porte pour ne pas que Yasmin ne les remarque : « Miketi ne me dérange pas… Derya me tanne pour avoir un chat, je pense qu’elle va essayer de te la piquer si elle vient ici. » - « Super... j'ai aussi les chats de mon meilleur ami, mais ils sont plutôt discrets, on ne devrait pas les voir... » Sol et Luna se sont certainement cachés en les entendant arriver, ils en sortiront bien assez tôt quand ils sentiront que la voie est libre, et qu'aucun danger ne va pointer le bout de son nez. « Je peux emprunter la salle de bain pour me changer ? » Maintenant qu'elle est en pyjama, Helen sent l'épiderme de ses joues se refroidir, et tant mieux, puisque Yasmin est revenue à sa hauteur. La chirurgienne lui désigne alors l'une des portes attenantes à la chambre : « C'est cette porte... je vais commander la pizza... au saumon, tu aimes ?» La chirurgienne se gratte l'arrière de la tête, puis elle observe la policière s'isoler dans la salle de bain pour se changer à son tour ; les pensées d'Helen s'emballent alors qu'elle fixe la porte, en essayant d'imaginer les courbes de la femme postée derrière, et elle sent de nouveau ses joues réagir, ce qui l'incite à sortir complètement de la pièce, pour s'aventurer dans la cuisine, où elle part vérifier les gamelles de croquettes des chats. Lorsqu'elle les remplit pour la nuit, trois petites têtes apparaissent dans la pièce, puisque l'appel de la nourriture est plus fort que la crainte de l'inconnue, qui ne fait pas suffisamment de bruit pour véritablement les effrayer. Avec douceur et affection, la jeune femme caresse le haut de leur tête et le derrière de leurs oreilles, avant de retourner dans la chambre. Yasmin n'est pas encore revenue, alors Helen monte sur le lit, pour s'enfouir dans les draps, auxquels elle ne peut pas résister longtemps ; c'est tellement bon de retrouver son chez-soi, sa literie. C'est vraiment l'une des meilleures sensation qui existe sur Terre. Lorsque la porte s'ouvre sur la policière en pyjama, un sourire se fraye un chemin sur ses lèvres, tandis qu'elle désigne la place à côté d'elle pour lui donner son feu vert. « Il te va à ravir, ce pyjama...» Tu es magnifique tout le temps, qu'elle a envie d'ajouter, mais la timidité prend le dessus pour l'instant... peut-être aura-t-elle le courage de lui souffler, quand elle sera près d'elle.

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Helen se met à rire quand son infirmière s’accorde ce titre, et cela suffit à Yasmin pour sourire sans même s’en rendre compte, sentant des papillons vagabonder dans son ventre en lui donnant une drôle de sensation dans le coeur, comme s’il s’agrandissait un peu plus à chaque instant passé à ses côtés, élargissant les parois de son palpitant pour que la chirurgienne puisse s’y loger, s’y installer, durablement, confortablement, qu’elle le tapisse de son visage, de son rire, de ses mots, de son odeur, qu’elle en fasse son terrain conquis, jamais disputé par autrui. « Il ne te manque que la tenue, et tu pourras venir tous les jours t'occuper de moi... » son sourire se teinte de malice quand elle lance un sourire en direction de la chirurgienne, le sous-entendu ne venant pas du tout effrayer la lieutenant qui, devant la gêne presque papable de son interlocutrice, décide de l’épargner pour ce soir et de rien répondre ; la malheureuse est déjà suffisamment penaude d’être dans une telle position. Si elle s’applique très minutieusement pour ne pas lui causer le moindre mal, Yasmin est tellement soulagée d’achever le passage du t-shirt qu’elle hausse ses sourcils en soupirant de réconfort, puisqu’il y a fort à parier qu’elle s’en serait longuement voulu d’avoir été source de douleur pour Helen, encore plus dans cet état de fragilité émotionnelle « Je n'ai pas du tout eu mal... » - ’’Il faut que je pense à me recycler, tu crois ?’’ qu’elle lui demande sur un ton joueur pour essayer de lui faire voir autre chose que sa qualité demi-nue devant des yeux qui, disons-le, sont plutôt étrangers, sans même se douter que le métier de sa comparse ne lui plaît guère ’’Comme ça, on se verrait plus souvent…’’ l’idée de travailler au même endroit qu’Helen ne lui déplaît pas mais, au fond, pour rien au monde elle n’abandonnerait sa plaque de lieutenant — même si Josh et sa meute lui mènent la vie dure, oui ’’Alors, tu me verrais dans quel service ?’’ elle espère lui poser une colle pendant qu’elle l’aide à enfiler son bas de pyjama, et qu’on l’assigne, en même temps, à dormir auprès de sa belle — elle serait bien la dernière à s’en plaindre. Elle n’a pas dit explicitement oui mais c’est tout comme, puisqu’il est désormais actée que Yasmin va passer la nuit aux côtés d’Helen et, avec un peu de chance, elle pourra même la tenir dans ses bras… C’est sur cette pensée chaleureuse que Yasmin décide de s’éclipser dans la salle de bain pour rêvetir son propre pyjama, non sans répondre à la question de la chirurgienne : ’’J’aime tout, je ne suis pas difficile ! Prends ce qui te fait plaisir, ça m’ira très bien.’’ elle l’encourage à suivre son conseil par un petit sourire complice, avant de disparaître derrière la porte de la salle de bain pour enfiler son propre pyjama, même si ce moment d’intimité en solitaire lui donne l’occasion de faire un peu le tri dans ses pensées, qui vagabondent un peu trop en présence de la belle brune. Elle a vraiment l’impression d’être une adolescente qui vit sa première histoire d’amour, à s’examiner sous toutes les coutures dans le miroir de la salle de bain, à refaire son chignon dix fois avant d’oser sortir, presque intimidée maintenant. Heureusement, Helen tapote la place à côté d’elle alors Yasmin n’hésite pas à la rejoindre dans le lit, se glissant à ses côtés en n’osant pas encore se coller contre elle — ça ne saurait tarder. « Il te va à ravir, ce pyjama... » elle baisse machinalement les yeux vers ledit pyjama en souriant avec tendresse, accolant son dos contre la tête-de-lit en tournant son menton vers Helen, observant ses traits fatigués qui ne ternissent point sa beauté, avant d’oser avancer une main pour replacer correctement une mèche de ses cheveux derrière son oreille, dans un geste doux. ’’T’as raison, je l’aime beaucoup… Je crois que je vais le garder…’’ c’est plutôt celle qui l’a achetée qu’elle aimerait garder avec elle, mais elle courbe plutôt ses lèvres dans un petit sourire tendre en perdant un peu de sa hauteur pour oser venir contre Helen, sans brusquer ses gestes pour lui permettre de l’interrompre si jamais cette soudaine proximité ne lui convient pas. ’’Je n’aurais pas pensé me retrouver ici, après notre première rencontre à l’hôpital…’’ elle le confie d’un ton attendri et amusé à la fois, sa joue posée contre l’oreiller, ses yeux plongés dans ceux d’Helen. Mais tout arrive pour une bonne raison… Il n’y a pas de hasard, seulement des rendez-vous.

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Les précautions que prend Yasmin pour ne pas réveiller la douleur de son bras comblent la chirurgienne d'un sentiment de bien-être énorme, puisqu'elle a cette douceur à son égard, cette attention de la considérer comme quelque chose de précieux qui n'est absolument pas agaçant, de sa part à elle. C'est même complètement l'inverse, Helen aime sentir qu'elle est précieuse et fragile à ses yeux, parce qu'au fond, sa fragilité en a pris un sacré coup avec cet accident de voiture. Sa sensibilité s'est décuplée, mais elle semble trouver une certaine stabilité à ses côtés. « Il faut que je pense à me recycler, tu crois ? Comme ça, on se verrait plus souvent… » L'idée est tentante, mais l'évocation de son travail laisse planer des nuages sombres au-dessus de la tête d'Helen, qui ne manifeste absolument pas l'envie de retourner à l'hôpital ; sa tête lui intime de ne pas le laisser paraître, pour ne pas entacher ce moment agréable et gênant à la fois, puisque la policière continue de la déshabiller pour l'aider à enfiler désormais le bas de son pyjama. « Alors, tu me verrais dans quel service ? » C'est une très bonne question, ça. Elle est prête à jouer le jeu et à répondre à la question, en se repassant en express toutes les qualités qu'elle a déjà aperçues chez la jeune femme, et qui ont su gagner son coeur : forte, féroce, douce et tendre, bienveillante, attentionnée, taquine, sensuelle et charmeuse. D'accord, on admet que les deux derniers, c'est du bonus qui s'impose néanmoins dans son esprit, à la chirurgienne, parce que c'est entièrement la vérité.  « Pédiatrie pour ta douceur et ta force d'esprit.» Il en faut de la bienveillance et de la douceur pour travailler avec les enfants, tout comme de la force, d'ailleurs, parce qu'il s'agit certainement du service le moins facile pour les sentiments. S'occuper de bébés, les voir s'éteindre alors qu'ils n'ont parfois que quelques heures de vie, ou même plusieurs années, ce sont des épreuves terribles pour un chirurgien, qui doit affronter l'effondrement des parents. Mais sur une note positive, Yasmin serait certainement très à l'aise avec les enfants, à n'en pas douter.

Plusieurs minutes plus tard, la chirurgienne s'est installée dans son lit dans un soupir de soulagement et de bien-être fulgurant. Être chez elle lui fait un bien fou, le confort n'a rien à voir avec celui de l'hôpital. Et puis, quand ses billes marron rencontrent la silhouette de Yasmin vêtue de son propre pyjama, Helen se rend compte de la chance qu'elle a ce soir, de pouvoir dormir avec la personne qui a su conquérir son coeur pourtant devenu un roc incapable à fissurer, pour se protéger de nouvelles déceptions amoureuses. Avec Yasmin, rien n'est déception, tout n'est que bonheur. La jeune femme vient s'installer dans le lit face à la demande silencieuse de la chirurgienne, qui a déjà la tête posée sur son oreiller moelleux à souhait. « T’as raison, je l’aime beaucoup… Je crois que je vais le garder… » Son sourire s'élargit doublement ; à la fois parce que le geste de Yasmin lui plaît, si bien qu'elle constate qu'elle l'a régulièrement pour elle, et que ça la séduit à chaque fois, mais aussi parce qu'elle aime presque l'idée qu'elle annonce. « Ça peut devenir ton pyjama pour toutes les fois où tu viendras...» Parce que c'est la première fois, d'une longue série, hein ? Son regard suit le mouvement de Yasmin, qui s'immisce à son tour un peu plus profondément dans le lit, ce qui permet à leurs visages d'être à la même hauteur désormais. « Je n’aurais pas pensé me retrouver ici, après notre première rencontre à l’hôpital… » La douceur de cet aveu l'invite à avancer un peu plus son corps, de quelques millimètres, mais qui lui permettent de pouvoir encore mieux contempler les traits fins de la policière. Sa main valide brûle d'envie de toucher sa peau, de frôler ses lèvres, l'arête de son nez, ses pommettes, pour en découvrir la douceur et le grain régulier sous ses doigts. Elle ne cède pas à ce désir, mais elle se lève néanmoins pour venir s'emparer de la main droite de Yasmin, qu'elle a déjà eu l'occasion de tenir, et c'est pour cela qu'elle se permet ce geste. Elle a peur de mal faire, Helen, d'aller trop vite, de montrer comme son désir pour elle peut être fort... et ça cela, se mêle la fatigue, l'idée que, peut-être, ce n'est pas le meilleur soir pour s'octroyer des découvertes tentatrices. « Moi non plus, je n'aurai pas pensé... je dirai que la soirée d'Halloween nous a beaucoup aidé.» Les souvenirs de cette soirée resteront gravés dans sa mémoire, que même cet accident ou un autre ne pourrait les déloger. « Je suis contente que tu sois là... je me sens vraiment bien, avec toi.» Malgré sa condition, malgré sa douleur, malgré le traumatisme et le choc, Yasmin lui permet de détourner son esprit de tout ça. Elle panse naturellement ses blessures, physiques et mentales, et c'est précieux. Et parce qu'elle se sent si bien, près d'elle, elle sent à nouveau son corps qui tente de réduire encore un peu la distance entre elles, si bien que le bout de son nez finit presque par frôler celui de la policière, silencieusement, mais sans cette gêne qui pourrait si aisément s'emparer d'elle. « Je voulais te dire que... c'est la première fois, qu'une femme m'attire.» Elle n'a jamais osé l'avouer, mais Helen trouve que le moment est opportun ; il est délicat, serein, doux, avec une pointe de sensualité qui se dégage de ce rapprochement lent et contrôlé. Son regard est si proche du sien, qu'il peut aisément analyser les contours de la bouche pulpeuse de Yasmin. Il frôle chaque détail, de la commissure de ses lèvres à son arc de cupidon, qu'elle aimerait sincèrement frôler de sa bouche, plutôt que de ses yeux, alors elle avoue dans un souffle timide : « J'ai envie de t'embrasser...» C'est peut-être ridicule de lui demander l'autorisation, puisque son silence est une demande. Helen ne s'imagine pas fondre sur ses lèvres sans, même si elle l'aurait aisément fait durant cette soirée d'Halloween. Aujourd'hui, les circonstances sont différentes, son apparence l'est aussi, sa condition n'est pas la même, alors que Yasmin n'a pas changé, elle.

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Elle pousse ses lèvres en avant dans une petite moue hésitante quand Helen suggère la pédiatrie comme le service qui lui conviendrait le mieux puisque, en tant que mère d’une adorable frimousse de sept ans, elle s’imagine mal côtoyer des enfants malades à longueur de journées, accablés par des traitements lourds qui, parfois, ne sont même pas en mesure de les soulager ou de les sauver. Serait-elle en mesure de supporter le corps suppliciés des bambins dont elle s’occuperait ? À bien y réfléchir, le métier d’Helen lui paraît bien plus lourd que celui de lieutenant ; pour rien au monde elle ne voudrait échanger. C’est un luxe, elle le sait, Yasmin, puisque ses parents l’ont toujours encouragée à suivre ses désirs — même s’ils n’ont pas été franchement emballés par l’idée que leur fille côtoie le danger, alors que Helen lui a confié, dès leur première rencontre, que sa casquette de chirurgienne, on lui avait flanqué sur la tête presque de force. Elle s’en souvient très bien, mais elle n’identifie pas vraiment la douleur d’Helen quant à sa profession, pas encore, du moins. Heureusement la belle brune ne lui tient pas rigueur des maladresses dont elle se rend coupable sans même s’en rendre compte, et c’est avec un doux sourire aux lèvres que la policière la rejoint dans son lit, vêtue du pyjama qu’elle lui a prêté. « Ça peut devenir ton pyjama pour toutes les fois où tu viendras.. » parce qu’il y en aura d’autres ? se retient-elle de demander avec une effusion toute enfantine, pressée par l’envie d’instaurer cette réalité parmi ses habitudes ’’Je te prêterai volontiers un pyjama quand tu viendras chez moi…’’ qu’elle lui retourne en se disant qu’il est déjà hors de question qu’elle l’envoie dans la chambre d’ami : Yasmin sait déjà qu’elle va vite prendre goût à partager son lit avec Helen. Allongée à quelques centimètres d’elle, la joue reposant sur son oreiller, la lieutenant observe les traits de son beau visage, épuisé mais néanmoins somptueux, et elle se rend compte que sa présence l’apaise d’une manière tout à fait prodigieuse, lui conférant une sérénité qu’elle n’a que rarement connu dans sa vie, et qui se fait de plus en plus rare. Cela ne s’explique pas, l’alchimie doucereuse entre elles, c’est presque naturel, évident, innée.

Leurs doigts entrelacés, Yasmin courbe le coin de ses lèvres en regardant Helen se rapprocher, bienheureuse de voir que l’espace se réduit sur le lit, si bien qu’elle glisse également en sa direction jusqu’à ce que leurs coudes se touchent, et qu’il ne reste qu’une fine bordure d’oreiller pour séparer leurs visages. « Moi non plus, je n'aurai pas pensé... je dirai que la soirée d'Halloween nous a beaucoup aidé. » les souvenirs de cette soirée et des mots brûlants qu’elles ont échangé la fait sourire d’une façon tout à fait particulière, et elle se met machinalement à caresser sa main de son pouce, comme pour assouvir le besoin de la toucher, qu’elle n’avait pas pu étancher ce soir-là « Je suis contente que tu sois là... je me sens vraiment bien, avec toi. » l’aveu se dépose sur son coeur, et elle n’attend guère longtemps avant de lui répondre, puisque c’est une vérité à laquelle elle n’a aucune envie d’échapper : ’’Moi aussi, je suis bien avec toi…’’ plus qu’elle ne le devrait, d’ailleurs, peut-être ? Elles se connaissent si peu, dans le fond, mais il y a ce lien inexplicable, qui n’a pas besoin de l’être, qui résonne comme une évidence, comme la certitude que personne ne peut contester « Je voulais te dire que... c'est la première fois, qu'une femme m'attire. » ses sourcils se haussent sous la surprise car il lui avait semblé, dans leurs échanges de sms, que ce n’était pas la première fois qu’Helen draguait ouvertement une femme… Cet étonnement la conduit à garder le silence quelques secondes, parce qu’elle se demande également si la chirurgienne ne va pas être déçue ? Se rendre compte que ce n’était qu’une fantaisie passagère, une petite curiosité qu’il fallait expérimenter pour ne pas mourir bête, alors que la policière s’est sincèrement attachée à elle, à cette petite bulle de douceur qu’elles partagent et qu’elle aimerait voir perdurer, grandir même « J'ai envie de t'embrasser... » elle en meurt d’envie aussi, Yasmin, malgré les questions qu’elle se pose, alors elle glisse lentement sa main libre sur la joue d’Helen, la caressant délicatement de son pouce avant de se redresser pour se pencher au-dessus de son visage, permettant à ses lèvres pulpeuses d’échouer sur la bouche de sa comparse, qu’elle embrasse d’abord délicatement, presque timidement, comme si elle craignait de l’effrayer. Elle n’a pas envie de l’effrayer, Yasmin, elle veut la garder avec elle, et même si elle se dit qu’il lui faudrait y aller lentement pour ne pas perturber Helen, elle a du mal à quitter sa bouche maintenant qu’elle l’a frôlée, câlinée et recouverte d’un baiser infiniment tendre. En se reculant, quelques secondes après, elle cherche son regard d’un air un peu fébrile et craintive, comme pour vérifier qu’elle n’est pas écoeurée… Si c’est la première fois qu’elle embrasse une femme, cela va sûrement confirmer ou infirmer son attirance, non ? Et que faire si ce n’est finalement pas réciproque ?

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Les vibrations de la musique qui résonnent fortement ne sont pas si lointains, quand on s’intéresse de plus près à la temporalité de leur histoire, et pourtant, la soirée d’Halloween semble être passée depuis des mois ; la notion du temps, Helen l’a perdu à l’hôpital, dans ce lit froid et impersonnel qui a heureusement accueilli les étreintes tendres et délicates de la policière. Elle sait, la chirurgienne, qu’elle n’est plus totalement cette jeune femme qui a ouvertement montré à Yasmin qu’elle lui plaisait ; son attirance pour elle, elle n’a pas bougé d’un poil, ne serait-ce qu’elle ait gagné en intensité et en volume. Chaque message, chaque appel, ça a été un soulèvement de son palpitant qui n’attendait que ça : entendre sa voix, entendre ses sourires à travers le téléphone. Son accident de voiture les a rapproché d’une manière différente, mais pas déplaisante ; finalement, les choses sont allées peut-être plus lentement, ce qui n’est pas plus mal pour la chirurgienne qui profite d’ailleurs de ce moment délicat pour lui avouer que c’est nouveau pour elle, son attirance pour une femme. Helen ne veut pas prétendre plus longtemps qu’elle maîtrise le domaine à la perfection, puisqu’elle se lâche dans un inconnu qui lui tend désirablement les bras. Ce n’est pas de la peur qu’elle ressent face à ce saut ; la falaise de ses sentiments n’a rien d’effrayante, étant donné qu’elle est suffisamment certaine de ce qu’elle ressent pour franchir le pas des aveux. Sans cette certitude, les mots n’auraient jamais franchis la barrière de ses lèvres ; les déceptions, les souffrances liées à l’amour, elle a assez donné avec tout ça, la chirurgienne. Une procédure de divorce et une rupture prématurée plus tard, Helen a le souhait de préserver son cœur de mésaventures qui risquent de le piétiner encore plus fort ; mais elle sait. Elle sent, auprès de Yasmin, qu’elle lui réserve des surprises doucereuses, attendrissantes et excitantes à la fois. Tout ce qu’elle souhaite, Helen, c’est de ne pas faire de mauvais pas, et de paraître ridicule à ses yeux parce qu’elle se rend compte, après trente-quatre ans de vie, qu’elle est tombée éperdument sous le charme d’une femme.

Ses lèvres prononcent ces mots timides, qui dépeignent pourtant l’impatience de sa réaction ; à travers l’expression de cette envie, Helen attend que la policière lui donne l’approbation… ou mieux encore, qu’elle fasse le premier pas vers sa bouche. C’est difficile pour elle, de ne pas laisser l’intimidation prendre le dessus. Elle aimerait être assurée et capturer ses lèvres avec toute la douceur dont elles méritent ; elle aimerait lui adresser le même regard coquin que durant cette soirée, où les effluves de l’alcool l’ont grandement aidé à charmer la policière. Mais la vérité, c’est qu’elle pourrait presque se dérober, par manque de confiance en sa capacité à plaire à Yasmin, et encore plus après avoir admis qu’elle serait sa première fois, pour beaucoup de choses : son premier baiser, ses premières caresses, sa première relation et son premier amour féminin. Voir le visage de Yasmin se rapprocher du sien lui coupe la respiration, ses lèvres s’espacent de quelques centimètres pour inspirer de l’air qui ne vient pas aussitôt remplir ses poumons à qui on donne néanmoins l’illusion de pouvoir respirer au moment où la bouche de la brune effleure parfaitement la sienne. Sa lèvre supérieure s’immisce entre les siennes, pendant que le voile de ses paupières s’abaisse pour la laisser savourer ces secondes très tendres entre les deux jeunes femmes qui se retrouvent portées par le silence et la douceur de ce premier baiser. Une vague de chaleur glisse dans chaque veine, dans chaque muscle, dans chaque millimètre de peau, pour finalement n’atteindre qu’un seul et même point : le chemin de son cœur, qui se gonfle si fort face à l’affection évidente que lui communique Yasmin contre ses lèvres, qu’elle bouge très timidement. Le bonheur s’empare d’elle : le vrai bonheur, le pur, le brut, l’intense, c'est le premier sentiment qui la gagne, bientôt accompagné de l’attachement et de l’excitation. Evidemment que du désir se mêle à cette évidence qui s’impose en elle : Yasmin représente beaucoup pour elle, et dieu qu’elle l’attire terriblement. Le goût de ses lèvres qui lui font découvrir la douceur d’une femme est déjà bien parti pour lui faire connaître l’addiction de leur proximité, et elle le réalise, quand la policière recule son visage, mais pas son corps, pour chercher son regard. Quand elle ouvre les yeux, Helen, elle se rend compte qu’elle n’a pas bougé d’un millimètre, et que sa main est restée entre leurs deux corps, pour tenir le drap sous la surprise du flot de ses émotions, comme si elle n’osait pas la toucher. Embrasser Yasmin, c’est pourtant bien la chose la plus merveilleuse qui lui a été donné de vivre, et elle veut recommencer. Alors, après avoir capturé ses billes marron, presque noirs sur le contour de ses pupilles, la main d’Helen vient attraper le menton de la brune pour être celle qui demande à nouveau le contact, et elle est celle qui donne vie à la promesse de ne jamais partir ; elle est moins timide, puisque ce premier baiser lui a inspiré une vague de confiance qui lui manquait tout à l’heure. Helen plaît toujours à la policière, et elle ne juge pas son inexpérience, alors pourquoi se poser plus de questions ? Son esprit est vide d’interrogations quand ses lèvres se pressent un peu plus franchement contre ses jumelles, mais pas vide de bonheur, ni d’exaltation pour celle qui lui redonne foi en ce mot qui commence par un A. Sa jambe gauche se mêle aux siennes sous les draps, les doigts de sa main mobile se réfugient dans la légèreté de ses cheveux longs et ondulés, et son pied caresse délicieusement le mollet de sa douce qu’elle couvre de baisers ; c’est tendre, c’est sensuel, c’est fragile, c’est sentimental, et elle pourrait se délecter simplement de ses lèvres qu’elles souhaitent découvrir et choyer encore longtemps, Helen. Mais l’intensité des émotions qui l’ont traversé ont comme décuplé la fatigue qu’elle tentait de masquer tout à l’heure ; elle n’a pas très envie de quitter cette bouche au goût de velours, mais son corps réclame le sommeil. « Je suis fatiguée… » qu’elle souffle contre sa bouche, à peine éloignée de la sienne ; ses paupières papillonnent, elles sont le témoin de sa fatigue, sans parler des traits tirés de son visage. « Tu promets de rester toute la nuit près de moi ? » A travers ses mots, elle veut être rassurée, mais elle souhaite aussi lui montrer qu’elle a aimé, qu’elle n’a pas pris peur, et qu’elle est certaine de son choix : celui de l’avoir à ses côtés.

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@Helen Stenfield 11/2024 - st vincent hospital

Évidemment qu’elle retient son souffle, Yasmin, assujettie au risque d’être la seule à avoir apprécié la douceur de ce baiser presque timide, délicat, comme un voile fragile que le moindre mouvement brusque aurait pu déchirer. On ne soupçonne que rarement tout le chamboulement que peut provoquer la douceur, force paisible qui chahute tranquillement dans le vent, qui vient caresser le palpitant en lui octroyant des sentiments qu’on pensait perdus, inaccessibles, envolés. Mais elle s’en rend rapidement compte, Yasmin, que ses pensées cessent de s’agiter quand sa bouche épouse celle de la chirurgienne, dans un moment qui semble suspendre le temps à l’écho de leurs coeurs qui s’accélèrent en symbiose, noyant toutes les questions et toutes les hésitations qu’elles pouvaient encore se poser quelques secondes auparavant. C’est une évidence telle qu’elle s’impose d’elle-même, sans brusquerie ni violence, qui se contente de flotter à la surface de ses pensées comme un reflet que la lieutenant ne peut ignorer désormais : elle a des sentiments pour cette femme merveilleuse qui lui fait croire qu’un nouveau bonheur est possible, qui lui donne envie de partager toutes ses nuits avec elle, tous ces petits bonheurs qui semblent dérisoires mais dont elle veut connaître le goût à ses côtés, des réveils difficiles, des nuits agitées, des journées ennuyantes. Tout serait plus beau aux côtés d’Helen, elle le sait.

Mais elle craint de voir cette ébauche de bonheur disparaître devant une possible dépréciation de sa compagne, qu’elle observe d’un oeil craintif, emplit d’une appréhension muette qu’elle ne se sent pas capable de verbaliser ; mais elle n’en a guère besoin, Yasmin, puisque Helen est celle qui capture son menton pour renouer avec ses lèvres, lui délivrant le message qu’elle espérait tant et qui délivre son coeur d’une angoisse délictueuse. Leur second baiser se fait moins timide, s’affranchissant des questionnements pour ne laisser que l’attirance et la tendresse qu’elles partagent, si bien que la lieutenant sourit contre ses lèvres, sans rompre leur baiser puisqu’elle est déjà gourmande de la saveur de sa bouche pulpeuse, qui semble avoir été dessinée pour s’allier à la sienne — une théorie qui lui plaît grandement. Imitant leurs bouches, leurs jambes se mêlent sous les draps, et la main de Yasmin ose l’audace de se glisser sur la hanche de la chirurgienne, toujours avec cette douceur qui caractérise chacun de ses gestes à son égard : quoiqu’elle soit portée par l’euphorie de la découverte amoureuse, Yasmin n’oublie pas que sa belle a connu un accident particulièrement violent et que son corps est encore douloureux. ’’Tu me dis si je te fais mal, hein…’’ qu’elle lui chuchote entre deux baisers fugaces, qui comblent néanmoins son coeur d’une belle certitude : ce n’est que le début de leur histoire, et elles entament un nouveau chapitre cette nuit. « Je suis fatiguée… » sa main glisse dans son dos et l’autre remonte entre leurs deux visages pour effleurer sa joue du revers, pendant qu’elle lui chuchote : ’’Tu as eu beaucoup d’émotions aujourd’hui, je crois…’’ elle lui souffle avec douceur et en agrandissant son sourire avec une complicité presque malicieuse « Tu promets de rester toute la nuit près de moi ? » ses yeux se plantent dans les siens pendant quelques secondes, admirant chacun de ses traits délicats avant que sa bouche ne vienne déposer le sceau de sa promesse contre ses lèvres : ’’Je te promets de rester avec toi.’’ cette nuit, et les suivantes c’est peut-être ce que sa main, qui distille de tendres caresses dans son dos, écrit du bout de ses doigts, et elle la berce avec douceur jusqu’à ce qu’elle s’endorme, veillant sur son sommeil en ne pouvant s’empêcher de sourire, simplement heureuse d’être à ses côtés.

Contrainte de quitter le lit pour récupérer la pizza — que Helen semble avoir oublié, Yasmin s’extirpe des draps en faisant bien attention à ne pas réveiller sa belle, plongée dans un sommeil profond, pour la placer sur une étagère au réfrigérateur, avant de la rejoindre avec la même minutie. La présence d’Helen l’apaise irrémédiablement, et elle s’endort, pour une fois, sans penser aux tocards du commissariat qui lui mène la vie impossible : en respirant son parfum, en dormant contre sa peau, à l’abri dans ses bras, Yasmin oublie tout. Et il ne reste qu’elle.

rp terminé.