“Entre chien & loup” Levi Torres & @Mando Da Silva   : La nuit était déjà tombée en cette soirée de premier Décembre. L’été Australe approchait, rendant les températures douces. Bien que parfois encore un peu fraîche. C’est cette nuit parfaite, dépourvue de nuages, que Levi avait choisi pour faire une petite escapade. A son compte depuis longtemps, il avait ainsi le loisir de faire ses horaires. Aussi, tant pis s’il rentrait tard, rien ne l’obligeait à se lever tôt le lendemain. Il lui restait néanmoins pas mal de commandes à réaliser avant les fêtes. Aussi, il ne manquerait pas de se rattraper en travaillant probablement la nuit suivante.

C’est ainsi qu’il s’était retrouvée dans cette zone industrielle désaffectée. Garant sa moto en marge de cette dernière, non loin du terrain vague. Glissant son antivol sur la fourche de cette dernière, il attacha son casque, fourrant ses gants dans son coffre de selle. La nuit était claire. Et le halo blafard des réverbères environnant baignait le lieu d’une lueur inquiétante. pas pour Levi, qui avait toujours été doté d’une certaine insouciance.

C’est donc vétu d’un jean noir, d’un t-shirt tout aussi sombre, surmonté de son blouson de moto, qu’il s’avança. Dans sa main, un appareil photo dernier cri, presque digne d’un photographe professionnel. Ce qui ferait un peu sourire Camille sans doute, puisqu’il n’en avait clairement pas autant l’usage qu’elle. Evidemment, ce n’était pas son métier. Mais l’ébéniste aimait prendre le temps de se poser en dehors de la ville, ou même au cœur de celle- ci dans des endroits oubliés. Appréciant le calme du lieu, il entra dans le premier bâtiment sans un mot. Il n’avait pas peur. Mais il devait bien reconnaître que le lieu était lugubre. Impossible, pour l’heure, de savoir quelle activité avait autrefois abrité ces bâtiments. Un site métallurgique, peut-être. A en juger par les nombreuses chaînes et autres bastaings de métal qui en jonchent le sol. Son regard se leva vers la charpente éventrée, qui laissait passer quelques rayons de Lune. Son objectif se leva pour en capturer l’image.

Il poursuit sa progression. Sans lumière, laissant ses iris clairs s’acclimater à la faible lueur. Par les fenêtres crasseuses, la lumière des réverbères semblait fantomatique. Mourant presque à l’instant de percer une épaisse couche de poussière.  Pas un bruit, sinon celui de ses pas sur le sol bétonné. Levi s’était stoppé un instant, à l'affût. Au loin, il percevait le bruit de la circulation, en marge de la zone. Aussi sombre soit-il, ce lieu avait quelque chose d’appaisant.

 

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“Entre chien & loup”  @Levi Torres  & Mando Da Silva  « Da Silva. On a la cible en visuel. Tu peux confirmer ? » La voix grésilla dans l’oreillette de l’inspecteur, un murmure presque noyé dans les crépitements électriques. Mando Da Silva soupira en silence, laissant échapper une longue exhalation par le nez. Planqué depuis deux heures dans l’obscurité oppressante d’un hangar désaffecté à la périphérie de Brisbane, il en avait assez de jouer les planctons. Les criminels n’étaient jamais ponctuels. Vêtu d’un jean usé, de bottes épaisses et d’un blouson de cuir noir, il se fondait parfaitement dans l’ombre. Le hangar, anciennement un entrepôt de stockage, semblait lui-même attendre un sort depuis longtemps oublié. Ses murs de tôle rouillée étaient percés ici et là de trous béants qui laissaient passer des rais de lune, jetant des éclats argentés sur le sol jonché de gravats et de débris. L’atmosphère était lourde, saturée d’un mélange de rouille, de poussière et d’abandon.

Da Silva porta son regard sur l’homme qui venait d’entrer dans le champ de vision. Sous le faisceau vacillant d’un lampadaire lointain, la silhouette se dessina : un individu d’allure banale. Il pesta, murmurant dans sa barbe inexistante. « C’est pas la cible. C’est un civil. Je m’en occupe. » Il décrocha doucement son oreillette, réduisant temporairement le contact radio. Da Silva s’éloigna de l’ombre protectrice et s’avança sans bruit, ses bottes amortissant chaque pas sur le béton craquelé. Ses doigts effleurèrent instinctivement son holster, où reposait son arme de service, une présence rassurante dans cette nuit incertaine., Lorsqu’il fut à portée de voix, il interpella l’homme d’un ton neutre, teinté d’autorité.  « Bonsoir. Vous vous êtes perdu ? » Da Silva, méfiant, scrutait ses moindres mouvements. Ce n’était peut-être qu’un civil… mais parfois, l’apparence la plus banale cachait les pires intentions. Même s’il se doutait que lui-même ne devait pas inspirer une grande confiance. Son regard glissa rapidement sur l’homme devant lui, puis plus loin, vers un éclat lumineux qui attira son attention. L’éclat métallique provenait d’un objet dans la main du civil, un appareil photo. Il plissa les yeux pour mieux distinguer les contours de l’appareil.  Da Silva nota cependant une autre présence : celle, immobile, d’une moto garée un peu plus loin dans la rue. Sous le halo pâle d’un autre lampadaire, la bécane semblait briller comme une œuvre d’art. Son châssis noir chromé reflétait la lumière lunaire, et ses lignes élégantes avaient toute de suite capté le regard passionné de Mando. Un sourire, rare et sincère, vint éclairer brièvement le visage de Da Silva, adoucissant ses traits durcis par la fatigue. « Jolie bécane ! » lança-t-il d’un ton légèrement plus enjoué. Pour un instant, l’inspecteur oublia la tension ambiante. Il était passionné de motos, et cette beauté méritait qu’on s’y attarde. Il passa un bref regard admiratif sur les pneus, les rétroviseurs et le réservoir impeccablement poli.

Un bruit sec brisa le silence. Instinctivement, Da Silva tourna la tête, tendant l’oreille. Son regard scruta l’obscurité, mais il ne distingua rien de suspect. Le cliquetis métallique résonna à nouveau, suivi d’un faible bruissement. Une petite silhouette surgit alors des ombres, se mouvant avec la souplesse d’un prédateur nocturne. Un chat. Ses yeux jaunes, perçants, brillèrent un instant avant qu’il ne disparaisse dans un recoin. Da Silva relâcha légèrement la tension dans ses épaules, même si son instinct lui murmurait de rester sur ses gardes. La nuit avait le don de transformer le moindre détail anodin en potentiel danger. Revenant vers l’homme, il reprit d’un ton sec, mais pas hostile. « Drôle d’endroit pour une promenade, hombre. » Son accent vaguement marqué ajoutait une touche presque ironique à ses paroles. Il pointa du menton l’appareil photo que l’homme tenait toujours. « Et surtout, c’est pas vraiment prudent de vous balader avec ça. Ces ruelles, elles sont pas faites pour les touristes, et encore moins pour un type avec un appareil qui doit valoir une petite fortune. » Il pivota légèrement pour jeter un regard rapide en direction de la moto, toujours garée plus loin. Ses sourcils se froncèrent. « Et puis, laisser une bécane comme ça sans surveillance ici ? C’est pas une super idée non plus. »

Da Silva marqua une pause, évaluant l’homme devant lui. Il n’avait pas l’air d’un criminel, mais ça ne signifiait pas qu’il était hors de cause. Peut-être un innocent au mauvais endroit au mauvais moment. Peut-être autre chose. Il inclina la tête vers la rue déserte, ses mots devenant presque un conseil.  « Vous devriez aller voir plus loin. Ce coin, il n'est pas pour vous. Faites-moi confiance. » Le ton avait changé, plus bas, mais ferme. Une manière polie de dire : disparaissez avant que ça tourne mal. Alors certes, il pourrait juste lui montrer sa plaque. Mais si ce type était dans le groupe qu’ils attendaient, il pourrait tout aussi bien lui foutre une balle.

 

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“Entre chien & loup” Levi Torres & @Mando Da Silva   : Levi avait toujours eu ce petit côté insouciant. Il avait toujours eu le don de faire ce qu’il voulait, quand il le voulait. Et si autrefois, il avait un peu flirter avec les limites, ce n’était plus le cas aujourd’hui. Menant une vie bien rangée, avec ses hauts et ses bas, il ne faisait presque jamais de vagues. D’ailleurs, bien loin de lui l’idée d’en faire ce soir-là. Alors qu’il explore le lieu fantomatique avec un sentiment mêlée de quiétude et d’inquiétude, il n’aurait su expliquer ce qu’il ressentait vraiment. Mais une chose était certaine, il n’était pas mécontent d’être venu. Profitant du calme du lieu, il faisait son possible pour ignorer les grincements stridents des portes métalliques qui ployaient sous le vent léger de ce début Décembre.

D’un naturel courageux - ou stupide - Levi n’était pas du genre peureux. Et pourtant, son sang ne fit qu’un tour alors qu’il perçevait un son étrange au loin. Des bruits de pas, s’il ne se trompait pas. Au milieu de ce hangar désaffecté, il n’était pas franchement à couvert. Aussi, il se figea, tendant l’oreille. Sa respiration s’était faite lente et maîtrisée alors qu’il cherchait à trier les échos pour repérer la provenance exacte des pas qui semblaient s’approcher de lui. Ses iris clairs se tournèrent instinctivement en direction du bruit, observant une silhouette approchant, à peine illuminé par la lueur blafarde de la lune qui peinait à percer les tôles de plexiglas crasseuses. Il aurait presque sursauté alors que l’homme prenait la parole. Mais Levi semblait trop concentré pour ça. « Bonsoir. » Avait-il simplement répondu d’une voix sans timbre. Ce qui était très rare le concernant. D’ailleurs, fait encore plus rare, il n’avait pas sourit.

Bien qu’insouciant, il se plaisait à croire qu’il n’était pas complètement stupide. Il ne connaissait pas cet homme. Et le contexte ne l’aidait pas à l’apprécier. Sa question le surpris d’ailleurs. Qui pouvait bien se perdre dans un lieu pareil? Tout était vide. Grand. Spacieux. A part volontairement - ou sous le coup d’un enlèvement - à ses yeux, personne ne pouvait se “perdre” ici. « Je pourrais vous retourner la question. » Lança t-il alors, méfiant. Il avait esquissé un sourire bref. Un rictus, davantage. Il était un peu nerveux, pour tout dire. Et si ce type était un criminel? Il n’était pas du genre à s'inquiéter, mais vu le lieu, c’était une possibilité. Il demeura calme, néanmoins.

D’ailleurs, il suivi le regard de l’homme qui semblait subitement interessée par sa moto. Lui qui venait tout juste de revendre son ZX6-R pour la remplacer par une Triumph Daytona 675, ça l’aurait tout de même emmerdé que ce type s’en prenne à sa bécane. Il demeura de marbre, méfiant. « Merci, un connaisseur? » Avait-il reprit histoire d’en savoir un peu plus sur ses intentions vis à vis de l’engin. L’interrogatoire continuait, le faisant douter quant à l’aspect criminel de cet homme? Un flic? Peut-être bien. Encore une fois, Levi se montra imperturbable, bien qu’il sentait les accélération de son cœur dans sa poitrine. Sa mâchoire s’était quelque peu crispée avant qu’il ne reprenne. « No es tan extraño ya que tú también estás allí (Pas si étrange puisque vous vous y trouvez aussi)  » Avait rétorqué Levi, presque provocateur, en un espagnol parfait, aux R très marqué, à la colombienne.

« Vous dites ça comme si elle risquait quelque chose. Vous avez des projets?  » Avait-il rétorqué, notant dans son esprit de ne pas trop revenir ici dans les prochains jours. Pour l’heure, il n’était pas certain de l’issue de cette discussion. Lui qui avait l’habitude de rire de tout, il ne riait pas vraiment en ce moment. Hors de question pour lui de montrer la moindre inquiétude cependant. Ceci dit, la dernière phrase de l’homme qui lui faisait face lui arracha un rire franc. Nerveux, peut-être, en fait. « Pas pour moi? Qu’est ce qui vous fait dire ça? Vous êtes qui au juste? Un gars des forces spéciales? Un lieutenant de la police? Si vous étiez un criminel vous ne m’auriez pas mis en garde.  » Notifia t-il en haussant les épaules, reprenant son sérieux. Levi avait l’habitude d’être libre. De faire ce qu’il voulait, quand il le voulait. Et le fait que cet homme vienne lui dire gentiment de déguerpir l’emmerde. Vraiment. Et pourtant c’est un fait assez rare.


 

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