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Kehlani Mayfield &   @Mia Bosko

Cela ne faisait pas tellement longtemps que Kehlani travaillait au cinéma twelve happy spectators, mais elle avait manqué de peu de se faire virer dès la première journée. Ses aptitudes sociales laissaient définitivement à désirer. Entre l’accueil des clients, la caisse et le ménage, elle avait beaucoup à penser. Son plus gros défi restait de réfléchir avant de parler. Ses collègues ne la connaissaient pas vraiment encore et elles n’étaient pas en mesure de deviner comment elle pouvait réagir à tel ou tel évènement. Il fallait qu’elle se trouve un mécanisme pour ne pas sauter à la gorge de certaines personnes. Ce que les gens pouvaient être cons quand même! Une chose était certaine, Kehlani restait quelqu’un de têtue et elle n’allait pas abandonner aussi facilement. « ce que les gens peuvent être dégueulasse… marmonna-t-elle pour elle-même en ramassant non seulement du pop-corn dans la salle, mais aussi des chewing-gums collés sur les sièges ou bien même de la liqueur douce sur le plancher qui donnait l’effet d’une ventouse au niveau de ses chaussures. Pourquoi faisait-elle tout ça déjà? Ah oui, au départ, c’était pour adopter un chien pour sa meilleure amie. À cette pensée, elle donna un coup de pied rageur dans un sac de pop-corn qui traînait bêtement sur le sol. Résultat? Elle en mit partout. « t’es censée réfléchir avant d’agir… » Elle ne s’écoutait même pas parler et soupira une nouvelle fois avant de regarder le restant du travail qu’elle avait à faire. L’américaine se devait  aussi de se rappeler qu’elle avait besoin de cet argent pour payer son loyer. Ce n’était pas en râlant et en perdant son travail dès la première semaine qu’elle allait y arriver. Elle se disait aussi qu’il y aurait une autre récompense à la clé. Elle pourrait réaliser son rêve de proposer l’idée de faire un marathon de films d’horreur durant un week-end au complet. Elle avait déjà la liste de films en tête et elle proposerait l’idée dès que possible. En ce moment, la brunette devait se changer les pensées, sinon elle allait sombrer. Heureusement qu’il y avait encore une âme qui tenait encore à elle sinon peut-être serait-elle réellement au fond du gouffre. « ce soir, tu vas devoir fermer toute seule. j’ai une urgence… » hein? quoi? Lani regarda sa collègue d’un air incrédule. Elle avait passé la tête au niveau de la porte de la salle où elle se trouvait et elle lui avait balancé les clés. « je sais que t’es nouvelle et tout, mais t’as indiqué que tu étais débrouillarde sur ton c.v. je suis sûre que tu sauras quoi faire! à demain! » Avant que l’étudiante puisse dire quoi que ce soit, elle avait déjà disparu. « eh merde… » Elle posa ses fesses sur un des siègles avant de réaliser qu’elle n’avait pas enlevé le chewing-gum qui s’y trouvait. « ouais, le karma s’acharne sur moi visiblement. » Elle ferma les yeux quelques instants pour ne pas se mettre à crier parce que c’était uniquement cela dont elle avait envie. S'époumoner jusqu’à ce qu’elle n’ait plus de souffle.

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Mia Bosko &  @Kehlani Mayfield twelve happy spectators

Le cinéma, c’est pas nécessairement ma destination préférée, mais j’aime me laisser tenter une fois de temps en temps. Et évidemment, étant du genre à être accro aux thrillers en tout genre, j’ai pas pu résister face au dernier qui est sorti et, évidemment, je suis allée au cinéma dès que j’ai eu un soir de libre. J’aurais pu y aller en journée, évidemment, mais considérant que c’était pour aller voir un film d’horreur, ça m’aurait donné l’impression de faire les choses à moitié, et je déteste cette idée. Alors j’ai attendu d’avoir un soir où je ne bossais pas et, dès que j’ai pu, j’ai sauté sur l’occasion. Au final, qu’est-ce que j’ai pensé du film ? Je me retrouve à la fois satisfaite et déçue, un mélange auquel je ne m’attendais définitivement pas mais qui, malgré tout, est là, bien installé. Ce n’est pas tant que le film est mauvais, c’est plutôt qu’il est un peu trop prévisible à mon goût et, du coup, ça m’a gâché l’expérience. Pour autant, ça reste un bon film, donc je ne peux pas vraiment ignorer la satisfaction que j’ai eue tout au long de ce dernier.

Le seul vrai problème, au final, c’est que j’ai été assez con pour laisser tomber ma carte de bus et, évidemment, je ne m’en suis rendue compte qu’une fois à mon arrêt. Imbécile. Du coup, j’ai passé un temps fou à retracer le moindre de mes pas, espérant retrouver cette foutue carte. Bon, si je l’ai faite tomber en pleine rue, y a plus de chances que je la retrouve pas qu’autre chose, mais ma foi, sait-on jamais. Sauf que mes pas, sans grande surprise, m’ont ramenée jusqu’au cinéma. Sur place, je retrace à nouveau mes pas et, sans grande surprise, toujours rien. Merde. Avec un peu de chance, elle est sortie de ma poche quand j’étais dans la salle de cinéma mais, assez franchement, j’y crois pas vraiment. Mais considérant que c’est mon dernier espoir, disons que je vais pas abandonner l’idée de sitôt. Du coup, je retourne jusqu’à la salle que j’ai abandonnée il y a plusieurs minutes et, alors que j’allais rentrer dans cette dernière, j’entends des échanges. Enfin, ce ne sont pas vraiment des échanges, c’est plutôt une personne qui parle à, j’imagine, une autre, décidant visiblement de lui laisser tout le boulot. J’arque un sourcil et, dès qu’elle est partie, je rentre dans la salle de cinéma, mon regard se posant rapidement sur celle qui, j’imagine, est la petite nouvelle qui se retrouve avec toutes les corvées. « J’espère que t’es au courant qu’elle a probablement pas d’urgence et qu’elle préfère juste rentrer chez elle. » Ok, c’est pas génial comme entrée en matière, mais c’est clairement l’impression que ça donne, en même temps. Pour quelqu’un qui a une urgence, elle n’avait eu l’air ni stressée, ni pressée, donc bon. Je remets une mèche derrière mon oreille avant de finalement reprendre la parole. « Promis, je resterai pas dans tes pattes trop longtemps. J’ai peut-être égaré ma carte de bus dans la salle, y a des chances que tu l’aies déjà récupérée ? » On sait jamais hein, peut-être que finalement, la chance sera de mon côté. Et pour ce qui est du fait que je ne vais pas rester dans ses pattes trop longtemps, c’est pas complètement vrai. Si elle ne me demande pas explicitement de partir, je resterai probablement. Ca lui fera de la compagnie et à moi aussi, donc c’est donnant donnant, non ?

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Kehlani Mayfield &   @Mia Bosko

Marmonnant quelques insultes, Kehlani n’avait désormais plus envie de se relever du siège où elle était assise. Elle pensait non seulement à la gomme qui était collée à ses fesses, mais aussi à la tâche monumentale qui l’attendait. Sa collègue n’avait vraiment pas été fairplay en lui demandant de fermer, alors qu’elle avait rien foutu en fait. L’américaine avait encore à finaliser le ménage dans cette salle, mais l’autre également. Le cinéma était petit, c’était la seule chose qui lui permettait de se dire qu’elle allait s’en sortir avant les petites heures du matin. Heureusement, elle était payée à l’heure et elle se ferait un plaisir de dire que sa collègue l’avait lâchement abandonné pour justifier sa paye. Il y avait cependant quelque chose de cool à être toute seule dans un cinéma. Il ne fallait pas tout prendre au sens négatif. Elle pourrait se goinfrer de pop-corn jusqu’à en avoir mal au cœur. Elle pensait justement à son coloc qui aimerait probablement qu’elle lui en ramène. Elle garda donc ça dans un coin de sa tête tandis qu’elle se donnait le courage de se lever. La brunette manqua de faire un arrêt lorsqu’elle entendit une voix derrière elle.   « J’espère que t’es au courant qu’elle a probablement pas d’urgence et qu’elle préfère juste rentrer chez elle. » Kehlani se retourna brandissant son balais, mais tomba face à face avec une blonde toute menue qui n’avait rien à voir avec des tueurs en série traditionnels. « Non, mais ça va pas? j’ai failli mourir d’une crise cardiaque… »  Okay, elle exagérait probablement ou pas. Toujours dramatique la Kehlani. La brunette poussa un long soupir, puis finalement, elle décida de descendre de son piédestal. « ouais, tu as sûrement raison… Y’EN A QUI SONT LÂCHES! y’as que les vrais qui travaillent… » Kehlani haussa les épaules. Elle reporta son attention sur la blonde, se demandant d’ailleurs ce qu’elle pouvait bien faire là puisque le dernier film s’était terminé il y avait une bonne vingtaine de minutes de cela, les crédits inclus. « Promis, je resterai pas dans tes pattes trop longtemps. J’ai peut-être égaré ma carte de bus dans la salle, y a des chances que tu l’aies déjà récupérée ? » Kehlani se mit à réfléchir quelques instants, mais non, elle ne l’avait pas vu. « je peux t’aider à chercher si tu veux. où étais-tu dans la salle? » Kehlani qui offrait son aide? On aura tout vu. Après lui avoir crié après, c’était bien la moindre des choses. « tu as tellement aimé le film que tu voulais le revoir? » Elle posait une question dérivée, mais elle souhaitait réellement savoir. Après tout, la blonde était jolie et si elle aimait les films d’horreur, c’était d’autant plus intéressant. « tu t’appelles comment? tout d’un coup que je trouve une carte, mais qu’elle soit pas à ton nom… je voudrais pas te décevoir… »  Kehlani était particulière…. lorsqu’elle s’adressait aux gens, mais elle n’était pas méchante… juste différente. En vrai, elle appréciait la compagnie et elle espérait que la jeune femme reste un peu. Elle ne lui imposerait pas du ménage, ça c’était définitif, mais une simple présence lui ferait le plus de bien.

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Mia Bosko &  @Kehlani Mayfield twelve happy spectators

Ouais, bon, ok, peut-être que j’aurais pu faire un quelconque bruit avant de parler, histoire de me faire remarquer et de moins la surprendre. Mais en même temps, est-ce que le bruit en question ne l’aurait pas faite flipper, lui aussi ? Y penser risque d’être un sacré cercle vicieux, donc disons que je préfère m’arrêter là avec ce cycle de pensées. « Pardon, pardon. » Difficile de dire grand-chose de plus, de toute manière. Je l’ai surprise, elle n’a pas apprécié -pour de bonnes raisons-, autant passer à autre chose, non ? Visiblement, elle semble plus ou moins de mon avis, vu qu’elle rebondit directement sur ce que je lui ai dit. Face à sa remarque, j’hausse les épaules. « Malheureusement, je crois que c’est pareil peu importe le boulot. Y aura toujours des cons pour profiter des petits nouveaux. » Et disons que j’ai assez souvent changé de boulot pour pouvoir le dire. Bon, ok, c’est peut-être de ma faute si j’ai enchaîné autant de boulots différents mais ça, disons que c’est une autre histoire.

La bonne nouvelle, c’est qu’elle a l’air ok avec le fait de m’aider et, considérant que je serai dans un sacré pétrin si je retrouve pas ma carte de bus, disons que c’est une aide que j’accepterai avec plaisir. Je m’avance encore un peu, entrant définitivement dans la salle, laissant la porte se rabattre derrière moi, se fermant pourtant sans faire trop de bruit. « J’étais vers le centre de la salle, par là. » Je tends la main une rangée de siège en particulier, me rapprochant histoire de l’aider à chercher. Elle a beau bosser ici, j’ai pas trop envie qu’elle cherche seule, c’est pas vraiment à elle de réparer mes conneries, après tout. Face à sa question, un petit rire s’échappe finalement d’entre mes lèvres. « Le film est pas mauvais hein, mais il est définitivement pas assez bon pour que je décide de le voir deux fois, et encore moins deux fois de suite. » Parce que bon, si je me suis pas nécessairement trop ennuyée la première fois, je ne doute pas du fait que ça sera le cas la deuxième fois, ce film manque un peu de rebondissements, ce qui craint un peu, pour un film d’horreur.

Arrivée à son niveau, je commence à regarder autour de moi au niveau du sol, le tout dans l’espoir de voir cette fichue petite carte que je cherche depuis bien trop longtemps à mon goût. Quand elle reprend la parole, je relève la tête vers elle. « Mia Bosko. » Manquerait plus qu’on ait été deux à perdre notre carte le même soir dans la même salle. M’enfin, considérant que le risque zéro n’existe pas, valait mieux faire dans la prudence, j’imagine. « Et toi, comment tu t’appelles ? » Non parce que bon, quitte à lui faire perdre un peu de temps, autant qu’on en profite et qu’on discute un minimum, non ? De toute manière, elle va visiblement se retrouver à faire une part de boulot qu’elle était pas censée faire à la base, donc bon, c’est pas comme si le fait de discuter avec quelqu’un allait la faire être sanctionnée. « Et tu finis le boulot à quelle heure, d’ailleurs ? Si tu veux, on pourrait aller boire un verre quelque part ? »

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Son interlocutrice avait parfaitement raison et Kehlani ne put qu’acquiescer à ses paroles. Oui, il y en avait toujours qui allaient profiter des autres, cela ne faisait aucun doute. Si sa collègue n’était pas partie si vite, elle lui aurait servi des répliques cinglantes, mais elle avait été prise au dépourvue. Pour une fois qu’on lui clouait le bec… Il fallait indiquer ça au calendrier. En fait, sa collègue avait simplement été chanceuse et avait bien joué son jeu en ne lui laissant pas le loisir de répliquer quoi que ce soit. « ouais, mais tu sais quoi? j’ai pas dit mon dernier mot. Elle s’est pas frottée à la bonne personne. » La brunette lui fit un clin d'œil amusé. Elle avait plus d’un tour dans son sac et elle aurait un juste retour à l’envoyeur. Rien de bien méchant et rien qui pourrait lui faire perdre son boulot, mais quand même, elle trouverait bien quelque chose pour lui faire payer sa lâcheté. Elle ne savait pas si l’inconnue serait de son côté sur ce point-là, mais ça ne l’empêcherait pas de l’aider à trouver sa carte de bus. Elle lui mentionna qu’elle se trouvait vers le centre de la salle en lui pointant de la main. Heureusement, elles avaient un endroit plus précis où chercher. Kehlani s’exécuta et commença à regarder sous les bancs avec l’inconnue. La brunette sourit à la réplique de la blonde. « il y a des films que je regarde plusieurs fois de suite, mais je dois être l’une des rares… » lui mentionna-t-elle en ayant un petit rire amusé. ou bizarre, hein? c’était selon les opinions… « Mia Bosko. » - « enchanté Mia. ta carte est peut-être tombée entre les bancs aussi… » L’américaine pinça les lèvres ensemble. Elle n’était pas certaine de vouloir mettre ses mains-là, mais pour la jeune femme - trop jolie qui plus est, elle pourrait bien se salir un peu plus. Après tout, avec la gomme sur son postérieur, elle n’était déjà pas du tout à son avantage. « moi, c’est Kehlani. je te serrerais bien la main, mais elles sont toutes collantes à cause des boissons gazeuses qui ont coulé et que j’ai dû ramasser.. » ouais, son boulot n’était pas le plus sexy, il fallait se le dire. Elle commença à fouiller entre les bancs, trouvant toutes sortes de choses qu’elle aurait voulu totalement ignorer. Néanmoins, l’américaine se força à sourire, continuant de s’affairer à la tâche. « trouver! ah non, faux espoirs… c’est juste une carte de crédit… Oh mais, ça peut être intéressant… » pourquoi pas? Kehlani n’était pas une mauvaise personne, loin de là, mais peut-être que Geoffrey Langdon avait un bon crédit, sait-on jamais? « je blague hein? je ferais pas ça… » mais c’était tentant. « Et tu finis le boulot à quelle heure, d’ailleurs ? Si tu veux, on pourrait aller boire un verre quelque part ? » Kehlani se releva, tout sourire, surprise de  l’offre, mais elle n’allait pas refuser, ça c’était certain. « normalement, je finis lorsque j’ai lavé cette salle-ci et l’autre… Mais si tu es patiente, j’aimerais beaucoup. Mais va falloir que je me change aussi après…. pour être présentable. » lui dit-elle avec un très sourire qu’elle parvenait à peine à contenir. « regarde ce que j’ai trouvé! » Elle lui tendit la carte. « que fais-tu comme travail toi? et as-tu des emmerdeurs de collègues comme la mienne? » lui demanda Lani en accélérant le rythme pour nettoyer la salle. « et je t’autorise à aller prendre le plus grand format de popcorn que tu peux trouver en attendant que je finisse. promis! je fais vite! » Si on la mettait au défi, elle pouvait s’avérer la meilleure personne pour du ménage. C’était assez ironique vu le bordel qu’elle laissait constamment à Lincoln à la villa.