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Mia Bosko & @ishtar brown Electric Playground

I usually don't pay that much attention to other people but sometimes, I can't help myself, there's something that I can't shake, some kind of friendly attraction.

Juin 2022

Ce boulot commence à me lasser, c’est un fait. Ce n’est pas tant que ça se passe mal, ce n’est pas le cas, mais disons que l’ambiance ne me convient pas vraiment ou, plutôt, ne me correspond pas vraiment. Comment est-ce que ça pourrait mieux me correspondre ? Je n’en ai pas la moindre idée, assez franchement. A vrai dire, tout ça n’est qu’un ressenti qui est difficilement explicable ou qualifiable, donc il faut bien faire avec. Peu importe ce que j’en pense, ce boulot me paye mes factures et mon loyer, donc j’ai conscience que je ne suis pas nécessairement à plaindre. Mais disons que du coup, je ne me donne définitivement pas autant à fond que si mon boulot me plaisait. En même temps, faut dire que si j’y réfléchis, j’ai jamais eu de boulot qui me plaisait vraiment. Certains diront probablement que je suis difficile et franchement, ils auraient peut-être raison. Mais bon, tout n’est pas nécessairement négatif dans ce boulot, au contraire. Je bosse dans une boîte qui me plaît et, en même temps, l’ambiance y est plutôt agréable. Alors évidemment, certains clients sont bien plus agaçants que d’autres, mais disons que c’est de l’ordre du détail, tout comme le fait que parfois, les DJ qui viennent, je déteste ce qu’ils font. Mais je suppose que ça fait partie du deal quand on bosse dans une boîte de nuit, non ?

Mais, parmi les points positifs de ce boulot, il y a aussi -et surtout- une de mes collègues, elle aussi barmaid, Ishtar Brown. On se connaît sans vraiment se connaître, le tout grâce à quelques discussions échangées par ci par là, mais sans plus. Ce que j’aime tout particulièrement, chez elle, c’est son tempérament. Elle n’hésite pas à remettre les clients les plus agaçants à leur place, le tout sans pour autant dépasser la limite de l’impolitesse, vu que les patrons n’apprécieraient probablement pas trop. Puis elle a cette présence et ce comportement qui, franchement, me plaisent beaucoup. Je ne pense pas facilement ça d’autres personnes, étant généralement plus du genre à les ignorer plutôt qu’à émettre un avis mais avec elle, c’est comme si je ne pouvais pas spécialement m’en empêcher. Ca m’est déjà arrivé avec d’autres personnes mais, dans le cas présent, c’est positif et ça, c’est déjà plus rare.

On bosse sur le même service ce soir. Ce n’est pas la première fois que c’est le cas, ce n’est surement pas la dernière non plus mais, pour autant, ça ne nous donne pas nécessairement beaucoup le temps de discuter. Là, au contraire, ça fait un moment qu’on gère un sacré afflux de clients, comme souvent le week-end. Certains sont agréables, d’autres sont désagréables, donc rien de bien marquant ici non plus. Mais, avec le temps, un moment d’accalmie finit par pointer le bout de son nez. Franchement, ça fait pas de mal, au contraire même. Après m’être essuyer les mains sur un torchon, je tourne la tête vers Ishtar, me rapprochant d’elle. « Je sais plus si je te l’ai déjà dit, mais j’adore le tempérament que t’as avec les clients. » J’aimerais avoir la prétention de dire que j’arrive autant à les remettre à leur place qu’elle mais, malheureusement, j’ai bien conscience que ce n’est pas nécessairement le cas. Je manque de « finesse », si on peut dire ça de cette manière-là. « Mais tu fais bien de pas te laisser faire, en tout cas. Certains se croient tout permis, et ça craint. » Je me doute bien qu’elle n’a pas besoin de mon approbation et, au final, ce n’est pas ce que j’essaye de lui donner. Au contraire, peut-être que c’est plutôt une forme d’appréciation ou d’encouragement.

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Ishtar Brown &  @Mia Bosko Electric Playground

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Juin 2022, Ishtar 27 ans, Mia 21 ans

Cela faisait déjà trois ans que tu travaillais à la boîte de nuit Electric Playground. Tu te rappelais tes premiers jours en tant que barman comme si c’était hier et ta rencontre avec un policier ayant intervenu pour un client un peu trop proche de toi. Il y a quelques années tu étais une personne qui se faisait marcher dessus, ne répondant pas aux remarques déplacées des clients. Tu étais jeune, tu venais juste d’arriver en ville, ayant arrêté ton travail de mannequinat que tu faisais depuis tes 18 ans. Une nouvelle vie, un nouveau travail. Tu avais dû apprendre sur le tas, toi qui n’avais jamais travaillé en tant que barman. Maintenant tu pouvais servir n’importe quelle boisson à tes clients qu’il s’agissait de cocktails softs ou avec alcool.
Tu as également changé de comportement avec les clients. Un peu plus proche de tes clients favoris, leur parlant plus, en apprenant plus sur eux et tu ne te laissais plus faire avec ceux étant trop intrusifs. Des petites remarques rapides en haussant le ton et cela suffisait pour que ceux-ci arrêtent rapidement. Et si ce n’était pas le cas, le videur à l’entrée les mettaient dehors. Ce qui n’était plus le cas aujourd’hui.
Tu appréciais ce nouveau travail qui changeait de ton ancien métier. Tu appréciais le contact avec les gens, leur servir à boire, apprendre à les connaître. Le seul inconvénient restait les horaires ainsi que la musique qui n’était pas spécialement à ton goût. Tu rentrais souvent chez toi exténuée et avec quelques acouphènes.
Tu jetais un regard vers Mia, ta collègue, elle aussi barman. Elle était plus jeune que toi de quelques années mais vous vous entendez bien toutes les deux. Des petites discussions de temps en temps quand vous avez le temps de discuter. Tu ne sais pas grand chose sur elle mais cela ne te dérange pas. Elle ne souhaites peut être pas parler d’elle, ce que tu comprenais. Ce soir, tu travailles en sa compagnie. Vous n’êtes que toutes les deux. Comme tous les week-ends , les clients sont plus nombreux qu’en semaine. Des clients sympathiques et d’autres plus désagréables. Comme d’habitude. Au bout d’une heure ou deux les clients sont moins nombreux dans la boîte de nuit. Après avoir servi un client, tu lui tournas le dos pour prendre une bouteille d’eau et boire une gorgée. Tu n’avais pas bu depuis quelques heures. Tu n’avais même pas eu le temps de manger un petit quelque chose.
Tu vis Mia se rapprocher alors de toi. Vous pouvez enfin vous parler. Un compliment de sa part pour te dire qu’elle aimait le tempérament que tu avais avec les clients. Tu lui souris en buvant une nouvelle gorgée. “Merci ! Mais tu sais je n’étais pas du tout comme ça au début. C’était plutôt les autres collègues voir même les autres clients qui intervenaient pour prendre ma défense.” La jeune femme continua en te disant que tu faisais bien de ne pas te laisser faire et que certains se croyaient tout permis. Tu haussas les épaules. “Malheureusement il existera toujours ce genre de personne, peu importe le lieu. Heureusement pour le moment je ne suis pas tombée sur un client violent. Je ne sais pas trop comment je réagirais si je tombais sur ce genre de personne.”. Tu aurais au moins le bar pour te protéger. A moins que l’homme ne saute par-dessus le bar pour te rejoindre. Tu servis un nouveau client, une jeune femme qui paraissait bien jeune physiquement et repris alors. “Comment vas-tu en ce moment ? Tout se passe bien au travail ? Tu n’as pas l’air très en forme.”

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Mia Bosko & @ishtar brown Electric Playground

I usually don't pay that much attention to other people but sometimes, I can't help myself, there's something that I can't shake, some kind of friendly attraction.

Ce qu’elle me dit n’est pas vraiment surprenant. Probablement que tout le monde a besoin d’un peu de temps -et d’un peu d’assurance- avant d’oser renvoyer tout le monde -et surtout des inconnus- paître. Ce n’est pas toujours facile, surtout que quand on est face à des inconnus, on ne peut absolument pas savoir comment la personne en face de nous réagira. Ca rajoute une forme de complexité, une complexité qui ne me dérange pas nécessairement mais qui, j’en ai bien conscience, peut en déranger beaucoup d’autres. Visiblement, ce n’est pas non plus le cas d’Ishtar ou, à minima, ce n’est plus son cas. Difficile de savoir comment elle était avant, considérant que je n’ai fait sa rencontre qu’il y a peu de temps, quelques mois tout au plus. « C’est bien, que tu aies eu des personnes prêtes à intervenir pour t’aider. » Mine de rien, tout le monde n’a pas cette chance. Soit parce que les personnes présentes autour d’elles s’en fichent, soit parce qu’ils ne veulent pas prendre de risque, soit pire, parce qu’ils sont d’accord avec ceux qui font mal les choses. Mais clairement, elle n’a pas tort sur une chose : ce genre de personne existe, peu importe où on se trouve et, mine de rien, savoir qu’on peut recevoir un coup de main, c’est plutôt pratique. « Non, j’ai l’impression qu’ici, les clients lourds sont plus lourds que violents. J’espère que j’ai raison, à minima. » Ceci dit, je ne doute pas du fait que si qui que ce soit se retrouvait face à quelqu’un de violent, quelqu’un interviendrait, même si ce n’était « que » la sécurité. Après tout, c’était leur boulot, non ? Manquerait plus qu’ils n’interviennent pas. Est-ce qu’Ishtar interviendrait, elle ? Difficile de le savoir. Est-ce que j’interviendrais si les rôles étaient inversés ? J’ai tendance à vouloir penser que oui, mais en soi, je n’en sais rien. Après tout, il n’y a pas un dicton qui dit qu’on ne sait jamais ce qu’on fera face au danger jusqu’au moment où on y fait face ?

Sa question, si elle me surprend, ne me surprend définitivement pas autant que sa remarque. Tu n’as pas l’air très en forme. Donc ça se voit ? Bon à savoir, j’imagine. Je dirais bien que je me pensais meilleure actrice que ça, mais c’est faux, je n’ai juste probablement pas souvent été entourée par des personnes qui en avaient quoique ce soit à faire. Après tout, en dehors des Anderson et de mon frère, est-ce que qui que ce soit d’autre avait fait attention à moi ? Une partie de moi espère que oui, l’autre se dit que ce n’est probablement pas arrivé. C’est plus facile de partir défaitiste plutôt que d’espérer et d’être déçu, non ? « Je vais plutôt bien, je suis pas trop à plaindre. » Ce n’est pas nécessairement faux, c’est l’avantage. Mais à la fois, ça ne répond pas vraiment à sa question, ou en tout cas pas à sa deuxième question. « Et j’ai pas à me plaindre de comment ça se passe ici non plus mais.. » Comment dire ça ? Après tout, je suis la première à ne pas complètement savoir ce que je ressens vis-à-vis de mon boulot ici, à l’Electric Playground. « J’ai l’impression que c’est pas vraiment fait pour moi, ici. Je veux dire, ça se passe pas vraiment mal, mais je sais pas vraiment si je peux dire que ça se passe bien non plus. »  L’avantage, c’est qu’encore une fois, je ne mentais pas, je me contentais d’une vérité qui, pour le coup, était aussi troublante que ce que je ressentais. « Puis dans tous les cas, j’ai l’impression que le courant ne passe pas vraiment avec les patrons donc.. j’imagine que je saurai vite ? » Probablement qu’à leurs yeux, je suis imprévisible et que je suis un électron libre. Est-ce qu’ils ont tort ? Pas vraiment. Je l’ai toujours été, j’en ai bien conscience d’ailleurs, à croire que ce n’est pas vraiment compatible avec un lieu de travail comme celui-ci.

Mais là, j’en ai déjà dit beaucoup, presque même trop. Alors évidemment, vu sa question, ça a l’air de l’intéresser, mais je n’ai pas nécessairement envie de tout lui raconter non plus, question de prudence. De toute manière, ce n’est pas comme si elle pourrait vraiment m’aider, non ? Sans parler du fait qu’il est aussi possible qu’elle m’ai posé la question par politesse plus qu’autre chose, donc bon. Ouais, bref, autant être prudente. « Enfin, ça passera ! » Et si je sais que je suis convaincante, je ne suis absolument pas convaincue mais ça, ça ne concerne que moi. « Tu finis à quelle heure ce soir ? » Ou, vu l’heure, cette nuit serait définitivement plus adapté, à vrai dire.