survivor
crédits/ eternalroleplay & stefansalvatored
@Lincoln Reddington 12/2024 - villa de jayden & mary

Marybeth n’a pas peur de rentrer seule le soir — elle devrait peut-être, puisque les villes où elle a vécu sont bien plus sécuritaires que cette grande jungle urbaine infestée par le crime mais, n’ayant pas un esprit formaté pour anticiper le danger, la blonde descend du bus en retirant son casque de ses oreilles, le fourrant dans son sac qui est tant rempli qu’il ressemble davantage à une valise qu’elle porterait à son épaule. La villa de son frère n’est pas loin — elle l’aperçoit dans son champ de vision en passant devant l’arrêt de bus, sa silhouette s’étirant sur le goudron sous les lampadaires qui projètent une lumière jaune qui semble malade. En longeant les habitations, les belles clôtures flambants neuves, les portails électriques et les jardins soigneusement entretenus, elle se formule l’idée que c’est vraiment éloigné de tous les endroits où elle a pu vivre avant d’atterrir ici ; elle éprouve, à cette pensée, une vague nostalgique qui ne s’attarde pas, qui est simplement le signe d’une transition naturelle pour cet oiseau qui a l’impression de renoncer à sa liberté.

’’Merde…’’ qu’elle marmonne en ralentissant le pas, les deux mains plongées dans son sac à la recherche des clefs dont elle entend le tintement discret mais qui échappent encore aux fouilles de ses doigts ; ça l’agace un peu, ce jeu du chat et de la souris avec un objet inanimé, mais elle est en même temps rassurée de se dire qu’elle n’a pas oublié son trousseau à l’Octopus. Enfin, ses phalanges rencontrent son porte-clef et elle l’extirpe de son sac en souriant dans un soupir de soulagement, qui n’est que fugace sur ses lèvres : redressant sa nuque, ses yeux encore maquillés remarquent une drôle de silhouette agrippée à la clôture, visiblement mal-en-point. La pénombre ne l’aide pas à discerner suffisamment son visage pour savoir si c’est un voisin ou non — comme si elle était capable d’en reconnaître un, mais, prudente, elle effectue quelques pas supplémentaires en fronçant les sourcils, comptant sur sa chance pour ne pas se retrouver nez-à-nez avec un individu porteur des plus viles intentions ”Que voulez-vous ? Finir le travail, je suppose ?” elle s’arrête quelques secondes à la vue de ce visage ensanglanté, dont la simple vision lui semble être hautement douloureuse ; il est sacrément amoché, l’homme qui se tient devant elle, mais Marybeth tente de réprimer la grimace compatissante qui souhaite peindre son visage — il doit suffisamment le sentir pour qu’elle n’ait pas besoin de lui faire remarquer sa mauvaise mine, n’est-ce pas. ’’J’ai déjà fini mon travail.’’ qui consiste à servir des verres, et elle le balance d’une voix souple pour tenter de détendre l’atmosphère, alors qu’elle se rapproche encore d’un pas, balayant les alentours d’un regard inquiet pour s’assurer que personne ne vient en leur direction. ’’Ils ne vous ont pas loupé…’’ elle pense à voix haute en examinant de plus près les blessures qui traversent son visage, et qui lui font finalement détourner les yeux pour qu’elle puisse chercher un paquet de mouchoirs dans son sac. ’’C’est mon dernier…’’ elle lui tend avec un petit sourire désolé, n’hésitant qu’un bref instant avant de s’entendre dire, en n’écoutant que son coeur bien trop affable qui ne voit toujours pas le danger : ’’J’habite juste ici,’’ donc théoriquement, Lincoln est accroché à sa clôture, oui ’’…Vous voulez rentrez une minute ? Vous n’allez pas rester dans la rue comme ça…’’ tout du moins, Marybeth n’est pas capable de l’abandonner à son triste sort, pas quand il lui suffit de pousser une porte pour l’aider. Est-ce qu’elle anticipe de se retrouver seule avec un illustre inconnu alors que son frère aîné n’est pas présent pour la soirée ? Absolument pas. Tout ce qu’elle voit, Mary, c’est la détresse et la douleur de l’homme qui se tient devant elle.

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”Désolé … Je vous ai pris pour une autre personne.” pour seule réaction, Marybeth avance son menton de quelques degrés en fronçant le milieu de son nez, secouant sa figure de haut en bas, l’air de dire j’avais compris ’’Pas trop déçu ?’’ qu’elle demande avec une pointe de malice dans la voix, désireuse de détendre l’atmosphère malgré la gravité de son état ; lui dire qu’il est presque défiguré ne va pas l’aider à se sentir mieux, n’est-ce pas ? Alors elle se tait, Mary, plongeant simplement sa main dans son sac pour en extraire le dernier mouchoir qu’elle lui offre volontiers, mais qui n’est guère assez large pour essuyer tout le sang qui recouvre la peau qu’elle devine pâle sous le tapis délavé d’hémoglobine, une vision qui lui occasionne un froncement contrit des sourcils tant elle se sent inutile face à sa douleur ”Merci.” elle ne pense pas vraiment mériter sa gratitude, Mary, n’ayant rien fait d’extravagant pour s’en rendre digne ; lui accorder le luxe d’un mouchoir rectangulaire pour essuyer le sang qui dégouline de sa narine lui semble être bien peu de choses, et elle ne réfléchit pas bien longtemps avant de l’inviter à la suivre à l’intérieur de la villa, qui n’est point la sienne mais dans laquelle est gracieusement logée depuis quelques semaines. Il ne rechigne pas, l’inconnu estropié, tout au plus il esquisse un sourire qui paraît être douloureux — mais qui la réconforte sur le fait qu’il a toutes ses dents encore en place, et elle lui sourit à son tour, plus par mimétisme qu’autre chose ”Encore une fois, permettez-moi de vous … Remerciez. J’accepte votre proposition.” - ’’Laissez-moi vous aider…’’ elle est toute menue, Mary, à peine une brindille élancée, mais elle n’hésite pas à venir en soutien auprès de Lincoln, se glissant à ses côtés pour passer sa main délicate dans son dos, l’incitant silencieusement à prendre appui sur elle s’il le souhaite, pendant qu’ils avancent dans la propriété tout à fait grandiose, soigneusement entretenue par une ribambelle d’employés ”Je suis chanceux. Chanceux d’être tombé sur une personne aussi avenante que vous.” - ’’Vous auriez été chanceux d’échapper à tout ça…’’ qu’elle glisse d’une voix sans reproche ni méchanceté, désireuse d’éclaircir l’idée qu’elle ne fait rien d’extraordinaire en l’aidant ; que pouvait-elle faire d’autre ? Détourner le regard et fermer la porte à double tours ? Ce serait mal connaître celle qui serpente le monde en solitaire depuis plusieurs années.

Mais elle perd rapidement son expression malicieuse quand elle remarque combien il souffre en marchant, et elle se demande si elle ne devrait pas emprunter une voiture pour le conduire aux urgences… Inquiète, elle braque un regard attentif sur son visage, essayant de noter le rythme de ses respirations et de ses douleurs étouffés, en se sentant de plus en plus démunie ’’Vous voulez que j’appelle une ambulance ?’’ elle lui propose en s’éloignant de lui pour ouvrir la porte à l’aide de son trousseau de clés, le laissant ensuite passer le premier pendant qu’elle lance un regard circulaire pour balayer l’avenue, soulagée de ne voir rien d’autre que des enfants jouant aux vélos un peu plus loin. Refermant la porte après son passage, elle abandonne chaussures, sacs et clefs dans l’entrée, avant de se retourner vers son invité, prête à le prévenir qu’elle part en quête d’une trousse de premiers secours quand ”Attendez … Je connais cette villa. On est chez Jayden Holmes n’est-ce pas ? Vous connaissez donc Jayden ?” debout sur la pointe de ses pieds nus, elle se remet à plat en enlaçant ses coudes, l’oeil curieux et le sourire vague, mais intrigué ’’Vous connaissez mon frère ?’’ demande-t-elle en le suivant d’un pas souple jusqu’au canapé, en lui retournant la question dans une formule qui en dit assez sur leur lien de parenté ’’Il est en déplacement pour son travail.’’ continue-t-elle en s’éloignant pour aller lui chercher un verre d’eau dans la cuisine, qu’elle lui rapporte en poursuivant, comme si elle n’avait pas bougé : ’’Je viens d’arriver à Brisbane, faut croire que c’était votre jour de chance… Vous vouliez le voir ?’’ même si elle tient à avoir la réponse, elle relâche ses bras pour appuyer ses paumes contre ses hanches, coupant net la conversation en disant : ’’Je vais chercher de quoi nettoyer vos plaies, attendez-moi là.’’ son haussement de sourcils semble vouloir dire « comme si vous pouviez partir » mais elle s’éclipse à l’étage, revenant quelques minutes plus tard avec une trousse rouge qu’elle a déchiré dans la salle de bain. ’’Alors…’’ Marybeth souffle en prenant place sur la table basse, commençant à étaler tout son matériel à côté d’elle ’’Pourquoi vous avez été agressé, dites ?’’ si elle le soigne, elle a le droit de savoir, non ?

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Elle veut bien croire que l’homme au visage ensanglanté est chanceux d’être tombé sur elle ; sans s’envoyer des fleurs, Marybeth est consciente que sa bonté de coeur n’est pas monnaie courante, encore moins dans le voisinage, et beaucoup n’auraient pas hésité à détourner le regard ou, pire, le chasser sans délai. Mais que pouvait-elle faire d’autre ? Mary a trop connu la violence quand elle était gamine pour pouvoir ignorer la souffrance chez autrui. Alors, certes, l’on pourra aisément questionner le fait qu’elle invite un illustre inconnu à rentrer chez elle — chez son frère, c’est un détail, et du risque qu’elle prend à s’enfermer avec ce dernier dans la baraque. Est-ce que Troy va lui faire un sermon quand il l’apprendra ? Probablement. Est-ce qu’elle s’en fiche pas mal ? Tout aussi probable.

Parce qu’il lui inspire davantage la compassion que la peur, son inconnu qui se laisse tomber dans le canapé, si bien que son état préoccupant la pousse à lui demander s’il ne veut pas aller à l’hôpital, même si elle se rend rapidement compte que ce n’est pas dans les plans du chat errant qu’elle a récupéré dans la rue ”Je préfère éviter d’aller à l’hôpital … Sauf si mon état l’exige … Mais je ne crois pas.” elle émet un petit « hmm » dubitatif, puisqu’elle n’est pas médecin mais avec la tonne de sang qu’il a perdu, elle serait davantage rassurée qu’il puisse voir un professionnel. Mais elle ne peut pas l’y contraindre — même s’il ne pourrait pas l’empêcher de passer un coup de fil providentiel, mais elle est trop respectueuse de sa volonté pour le prendre en traitre. ’’D’accord… Pas d’hôpital, alors. Ce sera moi, l’hôpital.’’ qu’elle lui assure d’une petite voix confiante en élargissant son sourire sur ses lèvres, juste avant d’être traversée par un hoquet de surprise quand il nomme Jayden ; il n’était donc pas accroché à la clôture par hasard, le chat errant ? ”Je suis à la fois l’avocat de votre frère et un ami.” machinalement, elle fait courir ses yeux azurés sur la silhouette de l’homme qui annonce être un avocat ; ce n’est pas franchement l’image qu’elle se faisait de loin, puisqu’elle imaginait déjà qu’il trempait dans des affaires louches ’’Vous êtes avocat, vraiment ?’’ elle le croit, évidemment, mais elle n’est pas contre avoir confirmation, juste au cas-où. Comment un avocat a-t-il pu se retrouver dans pareille situation ? Il a défendu la mauvaise personne ou, au contraire, refuser se plaider en faveur d’un malfrat ?

Elle n’a pas besoin de lui poser la question puisqu’il avoue de lui-même avoir eu rendez-vous avec un client non loin — inutile de préciser que l’entrevue a mal tourné, alors Mary lui accorde un dernier sourire avant de l’abandonner dans le salon pour monter dans la salle-de-bain à l’étage, afin se saisir de la trousse de secours qu’elle sait être dans cette pièce. S’installant devant lui, sur la table basse du salon, elle dépose la trousse sur ses cuisses et commence à fouiller dans la pochette en osant lui demander plus franchement ce qu’il s’est passé ; elle ne sait pas trop si elle a le droit, Mary, mais elle tente sa chance quand même ”Une affaire sur laquelle je travaille qui fait que je creuse là où je ne devrais pas, dirons-nous.” - ’’Les avocats enquêtent dans ce pays ?’’ qu’elle demande avec une vraie curiosité dans la voix en imbibant un coton d’une lotion d’abord douce, sans alcool, pour ne pas risquer de transformer la peau de son visage en brasier ardent ”D’ailleurs, je m’appelle Lincoln au passage.” puisqu’elle va nettoyer le sang sur son visage, il est vrai qu’il est peut-être temps d’échanger leurs prénoms ’’Enchantée, Lincoln, je m’appelle Marybeth.’’ dépliant ses longues jambes, elle vient s’asseoir aux côtés de Lincoln afin de tendre sa main en sa direction, lui demandant l’autorisation avec un ’’Je peux ?’’ avant d’oser commencer à nettoyer le sang sur son visage, en dévoilant peu à peu les entailles et les hématomes qui commencent à apparaître… le pauvre, ils ne l’ont pas raté ”Vous savez ce que vous allez faire ? Ou bien vos connaissances vont sortir tout droit de Grey’s Anatomy ?” ses lèvres se détachent pour faire entendre un petit rire amusé quand elle lui fait remarquer, sur un ton malicieux : ’’Je croyais que vous ne vouliez pas d’hôpital ?’’ il l’a dit lui-même, elle n’invente rien, mais elle continue de nettoyer son front, sa tempe ainsi que son accorde, en mesurant ses gestes avec délicatesse afin de ne pas lui faire plus mal que nécessaire, même si ce sont surtout ses plaies au thorax qui l’inquiétude ’’Vous arrivez à respirer correctement ?’’ dans son métier, elle est déjà tombée de haut et elle a hérité de jolis hématomes sur les côtes, alors, elle se permet de proposer : ’’Vous voulez des antidouleurs ? Je crois comprendre que vous avez mal aux côtes…’’ elle ne se substitut pas aux médecins — elle n’en aurait ni les capacités ni l’envie, mais puisqu’elle a décidé de l’aider, autant le faire jusqu’au bout.