raise your glass crédit gif - makrustic willow storm & @sara gutiérrez the brick, fortitude valley

Tu n’avais pas résisté bien longtemps à la demande de Sara de sortir pour célébrer le début de la nouvelle année. Tu lui avais imposé tes limites, ou du moins, ce que tu considérais être une limite très importante pour toi. Tu n’avais pas envie de te retrouver dans un club, à la musique qui tape trop fort dans les oreilles et où il est tout simplement impossible de s’entendre penser, encore moins possible de pouvoir se parler. Si tu avais accepté de voir Sara dans un bar, c’était d’abord et avant tout pour ça : pour la voir elle. Parce que depuis que tu restais chez Alistair avec ta sœur, on ne pouvait pas dire que tu avais pris la peine de retourner à la ghostloc bien souvent. Même que tu évitais autant que possible de quitter la demeure de l’écrivain à Bayside depuis qu’Ali et toi aviez recommencé à vous parler de manière plus naturelle. Il y avait eu des moments de tentations, sans doute trop pour tous les nommer, mais vous n’aviez pas fait de folies. La présence de ta sœur aidait dans ce sens, même si ça n’effaçait pas tout. Ça n’effaçait pas les regards et les envies qui persistaient au fil des semaines, toi qui avais eu tant d’espoir que cela finirait par s’estomper, tu avais pourtant l’impression que c’est le contraire qui était en train de se produire. Alors peut-être bien que cela avait jouer, sans que tu ne le réalises sur le coup, sur ta décision de sortir avec Sara. D’enfiler l’une des rares robes dans ta garde-robe, d’arranger tes cheveux pour qu’ils tombent telle une cascade le long de ton dos, même de faire l’effort de mettre quelques touches de maquillage sur ton visage, pour faire ressortir le bleu de tes yeux et la courbe prononcée de tes lèvres. Ce n’était pas grand-chose en soit, mais c’était un effort de ta part, le genre que Sara remarquerait certainement, elle qui n’hésitait jamais à te rappeler que pour une barmaid, tu étais particulièrement calme, à la limite du coincée même. Tu n’avais certainement pas l’intention de faire des folies ce soir, mais peut-être que tu pourrais lui prouver, jusqu’à un certain degré, que tu n’étais pas aussi coincée qu’elle ne semblait le croire.

Tu t’étais assurée auprès d’Alistair que ça ne lui dérangeait pas de garder un œil sur ta sœur pour la soirée, non pas que l’écrivain avait pour habitude de s’éclipser bien souvent après l’heure du dîner. C’était pratiquement devenue une entente non-explicite entre vous, que l’écrivain s’occupait de Jessie les soirs où tu travaillais, bien plus habituée de quitter la maison en soirée pour cette raison que parce que tu t’étais trouvée un semblant de vie sociale. Et peut-être que ça ne te ferait pas de mal, de retrouver un semblant de vie sociale justement, le temps d’une soirée au moins. Une soirée loin d’Alistair et de ce rythme presque trop confortable dans lequel vous étiez tombé dans le dernier mois. Un peu d’air, un peu d’espace. Et puis l’occasion de lâcher ton fou, qu’importe ce que cela veut dire désormais. Tu es tentée de prendre ta voiture pour rejoindre Sara au bar, presque certaine que tu n’allais pas boire assez pour nécessiter l’utilisation d’un autre transport de retour, mais tu décides finalement de te faire venir un Uber, te disant qu’au moins comme ça, tu aurais le luxe de te permettre plus qu’un verre ou deux, si l’envie te prenait soudainement. Tu n’avais jamais été particulièrement attirée par l’alcool, sans doute parce que tu voyais depuis l’enfance ce que ce dernier pouvait faire une personne. Ta mère d’abord, et puis tous ceux que tu servais soir après soir au bar. Rien qui ne donnait particulièrement envie de tomber dans ce cercle vicieux. Mais de se permettre de boire un peu, un soir, ce n’était pas un crime, pas vrai? Tu ne mets pas longtemps avant de trouver Sara, assise à une table, un breuvage déjà devant elle. « Tu m’as même pas attendu avant de te commander à boire? » que tu t’annonces, faussement effrontée avant de te glisser à côté d’elle sur la banquette. Tu t’approches d’elle et lui offre un semblant d’étreinte, avant de te reculer et de sortir un petit paquet soigneusement emballé que tu pousses dans sa direction. « Un cadeau de Noël en retard. » que tu annonces. Dans le paquet se trouve une paire de boucle d’oreilles faite par une jeune artiste avec qui tu as longtemps pris des cours de dessin. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est une petite attention, juste de quoi pour faire comprendre à la jeune femme que même si tu n’es plus constamment dans ses jambes à l’appartement, tu penses toujours à elle.