L’incendie qui ravageait Bristol depuis le début du mois ne facilitait pas la vie d’Arian. Dormir dehors était rendu compliqué par la présence de particules diverses dans l’air. Il essayait de voir le bon côté des choses en se disant qu’il n’était pas comme tous ses propriétaires terriens. Lui n’avait rien à perdre. Pas même un logement qu’il risquait de voir dévoré par les flammes qui progressent. Ses fêtes de fin d’années ne se trouvaient en rien gâchées puisqu’il n’avait pas franchement trop l’habitude de les passer en famille. Ici, il n'avait pas grand chose. En dehors de son travail et de ses quelques connaissances. Tout ce qui comptait pour lui, c’était de trouver un abri pour ne pas subir à sa façon les désavantages de la situation. D’ailleurs, la mise en place du centre d’accueil, dans lequel il dormait assez régulièrement depuis la déclaration de l’incendie, avait quelque chose de bénéfique pour lui. Quand il ne trouvait pas de refuge ailleurs, il y avait au moins ça. Ça lui évitait de dormir dehors, ou dans les loges de l’Electric Playground, où il bossait presque tous les soirs.

Ce matin-là, il s’était levé aux aurores. Allongé sur ce lit de camp dans cette salle municipale, il avait tendu l’oreille. En dehors de quelques ronflements, il ne percevait que la respiration lente des citoyens qui dormaient à côté. l’espace d’un instant, il était un peu comme eux. Il n’était plus un S.D.F de la ville. Il ne savait pas trop quoi en penser. Se redressant doucement, il s’était assis un moment. Son regard clair balayait la pièce plongée dans une pénombre relative. Le ciel rougeoyant était perceptible par les hautes fenêtres de la grande salle. Ils étaient trop loin du front pour en distinguer les lueures dansantes. Mais Arian pouvait aisément les imaginer.

Se glissant à pas de loup vers les douches, sa trousse de toilette et ses vêtements sous le bras, il profita de la chaleur de l’eau un court instant avant de s’habiller en vitesse. Bientôt, il perçu un tumulte ambiant dans la salle. Probablement annonciateur d’une nouvelle vague de réfugiés. Dans un soupire, Arian se glissa hors de la salle de bain de fortune, vête d’un pantalon cargo noir et d’un t-shirt blanc. Jetant rapidement ses affaires sur son lit, il s’affaira à prêter main forte aux organisateurs pour accueillir les nouveaux arrivants, comme il le faisait presque chaque matin. Une petite fille en pleure, qui avait dû courir sous l’effet de la peur, venait d’arriver en courant dans ses jambes, s'agrippant à lui en pleurant. Du sang perlait sur son front. Elle réclamait sa mère, qui avait du se perdre dans la foule. « Eh, calme toi petite. Viens avec moi. » Attrapant l’enfant pour la prendre dans ses bras, il s’éloigna un peu, cherchant quelqu’un du regard.

Bientôt, il trouva Matthew. Ce “médecin” comme il l’appelait, avait souvent eu à faire à lui. Il l’avait déjà croisé ici, au centre d’accueil. Sans trop savoir s’il faisait partie des bénévoles officiels ou pas, il s’en approcha, la petite d’environ 6 ans dans les bras, dont le sang commençait déjà à tâcher son t-shirt au niveau de l’épaule. « Bonjour Docteur. Vous pouvez regarder? Je ne crois pas que ce soit grand chose, mais je crois que ça lui fait peur. » Avait juste prononcé Arian d’une voix sans timbre, nullement affolé. Arian avait toujours été très mesuré. Il en voyait bien d’autre tous les jours.

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