Malgré le fait que le feu était toujours aussi présent en ville, tu continuais ton travail le soir en tant que videur de boite de nuit quelques soirs par semaine. N'étant pas en temps plein, tu avais pas mal de jours de libre. En dehors des heures de travail, tu essayais de passer le rester de ton temps libre au centre d'accueil ou au refuge animalier pour venir en aide à un maximum de personne et d'animaux. Tes blessures aux bras dû au sauvetage d'un koala étaient toujours présentes. Tu avais souffert mais tu te disais que c'était pour la bonne cause. Une remarque de la part de l'inspecteur Da Silva, te disant de ne pas recommencer. Conseils que tu avais bien prit en compte, ne t'étant pas rapproché du feu. Du moins le feu présent proche des forêts. Tu ne pouvais t'empêcher de te rapprocher d'autres flammes, celles qui enflammaient les habitations pour sauver un maximum de personnes. Tu n'entrais pas dans lesdites habitations, laissant ça aux pompiers et professionnels mais tu étais présent pour accompagner les personnes réfugiées vers le centre d'accueil.

Cela faisait plusieurs jours que tu ramenais des habitants de Brisbane au centre d'accueil. Ce soir tu étais en compagnie d'une jeune fille d'une douzaine d'année ayant perdu de vue ses parents. Elle était seule ce soir là pendant que sa mère était à son travail de nuit et son père en compagnie des autres pompiers. C'est alors que les flammes commencèrent à attaquer la maison rapidement. La jeune fille avait appelé rapidement les spécialistes, ayant apprit de ses parents ce qu'elle devait répondre au téléphone sans risquer une crise d'angoisse. Crise d'angoisse qui arriva quand même alors qu'elle sentait l'odeur des flammes se rapprocher de l'étage. Les pompiers étaient arrivés rapidement pour venir en aide à la jeune fille. De nombreuses questions posées de la part des spécialistes sur son état, sa santé, si elle avait des symptômes. Elle avait secoué la tête mais était toujours aussi choquée. Ses pensées étaient tournées vers ses parents. Tu essayais de la rassurer en l'accompagnant au centre d'accueil de la ville. Une fois à l'intérieur tu l'emmenas vers les différents bénévoles pour que ceux-ci puissent lui donner de quoi manger et boire. La jeune fille se demandait ce qu'ils allaient devenir, ayant perdu tout leur bien et leur habitation. Tu essayais d'être positif en lui disant qu'elle et ses parents allaient retrouver rapidement un logement. Peut être pas une nouvelle maison mais au moins ils ne seraient pas à la rue. Tu vis alors les yeux de la jeune fille pétiller alors qu'elle regardait derrière toi. En te retournant tu remarquais un couple entrant rapidement dans le centre d'accueil. Un sourire apparut sur ses lèvres et sans prévenir, elle accourut vers le couple, tenant dangereusement sa soupe dans une mains, son verre d'eau dans l'autre main. Tu n'avais pas eut le temps de l'arrêter, elle avait été beaucoup trop rapide. Levant les yeux au ciel dans un soupir tu t'emparas d'une bouteille d'eau pour boire une gorgée. Bien qu'il fasse beaucoup plus chaud à l'extérieur qu'à l'intérieur, l'air était assez sec dans le centre d'accueil. Tu ne voyais que très peu de personnes dormant avec un drap sur les lits. Un regard balayant le centre à la recherche d'une personne que tu pourrais aider.

Offrir de son temps libre lors d'un évènement d'une telle importance lui semble parfaitement normal; Brisbane toute entière est mobilisée pour subvenir aux besoins des uns et des autres, faire front commun contre l'incendie qui n'a de cesse de se propager. Ses prières du moment vont aux premiers répondants, ainsi qu'aux sinistrés; Vamika tente d'influencer les énergies, de convertir la négativité en optimisme et de raviver les sourires sur les visages éplorés. Elle n'est pas combattante du feu, ni secouriste en puissance; elle n'est qu'une voix, l'aura des jours meilleurs, une lueur d'espoir au centre d'accueil, où ses conseils et oreilles attentives tiennent un rôle prépondérant.

Entre deux tragédies pointe parfois une belle histoire. Une famille séparée, dont les membres se retrouvent devant ses yeux. Le miraculé dont les traits s'illuminent face à un repas chaud, les deux inconnus qui partagent un instant singulier. Vamika se sent privilégiée de pouvoir assister à pareils spectacles; il est également de son ressort que d'être présente, lorsque la fatalité emporte un être cher - à ses yeux, ils le sont tous à leur façon. La mort n'est plus si dramatique lorsqu'elle lui prête sa voix; si le deuil n'est pas de son ressort, l'indienne tend tout de même à en montrer les clefs lorsque l'échange s'y prête. Grande observatrice, la brune n'a pas manqué de repérer ce ténébreux, qui semble lui aussi consacrer son temps à l'assistance de son prochain. En cette longue et énième soirée, sa silhouette se détache de nouveau, familier anonyme qui parait prendre soin d'une fillette, la ramenant en lieu sûr - et même plus, auprès de sa famille. Les aidants ont autant besoin de soutien que les aidés. C'est dans cette optique qu'elle récupère un plateau, y ajoutant le nécessaire pour manger et se désaltérer - une boisson fraîche, pour contraster avec les chaleurs folles de l'incendie, et une petite serviette humide pour, éventuellement, se tamponner le visage. - Une pause ne serait peut-être pas de trop..? se présente-t-elle doucement, lui proposant le plateau garni en l'avançant dans sa direction. - Vous avez déjà fait beaucoup de bien ces derniers jours. oui, elle l'a remarqué, et n'a aucune honte à l'avouer; il force le respect et pousse à l'action, de quoi inspirer de nouveaux élans communautaires. - Je m'appelle Vamika. Namasté. un sourire ponctue cette brève conclusion, lui laissant toute liberté de partager un moment à deux, ou d'en préférer la solitude.

@Liam Schäfer