Bien plus que tout le reste, Robin a été son ciment dans les derniers mois. Elle a été son espoir, elle a été son éternelle aspiration à être meilleur, à être bon. A se battre. Alors, il a pensé à elle ; il a pensé à Rory aussi, mais il a surtout pensé au moment qu’ils sont en train de vivre ce soir, à leur fille rigolant et à ses yeux brillant de joie face à des cadeaux qu’elle apprécie bien plus déballer que contempler. Elle est trop jeune pour comprendre pourquoi elle a vécu si longtemps à l’étranger avec un seul de ses deux papas et c’est tant mieux ainsi, évidemment. Elle n’en gardera aucun souvenir en grandissant et eux n’auront sûrement aucune raison de lui en parler. Elle sera préservée, elle sera simplement heureuse, et c’est la première chose à laquelle un père peut aspirer pour la prunelle de ses yeux.

Ses pensées vagabondent un instant face à la scène alors qu’il caresse leur chien et l’empêche ainsi d’aider un peu trop abruptement Robin à déballer les cadeaux. Il pense à ce que toute cette soirée aurait pu être avec un nourrisson dans les bras, avec un cœur encore davantage comblé d’un bonheur immense. Il pense à ce qu’ils lui auraient acheté uniquement par principe pour les fêtes, il pense à tous ces vêtements d’enfant dans lesquels leur fille ne rentre déjà plus. La vie le rend heureux telle qu’elle est ainsi, il le jure, mais il ne peut s’empêcher de laisser ses pensées s’évader vers des et si rendus difficiles. Sa main libre finit par trouver celle de Rory, sa tête vient tomber contre son épaule. Il y reste une seule seconde, bouge déjà dès la seconde et embrasse sa peau sans la toucher, à l’abri sous son tee-shirt. Ses doigts glissent contre les siens, remontent le long de sa paume, s’ancrent sans possibilité de retour. « Elle aura tellement grandi au prochain Noël. » Elle a déjà tellement grandi depuis le dernier passé ensemble, c’est à peine s’il arrive à s’en rendre compte. Elle est celle qui leur fait se rendre compte à quel point le temps passe vite. Si on lui demandait, Swann pourrait laisser entendre que c’est hier encore qu’il rencontrait Rory. Mais ils sont mariés, ils ont une fille, ils ont leur maison à eux. Ils ont leurs projets. Ils imaginent leur avenir ensemble, uniquement ensemble. « Oh non, non non. » Les gestes tendres sont abandonés au profit du papier cadeau qu’il éloigne de la bouche d’une Robin qui semblait avoir à coeur d’en connaître le goût. « Regarde, il fait même de la musique. » Au contraire, ce sont les bienfaits du jouet choisi pour elle qu’il tente de présenter, lui présentant ses atouts juste sous son nez pour l’intéresser, ce qui semble fonctionner. « Toi non plus petit monstre. » Le papier est retiré du sol pour être finalement gardé en boule dans sa main, où il ne sera pas non plus prisé par les mâchoires curieuses du chien qui mange autant ses croquettes que le coin des meubles. « Bon sang. » Il commente en passant à côté de son mari, en route pour jeter tous les papiers une bonne fois pour toute. Il fait les gros yeux un instant et s’amuse de la situation juste ensuite.

Lorsqu’il revient à sa hauteur, c’est derrière leur canapé qu’il se poste, se penchant en avant pour placer ses bras de part et d’autre de son torse qu’il enlace doucement. Déjà, il revient embrasser son crâne. « Si je t’offre ton cadeau, tu vas aussi essayer de manger le papier ? » Ils avaient dit pas de cadeau, bien sûr qu’ils avaient dit pas de cadeau, et bien sûr que Swann n’a pas écouté. Sa main remonte le long de son torse, son pouce trouve son chemin contre les veines de son cou. Il profite de sa présence, de son odeur et de sa chaleur, encore malgré lui affecté par une absence qui remonte pourtant à plusieurs longues semaines. Dehors, le ciel est encore rouge et Swann l’observe un instant, avant d’inévitablement préférer se concentrer de nouveau sur la scène de leur fille jouant autour du sapin de Noël et de Rory qu’il n’a toujours pas cessé d’enlacer. C’est ainsi qu’il voulait son existence et c’est bien ce qu’ils ont, ensemble.

(c) keetika & harley

i'm singing like a bird 'bout it now.

@SWANN CRAINE & RORY

S'il avait pu choisir comment passer ces fêtes de fin d'année, il n'aurait rien changé au moment présent. Rien, si ce n’est ce voile d’angoisse que les récents incendies avaient fait planer, et auquel il s'efforçait de penser le moins possible. Tout le reste, absolument tout le reste était à l'image de ce dont il rêvait pour ces moments en famille, là où même les épreuves des derniers mois semblaient le plus souvent à des années lumière de la petite bulle que son mari et lui avaient su recréer autour de leur foyer. Une part de lui y repensait malgré tout, lorsque ses yeux attendris observaient leur fille déballer ses cadeaux ou se reposaient dans ceux de son mari en songeant à la chance qu'il avait de les avoir toujours près de lui, mais uniquement parce qu'il se rendait d'autant plus compte d'à quel point les choses auraient pu être différentes. D'à quel point tout ça valait surtout la peine de se battre, au pire moment de cette tempête qui plus que jamais semblait enfin derrière eux. Il en restait quelques traces, bien sûr, mais le pire paraissait aujourd'hui suffisamment loin pour qu'il n'ait besoin de rien d'autre que ce moment pour savoir, avec une certitude absolue, qu'il avait tout ce dont il pouvait rêver. « Elle aura tellement grandi au prochain Noël. » Sa main nouée à celle de Swann, leurs doigts entremêlés, Rory savourait chaque seconde de cette proximité qu'il n'aurait pas prise pour acquise quelques mois plus tôt mais qui lui semblait ce soir être à nouveau la chose la plus naturelle au monde. Et ce sentiment-là aussi, il y regoûtait pleinement, le cœur gonflé de gratitude. « Est-ce que tu trouves ça étrange si je dis qu'elle te ressemble de plus en plus ? » Son regard s'ancra doucement au sien, et c'est un sourire infiniment tendre qui prit place sur ses lèvres. C'était sûrement un peu idiot, parce qu'il n'y avait pas l'ombre d'un ADN en commun entre leur fille et eux, sans que ça n'ait jamais posé le moindre problème aux jeunes parents qu'ils étaient, mais quelque part dans son cœur c'était comme s'il ne pouvait s'empêcher de voir Swann se refléter à travers elle. Dans ses sourires, dans ses regards, dans la façon dont ses petits cheveux – à présent un peu plus longs – étaient balayés par le vent chaque fois qu'ils l'emmenaient sur la plage. « Oh non, non non. » Ce moment suspendu prit fin lorsque Robin éprouva l'envie de goûter au papier cadeau, elle qui de jour en jour se montrait de plus en plus impatiente à l'idée de tout découvrir du monde qui l'entourait, sous le regard à la fois rieur et concerné de Rory. « Elle a vu les petits sucres d'orge sur le papier alors elle a eu envie d'y goûter. C'est pas notre fille pour rien. » Et si leur rythme cardiaque s'accéléra comme chaque fois que leur fille s'amusait à leur faire des petites frayeurs, la situation était heureusement déjà sous contrôle grâce aux réflexes de Swann.

« Regarde, il fait même de la musique. » Si Robin semblait maintenant s'intéresser à son jouet, c'est leur chien qui à son tour montra un intérêt tout particulier pour ce papier cadeau décidé source de bien des convoitises, ce soir. « Toi non plus petit monstre. » Un rire profondément attendri s'échappa d'entre les lèvres de l'acteur, qui ne pouvait faire autrement que de trouver la scène terriblement adorable, même si elle était aussi la parfaite illustration d'à quel point un moment qui semblait anodin pouvait rapidement devenir un parcours semé d’embûches avec un bambin et un chien tous deux en âge de s'émerveiller d'un rien et de toucher à tout. « L'année prochaine, je crois qu'on pourra se contenter d'emballer des boites vides. » Il souffla d'un ton amusé et pour détendre l'atmosphère, bien conscient que la situation mettait son mari rien qu'un peu à cran. « Bon sang. » Il le connaissait pourtant bien assez pour savoir qu'il serait le premier à s'amuser de la situation d'ici à peine deux minutes, qu'en réalité il ne voudrait pas lui non plus échanger l'agitation de ces moments en famille contre une grande demeure vide et silencieuse, leur quotidien s'étant trouvé profondément changé par l'arrivée de leur fille, pour le meilleur. Uniquement pour le meilleur. « Et dire que j'ai proposé de fêter Noël qu'entre nous pour rester un peu au calme. » Il souffla dans un nouveau rire. Il pensait qu'ils avaient eu assez d'émotions fortes pour cette année pour ne pas en plus supporter un réveillon avec ses parents, qui bien qu'il les aimait profondément n'étaient pas exactement des symboles de détente et d’apaisement. « Tu es adorable quand tu t'impatientes, tu le sais ? » Il l'était à tant d'autres occasions que la précision était presque superflue, mais le regard de l'acteur était aussi peu objectif qu'il était continuellement amoureux.

Les bras de son mari, alors passé derrière le canapé, l'enlacèrent avec une tendresse telle qu'elle fit à nouveau naître le plus grand des sourires de part et d'autre de son visage, l'instant se voulant si simple et pourtant si précieux. Au baiser que Swann déposa sur le sommet de son crâne, Rory émit un petit rire comblé, meilleure preuve de la joie irrépressible qu'il éprouvait à la seule idée de ce Noël en famille, auprès des êtres qui comptaient le plus à ses yeux. « Si je t’offre ton cadeau, tu vas aussi essayer de manger le papier ? » Forcément intrigué par une telle demande, mais bien vite troublé par la manière dont les doigts de son mari remontèrent le long de son torse, Rory tâcha de se reconcentrer sur le moment présent et usa d'une pointe de malice au moment de souffler. « Ça dépend. Si tu m'as emballé un panettone, il y a un petit risque, je vais pas te mentir. » Personne mieux que son mari ne connaissait son penchant pour la gourmandise, mais il le connaissait en retour beaucoup trop bien pour penser qu'il y mettrait autant les formes s'il devait lui offrir une brioche aux fruits confits. Principalement parce que Rory lui avait suffisamment prouvé qu'il n'avait pas forcément besoin de se donner du mal pour lui faire profondément plaisir. « On avait dit qu'on s'offrait rien, tu te rappelles ? » Tournant doucement son torse de façon à retrouver son regard, il lui rappela cet accord passé quelques semaines plus tôt mais, déjà, fut bien incapable de ne pas afficher un petit air amusé au moment d'ajouter. « Et je dis pas que j'ai pas aussi prévu un petit quelque chose, parce que tu sais que je suis incapable de fêter Noël sans te faire de cadeau... » Bien sûr qu'il n'avait pas su s'y tenir lui non plus, et ça même s'ils étaient tombés d'accord sur le fait que ce Noël en famille était le plus beau cadeau qu'ils puissent se faire après les derniers mois. Ça n'enlevait bien évidemment rien au bonheur qu'il éprouvait de partager ces moments-là avec lui, avec leur fille, mais il résistait déjà difficilement à l'envie de lui faire plaisir d'ordinaire, il était donc inévitable qu'il craque à l'occasion de Noël. « Mais j'espère que t'as pas fait de folie, Swann. » Il l'avertit doucement, par simple crainte qu’il ne se soit donné trop de mal pour lui. Se lovant un peu plus contre son torse, Rory sentit son cœur tressaillir d’émotion à l’idée que la générosité de son mari ait encore frappé, aussi impatient et touché qu'à son habitude de savoir qu'il lui avait réservé une surprise.

C’est avec un amour immense que ses yeux observent leur fille, le moindre de ses gestes ou de ses balbutiements devenant un exploit aux yeux du père particulièrement fier qu’il est depuis la première heure. Elle est la prunelle de leurs yeux et, surtout, elle est la seule. Toute l’attention lui revient au même titre que l’amour. « Est-ce que tu trouves ça étrange si je dis qu'elle te ressemble de plus en plus ? » Il croise le regard de Rory et son sourire ne fait que s’accentuer davantage encore, touché par des mots qui ne se basent pourtant sur aucune logique. Ils savent évidemment qu’elle ne porte pas leurs gènes, à aucun d’eux, mais cela ne les empêche pas le moins du monde de se considérer comme une famille pleine et entière. Et à parfois vouloir voir certains indices qui ne peuvent exister, aussi. « Tu dis ça parce qu’elle a été élevée à bon port pour aimer toutes les spécialités anglaises. » Il ne répond volontairement pas de front au sujet, incapable de se la jouer rabat-joie en lui précisant que c’est impossible. Elle grandit avec leurs idéaux, leurs rêves, leurs éducations. Elle grandit en leur ressemblant, et c’est au moins un point qui ne peut pas être seulement dû à la génétique mais bien à l’environnement dans lequel elle évolue, et des personnes auprès de qui elle grandi un peu plus chaque jour. La suite de la conversation est balayée par des pas rapides en direction de Robin pour l’empêcher de manger le papier cadeau, et une tentative de lui faire comprendre que cela n’a rien de semblable à ses compotes. « Elle a vu les petits sucres d'orge sur le papier alors elle a eu envie d'y goûter. C'est pas notre fille pour rien. » Il décoche un regard mi-amusé mi-réprobateur à Rory, tout de même bien conscient qu’ils ont très largement évité le moindre accident et qu’il n’y a rien à craindre, ni même à se reprocher.

Alors, au lieu de chercher à faire une leçon de morale à une enfant qui ne distingue pas même le bien du mal, il tente plutôt de la faire s’intéresser au jouet en lui-même et non plus à son seul emballage. « L'année prochaine, je crois qu'on pourra se contenter d'emballer des boites vides. » - « On peut noter ça, oui. » Swann note à son tour, après avoir aussi pris le temps de gronder leur chien qui a voulu profiter du chaos temporaire pour s’attaquer audit papier cadeau. Une scène du quotidien qu’il avait pendant un temps cru ne jamais pouvoir revivre. « Et dire que j'ai proposé de fêter Noël qu'entre nous pour rester un peu au calme. » Une idée dont il lui a été reconnaissant, parce qu’il n’avait pas à coeur de se retrouver avec ses parents, pas après les derniers mois écoulés et les plaies qu’ils sont encore occupés à panser et encore moins après les récentes révélations de sa mère au sujet de leur famille. Swann les digère encore, même alors qu’il n’est pas le premier concerné, et loin de là. « Tu es adorable quand tu t'impatientes, tu le sais ? » - « Rory Craine et son manque d’objectivité légendaire. » Il annonce, la voix cérémonielle comme ce qui se fait à la télévision. Pourtant, en plus d’être un acteur, le Rory Craine qu’il connaît est aussi et surtout l’homme dont il partage la vie avec un amour sans demi-mesure. Son sourire trahit l’absence de toute forme de reproches dans ses mots, et ses gestes ne font que le confirmer quand il profite d’être passé derrière le canapé pour l’enlacer tendrement et poser ses mains contre son torse.

Tout en profitant de la proximité avec son mari, il lui souffle à l’oreille l’idée d’un cadeau qu’il aurait à ouvrir. « Ça dépend. Si tu m'as emballé un panettone, il y a un petit risque, je vais pas te mentir. » Swann rigole de bon cœur, éternellement amusé par la gourmandise de son mari. « On avait dit qu'on s'offrait rien, tu te rappelles ? » - « Hmmm, non. » Et s’il s’en souvient évidemment, il sait aussi qu’ils se disent ça chaque année et ne respectent jamais l’idée, parce qu’ils ont toujours bien trop à cœur de faire plaisir à l’autre et que Noël est l’éternelle parfaite excuse. Cette année tout particulièrement, Swann y tenait, et de retrouver les yeux bleus de Rory lorsque ce dernier se tourne en sa direction ne fait que le lui confirmer. « Et je dis pas que j'ai pas aussi prévu un petit quelque chose, parce que tu sais que je suis incapable de fêter Noël sans te faire de cadeau... » Il pourrait mimer la surprise mais, une fois de plus, ce ne serait qu’un mensonge. « On avait dit qu’on s’offrait rien, tu te rappelles ? » qu’il finit par répéter avec humour, sans le penser, sans chercher à le lui reprocher non plus. « Mais j'espère que t'as pas fait de folie, Swann. » Et alors qu’il se tortille pour tenter de parvenir à se rapprocher de lui tout en restant sur le canapé, l’anglais profite simplement de leur proximité pour l’embrasser longuement, tendrement. « T’en fais pas, je t’aime. » Il n’y a rien de fou dans son cadeau, rien d’irraisonnable non plus, et il n’est pas si urgent que ça non plus à en juger par les secondes qui s’égrainent et que Swann choisit de continuer à passer auprès de lui plutôt qu’à aller chercher son cadeau. Rory ne s’envolera pas, et pourtant une part de lui nourrira sûrement toujours cette crainte au fond de son âme. Après plusieurs secondes seulement, il finit par dégager son visage du sien en s’appuyant faiblement contre son torse, comme pour se convaincre de l’idée. Il n’a pourtant besoin que de quelques pas pour retrouver l’enveloppe cachée dans un meuble qu’ils n’ouvrent presque jamais. A l’intérieur, les références de leur séjour de quatre nuit dans une réserve isolée du pays. Une fois le paquet ouvert, il en précise ses intentions à Rory. « Juste cinq jours. Juste nous deux. » Et quand bien même l’Australie est un grand pays, ils ne passeront pas la frontière. « Greta m’a déjà dit qu’elle adorerait garder Robin à nouveau au besoin. » Wendy pourrait peut-être la soulager en journée si elle le désire, mais il veut au moins qu’il sache qu’il a pensé à tout et, aussi, qu’il a surtout pensé à leur offrir ce temps ensemble pour se retrouver à deux, rien qu’à deux. « J’ai normalement vérifié avec Donna les dates. Mais on peut les modifier. » Il a tenté de penser à tout pour que le voyage ne soit synonyme que de moments agréables et absolument rien d’autre, surtout pas le moindre stress lié à son organisation. « Je me suis dit que ça nous ferait du bien, d’être juste tous les deux. » Encore un brin vulnérable, et toujours aussi ému par le sujet, il esquisse une moue tremblante sur ses lèvres. Il a pourtant déjà hâte de passer ces quelques jours simples auprès de l’homme qu’il aime, sans avoir à se soucier de rien d’autre qu’eux deux.