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Les retombées seront-elles à la hauteur du feu d'artifice de ce soir? Seth s'est surpris lui-même, à empiéter sur sa réserve habituelle pour franchir les barrières de la bienséance en société. Tout le gratin australien de l'archéologie amassé dans la salle de réception de la ville, et lui qui en oublie les conventions pour laisser libre court à ses pulsions. Il l'a embrassée, c'est vraiment arrivé. Loin d'être un simple baiser furtif au détour de regards indiscrets, c'est une explosion passionnelle qui a écrasé toutes ses certitudes, balayé d'un revers de main l'essence même de ses propres diktats. Aurait-il à en subir les conséquences devant un conseil de discipline? C'est probable. Regrette-t-il son geste pour autant? Non, impossible. L'échange se prolonge dans ses souvenirs récents comme une traînée de lave sur un volcan en hibernation depuis toujours. Elle le réchauffe, et l'inquiète aussi. Seth Hill n'est pas ce genre d'homme, et pourtant. Il doit bien admettre qu'il n'est pas l'insensible bourreau qu'il a toujours prétendu être, plus maintenant, tout du moins en partie. Une seule faille persiste à craqueler cette carapace immuable, creusant petit à petit l'interstice qui mène à un cœur noir et froid. La faille Danaë.

Le calme et le silence de son appartement, habituellement bénéfiques, sont un calvaire ce soir. Il n'entend plus que les échos de son palpitant battant à tout rompre contre son torse, et les dernières paroles de la brune avant qu'elle ne s'en aille. Se posant sur le canapé, un verre de whisky à la main, il sort de sa table basse une petite boîte contenant le nécessaire à la fabrication d'un joint qui, il l'espère, mélangé à l'alcool, permettra à ses pensées de vagabonder ailleurs, si ce n'est les taire complètement. Il en a même oublié que Maddie doit passer pour lui apporter la version finale d'un compte-rendu de fouilles qu'il lui a demandé de rédiger au propre. Il est presque vingt-deux heures quand finalement les coups retentissent sur le bois de sa porte d'entrée, le tirant de son hébétement solitaire. "J'avais complètement oublié.", se défend-t-il de son état en ouvrant à son assistante. Les yeux rougis par la fumée qui embaume la pièce, les pupilles dilatées et le visage détendu par les premiers effets du spiritueux. Il a eu le temps d'enchaîner deux verres, et ce n'est pas encore assez. "Désolé, entre.", l'invite-t-il poliment. Il aurait probablement dû reporter, ne pas la laisser le voir déstabilisé et quelque part, un peu perdu, mais c'est Maddie. Et s'il a volontairement occulté les détails quant à la nature de sa relation avec Danaë, surtout depuis Dahab, il ne peut pas mentir à son assistante. Ça n'a jamais été dans leurs habitudes, et s'il y a bien une personne à qui il peut tout dire sans filtre, c'est elle. "Je te sers un verre?", il propose, finalement heureux de la présence de la blondinette, qui à coup sûr, saura lui changer les idées comme elle sait si bien le faire.    

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Maddie & @Seth Hill ☆ crédit/may0oosh & Keetika

La cigarette se consomme trop vite alors qu’elle entame le dernier paragraphe du compte-rendu de fouille qu’elle a promis de rendre à Seth le soir même. Un regard vers l’horloge murale lui indique qu’elle va être en regard ; elle sait qu’il en a l’habitude, mais s’attend à se faire corriger comme il se doit pour ce nouvel affront qu’elle lui adresse. Les doigts s’activent tout de même, la cigarette qu’elle écrase dans le cendrier alors qu’elle tape les derniers mois, pas mécontente de son travail pour une fois. Ça l’ennuie, elle ne dira pas le contraire, mais Seth la paye assez bien pour qu’elle ose à peine se plaindre. La plupart de son temps est libre pour profiter des plaisirs de la vie, le reste est passé avec son patron, une présence qui ne lui inspire aucune réclamation. Leurs âmes connectées, leur amitié comme une évidence qu’elle ne cherche pas à réprimer. Le taxi la dépose devant le domicile de Seth avec à peine une dizaine de minutes de retard, elle s’en féliciterait presque. Pourtant, quand il lui ouvre la porte, la réprimande semble très loin. « J’avais complètement oublié. » Elle s’en vexerait presque, n’est pas le genre de personne que l’on oublie à moins d’avoir une très bonne raison, et au vu de la tête de son boss, s’exploser la tête n'est pas une raison aussi valable que le sauvetage d'un chaton en péril. « T’es sérieux ? » Les sourcils se froncent alors qu’elle le regarde avec une moue perplexe. « Désolé, entre. » Elle ne se fait pas prier pourtant.« Ton rapport. » Le dossier est collé à son torse avec un peu d’agressivité, mais le simple fait qu’il s’excuse lui suffit pour apaiser sa fêlure d'ego. « T’as une tête de zombie, mon vieux. » De toute évidence, il a passé une mauvaise journée, ou soirée, assez pour en oublier ses propres obligations, ce qui n’est pas habituel.

« Je te sers un verre ? » Déposant son sac dans l’entrée, son nez, couplé aux yeux hagards de son patron, lui laisse penser qu’il a bien plus à lui offrir. « Évidemment, et j’espère que tu m’as aussi gardé un peu de ton herbe… J’en ai bien besoin. » Les heures de pratique de violon de l'après-midi lui ont donné des douleurs intolérables au poignet sans compter les trente minutes qu'il lui avait fallut pour camoufler l’œil au beurre noir que sa nouvelle conquête lui avait infligé ; elle l’avait pourtant prévenu : pas le visage. Il n’en avait eu que faire. Elle ne doute pas que Seth finira par le remarquer, mais pour l’instant, le fait qu’il plane l’arrange bien, elle n’a pas vraiment envie de s’étendre sur sa nouvelle peine de cœur. Leurs deux corps vont s’échouer dans le canapé, la fumée les entoure rapidement, l'alcool qu'elle mène à sa bouche et qui commence à détendre son corps. Finalement, ce n’est pas elle qui se plaindra de ne pas travailler ce soir, elle préfère de loin l’ambiance de cette soirée. « Sale journée  ? » Ça lui semble une évidence. Mais elle n’aime pas tirer des conclusions hâtives et préfère de loin qu’il lui explique la teneur de son mal-être de la soirée. Enlevant ses chaussures, elle étant ses jambes pour les poser sur celles de son patron, induisant un contact physique qu’elle aime toujours avoir avec ses interlocuteurs masculins.

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Le rapport placardé contre son torse est un écho à sa nature profonde, et aux obligations professionnelles qu'il a légèrement négligées ce soir. L'heure n'est pas au dur labeur, pas plus que le mélange d'herbe et d'alcool ne lui permet de résonner avec la meilleure clarté au monde. Maddie ne se fait pas prier de le lui faire remarquer, d'ailleurs, elle le connait déjà assez bien pour savoir qu'il n'est pas dans son état habituel, que quelque chose cloche. Et à l'entendre, la jeune femme semble avoir besoin du même remède que l'archéologue s'est déjà octroyé avant son arrivée. La bouteille est déjà sur la table basse, rejointe rapidement par un nouveau verre propre que Seth accole au sien, les remplissant tout deux bien plus qu'on ne le fait usuellement dans les bars de la ville. Un nouveau calumet est proprement roulé, que l'américain tend fièrement à sa comparse, et rapidement la fumée entoure les deux âmes écroulées dans le canapé. Maintenant, on peut parler. "J'ai merdé.", avoue-t-il, tentant de se convaincre lui-même que les mots qui viennent de sortir de sa bouche ne sont pas ceux d'un étranger. Il n'en pense pas un mot, en fait, et bien sûr qu'il réitérerait l'expérience sans hésitation. S'il pense avoir foiré, cela tient davantage à ce chamboulement intérieur que l'évènement a produit en lui, contrastant avec son éternel désintérêt pour quiconque, qu'aux regards indiscrets qui ont capturé la nature de ce moment privilégié. Seth accueille les jambes de son assistante sur les siennes, referme ses mains autour des mollets de la blonde. Il n'est pas question d'une douce caresse affectueuse, mais plutôt d'un ancrage pour tenter de concentrer le flux de ses pensées. "Je l'ai embrassée.", il ajoute, laissant un bref rire emprunt de folie traverser ses lèvres. Sans s'en rendre compte, il laisse son empreinte dans la peau de la cuisse de Maddie, appuyant aussi fort que le souvenir qu'il évoque lui pète à la tronche. Jusque-là, rien de bien fou, n'est-ce pas? Sauf que ce n'était pas qu'un simple baiser, volé au détour d'un instant furtif. C'était un putain de moment de cinéma. Avec toute l'extravagance qui en découle. Avec tous les sentiments étrangers qui s'impliquent.

Maddie le prendrait pour un fou, ou une guimauve, ou peut-être bien les deux, si elle ne connaissait pas le caractère de son patron. Des deux, c'est elle qui s'éprend toujours des mauvaises personnes. Qui s'éprend tout court, d'ailleurs. C'est aussi ce qui fait d'elle la complice la plus à même de comprendre ce qu'il peut ressentir, à cet instant. Seth n'a jamais fait dans les sentiments. Les taire dans l'absorption de psychotropes semble une solution efficace, sur le moment. Il s'attarde sur le joint entre ses phalanges, tantôt en aspirant la fumée salvatrice, tantôt jouant distraitement du bout incandescent sur l'épiderme de Maddie. Avant de totalement la brûler, il lui repasse le bédo, observant au passage son visage qui semble changé. "T'as pas un peu forcé sur le maquillage?", il la dévisage, la tête légèrement penchée en un air inquisiteur, et les yeux plissés sous les effets de la weed qui commence à agir. Il tente d'éluder son "problème" en se focalisant sur elle, plutôt que d'admettre qu'une femme puisse avoir un quelconque pouvoir sur le monstre qu'il est. L'archéologue est assez proche de son assistante pour que son pouce glisse sous la paupière inférieure de la jeune femme, frottant juste assez pour découvrir une marque bleutée dissimulée sous un fard épais. Il ne s'inquiète pas de la douleur que ce simple geste peut raviver sous l'œil de la blonde, et un soupir agacé lui traverse les dents, qui se sont instinctivement resserrées. "Putain Maddie, c'est quoi ça?", gronde-t-il, comme s'il lui reprochait un geste qu'elle n'a sans doute pas provoqué elle-même. Qui a osé? Au visage, vraiment? Amateur.    

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L’ambiance est propice à la confession, le silence qui plane dans la pièce enfumée et leurs âmes esseulées regroupées sur ce canapé comme si le monde extérieur avait le pouvoir de se voir effacer par cet instant en suspens. « J’ai merdé. » L’aveu est d’une franchise étonnante, encore plus franchissant les lèvres de l’impitoyable archéologue. Admettre ses torts n’étant pas dans les habitudes de son patron qui affichait plus aisément une stature d’homme sans faille. Comme réponse, elle se contente du silence, attendant qu’il lui en dise plus par lui-même. « Je l'ai embrassée. » Le rire de Madison accompagne celui plus étranglé de son comparasse, reposant son regard sur lui et sur la main qu’il resserre avec vigueur sur sa cuisse. « J'savais pas que t’étais encore vierge, princesse. » Qu’elle le taquine, ne comprenant pas encore la teneur du trouble de son patron. Rapidement, le regard qu’il pose sur elle lui fait pourtant prendre conscience du ton plus sérieux de la conversation. « C’est quoi le problème, Seth ? C’est un mec, et tu te pensais 100 % hétéro ? » Les hommes et leur étroitesse d’esprit l’ont toujours interrogé ; dans sa famille, l’ouverture d’esprit sur les orientations était une institution, qui avait probablement guidé les enfants Monroe en leur laissant penser que tout le monde devait avoir une tolérance identique. Se confronter à la réalité du monde et de ses carcans était parfois complexe. « Ou alors…. » Son regard dévore le visage de Seth, y cherche une lueur de réponse. Il est difficile pour elle de croire qu’il a peut-être trouvé sa Némésis, celle capable de lui prouver qu’il n’est pas qu’une coque sans âme… Est-ce qu’ils parlent bien de ça ?


La légère douleur qu’il provoque en approchant les sources de chaleur de sa peau réveille son âme. Le regard rivé sur ses sévices retenus juste assez pour la laisser figer avant qu’il ne lui redonne le graal. Observant pour la première fois avec plus d’attention son visage pour lui assigner une remarque acerbe. « Y’avait besoin. » Elle ne compte pas lui mentir, les faux-semblants n’étant pas de mise entre eux. Il n’est pas sans connaître la violence de ses relations ; avec lui, elle ne s’en cache jamais. Mais connaît aussi bien les règles de la blonde, jamais le visage. Son doigt vient effaça le maquillage pour découvrir l’aspect violacé de sa peau, ravivant la douleur, mais ne lui tirant aucun geste de recul pour autant. « Putain Maddie, c'est quoi ça ? » Un sourire mauvais se dessine sur le visage de la blonde alors qu’elle repousse sa main. « Le simple reflet de la nature profonde des hommes. » Ou en tout cas de ceux qui partagent sa vie, de ceux qu’elle choisit pour partenaire, pour compagnon, comme si la tendresse devait être bannie de sa vie, qu’elle ne pouvait coexister avec la violence qu’elle sait si bien provoquer chez ses amants. « T’inquiètes, je lui ai laissé un souvenir moi aussi. » Elle le lui assure au cas où il voudrait jouer le preux chevalier et prendre sa défense ; elle n’en a pas besoin, a su riposter, si elle garde un peu de noir sous l’œil, lui a fini avec le nez cassé. Elle s’en voudrait presque d’avoir abîmé un si beau visage. « Il n’a pas respecté les règles. » Les règles tacites qu’elle n’expose jamais, mais qu’elle estime qu’ils doivent connaître et respecter. Il n’est pas le premier à franchir la ligne, sans doute pas le dernier.

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Elle ne semble pas comprendre, mais comment lui en vouloir? Lui-même peine à composer avec les sensations qui se précipitent en lui comme la piqûre de mille abeilles à la fois. Laquelle fait le plus mal? Maddie sait pourtant où Seth a passé la soirée, mais elle paraît l'avoir oublié. Les yeux roulent dans leurs orbites alors que les paroles de son assistante sont tranchantes, pleines d'une taquinerie qu'il ne prend pas la peine de relever. La main de Seth remonte sur la jambe de Maddie pour venir pincer avec force, entre son pouce et son index, le muscle de l'intérieur de sa cuisse. On appelle ça la bise de cheval, ou la morsure de main, et la douleur causée est supposée calmer directement l'opposant. "Ne te moque pas.", la sermonne-t-il d'une voix rauque, mais dans le fond, amusée par l'absurdité de tout ça. Il ne s'agit pas de virginité - la sienne étant à des années-lumière derrière lui - ni d'homosexualité, pour des raisons somme toutes évidentes. Peut-être que ça aurait été plus facile à avouer, plutôt que d'admettre qu'il est capable de tomber amoureux. Après toutes ces années... L'archéologue refuse d'y mettre la moindre étiquette pour l'instant, il est bien trop enivré par les émotions qui le taraudent pour poser des mots avec lucidité sur ce qui vient de se passer. Mais Maddie comprend, après un moment de réflexion, qu'il ne s'agit pas d'un vulgaire badinage, ni d'un baiser volé à l'arrière d'une cour de récréation. La tête acquiesce, l'air grave, le regard perdu. "Danaë.", commence-t-il, l'évocation du prénom lui fait prendre conscience de la gravité de la situation. "Je l'ai embrassée devant tout le gratin de l'archéologie.", il poursuit, pour lever les doutes et clarifier les choses, pour que son assistante comprenne l'étendue du problème. Je l'ai embrassée, et je l'aurais même dévorée sur place. Si elle n'avait pas pris la fuite. Peu importe l'affront aux regards indiscrets, peu importe le rapport professeur-étudiante, il s'est laissé emporté par ses pulsions, esclave de ses envies, marionnette déchaînée par un désir brûlant. L'américain porte son verre à ses lèvres pour en aspirer une longue gorgée de whisky, qui lubrifie la gorge asséchée par ses aveux. "J'sais pas ce qui m'a pris.", j'sais pas ce qui me prend. Il n'est pas comme ça, il ne se laisse pas déstabiliser par les contours de courbes parfaites, d'habitude. Mais cette fois, c'est différent. Maddie devrait probablement le frapper, pour le faire redescendre sur Terre.

Peut-être a-t-il besoin d'un œil au beurre noir, lui aussi, pour voir que tout cela n'a aucun sens. Et ça en a tellement, d'un autre côté. Un coup bien placé, reflet de la nature profonde des Hommes avec un grand H, que Maddie ne connait que trop bien aussi, peut parfois permettre d'y voir plus clair. Seth a beau être partisan de la violence, jamais il n'a laissé de marques sur un visage. C'est une règle tacite employée dans ce milieu sombre aux pulsions viscérales. On ne dessine pas sur une œuvre d'art. "Je n'en doute pas.", la connaissant, elle a dû lui rendre en double ce souvenir qu'il lui a laissé. Les émeraudes dévisagent les traits de la jeune femme, sur lesquels il entrevoit une beauté presque exotique. Même affublée de ce cocard, Maddie n'en reste pas moins magnifique. Elle en serait même plus attrayante, à bien y regarder, le violet foncé soulignant ses prunelles bleu glacé. "Remarque, ça te donne un certain charme.", il plaisante, à moitié, ses lèvres s'étirant en un sourire amusé mais sincère. Il la scrute toujours, pendant qu'elle tire sur le calumet, les pensées vagabondant sur la brutalité de la scène dont elle a été à la fois victime et bourreau. Il a dû se régaler, l'enfoiré. Si elle n'était pas à la fois son assistante et, envers et contre tout, son amie la plus proche, Seth aurait volontiers goûté à toute la palette, de son agressivité à sa sauvagerie. Cette divagation est tue à grand renfort de whisky et de weed, le mélange anesthésiant ses vils instincts.      
 

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Le châtiment corporel qu’il lui adresse est à la hauteur de la moquerie sans doute, la fait se cabrer quelques secondes avant de reposer un regard noir sur son patron, beaucoup moins enclin à la taquinerie d’un coup. Une opération donc savamment menée par le brun qui lui intime de ne pas se moquer, tout en sachant qu’elle risque pourtant de retenter l’expérience, ses sévices ne faisant que de l’y pousser un peu plus. « Danaë. » La simple évocation d’un autre nom féminin qui lui hérisse le poil, la propriété marquée sur son patron qu’elle n’a aucune envie de partager avec une autre. Elle a déjà entendu ce nom, l’a vu sur des billets d’avion, sur des rapports de travail, elle a aperçu de loin les courbes désirables de la belle brune sans pourtant la considérer comme une rivale. Est-ce qu’elle en est une ? Il lui reste encore à le découvrir, un baiser n’étant qu’une manière animale de montrer sa possession et son attrait, en soi peu de choses comparé au lien inexplicable et tordu qui la lie à Seth. Cet homme pour qui le désir qu’elle éprouve n’est qu’une facette à peine exploitable de la relation.« J’imagine que c’est déconseillé dans ta position de t’exposer de la sorte avec une étudiante ? » Elle tente de faire le tour du problème, non sans comprendre aisément, qu’il n’est pas question uniquement de bonne façon. Ce simple fait aurait pu être géré bien plus simplement sans nécessité de s’euthanasier à l’alcool, et sans le troubler assez pour en oublier ses obligations professionnelles. « J’sais pas ce qui m'a pris. » La fumée quitte les lèvres de la blonde avec lenteur alors qu’elle laisse son esprit divaguer, un peu embrumée par les quelques lattes déjà tirées. Puis doucement, son regard retrouve celui rougit de l’archéologue. « Vraiment  ? Tu ne sais pas  ? » Un rire enfantin sort de ses lèvres, le sourcil relevé pour lui indiquer sa perplexité. « Tu veux que je t’éclaire ? Les émotions, ça me connaît bien, moi… » Maddie la trop sensible, l’indomptable face à Seth l’imperturbable. Le grand méchant loup tombé dans les bras du doux agneau, elle peine pourtant à le croire.

Seth ne fera pas une histoire du cocard qui orne son œil et qu’elle se trimballe sans fierté. C’est aussi ce qu’elle aime dans cette amitié, qu’il ne s’offusque pas, qu’il ne s’étonne pas de la voir retourner sans trembler dans les bras de ceux qui la blessent, qu’il ne tente ni de la dissuader, ni de la psychanalyser, se contentant d’accepter sa nature destructrice en l’observant. Se permettant même d’émettre des commentaires sur le charme que lui rajoute le violacé laissé par un poing impulsif. Se relevant un peu sur le canapé, elle vient attraper la mâchoire de l'homme d’une main sûre, plantant lentement ses ongles manucurés dans sa chair fraîche. « Je devrais peut-être t’en asséner un à toi aussi. Ça t’éviterait peut-être de dire des conneries. » Son regard de défi, imperturbable. Elle le sait pourtant, face à la force de Seth, elle ne fait pas le poids, mais ne se dégonfle pas pour autant. « Ça me donne l’air d’une victime, ça n’a rien de charmant. » Elle ne changera probablement pas son avis, mais ne l’accepte pas pour autant. Dans le miroir, il lui semble voir sa mère biologique, ce type de bleu, elle les a vu orner son visage. A compris plus tard que son père était de ses hommes, ceux qui n’épargnent même pas le visage, parce qu’ils n’ont pas peur des représailles, parce que leur proie est assez isolée pour qu’elle n’ait personne chez qui quémander de l’aide. Les bleus, les coupures, les brûlures, elle peut tout accepter, mais pas sur son visage. Ce visage qui ressemble déjà bien trop à celui de sa fragile génitrice. Sentant qu’il en faudrait peu pour qu’elle aussi laisse ses marques sur le visage de son patron, elle le relâche, poussant sa tête sans ménagement pour le renvoyer à sa place avant de se rallonger dans le canapé, vidant la fin de son verre déjà enfilé sans ménagement.

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Le pincement a l'effet escompté, et la belle cesse ses taquineries. Loin d'être un geste criminel, c'est surtout une façon affectueuse de lui montrer que l'archéologue n'en demeure pas moins son patron, et que cela implique un minimum de respect. Ou alors est-ce le fait que Seth lui-même ne comprenne pas pourquoi tout tourne si vite dans sa tête, et qu'il ne souhaite pas que quiconque puisse se moquer des sentiments sur lesquels il n'arrive pas encore à mettre de mots. Toujours est-il que Maddie est cette épaule vers qui se tourner, cette présence constante dans un quotidien qu'il n'imagine plus sans elle, et qu'elle commence à comprendre partiellement l'étendue des dégâts. Les relations entre professeurs et élèves sont strictement interdites, c'est une vérité universelle qui s'applique bien au-delà des frontières australiennes. "Déconseillé et répressible, ouais.", admet-il les dents serrées, désabusé par l'aberration. Pourquoi tout ce qui est interdit a un goût moins fade que le reste? "J'sais pas ce que je risque...", et je m'en fous, je recommencerais mille fois si c'était à refaire. Quel châtiment surpasserait le fait de tomber lamentablement amoureux? "Mais c'est pas ce qui m'inquiète le plus.", les remontrances de la direction de l'université, le qu'en-dira-t-on, les bruits de couloir, là n'est pas le problème. Le souci, c'est de ressentir des choses qu'il ne connait pas, d'être le prisonnier de sentiments nouveaux, complexes, et vraisemblablement diaboliques. Le feu qui le consume est un incendie qui rendrait presque celui de la ville ridicule et minime, il en crèverait de ne pouvoir posséder le corps tout entier de son étudiante. Les histoires de son assistante prennent soudainement plus de sens, Maddie le volcan qui épanche trop vite, trop fort, sa lave sur les territoires d'autres. La blonde a raison, les émotions, elle ne les connait que trop bien. Un sourire curieux prend place sur les lèvres de l'américain, qui s'intéresse et se fie toujours aux ressentis de sa comparse, laquelle a déjà démontré de nombreux points communs avec sa propre personne. "Vas-y, j'suis prêt pour une psychanalyse de comptoir. Éclaire-moi.", l'invite-t-il en prenant une nouvelle gorgée de spiritueux. Cette discussion n'aurait pu se dérouler dans la sobriété, c'est certain. Mais les effets du whisky et de l'herbe faisant leur chemin dans ses synapses, il est plus ouvert que jamais au dialogue.  

Si elle est victime de ses émotions, Maddie est loin d'être une femme fragile, et les preuves ont déjà été mises sur la table, quasiment d'entrée de jeu. L'américain n'a donc aucun doute sur le fait qu'elle est largement en mesure de se défendre, voire même, de rendre les coups au centuple au malheureux qui s'est octroyé le droit de bafouer les règles. Seth laisse son visage approcher de celui de son assistante, frissonnant sous les ongles que la jeune femme plante dans sa mâchoire pour l'attirer et le menacer du même châtiment qu'elle. C'est presque trop doux. Un bon coup de poing, pourquoi pas, peut-être que ça lui remettrait les idées en place, finalement. Vas-y, frappe, ses prunelles crient, supplient presque cette violence innée et bestiale. Mais il sait aussi que ce serait ouvrir la porte à des vices dont il n'est pas question entre eux. Si elle franchit ce cap, rien n'assure qu'il saura rester le mur de stoïcité qu'il s'efforce à demeurer à ses côtés. "Chiche.", souffle-t-il malgré tout contre les lèvres de la blondinette, avant qu'elle ne se résigne à le libérer. C'est plus fort que lui, la nature chassée revient au galop. Son patron la provoque délibérément, quelque part, il a peut-être besoin d'une bonne dose de sauvagerie pour calmer son tempérament malmené et son esprit affolé. Mais il se laisse retomber dans sa position initiale, un sourire amusé aux lèvres, non sans avoir rattrapé au passage le joint entre les doigts de la jeune femme. Il aurait sans aucun doute paré le coup, ou mieux, l'aurait bloqué d'une poigne ferme autour du bras fluet de la blonde, mais quelque part, il regrette que l'intention n'ait pas été poussée à son paroxysme. Tirant une nouvelle bouffée sur le bâtonnet pour l'emmener au mégot, il laisse la fumée embrumer davantage ses poumons chargés de l'air électrique de la menace avortée. "C'est vrai, t'as tout d'un tendre agneau.", surenchérit-il, sachant pertinemment qu'elle n'entendrait pas cet affront. Le mensonge est éhonté, Maddie doit sûrement savoir qu'il n'en pense pas un piètre mot. Seth se redresse pour remplir les verres vidés précipitamment, levant le sien en direction de son assistante: "À toutes les victimes, alors!", pièces maîtresses de leur jeu, sans qui les bourreaux n'auraient pas lieu d'exister.  

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Maddie & @Seth Hill ☆ crédit/may0oosh & Keetika

Elle aurait presque pu deviner les mots, l’inquiétude qui ne le tient pas en raison des conséquences de ses actes, mais bel et bien de l’implication de ses sentiments. Les sentiments, un domaine complexe qui l’anime depuis toujours, qui la déchire de l’intérieur, la laissant parfois sans force. Les psychanalyses, incapables de la canaliser. Elle connaît trop bien ces méandres profonds, elle les a souvent expérimenté, ils l’ont envahie si fréquemment, contrairement à son comparse qui semble se découvrir des élans de sensibilité. « Vas-y, j'suis prêt pour une psychanalyse de comptoir. Éclaire-moi. » Elle pourrait sans doute ressortir à l’identique ce qu’elle a entendu tant de fois, mais ce soir, leur ressemblance s’arrête à ce soupçon de sentiment découvert par son patron.« À mon avis, ce que tu as ressenti, c'est ce qu’on appelle communément un sentiment. Alors, bienvenue dans le club très peu sélect de ceux qui ne savent pas les inhiber. » Fronçant un peu les sourcils, elle l’observe un peu plus, tente de percevoir l’émotion qui l’anime à cet instant précis. « J’imagine que tes certitudes d’homme inébranlable sont un peu contrariées. » Puisqu’il est question de son équilibre psychologique, et probablement un peu aussi de son ego. Toute la vie de Seth bâtie sur cette certitude d’être un homme imperturbable, insensible.

Chiche. L’idée de lui infliger un châtiment identique au sien l’a à peine effleurée en réalité ; le faire qu’elle lise dans ses yeux une envie dangereuse qu’elle y cède la fait reculer, comme si l’idée même que la sanction puisse lui plaire lui enlevait une partie du plaisir. Retrouve sa place sur le divan, délaissée de son joint dont il a repris possession. « C’est vrai, t'as tout d'un tendre agneau. » Il n’y croit pas, elle non plus, ne rebondira même pas sur le commentaire. Sait qu’elle se place depuis longtemps de l’autre côté de la ligne, peu importe les coups portés sur son corps ou les insultes qui glissent sur elle, les émotions qui se déclarent en tornade ne sont que passagères, elles ne lui collent plus à la peau depuis longtemps. Oubliées aussi vite qu’elles montent en flèche. Elle trinque avec lui, aux victimes de leurs esprits torturés, à ceux qui s’accrochent à leur rêve. Son esprit divaguant déjà ailleurs. « Je déteste Noël » La confidence qu'elle siffle entre ses dents, ramenée à ses émotions complexes concernant la fête qui a divisé sa famille et lui rappelle chaque année sa responsabilité dans le regard de sa mère. Un rire nerveux qui l’attrape, mélange de tristesse et d’alcool. « J’ai envie de danser ! » Elle n’attend pas d’avoir l’aval de son patron pour se lever, et allumer l’enceinte pour lancer une musique. Son corps déjà engourdi par les substances qui se déhanche au milieu du salon de Seth, ce dernier qui ne bouge pas. « Allez, viens ! » La main qu’elle tend vers lui est refusée, l’esprit de l’homme ailleurs, loin d’elle. Le sentiment d’abandon qui la surprend, qui est cette Danaë pour venir lui ôter l’attention de Seth, envahir son esprit de la sorte. Ce n’est pas tant le refus de la danse, mais son regard encore hagard qui fait monter les prémices d’une colère. Le regard qui s’assombrit alors qu’elle se rapproche à nouveau de Seth, se penchant au-dessus de lui. « T’en a besoin, n’est-ce pas ? » Qu’elle lui remette les idées en place, qu’elle le sorte de sa stupeur. Il n’a pas le temps de comprendre sa question, ou d’esquisser une réponse, que déjà le son de la claque qu’elle lui assène retentit dans la pièce. Un son mat, comme une porte qui se ferme trop fort, sans prévenir. La force qu’elle n’a pas retenue, la joue de l’homme rougissant aussi vite sous son regard. Ses doigts caressant maintenant cette nouvelle marque teintant sa peau. « Promis, ça ne laissera pas de traces. » Sous-entendu, elle ne jouera pas dans cette catégorie.

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Il ne peut la contredire, ne peut nier la justesse de ses paroles. Elle le connait par coeur, l'a bien jugé dès le départ, et au-delà de tout, elle le comprend. Seth est à la fois navré et rassuré, mais il conserve un silence presque religieux, parce que mettre des mots sur ce qu'il ressent, c'est avouer l'existence de sentiments qu'il n'a jamais éprouvés auparavant. Contrairement à Maddie, qui s'éprend toujours avec toute la force et la puissance qu'elle est capable d'y mettre, et malgré le résultat qui semble systématiquement se reproduire: un coeur brisé. L'américain commence à l'envisager autrement, décelant une immense dose de courage dans les agissements de son assistante, qui se lance à corps perdu dans de nouvelles aventures. C'est comme remonter en selle après une lourde chute quand le canasson a décidé de vous expulser, et de vous briser les jambes. Cela demande une certaine vaillance, la témérité de réitérer l'expérience, en dépit du danger que cela comporte. Maddie l'entend, le ressent aussi, le vit souvent, même. Pour l'archéologue, c'est différent. Son palpitant a arrêté de battre depuis fort longtemps pour les autres, s'il n'a jamais seulement battu un jour pour qui que ce soit. Aujourd'hui, le faible tambour s'est éveillé, comme le premier craquement d'un volcan en éruption depuis toujours. Et ça l'étonne, le bouleverse, lui fiche presque la trouille. Seule la blondinette semble apaiser ce tourbillon qui fait rage. "Tu me connais bien.", admet-il, pour ne pas concéder que le mot "sentiment" fasse désormais partie de son vocabulaire. C'est à la fois grisant et affolant de concevoir qu'un autre être humain puisse aussi bien jauger les tréfonds de son âme.

Être le bourreau est plus facile, plus sécuritaire, moins engageant. C'est un choix par défaut, conduit par l'essence-même de ce qu'il est, de ce qu'ils sont. Il ne peut en être autrement. La période des fêtes semble pourtant avoir un impact sur l'humeur de la blonde - ou est-ce le mélange d'alcool et d'opiacés qui opère un effet mélancolique - qui tente de se divertir en allumant l'enceinte pour lancer un air rythmé. Seth l'observe, apprécie le spectacle qui se déroule sous ses yeux, mais si son corps est bien présent, c'est ailleurs que divague sa psyché. Son assistante le remarque, d'ailleurs, et cette main tendue qui ne trouve pas de réponse est un affront à la beauté qui se déhanche dans son salon. Et plutôt que de pendre lâchement dans le vide, cette dernière vient s'écraser sur la joue de Seth, qui est aussitôt sorti de sa léthargie. Son regard s'est assombri, la dévisage d'un oeil lascif. C'est tout ce qu'il aime. L'américain se lève, par réflexe, par l'impulsion qui le pousse à réagir à la violence, et sans doute pas de la façon la plus conventionnelle qui soit. "Qu'est-ce qui te prend?", demande-t-il les dents serrées. Les phalanges de sa main droite sont déjà autour du cou de la jeune femme, maintenant une distance raisonnable entre eux deux. Le pouce et l'index appuyent de part et d'autre de sa jugulaire, assez fort pour voir les miroirs de l'autre s'humidifier sous le manque d'oxygène. L'instinct se réveille, doucement, le bercement de l'adrénaline filant à toute allure dans les veines du chasseur. C'est Maddie, détends-toi. "Je ne sais pas danser.", finit-il par admettre, lâchant son emprise pour asséner au passage une petite claque sur le visage de son assistante, trop faible pour être appréciée, toute juste un tapotement sur sa peau pâle. Comme une remontrance à un enfant turbulent. Ce n'est pas tant qu'il ne sait pas danser, mais surtout qu'il n'aime pas ça. Les valses auxquelles il aime s'adonner ne se jouent pas au rythme d'une mélodie langoureuse.        
 

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Maddie & @Seth Hill ☆ crédit/may0oosh & Keetika

tw: violence physique

« Tu me connais bien. » L’aveu lui arrache un sourire, elle n’est pas peu fière d’elle. Décrypter les autres humains n’est pas exactement son point fort ; d’après ce qu’on lui a dit, c’est en lien avec sa difficulté à ressentir de l’empathie. L’empathie, est-ce qu’elle en a en cet instant pour Seth ? Pas vraiment, il lui semble fracassé par la découverte d’émotions nouvelles et ça l’amuse. Elle en joue un peu, car avec Seth, tout est plus simple, même de comprendre son esprit abîmé et presque hors d’usage. Elle en profite, à l’amusement se mêle la jalousie, jamais loin, la possessivité qui gangrène toutes ces relations qui lui intiment de défendre son territoire. Les deux femmes ne jouent pas sur le même tableau pourtant, jamais elle n’a cherché à provoquer chez son patron ce type de sentiments qu’il révulse. Elle aime leur relation comme elle est, indescriptible et pourtant bétonnée. « On est comme les deux faces d’une même pièce, Hill. » Elle pouvait presque visualiser cette pièce abîmée, cabossée, leurs deux âmes à l’opposé et si proches pourtant. « Tu vas faire quoi maintenant ? » Elle le questionne tout de même, se doutant qu’il n’a pourtant pas la réponse à cette question, ou qu’il va l’évincer, profitant qu’elle soit assez vague pour ne nécessiter aucune réponse précise.

En présence de Seth, il semble presque inutile de tenter les filtres, de brider son esprit torturé. Alors, quand la claque part, elle n’a pas une seconde de regret, ne se demande pas s’il va la virer, ou la tuer. Elle le fait d’instinct, pour le faire revenir à l'instant. Et aussi rapidement, les mains de l’homme se referment sur sa gorge, le souffle se coupe. Mise à l’agonie par sa poigne puissante. Elle devrait sans doute avoir peur, sentir la vie la quitter, mais au lieu de ça, elle jubile, s’accroche à cette violence pure qu’il lui offre sans se cacher, sans avoir peur. Elle ne peut répondre à sa question tant l’air manque à ses poumons, le voile noir commençant à se dessiner devant ses yeux quand il la relâche finalement. La main de Madison venant enserrer son propre cou à sa suite alors qu’il tapote sa joue. Le temps de reprendre ses esprits pour finir par lui donner une bribe d'explication. « Tu es revenu…. » Revenu à elle, son attention sur sa gorge, son corps, son esprit dans la pièce avec son assistante, c’est ce qu’elle attendait, ce qu’elle a eu. « Ne laisse pas cette fille faire de toi une carpette. » À ses bottes, à rêver d’elle. L’idée même lui donne la nausée. Pour ce qui est de la danse, l'excuse qu'il lui offre est à peine entendue. « Je peux t’apprendre si ce n’est que ça. » Elle sait que le refus n’est pas loin, mais s’en moque ; retrouver son attention était son objectif premier, elle n’a pas besoin d’une danse.

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w/ @Madison Monroe  ∆ gifs/may0osh&myulmang

Elle est le verso de son recto, cet autre qui s'oppose naturellement à lui et qui, par définition, lui ressemble tellement. Les deux faces d'une même pièce, comme Maddie le métaphorise si bien. Fort de ce recrutement, l'archéologue se félicite d'être tombé sur pareille pépite. Si la blonde sait parfaitement attiser le pire en lui, la réciproque trouve parfois sa place, et aujourd'hui, c'est elle qui le temporise, qui le confronte aux émotions qu'il peut ressentir et qui le perdent, quelque part, dans le nuage brumeux de sa tourmente intérieure. Que va-t-il faire, maintenant? "Rien.", la réponse est ferme, rapide, instinctive. "Pourquoi, j'suis sensé faire quelque chose?", à part aller trouver Danaë et achever ce qu'ils ont commencé plus tôt, rien ne saura jamais calmer cet appétit vorace qui lui vrille l'estomac. Il a soif d'elle, comme un prisonnier lorgnant sur un puits asséché depuis des semaines. Seth sent cette pulsion grandir en lui, menaçant de le pousser au bord de l'implosion, et s'il ne passe pas cette violence sur la naïade, c'est forcément une autre qui fera les frais de son instinct provoqué, endolori par une passion dévorante inconnue jusque-là. Éteindre l'incendie à grand renfort de whisky paraît une bonne solution alternative, pour l'heure, et endormir la bête sous les bouffées de weed est une sécurité relative. Qu'y a-t-il d'autre à faire? L'américain n'a pas envie de se convaincre qu'il ne ressent rien pour son élève, ce n'est de toute évidence pas le cas. Même si ça lui coûte de l'admettre, finalement, l'insensibilité a trouvé sa brèche, sa faille, un bug dans le système. Cette exception n'est ni le début d'une ouverture sur le monde, ni une réelle fin en soi. La présence de Maddie, sa provocation, sa violence innée, rappelle à Seth la personne qu'il est au fond de lui, celle qu'il a toujours été. Reprendre ses esprits n'est jamais qu'à une baffe en plein visage, et sa fidèle assistante demeure présente pour l'asséner au besoin. Et souffrir de la répartie de son jumeau, qui ne se fait pas prier pour refermer sa poigne asssassine autour de la gorge de la blonde, par pur réflèxe et abandon à son instinct meurtrier.  

Leur danse n'a rien d'un tango, c'est une perpétuelle bataille entre deux esprits retors, qui s'articule en écrasant les pieds de l'autre. Lorsqu'elle propose de lui apprendre, Seth esquisse un sourire et attrape la main de son assistante, lui faisant exécuter un tour aérien sur elle-même pour venir la coller contre son torse, sans aucune douceur. Les verres posés non loin ont bien failli être emportés dans le mouvement, mais trônent toujours, lamentablement vides, sur la table basse. L'américain attrape les deux bras de la jeune femme qu'il glisse autour de son cou, calant ses propres mains sur les hanches de la blonde. Il serre assez fort pour sentir les os du bassin de sa partenaire sous la pulpe de ses doigts. "J'sais pas si c'est une bonne chose.", admet-il en baissant le regard sur une Maddie pieds nus qui lui arrive au torse. Elle est toute petite, toute minuscule, et pourtant si forte. C'est là toute la beauté de son paradoxe. "J'voudrais pas avoir l'air d'une carpette.", il achève, le regard assombri à la simple idée qu'elle puisse associer ce qualificatif à son nom. Avoir une faiblesse ne fait pas de lui quelqu'un de fragile pour autant, et la jeune femme ne doit pas l'oublier. Il fait deux, trois pas de valse, pour lui prouver qu'il n'est pas totalement novice en la matière, puis la porte en l'air comme une enfant avec de la jeter sur le canapé. Entre ses bras, elle est à peine plus lourde qu'un petit chat mignon. Un petit chat aux griffes acérées comme des lames de rasoir. "Sers-nous à boire au lieu de dire n'importe quoi.", il suggère, il ordonne, alors qu'ils ont outrepassé le cadre professionnel depuis que le compte-rendu a été sauvement jeté là, quelque part, et remis aux oubliettes au profit d'une soirée plus chill.