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@Gina Cooper
 

Elle errait depuis une bonne heure déjà, le regard supérieur et une impression indéniable de dégoût qu’elle faisait de son mieux pour réprimer. Son visage ne pouvait néanmoins rien retenir, trop habituée à exprimer chacune de ses émotions sans retenue pour mieux obtenir ce qu’elle voulait. Méthode efficace mais qui n’avait cette fois-ci rien d’utile, la laissant juste avec un air dépité en seule compagnie. C’était comme se retrouver enfermée au milieu d’odeurs nauséabondes sans la moindre issue. Tragique. Ses aspirations pour Brisbane n’étaient pourtant pas bien grandes mais il fallait croire qu’elle avait trouvé le moyen de rester déçue. Une pauvre capitale d’État, d’un pays à des milliers de kilomètres de son tendre domicile, ne pouvait pas avoir la même grandeur que les grandes villes américaines mais le constater était choquant et si…concret. Son arrivée ne datait que de quelques jours à peine mais son opinion était déjà bien établie et le décalage horaire dont elle se remettait à peine n’arrangeait rien. “Who lives like that, really.” était encore la seule réflexion qui arrivait en boucle dans sa petite tête et son objectif se perdait à mesure que son attention se concentrait sur les nouveaux détails désastreux qu’elle analysait intérieurement. Un problème d’adhd apparemment, mais ce n’était pas le plus important en l’état. Non, pour l’instant c’était…de trouver une explication à l’absence de Gina et calmer son angoisse. Il lui en fallait certes peu mais l’impression de ne plus être le centre de l’attention, même à des kilomètres de distance, lui était parfaitement insoutenable. C’était donc ça la raison principale à sa présence au milieu de la campagne du monde donc. Un souffle s’échappa à nouveau de ses lèvres pour accompagner ces merveilleuses pensées, la concentration bien présente -incroyable- pour assouvir sa première action concrète de son séjour australien qui ne durerait pas bien longtemps, n’est-ce pas. L’adresse de la blonde était soigneusement inscrite dans la fiche contact de son téléphone et les désirs d’exploration d’Aly lui valaient d’ores et déjà quelques ampoules. Quelle idée de se lancer à pied et de faire confiance à Siri lorsque les Uber s’étaient exportés à l’étranger. Nouveau souffle échappé de ses lèvres alors que les talons hauts lui meurtrissaient les orteils, la mine presque déconfite et les apparences entièrement abandonnées. Son accent californien - détestable selon les avis - avait été remarqué lorsqu’elle avait demandé son chemin à une première âme en peine et le sourire lâché en guise de remerciement était suffisant pour ne pas perdre toute contenance et se reprendre avant d’arriver à destination. And now, what?” Elle se mordit la lèvre d’un air anxieux une dernière fois, son doigt pressé sur la sonnette en se remplaçant bien devant la caméra de l’interphone pour plus de drama. “You left me on read, Gi?” Sûrement pas la première question à poser après tout ce temps mais pourtant la première à sortir de ses lèvres. Une histoire de priorité narcissique.

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@Alhena de Luca
 

Ça faisait quoi ? Une bonne quinzaine de jours qu’elle n’était pas sortie de chez elle ? Enfin, elle avait mis le nez dehors, sur sa terrasse, mais ça, c’était après avoir passé près de soixante-douze heures dans son lit. Donc oui, en dehors, disons plus justement qu’elle n’avait pas quitté sa propriété depuis quinze jours. Ses retrouvailles inattendues avec Scott avaient eu l’effet d’une bombe, faisant remonter à la surface une vague de souvenirs qu’elle avait voulu enfouir. Elle était retombée dans ses filets avec une facilité qui la dégoûtait. Il lui avait proposé un verre : elle avait accepté, sans hésitation. Elle, qui avait pendant des années imaginé le revoir un jour et lui dire enfin tout le mal qu’il lui avait fait, mettre des mots sur ses maux, non plus devant une thérapeute mais devant le coupable de tous ses traumas… Elle avait été incapable de faire quoi que ce soit. Pire encore, elle avait même cru ressentir ce qu’elle ressentait pour lui à l’époque du lycée. Elle s’était vue finir sa vie avec lui, espérant qu’il ait changé, se rappelant qu’il était son premier amour, potentiellement le seul.
Donc oui : elle s’était réfugiée dans son lit, dans le noir, avait lu des messages sans y répondre, ignoré tous les appels de ses amis avant de même jeter son smartphone dans un coin de la pièce. Elle avait pleuré durant des jours et des nuits avant d’enfin se traîner jusqu’à la cuisine pour manger quelque chose. Les jours suivants, elle avait élu domicile dans son canapé, la télévision allumée non-stop sur le E! Network, survivant de smoothies aux choux frisés et d’amandes grillées.

La sonnerie de l’entrée ? Elle l’avait entendue une ou deux fois ces derniers jours, entre un livreur et son manager qui, inquiet, avait pointé le bout de son nez, mais elle n’avait pas ouvert, ni même répondu à l’interphone. Elle se tirait quand même de son canapé lorsque la sonnerie retentissait, curieuse de voir la tête de ceux ou celles qui osaient venir la déranger. Seulement, cette fois-ci, la personne devant la caméra était des plus inattendues. Et sur le coup, Gina pensait même avoir une hallucination, que ce soit par manque de cocaïne ou surconsommation de chou frisé. Personne ne ferait plus de onze mille cinq cents kilomètres pour sonner chez elle, donc ça ne pouvait pas être Alhena.
Elle plissait les yeux, fixant l’écran et ses petits pixels alors que la voix du sosie d’Aly se faisait entendre à travers le micro.« You left me on read, Gi? » Ok, pour se présenter avec une remarque aussi débile, ça ne pouvait être que la véritable Alhena De Luca. Gina restait bouche bée, appuyant sur le bouton qui ouvrait le portillon permettant à son amie/ex de faire le chemin jusqu’à sa porte. Porte d’entrée qu’elle ouvrait pour la première fois depuis de longues semaines sans pour autant faire un pas dehors, observant la fausse blonde et sa démarche de diva. Gina n’avait pas la tête des bons jours, clairement : pas de maquillage, des gros cernes, sa tignasse blonde ébouriffée, sa frange aussi, un t-shirt troué et froissé dont l’impression du visage de Christina Aguilera était difficile à distinguer, un short de pyjama gris informe et des chaussettes de Noël. « Don’t tell me you took a private jet for this? »

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@Gina Cooper
 

Son plan devait paraître idiot maintenant qu’il se concrétisait bel et bien de manière concrète mais Alhena ne flanchait pas. Au contraire, elle était encore à des années lumières de se rendre compte de l’absurdité de franchir des milliers de kilomètres pour confronter Gina et son ghosting. Et encore, quel ghosting. Un pauvre petit message. Comme si elle n’était pas elle-même experte dans le domaine avec le bas-peuple qui osait s’adresser à elle. Une hypocrisie de plus à rajouter à son CV, et qui cachait surtout l’anxiété qu’elle ressentait à l’idée qu’une catastrophe soudaine ait pu surgir dans la vie de son amie. Leur dynamique était certes aussi intense que bancale mais ça ne l’empêchait pas de savoir qu’une absence prolongée des réseaux et de ses dm n’était pas habituel de sa part. D’où son plan parfaitement sensé et intelligent de se pointer chez elle, sans invitation. Du moins, il aurait été plus intelligent si elle n’avait pas commencé par l’accuser de la laisser en vue à travers un interphone. Mmh. Elle grimaça l’espace d’un instant, comme seule émotion de regret qu’elle accorderait pour la journée, et reprit ensuite son air sérieux pour observer la grande villa sous ses yeux. Le luxe transparaissait sans effort et elle ne pouvait qu’approuver. Si Gina avait la lubie de s’enterrer à l’autre bout du monde avec des animaux plus effrayants les uns que les autres, au moins elle continuait à exposer le bon goût aux yeux du fameux bas-peuple local. Un sourire se logea entre ses lèvres en entendant le portail s’ouvrir, comme une marque de premier succès qu’elle n’avait jamais douté et qu’elle espérait bien voir se poursuivre. Le seul bruit de ses talons inconfortables l’accompagna jusqu’à la porte d’entrée, le contraste avec la tenue plus…décontractée de son ex lui indiquant presque qu'elle faisait peut-être trop. Puis elle aurait bien fait une remarque mais la douleur à ses pieds et la robe qui commençait à lui serrer la taille lui indiquait que ce n’était pas le bon moment. La répartie de Gina était de toute manière beaucoup plus intéressante et elle sourit légèrement en conservant son air choqué et sans doute déconnecté de la réalité. “You bet I did.” Le ton à la fois sérieux et outré parlait de lui-même pour démontrer l’étendue de ses privilèges mais dans son point de vue ce n’était qu’une question de standards à avoir. “My ego is easily hurt, what can I?” Franchise non-déguisée pour une fois, et accompagnée d’un haussement d’épaules détaché avant de replacer son regard dans le bleu familier de celui de Gina. “I don’t mean to sound rude but girl, what the fuck?” Elle finit par demander directement, sans détailler tout de suite ce qu’elle voulait dire par là. “I have to come to you to get an answer, how crazy is that?” Elle reprenait l’air de rien, sans avouer que c’était sa manière de montrer qu’elle était capable de s’inquiéter pour quelqu’un d’autre qu’elle-même. “I brought a gift to you to celebrate. It’s me, I’m your gift.” Au cas où ce n’était pas clair. “You’re welcome.”

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@Alhena de Luca
 

« You bet I did. » L’impact carbone d’un message laissé sans réponse ? Douze tonnes. Ouais, donc l’émission moyenne d’un humain en un an. Pour un message laissé en lu. That’s dedication ! Ça faisait mal à la planète, mais Alhena n’était pas du genre à s’en soucier, sauf si c’était pour un hashtag trendy, et Gina… était un peu pareille à ce sujet, malheureusement, bien que moins dans l’excès. « My ego is easily hurt, what can I say? » Elle haussait les épaules et Gina esquissait un faible sourire. Deux minutes qu’elle était là et elle avait déjà réussi à lui arracher plus de sourires que la télévision depuis deux semaines. Y’avait pas à dire : il suffisait de revoir une amie/ex de longue date, un brin extravagante, venir parler de problèmes qui n’en sont pas pour retrouver un peu le moral. « I don’t mean to sound rude but girl, what the fuck? » « What the fuck what? » Que Gina demandait tout de même, parce qu’à ses yeux il y avait de multiples raisons de s’exclamer ainsi. Son absence de réponse, oui, son absence d’Instagram, sa tenue actuelle, ses yeux cernés et rougis, son teint blafard… Et venant d’Aly, toutes ces réponses étaient possibles, compte tenu qu’elle ne mâchait pas ses mots, surtout pour juger le look de quelqu’un (encore plus quelqu’un comme Gina).
« I brought a gift to you to celebrate. It’s me, I’m your gift. » Gina, moins triste, aurait clairement échappé un rire. Là, dans l’immédiat, elle hochait lentement la tête. « You’re welcome. » « That’s one talkative gift », notait-elle, se décalant, faisant signe à Alhena de rentrer avant de refermer derrière elle. « You really came for this? For me? » Oui, elle avait du mal à y croire. D’accord, son silence radio était inquiétant, ça elle l’entendait sans mal, mais de là à ce qu’elle se déplace ? Il devait y avoir autre chose, peut-être que Gina avait été trop déconnectée du monde ces derniers temps qu’elle avait loupé un événement ou quelque chose d’important qui avait lieu dans le coin ? Non… rien de bien important ne passait par ici. Sydney, oui, mais Brisbane, pas vraiment. Gina traînait des pieds pour rejoindre le salon et se laisser de nouveau tomber dans le canapé alors qu’un vieil épisode des Kardashians était rediffusé à la télévision. « You’re welcome to come slowly rot to death with me. », qu’elle annonçait en s’enroulant dans un plaid. Il faisait trente-huit degrés dehors, et particulièrement lourd, mais la climatisation gardait l’intérieur à un petit vingt-trois degrés pour que Gina puisse se la jouer cocooning. (Ouais, l’impact carbone de ça est trop compliqué à calculer.)

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@Gina Cooper
 

L’extravagance avait toujours fait partie d’elle, il était impossible de le nier. Seulement l’effet de surprise imaginé pour ses retrouvailles avec Gina avait cette fois-ci entièrement parasité son esprit pour en faire sa seule et unique obsession sur la dernière semaine de décembre au point d’annihiler tous ses autres sens et priorités. Il lui en fallait sans doute peu, encore un privilège que l’argent et sa condition de personnalité mondaine lui accordait, mais la raison était concrète pour une fois. Une inquiétude pour son amie impossible à formuler correctement et un ego blessé qu’elle n’avait aucun problème à mettre en avant devant elle. Le sourire qu’elle avait réussi à lui arracher était déjà une victoire en soi au moins et elle pouvait continuer à dérouler son numéro de diva sans arrière-goût de regrets à compter que ce soit possible. “Oh fuck being polite. Just what the fuck, Gina. What do you think I mean by that?” La réponse était claquée dans son sourire le plus mondain comme pour un meilleur contraste avec ses mots, et elle laissa quelques secondes en suspens avant de poser une main qui se voulait compatissante sur l’épaule de la blonde. Le geste succinct fit place à une moue sur le visage rapidement pour se désigner comme cadeau et elle ne se fit pas prier pour rentrer à l’intérieur de sa maison. Une première depuis les longues années où la jeune femme l’avait abandonné tragiquement pour l’Australie. “It’s been a while.” Qu’elle s’introduisait dans l’intimité de son domicile, qu’elle forçait pour réparer un ego blessé, qu’elle s’inquiétait au point de prendre un jet sur un coup de tête et réserver une suite à l’hôtel le plus cher trouvé par un assistant resté à LA. “I’m a delight and you love the sound of my angelic voice, don’t deny it.” Elle affirmait dans le plus grand sérieux avec un sourire pour attendrir l’affirmation, son regard posé un instant sur l’écran de sa télévision. “That’s home.” Les plans sur Calabasas, les devantures de magasins, le son des dramas de personnes bien trop riches que le bas-peuple ne pouvait connaître. “I don’t mind joining you but I’m not dressed for it.” L’excuse était probablement dérisoire pour certains mais Aly la prenait avec beaucoup de sérieux et commençait à sérieusement regretter d’avoir fait autant d’efforts pour s’apprêter. Quelle idée. “Why would you want to rot, you’re the sunshine they clearly need around here. You can’t let them down.” Pause d’hésitation le temps d’un clignement d’yeux. “Actually no, you can and should. But you can’t fail me.” C’était mieux, et beaucoup plus honnête avec une emphase sur sa petite personne. “I came because you need me.” Elle affirmait avec une franchise sans doute maladroite mais qui avait le mérite d’être honnête. Parce que bon, elle se retenait déjà énormément sur beaucoup de points même si son visage parlait à sa place donc fallait pas déconner.

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@Alhena de Luca
 

« Oh fuck being polite. Just what the fuck, Gina. What do you think I mean by that? » « What the fuck happened to me? » qu’elle répondait sans réfléchir. C’était certainement la question qui englobait toutes les autres, même Gina se doutait que, venant d’Aly, il y avait plus de chances que la réponse qu’elle attende soit ‘how come you’re not answering my text?!’ Parce que la princesse De Luca était le centre du monde. Et Gina ne pouvait pas lui en vouloir, elle aussi aurait été offusquée qu’on lui lâche un vu comme ça.  
Gina faisait bien vite entrer son amie, refermant derrière elle alors qu’elle disait : « It’s been a while. » « Since your message or since we saw each other face to face? » encore une question con de la part de Gina, à croire qu’elle comptait vraiment titiller l’égo d’Alhena jusqu’à ce qu’elle le prenne mal. Elle répondait du coup d’elle-même à mi-voix : « Both… yeah it’s been a minute. » Normalement, elle l’aurait prise dans ses bras, trop contente de revoir son amie, mais elle était tellement dans un état second depuis quelques semaines, comme anesthésiée des émotions, qu’elle se contentait de retourner à son canapé et son plaid, sa safe place des derniers jours.  
« I’m a delight and you love the sound of my angelic voice, don’t deny it. » « Yeah… maybe I even missed hearing it. » admettait-elle, ses yeux fatigués de retour sur l’écran télé pour voir Kourtney manger une salade. « That’s home. » Comme quoi, il suffisait de mettre la famille royale d’Amérique à la télévision pour qu’Aly se sente déjà chez elle. Gina osait à peine imaginer ce que son amie avait pensé de Brisbane jusqu’ici, mais elle se doutait que rien de bien positif n’avait dû traverser son esprit. Donc ce petit commentaire était certainement une victoire.  
« I don’t mind joining you, but I’m not dressed for it. » « I’ve got clothes upstairs, you know. If you need something comfy. » Ce n’étaient pas leurs quelques centimètres de différence qui allaient changer grand-chose. Aly était certainement l’une des rares personnes pouvant rentrer dans les vêtements de la garde-robe de Gina. Bon, elles avaient un style un peu différent, mais pour traîner devant la TV en pyjama, ça n’avait pas d’importance.  
« Why would you want to rot? You’re the sunshine they clearly need around here. You can’t let them down. » Gina reportait son regard sur Aly. « Actually no, you can and should. But you can’t fail me. » C’est qu’elle avait l’air vraiment sincère, voire même vraiment inquiète par ce soudain laisser-aller de la jeune Cooper. Cette dernière plissait légèrement les yeux, étudiant les pupilles sombres de son ex. « I came because you need me. » Gina sentait aussitôt des larmes perler aux coins de ses yeux. Ces simples mots venaient de mettre le doigt sur quelque chose de bien vrai : Gina avait toujours pour habitude d’affronter tout toute seule, sans demander de l’aide, sans s’appuyer sur qui que ce soit. Elle avait bien une thérapeute depuis presque un an, mais ce n’était pas pour autant devenu plus évident pour elle de demander de l’aide dans les moments difficiles. Les retrouvailles avec Scott l’avaient remuée, retournée, renversée, et elle avait une fois de plus décidé de s’en remettre seule, s’emprisonnant dans sa villa, telle une méchante Disney. Sauf que même les méchantes de fiction avaient de la compagnie, un sidekick. Il avait fallu que le sien fasse des milliers de kilomètres et force le passage pour lui rappeler que non, elle n’était pas seule et que surtout elle n’avait pas à affronter toutes ces émotions seule. « Hm » qu’elle lâchait en hochant lentement la tête, la mâchoire serrée, retenant des sanglots. Elle essuyait ses larmes du bout des doigts et prenait une profonde inspiration dans l’espoir de retrouver son calme. « I think I’ve let everyone down, starting with myself. » notait-elle avant de lâcher : « Scott was here. » Dans sa vie, il n’y avait qu’Aly qui savait précisément qui était Scott, ce qu’il avait fait et ce qu’il représentait pour Gina. Ses parents connaissaient le jeune homme comme un brillant garçon avec qui leur fille aurait dû rester. Ses frères et sœurs avaient quelques doutes à son sujet mais sans en savoir les détails. Et tous les autres amis de Gina n’avaient simplement jamais entendu le prénom de ce gars. Aly, elle, savait tout, parce qu’elle avait été la première relation de Gina après les dégâts causés par Scott, parce qu’elle avait, d’une certaine façon, trompé Scott avec Alhena et que sa conscience religieuse l’avait bien trop travaillée pour qu’elle ne se confie pas à sa nouvelle amoureuse. « Here in town, not here in my home, I didn’t fall that low… although, clearly, I could have. »  

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@Gina Cooper
 

Le tableau dressé devant elle par Gina forçait l’apparition de sentiments rarement dévoilés chez elle. Une inquiétude capable de lui faire traverser un océan, basée sur une excuse d’égo blessé. La vérité bien là et Aly faisait de son mieux pour la maîtriser sans véritablement réfléchir aux conséquences de cette intervention improvisée dans la vie de la jeune femme. Elle n’apporta aucune rectification à la signification présumée de son what the fuck, les expressions de visage figées par habitude pour ne rien laisser paraître. Pourquoi, elle-même ne le savait pas réellement si ce n’était la peur de ne pas pouvoir contrôler sa franchise caractéristique. Et au vu de son état, Gina n’avait pas besoin des tendres mots dont elle serait capable. C’était donc de l’altruisme, voilà tout. Déblatérer des mondanités et affirmations bien trop honnêtes sur sa qualité de cadeau étaient bien mieux et elle ne s’en privait pas le moins du monde. “I meant more ‘it’s been a while since I came over for a girls day. And night’ too actually, but sure, yes, that too.” S’il fallait commencer par tout dévoiler, autant commencer par ce qui était le moins compliqué pour elles deux. Son regard suivit celui de la blonde pour se poser sur l’écran allumé de la télévision et elle n’avait rien trouvé de mieux comme excuse que de parler de sa tenue comme si une robe ou un t-shirt oversized changeait la qualité des programmes. “How sweet.” Sa manière d’accepter la proposition sans passer directement à l’acte, comme un ultime geste de mondanité qui lui restait avant de rentrer dans le vif du sujet. Une transition sans doute un peu maladroite mais au moins elle avait partagé ce qui la tourmentait sans retenue. À sa manière, bien évidemment. Disparaître aux yeux du bas-peuple, pourquoi pas, mais des siens ? Not on her watch, never. “It’s ok, babe.” Les mots sortaient avec une panique non-dissimulée face à l’émotion de son amie, sa main posée contre le poignet de la jeune femme en signe d’encouragement et de protection. Parce qu’elle parlait peu des autres autant qu’elle parlait d’elle-même, Aly, mais elle était bien capable de tout pour les personnes qu’elle aimait et que sa manière de le montrer était encore à travers sa façon d’être tactile. Sa main remonta même jusqu’à la joue de Gina pour replacer une mèche de cheveux avec douceur et elle soutint son regard avec un sourire franc sans oser respirer trop fort pour perturber ses confessions. Le nom de Scott finit pourtant par sortir de ses lèvres et les quelques confidences lâchées lors de leurs premiers moments ensemble à Paris revinrent sans effort dans l’esprit de la rentière. “Asshole. I’d rip his guts out anytime.” Elle en serait capable, ce n’était pas son petit mètre cinquante-quatre qui lui poserait de problème. “You did not and that shows how strong you are.” L’encouragement ne faisait pas partie de ses habitudes non plus mais pour Gina, elle n’avait pas besoin de faire d’efforts. Un talent propre à son unique personne d’ailleurs, il était important de le souligner. “You left him once, you can overcome him again.” Même si la première fois avait été plutôt chaotique et qu’elle en était elle-même pour quelque chose mais c’était plus anecdotique que le reste à ce stade. “No one should give you the need to rot in front of the Kardashians, Gi.” La condescendance snob n’était jamais loin, elle n’était pas capable d’exprimer ses sentiments à l’oral très longtemps non plus et elle préférait venir l’enlacer à la place avant de continuer à raconter toutes les idées de vengeance qui lui passaient par la tête.

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Avec Alhena, c’était facile. Il n’y avait qu’avec elle qu’elle pouvait exprimer en quelques mots pourquoi elle était prostrée chez elle depuis deux semaines. Déjà parce qu’être vulnérable avec la rentière était à la base de leur relation, et surtout parce qu’elle était bien la seule à connaître tout le bagage traumatique qui accompagnait le simple prénom de Scott. Quelques gestes tendres d’Aly, une mèche de cheveux repoussée doucement, et Gina ajoutait quelques détails : la présence en ville de son ex, qui, s’il le lui avait demandé, aurait sans mal pu passer une nuit ou deux ici même, sous le toit de la New-Yorkaise. Cette simple idée la dégoûtait.
Elle qui pensait qu’elle avait suffisamment travaillé sur elle-même, mais aussi et surtout suffisamment enterré ces souvenirs pour ne plus craquer aussi facilement… Elle était tombée de haut en constatant qu’elle était toujours aussi faible face à cet enfoiré. Un mot de sa part et elle accourait. « Asshole. I’d rip his guts out anytime. »
À croire qu’Aly le détestait plus que Gina. « You did not and that shows how strong you are. » « I didn’t only because he didn’t ask. » notait-elle. Et s’il l’avait recroisée, ou s’il avait eu son numéro, il aurait probablement fini par lui proposer, et elle aurait accepté sans hésiter, parce qu’il avait un contrôle sur elle qui semblait inchangé depuis le lycée. « You left him once, you can overcome him again. » Elle hochait lentement la tête, même si elle n’en pensait pas un mot. Cette courte après-midi en sa présence lui avait bien prouvé qu’elle était surtout capable de retomber exactement là où elle était avant son départ pour Paris. Ni plus, ni moins. Et si, même en Australie, à l’autre bout du globe, il arrivait à la trouver et venir lui rappeler combien elle n’était rien sans lui, alors ce n’était pas en fuyant une seconde fois que ça changerait grand-chose.
« No one should give you the need to rot in front of the Kardashians, Gi. » Aly enlaça Gina, et cette dernière se blottit un instant contre elle, profitant de son parfum et de cette étreinte qui commençait à lui tirer les larmes aux yeux. « Maybe I should just go back to New York, marry him, and be some kind of stay-at-home wife. Or like a tradwife, really, I’m sure he’d love that. » Certainement. Avoir une femme docile, qui est aux petits soins avec lui, il n’y avait rien de mieux pour lui… Quoique, peut-être qu’avec une femme trop docile, il finirait par s’ennuyer. « I’d have to learn how to cook, which is annoying to say the least, but at least I wouldn’t be alone. He might just be the only person who still wants me even though I fucked up. » Parce que clairement, Marceline et Isabel, elles, ne comptaient pas retenter l’aventure avec Gina, qu’importe les efforts et séances de psy qu’elle ferait. Alors elle finissait par se convaincre que c’était lui le bon, depuis le début, que peut-être c’était une sorte de punition divine et qu’elle devait endurer ses violences, mais qu’elle ne trouverait jamais quelqu’un de plus dévoué que lui. « You’d come to my wedding, right? »

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@Gina Cooper
 

Les theories avaient eu le temps de se faire en quelques jours de disparition. Elle n’était peut-être pas le couteau le plus aiguisé du tiroir familial, il n’en restait pas moins qu’elle réfléchissait vite et possédait une intelligence émotionnelle qu’elle laissait se faire qu’auprès de ceux qui le méritaient. Alors ses airs dramatiques de diva n’était qu’un moyen pour elle de cacher l’ampleur de son inquiétude pour Gina et son arrivée chez elle ne lui avait que donner raison. Les confessions de la blonde se faisaient sans que la rentière ne la quitte du regard, les sourcils froncés à la mention de cet ex détestable qu’elle avait le temps de mépriser depuis plusieurs années déjà. Elle ne le connaissait pas, n’avait jamais eu affaire à lui directement, mais le profil présenté par son ancienne petite-amie lui suffisait pour avoir envie de laisser toute la violence dont elle était capable s’exprimer. Tant pis si sa taille ne lui accordait aucune crédibilité ou si les règlements de compte ne la concernaient pas. Elle était impliquée dès lors qu’une personne de son cercle était blessée. Sa main était posée sur l’épaule de la jeune femme comme pour le transmettre avec plus de conviction ces quelques pensées qui se bousculaient et elle ne la relâcha qu’un peu après devant la vulnérabilité franche de son amie. « Give yourself some credit on the things you did or didn’t do. Don’t live in the ´I could or would have’s. It’s not worth it. » Le conseil n’était sans doute pas le mieux à délivrer mais ça ne l’empêchait pas d’y croire fermement. S’enfermer dans le conditionnel ne ferait que la blesser davantage, ne lui donnerait qu’une raison de plus pour rester enfermée à double tour dans sa villa. Et ce n’était pas le but, clairement pas. Le regard vide de Gina indiquait toutefois qu’elle ne croyait pas à sa force et qu’elle ne faisait qu’acquiescer que pour lui faire plaisir. Elle le remarquait, Aly, seulement elle se gardait la remarque pour elle pour plutôt chercher comment la rassurer. Ce n’était pas facile pour elle, elle n’avait jamais été de ces personnes qui savaient quoi dire aux autres. Ou bien elle n’avait jamais véritablement cherché à le faire. Son intelligence se limitait encore qu’à ses propres intérêts, rien de bien surprenant. La preuve en était qu’elle mentionnait à nouveau les Kardashian pour insinuer que Scott ne méritait pas de s’infliger des rediffusions. Et en toute honnêteté, rien ne le justifiait. L’étreinte qu’elle avait initiée se voulait déjà moins maladroite, plus démonstrative de son soutien pour lui rappeler qu’elle serait toujours de son côté et qu’elle n’avait pas à l’exclure de ses crises d’anxiété. L’ego parlait dans le geste aussi mais c’était sa manière d’être et elle ne pouvait pas non plus l’effacer entièrement après tout. Sa main se glissa dans la sienne avec douceur après l’avoir relâchée, ses sourcils à nouveau froncés à la mention de mariage avec Scott et toute l’emprise qu’il semblait encore posséder sur elle. Elle aurait aimé comprendre les raisons mais là, elle restait dans une simple incompréhension. Sans doute était-ce l’un des symptômes d’une relation abusive, cette emprise qui ne se défaisait jamais. Peut-être qu’il aurait un ascendant sur elle à jamais parce qu’il avait réussi à lui donner une sécurité et un amour adolescent précieux en premier. Bullshit aux yeux d’Aly mais l’incompréhension parlait avant le reste et elle se savait incapable de jugement. Elle avait bien essayé d’apprendre deux/trois choses sur les abus au moment de sortir avec Gina après tout, elle avait pu s’éduquer pour mieux l’aider. Comme quoi, toute aide s’évaporait à la seconde où l’abuseur revenait. Gross.  « I love you Gina but you’re a terrible cook. » Sa manière d’indiquer qu’elle racontait n’importe quoi et qu’un mariage n’arrangerait rien. « You fucked up when you move there and I’m still here for you, right? I left 6 of my dogs at home to take a jet to come here for you.» Maintenant fallait bien qu’elle ramène un peu son discours à elle pour la rassurer et lui montrer qu’elle n’était pas seule. Ce n’était pas du grand art, mais encore tout ce qu’elle pouvait faire de mieux. « Stop your wedding thing, it’s creeping me out. I’d be anywhere for you but your groom will die before you can say ‘I do’. » La violence, toujours la violence. « The tabloids would call me the crazy ex-girlfriend who ruins the wedding of the year. I kinda love that for me. » Elle reprenait dans un léger rire, sans s’attarder sur les détails. Il faudrait déjà que leur relation soit publique pour ça mais le plus important était la mort de leur idiot, de ses mains. Peut-être qu’elle avait des problèmes de colère ou autre. Allez savoir. « Anyways, I believe in you and your worth darling, that’s why I’m here. Plus you need to attend my ‘wedding’ too, I kinda forgot about that. » Elle rajoutait dans un marmonnement, plus pour elle qu’autre chose avant de reposer son regard sur l’écran de télévision et juger très fortement les dramas en cours.