Je roule dans la rue, obligé de slalomer entre les gens qui ne font pas attention a moi. J'écrase deux ou trois pieds voire plus mais je dois dire que je m'en fou un peu. Les bipèdes peuvent bien mieux esquiver un fauteuil roulant que le contraire malheureusement, nombreux sont les gens qui ne le comprennent pas. Enfin, peu importe.
J'ai décidé d'aller acheter des chaussures. la première paire que j'achète après 2 ans. Elles doivent être classe mais en même temps simple a enfiler et surtout confortable. Elle doivent aussi avoir un maintient sans failles. En plus je vais être appareillé a cause de mon pied droit qui connait un très grand déficit du muscle releveur. Les chaussures doivent donc aussi pour supporter ce releveur. ça fait beaucoup de conditions pour une simple paire de chaussures et je pense qu'il est totalement impossible pour une chaussure de remplir toutes ces conditions. Mais ça vaut le coup d'essayer, non?
Dans tous les cas je me retrouve là, devant la vitrine de ce magasin et j'observe les différentes chaussures. Il y en a pas mal qui remplissent toutes les condition, sauf une: le fait d'être classe. Je ne suis pas fan de baskets à la base, c'est pour ça que j'ai du mal. Soupirant doucement, je bloque ma roue gauche et tourne vers la droite.
C'est là que je me retrouve face à une jeune femme et je m'arrête brusquement pour pouvoir éviter une collision frontale. Nous nous effrayons tous les deux avant que je ne commence a rigolé doucement " désolé " m'excusais-je avec une main sur mon coeur "faudrait sérieusement inventer des rétroviseurs pour le fauteuil" souriais-je avant de lever la tête.
Mon sourire alors se fane un peu en reconnaissant Heidi avant qu'il ne retrouve sa dimension initiale " Heidi!" s'exclamais-je "ça fait longtemps ! " presque 3 mois si on veut savoir "tu vas bien depuis ... Enfin depuis la dernière fois?" notre dernière rencontre s'est tellement mal finie pour moi ...
Le bonheur est un état d'esprit, c'est une condition, et non une destination. C'est comme être fatigué ou avoir faim, ce n'est pas permanent. Ça vient, ça part, et c'est bien. Et je pense que si les gens avaient pensé de cette façon, ils auraient trouvé le bonheur beaucoup plus souvent. Δ
« Celui-là conviendra parfaitement » déclarais-je avec douceur à la vendeur qui se trouvait fasse à moi. « Mettez-en moi 5 mètres, je pense que ça devrait me suffire ». Je suivais alors la vendeuse après qu'elle ait coupé le tissu que je réclamais, jusqu'à la caisse où elle m'encaissa. J'étais venue aujourd'hui dans cette boutique réputée pour ses tissus sur Pine Rivers dans l'espoir de trouver un nouveau tissu pour mes créations. En effet, depuis que j'étais petite la mode était une véritable passion pour moi, j'habillais mes poupées avec mes propres créations dès l'âge de 8 ans et je modifiais toujours tous les habits que j'achetais pour moi. J'avais tout naturellement ensuite suivi des études de stylisme où j'avais appris à améliorer ma technique de dessin, où j'avais appris de nouvelles choses sur les textiles et sur la mode. Mais j'avais tout laissé tombé pour suivre Dean, mon fiancé, à Adelaide et j'avais alors abandonné tout espoir de percer un jour dans le monde de la mode. Cependant, depuis mon retour à Brisbane j'avais un objectif en tête : créer ma première collection de prêt-à-porter. Un prêt-à-porter classe, chic et original, pour jeunes femmes et jeunes hommes libres dans leurs têtes et dans leurs coeurs. La majorité de ma collection était déjà prête sur le papier, ne me restait plus qu'à la réaliser.
Je sortais de la boutique, mes achats en main dans un sac plastique et je remontais la grande rue qui traversait Pine Rivers pour aller m'acheter un café dans ce petit salon de thé que j'avais toujours affectionné. Perdue dans mes pensées, je ne remarquais pas le fauteuil roulant qui se trouvait juste devant moi et qui entreprenait un demi-tour rapide. Nous manquions alors tous les deux de rentrer en collision. Surprise d'être sortie de mes pensées aussi brutalement, je poussais un petit cri de stupeur alors que je manquais de faire une attaque. « Désolé, faudrait sérieusement inventer des retroviseurs pour le fauteuil » entamana le jeune homme pendant que je m'excusais en même temps : « Mon Dieu, je suis désolée je ne vous avais pas vu, je...» Je reconnus alors instantanémment la personne qui se trouvait face à moi « Eh mais Nathan c'est toi ! » « Heidi ! Ca fait longtemps ! Tu vas bien depuis... Enfin depuis la dernière fois ? » me demanda-t-il en souriant. Je marquais une petite pause, réfléchissant à comment j'allais (il fallait avouer que j'évitais un peu cette question à la longue) « Ecoute, disons que j'essaye d'avancer. Ca fait réellement du bien d'être à Brisbane pour de bon, mais ce n'est pas toujours facile de faire face à son passé dirons-nous » Je faisais notamment référence à Elio, un ami d'enfance, qui refusait catégoriquement de me parler depuis mon retour. Je le méritais, mais cela ne rendait pas la situation plus facile à vivre pour autant. « Dis-moi, ça te dit qu'on aille se boire un café ? J'ai quelques heures à t'accorder et j'aimerais bien savoir comment tu vas toi aussi depuis qu'on s'est vus »
Une situation comme dans des films hollywoodien : deux jeunes qui manquent de se foncer dedans, l'une qui pousse un cri de surprise, l'autre qui s’effraie et les deux qui se confondent en excuses. Voilà ce que je suis entrain de vivre après avoir voulut faire demi tour. La jeune femme s'excuse en même temps que moi et, en même temps aussi, nous nous reconnaissant. Il s'agit d'Heidi, la jeune femme que j'ai rencontré à l'église il y a plusieurs mois de cela. Alors que mon moral était, à ce moment là, au plus bas, le fait de parler avec elle m'a pas mal aidé. Si je n'avais essuyer cette agression et si Daniel ne m'avait pas annoncé son infidélité, je pense que je ne me serais jamais retrouvé à Sydney dans le but de me prendre la vie. Mais on ne refait pas le monde avec des si, malheureusement. Je m'empresse donc de demander à la jeune femme comment elle va depuis la dernière fois.
Elle me répond, quelques peu hésitante, que ça peut aller, qu'elle est heureuse d'être enfin bel et bien installée ici, à Brisbane, mais que ce n'est pas toujours facile de faire face à son passé. « A qui le dis-tu ...» soufflais-je à mi voix avec un petit sourire triste. Nous nous ressemblant tellement plus qu'on ne pourrait le penser. Enfin, lorsqu'elle me propose d'aller boire un café, arguant avec le fait qu'elle ait envie de savoir comment moi je vais, j'hésite un instant.
Je ne vais en aucun cas lui parler de ce que j'ai traversé depuis que nous nous sommes séparé ce jour à l'église. Je lui ai, certes, confié beaucoup de chose, elle m'a vu dans une situation merdique au moment où j'étais le plus vulnérable, mais jamais je ne pourrais lui dire que j'ai eu envie de me prendre la vie. Je ne l'ai dit à personne. Les seuls personne qui le savent sont mon frère, ma mère, Hayden et Daniel. Ma mère parce qu'elle est celle que l'hôpital a appelé. Mon frère car il est celui à qui je fais le plus confiance. Daniel parce qu'il l'a apprit de ma mère et Hayden parce qu'il est celui qui m'a sauvé. Je ne me vois en aucun cas dire ça à Heidi, la petite inconnue qui risquerait d'être plus choqué qu'autre chose. Mais je pense que passer un peu de temps avec elle ne peut m'être que bénéfique. Je lui souris donc finalement et hoche la tête
«Avec plaisir pour le café » souriais-je. Je regarde autour de moi «T'as une idée ? Sinon je proposerais bien le salon de thé là-bas, au bout de la rue, non ? Il est sympas, un peu dans le style anglais »je lui souris et attends patiemment une réponse de sa part.
Le bonheur est un état d'esprit, c'est une condition, et non une destination. C'est comme être fatigué ou avoir faim, ce n'est pas permanent. Ça vient, ça part, et c'est bien. Et je pense que si les gens avaient pensé de cette façon, ils auraient trouvé le bonheur beaucoup plus souvent. Δ
« Avec plaisir pour le café. T'as une idée ? Sinon je proposerais bien le salon de thé là-bas, au bout de la rue, non ? Il est sympas, un peu dans le style anglais » répondit-il avec un sourire. « Ca me va parfaitement ». Nous nous dirigions alors vers le salon de thé que Nathan venait de mentionner et rapidement nous furent installés au chaud dans la petite boutique. « Je prendrais un thé, English Breakfast et un cheesecake s'il vous plait » demandais-je alors au serveur qui n'avait pas tardé à venir nous trouver à notre table pour savoir ce que nous désirions consommer. J'étais avant toute chose une grande amatrice de thés et j'avais toujours eu un faible pour les cheesecake qu'ils faisaient ici. Malgré ma silhouette menue et gracile, je ne boudais jamais une occasion de faire monter en flèche mon taux de glycémie. Une fois que Nathan eut commandé ce qu'il désirait boire et éventuellement manger et que le serveur soit reparti pour préparer le tout, je ré-entamais la conversation avec mon nouvel ami. « Alors raconte-moi un peu ce qu'il s'est passé dans ta vie récemment et comment tu vas ! » Ca n'avait rien d'une banale question posée comme ça par simple politesse, non, la réponse en elle-même m'intéressait énormément.
Avec Nathan nous ne nous connaissions pas depuis longtemps et au fond nous ignorions beaucoup de choses l'un sur l'autre. Mais il semblait que nous avions plus de points communs qu'il n'en avait l'air. Notre rencontre à l'église, bien qu'un peu étrange, avait été riche en émotions et très bénéfique, du moins pour ma part. J'avais apprécié ce moment, certes pas comme l'on apprécie une journée passé dans un parc d'attraction, mais ça avait été un moment qui m'avait fait du bien. J'avais réussi à extérioriser un peu le mal qui m'habitait depuis la mort de mon grand frère. J'avais trouvé quelqu'un qui pouvait comprendre ce que je ressentais. L'avantage non négligeable de mon début d'amitié avec Nathan c'était qu'il ne me connaissait pas. Du moins, il ne connaissait pas la Heidi qui avait grandi à Brisbane et qui était partie faire ses études à Sydney, tout comme il ignorait tout de celle que j'étais devenue à Adelaide, coincée dans un futur mariage dont je ne rêvais pas et à pleurer Matteo. Avant Nathan, je pouvais être moi-même, sans chichi, juste la Heidi que je voulais être au fond de moi et c'était clairement agréable.
Heidi est une des filles les plus adorables que je connaisse. Elle est joyeuse malgré tout ce qui lui arrivé. Peut-être que sa joie n’est qu’une façade, mais c’est tellement agréable. Son sourire et l’entrain avec lequel elle parle aujourd’hui sont rafraichissants et me font un bien fou. C’est surement pour ça, parce que je veux prendre un peu de cette joie, que je me retrouve à accepter de prendre un café avec elle. Même si je n’ai pas trop de temps étant donné que je dois faire encore quelques préparatifs pour l’arrivé de Myrddin, j’ai bien deux ou trois heures à lui accordé cet après midi. Nous allons donc, d’un commun accord, dans le salon de thé qui se trouve non loin de là où nous sommes. Là Heidi commande un thé et un cheesecake. Pour moi ce sera un earl grey et un scone.
Une fois la serveuse partie avec nos commandes, mon amie attaque le vif du sujet. Elle veut savoir comment je vais et ce qui s’est passé dans ma vie récemment. Je ne veux pas noircir la conversation, autant ne parler que des bonnes choses, non ? « j’accueille mon meilleur ami d’enfance chez moi la semaine prochaine. Il emménage à Brisbane et squatte chez moi le temps qu’il se trouve quelque chose de plus approprié» lui souriais-je «ça fait genre … bien 3 ans qu’on ne s’est plus vu et 6 ans qu’on a plus ou moins perdu contact. Mais voilà, en discutant un peu par skype ou email j’ai remarqué qu’on s’entendait toujours aussi bien, même si beaucoup trop de chose ont changé dans nos vies » je ne parle pas seulement du fait que je sois en fauteuil roulant et que mon père n’est plus de ce monde, mais aussi que Myrddin n’est plus le même qu’avant. Il ne peut plus monter sur les planches d’un théâtre pour une raison qui m’échappe mais que je compte bien découvrir les réelles raisons.
« Sinon à part ça …. J’ai quitté mon ex copain et j’habite maintenant en colocation avec un autre ami » je lui offre un sourire «Pas facile sur le coup, de prendre cette décision mais maintenant je me sens tellement mieux, tellement plus libre. Comme si un poids avait quitté mes épaules » j’hausse les épaules et me redresse lorsque nos commande arrivent. Je met un peu de lait dans mon thé tandis que je reprends la parole « mais le mieux … ça fait 2 mois que je suis en rééducation » je lève mon regard sur Heidi « 2 mois –j’entâme le 3ème là- que je marche. … Ou plutôt que j’arrive à me déplacer d’un point A à un point B sans fauteuil» mon sourire se fait plus grand et plus sincère. Au final, quand on y réfléchit bien, j’ai beaucoup de choses positives à raconter.
Le bonheur est un état d'esprit, c'est une condition, et non une destination. C'est comme être fatigué ou avoir faim, ce n'est pas permanent. Ça vient, ça part, et c'est bien. Et je pense que si les gens avaient pensé de cette façon, ils auraient trouvé le bonheur beaucoup plus souvent. Δ
« J’accueille mon meilleur ami d’enfance chez moi la semaine prochaine. Il emménage à Brisbane et squatte chez moi le temps qu’il se trouve quelque chose de plus approprié. Ca fait genre … bien 3 ans qu’on ne s’est plus vu et 6 ans qu’on a plus ou moins perdu contact. Mais voilà, en discutant un peu par skype ou email j’ai remarqué qu’on s’entendait toujours aussi bien, même si beaucoup trop de chose ont changé dans nos vies » commença donc à me raconter Nathan, le sourire au lèvres, et je devais dire que ce sourire me mettait un peu de baume au coeur. Et le discours de Nathan faisait presque étrangement écho à ce que je vivais en ce moment. J'avais quitté Brisbane suite à la mort de mon frère et suite à ça, j'avais complètement coupé les ponts avec toute personne qui venait de cette ville (à l'exception de ma mère bien entendu, je n'étais pas très bien à ce moment-là, mais pas de là à devenir une fille indigne à ce point). Aujourd'hui, de retour à Brisbane, je me rendais compte de toute l'importance que peu avoir une amitié dans la vie, c'était une seconde famille, une famille qu'on choisit mais qui demandait aussi plus d'attention et de sacrifices pour être conservée. Malgré le temps et mes erreurs, mon amitié avec Kaecy semblait intacte, comme si elle pouvait résister à tout, aux épreuves et au temps qui passait inexorablement. « Sinon à part ça …. J’ai quitté mon ex copain et j’habite maintenant en colocation avec un autre ami » poursuit-il sans que je ne l'interrompe. Et un petit sourire s'affichait sur mon visage, encore plus lorsqu'il poursuivait : «Pas facile sur le coup, de prendre cette décision mais maintenant je me sens tellement mieux, tellement plus libre. Comme si un poids avait quitté mes épaules ». J'étais consciente que la nouvelle en elle-même n'avait rien de réellement positif, j'étais d'ailleurs très bien place pour savoir que les séparations, même lorsqu'on en était à l'origine, ne faisait jamias de bien. Cependant, je ne pouvais m'empêcher de songer à ce que j'avais dit à Nathan lors de notre première rencontre dans cette église. C'était un discours qui évoquait le karma et le fait qu'on ne devait pas se laisser freiner par notre peur de l'inconnu, qu'on ne devait pas s'enfermer dans un confort qui n'en était pas un, juste par peur de se retrouver sans rien. C'était un discours que je tenais et que je peinais à suivre chaque jour à la lettre. Il était parfois tentant de se laisser aller, de se laisser vivre, sans forcément être heureux, mais sous une étiquette qu'on cherche à se coller sur le front. « Je suis vraiment contente pour toi, Nathan. Je commence à croire que je ne disais pas n'importe quoi l'autre jour dans cette église » répliquais-je alors avec un petit air malicieux alors que je souriais largement à mon ami. « Mais le mieux … ça fait 2 mois que je suis en rééducation 2 mois –j’entâme le 3ème là- que je marche. … Ou plutôt que j’arrive à me déplacer d’un point A à un point B sans fauteuil » dit-il en relevant le regard vers moi. Et je m'étouffe aussitôt avec le thé qu'on vient de m'apporter que je porte déjà à ma bouche lorsque Nathan prononce le mot "marcher". Je le regarde alors avec de grands yeux béats avant de sautiller sur ma chaise face à mon ami. « Mon Dieu, mais Nathan, tu re-marches. Mais c'est GE-NI-AL. Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu. » Il est clairement visible que je n'arrive pas à y croire et que ça m'enchante presque autant que si j'étais moi-même concernée par cette merveilleuse nouvelle. « C'est un très beau cadeau de Noël je crois. D'ailleurs, je pense que je sais ce que je vais t'offrir à Noël. Dis-moi c'est quoi ta pointure ? » demandais-je aussitôt telle une gamine à qui on parlait du Père Noël. Les fêtes de famille avaient toujours eu cet impact sur moi : je devais presque hystérique. Je ne tenais jamais en place, toujours à courir à droite et à gauche pour organiser tout ça de sorte que ça soit un moment magique à chaque fois. Et si depuis la mort de mon frère, je n'avais pas eu beaucoup le goût à la fête, maintenant que j'étais de retour dans ma ville natale, il semblait que mes mauvaises habitudes reprenaient le dessus.
Lorsque je reprends la parole, je me rends comptes que, finalement, j'ai beaucoup plus de belles choses à dire que je ne le pensais. Il n'y a que de bonne nouvelles qui sortent de ma bouche alors que je suis entrain de préparer mon thé à l'anglaise. Du thé noir avec un nuage de lait. Rien que l'odeur m'avait manquer. Mais peu importe. Là n'est pas la question. Heidi semble réellement enchanté pour moi, contente que j'ai d'aussi bonnes choses à raconter. Mais la meilleure réaction de sa part est bel et bien celle lorsque je lui avoue que je réapprend à marcher. Elle s'étouffe avec son thé puis commence à sautiller sur sa chaise en répêtant que c'est génial et que c'est un merveilleux cadeau de Noël.
J'hausse doucement les épaules « Ouais enfin ça fait deux mois que je le sais, donc c'est bien avant Noël, mais ...nous dirons que, ouais, c'est un cadeau de noël » la suite des paroles d'Heidi me fait éclater de rire. Elle me dit qu'elle sait ce qu'elle va m'offrire et me demande directement ma pointure. C'est tellement marrant, la manière dont elle le sort. Adorable. «Tu vas rigoler, mais je n'en sais rien» avouais-je dans un haussement d'épaule « La dernière fois, donc il y a deux ans, je chaussais du 41. Je ne pense pas que ça ait changé depuis, mais … ne sait-on jamais.» je prends une gorgé de mon café « Je dois aller voir un orthésiste la semaine prochaine» j'hausse les épaules « Ma jambe droite part un peu en couille. Je n'ai aucun contrôle sur mon genoux, mon quadriceps est très … comme dire … faible et j'arrive pas à lever la pointe de pied. Je pense que rien de tout ça se remettra en place comme avant. C'est pour ça que je vais être appareiller pour éventuellement pouvoir marcher un peu mieux » expliquais-je « Enfin tout ça pour dire que je ne sais pas quelle pointure je fais» reprenais-je en rigolant doucement « Sans doute devrais-je penser à prendre une pointure au-dessus … enfin, je demanderais au Orthésiste quand il viendra, et je te dirais ce qu'il en est après»
Je prends une gorgé de mon thé et me délecte du goût avant de reporter mon attention sur Heidi « Et toi ? Tu racontes quoi de beau ?»
Le bonheur est un état d'esprit, c'est une condition, et non une destination. C'est comme être fatigué ou avoir faim, ce n'est pas permanent. Ça vient, ça part, et c'est bien. Et je pense que si les gens avaient pensé de cette façon, ils auraient trouvé le bonheur beaucoup plus souvent. Δ
« Tu vas rigoler, mais je n'en sais rien. La dernière fois, donc il y a deux ans, je chaussais du 41. Je ne pense pas que ça ait changé depuis, mais … ne sait-on jamais. Je dois aller voir un orthésiste la semaine prochaine Ma jambe droite part un peu en couille. Je n'ai aucun contrôle sur mon genou, mon quadriceps est très … comme dire … faible et j'arrive pas à lever la pointe de pied. Je pense que rien de tout ça se remettra en place comme avant. C'est pour ça que je vais être appareillé pour éventuellement pouvoir marcher un peu mieux. Enfin tout ça pour dire que je ne sais pas quelle pointure je fais. Sans doute devrais-je penser à prendre une pointure au-dessus … enfin, je demanderais au Orthésiste quand il viendra, et je te dirais ce qu'il en est après » J’écoutais tout ce que me racontait Nathan avec un intérêt non feint. Bien que je n’y connaissais pas grand-chose en matière de jambes et de problèmes de pieds, puisque jusqu’ici je n’avais jamais souffert du moindre problème de santé grave comme celui de Nathan (et je touchais du bois pour que cela ne m’arrive jamais, parce que je doutais sincèrement d’avoir la force de ce dernier pour surmonter tout ça). Néanmoins, apprendre que mon ami allait de mieux en mieux et qu’il allait pouvoir remarcher d’ici quelques temps me réjouissait sincèrement. « Tu as intérêt à me prévenir hein. Je tiens ABSOLUMENT à être la personne qui va t’offrir ta première paire de baskets. En plus, tu as de la chance, j’ai un goût très sûr » ajoutais-je dans une petite moue mutine, accompagnée d’un petit relevé de menton qui me faisait passer pour quelqu’un de très sûr de lui.
Alors que j’entamais mon cheesecake avec la petite cuillère qui m’avait été servie, Nathan me demandait à son tour de lui raconter ce qui m’était arrivé depuis la dernière fois qu’on s’était vus. Je reposais la petite cuillère à présent vide et prenait une petite pause, pendant que je terminais d’avaler ma bouchée, pour réfléchir à ce que j’allais bien pouvoir lui raconter. Beaucoup de choses avaient changé et pas énormément en même temps. Je me sentais toujours un peu seule ici, le retour à Brisbane ne se passait pas exactement comme je l’avais espéré. « Eh bien, disons que ce n’est pas facile tous les jours, même si au fond, je sais que je me sens mieux ici. J’ai annoncé à Dean, mon ex-fiancé que j’ai quitté à Adelaide, que j’avais besoin de temps pour me retrouver. J’ai renoué mes liens avec Kaecy, qui était ma meilleure amie avant que je ne quitte Brisbane suite au décès de mon frère, je travaille même avec elle pour mettre un peu d’argent de côté. J’ai également essayé de renouer des liens avec Elio, qui était aussi une de mes meilleurs amis du temps où je vivais ici mais ça s’est annoncé beaucoup plus compliqué qu’avec Kaecy. Il m’en veut beaucoup d’être partie comme une voleuse et je ne suis pas sûre qu’il arrive à passer au-dessus de tout ceci. Et je ne peux pas lui en vouloir pour ça. » J’haussais vaguement les épaules, consciente que je ne pouvais exiger le pardon d’Elio alors que j’étais en tort : je n’avais pas assuré mon rôle d’amie. « Sinon j’ai appris que j’étais la tante d’une petite fille nommée Cami. Mon frère ignorait tout de son existence quand il est mort. La nouvelle m’a un peu fait l’effet d’une bombe, je dois l’avouer. »
J'adore parler avec Heidi. Certes nous ne nous sommes vu qu'une fois dans cette église dans des condition assez particulière, mais elle est une des personnes que j'avais réellement envie de revoir. Je trouvais que, malgré tout, le courant passait bien entre nous, que nous étions sur la même longueur d'onde. Malheureusement, en sortant de cette église je me suis rendu compte que je ne connaissais que son prénom. Je n'avais pas son numéro, rien du tout pour rester en contact avec elle. C'est donc, finalement, vraiment le hasard qui nous fait se rencontrer à nouveau là devant cette boutique.
Et maintenant que nous sommes assit là, dans ce café, je lui parle ouvertement de moi et de mes progré. Je n'ai aucun scrupule et lui dit tous ce qui s'est passé depuis notre dernière rencontre. Enfin, du moins toutes les choses positives. Je laisse la tentative de suicide et le séjour en psychiatrie de côté. Je lui dit que je marche à nouveau et rigole lorsqu'elle me dit qu'elle sait qu'elle m'offrira des chaussures à Noël. Je lui avoue en même temps ne pas savoir quelle pointure je fais et que tout ça ne se saura que lorsque l'orthésiste viendra pour appareiller ma jambe droite qui ne s'est pas totalement remise. Je parle beaucoup mais je sens Heidi totalement concentré et très intéressée par ce que je raconte. Ça fait du bien et vraiment plaisir de se sentir écouter.
Elle me dit que jai vraiment intérêt à la prévenir pour lui donner ma pointure car elle veut ABSOLUMENT être la première à m'offrir une paire de basket. Je rigole de bon cœur et hoche la tête «T'inquiète pas, tu seras la première personne à le savoir » je lève une main et pose l'autre sur ma poitrine du côté de mon cœur « Promis » elle fini par me dire avoir un goût très sûr et j'incline légèrement la tête sur le côté « comment ça se fait ? » demandais-je. Sans doute un rapport avec son métier ? D'ailleurs, je ne sais même pas quel métier elle fait, Heidi. Enfin, peu importe.
Je lui retourne ensuite la question, lui demandant ce qu'elle raconte d'intéressant. Elle me dit que ce n'est pas facile tous les jours bien que dans le fond elle se sent tout même mieux ici, surtout depuis qu'elle a annoncé à son ex-maris avoir quitté Adélaïde. Je me rappelle qu'elle m'avait dit, dans l'église, qu'elle n'était pas heureuse d'être fiancé à cet homme. Il ne la rendait pas heureuse et elle avait décidé de partir. Ici, à Brisbane elle a renoué avec Kaecy. Je tique un instant sur ce nom. Est-ce la même Kaecy que je connais ? Je notre dans un coin de ma tête de lui poser la question après. Avec Elio, par contre, son autre meilleur ami, c'est plus compliqué car il lui en veut beaucoup pour ce qu'elle a fait à l'époque. Je grimace légèrement, ne trouvant pas ça très cool de la part de cet homme de ne pas passer outre les fautes qu'Heidi auraient put commettre plus tôt dans sa jeunesse. Mais ce n'est pas moi qui vais juger l'état d'esprit de cet homme.
Elle fini par m'avouer qu'elle vient d'apprendre être tante d'une petite Cami. J'arque un sourcil puis sourit doucement avant de grimacer à nouveau lorsqu'elle me dit qu'apprendre ça lui a fait l'effet d'une claque. « je vois … c'est la fille de ton frère ? Tu l'as apprit quand ? Comment ? » je suis bien curieux, je le conçois, mais Heidi peut très bien décidé de ne pas m'en dire d'avantage, ce n'est pas moi qui lui en voudrait ! « Et la Kaecy de qui tu parle … c'est pas une avec de long cheveux châtains, des yeux de biche et … qui est sourde ? » je m'en veux de faire cette dernière précision. C'est malheureux à dire, mais c'est une des caractéristique de la jeune femme. Ce n'est pourtant pas très grave. Je souris lorsque Heidi me confirme que oui, c'est bien elle «Je la connais aussi ! Elle m'a aidé à m'approcher de la scène lors du festival d'été cette année, pendant un concert. C'est grâce à elle que j'ai put apprécier le concert comme il se devait » je souris et prends une gorgé de mon thé «Et je l'ai revu quelques mois plus tard lorsque j'ai tenté de faire mes premiers pas. Mais bon, il était encore beaucoup trop tôt et je me suis lamentablement rétamé au sol » je rigole doucement. Le nombre de chutes que j'ai put faire, franchement, je ne les compte même plus.
Le bonheur est un état d'esprit, c'est une condition, et non une destination. C'est comme être fatigué ou avoir faim, ce n'est pas permanent. Ça vient, ça part, et c'est bien. Et je pense que si les gens avaient pensé de cette façon, ils auraient trouvé le bonheur beaucoup plus souvent. Δ
« Comment ça se fait ? » demanda-t-il alors que j’avançais être dotée d’un goût très sûr. Je riais un petit peu, avant de répondre à Nathan dans un sourire. « Eh bien, je dirais que c’est inné, je suis née avec du bon goût voilà tout. A tel point que j’ai même décidé d’en faire ma vocation. » Nathan me regarda avec un léger haussement de sourcils et je m’expliquais alors davantage : « J’suis un diplôme de styliste, obtenu à Sydney. Et je suis actuellement en train de préparer ma toute première collection que je compte vendre à Brisbane. J’attends malheureusement d’avoir les fonds nécessaires pour me lancer réellement dans l’aventure. » J’avais de plus en plus hâte de commencer l’aventure de ma vie, ma toute première collection de prêt-à-porter. J’étais d’ailleurs en ce moment même à la recherche d’un local à acheter pour y installer ma boutique et mes bureaux en arrière-boutique. J’avais un peu peur de me lancer dans tout ceci, surtout au regard de l’investissement financier et personnel que cela représentait. Je ne voulais pas regretter d’avoir acheté tel ou tel local, en raison de son emplacement et des éventuels travaux que j’aurai à y faire. Il y avait également toute la paperasse qui me permettrait de me déclarer en temps qu’autoentrepreneur et il allait également falloir que je pense à trouver quelques employés pour m’aider parce qu’il était certain que je ne pourrais pas tout gérer seule. Finalement, la conversation déviait sur mes récentes aventures et sur la découverte de l’existence de ma petite nièce. « Je vois … c'est la fille de ton frère ? Tu l'as appris quand ? Comment ? » J’hochais alors doucement la tête. « Oui c’est la fille de Matteo. Je l’ai appris il y a quelques jours seulement quand Cléo, l’ex-fiancée de mon frère est venue rendre visite à ma mère avec sa fille. Je ne te cache pas que ça a été un choc d’apprendre son existence… » Et c’était le moins que l’on pouvait dire si l’on considérait la façon excessive que j’avais eu de réagir tout d’abord lorsque j’avais cru que c’était la fille de Soren et non de mon frère et ensuite lorsque Cléo avait fini par rétablir la vérité. Raconter tout ceci à Nathan ne me dérangeait pas le moins du monde, ce qui était assez exceptionnel pour quelqu’un comme moi qui avait une tendance à ne pas avouer clairement ses sentiments. Néanmoins, parler avec Nathan avait quelque chose de réellement salvateur, comme si rien que le fait de lui en parler, m’aidait à mieux comprendre les choses et à les accepter également. Je n’avais jamais aucune crainte d’être jugée ou de le décevoir par le biais d’une quelconque action, parce qu’il ne me connaissait pas depuis assez longtemps pour avoir toutes ces exigences qu’avaient mes amis d’enfance, tels que Kaecy ou Elio. D’ailleurs en parlant de Kaecy, Nathan m’interrogeait aussitôt à son sujet : « Et la Kaecy de qui tu parles … c'est pas une avec de long cheveux châtains, des yeux de biche et … qui est sourde ? » Je me mettais à rire, d’un rire assez franc, clairement amusée pour la description que Nathan faisait de Kaecy, ma foi une description tout à fait représentative de la réalité. Mais ce qui me fait rire surtout, c’est la façon dont Nathan semble gêné de parler ainsi du handicap de Kaecy pour la décrire, ce qui est ma foi assez ironique de la part de quelqu’un souffrant lui-même d’un handicap. « C’est exactement elle oui » « Je la connais aussi ! » et face à mon regard interrogateur, Nathan poursuivit : « Elle m'a aidé à m'approcher de la scène lors du festival d'été cette année, pendant un concert. C'est grâce à elle que j'ai pu apprécier le concert comme il se devait. Et je l'ai revu quelques mois plus tard lorsque j'ai tenté de faire mes premiers pas. Mais bon, il était encore beaucoup trop tôt et je me suis lamentablement rétamé au sol. » C’était du Kaecy tout craché, nul doute que derrière ces bonnes actions se cachait mon altruiste de meilleure amie. « C’est tout elle ça. C’est fou, je ne sais pas comment elle fait pour être aussi gentille, tout le temps avec tout le monde, comme elle le fait. Parfois, je me demande ce que j’ai fait pour avoir la chance de faire partie de sa vie, de ceux qui comptent pour elle. » Il était assuré que je n’aurai jamais assez d’une vie pour faire tout le bien que faisait Kaecy autour d’elle en seulement quelques semaines. « Dis-moi, au fait, comment ça se passe avec ton nouveau colocataire ? »
Il y a des gens qui, en entendant Heidi, pourraient la considérer comme hautaine lorsqu'elle avance avoir un bon goût inné. Car il est bien connu que les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Mais moi je trouve que sa façon de tourner les choses pourraient faire penser qu'elle possède une très grande confiance en elle. Ouais voilà. Elle semble être très sûre d'elle et ça fait vraiment plaisir. D'autant plus qu'elle m'apprends être styliste. Je rigole doucement et hoche la tête en prenant une gorgé de mon café [color=darkred] « Ouais je vois. Ceci explique donc cela»[/colo] disais-je. Je la laisse continuer, l'écoutant avec une très grande attention lorsqu'elle me dit qu'elle est actuellement entrain de créer sa première collection qu'elle compte vendre ici, à Brisbane. Elle attends simplement les fond nécessaire.
« Je te souhaite vraiment d'y parvenir» disais-je avec toute la sincérité du monde. « Ce serait tellement génial que tu y arrives. Tu m'inviteras à l'inauguration, hein ?» je lui offre un très large sourire et nous continuons de parler.
J'apprends ainsi le choc qu'a ressentie Heidi en apprenant qu'elle était marraine et je souhaite en savoir un peu plus. Mon amie reste malheureusement un peu évasive sur le sujet mais je la comprends : ça touche directement son frère décédé et je suis bien le premier à savoir à quel point, parler des personnes décédées qui nous étaient chères, est difficile. Je n'insiste donc pas plus que ça et hoche simplement la tête avec un «je vois » en plus.
Nous parlons ensuite de Kaecy, une très bonne amie à moi qui, comme je l'apprends est la meilleure amie de Heidi. C'est marrant, mine de rien, comment on peut avoir les mêmes amis communs avec des gens qu'on ne connaît pas plus que ça. Enfin. Je souris en hochant la tête lorsque mon amie parle de Kaecy comme étant quelqu'un d'extrêmement gentille tout le temps avec tout le monde. Je rigole doucement et hoche la tête « C'est vrai. Je ne la connais pas super bien non plus, mais elle ne m'a vraiment pas l'air d'être quelqu'un de méchant, bien au contraire. Je pense plutôt qu'elle soit quelqu'un qui soit toujours de bonne humeur. Non ? » je souris lorsque Heidi me confirme mes paroles.
J'hausse ensuite les épaules. « Hayden ? Ça va. Il n'est pas toujours très présent. Tu sais, quand on a autant voyagé que lui on ne peut rester éternellement à un endroit » je souris et fini mon brownie puis mon café.
Nous parlons encore un bon bout de temps avant de finalement nous quitter en se promettant de nous revoir bien rapidement. Pour ce faire, nous nous sommes échangé nos numéros de téléphone. Au moins nous pourront être en contact.