Les courses. C’est désespérant. Mais vraiment, j’ai horreur de ça. Et pourtant faut bien manger, et pourtant je suis un pro des fourneaux, mais alors les courses ! Non merci quoi. Si Astrea pouvait tout le temps faire les courses je les lui laisserais. Mais parfois faut bien que je m’y mette, j’ai davantage de temps libre qu’elle. Surtout que là, faut qu’elle se décide à aller voir Niklas maintenant qu’on l’a retrouvé. Et moi je vais certainement repartir pour Miami. Faut juste que je sois sûr qu’Astrea ne se fasse pas avoir une deuxième fois. Obligé de rester. Et puis oui, ça permet de faire un peu plus de tourisme. Après tout, je suis enfin réuni avec la famille qui me reste. Je ne sais pas encore si Thalia voudra rester encore un peu plus longtemps, mais c’est ce que j’espère, puisque c’est avec elle que j’ai le plus de regret au final et que j’aimerais garder le plus longtemps auprès de moi. J’étais donc perdu totalement dans mes pensées, sac de courses dans ma main droite, à me demander quelle marque de haricots verts je devais prendre. Pourquoi on ne peut pas faire séparément nos courses sérieusement ?! Je ne sais pas ce qu’elle veut moi comme haricots ! Oh et puis merde, je lui prend les moins chers, on est pas devenu Crésus encore. Mais pile poil au moment où je laisse tomber la boite de conserve dans le sac, j’entends un éclat de verre. Merde ! Manquez plus que ça. Sauf que contre toute attente, ce n’était pas moi qui avait fait une catastrophe, c’était la personne juste derrière moi, ou plutôt derrière le rayon. La curiosité l’a emporté et je suis allé voir. Sait-on jamais, ça peut être grave au final, un malaise ou une attaque. C’est pas le danger qui me fait peur, sinon je ne ferais pas le métier que je fais. J’aperçus alors une jeune femme qui était presque en train de pisser le sang. C’était bien une bouteille en verre qui venait d’exploser. On ne vous a jamais dit que c’était dangereux de vouloir ramasser des bouts de verre ? Lui demandais-je plus par inquiétude que par envie de faire la morale. Surtout que je disais ça, mais il était possible que la bouteille lui ait explosé dans la main. Je ne tardais et je retirais le plastique autour du sopalin qui se trouvait dans mon sac de courses et venais lui enrouler la main. Au moins il n’y aurait pas de sang partout. Va falloir aller vous désinfecter ça, venez. Je ne lui laissais pas vraiment le choix, je n’allais pas non plus la laisser seule avec une main bien ouverte. Une fois désinfectée, on pourra voir si la blessure est profonde ou non, et s’il fallait l’emmener à l’hôpital.
Taylor était devant la porte de son appartement. Elle cherchait nerveusement ses clés. Personne de la colocation n'était encore rentré. Elle venait d'achever sa journée avec un cours sur l'histoire de l'art contemporain qui l'avait subjugué. Elle aimait tellement ses études. Elle les trouva enfin, ouvrit la porte et se dirigea immédiatement dans sa chambre pour y déposer ses affaires. Comme elle avait soif, elle se dirigea vers la cuisine où elle trouva un mot : Vu que tu finis plus tôt que nous, Junior, tu t'occupes des courses ! En plus t'adores ça... Bisous.C'était signé Janis, Kyeran et Joey. Elle sourit, puis retourne dans sa chambre pour prendre les affaires nécessaires. Elle sortit de l'appartement, et se rendit dans un petit supermarché du coin. Elle n'avait pas de listes comme d'habitude et cela la tracassait. Elle faisait tous les rayons ce qui pris un temps fou. Arrivée au boisson, elle hésita entre deux limonades. Finalement elle se décida à prendre celle dans la bouteille en verre. Elle la pris de sa main gauche glissant. La bouteille lui échappa des mains. Un gros morceau lui avait entaillé la main tandis qu'elle s'entêtait à vouloir ramasser les dégâts causés. « On ne vous a jamais dit que c'était dangereux de vouloir ramasser des bouts de verre ? » Un homme sortit de nul part était venu lui faire une petite leçon de moral. Elle était jeune mais pas débile. Seulement après, elle se rendit compte qu'elle s'était sévèrement coupée. « Merci pour la sympathie du ton. » Elle restait froide ce qui n'était pas dans ses habitudes. «Le jeune homme reprit la parole après avoir gentiment enroulé la main de Taylor dans du sopalin. « Va falloir allez vous désinfecter venez. » lui dit-il. Taylor se releva, tenait fermement le sopalin espérant que la coagulation soit plus rapide. « Je vous suis mon capitaine. Allons me désinfecter même si je pense qu'il est préférable que j'aille directement aux urgences vu comme je saigne. » Elle dit la première partie sur le ton de la rigolade avant de reprendre son sérieux.
Au premier abord, tout comme moi, la jeune femme resta froide. Tout à fait normal vu ce que je lui avais dit. Mais bon, je n’allais pas non plus lui demander comment elle allait vu qu’il était évident qu’elle était bien blessée vu tout le sang qu’elle perdait. Enfin, elle ne pissait pas non plus le sang, elle ne risque rien. Mais le simple sopalin ne suffirait pas, il fallait qu’on lui désinfecte la main, même si par la suite elle devait se rendre aux urgences. Mais elle ne broncha pas, elle aurait pu m’envoyer chier, tout simplement, mais finalement elle me disait cela sur le ton de la rigolade. Je lui souriais légèrement, voyant qu’elle tenait fermement les feuilles de sopalin qui devenait de plus en plus rouge. Vous désinfectez vous permettra de patienter aux urgences si c’est vraiment bien profond. On se dirigeait alors vers le rayon pharmacie du supermarché et regardais où se trouvait les alcools désinfectants. Il ne me fallut pas bien longtemps avant d’en trouver un pour sa plaie. Je prenais en même temps une gaze pour finalement demander à la jeune femme Prête à souffrir ? Lui demandais-je avec un petit sourire en coin. Je lui ôtais alors son papier sopalin délicatement, vu qu’elle devait déjà assez bien avoir mal et une fois fait, je mettais la gaze sur le côté de sa main et fis couler un peu d’alcool sur sa main. Je fronçais les sourcils rien qu’avec l’idée de la douleur qu’elle devait avoir. Ca va aller ? Lui demandais-je alors pour savoir si je pouvais continuer à la martyriser. C’est toujours les petites blessures qui piquent le plus et qui sont les plus insupportables. Enfin, personnellement c’est ce que je trouve. Et pourtant j’en ai eu des plaquages au sol qui m’ont pété des os, mais ça n’a jamais été aussi insupportable d’une simple petite coupure.
Le sang rouge foncé coulait goûte à goûte sans s'arrêter. Elle ne pouvait le nier, elle ressentait une vive douleur comme un pic dans un premier temps et une chaleur tout aux alentours de sa peau dans un second temps. Elle avait connu pire comme douleur, et elle n'allait pas en faire toute une montagne. Mais tout de même, des gens s'étaient mis à paniquer, certainement des phobiques du sang comme on en rencontre plus qu'on ne le pense en réalité. Le jeune homme qui lui avait donné gentiment son sopalin avait raison, il fallait désinfecter. De nos jours les bactéries sont partout autour de nous et elle n'avait pas envie d'attraper une sale maladie rien qu'à cause d'une petite coupure. « Vous désinfecter vous permettra de patienter jusqu'aux urgences si c'est vraiment bien profond » Elle ne répondit pas et ne fit qu’acquiescer par un signe de tête positif. Ils se dirigèrent vers la pharmacie où le jeune homme se dévoua pour allez acheter du désinfectant. Elle s'installa sur un banc, pressant encore sur la coupure. Il revenu assez rapidement. C'était fort sympathique de sa part de faire tout ça. Combien l'aurait laisser se débrouiller seule. « Prête à souffrir » lui dit-il. Son sourire charmeur au lèvres fit rougir Taylor. « Prête, je ne sais pas, je préfère ne pas y penser. C'est qu'un autre petit moment douloureux à passer... » Taylor sourit. Il appuya sur le spray désinfectant, Taylor serra les dents. Des picotements se faisaient ressentir. « Ça va allez ? » lui demanda t-il. « Sincèrement, ça pique mais je vais pas faire ma fleur. » Elle rigola. Elle n'avait pas envie de passer une petite minette devant son sauveur du jour. « En tout cas, je tiens à vous remercier. Moi c'est Taylor et je crois que mes colocataires vont pas être content en rentrant, parce que les courses sont ratées. » Elle ne savait pas ce qui lui avait pris d'entreprendre une conversation de la sorte. D'habitude, elle se serait vite enfuie mais là, elle lui était comme redevable. Elle parlait vite. Elle était un peu anxieuse de parler à un inconnu.
L’avantage, c’est que la jeune femme ne semblait pas douillette. Ou alors elle ne le montrait pas. Dans tous les cas, son courage était appréciable. En effet, j’ai parfois aidé quelques jeunes femmes prisent d’hystérie qui me donnait juste envie de prendre mes jambes à mon cou. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait la plupart du temps. Quand ce n’était pas grave bien entendu. Ou alors je laissais faire les ambulanciers qui n’étaient jamais bien long avant d’arriver au final. Mais je ne me cassais pas le cul pour ces hystériques. Comparées à la jeune femme, c’était le jour et la nuit, et ça fait clairement du bien, ça donne envie d’aider jusqu’au bout, d’être réellement utile. Et elle se laissait faire en plus de cela. C’est la victime idéale à vrai dire. Ca la piquait, elle sentait passer le désinfectant, mais elle supportait la douleur. Elle ne voulait pas faire sa fleur. C’est bien rare, comme je le disais tout à l’heure. Toujours est-il qu’en appliquant une dernière couche de désinfectant, elle me remerciait et me racontait qu’elle allait se faire tirer les oreilles par ses colocataires. Il est évident qu’elle était étudiante. Enfin, ça ne veut rien dire, mais c’est assez fréquent pour les étudiants. J’examinais la blessure de la demoiselle, ne sachant pas vraiment si c’était assez profond pour se rendre aux urgences, tout en l’écoutant et en lui répondant Moi c’est Valentin, et je suis navré d’avance pour vous avec vos colocs. Mais ils comprendront j’en suis sûr. Parce que je pense qu’il vaut mieux que vous alliez aux urgences. Bien sûr je lui laissais le choix, je n’allais pas lui imposer les urgences. J’attendais sa réponse avant de laisser une gaze sur sa plaie et de commencer à lui enrouler d’une bande toute neuve.
Peu à peu, le sang arrêtait de couler. Le désinfectant avait en plus de ça fait son travail. Elle n'en revenait toujours pas d'avoir pris la parole avec un parfait inconnu qui lui était venu en aide. Elle qui, d'habitude se serrait sauver le plus vite possible. Il avait une belle voix se dit-elle. Bizarre qu'elle pense ça. Ce n'était pas commun pour elle. Ce qu'elle entendait par là c'était qu'elle ne s'attardait pas sur la voix d'un homme en premier, mais pour la première fois cela lui arrivait. « Moi c'est Valentin, et je suis navré d'avance pour vous avec vos colocs. Mais ils comprendront j'en suis sûr. Parce que je pense qu'il vaut mieux que vous alliez aux urgences. » lui répondit-il. Elle ria, le fameux Valentin ne connaissait pas ses colocataires. Pour eux, même blessé il fallait leur ramener de quoi se nourrir, enfin surtout Kyeran et Joey, de vrais mecs macho quand il le voulait, tout en restant dans l'humour et la rigolade bien sûr. Les urgences, elle ne voulait pas trop mais il avait certainement raison, ce Valentin. Cela serait plus sûr. Au moins elle se fera recoudre et elle n'attrapera pas d'autres soucis. « Et moi je suis navrée pour votre essuie-tout, je vous en dois un peu. » commença t-elle en riant nerveusement. Elle se sentait perturbé par le jeune homme. En fait non, elle se sentait perturbé par tous les hommes d'une manière générale. « Sinon, vous avez raison, je vais allez aux urgences. Je ne vais pas vous embêter plus longtemps. Par contre je tiens à vous remercier contre quelque chose. Plus d'un m'aurait laissé dans ma galère ! » Elle réfléchissait à ce qu'elle pourrait lui offrir en échange. « Vous avez une idée, Valentin, c'est bien ça ? »
La main de la jeune femme reprenait une couleur assez naturel, malgré la grande entaille qui s’y trouvait toujours. Je lui refermais la main sur la gaze désinfectée pour qu’elle ne s’ouvre pas davantage et pour qu’elle arrête également le saignement. Elle semblait gênée en attendant, et c’est tout à fait normal, je suis assez tactile et familier pour un inconnu. Mais quand je m’inquiète, j’arrête de penser comme les mœurs, et ça semble fonctionner avec elle, du moins, elle n’a pas pris peur. Sûrement aussi grâce à ce minois qui plaît tant aux femmes, ça doit y faire. Tant mieux pour moi, parce que la fameuse Taylor était tout à fait ravissante et c’est un réel plaisir au final de pouvoir la soigner. Et en plus de cela elle voulait me remercier d’une certaine façon que je pouvais choisir. Que demander de plus sérieusement. Je me redressais alors, avec un sourire en coin, sachant déjà ce que je lui demanderais. Mais avant, je ne pouvais pas la laisser ainsi. On verra ça tout à l’heure. Je vous emmène aux urgences. C’est pas à côté et je ne pense pas que vous soyez apte à conduire. Lui expliquais-je toujours accompagné de mon sourire. Je lui tendais alors la main vers celle qui lui restait de sauve, et attendais sa réponse. Enfin, j’attendais sa main, parce que, au final, je ne lui laissais pas vraiment le choix.
Taylor ne sentait plus tout à fait sa main, ce qui lui fit comprendre qu'elle devait impérativement aller aux urgences pour voir des médecins. Valentin, de son joli minois, se proposa de l'emmener à l'hôpital. Perspicace puisqu'elle ne pouvait pas conduire d'une seule main ou si mais avec quelques risques qu'elle n'était pas prête à prendre. De sa proposition, le jeune homme répondit « On verra ça tout à l'heure. Je vous emmène aux urgences. C'est pas à côté et je ne pense pas que vous soyez apte à conduire. » Il avait là l'occasion rêvé de demander tout et n'importe quoi mais il était trop gentleman pour ça, du moins il avait du respect pour la demoiselle et ça, de notre temps, ça ne courait pas les rues. Elle lui répondit un simple "D'accord". Valentin n'avait pas tort, à sa main tendu Taylor tendit la sienne doucement. Elle s'excusa auprès du monsieur en gilet du supermarché qui s'occupait du rayon. Taylor fut obligé de laisser les courses qu'elle avait entreprise avant de casser une bouteille en verre et de s'entailler la main. « Au temps pour moi, monsieur, mais vous comprenez je ne peux pas vraiment vous aider. Je reviendrais plus tard quand tout ira mieux, excusez-moi encore une fois pour les dégâts causés. » Elle laissa son panier plein, les morceaux de verre au sol et se laissa entraîner par Valentin. Bizarrement, il avait installé une ambiance de confiance et Taylor bien que d'un naturel méfiant se laissa guider vers la voiture de Valentin. Elle monta dans cette dernière, à la place du passager avant après que le jeune homme ait eu la galanterie de lui ouvrir la porte et de la refermer. « Merci de m'y emmener, c'est très aimable, rien ne t'y obligeais » Ils roulèrent jusqu'à l'hôpital le plus près qui se situait dans le quartier de Toowong. Pendant le trajet aucun des deux ne parlèrent. Arrivés au service des urgences, Taylor toujours dans la voiture, marqua de sa main non endommagée son numéro de téléphone. « Appelle-moi, je tiens vraiment à te remercier. » De son plus grand naturel, elle l'avait tutoyé alors que lui très poli n'avait fait que de la vouvoyer depuis le début.
La jeune femme se laissa persuader. Ce ne fut pas très compliqué, comme depuis le début de notre rencontre à vrai dire. Même si au début j’ai bien cru que ça n’allait pas passer. J’avais été trop froid, trop sec, mais elle avait su passer au-dessus, vu que j’avais été le seul du supermarché à me déplacer pour lui venir en aide. Depuis, tout avait coulé de source entre nous. Jusqu’à ce moment-là même. Elle s’excusa auprès du vendeur qui s’occupait de nettoyer les dégâts qu’elle avait causés, pour laisser finalement ses courses. J’étais bien obligé de faire la même d’ailleurs. Je lui lançais un désolé, sans en faire autant que la demoiselle et nous nous dirigions vers ma voiture. Le silence s’installa, sans que pour autant la moindre gêne en fit autant. Je la sentais à l’aise, pas paniqué du tout, alors qu’elle venait de monter dans la voiture d’un sauveur totalement inconnu. J’aurais pu avoir de mauvaises intentions. Elle me remercia alors et tout en lui souriant je lui répondais Il n’y a vraiment pas de quoi, ça me fait plaisir. Je la déposais donc à l’hôpital. Et sans que je n’aie pu m’en rendre compte, elle m’avait écrit son numéro sur un bout de papier qu’elle me tendit. Je l’acceptais bien entendu, c’était bien plus que ce que je n’avais espéré. Parce que oui, l’idée de la revoir me réjouissait, surtout que je n’avais pas eu encore mon service de remerciement. Elle m’avait finalement tutoyé et je ne m’en étais même pas rendu compte. En même temps, je ne vouvoie pas non plus des masses. Du moins, ça ne dure jamais bien longtemps, la preuve était encore là. Je n’y manquerais pas. Lui répondais-je tout en prenant son numéro et tout en lui souriant, avant qu’elle ne sorte de la voiture et qu’elle se dirige vers l’accueil des urgences.