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Levant les yeux au ciel, il dépose son téléphone sur le siège passager, laissant son cousin inonder sa messagerie sans se soucier de ses réponses. La blague sur le lapin fonctionne à chaque fois et il ne se lassera jamais de se moquer éternellement de Maxime pour avoir un animal de compagnie digne d’une petite fille de six ans. Jetant un dernier coup d’œil à l’hôtel en face de lui, il démarre enfin sa voiture pour s’échapper de cet endroit. Il aura passé plusieurs jours dans cette chambre minuscule, enclavé entre plusieurs familles ayant eu besoin d’évacuer leur habitation après les incendies. Arthur ne libère pas sa chambre au profit d’une personne dans le besoin. Non, ce n’est pas son genre, voyons. Il cherche à fuir, les pleurs des enfants, les lamentations des parents et les histoires de malheurs à tout bout de champs. Il ne supporte plus les jérémiades des uns et des autres et les regards de travers lorsqu’il enchaîne les cigarettes au bord de la piscine. Tout ce qu’il espère, c’est que son cousin voudra bien de lui pour quelques jours, le temps de mieux démarrer l’année, de squatter sa connexion Internet et de décider de son plan pour l’avenir. C’est quelque chose qui l’angoisse : l’avenir. Au point de tendre ses muscles et d’enserrer ses doigts autour de son volant. Les angoisses se font de plus en plus présentes, ne lui laissant jamais le moindre répit. Dès qu’il pense à travailler ou lorsque l’image de Greta traverse son esprit, il sent ce fourmillement grandir en lui, provoquant une accélération de son rythme cardiaque et le réflexe presque automatique d’un désir de cocaïne. Au monde entier, il continuera de jurer qu’il gère. En réalité, sa consommation se veut plus chaotique que jamais et, alors qu’il conduit, il ne peut s’empêcher de tâter sa poche de jean et s’assurer que sa dose est toujours là. Il se l’enfilera avant d’entrer chez Maxime.

Ce n’est pas la première fois qu’il dépose ses bagages dans la demeure de son cousin et c’est bien pour cela qu’il s’autorise à entrer comme s’il était chez lui. « Cache le lapin où je le bouffe ! » Une belle entrée en la matière alors qu’une mélodie cesse soudainement pour amener le silence dans la maison. Visiblement, il l’a dérangé en pleine répétition. Est-ce qu’il en a quelque chose à faire ? Absolument pas ! Déposant son sac près de l’entrée, il se dirige vers la cuisine pour déposer les sachets de nourriture qu’il a récupérés avant de venir. D’un geste rapide, il passe sa main sous son nez, s’assurant de ne laisser aucune trace de sa dernière prise. Maxime lui en ferait une crise. « Si t’as faim, c’est maintenant, Max. » Par bonté d’âme, et parce qu’il avait faim, il faut l’avouer aussi, il a fait un détour pour aller chercher des tapas dans un restaurant qu’ils ont toujours aimé tous les deux. Sortant les boîtes pour les aligner sur le comptoir, il tourne la tête lorsque les pas de son cousin se font plus proches. « Tapas ? » Une offrande en échange de quelques nuits passées ici. « J’ai pris des clopes aussi, mais partage ! » Rester dans le coin, c’est tirer un trait sur la drogue pour quelques jours, alors qu’on ne lui retire pas son autre addiction.

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Il déteste, Maxime, quand son cousin se prend de lubie de menacer la pauvre et adorable Daisy, qui n'a rien demandé à personne, et encore moins d'être traitée de "bon civet". Arthur et lui, c'est tellement une histoire de quatre cents coups depuis leur tendre enfance, que le français n'est même pas capable d'assurer sérieusement la survie de son lapin s'il avait le malheur de la lui confier. On parle quand même de celui qui a osé l'enfermer dans une armoire durant des heures, pendant une partie de cache-cache, et qui est donc à l'origine de sa claustrophobie, toujours présente plus de vingt ans plus tard. Evidemment qu'il s'emballe, Maxime, devant la blague puérile de son cousin sur son lapin, et son manque de réponse le frustre, autant que ça l'agace. Ils savent jouer avec les nerfs de l'autre, et c'est ça qui fait aussi la force de ce lien familial ; Arthur, c'est comme son frère. Et il ne l'échangerait pour rien au monde, même s'il menace de dévorer sa boule de poils. Peut-être qu'un jour, il arrêtera peut-être de l'embêter ?

Maxime est seul à l'appartement ; ses doigts courent encore et encore sur le piano, pour réviser et maîtriser à la perfection ces morceaux qu'il devra prochainement interpréter devant des centaines et des centaines d'inconnus, qui attendent avec impatience d'entendre le résultat de cette nouvelle collaboration signée Da Silva / Coventry. Son conjoint, Pablo, est en déplacement pour les deux prochains jours, ça laisse la voie libre pour Arthur de venir squatter : il lui a explicitement annoncé par message, il compte rester dormir chez eux. « Cache le lapin où je le bouffe ! » Il perçoit à peine les mots puisque les notes couvrent sa voix. Pour autant, le bruit qu'il fait quand il ouvre et referme la porte, ça ne laisse aucun doute quant au fait que la tornade Coventry est arrivée. Avec un soupir à la fois désemparé et amusé d'avance, le français quitte la pièce de leur appartement particulièrement réservé à sa musique, puis il se dirige vers la cuisine, d'où il entend un : « Si t’as faim, c’est maintenant, Max. » - « C'est bon, je suis là ! A l'aise hein, fais comme chez toi. » Il fait semblant d'être surpris, mais c'est monnaie courante de le voir débarquer sans même frapper à la porte, pour ensuite s'installer chez lui. Régulièrement, ça crispe le français qui ne supporte généralement pas le bazar qui est lié à ses visites. « Tapas ? » L'odeur de charcuterie envahie déjà la cuisine de son appartement, et ça réveille l'appétit du français qui s'installe déjà en face de l'ilot pour piocher un amuse-gueule dans l'une des boîtes. « C'était la condition, pas de tapas, pas de moment en compagnie de ton cousin préféré. » Quel honneur il lui fait, n'est-ce pas ? Au delà de ça, Maxime est au courant de certaines choses qu'Arthur ne lui a pas révélé lui-même, alors quand il lui demande (ou exige) de dormir chez lui, il ne se voit pas lui refuser, avec ou sans tapas... « J’ai pris des clopes aussi, mais partage ! » Autant il est à cheval sur l'ordre de son appartement, autant il se grille une cigarette dès que l'envie s'en fait ressentir, qu'il soit à l'intérieur ou sur le balcon. Dès que le paquet est agité sous son nez, il s'en empare pour coincer une cigarette entre ses lèvres et l'allumer, à l'aide du briquet qu'il a toujours dans la poche arrière de son pantalon. « C'est quoi le deal, du coup ? Tu restes ici jusqu'à ce que Pablo rentre mercredi ? » Il hausse un sourcil, en rejetant la fumée de cette première inspiration prise et qui détruit ses poumons à petit feu. « Après, tu sais que tu peux rester plus longtemps... Pablo dira rien. » C'est moins sûr concernant les derniers mots qu'il prononce, mais son conjoint (et futur mari) ne peut pas le mettre à la porte, Maxime ne le laisserait pas faire. Ce n'est pas l'amour fou entre son cousin et le barcelonais, mais pour Max, il sait qu'il fait toujours un (gros) effort pour le supporter. « D'ailleurs, je t'ai pas demandé... ou peut-être bien que tu me l'as dis, mais le boulot est très prenant en ce moment, avec la tournée qui arrive... pourquoi t'as besoin d'un endroit où crécher ? » Il feint l'ignorance de la perte de son travail, qui est probablement lié à l'événement. Sait-on jamais, il lui laisse une chance de se confier à lui, parce qu'il doute qu'Arthur apprécie d'apprendre que c'est son père, qui a vendu la mèche.