( outfit ) | Neuf mois, maintenant, que Victoria essaie de se retrouver dans ces nouveaux décors. Le changement est drastique sur certains aspects. Le climat et les habitudes ne reflètent en rien ce à quoi elle a toujours été habituée. Brisbane demeure néanmoins une ville intéressante, tout compte fait. Depuis que l’Anglaise a mis les pieds ici, tout semble s'accélérer, entre catastrophes naturelles et araignées découvertes tous les deux matins dans son salon. Entre de nouvelles rencontres et le nombre de visages finalement si familier qu’elle retrouve ici. Certains plus agréables que d’autres. Certains que la psychiatre aurait bien aimé garder là où ils étaient, l’oubli. Certains que l’Anglaise apprécie pouvoir retrouver. A cette liste, s’ajoute aujourd’hui Troy. Sur papier, le quarantenaire la connaît depuis si longtemps. Dans le fond, leurs chemins ne font que se croiser, sans que cela s’inscrive longuement dans la durée. Leurs retrouvailles l’ont toujours marqué d’un sens de convivialité. Leurs conversations sont souvent faciles, menées de fil en aiguille sans prétention, sans que cela ne mène à plus que cela. De simples rencontres qui se font et se défont avec le temps. Ils ont pourtant pas mal de choses en commun, entre leurs origines respectives et les parcours de leurs vies. Mais aussi énormément de détails qui les opposent. Dans les souvenirs de la brune, Troy a toujours été plus simple, terre-à-terre, un enfant beaucoup trop mature pour son âge. L’obligation l’ayant mené à grandir bien vite, et dans toutes ses actions, cela s’est toujours ressenti. Peut-être était-ce là leur point en commun principal. La maturité. Alors quand ses opales azur croisent les siennes, Vicky ne s’empêche pas d’afficher un sourire. Rictus amical pour border ses lippes alors qu’elle saisit la main de sa fille, pour marcher en direction de cet inconnu familier. « Il faut vraiment que nous arrêtions de nous croiser comme ça. », sur le coup du hasard et sans préméditation, aucune. « Hey, Troy. Comment vas-tu ? », l’Anglaise lui tend finalement la joue, une bise classique, rien de transcendant, avant de se montrer un poil plus chaleureuse en le serrant dans une étreinte amicale. Brève, pour retourner son attention sur les deux gamines, mais cordiale. « Et qui est donc cette adorable demoiselle ? » Jamais deux sans trois, l’adage est on ne peut plus vrai aujourd’hui. La réalité, c’est qu’en se préparant pour faire une balade avec Alexandra dans le parc ce matin, l’héritière Lockheart ne se serait jamais imaginée retomber sur lui. Plus encore, leurs points en commun semblent s’être incrémentés d’un ajout des plus importants. A moins que ce soit une nièce ou que Troy se soit improvisé babysitter, après toutes les années qu’il a passé en service militaire. Dans tous les cas, c’est une reconversion qui doit lui avoir complètement changé la vie.

( outfit ) | A la remarque taquine du jeune homme, Victoria se contente de lui sourire l’air un brin amusée. Sa main accroche toujours celle de la petite Alexandra, qui curieuse comme à son habitude, toise les visages et s’impatiente dans son coin. Si la rencontre fortuite ne dérange pas sa mère, la gamine, elle, doit bien s’en lasser, car cela la retarde dans son objectif du jour : prendre une glace. « Me voilà démasquée. », la psychiatre en plaisante sans grande difficulté. Prenant toutefois une moue légèrement penseuse, et légèrement amusée, elle ne tarde pas à ajouter une remarque supplémentaire à la surenchère. « Même si à bien y réfléchir, tu m’as vu en premier. Peut-être que c’est toi qui me suis ? » Le sujet est trivial dans le fond, juste une manière qu’ils trouvent aujourd’hui pour reprendre une conversation et briser la glace. Des années séparent les deux pourtant, et l’Anglaise ne saurait même pas pointer du doigt le dernier réel échange qu’ils ont pu avoir, ou de correctement le dater. Ils ont continué à s’envoyer occasionnellement les vœux de nouvel an ou à se souhaiter un joyeux anniversaire. Puis graduellement, plus rien. Pas depuis que la brune a commencé à passer la plupart de son temps à Londres, et moins à New-York, là où ils se sont vus pour la dernière fois finalement. « Pareil. Je n’ai pas encore une routine très carrée cela dit. » La conversation sonne banale. Cela reste dans ce qui est socialement acceptable, et en soit ça n’embête pas Vicky. Elle joue le jeu donc, comme elle a l’habitude de si bien le faire. En soit, le ton reste honnête. La routine de la quarantenaire prend forme, mais il est vrai que depuis son arrivée, les événements qui rythment Brisbane chamboulent d’une manière ou d’une autre son quotidien. Puis avec ses tendances à vouloir rester constamment occupée, gérer un nombre innombrables de choses à la fois, elle ne peut pas réellement décrire son quotidien de routine. « Je suis en ville depuis neuf mois à peu près. » Un temps tout de même hachuré, avec ses déplacements à l’autre bout du monde. Des fois, Lockheart se demande elle-même ce qui lui passe par la tête à vouloir s’imposer ce changement. L’écart est parfois drastique. Et puis elle se rassure en disant qu’un nouveau départ n’est pas de refus, et qu’un jour peut-être, elle saura renouer avec ses origines du côté maternel. Encore faut-il qu’elle s’y décide réellement. « Tu as bien de la famille ici, si je me souviens bien. Tu as passé les fêtes ou tu déposes définitivement tes bagages dans le coin ? » Leur discussion est bien entendue interrompue quand la psychiatre s’intéresse à la petite qui accompagne Troy. Sans doute sa fille, vu la petite nervosité qui teinte le rire de l’homme. Tout parent passe par-là, hein. Surtout vu l’âge, assez rapproché à première vue, des deux. Vicky peut donc assez facilement deviner ce qu’il peut vivre au quotidien. Entre une curiosité démesurée, un surplus d’énergie continuel, et des ‘pourquoi’ répétés à l’infini, sur tout et n’importe quoi… Ce n’est pas toujours de tout repos et c’est le moins qu’ils peuvent en dire. « Moi, c’est Victoria, et je suis très ravie de faire ta connaissance. » Elle affiche un sourire chaleureux à l’attention de la petite, qui haute comme trois pommes, semble déjà suffisamment à l’aise avec les inconnus. « Je te présente Alexandra. » Sa gamine aussi peut avoir la même tendance. Sauf qu’en ce moment, son attention est captivée par autre chose et elle se contente de saluer tout le monde avec un bonjour général. Elle s’attarde tout de même sur Joe quelques secondes, avant de rapporter son attention sur sa mère. « Est-ce que je peux avoir une glace maintenant, s’il-te-plaît maman ? » Avec la chaleur, qui peut sincèrement lui en vouloir ? « Bientôt chérie. Le temps que la queue soit moins bondée. » Et surtout pour ne pas être entièrement malpolie, ou s’éclipser sans même proposer une invitation à Troy et sa fille. Une proposition que Victoria mettra sur le tapis éventuellement, elle attend simplement le bon moment pour le faire.