La bombe lui était tombée dessus au moment où il s’y attendait le moins, c’était sûrement pour cette raison que les dégâts avaient été aussi conséquents. Diego ne s’y était pas préparé, s’était à l’inverse enfin laissé aller, vivant ces moments sans plus se poser de question. Plus que trahi, il se sentait idiot, et lorsque c’était sa dignité qui était touchée, il était incapable de bien réagir. Difficile de savoir comment réagir tout court à un scénario auquel il n’avait, par chance, jamais été confronté et qui devenait encore plus sombre sur un terrain qu'il maîtrisait aussi peu. Un scénario qu’il aurait voulu garder pour lui s’il n’avait pas été porté à son attention par sa propre petite sœur et pour lequel CeCe s’était présentée à lui comme l’oreille dont il avait besoin. Il le regretterait sûrement après, comme à chaque fois qu’il se confiait à elle et que son honnêteté frôlant l’indécence le laissait parfois sur un sentiment de doute bien plus important qu’avant de lui parler. « T’as tinder ? Si tu l’as pas, installe le. » Diego était entré en trombe dans l’appartement à peine lui en avait-elle donné l’autorisation. Il se fichait de son visage surpris, il n’avait pas le temps pour plus d’explication, il voulait simplement voir la vérité en face. Sara lui avait envoyé des captures d’écran qui ne nécéssitaient pas davantage d’explications, mais perdu dans une avalanche de regrets et guidé par sa colère, il avait le sentiment qu’il trouverait peut-être une explication en trouvant lui-même son profil. « Je te jure que je m’en veux de m’être fait avoir aussi facilement, joder. » Il était venu s’avachir dans le canapé de la colocation de CeCe, ses traits tirés par la contrariété et il espérait qu’ils soient un indice assez évident au fait qu’il n’avait pas envie de plaisanter. Pas maintenant. Pas alors qu’il avait écouté des conseils, ceux du coupable, notamment, et qu’il était maintenant certain qu’il aurait eu raison de camper sur ses positions. Il en avait été incapable, il en était conscient, mais sa mauvaise foi l’empêchait de voir au-delà des apparences. « L’autre cabrón d’Alvarez est sur tinder. » Il s’était relevé, initiant des allers retours sans se soucier de la bienséance et des états d’âme des voisins du dessous. « Ou l’était, je sais pas, c’est pour ça que je veux que tu vérifies. Mais en tout cas pendant qu’il me disait de pas me poser de questions et me faisait des surprises pour mon anniversaire il se tapait dieu sait qui. » Sa mâchoire était crispée et il ne se connaissait pas cette manière d’être, colérique, déblatérant tout un tas de propos qui auraient dû le soulager. Ce n’était pas le cas, chaque vérité qu’il proposait le faisait souffrir toujours un peu plus. « Joder lo odio » Il n’était pas sûr de toujours être en train de parler de Mateo ou bien de lui-même, pour avoir si facilement baissé la garde et s’être fait rattraper par la réalité au moment où il avait commencé à y croire.