Je suis nerveuse. J'ai jamais organisé un repas de Noël, encore moins chez moi. Je sais pas vraiment quelle mouche m'a piquée de faire un dîner pour 3 personnes. 3 personnes. Mon frère, Maeve et moi. C'est peut être, ou surtout ça, qui me stresse au delà du reste. Mais nous sommes tous les trois seuls si on ne peut pas compter sur nous. J'ai prévenu l'un et l'autre, qui étaient les participants. Du moins j'ai dit à Finn que j'avais invité Maeve. Comme je pouvais m'y attendre il a voulu savoir comment et pourquoi j'en étais venue à inviter mon ex, ce qui est légitime. La seule chose que j'ai dite, c'est qu'elle était seule, et qu'on ne laisse pas les gens seuls pour Noël. C'est pas quelque chose de discutable, aussi il a finit par céder que c'était la chose à faire... 

Je n'ai pas pas parlé du conflit de sentiments en moi à l'encontre de la deuxième invitée. Je ne saurais même pas quoi lui dire, par quel bout commencer ? Sans parler de tous les non-dits, toutes ses choses dont je n'ai pas envie de parler, avec elle ou avec personne d'ailleurs. Affronter la vérité mettrait en péril ce qu'on a aujourd'hui, j'en ai la quasi certitude. En même temps ça mettrait seulement en danger cette amitié étrange qui nous lie. Je m'y accroche tellement que s'en est ridicule...

J'ai fait une grosse partie du repas moi même. Des fruits de mer en entrée, du poisson grillé en plat avec de la butternut rôtie et du pavlova en dessert. J'ai fait des choses simples, seulement le dessert m'a demandé une extrême concentration, je suis clairement pas habituée à faire la cuisine. J'aurais essayé au moins, et finalement je me dis que ça aurait pu être pire. Tout ça bien sûr sous l'oeil avisé de Rima qui surveille toujours quand je cuisine, on sait jamais que quelque chose tombe par terre. 

Après avoir sorti la chienne, j'ai passé ma tenue de fête, dressé la table, et vérifié mille fois que tout était prêt, la boule au ventre et l'impatience me faisant tourner en rond. Sous le petit sapin artificiel, il y a trois cadeaux: un pour chaque convive et le dernier pour Rima. C'est niais je sais, mais je n'ai pas pu m'en empêcher. 

Finalement on tape à la porte. Rima saute sur ses pattes et moi sur mes deux jambes dont les pieds arborent des talons. Par habitude, la chienne s'assoit et attend. 

- J'arrive ! 

Outfit

Vibe de la déco

We are family
crédits/ dgleesonsource & marveloushunts
@Finnley Coverdale & @Bryn Coverdale   12/2024 - logement de Bryn

(tenue) ’’Je te remercie de m’être venu me chercher, en tous cas.’’ sa gratitude envahie ses lèvres par un sourire sincère, mais néanmoins affecté par l’évidente timidité qui se joue à l’instant où elle se retrouve seule avec Finn dans l’habitacle de la voiture. Il n’est pas vraiment pesant, l’inconfort qu’elle ressent, mais il est naturellement joint par le fait qu’ils n’ont plus été en contact depuis des lustres, et que la présente conjoncture rend leur amitié d’autant plus étrange ; maintenant qu’elle est certaine d’éprouver des sentiments amoureux pour Bryn, n’est-ce pas réellement hypocrite de venir fêter Noël avec eux en passant pour la bonne copine qui n’a guère envie d’être plus ? ’’Sinon, euh… Tu as passé une bonne semaine ?’’ c’est une question presque diplomatique qu’elle pose, qui occupe seulement l’espace pour noyer le silence qui s’impose de lui-même, et qu’elle tente de troubler sans réellement savoir si c’est également la volonté du chauffeur. Ne pouvant pas se rendre compte de son expression faciale, elle se fie au ton de sa voix, au nombre de mot qu’il met dans ses phrases — les deux Coverdale ne sont pas toujours loquaces, jusqu’à ce que le moteur de la voiture cesse de ronronner une fois devant le logement de la surfeuse.

À la fois soulagée et anxieuse quant au déroulé de la soirée, Maeve s’extirpe de son siège passager en accrochant la anse de son sac-à-mains sur son épaule, libérant ses paumes pour pouvoir se saisir des trois paquets cadeaux soigneusement emballés par autrui, qu’elle porte contre son buste féminin en souriant. ’’Est-ce que je peux te demander de me guider ?’’ ose-t-elle demander derrière son sourire jovial, essayant de ne pas se formaliser du fait qu’elle a toujours besoin de quelqu’un d’autre pour une chose aussi triviale qu’avancer. Les mains prises, elle le laisse cogner contre la porte pour manifester leur présence et, lorsque le ’’J'arrive ! ’’ retentit derrière le panneau de bois, elle se surprend à sourire davantage, comme si les sonorités entendues avaient ravivé quelque chose de profondément doucereux en elle. ’’Bonsoir !’’ qu’elle lance d’une voix joviale en rajoutant, presque aussitôt : ’’Je crois que le Père Noël s’est trompé d’adresse…’’ il n’y a pas d’enfant susceptible de croire encore à cette machination festive mais, qui sait, peut-être qu’il faut faire perdurer la magie pour Rima ?