Nous semblons tous assez fans des animaux dans la famille, des deux côtés. Joanne en eu quelques uns, moi aussi, et j'ai cette manie de récupérer les chiens errants que je croise. Sans oublier mon amour pour les zoos qui amuse visiblement pas mal ma bien aimée tant ces endroits me font complètement retomber en enfance -au moins autant qu'une bonne boîte de loukoums. « Ca me fera bizarre d'aller au zoo en qualité de père responsable et non plus comme grand enfant. » dis-je avec un sourire à cette idée. Je ne suis pas certain d'en être capable. Je m'émerveille d'un rien à c sujet et j'espère que cela sera la même chose concernant Daniel. Les sorties de ce genre sont les meilleurs souvenirs que j'ai du temps passé en famille quand j'étais enfant, même si les parents ne cessaient de me rappeler à l'ordre et de me sermonner. C'était les moments où ma famille semblait un peu plus normale. « Imagine le drame s'il n'aime pas les pingouins. » j'ajoute en ouvrant de grands yeux dramatiques avant de pouffer de rire. Pire scénario imaginable de conflit père-fils. Avant l'adolescence bien sûr. Qu'il est étrange d'imaginer Daniel grandir d'année en année, devenir aussi grand que sa mère, aussi grand que moi. Je me demande à quoi il ressemblera, comment changera son visage. « Nous connaissant, il nous faudra plus d'un album pour lui seul. » Ou plutôt, me connaissant. J'aime bien trop prendre des photos de tout et de rien, alors autant dire que mon fils n'échappera jamais à l'appareil de son père. Ni lui, ni les autres. Nous aurons tant de souvenirs à garder précieusement sur nos étagères. Je remplirai sûrement des dizaines de carnets de croquis uniquement remplis par les dessins de leurs visages et des scènes du quotidien. Et pour chacun, un portrait de naissance. « De toute manière, peu importe l'avis extérieur au final, ce ne sont pas des choses que je partagerai avec qui que ce soit. En dehors de toi, bien sûr. » A la réflexion, personne n'a besoin de voir ce genre d'oeuvres. Elles peuvent être sur un mur de la maison, ou secrètement gardées dans l'atelier. Elles m'intéressent personne de toute manière, et c'est trop intime pour mettre ça sous le nez des autres. Joanne en connaît la valeur, c'est tout ce qui importe. Je n'avais jamais peint sur un format aussi petit que celui qu'elle tient jusqu'à présent, cela n'était pas évident, mais j'en suis assez satisfait. Au moins, il lui plaît. Avec la voiture et la maison, le trio de cadeaux de naissance pour la jeune mère est complet. « Je ne fais que montrer ma gratitude. » lui dis-je tout bas en caressant sa joue. « Je pense qu'il faut au moins ça pour te remercier de nous avoir donné un superbe fils. » Je lui souris tendrement avant que ses lèvres atteignent les miennes, toujours si douces et délicates. J'effleure ses jambes du bout des doigts. Milo décide de récupérer l'attention de la maison en nous sautant dessus. Il semble pleinement satisfait de la place qu'il se trouve et des quelques caresses qu'il obtient. Je récupère les lèvres de la jeune femme, ferme les yeux pour mieux apprécier ceux qu'elle dépose dans mon cou. Puis elle dépose sa tête sur mon épaule. J'acquiesce discrètement à sa question concernant la maison. Les papiers seront signés en un rien de temps. « Pourquoi cette telle peur de faire trop de bruit ? Tu comptes devenir une partenaire plus bruyante ? » je demande pour la taquiner, sachant qu'elle virera un peu plus au rouge écarlate. Je l'embrasse sur le front, observant notre petit Daniel qui commence à se rendormir. « Oui, nous y serons bien... » je répète dans un murmure, songeur. Nous imagine parfaitement là-bas. Nous pourrons partir le vendredi soir, si je parviens à quitter la radio assez tôt, afin de nous isoler du monde. Nous passerons le week-end dans notre bout de paradis de temps en temps, juste assez loin de Brisbane pour ne plus avoir à y penser. « Qui sait, dans quelques années, nous pourrons vendre cette maison-là et emménager dans l'autre. » j'ajoute, laissant mon imagination me porter plus loin dans le futur. Ce futur que je ne vois qu'avec Joanne. « Quand les enfants seront grands et qu'ils auront quitté le nid. » Ils seront restés dans la ville pour mener leur vie, faire des études, avoir un travail, puis une famille. « Et leurs chambres deviendront celles de leurs propres enfants. » Comme nous le ferons avec les parents de ma fiancée, nous garderons nos petits-enfants avec grand plaisir, et les verrons jouer dans le grand jardin où leurs parents jouaient avant eux. « On sera ''ceux qui vivent dans la maison bleue''. » Ceux qui vivent dans leur bulle à la sortie de ce village, ceux se sont perdus là malgré leur titre de père en fils. « Et puis on s'ajoutera au lot d'âmes qui ont vécu là. » Je ne dis pas cela tristement, ce n'est que mon esprit qui suit le fil du temps, et arrive au jour où nous nous éteindrons comme n'importe qui, après une vie bien remplie et ayant toujours débordé d'amour. « A moins que nous n'allions en Angleterre. J'ai tellement envie de vous montrer la grande bâtisse. Je pense que tu l'aimeras beaucoup. Ca attendra que ce bonhomme puisse archer pour gambader dans toutes les pièces. » Pas à Londres, mais dans ce bout de campagne qui m'appartient, là où j'ai passé mes premières années. Je pourrais bien y vivre mes dernières. Je sais, je parle comme un vieillard. Pourtant, cela me fait sourire, rêveur et caressant mécaniquement les mèches blondes de la bien aimée. Je vois cette vie que je ne pensais jamais avoir un jour, cet idéal que j'ai finalement atteint, et cela me rend heureux. Je sais que tant que Joanne sera là, je le serai. Je redresse son visage angélique et trouve son regard bleu. « Mais avant, avant tout ça, ma Lady, vous devez absolument m'épouser. »