Dans la vie, Adriel a quatre piliers, sa famille, son travail, le sport et la musique. Si vous commencez à lui parler d'une de ces quatre choses-là, il y a de très grandes chances que cela se passe bien entre vous. C'est comme ça qu'il avait donc lié une amitié avec Duncan, un de ses voisins. Il l'avait rencontré cet été à un barbecue, c'était la première fois qu'il le voyait dans le coin et avait donc tout de suite était curieux de savoir qui il était. Une chose en entraînant une autre et parce que ce sont des hommes, après les présentations habituelles lorsqu'on vient de rencontrer quelqu'un, ils avaient discuté un peu plus et ils en étaient venus à aborder le sujet du sport. Tout était parti de là. Le sport de prédilection d'Adriel c'est le tennis, c'est un secret pour personne. En revanche, avec son emploi du temps chargé et sa vie de famille, il n'a pas toujours le temps de se rendre sur un court et de taper dans quelques balles. Cela c'était donc présenté un peu comme une évidence d'aller de temps en temps faire du jogging avec Duncan. Il n'a jamais particulièrement apprécié la course à pied. D'ailleurs, avant de rencontrer Duncan il en faisait très rarement et jamais seul. Courir pour courir, ça n'intéresse absolument pas Adriel c'est donc pourquoi il ne le fait jamais seul. Avec Duncan, ça rend la chose bien plus fun, ils sont entre mecs, ils discutent et en même temps restent en forme, c'est exactement ce qu'il lui faut lorsqu'il n'a pas trop le temps.

Aujourd'hui était un de ces jours-là. Il avait convenu avec Duncan qu'ils iraient tous les deux courir à partir de quinze heures. Duncan devait venir le chercher chez lui et après ils courraient là où le vent les porte. Si Duncan était à l'heure, Adriel lui était en retard. Même s'il n'était pas censé travailler aujourd'hui, il y avait eu un imprévu à l'entreprise en début d'après-midi et étant le patron, il n'avait pas eu d'autre choix que celui de répondre au coup de téléphone paniqué d'un de ses employés. Un problème de livraison de stock, où les quantités attendues n'avaient pas été livrées. Ce qui arrive fréquemment, mais qui inquiète toujours autant les employés d'Adriel qui ne savent jamais qui contacter et comment. Adriel avait donc passé une bonne demie heure à expliquer qui appeler en précisant que ce n'était pas la peine de s'inquiéter et que normalement le stock devrait finir par arriver à un moment ou un autre. Il s'était donc retrouvé légèrement à la bourre et quand il entend sonner à la porte à quinze heures tapantes il se dépêche de ramasser ses dernières affaires et de mettre ses chaussures avant d'aller ouvrir la porte. "Hey! vraiment désolé pour le retard, petit imprévu du bureau" Dit-il. Il n'aimait pas faire attendre les gens et encore moins lorsqu'il avait convenu d'un horaire. Il sorti de la maison, ferma la porte derrière lui puis mit ses clés dans sa poche. "Prêt à faire ce petit jogging ?" demanda t-il à Duncan.

Même si Duncan et Adriel exerçaient des professions fondamentalement opposées, ils arrivaient tout de même à se comprendre sur ce point. Ayant tous les deux de grandes responsabilités et devant gérer eux-mêmes lorsqu'il y a un soucis. Ils ne peuvent sans doute rien comprendre du travail de l'autre, mais ils peuvent au minimum comprendre ce que ça implique. Notamment les imprévus. Il voit donc tout naturellement Duncan froncer les sourcils en lui montrant son bipper, accroché à son pantalon. "Tu sais même plus que moi" lui répond-il. Il le pense d'ailleurs sincèrement. Les responsabilités d'Adriel viennent de son poste de patron, les responsabilités de Duncan viennent plutôt du côté absolument imprévu de la médecine. Il n'est pas possible de savoir quand une personne va avoir besoin de l'aide d'un médecin et ce n'est pas non plus quelque chose que l'on peut laisser de côté pour y revenir plus tard. Adriel a bien plus de flexibilité que Duncan et il en est vraiment conscient. Il admire d'ailleurs Duncan pour ça. Quand on y pense Adriel a la vie facile en soi, il fait plus ou moins ce qu'il veut avec ses horaires, il peut décider de régler les problèmes comme il le souhaite et peut aussi choisir tout ce qu'il veut faire. Se plaindre serait vraiment hypocrite. 

Par où commencer ? En voilà une bonne question de la part de Duncan, Adriel ne sait pas trop quoi répondre après tout il s'en fiche un peu lui, du moment qu'il peut courir, il veut bien aller n'importe où. Duncan ne lui laisse finalement pas le temps choisir, ce qui rend la décision plus facile, puisqu'il n'attend même pas sa réponse pour commencer à courir. Cela fait bien rire Adriel qui lui emboîte rapidement le pas. "Ca m'aurait étonné aussi que tu ne fasse pas ça" lui dit il en riant. Il a l'habitude que Duncan parte comme ça, comme une petite course au premier qui arrivera quelque part. Nulle part en fait, mais une petite course quand même. Adriel rattrape rapidement Duncan et reprend donc un rythme un peu plus normal. Ils courent d'ailleurs en silence pendant quelques minutes, un moyen de prendre rentrer dans un rythme confortable et de ne pas s'arrêter au bout de deux minutes à cause d'un point de côté ou parce qu'ils sont essoufflés. C'est d'ailleurs Duncan qui relance la conversation et Adriel ne peut qu'approuver ce qu'il raconte et il est encore mieux placé que son partenaire de jogging pour comprendre ce sentiment étant un peu plus vieux que lui. "M'en parle pas, ça me fait le même effet à chaque fois qu'on reçoit des stagiaires. Comme l'impression que cela fait un bail que j'étais à leur place, alors que bon, pas tant que ça au final. C'est marrant de se rendre compte qu'on savait pas grand-chose quand on a commencé" dit-il avant d'ajouter "On a comme l'impression d'avoir tout appris déjà et maintenant on change de rôle, c'est assez étrange en fait". Il n'a pas trop de mal à se dire qu'il approche à grands pas des quarante ans, mais il trouve quand même cela fascinant de voir comment les choses et les relations changent avec le temps.

Les péripéties de sa fille. Un grand sourire se dessina sur le visage d'Adriel. Ca fille lui en faisait voir des vertes et des pas mûres tous les quatre matins. Elle avait une imagination sans limite et savait ce qu'elle voulait. Lorsqu'elle a une idée en tête il est impossible de lui faire changer d'avis ce qui parfois peut s'avérer un peu embêtant, d'ailleurs sa dernière lubie prouvait totalement cela. "Si tu savais, son truc en ce moment c'est qu'elle veut absolument aller à l'école habillée en princesse disney, les robes de princesse et les chaussures qui vont avec. Je te raconte pas le truc. Elle en démord pas et pas moyen de lui faire comprendre que c'est censé être des déguisements. Donc voilà la fillette habillée en princesse à l'école ? C'est la mienne" dit il en riant avant de regarder dans la direction que Duncan lui indiquait ensuite et voyant visiblement une jeune femme blonde les regarder. "T'es sûre que c'est pas toi qu'elle regarde ?" Demande t-il en faisant un signe de main en direction de la femme avec sa main gauche mettant donc son alliance en valeur. "Tu veux que je t'arrange un coup ?" ajoute t-il en plaisantant.

Ca s'appelle être vieux en effet. Pourtant, Adriel n'a pas vraiment l'impression d'être vieux, mais il faut bien se faire à l'évidence qu'il ne fait définitivement plus partie des jeunes. Finies les soirées fortement alcoolisées tous les weekends où on se réveille à côté d'une fille qu'on ne connaissait même pas la veille et dont on a oublié le prénom. Fini de traîner avec ses potes dans un parc assis sur un banc à regarder les gens passer parce qu'on ne sait pas quoi faire de mieux de ses journées. Cependant, il ne regrette pas vraiment cette époque. C'était cool, c'est sûr, il n'y a aucun doute là-dessus, mais maintenant c'est assez cool aussi selon lui. C'est certain que ce n'est pas cool comme l'imagine les jeunes, mais c'est cool pour un homme de 37 ans qui est marié et père d'un enfant. Il aime sa vie et ne reviendrait en arrière pour rien au monde, il est certain d'avoir encore pas mal de choses à découvrir, de gens à rencontrer et d'expériences à vivre. Si les jeunes le considèrent comme un vieux et bien qu'il soit un vieux, mais en tout cas il est un vieux plutôt pas mal.

Si Adriel se souvenait de son projet ? Bien sûr. Il avait trouvé le projet génial et n'avait d'ailleurs pas manqué de le faire savoir à Duncan lorsque ce dernier lui en avait parlé. Il avait tout de suite trouvé que c'était une excellente idée pour une très bonne cause et il venait d'ailleurs souvent aux nouvelles pour savoir où tout en était. Il était donc ravi d'apprendre que le projet avançait, il savait en plus à quel point ce projet tenait à coeur à Duncan. Un gala de charité pour pouvoir récolter des dons était donc une excellente nouvelle, c'était une opportunité en or et le projet allait pouvoir encore plus se concrétiser. "C'est vraiment super, je suis super content d'entendre ça. Tu peux être sûr que je serai présent et tu peux déjà me compter sur la liste des donateurs, ça me ferait vraiment plaisir de contribuer à ce projet à ma façon. Par contre non en effet, ce n'est pas trop la tasse de thé d'Ella, tu l'as très bien deviné" Dit-il. Adriel tien vraiment à participer à ce projet, il a de l'argent et n'hésite pas à le dépenser lorsqu'une cause lui tien à coeur et c'est justement le cas du projet de son ami. De plus, il adore ce genre de soirées. Les soirées mondaines c'est son monde, il a toujours été habitué à ça et il y est vraiment comme un poisson dans l'eau. 

Adriel ne peut s'empêcher de rire lorsqu'il entend que Duncan lui dit qu'il aimerait être une petite souris pour voir la réaction des mamans en le voyant déposer sa fille à l'école habillée en princesse Disney. "Tu verrais la tête de certaines" dit-il en riant. "Il y en a certaines qui ont l'air choqué, genre elle n'en revienne pas que j'autorise ça puis tu en as d'autres qui trouvent ça mignon" La réaction d'Adriel la première fois qu'il a emmené sa fille habillée en Elsa de la reine des neiges était un savant mélange entre les différentes réactions des mamans qu'il croise à l'école. D'un côté il n'arrivait pas à croire qu'elle avait réussi à le faire céder et à faire céder sa mère par la même occasion, mais d'un autre elle était vraiment trop chou alors que pouvait-il y faire ? "C'est marrant elle m'a donné le même argument que toi. Je devrai peut-être te la donner, vous vous entendrez bien tous les deux" ajoute t-il en plaisantant. C'était pourtant bien vrai, lorsqu'il avait demandé à Ella pourquoi elle voulait s'habiller comme ça elle lui avait répondu qu'elle était une princesse et devait donc mettre des habits de princesse. Il n'y avait pas eu moyen de discuter à ce moment-là, même sa femme avait abandonné l'idée de la faire changer de vêtements. Ca en disait long.

"Attends on a qu'à lui donner un petit spectacle comme ça elle sera satisfaite" Dit-il en riant avant de commencer à courir en roulant des fesses et en faisant comme s'il était au ralenti. "Nouvelle série TV, remake de Alerte à Malibu, mais à Brisbane." Ajoute t-il ayant du mal à ne pas rire en parlant. Il avait beau être un vieux, il savait toujours faire le gamin malgré tout.

Adriel & Duncan ✤ Qui a dit que j'aimais courir déjà ?

Duncan afficha un large sourire. Adriel s'était vraiment intéressé tout de suite à son projet pas comme certaines personnes qui faisaient mine de trouver ça fabuleux et qui en réalité n'en avaient rien à faire. Certes, cette cause ne pouvait pas emballé tout le monde et ce n'était pas le but mais il savait qu'il avait vraiment touché Adriel avec son projet. C'est pour ça qu'il comptait sur sa présence pas pour récolter un quelconque don de sa part mais pour avoir un ami et quelqu'un qui le soutenait vraiment.

- Merci. J'en profite alors pour te demander de l'aide. Il me faudra des conseils sur la façon de m'habiller ou comment parler à ce genre de personnes, tu sais, les mecs riches. J'imagine que tu as déjà dû assister à ce genre de soirée, moi pas vraiment. D'habitude les soirées auxquels j'assiste sont bondés de médecins et c'est très facile de trouver un sujet de conversation. Mais là je vais être serré derrière un nœud papillon, c'est pas gagné. Et pour Ella je trouverai autre chose en rapport avec les princesses, je serais être pardonné ainsi.

Il commençait à ressentir une légère gêne. Ses muscles étaient chauds désormais, son pouls avait pris un rythme rapide et régulier et il commençait à avoir envie de boire, tous les symptômes du parfait petit trentenaire qui courrait depuis un certain temps déjà. Échappant un bref rire il lui répondit.

- Who who who ! Me la donner ? Peut-être pas. La pauvre traverserait mon jardin en pleurant jusqu'à chez toi en criant un truc du genre « Dundun s'est pas faire à mangeeeeeeer. », par contre tu peux me la laisser un aprem et elle aura la vie de princesse ! Les mères qui te regardent de haut sont juste un peu trop coincé.

Haussant les épaules, il chercha du regard un endroit où boire, il y avait souvent de petites buvettes qui s'installer un peu partout et généralement c'est là-bas qu'il faisait une pause s'achètant une bouteille d'eau toute fraîche au passage. Son attention se reposa sur Adriel qui faisait son chaud à coté de lui. Il explosa de rire faisant un tour sur lui-même au ralenti avec un « salut » façon reine d'Angleterre. Lui aussi il savait s'amuser de toute façon il le fallait surtout avec leur travail respectif qu'ils avaient. S'ils étaient sérieux en permanence, ils finiraient probablement en dépression.

- Plus sérieusement, ça fait combien temps qu'on court ? Arg, c'est malin, j'ai la musique d'alerte à Malibu dans la tête maintenant !

©clever love.

Moi aussi donc... :

Adriel ne put s'empêcher de rire de nouveau à l'explication de Duncan. Il n'aurait pas pu le dire mieux lui-même. "Les mecs riches". C'était exactement ça et il appréciait énormément le fait que Duncan ne prenne pas de pincettes pour catégoriser. Car après tout, c'est ce que les gens qui vont à ce genre de soirées sont. Des mecs riches. Au même titre qu'Adriel qui n'a jamais eu "honte" de ça. Il n'a jamais utilisé d'adjectif comme aisé, ou n'a jamais dit qu'il avait les moyens. Non depuis son plus jeune âge il n'a pas honte de dire qu'il est riche. Sa famille a toujours eu de l'argent et il ne va pas le cacher. Si en plus il peut s'en servir pour la bonne cause alors raison de plus d'en être fier. Il comprend cependant l'inquiétude de Duncan quant à la façon de parler ou de s'habiller. C'est un monde particulier avec ses propres codes et si on ne sait pas, il y a des chances que cela se passe mal. "Pas de soucis, tu sais que tu peux compter sur moi" Dit-il "Et tu verras ce n'est pas si compliqué que ça, pour les vêtements, un beau costume fera l'affaire, il ne faut pas en faire trop non plus. Il faut trouver le juste milieu entre trop décontracté et trop habillé. Pour ce qui est de quoi dire, sois toi-même. Explique ton projet, pourquoi il te tient à cœur. Il faut que tes interlocuteurs se sentent concernés, il faut simplement que tu leur transmettes ta passion. Ils savent pourquoi ils sont là donc ne mentionne pas que tout don serait le bienvenu, ça se fera tout seul." C'était en gros ce qu'il fallait savoir sur ce genre d'événement caritatif et en général ça semblait bien plus compliqué que ce que cela ne l'était en réalité. "Si tu as besoin de plus de conseils ou d'aide à l'approche de la date, n'hésites pas. Tu sais où me trouver."

En réalité il ne donnerait sa fille à quelqu'un pour rien au monde, c'était sa plus grande fierté et l'idée de se séparer d'elle un jour lui fendait le coeur. Il continua de rire, car il pouvait parfaitement imaginer Ella revenir en courant pour se plaindre de la nourriture. La petite a beau être haute comme trois pommes, elle sait ce qu'elle veut et a déjà un caractère bien trempé. D'ailleurs, Adriel est lui aussi nul en cuisine et est donc bien content que sa femme se débrouille dans ce domaine. "Ca c'est bien vrai. Elle est trop habituée aux bons petits plats de sa mère." Répond-il. "Elle te fera jouer à la princesse avec elle, si tu as de la chance tu auras le droit d'être le prince. Sinon elle te mettra un diadème sur la tête et tu seras toi aussi une princesse". Continue t-il en riant. "Et oui tu as surement raison. Mais je me moque bien de ce que les mamans peuvent penser, au moins ma fille est contente."

Il courait comme s'il était sur une plage dans alerte à Malibu, il ne manquait que le maillot de bain rouge et la bouée. Il avait surement l'air très ridicule et ça le faisait bien rire. D'ailleurs, il fallait peut-être qu'il songe à arrêter de rire. A force il allait s'attraper un point de côté carabiné. "Hum ça fait presque vingt-cinq minutes" répondit-il en regardant sa montre qu'il avait réglé en chronomètre juste avant de commencer à courir. "Chante comme ça il y aura l'image et le son ça sera encore mieux" Il commença aussi à regarder autour de lui en quête d'une buvette qui avait pour habitude de se trouver un peu partout autour du parc. Il ne lui fallut d'ailleurs pas beaucoup de temps pour en voir une. "Droit devant !" annonça t-il en pointant la buvette du doigt. "Le dernier arrivé paye un coup à l'autre" Avec ça il lança un sprint, comme Duncan avait fait au début de leur jogging. Chacun son tour.


HRP: c'est malin je l'ai dans la tête aussi haha. Bon j'imagine que je l'ai bien cherché 

Il était prêt à l'aider et il le ferait avec grand plaisir. Depuis que Duncan lui a parlé de ce projet, il partage son envie de le voir se concrétiser. Adriel est quelqu'un de très paternel. Avec sa fille, c'est un vrai papa poule. Il est donc très touché par les projets relatifs de près ou de loin aux enfants. Aider de toutes les manières possibles et donc comme une évidence pour lui. Surtout lorsque l'idée part d'un de ses amis. D'ailleurs, même si ce n'est pas son projet, il partage les sentiments de Duncan à ce sujet, il est lui aussi pressé de voir ce projet aboutir, pressé de voir son ami retourner en Afrique pour s'occuper des enfants et tout ce qui va avec. Il ne peut que comprendre lorsque Duncan dit qu'ici ce n'est pas le même monde. "C'est vrai qu'on vit un peu dans un monde à part, on ne se rend pas compte que ce qu'on a pour certains tout ça n'est même pas envisageable en rêve. J'espère en tout cas que cette soirée permettra de récolter suffisamment de fonds, de sorte que tu puisses déjà bien démarrer ton projet". Adriel a toujours vécu dans une bulle si on peut dire ça comme ça. Il est né avec une petite cuillère en argent dans la bouche, ne connait pas la faim, ni même la misère. Il a toujours eu de l'argent et il fut un temps où il avait énormément de mal à concevoir que tout le monde ne vivait pas comme lui. Il avait du mal à concevoir que sa "normalité" ne l'était pas pour la plupart de la population. Lorsqu'il a enfin réalisé ça, il a ouvert les yeux sur beaucoup de choses et s'est toujours promis de donner un peu de son argent à ceux qui en ont besoin. Bien sûr, il ne peut pas aider tout le monde, ce serait pas possible, mais s'il peut rendre ne serait-ce qu'une personne heureuse, alors il est satisfait. 

Si Ella savait faire le thé imaginaire ? Alors, là, la réponse état oui sans hésiter. En plus de savoir le faire à merveille, elle prend cette tâche très à coeur. D'ailleurs pour elle c'est très sérieux et il faut donc le faire correctement. Pas question de sauter une seule étape. "Je prends en note, elle te fera ça avec plaisir, tu seras servi comme un roi. Par contre, tu devras faire la conversation avec ses poupées et autant te dire tout de suite, elles ne sont pas très réceptives." Dit-il en riant. Il pouvait tellement imaginer la scène, ayant dû jouer le jeu un nombre de fois incalculable, il savait exactement comment tout ceci pourrait se dérouler et c'était tout simplement très drôle. Il ne pu d'ailleurs pas s'arrêter de rire puisqu'il était à présent en train de faire le clown à rejouer un des plans cultes d'alerte à Malibu. Ce que c'était bon de ne pas se prendre au sérieux. Il rit de plus belle dans sa course lorsqu'il devança Duncan. Il l'avait pris au dépourvu et avait donc eu le temps de réagir bien plus rapidement que lui, gagnant une bonne petite longueur d'avance sur l'homme qui criait déjà à la triche. Il n'avait pas tort cela dit. Ce n'était peut-être pas de la triche, mais ce n'était pas très fairplay non plus.  "Désolé, c'était un peu fourbe, mais bien trop tentant" dit-il en riant lorsque Duncan arriva à la buvette quelques secondes après lui. "Et pour ta revanche, il faudra que tu réussisses à me surprendre. Ce qui n'est pas gagné, j'ai de très très bons réflexes et de très grandes jambes" ajouta t-il avant de s'adresser au vendeur de la buvette. "Je vais prendre une bouteille d'eau s'il vous plait" Dit-il avant de se décaler pour laisser Duncan commander à son tour.

Il attrape la bouteille d'eau que Duncan lui tend et en bois une grosse gorgée. Il ne s'était pas vraiment rendu compte qu'il avait soif à ce point-là lorsqu'il était en train de courir. D'ailleurs, s'il ne s'était pas arrêté, il aurait très certainement pu continuer encore un bon moment. C'est marrant ce dont notre corps est capable. Il n'avait pas ressenti la soif, ni même les douleurs dans ses mollets, jusqu'à ce qu'il s'arrête. Comme si lorsqu'il courrait il avait déconnecté son cerveau de toute gêne, de toute faiblesse. Un phénomène intéressant qui ne cessera jamais de l'impressionner. "Je pense aussi que c'est un pays que j'apprécierai beaucoup. Qui sait, peut-être que j'irai là-bas un jour. Le dépaysement serait violent, mais bon, ça aurait sans doute du bon." lui répond-il. Adriel avait beaucoup voyagé et ça depuis qu'il était petit. Ses parents ayant toujours eu les moyens de leur payer de très beaux voyages pour les vacances. Bien sûr, pas question de faire du camping ou d'aller se perdre dans des lieux reculés. C'était complexes de vacances hauts de gammes, le plus souvent sous les cocotiers bien cachés de la misère du monde. Pays 'exotiques', oui. La misère qui peut aller avec, sûrement pas.

Il n'avait pas de doute quant au fait que Duncan  trouverait un moyen de se venger. Gentiment certes, mais un moyen de se venger d'une façon ou d'une autre quand même. Ca le faisait rire d'ailleurs, car il pouvait déjà le voir arriver chez lui lors d'un barbecue avec l'air très suspicieux, comme quelqu'un qui s'apprête à faire un sale coup, mais qui n'arrive même pas à le cacher. "Rappelles moi de ne pas t'inviter alors" Dit-il en riant avant d'ajouter "Ou alors j'en organiserai tout simplement pas, comme ça tu n'auras pas de moyen de te venger". C'était une solution aussi, mais pour dire vrai, il ne ferait ni l'un ni l'autre, ce serait vraiment stupide et il n'était pas comme ça du tout. Bien sûr qu'il organiserait un barbecue un de ces quatre et bien sûr qu'il inviterait Duncan, ça allait complètement de soi. "Car autant te dire, que j'en tremble déjà" Dit-il ensuite, en prenant bien soin de faire semblant de trembler pour appuyer ses propos. 

Duncan et Adriel commencèrent à s'éloigner de la buvette en marchant, se dirigeant vers l'allée. Adriel observa Duncan regarder son biper. Une sorte de déformation professionnelle, si on peut appeler ça comme ça. Habitude serait peut-être un mot plus approprié. Ce n'était pas la première fois qu'il le voyait faire ça, ce qui pour Adriel montre que c'est un médecin vraiment attaché à son travail, qui s'en voudrait sûrement de louper un appel important. C'était totalement admirable. "Rien de prévu" Dit-il simplement. "Ella est à l'école et va chez une copine jouer après, Olivia la récupérera quand elle aura fini de bosser, je suis donc libre comme l'air pour l'après-midi et toi ? Attendu à l'hôpital ?" Ajoute t-il avant de boire de nouveau une grosse gorgée de sa bouteille d'eau. Sans s'en rendre compte il en a quasiment bu les trois quarts. Voyant qu'ils se rapprochent petit à petit d'une poubelle, il fini la bouteille d'une traite afin de pouvoir la jeter et ne pas avoir à la porter pour rien.