À croire que j'ai souvent le chic pour mettre dans les gens dans les situations gênantes, de toutes les questions il fallait que je tombe sur celle qui était apparemment la plus fâcheuse, enfin la plus triste ! J'étais d'un côté heureuse qu'il ose me dire si facilement le déroulement des choses, je ressentais une sincérité, une envie de repartir sainement sur de bonnes bases et rien que pour ça, j'étais touchée par la situation quelque peu embarrassante. Je ne put m'empêcher de m'excuser, que ce soit aussi pour avoir lancé le sujet que pour cet événement affreux, je ne sais pas ce qu'ils ont vécu à cette période, mais je sais très bien ce que c'est de traverser des instants difficiles avec sa moitié, pour ne pas dire sombres. Le pauvre, à croire que nous sommes réellement nés sous une mauvaise étoile, pourquoi le destin semble s'acharner sur nous alors qu'on a déjà traversé tant des choses durant notre enfance ? À croire que cette fichue destinée essaye de nous détruire et je ne suis pas sûre que toutes les épreuves nous rendent plus fort...  Il me rassurait un peu en que ça allait, enfin ce fut de courte durée car il finissait sa phrase avec intrigue, merde alors on dirait qu'il va m'annoncer qu'il a tué quelqu'un vu sa tête ! Un léger sentiment d’appréhension m'envahissait, je ne pouvais pas, je ne voulais pas avoir une mauvaise image de lui pour nos retrouvailles et même pour le reste de ma triste vie.

L'entrée du serveur brisait un peu l'atmosphère maussade qui régnait subitement entre nous, non pas que je m'imaginais des mauvaises choses au sujet d'Enzo, je m'attendais seulement à quelque chose de négatif, voire cruelle ? Comme un mauvais pressentiment, mais promis je vais essayer de tirer le meilleur de ce qu'il me confit, être positive, comme je le fais toujours pour les autres ! On faisait notre commande et j'étais comme pendus aux lèvres de mon premier amour, je sentais que la discussion allait prendre une tournure plus délicate. Il me souriait, comme s'il le faisait pour la dernière fois. Puis je l'écoutais attentivement, en essayant de n'avoir aucune réaction excessive, mais je ne put m'empêcher de froncer les sourcils, comme si tout ce qu'il me disait était étonnant, incompréhensible . Non, impossible qu'il fasse partie de ce genre de personne, de ce genre d'hommes. Je me mettais immédiatement à la place de son ex-femme, être abandonné par l'homme qu'on aime, je connais et en plus abandonne son propre enfant. Je baissais le regard en avalant presque difficilement ma salive, je retirais mes mains de la table en m'adossant au dossier de ma chaise.

Le silence s'installer, pesant et je réfléchissais, essayais de me mettre à la place d'Enzo cette fois-ci mais... Sans grands résultats à vrai dire ! Une vague de déception s'était emparée de mon cœur, je ne suis pas forcément du genre solidarité "féminine" à fond, mais il faut avouer que je peux difficilement prendre parti de mon voisin de table, peut-être que je devrais faire semblant, mais je n'ai pas non plus envie d'être fausse avec lui. Je ne savais pas trop quoi faire, je ne vais pas le sermonner, le fait qu'il soit revenus ensuite et un bon point, le seul, non ? Triste réalité. Peut-être aurait-il du me mentir finalement... Mais qui serais-je pour le juger trop si vite, je ne suis qu'une ex après tout.

- Ce sûr que je... Je ne comprends difficilement ta réaction.

Je reposais mon regard froid, presque accusateur sur Enzo, je ne pouvais pas m’empêcher de faire part de mon ressenti, je ne suis pas du genre à manipuler les gens ou leur jouer un numéro, je suis franche sans être non plus une tueuse, la douceur me qualifie, en général du moins.

- Pourquoi toi ? Ce n'est pas comme si...  

Comme si tu n'avais pas souffert ! C'est la vérité, mais par respect je n'en disais pas plus, inutile de le replonger par le biais de ma phrase dans son passé douloureux. Finalement c'est une part de tristesse qui me submergeait, oui je suis émotive, un peu trop et alors. Des mères qui se retrouvent seules avec leur enfant, j'en vois tous les jours, des pères absents j'en haïs des centaines et je n'en revenais pas qu'il faisait cette espèce, même si aujourd'hui il est revenus, le fait est qu'il les a quand même abandonnés à un moment, toute l'image que je me faisais de lui s'écroulait lentement, Naïa essaye de te ressaisir où tu regretteras encore de laisser tes émotions prendre le dessus. Le serveur arrivait avec nos deux tasses et je le remerciais simplement d'un signe de tête, ma bonne humeur envolée.

Je savais, je savais que j’aurais du lui mentir. J’aurais du essayer. Mais à quoi bon, je n’aurais pas réussi et je me serais fait passer encore plus pour un salaud. Parce que oui, je le voyais bien dans les yeux de Naïa, et très certainement qu’elle ne voudra plus me revoir. Et je ne pourrais que la comprendre, après tout, elle doit en côtoyer des hommes comme moi dans son boulot, et la plupart sont ceux qui abandonnent aussi leurs enfants et/ou leur femme. J’aurais du y penser à deux fois avant de lui avouer cette partie de ma vie. Au lieu de mentir, j’aurais pu juste zapper ce moment-là qui n’a duré que six mois, ça aurait pu totalement le faire, mais fallait croire que j’avais besoin de mettre les choses à plat avec elle, lui dire la pire partie de ma vie pour voir si ensuite elle voudrait bien de moi de nouveau dans sa vie. Et vu sa tête et son regard désapprobateur, il y a de fortes chances pour que ce soit non. Au moins elle avait le respect de ne pas m’abandonner à mon triste sort dans ce café, bien qu’elle en aurait totalement le droit, je le mérite. Elle me confirma par ses dires qu’elle ne comprenait pas mes dires. Evidemment, très peu de femme me comprenne, alors est-ce que je devais essayer de lui faire comprendre mes pensées ? Je n’en suis pas sûr, à quoi bon. Mais elle me demandait pourquoi moi. J’étais perplexe, je ne comprenais pas vraiment où elle voulait en venir, surtout qu’elle laissa sa phrase en suspens. Mais je comprenais qu’elle voulait quelques explications, du moins c’est ce que je suppose et je peux plus me défiler pour parler d’un autre sujet maintenant Je ne cherche pas à justifier, je te le dis d’avance, mais si tu veux des explications, voilà comment je pensais à l’époque. J’ai donc tenu le coup avec Maxyn pendant trois ans de sa vie aveugle, alors qu’elle m’en faisait voir de toutes les couleurs. Mon amour pour elle s’est perdu en chemin, je suppose que ça a été le début de la fin. Le fait qu’elle ait arrêté sa contraception sans même m’en parler m’a fait devenir vert de rage, mais j’ai assumé, pendant des mois et je n’arrivais pas à assumer Zoey, ni même à la voir comme ma fille. J’étais totalement perdu et haineux. J’ai préféré prendre de la distance. Encore une fois, je ne cherche pas à me rendre excusable, tu voulais savoir je suppose, voilà qui est fait. Lui répondais-je en haussant les épaules, avec mon regard perdu dans mon café crème qui venait d’arriver en même temps que son chocolat viennois.

J'étais censé réagir comment à cette annonce ? J'oserais presque dire qu'il a le culot de m'annoncer un tel passage de sa vie, une telle bêtise comme ça de but en blanc alors qu'on vient de se retrouver, qu'est-ce qui lui passe par la tête. Je ne savais pas encore si je préférais cette triste réalité ou l'idée qu'il aurait pu me mentir, peut-être que cette option aurait été préférable, du moins pour un temps, ou le silence tout simplement ! Il venait littéralement de balancer un froid, une tempête sur nos retrouvailles que je trouvais il y a encore quelques minutes divines, tout change bien trop rapidement. Pourquoi tant de dévoilement après des années de silence, avait-il le besoin de se libérer ? Je me creusais la tête en essayant de comprendre, où il me testait ? Une façon de voir si je pars en courant, ou si je reste malgré tout. Toutes les options s'offraient à moi et j'avais du mal à y voir clair. Il faut simplement que je reste calme, que je ne prenne pas trop à cœur ses aveux sombres. Mais ce n'est pas comme si ce genre d'affaire ne rythmait pas mon quotidien !

Tout ce que je trouvais à dire c'est que je ne comprends pas cette réaction, qu'il quitte sa femme encore, c'est une chose, mais qu'il est eut l'idée d'abandonner sa fille s'en est une autre. Je me rassure difficilement en me disant que dorénavant il sera là pour elle, si une autre lubie ne lui passe pas par la tête ! Vu l'expression sur son visage, il semblait ne pas me comprendre, oui peut-être que ma dernière phrase était vague, mais je n'allais pas lui sauter au cou en le félicitant après tout, il faut aussi qu'il se mette un peu dans ma position. Il reprenait à nouveau la parole, pour se justifier . J'étais prête à ouvrir encore mon opinion un au minimum, je ne vais pas non plus le catégoriser aussitôt. J'avais donc d'autres informations dans mon panier, il faut dire que j'étais perplexe, entre le fait qu'il n'aimait plus sa femme, ce genre de chose arrive tous les jours, le coup de l'arrêt de la pilule je dois l'avouer ne sont pas très fair-play ! Peut-être qu'il n'est pas que le grand méchant loup dans cette histoire... Naïa arrête de penser travail, essaye de comprendre un peu ce qu'il ressentait !

En quelques secondes c'était à nouveau le bazar dans ma tête, je voyais bien qu'Enzo était sincère et qu'il essayait simplement de me faire comprendre les choses. Je laissais mes yeux dériver sur la table, laissant encore un instant de silence s'installer entre nous, hors de question que je dise n’importe quoi, il faut que je pèse mes mots, je ne veux pas non plus lui faire un procès. Je bois quelques gorgées de mon délicieux chocolat viennois avant de reposer mon regard sur lui en faisant une moue attristée.

- J'ai un peu de mal, je vois des histoires similaires toutes les semaines tu comprends ! Mais je comprends certains points, ce n'est pas à moi de te juger après tout, tu es là maintenant, on va dire que c'est le principal.

Et je prenais sur moi pour ne pas l'incendier un bon coup, je ne veux pas risquer de le perdre malgré ses annonces quelque peu déconcertantes, mais l'erreur est humaine il paraît. Pour mon bien, notre bien il est peut-être préférable que je ne m'étale pas trop sur le sujet.

Je m’attendais tellement à me faire incendier de nouveau, à entendre que mes excuses n’en sont pas, que ce que j’ai fait est impardonnable, je m’attendais vraiment à bien pire, je pensais même qu’elle allait partir avant même de boire son chocolat vu comment elle semblait m’en vouloir. J’avais mal gérer, mais au moins, je n’avais plus rien à lui cacher, je préférais jouer cartes sur table dès maintenant avant d’aller où que ce soit avec elle. Mais voilà que sa réponse était assez posée et surtout positive. Je n’osais pas sourire tout de même, même si clairement ça me soulageait d’un énorme poids. Tu sais, si tu m’en veux trop pour ça, je pourrais parfaitement comprendre que tu veuilles qu’on ne se voie plus. Je ne t’en voudrais même pas si tu décidais de t’en aller tout de suite sans boire ton chocolat. Oui, bon, elle venait de dire que le principal était que j’étais là, avec elle, mais peut-être disait-elle ça simplement pour ne pas être malpolie. Alors encore une fois, je préférais être certain. J’avalais alors d’une traite mon café, laissant de côté pour l’instant la gourmandise qui l’accompagnait. Il me fallait surtout une bonne dose d’adrénaline pour encaisser cette révélation qui s’était avérée bien catastrophique. Ca ne devrait pas me toucher autant, après tout, notre histoire avait été courte et j’avais pu passer à autre chose avec d’autres femmes, mais son avis sur moi était plus important que je ne pouvais l’imaginer. Alors bien sûr je ne veux pas la forcer, mais si elle décide de rester avec moi, ça me ferait un bien fou, comme si j’allais enfin pouvoir être pardonné. Bien sûr, Maxyn m’a pardonné, Cora également, mais elles n’oublient pas, je le sais, et puis à présent, elles sont des amies. Oui, avec Naïa c’est différent, c’est comme si cette histoire qu’on avait eu n’avait pas pu réellement avoir lieu et que je suis de nouveau ce petit adolescent qui en pince pour l’une de ses premières amies de sa nouvelle vie d’orphelin.

Il faut que je reste calme, que je prenne sur moi et que j'essaye de voir le point de vue qu'Enzo avait eu avant son " départ ", oui il vient d'essayer de m'expliquer comme si ceci pourrais m'aider à le pardonner . Oui j'avais ce sentiment qu'il se justifiait pour que je le comprenne, seulement en tant qu'assistante sociale c'est le genre de réaction que je trouve impardonnable en temps normal, ce n'est pas comme si on ne connaissait pas l'abandon ... Comme s'il avait oublié d'où l'on vient ! Et si durant son escapade il aurait trouvé un point d'équilibre ailleurs, serait-il revenu ? C'est aussi cette question que je me pose, est-il revenu pour sa fille ou parce qu'il n'a finalement pas trouvé une paix intérieure. Mais il a un cœur, je le sais, je m'en souviens... Il faut relativiser, il est revenus, sinon je ne serais pas ici entrain de prendre ce chocolat. Alors dans un élan de gentillesse, un peu forcé je vous l'avoue je lui dis que le principal c'est qu'il soit ici désormais, qu'il n'a finalement pas abandonné sa fille. Ce ne sont pas mes mots les plus sincères de la journée mais j'essaye moi-même d'y croire, l'envie de le remettre en place est présente mais je ne veux pas gâcher ses retrouvailles, je suppose que la joie de le revoir est plus forte que ma colère .

Et puis après tout je ne sais pas ce qu'il a vécu avec sa femme, il décrit ceci comme un enfer une fois qu'elle était aveugle, peut-être qu'il dit vrai, que c'était une épreuve difficile, trop pour assumer en plus la venue de la petite Zoey, tous se bousculent dans ma tête en temps normal avec quelqu'un d'autre je serais certainement partis en furie, oui c'est le genre de sujet qui me touche sincèrement, mais là ... J'aurais regretté de couper les ponts si rapidement pour une histoire dont je n'étais même pas témoin et Enzo n'est pas n'importe qui, je ne voulais pas le perdre une seconde fois, allez savoir pourquoi. Je devrais presque me réjouir de son honnêteté à la fois courageuse, je sais que c'est un type bien, ça se lit dans son regard, il s'est juste égaré quelque temps de son chemin, aujourd'hui il a l'air de maîtriser les choses et de prendre soin de sa fille, qu'aurai-je le droit de lui reprocher à l'heure actuelle ?

Il prenait de nouveau la parole en m'avouant qu'il comprenait si je ne voulais plus le voir et même si je pars tout de suite ! Il semblerait que mes mots précédents n'ont pas été très convaincants, il faut dire que je suis mauvaise actrice, mais j'ai beau lui en vouloir je ne peux être aussi radicale et le rayer à nouveau de ma vie, pas après tant d'années sans lui. Je l'observais quelques instants, il était plein de sincérité et je voyais dans son regard qu'il attendait de moi que je reste, que je le pardonne . Pardonner c'est un grand mot, plutôt que j'accepte ses actes et je sais qu'au fond de moi, j'en étais capable. Finalement les rôles sont un peu inversés aujourd'hui, c'est bien moi qui désormais suis le pouvoir de le laisser ici, "l'abandonner" à son sort et mettre un terme à ça, à nous ? J'ai comme un drôle de sentiment de retour au passé qui envahissait ma tête et j'avais l'impression de redécouvrir cet Enzo qui m'avait fait fondre le cœur.

- J'ai plus envie de rester que de partir, je ne veux pas... Risquer de te perdre de vue une seconde fois.

Voilà qui est clair et vrai. Il aurait été un autre homme banal dans ma vie, je n'aurais pas cherché à rester, à lui pardonner ou quoique ce soit d'autre, j'en aurais peut-être même profité pour me défouler un peu ! Seulement il en est autrement et je n'aurais pas honte d'avouer que je suis trop faible pour le rayer de ma vie à nouveau, Naïa tu es bien trop sensible, ceci me joue toujours des tours au fur et à mesure. J'arborais alors un de mes sourires délicieux dont j'ai si bien le secret pour faire craquer n'importe quelle personne sur cette terre, pour apporter une touche de douceurs à cet instant quelque peu tendues.

- Et puis ce chocolat est bien trop délicieux pour que je parte si rapidement !

Quoi ? Ce n'est pas le bon moment pour faire de l'humour . Si, si je crois bien.

C’est rare quand j’ai autant peur de perdre une personne de la sorte. Mais Naïa a été importante dans ma vie et je m’en veux assez comme ça d’avoir coupé les ponts si radicalement entre nous. Même si rien n’aurait pu être possible entre nous, j’aurais du la garder en tant qu’amie. Mais à l’époque, je n’étais pas aussi posé et sage, et je ne pensais qu’à mon égo, qu’à ma petite amourette qui ne pourrait jamais se faire, et je n’étais pas dans l’optique de continuer à me faire des amis. Naïa, je ne l’ai jamais voulu comme une amie, mais aujourd’hui c’est différent, on s’est retrouvé et je serais prêt à devenir ami avec elle. Enfin, si elle pense réellement ce qu’elle dit par rapport au fait que le principal est qu’on se soit retrouvés. Je lui expliquais donc qu’elle n’avait pas besoin de se forcer si elle n’en avait pas envie, mais sa réponse me rassura davantage, et me fit même bien chaud au cœur. Tant mieux, lui répondais-je, je n’ai pas envie de te perdre une deuxième fois. Non je n’avais pas rajouté le « de vue » parce que mes paroles sont beaucoup moins subtiles et réfléchies, et puis tant pis, après tout, elle a su ce que je ressentais pour elle à l’époque, je n’ai pas envie d’avoir de nouveau des tabous ou même des retenues à son égard. Elle réussit en attendant à reprendre du poil de la bête, autant pour elle que pour moi, en disant qu’elle ne voulait surtout pas partir sans avoir bu son délicieux chocolat Et bien, merci monsieur chocolat de me permettre de profiter encore un peu de mon ancienne amie. Disais-je alors au chocolat tout en lui faisant un salut de la tête. Ma tête qui avait du prendre un sacré choc pour faire ce genre de blague pourrie. Ou alors était-ce simplement Naïa qui rendait un peu dingo. Oui, fort probable.

Je n'aurais pas imaginé me retrouver face à une telle situation, assez délicate pour moi je dois l'avouer en retrouvant Enzo, tout aurait pu être plus simple... Mais encore une fois, comme un peu toutes les choses dans ma vie, c'est compliqué ! Plus rien ne devrait m'étonner à vrai dire et pourtant aujourd'hui encore, je suis prise au dépourvu. Enzo a vraiment beaucoup de chance que je tienne à lui et que je ne sois pas rancunière pour m'avoir presque "abandonné" il y a quelques années de ça, oui à cette époque nous étions tous orphelins comme une sorte de grande famille et voir l'un d'entre nous partir, c'était comme perdre un membre de notre famille, oui nous étions jeunes et si sensibles, ou presque. Et donc, je ne voulais, je ne pouvais décider d’abandonner encore l'espoir d'être à nouveau proche de lui, un si bon mais dans cette ville ce ne serait pas de trop pour m'aider à remonter un peu à la surface, oui en apparence tout va bien, mais si on creuse un peu c'est différent. Je lui répondais honnêtement, pas de doubles jeux  entre nous, je veux que la sincérité soit de mise pour repartir sur de bonnes bases, il semblait heureux par ma réponse et ceci me faisait plaisir de le voir ainsi soulagé, il semblait vraiment tenir au fait de "renouer".  Sa réponse, presque semblable à la mienne me faisait sourire, je crus même sentir mes joues rougir légèrement, ça fait vraiment du bien de voir quelqu'un qui tient à moi.

- Ça me fait plaisir de l'entendre...

Une réponse balancée sans aucune réflexion, juste la vérité. Impensable que ses retrouvailles restent sur des notes tristes, alors j'essayais rapidement de revirer l'atmosphère en souriant et faisant preuve de gentillesse, comme toujours et il est sur qu'Enzo ne serait pas insensible à ça, je le connais, du moins je le connaissais, mais il reste forcément encore au fond de lui ce petit garçon de l'orphelinat. Un peu d'humour et je voyais Enzo se sentir mieux, moins gêné, hors de question qu'il se sente toujours mal à l'aise face à moi à cause de sa révélation, quelque peu déboussolante je l’avoue, mais je vais faire avec, je n'ai pas le choix. Il remerciait alors le chocolat, presque sérieusement et je ne put m'empêcher de rire, au risque de faire retourner quelques visages, je m'en fiche, je veux simplement profiter de l'instant.

- Ancienne amie ? Tu es modeste, je crois que tu as oublié un petit qualificatif devant !

Je restais sérieuse quelques secondes, pour essayer d'être crédible sur le fait que cet oubli était impardonnable ! J'étais sûr qu'Enzo allait être un peu dérouté, il n'est pas du genre grande démonstration, mais c'était dommage de louper l'occasion, j'arquais un sourcil et appuyais mon coude sur la table en posant mon regard dans le sien, le rire au bord des lèvres, non je jouais mal la comédie aujourd'hui. Puis je décidais finalement d'avancer dans le sujet.

- Et maintenant, depuis ton retour tu n'as trouvé aucune perle rare pour partager ta vie ?

Oui, la curiosité est un vilain défaut, mais j'assume.

La bombe était lâchée, et le pire moment que j’aurais pu imaginer venait enfin de passer. Ouf, c’était d’un soulagement, j’ai bien cru qu’elle allait m’en vouloir et me faire la leçon jusqu’à ce que nos retrouvailles prennent fin. Mais heureusement, elle a réussi à me rassurer, à me détendre, et on allait réellement, cette fois-ci, pouvoir reprendre sur de bonnes bases. Et la gêne agréable avait même fini par réapparaître. Tellement que je me suis mis à plaisanter avec son chocolat. L’entendre rire de bon cœur de la sorte, me fit réellement chaud au cœur, et je riais, pas aussi bruyamment mais quand même, avec elle. Mais voilà qu’elle reprenait le terme qui nous avait autrefois reliés. Merde, elle arrivait constamment à me gêner. Tellement que je ne savais plus du tout quoi dire à force. Je la regardais, avec son air sérieux, pendant que j’avais l’air d’un pauvre idiot qui ne comprend rien. On a pas vraiment été ensemble, est-ce qu’elle cherchait à ce que je dise qu’on avait vraiment été ensemble ? Dans ma tête ça n’a jamais été le cas, je suis parti bien trop précipitamment pour réellement dire cela. Mais oui, pendant une nuit, elle a été bien plus qu’une amie. Oui … enfin … tu as compris quoi. Ok, je peux aller direct me coucher, tellement ma réplique est totalement naze. Mais heureusement elle enchaîna rapidement en me demandant si je n’avais pas trouvé de perle rare pour partager ma vie. Excepté ma fille, mais avec qui je ne vis pas tous les jours, non. Et c’est bien ce qui me désespère. Mais pas question de lui dire ça, non, j’ai jamais aimé m’apitoyer sur mon sort, à part quand mes amis n’arrêtent pas de me dire que je vais finir par rencontrer une chic fille qui voudra enfin de moi et tout le blabla qui va avec. Aucune non. J’y ai cru à un moment, mais fallait croire que je ne l’intéressais pas tant que ça. Et oui, depuis ça n’a été que des relations insignifiantes Et toi alors ? Tu as rencontré quelqu’un ? Oui parce qu’avec ma révélation, je ne sais toujours pas de ce qu’il en est pour elle.

L'entendre rire avec moi, c'était signe qu'il se laissait à nouveau porter par le courant de ce rendez-vous, je le connais, du moins je le connaissais et je sais très bien que m'avouer tout cela devait le mettre dans un état intérieur assez frustrant j’imagine, oui il devait se sentir gêné, peut-être même honteux . Mais je ne veux pas qu'on reste sur tout ce négatif, non après tout si je fais l'effort de ne pas trop traîner sur le sujet de la discorde, c'est bien pour avancer et retrouver un Enzo un peu plus joyeux, bon j'en demande peut-être un peu trop, mais au moins qu'on soit dans une atmosphère beaucoup moins tendue, bien sûr je n'oublierais pas ce qu'il vient de me dire, mais le sermonner ne servirait à rien, je garde tout ça dans un coin de ma tête et je pense que le mieux est de ne jamais revenir sur cette discussion, si c'est évitable. Après tout pourquoi devrions-nous reparler de ceci un jour ? Sauf s'il a le besoin de se confier à nouveau. Je décidais de le taquiner un peu, oui peut-être que c'était de trop... Je faisais là pointilleuse sur le mot "amie", oui c'est à la fois ce qu'on était, mais un peu plus aussi par la suite... Et je ne pensais en aucun cas que mon intervention rendrait Enzo si gêné, il semblait un peu étonnée, dérouté, comme si finalement je venais de dire une immense bêtise, je veux bien croire que j'ai un peu exagéré, mais bon c'est toujours comme ça, les filles et les garçons n'ont jamais la même vision des choses, je ne sais pas trop ce que j'avais été pour lui, mais pour moi il était le premier, celui que je n'oublierais. Et sa réponse fut presque vexante je dois l'avouer, enfin je suis sûr qu'il a répondus ce qui lui est passé par la tête en premier vu son attitude surprenante, je ne vais pas accorder trop d'importance à ceci !

Je changeais bien vite de sujet pour savoir si finalement il aurait trouvé une ravissante compagnie, il est beau garçon et gentil, je ne vois pas pourquoi il serait encore célibataire, sauf s'il décide bien entendus de rester seul, oui certaine personne préfère la solitude, tant dit que d'autres la subisse... Il m'avouait alors qu'il n'avait personne, m'évoquant rapidement une histoire qui n'avait certainement pas abouti à grand-chose, il n'est pas le seul à être déçue par l'amour, on est malheureusement dans le même bateau ! Je fais alors une petite moue triste, c'est quand même dommage d'apprendre que se chic type -hormis son histoire précédente- n'est encore aucune femme.

- Ah désolé... Mais ne t'inquiète pas, je suis sûr qu'un jour tu trouveras celle qui te correspond, rois moi, j'ai souvent raison !

J’affichais un petit sourire en espérant voir le visage d'Enzo s'illuminer à nouveau, je voyais bien malgré ce qu'il essayait de ne pas laisser paraître qu'il n'est pas heureux ainsi. J'aurais bien sûr dû me douter qu'il allait me retourner cette "charmante" question, Naïa tu aurais dû réfléchir un peu plus ! Oui, je n'aime pas vraiment parler de ça, de moi, de ma situation et repenser au fait que mon mariage est tout ce que j'ai traversé à la fin n'est qu'un terrible cauchemar pour moi. Je commence à prendre l'habitude, oui j'enfile se masque comme si tout cela ne me touchait plus, mais c'est tellement pesant de ne jamais confier... Seulement là ce n'est pas vraiment le bon moment, du moins c'est ce que je me dis pour ne pas avoir à parler trop de moi.

- Non, enfin ... Je suis divorcé et depuis je ...

Je ne trouve personne qui arriverait à me faire sortir mon ex-mari de la tête ? Non je ne me voyais pas trop lui dire ceci, je ravale ma salive est baisse le regard.

- Je n'ai personne.

Il faudrait être aveugle pour voir que j'étais quelques peu gêné par cette question et d'évoquer ceci, pourtant il n'a rien fait de mal, non ce n'est pas de sa faute il n'a fait que se renseigner, essayer d'en apprendre un peu plus sur moi, j'ai parfois simplement un peu plus de mal à cacher ma peine. J’attrape ma tasse de chocolat et boit à nouveau une gorgée, le regard dans le vide durant quelques secondes, je me doute bien qu'Enzo va se poser des questions, comme pour le rassurer je repose mes yeux sur lui en esquissant un petit sourire au coin des lèvres.

Voilà que le sujet le plus délicat venait de se poser au milieu de notre conversation. Il était évident qu’on finirait par en parler, tout le monde en parle de toute façon, entre le boulot et ça, ce sont les deux sujets de conversations les plus prisés. Mais pas forcément les plus agréables quand ça ne fonctionne pas vraiment. Mais ça n’a jamais fonctionné pour moi depuis que j’ai quitté Maxyn, et faut dire que je n’ai pas eu non plus beaucoup de chances avec les femmes depuis. Mais mon désespoir en amour est assez grand pour que je n’y croie plus. Du moins plus beaucoup J’espère oui. Lui répondais-je avec un léger sourire tout en haussant les épaules Et là, j’apprenais que les amours pour Naïa ne fonctionnent pas plus pour elle malheureusement. Je pensais sincèrement qu’elle aurait forcément quelqu’un à ses côtés, beaucoup de mecs en rêvaient déjà au temps du lycée, alors quand elle m’annonçait qu’elle était divorcée et sans personne, je trouvais ça surprenant. Mais à voir son regard, je sentais bien qu’il y avait anguille sous roche. Elle est encore moins à l’aise que moi sur le sujet. Je ne dirais pas qu’elle me cache des informations, mais je sens forcément une blessure, peut-être du à son mariage foireux, oui, je ne vois que ça comme explication. J’hésitais à lui poser des questions, je ne voulais pas voir cet air triste sur son visage, alors en attendant de savoir quoi lui dire, je finissais de boire mon café et quand elle releva le regard vers moi pour me sourire même en coin, je reposais la tasse vide en face de moi et me mis à lui dire Je vois. Faut dire qu’après un divorce, ça ne doit jamais être facile. Je suis bien heureux de ne pas m’être marié avec Maxyn, ça nous aurait certainement encore plus détruits. Finis-je par dire, par revenir vers mon histoire, instinctivement, pour éviter de lui poser des questions qu’elle n’a pas envie d’entendre. Si elle veut m’en parler, elle fera comme moi tout à l’heure, elle abordera le sujet par elle-même. Surtout avec le métier que tu fais, ça doit te donner encore moins confiance en nous, les hommes ! Rajoutais-je tout en riant, de moi aussi forcément. Vaut mieux en rire oui, j’avais eu ma dose de remontrance, de moral et autre pour finir par en rire. Ce n’est d’ailleurs pas parce que j’en ris que je n’ai pas retenu la leçon, au contraire, c’est que maintenant je l’assume et vis avec. Enfin, à part quand j’en parle à des personnes qui comptent pour moi.

C'est d'une logique élémentaire que je lui demandais après notre discussion assez "fâcheuse" sur sa fille est son ancienne compagne s'il avait maintenant quelqu'un dans sa vie, après tout il n'est peut-être pas l'une des personnes les plus sociables et chaleureuses, du moins quand on ne le connaît pas beaucoup, mais comme tout le monde il mérite de trouver l'amour, vous ne trouvez pas ? Même s'il a fait des erreurs, il faut dire qu'il n'a pas mal souffert aussi dans son enfance et je suppose que tout ceci l'a endurci, tout comme nous autres de l'orphelinat... Sans compter le fait qu'il est beau garçon, bref je m'attendais à une réponse positive, mais ma curiosité fut quelque peu prise au dépourvu, quand il m'annonça qu'il avait cru trouver la bonne personne, mais ceci c'était soldé par un échec, il avait beau ne pas s'étaler sur le sujet, je sentais bien qu'il était attristé par cette situation, il faut dire qu'à notre âge on aspire plus à fonder sa propre famille qu'être un éternel célibataire, enfin pour la majorité des gens en tout cas. Dans ma nature positive -du moins pour ce qui concerne les autres- je lui répondais presque naturellement qu'il allait trouver un jour celle qu'il lui faut, un peu de patience, ceci peu arrivée demain comme dans six mois, mais je suis sûr qu'il trouvera le bonheur, le vrai, un jour ! Tout comme je l'espère pour moi aussi, mais ça c'est un peu plus compliqué. Ma réponse ne semblait pas très convaincante, je voyais bien qu'il souriait plus pour faire bonne figure que par simple plaisir, il faut dire que quand notre cœur a été brisé, c'est dur de s'imaginer pouvoir être heureux à nouveau.

C'est sans trop de surprise qu'il m'avait retourné la question, j'aurais du m'y préparer et répondre simplement, tel un robot bien programmé, mais j'avais presque perdu le fil au beau milieu de ma phrase, comme si je n'étais pas encore habitué à le dire, à me l'avouer et pourtant je connais très bien cette réalité, cette solitude. Une part de gêne, non je n'aime pas me confier, ou du moins je n'ai pas appris et je ne veux pas que les autres s’apitoient sur mon sors il y a tellement de gens qui vivent des choses bien plus terribles que j'estime ne pas avoir à me plaindre, même si trop souvent le poids de mon silence me bouffe de l'intérieur. Il ne répondait pas tout de suite, comme s'il cherchait quoi dire, semblais-je si mal que ça pour ne pas osez-m'attrister un peu plus ? Il m’avouait que ça ne devait pas être facile et qu'il avait bien fait de ne pas se marier à son ex.

- Non ce n'est pas facile, mais je surmonte ça, je n'ai pas trop le choix !Oui c'est sûr que d'un certain point de vue, le mariage c'est des complications, mais bon ... Moi je n'hésiterais pas à me marier une seconde fois, enfin si un jour je retrouve l'amour, ça c'est autre chose!  

Je laissai un léger rire s'échapper à la fin de ma phrase, histoire de remonter un peu l’atmosphère maussade qui régnait, oui ce n'est pas très joyeux de parler divorce et séparation, enfin ce sont nos vies simplement... Enzo ajoutait alors qu'avec mon métier, j'avais de quoi avoir encore moins confiance envers les hommes et d'un côté il n'a pas tort, j'en vois tellement des femmes détruites frapper à ma porte ! Mais j'essaye de ne pas tous les mettre dans le même sac, oui il y a des exceptions, non . Peut-être qu'un jour je n'y croirais plus non plus, comme une majorité des femmes, mais ce jour n'est pas encore arrivé.

- On va dire que ça n'embellit pas la vision que j'ai de vous, mais vous n'êtes pas tous des sans cœur, du moins je ne veux pas encore y croire ! Peut-être que si je suis encore seule à la maison de retraite je me ferais une raison, mais j'ai encore le temps !

Je riais à la fin de ma phrase, c'est sûr que j'ai encore des années devant moi ! Mais je désespérerais certainement avant, je me suis toujours accroché à mon rêve de famille parfaite et si je n'arrive pas à avoir cette vie tant attendue, je sais très bien que ceci va me détruire à petit feu, j'ai l'impression que ça commence déjà... Je reprenais quelques gorgées, et finit à mon tour ma petite tasse de chocolat. Tout ce que je voyais c'est qu'Enzo n'avait pas été trop curieux sur le pourquoi de mon divorce est ceci m'arrange terriblement, de toute façon ça vaudrait quoi d'en parler ? Le passé reste inchangé.

Loin de moi l’envie d’embêter mon ancienne amie avec des questions indiscrètes qui semblent un peu trop la bouleverser. C’était sûrement récent, ou alors c’était elle qui avait subi les erreurs de son ex-mari. Oui ça ne pouvait être que ça vu ce qu’elle me disait depuis le début. Ou alors, tout simplement que ça n’avait pas bien fonctionné entre eux. Peu importe ma curiosité, je ne voulais pas la pousser à bout avec mes questions. On avait déjà pas mal plongé dans le passé avec mes départs auprès des femmes qui comptaient sur moi. Punaise, je reproduisais un sacré schéma que je n’aime pas du tout. Faut vraiment que Maxyn soit la dernière à qui je fais subir ce genre de départ. J’ai changé depuis deux ans, je ne suis plus le même homme, et je suis bien plus responsable qu’à l’époque. Et non, je ne compte plus faire les mêmes erreurs. En attendant Naïa semblait bien plus optimiste que moi concernant l’amour, et ça me faisait sourire et me réchauffait le cœur, c’est comme si elle me transmettait ses ondes positives concernant l’amour. Faut dire que si j’étais à sa place, j’aurais perdu totalement patience envers les hommes, je me serais tourné vers les femmes. Enfin, je dis ça parce que je suis un homme, si je devais moi-même me tourner vers les hommes, je préfère encore rester célibataire jusqu’à la fin de ma vie. Et c’est ce que semblait songer Naïa également et elle me fit rire avec l’image de la maison de retraite. C’est vrai qu’il y a encore le temps de trouver la bonne personne. Lui répondais-je avec un sourire pour aller dans son sens, même si je trouve que le temps passe horriblement vite, surtout quand on a un gamin qui pousse encore plus vite que certaines plantes vertes. Je finissais alors mon café, me rendant compte qu’on avait bien pris le temps de papoter, de se retrouver et que ma journée allait très certainement continuer sur ces bonnes nouvelles.

J'avais de la chance de ne pas avoir un ami trop curieux en face de moi, il ne cherchait pas trop à savoir pourquoi j'étais divorcé et si je le vivais bien ou non, enfin c'était vaguement évoqué et à vrai dire ça me conviens parfaitement, car c'est le genre de chose qui me plonge immédiatement dans un état d'esprit assez mélancolique et puis je n'ai en aucun cas envie de me lamenter sur mon sort alors qu'on vient de se retrouver ! Se serais déplacé de ma part, ou peut-être que je me trouve des excuses pour ne pas aborder plus amplement le sujet. En contrepartie je sortais mon petit discours de petite fille qui rêve encore du prince charmant, oui peut-être que je suis un peu trop optimiste, que je me voile la face, mais je préfère autant plutôt que de n'avoir plus aucun espoir dans ma vie déjà assez triste... Il sourit à mes mots, j'ai l'impression que ça lui fait plaisir d'entendre des paroles positives, rassurante . Je ne sais pas trop, mais ça fait son effet c'est certain. Je réussissais même à le faire rire avec mon passage de la maison de retraite, quoi ? Ce n'est pas vraiment faux, même si je commencerais certainement à m'inquiéter avant si je n'ai personne, ce n'est pas comme si j'étais une fille au caractère exécrable et au physique repoussant, je ne dis pas qu'il n'y a que les beaux et les gentils qui on droit à l'amour, mais... J'ai encore moins de raisons de subir une solitude, non ? Bon il faut que j'arrête de tergiverser comme ainsi, je devrais m'interdire de vouloir délibérer sur de tel sujet dès le matin, car oui il ne faut pas oublier que ce n'est que le début de la journée.

- Et puis on le mérite...

Oui je concluais simplement sur ça, ce n'est faux, on a tous les deux eu une vie pas très facile et un peu de bonheur, d'épanouissement nous ferions le plus grand bien à nous deux. Je finissais ensuite mon délicieux chocolat, je n'hésiterais pas la moindre seconde à revenir ici d'ailleurs ! Je remarquais qu'Enzo avait terminé aussi est soudain la réalité semblait nous rattraper, oui nous ne sommes pas en vacances et j'ai beau passer un très agréable moment il va bien falloir que je commence réellement ma journée et je suppose que c'est pareil pour lui, une chose est sûre je suis heureuse de ses retrouvailles inattendues, je n'aurais pas pu espérer mieux. Je regarde ma montre et arbore une moue gênée, si je ne veux pas être trop en retard je vais malheureusement devoir partir....

- Je suis désolé, je vais devoir y aller...

J'ai soudainement une petite idée, si je veux le revoir il faut bien sûr qu'on puisse se recontacter, je fouille alors dans mon sac et sors un stylo, j'écris mon numéro de téléphone rapidement sur le coin d'une serviette et le glisse à Enzo en souriant, ainsi je suis certaine que ses retrouvailles ne sois pas insignifiantes !

- N'hésite pas à me faire signe si jamais tu veux bien revoir une amie malchanceuse !

Je laissais un léger rire s’échapper entre mes lèvres et me levais délicatement, je ne savais pas trop quoi faire, un baiser sur la joue, une accolade . Alors à contre cœur je ne faisais rien d'autre qu'un petit signe de tête et je m'éloignais doucement de lui en espérant au fond de moi le revoir assez rapidement, se serais menti que de dire que je n'ai pas besoin d'amis ici.

Oui, je suppose également qu'on mérite d'être heureux avec notre âme sœur, ou tout du moins de la trouver. Et forcément quand on a déjà été en couple et heureux, on ne peut s'empêcher de se demander si on a pas laisser partir la seule personne qui pouvait nous correspondre. Oui, peut-être qu'il n'y a que Maxyn qui pouvait m'aimer et que je pouvais aimer en retour. Après tout, si je n'avais pas provoqué ce maudit accident, peut-être qu'aujourd'hui on serait marié et que je serais le papa le plus heureux de la terre. Ok, je le suis déjà, et puis avec des « si » on pourrait refaire le monde, et ce n'est malheureusement pas dans mes cordes. Ce que je ne pouvais pas non plus gérer c'était le temps, et il était temps pour Naïa de se rendre au boulot. J'en profitais pour regarder l'heure également et c'est qu'on avait quand même passé beaucoup de temps ensemble. Je verrais si je passe direct au bureau ou si je file à la salle de sport. Je lui souriais Oui, moi aussi. Lui disais-je en regardant faire mon amie d'orphelinat qui sortait un stylo. Parfait. Elle m'écrivait son numéro de téléphone et je ne pus qu'en être ravi. Je ne sais pas si j'aurais osé le lui demander. Après tout c'est assez étrange comme situation, surtout avec tout ce qu'on a vécu et ce qu'on a pu se dire aujourd'hui. Ca marche. Répondais-je avec un petit rire alors qu'elle s'était levée pour partir. Et pourquoi je suis encore sur cette foutue chaise ? Si j'avais été debout, ça aurait été peut-être des au revoirs bien plus agréables et beaucoup moins gênant. Bref, toujours aussi peu doué mon pauvre. Je plongeais mon visage dans le creux de mes mains et les faisaient glissé sur mes joues, n'en croyant encore pas d'avoir retrouvé mon premier amour. Mais totalement heureux.