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Tag tmtc sur 30 YEARS STILL YOUNG VVZKQDhSujet: (hally) i just got lost
Kieran Halstead

Réponses: 10
Vues: 1414

Rechercher dans: mémoire du passé   Tag tmtc sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: (hally) i just got lost    Tag tmtc sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptyJeu 15 Avr 2021 - 18:54
« Désolé », « pardon », « mes excuses » et tout le dictionnaire des synonymes font partie intégrante du vocabulaire de Kieran, jamais le dernier à prendre les fautes et à les reconnaître. D’une simple bousculade dans la rue (dont il ne serait même pas le fautif désigné) jusqu’à son existence même, il passe sa vie à s’excuser ; alors pourquoi est-ce qu’il est incapable d’en formuler à l’égard de Raphael lorsque ce dernier lui ouvre la porte ? Il peut se cacher derrière ce qu’il considère comme un manque d’intelligence et, par conséquent, des difficultés évidentes à se présenter comme un orateur de qualité, justifiant le fait qu’il ne sait pas comme s’en prendre. Le fait est qu’il sait aussi qu’il n’a pas à s’excuser uniquement d’être parti ainsi, interrompant de manière aussi brutale le voyage et qu’ils devront parler du moment qui a déclenché cet enchaînement de décisions maladroites de sa part. Et pourtant, Raphael place la plus importante entre ses mains, visant à savoir s’il veut tout oublier. Et à cet instant, Kieran déteste celui qu’il ne sait pas s’il peut encore nommer « ami » de lui confier un tel enjeu. N’a-t-il dont rien appris avec les années sur l’incapacité du plus âgé de faire le moindre choix, encore moins quand il n’est pas le seul concerné par ceux-ci ? Je ne l’accompagne pas depuis longtemps, pour autant le fait est que Kieran est le premier à placer de tels enjeux dans les mains d’autrui, alors quand on lui le fait à l’envers, vous imaginez bien qu’il se retrouve complètement paniqué par la possibilité d’émettre la moindre opinion, de faire le moindre choix, de faire écouter une voix qu’il met tant d’énergie à taire. Oh, pourtant, je peux vous assurer que là-haut, il n’est pas silencieux, Kieran et que le rythme effréné de ses pensées démontre d’une volonté d’en dire, des choses. Beaucoup. Beaucoup trop, si vous voulez mon avis. Ce n’est pas tenable, tous ces questionnements, toutes ces images, toutes ces envies qui s’imposent à lui ; et même si je vise le fait qu’il les affirme, il faut qu’il puisse le faire dans un cadre bien plus contrôlé que celui-ci où la panique régit ses pensées. Et je sais qu’il serait de mon devoir d’interférer, mais je sais aussi que parmi la multitude de pensées qui défilent dans sa tête, certaines méritent de s’imprégner dans son esprit, dont ces images qui pourraient l’aider à répondre à la question de son ami. « C’est à toi que j’ai posé la question. » Parce qu’il n’en sait rien, parce qu’il le veut, parce qu’il ne le veut pas, parce que Kieran n’arrive pas plus à comprendre le cheminement des pensées de Raphael que les siennes. « C’est toi qui est gêné par la situation. » Laissez-moi rire. Non, mieux, laissez-moi m’étouffer de rire. C’est lui qui est gêné par la situation ? Dit celui qui a préféré disparaître plutôt que d’avoir à se confronter à la même situation ? Il s’exprime maladroitement, Kieran, comme toujours quand il est le seul maître aux commandes, mais je sais ce qu’il voulait dire. Bien sûr, il s’agit en premier lieu de remettre la décision dans les mains de Raphael, comme un ballon qu’ils s’échangeraient jusqu’à ce que l’un d’eux soit lassé de ce petit jeu et le garde en main pour le ranger ; mais il est aussi question du fait qu’il est bien à l’origine de ce baiser et qu’en ce sens, la décision doit évidemment lui revenir. C’est lui qui est le plus concerné dans tout ça, c’est à lui de décider la manière dont ils devront agir dans le futur – certainement pas à lui, surtout pas à lui. Il s’adaptera à ce que son ami désire, d’autant plus en essayant (avec maladresse, comme convenu) de le rassurer sur le fait que ses désirs, justement, ne sont pas un problème pour lui. Il est simplement surpris parce qu’il lui manquait des informations qui ne changent rien entre eux. Presque rien, s’il ne les avait pas obtenues en étant directement concerné. Presque rien, s’il ne continuait pas perpétuellement à s’enfoncer dès qu’il essaie de faire les choses correctement. Nous avons encore de nombreuses leçons à apprendre ensemble, Kieran. « Tais-toi, s’il-te-plaît. » Ravalant sa salive et secouant la tête pour confirmer qu’il va bien se taire, le plus vieux décide de plonger son regard en direction du sol ; de manière à ce que sa honte reste invisible.

Il est pourtant obligé de croiser son regard quand, avant les excuses, il est question de s’expliquer. Se justifier, même. Le traitement réservé à Raphael est réservé à n'importe qui. La seule exception semble être Ivy et encore, il n’est plus question de lier une intimité avec elle, ce qui met d’ailleurs à mal leur amitié depuis qu’il a mis un terme à ce qui pouvait les unir. Mais tu as pris la bonne décision, à l’origine, Kieran, visant à te protéger. C’est seulement dommage que ce soit pour mieux te jeter dans les bras d’Eve. « Je n’avais pas l’intention de te traîner dans un motel chelou, si jamais tu te poses la questions. » Un rire nerveux s’échappe d’entre ses lèvres, bien vite effacé quand il songe au fait que Raphael pourrait mal le prendre. « Je n’y ai jamais pensé. » Il admet, même si cela peut donner l’impression de contrecarrer ses justifications. Mais il est sincère, Kieran ; il n’a pas pensé à la possibilité que cela puisse aller plus loin qu’un baiser quand ledit baiser a suffi pour le mettre mal à l’aise. Mais pas tout de suite, n’est-ce pas ? Il refuse d’entendre ma voix, j’essaie de l’accentuer : le fait est que ton malaise n’a pas été immédiat, Kieran et que si tu te ne te laissais pas submerger par tes pensées et par des mécanismes bien installés, que tu t’autorisais à accepter le moment présent, peut-être que cette discussion n’aurait pas eu lieu. « Mais je comprends. Tu n’aimes pas la proximité, je le sais depuis longtemps. C’est là où j’ai merdé. J’ai assumé que cette barrière autour de toi disparaîtrait parce que j’ai détruit la mienne. » Il se pince les lèvres, la question lui brûle les lèvres. Qu’as-tu à perdre, Kieran, de toute façon ? « Je ne prête pas mes chemises au premier venu. » Le sourire de Raphael n’est pas contagieux alors que le visage fermé de Kieran ne réagit que pour craquer et la poser, cette question. « Comment t’as fait ? » Il l’interroge, silencieux un instant, hésitant, l’impression d’être déjà suffisamment intrusif pour ne pas poursuivre ; mais encore une fois, qu’as-tu à perdre, Kieran ? « Pour la détruire ? » Son regard parvient cette fois-ci à soutenir celui du plus jeune, comme dans une vaine tentative de le supplier de lui offrir une réponse convenable. Dis-moi, Raphael, comment t’as fait ? Comment on peut l’abaisser, comment on peut avoir l’impression d’être normal même quelques secondes, même s’il y a un rejet ? Dis-moi, parce que je ne demande que ça et je me tue à chercher la réponse.

Il se tue aussi à chercher la meilleure façon de s’excuser et finalement, pour la première fois, il comprend que l’honnêteté a parfois du bon, lorsqu’il ose enfin s’épancher auprès de Raphael. Certains diront qu’il ne fait pas grand-effort, pour lui qui se mure dans le mutisme ou, à l’inverse, les changements de sujet à outrance, c’est un effort surhumain. Je le félicite autant que je souligne de prendre note que cela s’exprime en présence de Raphael, même s’il tente de balayer les idées que j’implante dans son esprit. « Je sais, Kieran. » Non, il ne sait rien et il le maudit pour prétendre le contraire. Autant qu’il le maudit quant à ce dont il l’oblige à faire face. « Je serais déjà parti si je n’étais pas patient. Je veux seulement que tu sois heureux et que tu arrêtes de faire semblant. » « Je suis heureux. » La réponse est trop automatique pour être sincère et tu le sais, Halstead, pas vrai ? Pourtant, il est presque sincère dans sa démarche : il est persuadé que s’il arrive à s’en convaincre, alors il le sera réellement. Le seul problème, c’est qu’il met du temps à s’en convaincre, justement. « Je sais c’est quoi, faire semblant. On n’est pas potes pour rien. Je dois te rappeler qu’on était tout aussi perdus quand on s’est rencontrés ? » « Et tu l’es moins, maintenant ? » Il l’interroge, se pinçant la lèvre ; dis-moi Raphael, comment est-ce qu’on est censés être des adultes ? Quand jamais personne n’a été là pour servir d’exemple ?

« Est-ce que tu l’aimes ? » Il fronce les sourcils, son ami qui lui manque ? La réponse est évidente. « Eve. » La réponse l’est beaucoup moins. « On va se donner une chance. » Il précise, un sourire pincé sur les lèvres. « Il faut que j’avance. » J’aime Autumn. Mais Eve m’aime. Alors moi aussi, n’est-ce pas ? « C’était la première après... » Elle. Alors c’est une évidence, n’est-ce pas ? « Dis-moi que c’est pas possible… » Son regard suit les gestes lents de Raphael et son cœur se serre en comprenant ce qui s’en suit. « Nous. » J’en sais rien, Raphael, pourquoi tu poses des questions dont je n’ai pas les réponses ? « Et je ferai de mon mieux pour être comme avant. Ton ami. » « Je ne veux pas que tu te forces. Tu n’as pas à faire semblant. » Il reprend ses mots et n’est-ce pas l’hôpital qui se fout de la charité, Kieran ? Pourtant, il est sincère, il ne veut pas lui imposer un rôle qui ne lui correspond pas. Mais quel rôle lui correspond au juste ? « Je n’ai jamais imaginé que je devrais réfléchir à cette question. » À cette question, à ce piège où il n’y a pas de bonne réponse. Rien n’est impossible, qu’on dit toujours ; il ne peut pas se montrer catégorique (et ce n’est pas qu’une question de proverbe, n’est-ce pas ?). « Pourquoi moi ? » Oh, je sais ce que tu fais, Kieran. Détourner la conversation pour ne pas te poser les questions qui fâchent, pour ne pas avoir à donner une réponse que tu pourrais regretter, peu importe laquelle s’échapperait d’entre tes lèvres. Une tentative d’oublier, à défaut de l’avoir verbalisé avant. Une tentative de comprendre, pour mieux t’aiguiller. Une tentative d’insister, pour ne pas oublier, justement. Pourtant, ce qui finit par franchir tes lèvres n’entre dans aucune catégorie ; c’est le problème et tu ne regrettes que trop tard une question qui aurait dû en rester une que dans ta tête, là où tu aurais été préservé d’une réalité que tu refuses de voir, là où je ne pourrai plus t’aider sans que tu y mettes du sien et que tu ouvres ces yeux que tu persistes à fermer, toujours, même quand Raphael est le premier à pointer du doigt les vérités que tu pourrais enfin partager pour ne pas toujours tout garder pour toi. Mais ça, à l’inverse, tu n’arrives plus à le contenir, pas vrai ?

« Est-ce que tu m’aimes ? »

@Raphael Elly :poule: #tmtc
Tag tmtc sur 30 YEARS STILL YOUNG VVZKQDhSujet: alfie + like i've been there before
Invité

Réponses: 9
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag tmtc sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySujet: alfie + like i've been there before    Tag tmtc sur 30 YEARS STILL YOUNG EmptySam 11 Mai 2019 - 0:01
Si tous les enfants passent par cette période durant laquelle ils se sentent invincibles et ont besoin de tester leurs limites, certains n’arrivent pas réellement à établir celles-ci ; ce fut le cas pour Alfie durant sa jeunesse et, c’est ce qu’il comprend au fil des discussions, c’est le chemin que semble emprunter Aidan. Ainsi, s’il ne lui est pas difficile de se trouver des points communs – même à l’heure actuelle, à son âge avancé – avec le jeune garçon, celui-ci part avec un avantage considérable dont Alfie n’a pas eu la chance de bénéficier : un parent travaillant dans le milieu des soins et étant à même de gérer des incidents toujours plus nombreux. Inutile de préciser qu’Alfie jalouse un bref instant Aidan ; parce que bon sang, qu’est-ce que ça l’aurait arrangé que l’un de ses parents puisse être à son entière disposition pour qu’il s’adonne à sa véritable passion, celle de cumuler les blessures plutôt que de réfréner son énergie et sa créativité débordante pour limiter celles-ci. Ses parents ont préféré des métiers certes tout aussi conventionnels, mais surtout bien plus tranquilles – et chiant comme la pluie, de son humble avis. Une mère assistante pastorale et un père pharmacien, on ne peut pas dire qu’Alfie en ait tiré des avantages. Du moins, c’est la version officielle, officieusement avoir un père en charge de son propre commerce rempli de médicaments l’avait grandement arrangé à l’adolescence – même si cela avait sérieusement mis en péril sa relation avec son géniteur en même temps que la carrière de celui-ci. Même si la situation est très différente, il peut malgré tout comprendre que Norah souhaite éviter que son travail n’empiète trop sur la sphère privée, et il acquiesce silencieusement à sa réflexion, avant de tendre l’oreille de manière plus attentive lorsqu’elle apporte quelques précisions supplémentaires. « Et pour Julie ? » Qu’il demande avec intérêt, car s’ils discutent effectivement de l’aspect ETT (enfant tout terrain)* d’Aidan depuis quelques minutes, il n’empêche qu’Alfie n’oublie pas la fille aînée de Norah et que si celle-ci n’a pas été mentionnée, c’est probablement parce qu’elle n’est pas aussi casse-cou que son petit frère ; pour autant il a envie de s’assurer que tout va bien pour elle aussi. À force d’entendre leur mère parler d’eux en des termes toujours élogieux, il s’est attaché aux deux enfants, même s'ils ne sont jamais le sujet principal de leurs conversations et il n’est pas au courant de tout ce qui les entoure, raison pour laquelle il se permet de poser la question. Par la suite, Alfie lève les mains en l’air en guise de bonne foi tandis que Norah met en doute ses capacités de menteur. « Ça partait d’une bonne intention, pourtant, je t’assure ! En plus, dis ainsi, on dirait que je me réjouis qu’il accumule les séjours aux urgences, t’imagines quelle genre de personne ça fait de moi ? Dans tous les meilleurs épisodes d’Esprits Criminels, quand ça commence ainsi, ça se termine très mal pour les pauvres gosses ; et jusqu’à preuve du contraire Alfie n’a pas hérité du gêne « psychopathe à tendances préférentielles pour les enfants casse-cou ». Hm, disons seulement que je lui souhaite d’être plus… malin, c’est le mot, que moi, et donc d’avoir moins de souvenirs de ses exploits. » Disons les choses ainsi, ça lui évitera de partir d’ici avec des menottes aux poignets plutôt qu’un pansement au bras. Dans un sens, Norah peut malgré tout se réjouir ; là où Alfie n’avait pas grand-chose d’autre à faire que de trouver le plan parfait pour descendre la ruelle en bas de chez lui le plus vite possible en caddie de supermarché, Aidan aura bientôt de nouvelles occupations, puisque les enfants de son âge abandonnent de plus en plus vite les jeux en plein air pour ceux sur console. À moins que Norah s’y oppose, ou qu’il n’en soit tout simplement pas particulièrement demandeur – comme cela semble aussi être le cas de sa sœur. « Mais, quels genre de gènes ils ont ? Ils échappent à la malédiction des parents qui bossent dans le médical, pas que je te souhaite le contraire hein, et en plus ils ne sont pas demandeurs d’écran, t’as décroché le jackpot. Il pense à voix haute, avant de très rapidement reprendre. J’avoue que Mario c’était pas le meilleur exemple parce que je pense que n’importe quel parent sensé achète une console pour y jouer avec ses gosses, en tout cas, lui, c’est ce qu’il ferait, parce que Mario c’est Bae, mais imagine un peu quand il te demandera le dernier GTA. Oui, c’est tout de suite pas la même ambiance. Il reprend son sérieux, réfléchit quelques instants avant de reprendre la parole. Je sais pas si je t’en ai déjà parlé, mais ma copine est bibliothécaire, alors si Julie s’intéresse autant que ça aux livres, je suis sûre que Juliana se fera un plaisir de lui faire une petite sélection, surtout qu’elle s’émerveille toujours dès qu’un enfant a le goût de la lecture. Il propose avec un sourire, tandis qu’il ajoute, avec amusement. Ça peut compenser le fait que je souhaite l’hôpital à un de tes enfants. » Du coup, dans ledit épisode envisagé plus haut d’Esprits Criminels, il ne devient plus qu’un suspect et non le coupable, le karma est (presque) sauf.

Lorsqu’il est question d’entrer dans le vif du sujet est d’expliquer les raisons qui l’ont amenées ici, Alfie préfère d’abord s’assurer de la coopération de Norah quant à vanter des exploits qui n’ont pas été les siens, mais qui feront assurément du bien à son égo. En réalité, celui-ci n’est jamais blessé autant que son corps, étant donné qu’Alfie n’a jamais eu peur du ridicule – et tant mieux, sinon il serait mort de honte depuis très longtemps et son espérance de vie n’aurait probablement pas dépassé les dix ans. Il fait le con, il assume jusqu’au bout, c’est un peu sa devise et, surtout, il n’a pas vraiment d’autres choix ; sa vie serait bien plus ennuyante s’il se formalisait de ce qu’on peut penser de ses exploits, et il passerait assurément à côté des meilleurs moments de son quotidien – qui vont souvent de pairs avec ses blessures. Il reprend toutefois son sérieux lorsque Norah formule une invitation à laquelle il ne s’attendait pas, mais qu’il apprécie bien plus qu’il ne le laisse penser alors que son naturel reprend le dessus et qu’il plaisante pour masquer sa gêne. « Honorée, évidemment ! Il ne manquerait plus que je me casse en deux, littéralement, pour rien ! » Il reprend avec amusement, tandis qu’il grimace légèrement lorsqu’elle se veut rassurante. « C’est presque dommage, en général j’aime relever les défis qu’on me lance. » Et oui, même si Norah ne voit certainement pas les choses ainsi, lui, c’est ainsi qu’il les a interprétées – principalement parce que sa vie s’est toujours résumée à un ensemble de défis qu’il prenait à cœur de relever, les bons comme les mauvais, et que même si aujourd’hui il croit avoir définitivement enterré les seconds, ça ne change en rien sa manière de fonctionner, parce qu’il a toujours été comme ça. Tout comme il a toujours été taquin avec Jules, depuis le début de leur relation, et qu’il n’est pas étonnant qu’il critique ses talents culinaires quand, en réalité, elle n’a pas à en rougir. « Seulement quand elle confond le sel et le sucre. » Ce qui 1) arrive rarement 2) est toujours sa faute parce que c’est le genre de gaminerie qui le fait rire. En réalité, ce serait plutôt à la jeune femme de se plaindre, tant Alfie aime se lancer dans des expériences culinaires qui ne semblent réussies qu’à ses yeux (et il persiste et signe, les vers de mer sont franchement bons quand ils sont grillés aux noisettes, m’enfin, il paraît que son avis ne vaut rien puisque son « palais a été flingué par toutes les larves, racines d’arbre et autres fourmis à miel » qu’il a pris l’habitude de consommer au cours de sa vie. Les risques du métier pour certains, les avantages de celui-ci pour lui). Acquiesçant silencieusement pour confirmer son envie d’une suite présidentielle, Alfie esquisse une petite moue par la suite alors que Norah pointe du doigt – avec justesse – son traitement qui fait déjà de lui un privilégié. « Hm. C’est pas faux, mais il pourrait encore y avoir des améliorations, par exemple je trouve que niveau confort, c’est pas terrible. Il râle (faussement) en tapotant le coussin du lit d’examen. Et puis, l’infirmière pourrait être encore plus compétente, elle est pas tellement à jour concernant mes vaccins. » Il affiche une petite moue, n’en voulant pas le moins du monde à Norah, tout d’abord parce qu’il est effectivement privilégié qu’elle connaisse aussi bien son dossier médical, et parce que si l’envie lui venait de l’apprendre par cœur elle ne s’en sortirait de toute manière pas très bien puisque la liste des vaccins qu’Alfie a dû faire au cours des années est bien plus longue que pour le commun des mortels ; il a d’ailleurs découvert l’existence d’une bonne partie d’entre eux par le biais des différents bilans de santé auxquels il devait se soumettre avant de partir à l’étranger. « Et pour les viennoiseries, c’en est qu’au stade de promesse justement ! » Il s’offusque (faussement, encore une fois), parce que le meilleur moyen pour se mettre l’anthropologue à dos est de toucher à son estomac.

Le sujet revient sur Aidan et Alfie ne s’en agace pas, bien au contraire ; la perspective d’avoir à se déguiser pour être accepté par l’enfant est loin d’être un problème pour lui. Principalement parce qu’on ne sait pas qui entre Aidan et lui apprécierait le plus l’effort, hm. À la réflexion de son amie, Alfie esquisse un sourire timide. Il s’en doutait, à vrai dire, pour autant la confirmation est agréable à entendre bien que persiste cette gêne entre eux – pas parce qu’il est mal à l’aise avec Norah, bien au contraire, l’aisance qu’il ressent en sa compagnie en est presque perturbante. Quoi qu’il en soit, la proposition est désormais acceptée, ne reste plus qu’à acter une date et trouver un présent à la hauteur de l’invitation, même s’il aucune obligation. « Oh je m’y sens pas obligé, mais quand même, en dehors de l’invitation à manger, c’est surtout l’occasion d’une crémaillère. Et, comment dire… j’ai une longue liste de cadeaux inutiles que je rêve d’offrir à cette occasion, mais pas suffisamment d’amis qui déménagent, alors… considère que t’es prévenue. » Et qu’il ne faudra donc pas qu’elle s’étonne de se retrouver avec une louche Nessie, un bazooka à maki ou encore une guillotine à pizza. Ses pensées se noircissent dès l’instant où l’interne entre dans la pièce et interrompt une Norah qui allait s’épancher sur le déménagement en question, une étape pas si anodine pour elle compte tenue de sa situation actuelle. Mais il ne saura pas ce qu’elle semblait être prête à confier, et il ne le saura probablement pas tant que le sujet ne sera pas à nouveau abordé naturellement par la jeune femme ; parce que s’il est prêt à accueillir ses confessions, il n’a aucune intention de forcer celles-ci. C’est le principe qui a toujours dicté leur amitié, c’est probablement la raison pour laquelle il s’est toujours surpris et se surprend encore à avoir tant de facilité à partager certains aspects de sa vie qu’il cache au reste du monde. Parce que Norah ne force jamais les choses, ne les attend pas même, et c’est donc naturellement qu’Alfie s’exprime s’il vient à en ressentir le besoin – et c’est là toute la différence avec tant d’autres personnes de son entourage. Il affiche un sourire compréhensif, de ceux qui lui confirment – si elle en doute – que son oreille sera toujours tendue pour elle, quoi qu’il advienne, peu importe le moment. La frustration de ne pas avoir su épauler correctement Norah alors qu’elle semble en avoir besoin est rapidement effacée lorsqu’elle formule une demande là encore d’apparence anodine, mais qui ne l’est pas compte tenu la situation de la jeune femme. Et si d’ordinaire courir est quelque chose qu’il tient à faire seul, il est prêt à faire abstraction de ce principe si cela permet d’apporter quelque chose à Norah. Probablement parce qu’ils appréhendent cette activité de la même manière ; et qu’il s’agit d’une véritable nécessité derrière ce lâcher prise qui va au-delà d’une condition physique à maintenir dans le cadre d’une vie équilibrée. Un léger rire compréhensif s’échappe de ses lèvres tandis qu’elle explique ne pas avoir eu la possibilité de s’y remettre avec deux enfants à charge. Il ne doute pas que cela modifie le sens des priorités d’un individu, et c’est une des raisons pour laquelle Alfie ne se sent pas encore prêt à franchir ce cap avec Jules. « Oh, j’imagine sans difficulté, à vrai dire. » Nulle ne doute qu’elle fait probablement le double du nombre de pas qu’il peut faire à l’université, et ça ne le surprend même pas ; il suffit de jeter un coup d’œil autour d’eux pour voir le nombre d’allers-retours que fait le personnel de cet hôpital. Il acquiesce silencieusement pour confirmer qu’ils sauront trouver un rythme qui leur convient ; et ce ne sera pas un mal pour Alfie que de se calquer sur celui de Norah qui, sans aucun doute, l’obligera à cesser de se lever à l’heure où certains rentrent de soirée pour aller courir, simplement parce qu’il ne supporte plus d’être immobile dans son lit, incapable de se rendormir – encore faut-il qu’il trouve réellement le sommeil pour cela. « Ouais, le fonctionnaire que je suis peut s’adapter plus facilement à toi que l’inverse. » Il confirme avec un sourire qui vise à masquer son agacement qui n’est pas dirigé contre Norah mais contre ce travail avec lequel il entretient des rapports très conflictuels. Alfie reprend son sérieux alors que le regard de Norah se fane, et que cette fois-ci, personne ne vient interrompre le récit de ses pensées. L’anthropologue se veut silencieux, écoutant chacun des mots que Norah veut bien lui confier. Et au-delà d’être simplement attentif à ses paroles, celles-ci le frappent plus qu’il ne veut bien l’admettre et ne font que confirmer que s’ils arrivent si facilement à s’exprimer l’un en compagnie de l’autre, c’est parce qu’ils se comprennent. Ils ne l’admettront jamais, et leurs situations demeurent très différentes ; pour autant Alfie se retrouve dans chacune des phrases de Norah. Ce qui est arrivé. La vie continue. Il n’a pas la prétention de comprendre ce que vit Norah, et jamais il ne prétendra le pouvoir, parce qu’il n’a pas perdu l’être qui lui est le plus cher, mais il a perdu des morceaux de lui-même au cours des années – même s’il refuse de l’admettre. Son accident, la mort d’Amelia, son sevrage difficile, son retour d’Afrique, la maladie puis le décès de Rachel, son agression qu’il persiste à présenter comme un « petit souci », la brèche a été ouverte et petit à petit, sans même qu’il en ait conscience, ce sont des millions de bactéries invisibles à l’œil nu qui s’infiltrent dans son système et mettent à mal l’entier de celui-ci. Alors il comprend, mieux que quiconque, et peut-être est-ce la raison pour laquelle Norah lui a faite cette demande à lui et pas à un autre. Il écoute, il capte son regard brillant, et il finit par poser délicatement sa main sur la sienne pour attirer son attention à l’issue de son récit, avant de très vite faire marche arrière et s’interdire ce geste encore trop familier. « T’en fais pas, tu as pas besoin de te justifier, pas avec moi. » Qu’il la rassure dans un premier temps, avec un fin sourire, parce que c’est la stricte vérité. Elle pourrait débarquer un jour et lui demander de l’accompagner à une exposition sur les vaches sacrées d’Inde ou exiger qu’il s’empare de son sac à dos pour effectuer une randonnée à dos de chameau avec elle qu’il n’en demanderait pas plus pour autant. Alfie n’a jamais apprécié qu’on lui demande de se justifier pour ses actes, ses mots ou ses pensées ; ainsi il lui est impensable d’en demander autant vis-à-vis d’autrui. « Je comprends… je comprends vraiment. Alors, on ira à ton rythme, quoi qu’il advienne. Pour cette histoire de course, autant que pour tout le reste. Ça t’aidera, je t’assure. Qu’il ajoute, convaincu, avec un sourire. Et si c’est pas le cas, on trouvera autre chose. Crois-moi, je suis plein de ressources et d’idées. » Et cette fois, c’est un léger rire qui s’échappe d’entre ses lèvres. Alfie se veut ensuite silencieux pendant quelques instants, baissant la tête et ne sachant pas exactement ce qu’il peut dire, et ce dont il doit s’abstenir. La manière de lui montrer son soutien sans être trop insistant ou intrusif. La manière de rebondir sur ses mots qu’il comprend beaucoup trop bien sans pour autant l’obliger à ressasser ceux-ci. Finalement, il relève la tête et capte le regard de Norah, et il lui faut encore quelques secondes pour que les mots s’échappent d’entre ses lèvres. « Mais Norah… Si cette goutte arrive et fait déborder le vase, tu le diras à quelqu’un, pas vrai ? Il se pince les lèvres, cette peur d’être trop curieux bien présente. Pas nécessairement à moi, je veux dire, mais… juste à quelqu’un, pour éviter que tu découvres ce qu’il se passera à ce moment-là. Parce qu’il a une idée sur la question, parce qu’il l’a en partie expérimenté et qu’il peut l’assurer : ce n’est jamais bon, c’est même tout l’inverse. C’est une bonne chose que tu prennes du temps pour toi. Tu y as le droit, et c’est même essentiel. » Il ajoute par la suite, parce que c’est aussi ce qu’il a retenu, Norah parle de son travail, de ses enfants, de sa maison, mais pas d’elle. Elle s’est mise de côté pendant trop longtemps, et le fait qu’elle prenne enfin le temps de s’occuper d’elle le rassure, il y voit un signe qu’elle est prête à se relever de cette tragédie – et pas seulement à faire semblant de le faire pour les autres, mais bien pour elle. Sans s’en rendre compte, le regard d’Alfie s’est à nouveau ancré sur le sol, et s’il y a toujours cette gêne qui persiste, il n’est pas pour autant mal à l’aise, quand bien même la conversation se veut plus sérieuse que ce qu’il imaginait en venant ici, et qu’il tend à fuir ce genre de discussions. Mais pas avec Norah, pas lorsqu’elle se confie, pour autant c’est bien un « j’espère que vous avez des pansements Adventure Time » qui s’échappe d’entre ses lèvres, parce que c’est la seule manière dont il gère les choses ; et que peut-être c’est aussi bénéfique à elle qu’à lui d’entrecouper tous ces aveux d’une touche de légèreté qui ne se veut jamais déplacée, mais presque nécessaire.

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