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Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 YV4dgvCSujet: ≈ les perles du RP
Invité

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Rechercher dans: pause café   Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 EmptySujet: ≈ les perles du RP    Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 EmptyDim 3 Mai 2020 - 21:23

rotten bananas ©
édition {#}8{/#}


Mes amis, mes amours, mes emmerdes,

Vous l'attendiez, et elle s'est faite attendre : la toute nouvelle édition du Rotten Bananas est enfin arrivée. Le retard est dû à mon perfectionnisme - quand j'ai vu qu'il y avait trois millions de nouveaux RPs par jour pendant le confinement, j'en ai déduit que je ne pourrais pas tout lire, et alors comment être sur tous les fronts en même temps ? La décision a été prise aujourd'hui : fuck le perfectionnisme, fuck être sur tous les fronts, je partagerai avec vous quelques RPs qui m'ont remuée et secouée et ravie et terrifiée (pas tout ça en même temps, sauf pour quelques-uns).

Je n'ai donc pas de thème ce soir, car pour un thème, il faut être exhaustif (si, si, c'est Anton Ego qui le dit). Ce qui suit sont mes coups de coeur tout à fait subjectifs. Bonne lecture à tous !

On commence chez le couple qui fait battre mon coeur RP après RP, et si vous ne les connaissez pas encore, vous êtes soit extraterrestres, soit très en retard. Voici l'occasion, en tout cas, d'aller chez {@=340}Jamie Keynes{/@} et {@=213}Joanne Keynes{/@}, dans leur Chaos is a ladder, il y a des tensions liées à l’argent, au pouvoir, au sexe, au mariage, à la drogue et à d’anciennes overdoses. Mais officiellement, on est là pour écouter un musicien jouer sur scène. Entre officiellement et officieusement, il y a un monde d’assassinats sur le point de se jouer. NB : je fais une entorse à ma règle de ne jamais mettre mes RPs dans les Rottens, mais là il y a de si belles plumes et de l'adrénaline tellement partout que je me dois de le mentionner. Au rendez-vous : {@=4369}Saül Williams{/@}, son épouse {@=4461}Elise Williams{/@} et son amante {@=2668}Ariane Parker{/@}, les frères {@=4605}Sebastian Fitzgerald{/@} et {@=3647}Bailey Fitzgerald{/@}, et l'homme de la soirée, {@=4131}Jeremiah Etish{/@}.

Moralité : qu'il fait bon d'écrire et lire sur 30Y.
Par ailleurs, les nouveaux, faites gaffe : l'épidémie ici, c'est les DC. Une semaine après avoir enfin pu créer le mien, j'ai réservé mon TC... pour juillet. Je vous aurai prévenus !

Du love à tous.
Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 YV4dgvCSujet: May the hand of a friend always be near you || Cian #8
Atlas Siede

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 EmptySujet: May the hand of a friend always be near you || Cian #8    Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 EmptyMar 21 Avr 2020 - 17:35
may the hand of a friend always be near you
Thomas & Cian #8


Je me prends une seconde pour observer la maison dans son ensemble avant de me précipiter vers la porte d’entrée. On est arrivé chez moi et ce sentiment je ne l’avais pas ressenti depuis bien trop longtemps. L’endroit est chargé de souvenirs et d’émotions, mais je m’empresse de tout ouvrir pour redonner un peu de vie à ces murs et ne pas trop me laisser submerger. La visite est assez rapide, je tente de ne pas noyer Thomas sous un flot d’informations dont il se fiche probablement. Et je finis par comprendre qu’il a besoin d’un peu de temps. On est ensemble depuis trop longtemps, il est fatigué et il a aussi besoin de digérer tout ce qui lui est tomber sur le coin de la figure ces dernières heures. Alors, on range un peu, juste avec de la musique en fond et il va s’isoler. J’en profite pour faire un tour dans le jardin et finis par lui laisser un mot. J’ai trop besoin d’aller au bout de la rue, d’aller voir l’Océan de mes yeux. Je profite un long moment, je m’imprègne de l’air salin et me dis que l’Australie ne vaudra jamais l’Irlande à mes yeux.

Lorsque je reviens, la maison est plongée dans le silence. Un peu inquiet, je décide tout de même d’aller voir si tout va bien pour Thomas. Je le trouve endormi en travers du lit et je retiens un rire. Je lui laisse un autre mot sur le comptoir de la cuisine et pars pour l’épicerie afin de nous acheter de quoi tenir quelques jours. C’est sur le chemin du retour que je tombe nez à nez avec mes cousins. Et les retrouvailles sont explosives. On parle fort, on se prend dans les bras et on part vers la maison pour prendre le temps de se voir. Je les accueils dans la maison et Saoirse me prends une nouvelle fois dans ses bras, un long moment. « Ça me fait plaisir de vous voir. » On range les courses ensemble, on fait du bruit, on parle avec l’accent Irlandais le plus fort qui soit et je me sens bien là, avec ma famille que je n’ai pas vu depuis des années. On sursaute tous lorsque Thomas nous rejoint et mes cousins l’accueille si chaleureusement que je ne m’inquiète même pas pour lui. En quelques secondes, il se fait embarquer dans la spirale de ma famille comme s’il en avait toujours fait partie. « Bienvenu chez nous Thomas. » Il se fait inonder de question et déjà, on décide de dîner tous ensemble. Je me mets en cuisine avec mon cousin tandis que Thomas semble s’entendre à merveille avec Saoirse et Eoghan. Au cours de la soirée, on échange des souvenirs d’enfance, je me fais ridiculiser devant mon meilleur ami, mais il a le sourire, moi aussi et ça fait du bien.

Le lendemain, Thomas est déjà levé lorsque j'arrive dans le salon et je suis accueilli par une bonne odeur de café. « Salut. » Je souris et me sers une tasse avant de m'installer en face de lui. « Ça va, ils ne t'ont pas trop traumatisé hier soir ? » que je demande en riant un peu. Je sais que c'est pas évident de rencontrer toute la famille d'un coup et je sais qu'ils sont bruyants parfois mes cousins. Mais on a tous passé un bon moment j'en suis certain. Il fait beau aujourd'hui et je sais que l'on va pouvoir en profiter, mais avant tout je sais que c'est moi qui vais demander un peu de solitude. « Je... Je vais aller faire un tour ce matin. Mais après, on fera ce que tu veux. » J'hésite un peu, je baisse la tête, mais il comprendra.

Après le déjeuner, je me suis préparé dans la salle de bain en prenant mon temps avant de prendre le chemin pour le cimetière. Je suis revenu il y a peu avec Ea et pourtant j'ai la sensation de l'avoir abandonné il y a des années. Je retrouve en quelques minutes le chemin jusqu'à la pierre tombale de ma petite sœur. « Hey ma puce... » Je laisse ma main glissée sur la pierre froide avant de m'asseoir à côté. Et je me perds dans les souvenirs, la culpabilité et tout le reste. Je ne sais combien de temps s'écroule tandis que j'observe la pierre et son prénom gravé dessus. Je me mords la lèvre, je lui parle un peu mais je me sens idiot. Alors, je reste juste là pendant de longues minutes. « Tu me manques vraiment. »   
Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 YV4dgvCSujet: May the hand of a friend always be near you || Cian #8
Atlas Siede

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 EmptySujet: May the hand of a friend always be near you || Cian #8    Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 EmptyDim 5 Avr 2020 - 2:42
[quote="Cían Atwood"]
may the hand of a friend always be near you
Thomas & Cian #8


Il ne perd pas une seconde pour tourner mes paroles à son avantage Thomas. Il se moque et je ne peux m’empêcher de rire avec lui. Je crois que je me suis fait avoir par mes propres dires. Et bien entendu, je rentre dans le jeu comme un gamin. « Tu l’as toujours su… Que j’étais pas normal. » Je lui lance un clin d’œil un brin malicieux alors qu’il me fait la liste de toute les insultes qu’il connaisse en gaélique. Soudainement, je réalise que j’ai trop souvent dit de connerie en sa présence pour que ce soient les seules choses qu’il est retenu durant toutes ces années. « Okay on va prendre ce petit séjour pour t’apprendre des trucs plus… politiquement correct. » Je ricane un peu en cherchant déjà les phrases basiques que je pourrais lui apprendre pour palier un peu les conneries.

En venant ici, je savais que j’allais devoir évoquer ma sœur. Je ne suis pas revenu à Galway depuis des années. Pourtant, je sais déjà ce qui m’attends là-bas : tout un tas de souvenirs lié à mes sœurs. Faire le deuil de Leah et de ma relation avec Mara en même temps. Autant Thomas connaît la dernière, autant, je ne lui ai jamais réellement parlé de la première. Il connaît brièvement les bases de l’histoire, mais aller à Galway, c’est devoir lui expliquer plus en détails. Alors, j’évoque le détour que l’on devra faire pour aller à la maison. Je parle vaguement d’accident. Je n’impose rien. Il préfère que je lui conte les légendes de mon pays et c’est avec plaisir que je me lance dans un récit animé. C’est plus simple de parler de leprechauns et autres créatures féeriques. Cela n’impose pas de mettre son cœur sur la table. C’est bien les légendes.

Et au final, on passera une bonne nuit dans notre petit hôtel au milieu de nulle part. On aura le droit au meilleur petit déjeuner qui soit avant de reprendre la route direction notre destination finale. Mais il cherche l’aventure Thomas et on finit par s’arrêter auprès d’un lac pour notre pause déjeuner. Et on s’aventure un peu à faire le tour même quand la pluie menace. Lorsque cette dernière finie par s’abattre violemment sur nous, je m’arrête dans mon parcours pour juste ouvrir les bras et profiter de l’instant. « Juste profite, deux secondes Tom. » Profite d’une pluie qui rafraîchit, de la verdure et de l’air frais. Un parfait accueil pour un retour à la maison.

On finit par courir se mettre à l’abri malgré tout avant de choper la pneumonie de l’année et j’éclate de rire à la remarque de mon meilleur ami. « Avoue que c’est parfait. » Je lance le chauffage dans l’habitacle et enclenche les essuie glaces. « Ça fait du bien bordel ! » Je retire mon pull et ébouriffe mes cheveux tel un chien mouillé. Je prends le temps de m’installer derrière le volant et nous lance à nouveau sur la route. « On y sera dans vingt minutes. » Le véritable retour à la maison. Je laisse Thomas lancer la musique et me concentre sur la route. Je reste silencieux jusqu’à la vision du panneau annonçant l’entrée de la ville. « Bienvenu chez moi. » Je lance un sourire à Tom avant de me concentrer à nouveau sur la route.

Je lui offre un petit tour en avant-première, évite très soigneusement la rue maudite et finalement viens me garer devant la maison du grand-père. « Ça a pas changer. » Et comme un gamin, j’abandonne la voiture le long du trottoir pour me rendre sur le perron de la maison. Je trouve la cachette où Saoirse à caché les clés et ouvre doucement la porte. Je fais signe à Thomas de me suivre et lui présente un peu la maison. « On va être bien ici. » Tu vas pouvoir te poser un peu Thomas. [color=#336666]« Je crois que ça va pas nous faire de mal. » Je pose mon sac au pied des escaliers et soupire un peu. « On va voir l’Océan ? » Je suis vraiment comme un gamin. « Je connais le meilleur spot du coin. »  
Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 YV4dgvCSujet: i'm fallin' again » bailinny #8
Arthur Coventry

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 EmptySujet: i'm fallin' again » bailinny #8    Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 EmptyMar 24 Mar 2020 - 22:29
i'm fallin' again
bailinny #8


Je tente encore. Je pousse. Je cherche la limite. Je sais que rien ne sera simple, je sais qu’elle va m’en vouloir. Je connais ce regard. Empli d’une haine qu’elle ne prononcera jamais. Déjà, elle voudrait fuir et pourtant, j’insiste. J’ai la sensation de tenir la brèche entre mes doigts, qu’il suffirait de tirer un peu pour qu’elle lâche, pour qu’elle expire tout, qu’elle délaisse. J’aurai aimé. Je voulais juste l’aider.

Je cherche les mots. Je bégaye. J’appuie sur tout ce qui est douloureux. Je voudrais voir tomber ce masque qu’elle enfile depuis tant d’années. Il est au sol, mais le reste ne viens pas. Est-ce trop tôt ? Probablement ? Mais nous étions là que tous les deux. À cet endroit où tout peut être dit ou l’on ose un peu plus. Plus je parle, plus je la perds. Je le vois. Je le comprends et pourtant, j’essaye encore. Je voudrais tellement l’aider à se libérer. Je pensais pouvoir amener cela en douceur. Je pensais lui offrir les outils nécessaires. Mais elle se secoue la tête Ginny. Elle se renferme. J’avance et elle recule. On perd la connexion. Elle recule encore. Je n’oublierai jamais le regard qu’elle me lance à cet instant. Froid, distant, empli d’une colère sourde. C’est non. Et les pierres tombent dans un bruit sourd. Elles emportent tout sur leur passage. Je n’ai pas réussi.

« Je veux rentrer chez moi maintenant. » C’est terminé. Je suis désolé. « Alors, on rentre. » dis-je doucement. Sans la blâmer, sans insister plus que de raison.

Déjà, elle me tourne le dos pour aller remettre ses chaussures. Je voulais tout réparer, je n’ai fait que briser. Ma respiration s’accélère. Je sais que je vais le regretter. Pourtant, les pierres sont là et je les emmène avec moi. Un jour, peut-être, elle en aura besoin. Inspirer l’air marin est douloureux. Je lui ai fait du mal. Je pourrais passer des heures à me flageller pour cela. Je vais le faire, une fois seul. Et pourtant… Je me dis que c’était nécessaire. Quelqu’un devait commencer à glisser sur ce terrain. J’en prendrais le blâme aussi longtemps qu’elle le voudra.

Je la retrouve tout en laissant une distance entre nous. Elle fulmine, elle souffre. Je voudrais tant la prendre dans mes bras, mais je ne fais rien. Je la laisse être. Il faudra encore du temps, beaucoup de temps. Il y a tant de choses que j’aimerais pouvoir lui dire, mais que je tais pour respecter sa douleur. Je suis là, Ginny. Quoiqu’il arrive.

En silence, on prend le chemin du retour. Et on arrive devant le banc de rocher. Celui où elle ne cesse de tomber. Je monte en premier, lui tends la main. Nos regards se croisent. Elle passe devant moi sans attendre. C’est donc ça une amitié qui se brise en éclats ? Je la laisse faire. Je reste derrière. J’avance la main au moindre vacillement. Je t’ai promis que je ne te lâcherai pas. Je ne voulais que ton bien. Un jour, peut-être, on reparlera de tout cela. J’ose l’espérer. Je m’y raccrocherai pour deux.

On entre dans la voiture. Le silence est d’or. Je risque tout en faisant glisser sur le tableau de bord, la plus petite des deux pierres. « Garde là tant que tu en auras besoin. » Parce qu’elle est là sa liberté. Garder la dernière des pierres. Pour toujours ou pour un temps. Et pendant un instant, je fixe l’horizon. J’attends. Une minute puis deux. Ultime moment où elle pourra tout déverser, tout dire si elle le souhaite. Et si le silence persiste alors je nous emmènerai loin d’ici.
Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 YV4dgvCSujet: i'm fallin' again » bailinny #8
Arthur Coventry

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 EmptySujet: i'm fallin' again » bailinny #8    Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 EmptyMar 24 Mar 2020 - 19:08
i'm fallin' again
bailinny #8


« Toujours. » Tête haute elle affirme. Toujours. Et je n'avais rien vu. Toujours et personne n'avait compris. Combien de choses a-t-elle caché depuis ces années ? Il est temps que tu ôtes le masque Ginny. Il est temps de faire face. On se presse, on s'excuse, on implose, on recule. La même danse depuis des années. Chorégraphie lasse du temps qui peu à peu perds en puissance, qui peu à peu deviens fade et terne. On prend notre envol. Elle avec lui. Moi avec Jill. On réapprend. Et la force de sa conviction me rassure. Elle l'aura lui. Je le sais, je le sens. Le reste n'es que détail. Le reste peu attendre.

On a marché sur des œufs pendant si longtemps, conversation silencieuse que l’on se gardait d’avoir à voix haute. Doucement, on exprime tout ce qui a pendant si longtemps était transmis par un regard. Plus de honte, plus besoin de se cacher. On inspire ensemble, on expire tout à la fois. Notre passé commun s’étale devant nous. Il est temps d’y mettre un trait. « J'ai voulu changer des tas de choses, souvent. Mais toi jamais. » Et cela rassure. On est peut-être aussi fou l’un que l’autre. On est juste des humains, on cherche le beau là où il n’avait pas lieu d’en avoir. On a tout essayé ensemble. Il est temps que chacun prenne son propre chemin, sans jamais réellement lâcher la main de l’autre. Ensemble, mais autrement. Les regrets n’ont pas de place dans notre histoire. Pas entre nous, pas dans notre relation. Aucun de nous ne voulait tomber amoureux de l’autre. On a juste survécu ensemble. Maintenant, il est temps de se pousser à avancer. Ensemble. Il est temps.

Je l’entraîne plus proche de l’eau. Alors, j’ose tenter quelque chose de nouveau. Il y a tellement de choses que je voudrais aborder avec elle. Tant de choses, mais pas assez de mots. Fini les conversations avortées, les regards qui en disent long sans jamais toucher le fond du problème. Elle veut avancer, elle l’a dit. Il nous reste une dernière chose à faire ensemble.
Je la sens sa réticence, dans son regard, dans ses gestes, dans ce souffle qui se coupe et se ralenti. Elle a assuré que j’étais son ami. Au fond, elle sait dans quoi je l’entraîne. Je le vois. Elle sait que même si je ne parle jamais, j’observe, j’analyse, je comprends. Elle est au bord de la rupture Ginny. Ses jambes la porte à peine, silhouette chétive d’un oisillon tomber du nid trop tôt. Un regard échanger et la première pierre entre ses mains. La plus simple. Celle qui fera le moins mal. Avant le reste.

Envol toi Ginny.

Je lui tends les pierres les unes après les autres. J’énonce. Elle prend son temps et jette au fin fond de l’Océan. Elle avance, elle recule. Elle hésite aussi parfois. Pour ses parents. Pour la tentative de suicide. Pour la maladie de Noah. On prend et on jette. Loin. On se débarrasse de la culpabilité, du poids des mots et des instants. Son rire qui sonne si faux alors que je lui présente notre divorce. Décision si douloureuse, mais si simple. Premier pas vers la liberté, elle le sait tout autant que moi. Premier pas en dehors de la cage.

Envol toi Ginny.

Et viens les deux dernières. Le plus difficile. Ce que personne n’a oser aborder avec elle depuis des semaines, j’en suis persuader. Ce que tout le monde à chercher à taire alors que c’est maintenant qu’il faut creuser. Tant que la chaire est à vif. Tu me détesteras plus tard Ginny. Ecoute moi. Mais déjà elle construit un mur entre nous, à la va-vite. Il manque de structure, il vacille, mais elle impose la distance. Je prends un pas de recul, elle se rapproche. Les pierres qui tombent à ses pieds dans un bruit sourd. « C'est pas comme ça que ça fonctionne Bailey. Non, c'est pas comme ça que ça marche, c'est pas aussi simple que ça, ça peut pas fonctionner comme ça ça peut juste pas - » Elle me pousse avec force. Elle est là, la réaction que je cherchais, ce que je voulais voir. « Vas-y… » Pousse moi. Frappe-moi. Hurle-moi dessus. Je suis ton punching-ball. Nos regards se croise et je lui donne le feu vert. Rien ne changera entre nous, qu’importe ce que tu dis, qu’importe ce qui se passe à partir de maintenant. Je te donne carte blanche. Je suis là. Je ne te lâche pas.

Je profite de la distance pour récupérer les pierres entre mes mains. « Je peux pas. » Si tu peux. Je le sais, tu as cette force en toi quelque part Ginny. Fais moi confiance.

Envol toi Ginny. Libère toi.

« Je pourrais jamais. » Elle baisse le regard tandis que j’approche. Elle est brisé, elle est en mille morceau devant moi. Je pourrais tout lâcher et la prendre dans mes bras, tenter de prendre tous les morceaux ensemble, en faire un tas, recoller en quatrième de vitesse. Je pourrais dire que ce n’es pas grave. Que l’on verra plus tard. Mais elle a commencé à s’ouvrir. Je ne peux pas là laisser se renfermer comme une huître, pas maintenant. Cela fait mal, je déteste la voir aussi fragile, aussi éteinte, mais la faille est sous mes yeux. Tu veux avancer Ginny, ne l’oublie pas. « Ce n’es pas un au revoir. Ce n’est pas un adieu. » J’insiste. J’aurais tout le temps de m’en vouloir plus tard. Je ne pense plus à moi, je ne vois qu’elle. Uniquement elle. Trop longtemps, je l’ai laisser sombrer en pensant que l’on pourra tout rattraper plus tard. Demain. Trop longtemps, elle a frôler les murs.

Je te rattrape Gin. Je te l’ai promis.

Je force les pierres dans ses mains à nouveau sans la lâcher. Ma paume contre le dos de sa main. On porte le poids à deux. « Ils seront toujours là. » dis-je doucement avant de pointer son cœur du doigt. « Elle veille sur toi. » Pardonne-moi. C’est pour ton bien. Je te le jure. Avance avec moi. A reculons, je la ramène près de l’eau. En douceur. « Tu n’a pas a les jeter. On peut les poser là. » Je montre le sable. « Ou trouver un endroit pour elle. » Parce que personne n’a penser à ça. Un endroit pour qu’elle puisse venir se recueillir. Un endroit sacré pour elle. Quelque chose qui trace le dernier fil. « Sur cette plage ou ailleurs. »

Et je viens embrasser son front avec douceur. « Ouvre tes ailes Gin. » Une pression de mes doigts sur son bras. « Je ne te lâche pas. » Ôte le masque. Je suis là.
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Arthur Coventry

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 EmptySujet: i'm fallin' again » bailinny #8    Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 EmptyMar 24 Mar 2020 - 17:04
i'm fallin' again
bailinny #8


« Ils nous laisseront jamais tranquilles n'est-ce pas ? »

Avant, j'aurais baissé le regard. Avant, je n'aurais formulé aucune réponse. On en était venu à cette évidence ensemble. Ils ne nous laisseront jamais tranquille. Je pensais l'avoir digéré. L'avoir accepté comme un destin fataliste. Puis mon père a décidé de remettre ses menaces à exécutions. Sans le savoir il a provoqué une véritable prise de consciences. Sans le vouloir, il m'a donné les armes pour enfin relever la tête face à eux. Avant, j'aurais répondu oui. Aujourd'hui… « Il est temps que l'on prenne les choses en main. » Je ne dis pas de monter au front dans l'immédiat. Je ne dis pas de foncer tête baisser. Il va falloir être malin, il va falloir jouer comme eux. « Je veux plus me laisser faire Ginny. » Et je sais que toi aussi. Mais seul face à eux on a peur. On est terrorisé comme des enfants. C'est ce qu'ils pensent que nous sommes, des gamins effrayés. Un jour on aura notre vengeance. J'en suis persuadé. « J'ai bien l'intention de partir avec tout ce que j'ai construit pour lui. » Prendre les contrats, les artistes. Il est grand temps que je reprenne contact avec Epstein. Je sais que lui pourra m'aider, que l'on pourrait construire quelque chose ensemble. « D'abord, mon père, après Sebastian. » C'est froid, presque calculé. Par étapes. Sans merci. Et après Ginny, je te le promets, ce sera les tiens.

Les rôles s'inversent. Elle bouillonne de questions Ginny. Elle cherche les réponses sans vouloir les entendre. Alors, j'essaye en douceur. Je n'impose rien. Je constate, je démontre, j'explique. Je tente de prouver aussi que le bonheur est nôtre, que nos choix nous sont devenus propres. Son alliance contre la mienne. Drôle de destin mêler. Pourtant, elle est là, l'évidence. Alors, ressent Ginny, n'ai pas peur. Je te rattrape. « Je recommence à respirer. » Elle inspire. « Comme si j'étais enfin revenue à la maison ; entièrement. » Et expire. Un vent de légèreté s'immisce entre nous. Enfin on arrive à se dire que les murs de la cage sont tombés. Enfin on ose prendre notre envol avec les bonnes personnes. « Ça n'a toujours été que lui, hein ? » Je ne juge pas. Je constate avec des années de retard. Pardonne-moi de ne pas l'avoir compris avant. Pardonne-moi de t'avoir poussé dans les bras d'un autre. Sois heureuse Ginny, qu'importe avec qui.

J'insiste encore. Elle résiste un peu. Au fil des années, j'ai compris que la culpabilité ne la quittera jamais. C'est ancré en elle. Elle se pense responsable de tous nos malheurs. Qu'importe ce qu'on dise, qu'importe ce qu'on tente de lui prouver. « Tout le monde dit ça. Et je sais que vous le pensez de tout votre coeur. Mais si tout a commencé, si tout ça s'est passé, c'est à cause de moi. Ce sont les faits. » Je voudrais insister, me battre encore pendant des années pour lui retirer cette idée. Je soupire un peu. Je change de position, glisse un doigt sous son menton pour forcer nos regards a se croiser. « Crois-moi ou non. Prends-moi pour un fou, mais je ne regrette rien. » j'espère qu'elle lira la sincérité dans mon regard. Non je ne regrette rien. J'en suis là aujourd'hui grâce à elle. Je suis marié, je vais être père. J'ai la sensation de toucher le bonheur du bout des doigts, enfin. Et je ne regrette rien.

« J'ai pas envie de me justifier, j'en ai plus envie du tout. » Personne ne te le demande. « Je veux juste essayer d'avancer, vraiment. Et je veux que tu avances toi aussi. » C’est déterminé. C’est fort. Ça résonne en moi comme une nouvelle promesse. « On fera front. Quoi qu'il arrive on sera là, tous. » Je comprends ce qu’elle sous entends. Je suis touché, ému par ses mots. Ma main qui rejoint la sienne, pour éviter de lui montrer mon regard peut-être un peu trop humide. On fera front.

« On fera front pour toi aussi. » je m'étais promis de tout aborder en venant sur cette plage avec elle. Elle sait que je sais. On sait tous les deux. Il est temps qu'on en parle. Sans jamais la brusquer. « Viens. » Je me relève et l'aide à se mettre sur ses pieds. « Il faut qu'on fasse quelque chose. » Je commence à ramasser les quelques pierres qui se trouvent autour de nous. De toutes les tailles, de toutes les formes. J'en récolte une dizaine avant que ma main ne retrouve celle de Ginny. Avant que je ne l'entraîne près de l'eau. L'écume vient lécher nos pieds nus tandis que le soleil commence sa course vers l'horizon. Il est temps. Je dépose mon tas de pierres entre nous. On commence. Une pour elle et une pour moi. « Ça… » je montre les pierres. « C'est notre mariage. » Et de toutes mes forces je jette la pierre dans l'Océan. Elle veut avancer. Il est temps de se débarrasser de ces poids qui nous enchaînent à notre passé. A son passé. Mes pierres à moi, elles ont été jetées dans le jardin de notre maison. Il ne me restait que celle-ci à partager avec elle et lorsque Ginny jette sa pierre dans l'eau, je me sens mieux. On n'oublie pas, on avance.

Je récupère une nouvelle pierre. « Pour tes parents. » Jette. Hurle. Explose. Laisse-toi faire Ginny. Un bruit de pierre qui plonge dans l'eau et on enchaîne. « Pour l'année 2012. » Jamais je ne prononcerai ce mot, malgré les années, malgré la réalité des choses. Elle comprendra je sais. « Pour la maladie de Noah. » ce n'était pas de ta faute. Il va mieux. Il est temps que tu laisses cela s'en aller Ginny. Je prends une pierre un peu plus petite. Tente un peu d'humour au milieu de tout ça. « Pour notre divorce, si tu veux. » Et on enchaîne. Encore une. Puis deux. Puis trois. Et les deux dernières. Les plus importantes. Une dans chacune de ses paumes. « Pour Isaac. » Je montre la plus grosse des pierres. « Et pour elle. »
Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 YV4dgvCSujet: i'm fallin' again » bailinny #8
Arthur Coventry

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 EmptySujet: i'm fallin' again » bailinny #8    Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 EmptyMar 24 Mar 2020 - 14:29
i'm fallin' again
bailinny #8


« On a tout essayé. »

Elle ne me laisse pas porter le fardeau seul. Elle ne l’a jamais voulu. Pourtant, j’ai tout fait pour que si une sentence devait tomber un jour, j’en sois le seul destinataire. Je continuais à sortir, je continuais à boire non pas pour l’éviter elle, mais pour mettre mon paternel en colère. Je n’ai jamais eu le courage de le confronter en face, alors je tentais de prendre la tangente. J’ai essayé si fort, mais personne n’est jamais tomber dans le piège de la facilité. Il fallait continuer à faire bonne figure. Nous étions le mariage que tout le monde enviait. Le mélange parfait de la bourgeoisie anglaise. Le fruit d’une expérience malsaine qui aura brisé nos vies. Deux ans après notre divorce, nous sommes encore incapables de nous relever pleinement. Pourtant, on essaie. Et cette fois, j’en suis persuadé, on y arrivera. Je veux y croire.

« Tu peux pas t'imaginer à quel point je m'en suis voulu, de ne pas arriver à t'aimer comme ça. À quel point je pensais que j'étais pas normale, à quel point j'aurais dû, à quel point c'était ma faute et juste la mienne. Ça devait être facile de tomber amoureuse de toi, mais j'y suis jamais arrivée autant j'ai essayé. » les mots blessent, tout autant qu’ils dépeignent une vérité que l’on tentait tant à se cacher. Elle a raison. On a tout essayé. Chacun de notre côté. C’était à celui qui pourrait porter le chapeau, celui qui pourrait libérer l’autre en premier. C’était au premier qui arriverait le mieux à se défaire de sa propre vérité. « Ça devait être facile de tomber amoureux de toi, mais j’y suis jamais arrivé. » Je reprends ses mots en chœur. Preuve qu’elle n’est coupable de rien. Elle se maltraite avec cette idée depuis trop longtemps, Ginny. « Tu n’es responsable de rien. » Elle était jeune, innocente. Elle est tombée amoureuse, elle est tombée enceinte. Une famille normale lui aurait peut-être demandé de couper les ponts avec le jeune homme. Une famille normale aurait peut-être évoqué l’avortement. Mais jamais une famille normale ne l’aurait dénoncé, envoyé à l’autre bout de la planète et forcé à épouser un inconnu. Ce n’est pas normale ça. C’est le pire scénario qui soit et pourtant, c’est notre histoire. « Je te remercierai jamais assez d’avoir toujours été honnête avec moi. » On n’a jamais menti. Jamais. Elle réside là notre force. « Ça m'a sauvé, que tu sois avec elle. Aussi étrange ça puisse être. » Je devrais être soulagé, j’en culpabilise davantage. « Je ne l’ai pas voulu. » Au fond, Ginny sait déjà parfaitement tout cela. Je n’ai pas cherché à tomber sous le charme de Jill. Cela s’est fait tout seul sur fond d’une évidence tragique. « Mais elle m’a sauvé moi. » Cet aveu, c’est bien la première fois que je le fais. Je ne sais pas ce que je serais devenu si elle n’avait pas été là. Si elle n’avait pas tout fait pour que je me rebelle. Si elle n’avait pas autant insisté pour que l’on s’évade, pour que l’on s’aime avec violence parfois. Jill m’a sauvé et je compte bien tout faire pour sauver Ginny. « Mes parents savaient. Je suis persuadée qu'ils l'ont toujours su. Mais les McGrath traitent les secrets bien différemment des Fitzgerald. » Je refuse de l’admettre ça. Qu’ils savent, mais qu’ils sont assez pervers pour continuer à nous manipuler. Je refuse encore l’idée même de n’être qu’un pion dans leur jeu macabre. « Les McGrath commencent à distiller les secrets. » Je voudrais en rire. J’en suis incapable. Les mots de mon père résonnent à l’arrière de mon crâne. Ils planent sur moi. Je ne voulais pas en parler à Ginny, mais je ne lui ai jamais menti. Je me mords la lèvre. Croise son regard. « Ils vont s’en prendre à moi. » C’est un fait, c’est tout ce qu’il reste à mon paternel. « Je le sais. J’arrive juste pas encore à l’admettre. » Et Sebastian va me tomber dessus d’un jour à l’autre. Ce sera pire quand Jill ne pourra plus cacher sa grossesse. « J’ai encore un peu d’avance pour mettre mes années de travail à l’abri. Après, je ne sais pas. » Après, je perdrais peut-être tout. « Je ferais tout pour vous protéger. » Toi, ta sœur, Noah.

Et au milieu de tout cela, dans ce brouillard, on tente encore de définir notre relation. De mettre des mots sur un lien qui ne s'explique pas. « Pas besoin que les autres comprennent tu sais. » Je hoche la tête en signe d'approbation. Un jour Jill comprendra que sa sœur n'a jamais été une menace. Un jour, Auden arrêtera de me voir comme le mal incarné. Un jour tout ira bien. « Tant que c'est clair entre nous. » Et elle me taquine un peu Ginny, elle rassure, elle calme la tempête. « Je pense que t'es mon meilleur ami aussi. Mais pour garder ton titre, il faudra que la prochaine chanson soit un peu plus longue. Celle-là a fini trop vite. » Je pouffe avec elle. « Je me mets au travail dès que je rentre. » Des chansons je t'en écrirais des tonnes, tant que tu seras là.

Le bruit des vagues apaisent les tensions. Sa tête sur mon épaule me rappelle la douceur de notre relation. On prend le temps. On savoure. On ouvre les portes, on panse les blessures. « Comment on sait qu'on a fait les bons choix, Bai? » Ma main vient retrouver la sienne, mon doigt effleure le dos de la sienne. Il est temps d'ouvrir cette boîte-là.

Mon regard se perd sur mon alliance. Ma main gauche va chercher la sienne. Bien sûr que je l'ai vu la bague. Depuis son anniversaire. J'ai remarqué celle à la main d'Auden également. J'ai vu sans rien dire. « On le ressent. » On ne saura jamais réellement si on a fait les bons choix, mais on peut le ressentir. « Je suis heureux. » Quelques mots que je n'aurais jamais imaginés prononcer. Quelques mots qui sont encore si étranger. Pourtant, elle se situe là, la réalité. Je pose ma main au-dessus de la sienne. Alliance contre alliance. Geste connu, anneaux différents. « On a fait les bons choix, tout simplement parce que c'est nous qui les avons fait. » Personne n'a décidé pour nous. Personne n'a influencé l'envie, le désir, les sentiments. Ce choix-là, il nous est propre. Elle est là, la différence, la liberté. « On est libre. » Tout simplement. J'effleure sa bague du bout des doigts et relève mon regard vers elle. « Personne ne te demandera de justifier ton choix. » Je me fiche que ce soit Isy ou Auden. Si tu savais. « Tu ressens quoi toi, Gin ? »

Le silence retombe entre nous. Mon bras qui s’emmêle au sien, sa tête qui ne quitte pas mon épaule. Et cette vérité qui me brûle les lèvres. « Ce n’était pas de ta faute. » Notre mariage. Nos familles dysfonctionnelles. Les tensions qui subsistent depuis des années. Ma fuite à Londres. Sa fausse-couche.

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Arthur Coventry

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 EmptySujet: i'm fallin' again » bailinny #8    Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 EmptyDim 22 Mar 2020 - 16:32
i'm fallin' again
bailinny #8


Ces quelques mots mis en chanson. Ce dernier appel à l’aide envoyé dans sa direction.

La dernière chute libre.

Lorsque je suis arrivé à Londres, je me suis retrouvé confronter à mes propres pensées, mes propres émotions. Je ne pouvais plus rien cacher. Le trop plein à fini par tout faire déborder. Je ne pouvais plus contenir. Les questions se sont enchaînées les unes après les autres sur mon couple, sur ma relation avec Ginny, sur ma place au sein de mon propre métier, sur ma raison d’être. Rien n’a été laissé au hasard. Tout a été décortiqué, jeter à terre, analyser. Pendant deux ans, après notre divorce, j’ai cru que rien ne changerait, que la sécurité de notre lien serait toujours là. Jusqu’à ce que le vernis s’écaille, jusqu’à ce que l’on prenne notre vie en main, nous menant vers deux chemins si différents. Aujourd’hui, je ne sais plus qui je suis pour elle, qui elle est pour moi. Alors, j’ai couché mes doutes sur le papier, j’y ai inscrit mes questions, mes regrets, nos souvenirs. Et je chante. Je chante tout ce que j’ai toujours été incapable de lui dire sans trembler, sans avorter la conversation avant sa fin. Tout s’étale devant nous. Les souvenirs, les non-dits, les conversations inachevées, les sentiments brouillons. Il n’y a que nous. Personne d’autre.

Je chante sans savoir où cela nous mène. Je tente de respecter la mélodie qui se déroule dans ma tête. Je vais chercher au plus profond de moi pour véhiculer les bonnes émotions. Je sens sa main qui serre la mienne encore plus fort à l’évocation de ce café de fortune qui nous servait d’intermédiaire dans cette vie qui semble désormais si lointaine. Je sens son souffle matcher le mien. Et cette force de conviction dans sa voix lorsqu’elle prononce un ultime : « Always. » Mon regard qui ose enfin croiser le sien. Cette reconnaissance éternelle qui passe au travers de ses pupilles, ce sourire qui veut tout dire. Always. On ce l’était promis. Quoiqu’il arrive. À quoi il ressemble ce toujours maintenant ? La question reste en suspend un instant, alors que sa tête se blotti contre mon épaule, alors que je respire un peu mieux. J’ai la sensation d’avoir déposé un bagage lourd d’une centaine de kilos. Il nous reste plus qu’à le prendre ce nouveau départ. Il n’est jamais trop tard.

« On a jamais pris le temps de définir qui on était l'un pour l'autre, tu sais. On l'a fait pour Noah, on l'a fait pour Jill, on l'a fait pour Auden. Mais jamais pour nous. » Je hausse la tête en silence. La définition change de version autant de fois que nécessaire. Elle n’est pas ancrée, elle vague et divague comme nous. On a quitté le champ de bataille ensemble sans jamais définir une place. Jamais amant malgré ce que peuvent croire certains, mais un peu ex-femme, un peu père de son fils. Un peu ami. Un peu étranger. Un peu tout, un peu rien. Aucun titre prédéfini. On a si longtemps dû se battre à deux qu’il est difficile de se défaire de tout cela. On pourrait trop vite retomber dans de vieilles habitudes. Se cacher, mentir, jouer un rôle. On n’a connu que cela ensemble. « C'est pas une mauvaise chose. Mais je l'avais jamais réalisé. » - « J’en ai pris conscience il y a peu. » D’où ma chanson. D’où les nombreuses questions. En l’emmenant ici, je me suis promis d’être honnête avec elle. Fini les mensonges de conventions, les faux-semblants. On se doit une seule chose : la vérité. Alors, je lâche sa main pour glisser mes doigts dans le sable. Pour occuper mes mains et mon regard. « Les deux premières années, j’ai essayé de t’aimer. » Il faut repartir à la base, le début de tout cela. « De t’aimer comme eux le voulais. » De l’aimer comme un mari se doit d’aimer sa femme. J’ai essayé si fort après sa tentative de suicide. Je voulais être assez bien pour elle, mais on ne trouvait pas ce lien, on n’avait pas encore cette connexion. Elle était trop brisée, trop en retrait et je ne lui en voudrais jamais pour avoir voulu se protéger. « Puis je me suis fait une raison… Alors, j’ai essayé de tout faire pour que mes parents me voient avec Jill. » J’en ai si honte aujourd’hui, mais je voyais cela comme un échappatoire à l’époque. Ginny aurait conservé le bon rôle, elle aurait été protégée et j’aurais été celui que l’on aurait continué à punir pour le reste de sa vie. J’étais prêt à en accepter les conséquences. « J’ai couché avec elle dans le bureau de mon père. » Voilà a quel point je voulais que le monde entier sache. « Je l’ai su bien plus tard, mais ce jour-là ma mère nous as entendu sans savoir avec qui j’étais. À ce jour, ils sont toujours autant persuadés que j’étais avec toi. » Je suis si désolé, Ginny. Voilà ce que mes yeux tentent de lui transmettre alors que je relève le visage vers elle. « J’ai tout essayé. » Sans jamais aller leur parler, parce que je restais terrorisé de la suite.

Un soupir s’échappe d’entre mes lèvres tandis que le sable glisse entre mes mains. Métaphore de nos vies ces dix dernières années. Le temps qui nous échappe, qui nous éloigne. Il est là le terrain inconnu. Aujourd’hui qu’est-ce qu’il advient de tout cela. « Tu connais tout de moi. Le beau comme le laid. » Tout et peut être bien plus que je ne voudrais l’admettre. « Et parfois, je suis terrorisé à l’idée que nos choix de vies fassent que l’on se sépare un peu trop. » Je veux vivre ma vie sans toi, mais avec toi, Ginny. Je hausse les épaules, petit rire nerveux. « Si on me demandait aujourd’hui, je crois que je répondrais simplement que tu es ma meilleure amie. » S’il fallait mettre un titre compréhensible pour tous. « Même si jamais personne ne pourra comprendre. » Tout simplement.
       
Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 YV4dgvCSujet: May the hand of a friend always be near you || Cian #8
Atlas Siede

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 EmptySujet: May the hand of a friend always be near you || Cian #8    Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 EmptySam 21 Mar 2020 - 22:18
may the hand of a friend always be near you
Thomas & Cian #8


Cette pause au milieu de nulle part était peut-être nécessaire finalement. Même si la chambre est plus que creepy. Même si on n’est pas vraiment rassuré par la vieille qui erre en bas. On a roulé toute la journée, il était temps que l’on fasse un arrêt. On va pouvoir prendre le temps de manger, de boire une bonne bière et peut être d’avoir une bonne nuit de sommeil. Même si la dernière partie semble plutôt compromise dû à la décoration plus ou moins douteuse de notre chambre d’hôtel. On verra tout cela plus tard. Pour le moment, je compte bien continuer de changer les idées de Thomas. Il a l’air étrangement serein depuis ce matin et je ne suis pas presser de voir les retomber de cette journée. Chaque chose en son temps.

Une fois installer au bar et chacun avec notre boisson préférée, je prends le temps de lui expliquer le plan que j’ai mis en place plutôt rapidement. Heureusement, mes cousins habitent toujours dans ma ville natale. Cela nous permet d’avoir l’hébergement gratuit et connaissant Saoirse, on va être accueilli pour autant de repas qu’on le souhaite. Néanmoins, je ne veux rien imposer à Thomas et lui laisse donc le choix des décisions finales. « Je te jure que mes cousins sont des gens bien normaux. » Certes, ils ont un accent probablement bien plus prononcer que le mien, mais ils n’ont jamais quitté Galway. « Et ils parlent bien moins gaélique que moi. J’étais le seul à vouloir apprendre quand mon grand-père s’y mettait. » C’est bien pour cela que l’on avait un lien fort. Je voulais apprendre tout ce qu’il avait à me transmettre. Je ne garde que de bons souvenirs de sa compagnie.

Je finis tout de même par faire savoir à Thomas que j’irais voir ma sœur. Je n’y suis pas allé depuis des années. Il est temps que je lui rende une visite. Je vois le regard de mon meilleur ami changer. Je sais qu’il a tout un tas de questions depuis des années. Il a toujours été respectueux de ne jamais les poser. Je ne parle jamais de Leah. Juste en surface. J’ai deux sœurs, l’une est toujours vivante, l’autre, je l’ai perdu il y a trop longtemps. Jamais rien de plus. Jamais j’explique la culpabilité, les cauchemars toujours aussi vivace même plus de 25 ans après. « Quand on arrivera à Galway, je m’occupe de l’itinéraire. » Parce que je sais parfaitement que le GPS nous fera passer dans cette rue pour aller chez mon grand-père. Je sais aussi que je n’en ai pas la force, malgré les années qui se sont écoulées. « On va faire un détour, mais… Je suis pas capable de passer dans la rue de l’accident. » Non. Sinon il va falloir qu’il supporte les cauchemars et l’humeur massacrante qui va avec. Je bois une gorgée de mon verre et secoue la tête. Merde, je n'avais pas vraiment prévu de parler de ça ce soir. Faut croire qu’il était peut-être temps que je confie ce pan de ma vie à celui que j’appelle mon meilleur ami depuis plus de vingt ans. « Tu sais, si t’as des questions, tu peux les poser. » Parce que je suis pas sûr de pouvoir raconter l’histoire de moi-même. « Sinon je peux te parler des légendes du coin. » Au choix Thomas.        
Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 YV4dgvCSujet: i'm fallin' again » bailinny #8
Arthur Coventry

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 EmptySujet: i'm fallin' again » bailinny #8    Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 EmptyJeu 19 Mar 2020 - 15:55
i'm fallin' again
bailinny #8


Le silence a toujours été d’or entre nous.

Souvent pour cacher des blessures. La plupart du temps pour s’avouer des secrets que l’on n’aurait jamais eu la force de prononcer à voix haute. Il a blessé tout autant qu’il a pu réparer. Il n’y a rien de mal dans ce silence. On l’accepte, il nous englobe dans une bulle que l’on tente de retrouver après les derniers remous. On sort la tête de l’eau, enfin. Il a fallu que je me noie complètement pour exploser. Il a fallu atteindre le point de non-retour, lui imposer des adieux, fuir mes responsabilités. Il a fallu que Jill vienne me chercher pour qu’à nouveau tout prenne sens. Dire adieu à une époque révolue pour mieux accueillir un nouveau chapitre de vie. Je pensais laisser Ginny dans le passé. Comme si cela pouvait être aussi simple, comme si je n’allais pas manquer d’une pièce vitale. Au milieu de ce silence, alors que je l’aide à franchir la barrière des rochers, je cherche à lui faire comprendre que malgré les chutes, je serais là. J’ai voulu abandonner et je m’en veux pour ça. J’ai baissé les bras dans la pire des périodes qui soit. Il faut croire que pour une dernière fois, on a atteint un point ensemble. Celui du changement. Il aura fallu des années, des larmes et un trop plein d’émotions pour en prendre conscience, mais on est toujours là. L’un à côté de l’autre, fort dans le silence. Complémentaire à notre manière.

Je n’ai prévu aucun discours, pourtant, j’aurais tant de choses à lui dire… Mais on a trop cherché à se parler avec Ginny. On a trop cherché à mettre des mots sur des émotions que l’on explique à peine. À trop chercher, on a fini par se perdre. Si j’ai pendant un temps voulu mettre un trait sur ce lien qui nous unis, aujourd’hui, je sais que l’on est enfin sur la ligne d’un nouveau départ. Un début propre, sans encombre, sans rancœur. Pas besoin de discours pour cela. La présence de l’autre, le bruit des vagues, le soupire derrière un sourire. Rien de plus. Un silence d’or qui rassure, qui promet un avenir meilleur.

Le temps semble ralentir. Le sable chatouille la paume de ma main. Le soleil nous offre un peu de chaleur entre deux nuages blancs. Le bruit des vagues crée une mélodie qui me plaît. Je n’ai pas prévu de discours et pourtant, j’en ai des choses à lui dire. À Londres, j’ai longuement écrit lorsque j’étais seul. Pour exprimer la haine envers ma famille, mon amour pour Jill. Pour le sourire de Noah et pour Ginny aussi. Je ne lui ai jamais montré ce que j’écrivais. Elle m’a déjà entendu chanter le temps d’un court instant, mais jamais bien plus. C’est rester mon jardin secret pendant des années. Quelque chose que je ne partageais qu’avec sa sœur. Aujourd’hui, les choses ont changé. Je voudrais qu’elle entende ce que j’ai pu coucher sur le papier même si ça veut dire me mettre à nu face à elle. Même si ça ne remue pas que le beau. Je lui donne mon téléphone, mais elle ne veut pas d’un enregistrement Ginny. « Je veux entendre que les mots. » Les mots bruts, ceux qui percutent et qui ont tout un sens. Ceux qui me font peur parfois, mais qui ont été si libérateur. Oublier l’enregistrement. Je me racle la gorge. Cherche la force nécessaire pour chanter cela. « Je venais d’exploser quand je l’écris. » Je pensais chacun de mes mots. Ils ont peut-être perdu de leur vérité aujourd’hui. Je n’en sais trop rien. Je préviens. Je prépare le terrain.

Mes doigts glissent sur mon jean, marque le tempo, comme si j’étais au piano. Pour me rassurer. Pour caler la mélodie dans ma tête. Je loupe les premières phrases. La voix qui déraille.

And there's no one to blame but the drink and my wandering hands
Forget what I said
It's not what I meant
And I can't take it back
I can't unpack the baggage you left


Excuse silencieuse des mots ratés, prononcés à vive allure lorsque rien n’allait. Définition même de nos relations ces derniers mois.

What am I now?
What am I now?
What if I'm someone I don't want around?
I'm fallin' again
I'm fallin' again
I'm fallin'

What if I'm down?
What if I'm out?
What if I'm someone you won't talk about?
I'm fallin' again
I'm fallin' again
I'm fallin'

You said you cared
And you missed me, too
And I'm well aware I write too many songs about you
And the coffee's out
At the Beachwood Café
And it kills me 'cause I know we've run out of things we can say

What am I now?
What am I now?
What if I'm someone I don't want around?
I'm fallin' again
I'm fallin' again
I'm fallin'

What if I'm down?
What if I'm out?
What if I'm someone you won't talk about?
I'm fallin' again
I'm fallin' again
I'm fallin'

And I get the feelin' that you'll never need me again


La voix qui déraille, encore une fois. Le cœur qui bat dans un rythme effréné.

La musique qui m’aura aidé à dire tout ce que je n’ai jamais réellement su exprimer.

Brut et sans détour.
       
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Arthur Coventry

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 EmptySujet: i'm fallin' again » bailinny #8    Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 EmptyDim 8 Mar 2020 - 21:50
i'm fallin' again
bailinny #8


La route défile sous mes yeux alors que la ville s’efface dans mon rétroviseur. À mes côtés, Ginny a ouvert sa fenêtre, sa main joue avec le vent et la vitesse. En fond sonore du Bowie, encore et toujours. Le silence s’allonge entre nous, mais c’est léger, c’est presque rassurant. Ma main glisse près de la sienne, mon doigt vient effleurer le dos de sa main. Comme avant. Cet ancien code, signal d’alarme d’une fuite vers l’avant. Nos regards se croisent une demi-seconde, un sourire timide et je me concentre à nouveau sur la route. Quelque chose à changer. Pour elle, pour moi, entre nous aussi. Ces dernières semaines ont eu l’effet d’un cataclysme sur nos vies. J’ai pris la fuite, elle en a fait de même quelques jours après. Le hasard a voulu que l’on trouve refuge dans la même ville sans le savoir. La vie a fait que pour la première fois, on ne parte pas à la recherche de l’autre, parce que l’on a fini par trouver la personne qui pouvait nous sauver de nos propres démons. Et pourtant, il existe toujours ce lien inexplicable entre nous. Cette amitié plus forte que les tempêtes. On devait se retrouver pour mieux entamer ce nouveau départ. Et c’est en chantonnant sur l’air de ma chanson favorite que je nous entraîne vers un lieu que l’on n’a pas visité depuis si longtemps. On sera seuls, sur un terrain neutre. On pourra discuter ou juste rester l’un à côté de l’autre dans le silence. On pourra évoluer à notre rythme.

On abandonne la voiture sur le minuscule parking vide. Je vois à l’air surpris de Ginny qu’elle a compris où je l’emmenais. On s’engage sur le petit chemin, l’un à côté de l’autre. Dans le silence, parce que je ne sais par où commencer. Il y a un tas de sujets que j’aimerais aborder, mais je crains de mettre les pieds dans le plat, je crains de la blessée, alors on avance en silence. À notre rythme toujours. Elle est étrangement calme Ginny, mais je souris en la voyant se concentrer sur ses pieds. Lorsque l’on arrive aux rochers, je lui tends la main. On évolue doucement sur la pierre pour éviter une chute et après quelques minutes d’acrobatie, on atterrit au milieu de cette crique couper du monde. On s’installe sur le sable et je fais glisser les bretelles de mon sac de mon dos pour le poser devant nous. Quelques snacks, sucreries et un peu de vin. Juste comme ça, si jamais on reste un moment. Pendant quelques minutes, on fixe l’horizon, le bruit des vagues nous enveloppe et je me sens bien. « Je t’ai écrit une chanson quand j’étais à Londres. » Il fallait bien commencer quelque part. Je prends mon téléphone dans mon sac et le fait tourner entre mes doigts. « Tu voudrais entendre ? » C’est bien une des rares choses que je n’ai jamais partagée avec elle : mes chansons. Mais celle-là est particulière. Celle-là, je l’ai écrite en pensant à elle. Je déverrouille mon téléphone, ouvre l’application d’enregistrement et fais glisser l’appareil entre les mains de la brunette.
Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 YV4dgvCSujet: (Amelyn #8) ► WHY DO YOU HAVE TO BE SO HARD TO LOVE ?
Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 EmptySujet: (Amelyn #8) ► WHY DO YOU HAVE TO BE SO HARD TO LOVE ?    Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 EmptyJeu 27 Fév 2020 - 14:18



WHY DO YOU HAVE TO BE SO HARD TO LOVE ?
Je n’avais pas envie qu’elle s’en aille. J’ai encore la tête pleine d’image et si, je n’avais pas été d’aussi mauvaise humeur, nul doute que son corps, enveloppé dans mon T-shirt, aurait tenté le mien qui aurait répondu présent malgré les oppositions de ma raison. Elle, pour avancer, elle a besoin d’être entendue, respectée et de certitudes et je la soutiens. Je ne peux pas, sous prétexte que Raelyn est désirable, ignorer ses appels au secours. Je n’ai pas envie de m’épuiser d’abord en méfiance, puis en jalousie et possessivité, pour finir en paranoïa. Alors, je prends le risque de la bousculer un peu. Je formule, non pas une proposition, mais un ultimatum : l’exclusivité ou la rupture. C’est à prendre ou à laisser. Évidemment, parce qu’elle est intelligente, elle saisit toute l’ampleur de mes mots. Elle les boit avec plus d’avidité que ce café qu’elle sirote distraitement. A son attitude, je devine qu’elle analyse et qu’elle réalise que je ne suis pas un plaisantin, un gamin qu’on s’amuse à balader entre aveu et non-dit et à mesure qu’elle en prend conscience, ses yeux cadenassés aux miens, se voilent de ce que je décrirais comme de la concentration. Elle n’a pas l’air horrifiée ou consternée. Non. J’aurais juré qu’elle avait déjà enclenché le mécanisme de la remise en question. Ça sera douloureux. Nul besoin d'être devin pour le saisir, je déteste les introspections. Mais, elle est nécessaire et Raelyn le sait aussi bien que moi. Elle sait que c’est important pour que jamais plus elle ne se comporte, ici, comme si elle était une parfaite étrangère. Elle est bien plus que ça et je suis convaincu que l’inverse existe. Je me suis creusé une place de choix dans sa vie, sans quoi sa jalousie, habillée de colère, l’aurait gardée loin de moi hier soir. J’ai crevé sa bulle et je me suis installé, sans le vouloir vraiment, et si elle le devine, j’aspire à ce qu’elle se laisse séduire et non à ce qu’elle s’en épouvante. Elle aura besoin de temps pour ça.

Je lui en cède, mais pas à l’envi. Sept jours. Sept jours de réflexion pour elle et de doutes pour moi. Plus de générosité me foutrait en l’air. J’espère qu’elle saura apprécier mon geste quand d’autres auraient pu exiger une réponse dans la minute. Je présume qu’elle en a pleinement conscience, parce qu’elle pose sa tasse, s’avancer vers moi et caresse délicatement mes joues de ses deux doigts. Elle les garde entre ses mains en coupe, me regarde droit dans les yeux, mais ne pipe mot. Je ne saurais dire pourquoi je ne l’ai pas enlacée. Sans doute était-ce une façon de lui confirmer que je tiendrai ma promesse. Je resterai absent de sa vie durant ce temps de réflexion. Même au Club, je bornerai à la politesse. En attendant, lorsqu’elle dépose son front contre le mien, je ferme les yeux. Je profite de notre dernier moment de tendresse et de notre ultime baiser. Je me moque qu’il suppose un avenir heureux. Je recouvre la flamme de l’espoir d’une cloche pour l’asphyxier doucement. Je le savoure, mais je range aussitôt le souvenir dans les oubliettes de ma tête. M’y accrocher serait stupide. Je préfère voir son menton dodeliné de haut en bas. Ce geste ne s’interprète pas autrement que par un : « J’ai compris. » Il ne dit pas à demain ou à la semaine prochaine. Il est aussi équivoque que Raelyn, qui se rhabille en silence, qui agrafe son soutien-gorge sans que je n’ose bouger ou parler. Je me fais tout petit de peur de la retenir pour l’influencer d’une nouvelle étreinte incandescente. Je me tais et, mon café à la main, je la suis des yeux de ma cuisine jusqu’à l’embrasure de la porte et, tandis qu’elle me jette un regard indéfinissable, mon cœur s’est fendu en deux. Et si je ne la revoyais plus ? Si elle n’ambitionne pas construire avec moi quelque chose, petit à petit, sans précipitation ? N’aurais-je pas mieux fait de réclamer une explication en cas de refus ? Arriverais-je à ne pas me torturer à me demander pourquoi ? Dérouté, dégoûté également, j’ai lancé ma tasse à travers la pièce. Elle a ricoché sur le mur et s’est brisée au sol avec fracas. Il acheva le tableau révélateur de ce qu’était ma vie : un beau bordel, un fatras d’émotions répandu à terre, que j’enjambai pour retrouver mon lit beaucoup trop vide, mais où demeure encore un rien de son parfum.

***

Si l’on m’avait posé la question, je me serais vanté d’avoir affronté ces sept jours sereinement et sans angoisse. Mais, ce ne serait qu’un leurre pour écarter toute forme de pitié. J’en ressentais pour moi et c’était de loin la plus détestable des sensations. L’après-midi qui suivit son départ, je tentai vainement de récupérer ce qui me manquait en sommeil pour recharger mes batteries, mais elle se vida la nuit même, au Club. Savoir qu’elle déambule dans les couloirs ou qu’elle s’adonne à ses activités sur son territoire n’était pas handicapant pour ma détermination. Ce qui me paraissait outrageusement pénible, c’était d’éviter de la suivre du regard ou de la dévorer d’une œillade appuyée. Avec le temps, c’était devenu un réflexe, un jeu auquel elle participait bien volontiers. Nous nous grisions lorsque nos pupilles se croisaient. Elles brillaient, rieuses et nous pressentions tous deux que ça se terminerait chez elle, dans sa chambre ou dans son salon, en fonction de la force de notre désir. J’aurais dû mesurer l’impact de cette habitude. Maintenant qu’il m’est interdit de la dévisager et de m’attarder à détailler sa silhouette parfaite, c’est aussi douloureux que d’être dans l’expectative. Cette frustration se révéla de plus en plus ardue à maîtriser, mais j’ai tenu bon. Je l’ai saluée, à chaque fois qu’au hasard d’un couloir, nous tombions nez à nez. Porté par ce qu’il y avait du monde autour de nous, j’ai même réussi à plaisanter pour elle. Il n’était pas question de l’ignorer, simplement de m’en tenir à l’écart et de veiller à ne jamais être seul avec elle.

C’est arrivé au terme du quatrième jour et, pour ne pas la dévorer toute crue, je me suis trouvé une occupation somme toute ridicule : changer une ampoule qui fonctionnait en avançant qu’elle grésillait, qu’elle allait bientôt péter et que ça serait terriblement embêtant. Foutaise. Tout le monde s’en tape qu’il manque de la lumière. Les lieux sont glauques par essence. L’éclairage n’est qu’un détail. Mais, qu’aurais-je pu faire de plus ? Discuter de la pluie et du beau temps ? De l’arrivée de l’automne ? De ses activités, de sa santé ou du retour présumé de Mitchell ? Ça ne m’intéressait pas et bluffer, face à elle, est un exercice qu’elle rend plus compliqué qu’à l’accoutumée, d’autant que je dois me plier à l’évidence. Je ne vis pas, je vivote depuis près de 72 heures. Je me rappelle ces étudiants en blocus qui se découvrent de nouvelles passions éphémères pour éteindre l’angoisse de l’échec. Je m’essayai à la guitare sans succès – je ne manque pas de dextérité, mais ma consommation excessive d’alcool fait trop souvent trembler mes mains. Je m’employai à réviser le moteur de mon bateau dans l’espoir qu’il puisse voguer. Je pris des renseignements pour recommencer à plonger puisqu’il n’est rien de plus relaxant que fréquenter les abysses de l’océan. Là-bas, les couleurs sont chatoyantes et la vie y est paisible. J’ai renoué avec les bonbonnes d’oxygène le sixième jour alors que, les précédents, je me suis sociabilisé. J’ai appelé Sarah pour notre divorce, je suis allée jusque chez Gregory pour boire et bouffer des chips devant un match de baseball, j’ai retrouvé la peine de Liv qui s’enfonce de jour en jour sans que je ne puisse l’aider. J’ai rencontré ce gamin qui a essayé de me manipuler et qui s’est confronté à un os difficile à ronger. J’ai été jusqu’à téléphoné à Chad pour l’inviter à manger dans un restaurant qui ne paie pas de mine, mais qui nous aiderait peut-être à mieux communiquer. Je m’étais bercé d’illusions, mais la tentative eut le mérite de me détacher de ce qui me préoccupe. Chaque nuit, quand tombait l’heure de me coucher, j’étais soumis à des insomnies contre lesquelles j’ai lutté à grand renfort de cachetons et d’alcool. C’était efficace. Je ne récupérais pas, mais je n’étais plus hanté par mes hésitations, par les traits de Raelyn, par le souvenir de notre dernière nuit et par cette peur inconsidérée qu’elle n’honore pas notre rendez-vous.

Plus approchait ce jour fatidique, moins j’allais bien. Aussi, m’autorisais-je à prévoir que c’était terminé, que dans le bon droit, elle serait déjà présentée chez moi, avant l’heure, n’y tenant plus. Si mes émotions avaient été réciproques, elle aurait trouvé le temps long elle aussi. Elle n’aurait pas attendu que s’égrainent ces impatientes heures dans le sablier de mon ultimatum. L’hypothèse qu’elle soit venue pour se heurter à une porte close m’a bien effleuré, mais je l’ai chassé rapidement à l’aide de plusieurs verres parce qu’elle m’embarrasse. Elle autorise l’optimisme à gagner du terrain et c’est un véritable supplice et cette septième soirée, j’ai eu honte de moi, de ma faiblesse, de ma sensiblerie. J’ai honte d’avoir succombé à ce qui n’aurait dû être qu’une tocade. Je m’en veux de m’être surestimé au point d’oublier de me protéger. Je m’en veux et je me fatigue à tourner en rond, à piaffer, à l’attendre, à la maudire, à espérer tout de même qu’elle cognera le bois de ma porte. Je dois agir. Je faire quelque chose d’utile pour ne pas sombrer dans la folie. Mais quoi ? Attraper mon blouson et aller me balader sur la grève ? Et si elle se pointait finalement ? Et si mon absence sous-entendait que j’avais moi-même renoncé ? Que je me suis joué d’elle ? Dois-je attendre minuit ? Minuit pile ? Quelle heure est-il ? Tôt. Beaucoup trop tôt. Il faut que je dorme, que j’oublie que c’est pathétique de tuer mon impatience de cette manière, que c’est la preuve de la vacuité de mon existence ? Je suis mort avec Sofia. Elle a troqué mes passions contre de l’aversion, de la culpabilité et le néant. Est-ce par leur faute que je m’attache tant à Raelyn ? Non ! Bien sûr que non ! Pourtant, d’ici quelques heures, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour modifier la réponse au profit d’un oui. Quelques heures. Bientôt, je serai libéré, songeais-je en m’allongeant dans mon sofa, fumant cigarette sur cigarette, me désaltérant de Whisky avec parcimonie afin de ne pas m’assommer puisque, après tout, on ne sait jamais, pas vrai ?

J’aurais adoré m’assoupir, mais j’en fus incapable. Je n’ai même somnolé. J’ai au contraire testé la relativité du temps qui passe. Il s’est étiré et je me fis réflexion que j’aurais voulu qu’il soit aussi alangui lorsqu’elle était avec moi, elle qui vraisemblablement ne brûle pas de me retrouver. Une demi-heure avant la fin du délai, j’ai versé dans le défaitisme rassurant. J’ai entamé mon travail de sape sans grande efficacité, mais qui finira par porter ses fruits. J’étais en train de lister toutes ces fois où elle s’est montrée égoïste quand mon cœur, d’avoir reconnu le bruit significatif d’un coup sur du bois, a raté un battement. Et si ce n’était pas elle ? S’il s’agissait d’un visiteur inopportun ? Quelqu’un qui ignore tout ce qui m’agite ? Est-ce bien malin de prendre la peau de l’ours sans l’avoir tué et avant de m’emballer et de sourire bêtement ? Est-ce bien raisonnable de m’exposer à une violente déception ? Je dois aller ouvrir, mais d'abord, respirer profondément au minimum trois fois. Je ne dois pas hésiter trop longtemps non plus. Dans l’éventualité où le destin m’apporte une bonne nouvelle, il ne faudrait pas qu’elle m’imagine indécis ou absent. Il ne convenait pas non plus qu’elle se décourage. Alors, j’ai bondi de mon fauteuil. Dans cette hâte retrouvée, je me suis cogné à la table basse, j’ai pesté, mais j’ai ouvert la porte en grand sur ce minois habituellement taquin qui semble transi d’inquiétude.

Dieu que je la comprends. Je n’en menais pas large moi non plus. Sauf qu’à présent, je me sens poussé des ailes. Je marche dix centimètres au-dessus du sol. Mon sourire me trahit autant que mes mains qui ceignent sa taille. Je l’ai tirée vers moi et sans vergogne ni ambages, je l’ai embrassée. J’ai tenté d’être doux, mais les doutes ont rendu son absence intolérable. Elle m’a désaxé, si bien que ce baiser résonne comme un soupir de soulagement. J’y abandonne mon désespoir et, claquant la porte de mon pied, refusant de la lâcher, j’ai respecté ma promesse : ne pas nous encombrer d’une discussion qui manquerait d’intérêt. Je n’envisage pas de ce qu’elle se serait déplacé pour verser dans la politesse injurieuse quand son but serait de se dérober. Les clauses de cet arrangement étaient précises. Aussi, l’ai-je conduite jusqu’à la chambre. Chaque pas la détroussait d’un vêtement : sa veste, sa robe, ses chaussures qu’elle délaissa seule. Je flatte son corps qui se dévoile, je souffle dans son cou, j’en mordille sa peau fine. Mes mains possèdent, pressent, témoignent que j’étais perclus d’impatience, mais je m’en fous. Elle est à moi désormais. Rien qu’à moi. Je m’enorgueillirai sans trembler quand les hommes poseront sur elle un regard envieux, mais je ne serai plus obligé de la partager, de souffrir à l’idée que d’autres bras que les miens ne la serrent. Dans l’aventure, je l’aide à me défaire de mon t-shirt et je me réchauffe de sa peau contre la mienne. Je crois que, sans réellement m’en rendre compte, je murmurai son oreille, après avoir mordillé son lobe : « Tu m’as manqué. » Ce qui aurait pu être idiot si son attitude ne prétendait pas la réciprocité de cette émotion. Sa respiration se hache. La mienne est irrégulière. Sa poitrine se soulève. Je suis à l’étroit dans ce qu’il me reste de mes vêtements. J’ai envie d’elle, tout simplement. En la renversant sur mon lit, je me dis qu’elle avait le droit de décider, elle aussi, si elle préfère la fougue ou la douceur.  Sauf que je suis incapable de raisonner. Je suis juste bon à succomber.


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Amos Taylor

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Rechercher dans: pause café   Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 EmptySujet: ≈ les perles du RP    Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 EmptyJeu 27 Fév 2020 - 0:12
Citation :
lorsque eux aussi (on en apprend beaucoup sur l'amour, ici) réconcilient leur dispute autour d'un rapprochement physique, qu'ils nous décrivent de façon poétique et, d'après les commentaires de CB, "efficace", dans leur Amelyn #8


@Lola Wright Oh merci ma puce.Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 674657830 Tu es tellement adorable.Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 3258319053 Mais, c'est quoi ce com en CB?Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 2598156303 Je veux tout savoir. Balance. Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 4251317097
Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 YV4dgvCSujet: (Amelyn #8) ► WHY DO YOU HAVE TO BE SO HARD TO LOVE ?
Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 EmptySujet: (Amelyn #8) ► WHY DO YOU HAVE TO BE SO HARD TO LOVE ?    Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 EmptyMer 26 Fév 2020 - 23:22



WHY DO YOU HAVE TO BE SO HARD TO LOVE ?
J’aurais pu prétendre que je l’ai blessée par sa faute, à cause de ses choix. Je pourrais ajouter que nul ne lui a demandé d’intervenir et, pis encore, qu’elle l’avait provoquée cette bagarre. Je la tiens entre mes doigts. La carte de la mauvaise foi, je l’ai toujours dans la main. Elle n’aurait jamais tinté comme une clochette de vérité que ce soir d’ailleurs. Mais, à quoi bon cacher que je me suis inquiété ? Elle s’en doutait. Elle avait manigancé pour nourrir ma culpabilité. Sans tombe dans la psychologie de comptoir, je supposais que cette mascarade contribuait à vérifier si je me fichais bel et bien de l’avoir trouvée au lit avec un autre. A mon sens, c’était la preuve qu’il lui demeurait un espoir, qu’elle alimentait en son sein une once d’affection également. Certes, je n’accorde à cette hypothèse que peu de crédit. Je ne suis pas doué pour les relations humaines. Mon couple, presque aussi vieux que Mathusalem, c’est Sarah qui le portait à bout de bras. Je veille à écarter de mon chemin toute insouciance adolescence, celle qui mène au renoncement, à l’absence d’amour-propre. Sauf qu’elle n’est pas folle ou dénuée d’intérêt. Elle me réconforte d’ailleurs. Alors, je me penche sur cette impression comme on ramasse des coquillages sur une place sous prétexte qu’ils sont plus jolis que tous les autres. Je l’évalue et je m’y fie assez pour ne souffrir de lui pardonner son écart si vite. Aurions-nous nommé au préalable notre relation que j’aurais cédé moins facilement à cette tentation de la posséder au milieu de ma cuisine. Les faits sont là cependant. Je ne peux pas effacer l’ardoise jusqu’à la rendre net. Il persistera toujours un peu de poussières de craie sur le tableau. Mais j’en prends mon parti et je l’enlace au milieu du bateau et dans mon lit. Je la serre dans mes bras et je renoue avec la douceur. Je la cajole, je l’étreins et je la câline sans arrière-pensée. Je colmate le trou béant que son absence à creuser dans mon être tant que je le peux encore. Ce n’est qu’une rustine, mais elle sera efficace au moins jusqu’à demain, jusqu’à ce que sonne l’heure de son départ, jusqu’à ce que la solitude me provoque d’un sourire narquois. Je m’endors, avant elle, sans imaginer un seul instant qu’elle est inquiète. Si je n’avais pas dépensé autant d’énergie à m’ancrer au présent, je l’aurais été moi aussi. Gagné par l’angoisse, je n’aurais pas fermé l’œil et sa respiration calme et profonde n’y aurait rien changé cette fois. Je l’aurais sans doute abandonnée le temps d’un verre ou deux et de quelques cigarettes. J’aurais peut-être avalé un somnifère pour triompher de l’insomnie. Qui sait ?

Je saisis l’ampleur de son tracas à cause de cette position qui me rappelle celle de Sofia. Lorsqu’un cauchemar l’avait réveillée en sursaut, elle se blottissait contre moi, la figure forte de la maison, les bras repliés et les genoux repliés contre sa poitrine. Sa peau, contre la mien, agit comme un conducteur électrique. Mon estomac est remonté dans ma gorge dès lorsqu’elle ouvrit la bouche pour formuler une question, la question, une des rares que je sublimerai d’indifférence. L’ignorance lui va mieux que les aveux de faiblesse. Je m’étais bien trop exposé durant ses trois jours. Je tentai d’éluder aussi savamment que possible, mais sa sur mon torse, le poids de son regard sur mes traits, sous-entend qu’elle ne lâchera pas l’affaire. Elle tient à ce que mon authenticité enlumine de plus belles couleurs son anxiété, mais je n’en ai pas envie, non pour l’embêter, mais pour nous protéger des conséquences d’une telle confession. Je me connais trop que pour prendre le risque de nous abîmer à me foutre en l’air, quand elle ne sera qu’à moi – si tant est qu’elle en éprouve le désir – d’ignorer si je lui ai forcé la main ou si elle m’embrasse de son plein gré. Alors, j’ouvre les yeux et, puisque dédramatisé ne mène à rien, je m’arrange pour la braquer par la rhétorique. Je n’attends pas d’elle qu’elle me rende des comptes sur ses habitudes. Ce soir où, envahit par une avidité dépassant toute mesure, je savais où je mettais les pieds. Ces frasques sont le sujet préféré des gazettes du Club. Les seules réponses qui m’intéressent se résument à : est-il revenu, ont-il raillé ma détresse palpable, la perte de mon sang-froid, si elle prévoit de le revoir, lui ou un autre, ou si au contraire, elle songe à saisir ma main tendue. Le reste, c’est du vent. C’est un subterfuge pour qu’elle ne brûle pas nos ailes et ne jette pas aux orties notre complicité en convalescence et ça fonctionne. Je n’en suis pas fier. Je ne suis pas non plus satisfait de ses révélations et qu’elle finisse par s’éloigner, dénouant nos jambes et s’isolant sur son oreille. Dans son dos, j’esquisse une grimace proche du sourire, car dans ma tête se dessinent l’ébauche d’un corps à corps passionné et licencieux. Contrariée d’avoir été renvoyée dans ses buts, elle cherchera forcément à prendre le dessus. J’en suis grisé d’avance, si bien que je mésestime ses protestations. Je lui murmure quelques mots à l’oreille, de ceux qu’on ne peut répéter à voix haute à l’écoute d’oreilles non averties et non concernées. Mes mains, elles se fraient un chemin de son cou, à sa poitrine, jusqu’à son intimité. Sa ténacité rivalise avec la mienne, mais je remporte la partie. Son corps sinue, elle lâche prise et prend le pouvoir pour mon plus grand plaisir. J’adore la voir onduler comme un serpent, se pencher sur moi, s’accrocher à mes flancs pour ne pas perdre l’équilibre. J’adore parce que dans cette position, elle est offerte à mon regard et à mes doigts qui vagabondent au gré de ses désirs, de ses soupires, de ce plaisir partagé.


❈❈❈❈

Je n’ai jamais été un gars du matin. Le brouillard dense autour de mon cerveau ne se dissipe qu’après une bonne douche et au minimum deux tasses de café. Pourtant, à chaque fois que je me réveillai avec Raelyn au creux de mes bras, je me fis la réflexion qu’une caresse sur ma joue détournait la rumeur de mes vieilles habitudes. J’étais dès lors plus souriant, moins morose et renfrogné, mais pas aujourd’hui. Je suis bougon, troublé, incommodé, non pas par sa présence – elle m’est nécessaire – mais parce qu’il est déjà tard et que tout va s’arrêter. Elle va partir, retrouver sa vie. Elle va ramasser ses affaires abandonnées sur mon plan de travail, je vais l’embrasser pour lui dire au revoir et je resterai là, comme un con, au milieu de tout ce bordel, à me demander si elle foulera à nouveau le parquet du catamaran. Ça m’oppresse. Ça m’empêche de m’attarder sous la couette puisque la seule solution, pour me protéger de ses doutes, c’est de crever l’abcès, de poser mes conditions, de les soumettre à son bon vouloir sous forme d’un ultimatum. Sauf que j’ai peur d’être brutal et de la faire fuir. Je crains de manquer de délicatesse et de souffler dans son dos un vent de panique. Encombré par mes tergiversations, je sors de mon lit, enfile mon caleçon à la hâte et je m’enfuis dans ma cuisine. Certes, je déposai sur son front un baiser, mais je suis trop agité pour la rassurer. Je prépare du café. Je marche sur un morceau de porcelaine. Ça fait mal et je peste en nom d’oiseaux entre mes dents. Lorsqu’elle m’a rejoint, je glissai dans sa direction une tasse de café, j’attrapé la mienne et je piochai une cigarette dans mon paquet. Et si elle s’envolait ? Et si elle me riait au nez ? Et si, maintenant que l’émotion générée par notre dispute n’est plus qu’un mauvais souvenir, elle levait les yeux au ciel, tapotait l’épaule et me chuchotait de sa malice patentée : « Mais, avec quoi tu viens ? Regarde-moi, j’ai une tête à avoir envie d’exclusivité ? Avec toi, qui plus est ? Tu es si drôle, Amos. Tu frôles le ridicule. » Non ! Elle serait plus délicate. Au contraire, à terre ne s’éparpilleraient pas les débris de mon cendrier. Mais, dans ce cas, pourquoi ne grimpe-t-elle pas sur mon plan de travail ? Est-ce parce que j’ai l’air revêche et commode ? J’ai envie de lui hurler : mais qu’est-ce que tu fous ? Fais comme chez toi, fais comme si rien n’avait changé, que je puisse m’accrocher fermement à ses indices. Au lieu de ça, elle revient sur la conversation de la veille et elle me désarçonne. Je n’étais pas préparé. J’irais même jusqu’à prétendre sans honte qu’au vu de ma mauvaise composition de ce matin, elle était franchement audacieuse, Raelyn.

Faut-il que je l’apprécie à ce point pour que, ma tasse en suspension près de mes lèvres, je tourne vers elle des yeux tantôt intéressé tantôt interloqué. « Avec quoi tu viens ? » Entre mes doigts, ma cigarette se consume. Elle densifie la brume dans mon crâne. « Je n’ai rien insinué du tout. » grognais-je sans pour autant être vexé. « Si c’est la vertu que je cherchais, j’aurais été la chercher au berceau. » Un peu comme elle avec Tobias, bien que j’exagère, faute à la jalousie. « Je ne ferai pas marche arrière parce que tu as eu des amants. » Son tableau de chasse est certainement plus fourni que le mien, mais malgré modèle archaïque de mon éducation, je ne m’en sens pas attaqué dans ma virilité. Je m’en tape, véritablement. Je ne lui joue pas une sérénade au violon. Je lui mens rarement et je n’ai pas la douceur requise, quand je suis grincheux à ce point, pour lui raconter des histoires. «Je ferai marche-arrière s’il y en a un prochain. » Un après moi évidemment. Je n’aurais pu être plus éloquent. Pourtant, décidant d’avaler une gorgée de mon café chaud et tirant sur mon mégot, je surenchéris. « Faire machine arrière, c’est marrant comme expression alors je suis pas certain que tu saches où tu vas et ou tu veux aller. » Je la soupçonnais s’être à peine projetée sur un avenir à terme moins court que demain et si je déteste le rôle que j’endosse, je me dois de m’y coller. Je suis obligé de la forcer à l’introspection parce que je n’ai pas envie de l’attendre ad vitam aeternam. A ce stade, ça passe ou ça casse. Et je me lance : « Je suis en train de te tendre la main, Rae. Soit tu la prends, soit tu t’en vas seule. Quoi que tu décides, ça sera bon pour moi. » Mensonge quand je prévoyais, il y a trois jours, de dénombrer toutes les raisons pour lesquelles nous formerions une association réussie. Tout ce que j’aurais pu honnêtement avancer, c’est que je ne lui en aurais pas voulu. « Mais je veux que tu sois certaine de ton choix. Si tu te lances, c’est toi qui ne dois pas faire machine-arrière. » Moi, elle échauda mon cœur, mais cette nuit atteste malheureusement que je suis incapable de me passer d’elle. « Je te parle pas de couple. Je te parle d’exclusivité. Et comme personne ne peut prendre une décision comme ça sur le vif. » En général, personne ne mène ce genre de discussion. Les choses se mettent en place naturellement, mais elle n’est pas tout le monde, ma maîtresse. « Voilà ce qu’on va faire. Je vais te laisser rentrer chez toi pour que tu puisses réfléchir à tout ça sans m’avoir dans ton dos. Et, dans sept jours, si je peux te faire confiance, je t’attendrai, chez moi, tout seul évidemment. » Je lui adressai un clin d’œil, histoire d’alléger l’atmosphère. « Tu viens ou pas, en fonction de ce que tu veux. On aura pas besoin d’en discuter. » Et, si d’aventures, bien avant cette date fatidique, ses pieds la guident jusqu’à moi, je ne lui en tiendrai pas rigueur, mais est-ce bien utile de le préciser ?  


Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 YV4dgvCSujet: (Amelyn #8) ► WHY DO YOU HAVE TO BE SO HARD TO LOVE ?
Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 EmptySujet: (Amelyn #8) ► WHY DO YOU HAVE TO BE SO HARD TO LOVE ?    Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 8 EmptyMer 26 Fév 2020 - 18:27



WHY DO YOU HAVE TO BE SO HARD TO LOVE ?
Elle n’a pas caché sa détresse et sa fragilité. Elle s’est énervée, a haussé le ton et a cherché à me blesser. Elle n’a pas essayé d’éteindre la flamme de son désir en feignant d’être offusquée par ma rudesse. Au contraire, elle plia sous ma volonté, profita de mon appétit d’elle et puisa dans l’étreinte autant de plaisir que moi. Ne serais-je pas sournois si j’exigeais d’elle qu’elle s’épanche plus encore ? Aurait-elle accepté de répondre, tout de go et par la positive, à mon ultimatum que je ne l’aurais pas crue. Et si, d’aventures, elle avait bafouillé, hésité, le regard fuyant, en réclamant du temps pour y réfléchir, je m’en serais vexé. Je préférais donc qu’elle ne s’avance pas sur ce terrain. Personne ne peut prendre une décision importante sous le joug de l’émotion. Raelyn, moi, nous, nous méritions que cette fin de soirée soit psychologiquement moins éprouvante. Nous avions besoin - du moins, je présume - de mettre nos problèmes entre parenthèses, au moins pour le reste de la nuit, puisque ni elle ni moi, n’avions envie d’en finir après notre dernier batifolage. Son hochement de tête le confirma et, plutôt que de l’abreuver de mots qui, pour elle, n’auront jamais autant de poids que les gestes, je l’habillai de mon T-shirt et je lui adressai un sourire. Il était faible, mais sincère. J’étais soulagé et reconnaissant. Bien entendu, je n’ai rien oublié du mal causé par son égoïsme. Je suis conscient qu’elle représente une menace pour mon cœur et que m’obstinerbà ignorer les appels au secours de ce dernier est inconséquent. Pourtant, je la serre contre moi, prudemment, raisonnablement.

Comme elle, je respire les restes de son parfum dans son cou, mais je ne me grise pas. Je ne me laisse pas entêter sous prétexte qu’elle m’a terriblement manqué. Je romps avec cette routine pour discipliner mon regain d’optimisme. Son geste est simple et appréciable. J’aime quand elle s'abandonne à sous-entendre que mon absence lui a été pénible ou que l’odeur de ma peau lui est si familière qu’elle la rassure. Je déteste qu’elle induise en moi un espoir, un bon pressentiment dont je me méfie instantanément. La dernière fois que je prêtai l’oreille à mon instinct, je me suis donné en spectacle sur un trottoir en frappant sur un type de plus dix ans mon cadet, un gosse qui n’aurait jamais dû m’atteindre si je n’avais pas visé la possibilité d’une île. Je ne peux pas embarquer dans un canoë troué qui prend l’eau une seconde fois. Alors, je laisse venir. Je resserre mes bras un peu plus fort et j’exprime mon remords en phrases sibyllines. M’intéresser à son hématome, c’est révéler que ça m’a tracassé de l’avoir bousculée. C’est admettre que, debout sur un morceau de macadam, je m’en suis voulu pour ce coup de coude involontaire. J’ai redouté qu’elle me déteste à jamais ce qui, dans l’absolu, était profondément stupide. Je venais d’interrompre ce méfait que j’ai vécu comme une véritable trahison, j’aurais dû m’en satisfaire si l’on tient compte de ce que j’avais découvert. J’aurais dû être heureux qu’elle m’en tienne rigueur. Sauf que je me suis tracassé et qu’au Club, le lendemain de ce qui ressemblait à une altercation amoureuse, mon cœur s’est brisé devant l’étendue du dommage, exactement comme elle l’envisageait si j’en crois ses affirmations insolentes. C’était le retour de nos jeux favoris. On tâtonne évidemment. On ne s’y jette pas à corps perdu, on se garde d’une maladresse qui nous rappellerait notre dernière dispute, mais il existe encore. « C’était réussi. J’ai une pommade dans la salle de bain. C’est sûrement trop tard, mais je m’en voudrai moins comme ça. » Trop tard et inutile, mais je me serai occupé d’elle, un peu, et j’aurai moins l’impression d’être un lâche. J’ai conclu par un clin d’œil et la vie a repris son cours. On a mangé, on a bu, moins que d’habitude en ce qui me concerne. Avant d'investir la chambre, j’ai fait pénétrer un peu d’onguent sur son ecchymose et, une fois sous les draps, tranquillisé par nos pudiques caresses et nos doux baisers qui fleuraient bon la réconciliation, je me suis endormi.

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Elle gigote à mes côtés et le sommeil plus léger, je m’éveille difficilement. En lui demandant l’heure, j’ai redouté qu’elle m’annonce qu’il était tard, beaucoup trop, et qu’elle avait à faire ailleurs. À peine rassuré pour la suite, je crois qu’en mon for intérieur, je l’ai invitée à se rapprocher pour la retenir et non par habitude. Il reste encore trop de non-dits pour que j’appréhende un départ en toute quiétude et avec désinvolture. Plus tôt, je m’accordai le droit de taire mes interrogations et d’éteindre mes doutes. Nous avions subi trop d’émotions sur un laps de temps trop court. L’ambiance s’est allégée rapidement finalement, mais il aurait suffi d’un rien pour relancer la querelle tant elle fut violente. De mémoire d’homme, je n’avais pas souvenir d’avoir été ivre de rage à ce point avec Sarah. Sans doute parce qu’elle est douée d’une empathie hors norme. Au premier haussement de ton, elle avançait qu’elle comprenait et me désamorçait. Raelyn ne se chauffe pas de ce bois. Si elle ne s’indiffère pas, elle est excessive et se laisse régir par la peur. Il lui en restait encore un peu d’ailleurs. Si elle noue ses jambes aux miennes, ses mains s’interposent entre nos deux corps engourdis par l'épuisement. En position fœtale, je devine plus que je ne ressens son malaise et, d’instinct, je fus tenté de lui demander si tout allait bien. Je préférais la version moins directe, celle qui suppose qu’elle n’est pas fatiguée ou qu’elle a simplement besoin d’un partenaire le temps d’un tango sulfureux. Je ne connais rien de plus relaxant que le sexe consenti. Alors, évidemment, l’idée me plaît, quoique je dorme encore à moitié et que retrouver la pleine possession de mes moyens réclamera quelques minutes supplémentaires de tendresse. Quelle déception ! Ce qu’elle veut, Rae, c’est discuter et je me dis qu’elle n’aurait pu choisir plus mauvais moment.

Je ne suis pas disposé à m’entretenir avec elle sur mes intentions de cette nuit désastreuse. Le train était en gare et elle a sciemment décidé de le regarder partir sans y grimper. Elle sait l’essentiel aujourd’hui et il n’est plus envisageable – ni envisagé – que j’enrobe mon précédent ultimatum de papier cadeau. Je l’avais choisi dans l’espoir de la convaincre, de l'influencer puisqu’elle ne pouvait nier qu’il se passait quelque chose entre nous, qu’elle n’avait pas rêvé, que si elle se laissait aller à fermer les yeux et à penser à moi, ça s’imposerait comme une évidence. À présent, il n’est plus question que je formule un argument parce que j’avais confiance en nous et qu’elle a tout gâché. Elle sera là si elle le souhaite, mais je n'y serai pour rien. Certes, je ne défie pas de la femme en elle-même. Je pense qu’elle est plus lumineuse qu’elle ne se l’imagine elle-même. Je me garde surtout de moi et de mon penchant pour elle. Je me méfie de la susceptibilité qu'elle génère et que je ne suis pas en mesure de contrôler. Si je lui révélais, maintenant, tout ce qu’elle brûle de savoir et qui, visiblement, écarte Morphée, comment ne pas remettre en question son choix pour l’avenir ? Comment ne pas m’imaginer que je lui ai forcé la main parce que je suis têtu ? Comment m’empêcher de croire qu’elle s’est offerte parce qu’elle avait peur, non pas de me perdre, mais d’être déboutée par son ego ? Quitte à vivre une rupture, autant en être à l’origine, c’est bien connu. Aussi, ai-je accroché son regard, en silence, avant d’embrasser son front et de clore les paupières.

Elle, mécontentée par mon comportement, m’a légèrement secoué. Elle n’a pas répété le propos. Je l’avais parfaitement entendu et mes yeux agrandis quand les mots ont quitté sa bouche le lui avaient confirmé. Pourtant, je me borne à l’ignorer, bien que j’ajoute : « Ce n’est pas si important. N’y pense plus. » Sauf qu’on n’attrape pas des mouches avec du vinaigre. Elle insista, je soupirai, mais j’étais résolument opposé à toute confession qui m’empêcherait de recoller les brisures de ma vanité. « Il est remonté avec toi ? » lançais-je à la nuit. C’est une pirouette évidemment. Dans le fond, la réponse m’effraie, mais tant pis. « Tu as désinfecté son visage et ses poings ? » L’as-tu embrassé ? Lui as-tu demandé pardon d’avoir été interrompu ? « Vous avez remis le couvert ? » Y as-tu pris du plaisir ? As-tu jubilé que ses fourberies m’aient fait perdre l’avantage ? « Tu l’as vu souvent sur ce dernier mois ? » Lui arrive-t-il encore de passer ? « Ils sont combien à se disputer la place ? » Celle à ta droite, ce qui, dit comme ça, me réduisait au rôle du prétendant de plus. Une sourde frustration battit mon cœur d’y avoir songé. « Vous vous voyez depuis combien de temps ? » Pourquoi, lui, tu ne t’en lasses pas ? Pourquoi tu ne le brises pas ? « Maintenant que tu as trouvé personne chez moi, il va se passer quoi quand tu vas partir ? Tu vas l’appeler ? Lui ou un autre ? » L’hypothèse m’a rendu dingue, mais je n’ai plus rien à ajouter. Tous ces murmures deviennent oppressants. Ils le sont d’autant plus je n’obtiendrai certainement pas ce que j’attendais. Je prends aussitôt conscience que la blessure est si profonde qu’elle n’est pas refermée. Je n’ai pas pardonné. Pas encore. C’est trop tôt. J’ai déposé un pansement, mais ce n’est pas guérit pas pour autant. « Rien de ce que je n’allais te dire n’est aussi important que ce que, toi, tu pourrais dire. » soufflais-je plus crispé que je ne l’aurais espéré. « Des questions, j’en ai des tas moi aussi, mais elles ne doivent pas toutes être posées. Certaines sont faites pour devenir des mystères. C’est comme ça. » Et la sienne en faisait partie dorénavant. « Qu’aurais-tu voulu que je te dise ? Tu y as réfléchi ? » Quand tu t’es sentie fragile devant la fertilité de ton imagination ?







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