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Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 YV4dgvCSujet: ≈ les perles du RP
Invité

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Rechercher dans: pause café   Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 EmptySujet: ≈ les perles du RP    Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 EmptyMer 26 Fév 2020 - 0:19
rotten bananas ©
édition {#}4{/#}

Vous connaissez mon âme romantique, éternellement à la recherche de l'amour, de l'idéal, de l'autre. Je vais m'arrêter là avant que vos yeux se ferment ou se lèvent au ciel. Ce qu'il faut reconnaître à la communauté 30Y, c'est que ça ne joue pas la comédie romantique à l'eau de rose, où on arrête les emmerdes quand les deux personnages se mettent ensemble. Ce n'est pas "et ils furent heureux et eurent un million de bébés" (quoiqu'avec la natalité actuelle du forum, il y a de quoi se demander, je vous l'accorde, mais regardez-y de près et vous verrez que les arbres généaologiques sont d'une complexité redoutable, presque autant que suivre un RP qui se passe à l'hôpital tellement il y a de personnages qui s'agrègent). Le thème de cette édition est donc : les disputes de couple.

Nous avons d'abord une incontournable archive, notamment pour la quote qui sera la phrase culte de cette édition : "Sois ma sirène, Charlie." Une fois qu'on a dit ça, on a tout dit. {@=3925}Timothy Decastel{/@} et {@=3829}Charlie Villanelle{/@} font partie des ships iconiques du forum, donc je vous redirige vers le Timlie {#}7{/#}, Lemonade, {@=4202}Murphy Rowe{/@} arrête {@=2136}Jordan Fisher{/@} quand il va trop loin, et il s'excuse immédiatement et sincèrement, et après deux années de {#}metoo{/#}, les amis, ça fait du bien. C'est beau, c'est honnête, c'est franc du collier, et ça peut être ça, aussi, les débuts de l'amour.

Moralité : si {@=2058}Ginny McGrath{/@} et {@=3929}Auden Williams{/@} ne reviennent pas de Londres en tant que couple officiel, je propose que le forum entier se mette en grève.

Du love à tous.
Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 YV4dgvCSujet: (Amelyn #8) ► WHY DO YOU HAVE TO BE SO HARD TO LOVE ?
Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 EmptySujet: (Amelyn #8) ► WHY DO YOU HAVE TO BE SO HARD TO LOVE ?    Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 EmptyMar 25 Fév 2020 - 21:24



WHY DO YOU HAVE TO BE SO HARD TO LOVE ?
Sa dernière menace aurait mérité que je roule des yeux avec mépris, mais je m’en suis abstenue. J’en avais assez dit et assez fait, d’autant que j’ajoutai au tableau peu flatteur de sa personnalité celui de la forcenée. Un cendrier de verre, c’est lourd et, par conséquent, dangereux. La comparer à une folle fut sans doute la brimade la plus objectif du moment et, probablement, celle que je pensais le moins. Les autres m’avaient été dictées par ma colère et ma douleur. En soulevant en elle ses émotions réciproques, je m’étais attiré ses foudres, si bien que je n’eus d’autres choix, pour me – nous – protéger, d’encombrer son corps du mien. Je ne sais pas ce que j’espérais en la coinçant contre le meuble, mais cette position somme toute dégradante pour toute femme indépendante m’offrait le répit nécessaire pour réfléchir cette inattendue situation. A aucun moment, durant ces derniers jours, je n’envisageai qu’elle se pointerait jusqu’à chez moi pour provoquer une querelle. Je ne m’illusionnai pas non plus du doux fantasme que j’avais réellement compté et qu’elle irait à l’encontre de sa fierté pour amorcer une conversation. Qu’en aurions-nous tiré de toute façon ? De la rage ? De la frustration ou de peine ? Un accord mutuel et cordial qui signerait la fin de notre relation charnelle au profit d’un autre enluminée de courtoisie ? Je me serais braqué aux premiers mots et je m’en serais défendu en brandissant mon bouclier d’indifférence et de silence, qu’elle ne devine pas qu’à mes yeux, rien n’aurait changé. J’aurais continué à la chercher du regard, à la désirer, à l’envisager mienne le temps de quelques ébats. Je me serais administré des gifles mentales pour me défaire de ces mauvaises habitudes. Or, ce soir, alors qu’elle m’impose un baiser que je n’aurais pu prévoir et auquel je prends part, je prends la dimension de mon addiction. Je l’ai aussitôt désirée, ardemment, vivement. Ma convoitise est incoercible et j’ai cédé à cette fière qui s’est emparée de tout mon être. Je ne pense plus qu’elle. Je ne réfléchis plus qu’à ses courbes, à ses lèvres et à sa poitrine arrondie. Elles m’obsèdent tellement que je me prends les pieds dans le tapis de ma libido. Je lui cède tout ce qu’il me reste en volonté de lui faire la guerre. J’agite le drapeau blanc parce que mon cœur braille trop fort devant sa détresse, sa détermination à être entendue, à ce que je la croie également. Incapable de rester de marbre face à son authenticité. Alors, je lui fais l’amour sans sommation. Je ramasse en quelques brusques coups de reins fougueux et passionnés les fruits du besoin et du plaisir. Il ne me gagne pas peu à peu. Il n’afflue pas lentement, mais sûrement, parce que je prends le temps de faire durer l’instant. Il est tapageur, comme mes gestes sont impatients. Au moins l’échange, aussi peut tendre soit-il, a-t-il l’avantage de détendre mes nerfs.

Ma colère relâche en tension, mais je ne me sens pas moins rassuré maintenant que s’achève cette étreinte improvisée. J’ignore s’il convient de rire, de l’embrasser à nouveau, de la couvrir de baisers ou de m’excuser ? Je l’effeuille parce que ma peau réclame la sienne. En quête d’une solution, je renoue avec ce contact si apaisant que je soupire de soulagement et d’effroi également. Je ne crains pas qu’elle m’en veuille. Nos retrouvailles ne se colorent pas systématiquement de tendresse. Parfois, l’avidité tient les rênes si fermement que la posséder sans préavis est impérieux. Ça arrivait à chaque fois que je l’avais sous les yeux et qu’il m’était interdit de la toucher ou de l’effleurer pour ne pas nous exposer sous les feux du projecteur de la rumeur. Et pourtant, je suis hanté par l’hypothèse que cette rudesse n’a pas écrit le bon message. Ce genre de coït empressé suggère l’au revoir ou l’adieu. Sauf que mon cœur l’exclut, cette possibilité. Je me dis que si je me montre honnête et sincère, elle le comprendra. Peut-être qu’elle me prendra dans ses bras et qu’elle me chuchotera à l’oreille qu’elle veut rester, à mes côtés, jusqu’à ce que la routine nous use, jusqu’à ce que la peur nous condamne à une rupture consentie par les deux parties. Je n’attends pas qu’elle se lie à moi. Je n’aspire pas non plus à former avec elle un couple heureux qui nargue les délaissés de Cupidon en épinglant leur bonheur aux valves du Club ou du monde entier. Je ne parle pas d’amour ou de désamour, mais de jalousie et de possessivité. Et, si c’est malsain, mon front contre le siens, je l’implore de ne plus recommencer, de ne plus courir vers d’autres bras alors que je suis là, en pleine révolution, loyale et acquis. Bien sûr, je sous-entends. Je ne confesse rien d’aussi éloquent. Je n’ai pas les mots ni l’abnégation utile à ce genre de déclaration. J’en manque tant que je m’éloigne pour ne prendre aucun risque puisqu’il est évident qu’elle pousse à trahir mon orgueil. Je me recule dans le but de me servir un verre ou plus pour m’empêcher de trop en dire. Je ne supporterais pas qu’elle me rie au visage, qu’elle me moque en me rappelant que le non-dit était clair comme de l’eau roche. Que j’étais d’accord pour éviter toutes accroches. Je le suis peut-être encore, mais le doute subsiste. Je ne suis plus certain de rien. Alors, je me tais. Je la détaille. Je dévisage sa fragilité alors qu’elle ne porte plus, sur elle, que son soutien-gorge. Je suis comme pétrifié lorsqu’elle ramasse sa robe et sa petite culotte. J’imagine qu’elle va partir, que c’est ce qu’elle souhaite quand moi, je suis à bout de force et d’idées pour la retenir. Quant à cette question, elle me paralyse. Que dois-je répondre ? La vérité ou la sienne, celle que je lui impute de peur d’être effronté. Je n’exagère pas ou à peine. Demander à un toxicomane si, après un fixe inespéré et gagné sans effort, il ambitionne de revivre les premiers jours de son sevrage. Il hurlera : non. Cent fois non !

Je ne saurais dire combien de secondes je demeurai debout, silencieux, à l’observer en chien de faïence, mais elles semblèrent aussi longues qu’une éternité. Le temps s’étire dès lors que l’émotion nous prend à la gorge. « Tu veux partir ? » répliquais-je les yeux presque exorbités. C’était idiot comme question. Mais l’aveu, celui qui la supplierait de m’enlacer, de passer la nuit avec moi, de m’autoriser à m’endormir le cœur léger et tranquille, il me reste en travers de la gorge. Il m’étouffe. Alors, je l’ai retrouvée. J’ai parcouru la dizaine de pas qui nous séparait, je me suis baissé pour récupérer mon T-shirt qui traînait toujours au sol et, récupérant ses frusques d’entre ses mains pour les déposer sur son plan de travail, j’ai écarté sur l’encolure de mon habit pour le lui enfiler. Elle m’y aida et je lui ai souris, faiblement et sans joie. Ce geste, il est plus évocateur qu’une longue phrase et, malgré tout, j’en ajoutai une, très courte, parce que j’ai faim, que je suis éreinté, que l’appel du whisky me crispe, bride mon débit de paroles et que celui de la nicotine me tend. « Tout ce que je te demande, c’est de faire des choix, Rae. Mais pas tout de suite. » A moins qu’elle y ait déjà réfléchi. Ce serait une agréable surprise, si elle me déclarait, spontanée et résolue, qu’elle est prête à renoncer à ses amants. Combien sont-ils ? Ont-ils tous la jeunesse de Tobias ? « Là, c’est le moment de sortir de ton sac ton appli magique, parce que je crève la dalle. » J’en profitai pour sortir d’une armoire deux verres. « Et de dormir… enfin. » admis-je nous les remplissant. Il y a toujours une bouteille à portée de main chez moi. « On rangera demain. » Le pronom n’est pas choisi par hasard. C’est une façon détournée d’appuyer ma décision de la garder auprès de moi. Je lui ai tendu la main et dès qu’elle fit mine de s’en saisir, je l’ai tirée vers moi et je l’ai enlacée. « Tu as mis quoi sur ta joue ? » soufflais-je au creux de son oreille. M’en inquiéter, c’est lui demander pardon à demi-mot. Je ne suis pas en mesure de formuler d’humble excuse. Si la douleur est moins cuisante, elle est toujours là, rapetissée, certes, mais terrée quelque part, attendant sournoisement son heure pour bondir. « Ils te font bien mes T-shirts. Mais, faut pas te sentir obligé de les porter si tu es plus à l’aise sans. » Je la taquine, sans grande conviction, mais ça me fait du bien. Elle nourrit mon impression qu’en effet, tout s’arrangera tout autour, que nous trouverons un équilibre qui nous convient si, d’aventures, elle accepte ce qui ressemble déjà à un ultimatum, un choix décisif pour nous, celui auquel elle tient elle aussi.

***
Raelyn, entre mes bras, mon torse épousant son dos, mes bras, autour de sa taille, noués de manière à ce que ma main puisse somnoler sur son sein et mon menton posé sur le haut de son crâne, je m’endormis paisiblement. Je sombrai dans le sommeil du juste, réconforté par sa présence et quelque peu apaisé. Bien entendu, j’étais conscient, en fermant l’œil, que rien n’était réglé. Que cette nuit à partager à deux n’était pas forcément vouée à en dérouler d’autres sous nos pieds. Demain, quand je lui servirai une tasse de café, elle cherchera à discuter. Elle espèrera que je l’éclaire sur le sens à prêter à ma démission. Quant à moi, je me ferai violence pour ne pas l’interroger au sujet de Tobia, bien qu’il n’est plus question, à mon niveau, qu’elle persiste à le fréquenter. Supporter l’omniprésence d’Alec me suffisait amplement. Il planait autour de lui l’épée de ma vengeance. C’était facile de bercer ma jalousie presque maladive (l’est-elle ?) d’une satisfaction anticipée. Mais, ce petit connard qui m’humilia sur le trottoir… à son propos je refuserai toute forme de compromission. Il n’en méritait pas tant. Lui, qui aime tant remuer la merde, sa place est au milieu de l’enclos des cochons. Je l’y jetterais bien moi-même après les avoir affamé. J’en rêvai au cours de la nuit et, si l’idée est plaisante, les images me sortirent de la phase profonde et réparatrice de la fatigue. J’étais toujours assoupi cependant. D’un geste instinctif, je vérifiai que Raelyn n’avait pas déserté en caressant la première parcelle de peau nue à portée de paume. Je me suis concentré sur sa respiration et, peu à peu, je me suis senti glissé à nouveau. C’était agréable comme sensation. Autant que la chaleur de son corps alors qu’elle se rapproche de moi, qu’elle me tire doucement pour se creuser une place un peu plus proche, hésité sur la position la plus confortable et finir par me réveiller définitivement. J’ai ouvert de grands yeux qui la cherchèrent et je me suis étiré. « Il est quelle heure ? » Je lorgnai vers un hublot-fenêtre, mais je les avais tous clos. La chambre était plongée dans un noir d’encre. Je me frottai les paupières, j’ai baillé. Je me suis fait l’effet d’un un gosse éveillé en douceur par sa mère parce qu’il est l’heure d’aller à l’école. « Tu n’arrives pas à dormir ? » finis-je par ajouter en lui ouvrant les bras.






Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 YV4dgvCSujet: (Amelyn #8) ► WHY DO YOU HAVE TO BE SO HARD TO LOVE ?
Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 EmptySujet: (Amelyn #8) ► WHY DO YOU HAVE TO BE SO HARD TO LOVE ?    Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 EmptyLun 24 Fév 2020 - 11:16



WHY DO YOU HAVE TO BE SO HARD TO LOVE ?
C’est la deuxième fois sur ces quelques mois qu’elle m’envoie me faire foutre et, quoiqu’il m’en déplaise, je sais pertinemment ce qui ressort de cette insulte. Elle est blessée, mais différemment que ce soir de février. Celui-là, c’est mon geste qui l’opprima. Celui-ci, ce sont les mots nés de ma colère et de ma déception qui la font sortir de ses gonds. La différence est notable, assez pour que je m’interroge. Qu’est-ce que ça peut bien lui foutre si je ne parviens pas à me défaire du sentiment de n’être qu’une marionnette ? S’offusque-t-elle de m’avoir sous-estimé ? S’en veut-elle d’avoir raté sa proie quand elle m’aurait préféré broyé, comme mes prédécesseurs, sous le talon aiguille de ses escarpins de créateur ? Je la trouve profondément injuste alors, oui, je jubile de lui avoir arraché ce masque d’arrogance qu’elle porte usuellement avec apprêt. Je me félicite d’avoir ignoré sa question précédente, peu prévisible, mais néanmoins intrigante. La côtoyer m’offre au minimum une certitude la concernant, une que je ne peux réfuter sans mauvaise foi : elle se moque de ce que pensent ses contemporains. Leur considération l’effleure plus qu’il ne la touche. Se pourrait-il que les miennes comptent ? Qu’elles aient de l’importance pour son cœur ? Est-ce lui que j’ai malmené en la comparant à une garce ? Et moi, est-ce que j’y crois à ma sentence ? Est-elle aussi irrévocable alors que je sème peu à peu derrière moi l’idée d’avoir été son jouet ? J’aurais aimé pouvoir bomber le torse et la traiter de menteuse, mais elle hausse le ton et c’est révélateur. Elle ne s’énerve pas pour un oui ou pou un non. Elle ne crie par pour des peccadilles. Nul besoin de bien la connaître pour deviner qu’elle ne perd que rarement le contrôle de ses émotions. J’avais, par deux fois, réveillé en elle un soupçon d’agacement. Il n’est rien à côté de cette frustration qu’elle transforme en rage et qui me vaut de remercier mes réflexes. Mon cendrier, elle ne l’a pas lancé dans le but de m’impressionner ou pour m’obliger à l’écouter. Elle ne l’a pas jeté au hasard pour escalader la spirale de la violence sous prétexte que je la fis sursauter en frappant dans mon meuble. Elle m’a visé, délibérément. « Putain, mais tu es malade ? » tonnais-je à l’image de celui qui s’est laissé surprendre par le danger. J’alliai la parole au geste dégradant de mes doigts cognant ma tempe. Raelyn, à vif et non contente de m’avoir raté, cherche déjà du regard un autre projectile acceptable. À ce rythme, elle finirait par nous blesser et j’ai bondi vers elle avec l’agilité d’un félin.

Avais-je dans l’intention de lui faire mal ? Pas le moins du monde. Pas même lorsque mon tympan bourdonna à cause de la violence de sa gifle. Celle-là, elle la démangeait depuis un moment déjà. Je l’avais pressentie, mais je dus opérer un choix stratégique pour l’obliger à se contenir : éviter le coup ou me frayer un passage jusqu’à sa main. J’optai pour la seconde alternative. Je les attrapai toutes les deux à la première occasion, esquivant de justesse la beigne paume ouverte qu’elle me réservait. Quand on frappe, on baisse la garde. « Arrête, Raelyn. Arrête ça. » exigeais-je, oubliant sa tendance à se braquer devant les ordres. J’aurais juré avoir accentué son ressentiment. Quel gâchis. Cette hargne entre nous est aussi criante de sentiments que nos plus beaux moments de douceur et de complicité. Ai-je encore le droit de la traiter comme une menteuse ? Serais-je un monstre de lui répéter qu’en effet, je n’en ai rien à foutre qu’elle se brade avec un autre ? Évidemment. Elle est à nu, Raelyn. Ce n’est pas uniquement son corps qui se débat sous le mien. C’est son orgueil qu’elle a muselé et c’est son cœur, inviolable selon la rumeur, qui se sent agressé, délogé du trou dans lequel il reposait, trop exposé par ces protestations et, surtout, ses aveux. En réalité, je ne le compris que plus tard. Sur le moment, j’étais surtout contraint de la maîtriser avant que survienne une catastrophe. « Arrête, tu vas te faire mal. » Et, je ne veux pas que t’aies mal, je n’aime pas ça, aurais-je ajouté si elle avait été disposée à m’entendre. Impossible. Il y a des parasites sur la ligne, aussi l’écrasais-je de tout mon poids contre un meuble. Ses mains, je les ai tenues en respect, bien haut au-dessus de sa tête. La position est inconfortable et fatigante pour les bras. Avec un peu de chance, quand l’adrénaline aura fini de tracer son chemin à travers tout son corps, elle cessera de gigoter en tout sens comme une forcenée. C’est peine perdue de toute façon. Elle n’a pas la vigueur physique pour se dégager, ce qui constitue mon défi majeur d’ailleurs. C’est compliqué de mesurer sa  force quand elle est belliqueuse et qu’elle gesticule si près de moi. « C’est bon ? tu as fini ? » persiflais-je moins querelleur et sans effort.

J’écopai d’un regard noir et d'un silence. Il est assourdissant, mais dans ma tête résonnent ces derniers mots. Ils sont comme une boule de flipper. Il ricoche contre mon cœur et émousse le couperet qu’est ma colère. Elle est terrifiée et, à mon sens, c’est plus évocateur que tout le reste. Elle a peur, tout comme moi, ce qui ne peut signifier qu’une seule chose : elle est sincère quand elle prétend ne pas jouer. Elle l’est autant que je le fus lorsque je lui confessai que ces trois jours ont achevé de me rendre dingue de jalousie. « J’ai compris. » soufflais-je avec humeur, mais dénué de toute combativité. Je n’ai plus envie de lui faire la guerre quand elle me détaille avec ces yeux-là, des yeux sucré-salé. Ils disent "tu m’as manqué" et "je te déteste".  Moi, j'apprivoise le tout et son contraire. Mais, je ne m’énerve pas, je ne lâche pas, j’attends sagement. J’attends qu’elle respire plus sereinement. J’attends qu’elle soit moins tendue, qu’elle débande les muscles de ses bras pour la libérer. On a l’air fin à nous dévisager comme deux boxeurs aux aguets du tintement de la clochette qui annonce le début d’un nouveau round. Je frôlai des yeux l’ecchymose sur sa joue et une vague de regrets me reprend. Sauf que cette fois, elle ne m’entraîne pas vers le besoin de la maudire de s’être interposée pour protéger Tobias de mes coups. Je n'essaie plus de la détester pour alléger mon fardeau de culpabilité d'avoir essayé de nous séparer. J’envisage sérieusement de lui présenter des excuses pour ça et pour tout le reste. “Je ne pense pas le quart de ce que j’ai dit. Tu n’es pas une garce, une salope ou une opportuniste“, suis-je à deux doigts de formuler quand, tout à coup, elle me vole un baiser.

Il est presque sauvage et, si sa saveur ne m’étonne guère, j’aurais apprécié l’anticiper. Pris de court, je ne peux que m’y abandonner. Je me souviens m’être fait la réflexion que résister à la chaleur de son corps, malgré ses vêtements, cette chaleur qui éveillent en moi un appétit qui n’a pourtant pas sa place au milieu de cette débâcle, me sera pénible. D’où me vient-il ce soudain désir ? Serais-je flatté de l’entendre avouer que j’avais une influence sur ou dans sa vie (peu importe) ? À moins que je ne m’enorgueillisse de ma supériorité ? Non ! C’est différent. C’est beaucoup moins tordu, bien que néanmoins malsain. Je suis accro à cette poitrine qui se soulève quand elle perd le contrôle d’elle-même, accro au grain de sa peau sous mes doigts, accroc à son parfum, à la fragrance de ses cheveux, à leur légèreté qui quand, elle est penchée sur moi en plein ébat, forme comme un rideau entre nous, un qui permet à nos yeux de s’écrouer l’un à l’autre. Je suis tout bonnement accroc à cette femme qui préfère “crever debout que de supplier à genoux“ pour gagner un échantillon de ma confiance. Je ne sais pas si je suis amoureux d’elle, mais je sais que je n’ai pas envie qu’elle sorte de ma vie, pas comme ça, pas aussi salement, pas dès lors que je me sens moins idiot et naïf, mais au contraire entendu, compris et, par-dessous tout, rassuré de n’avoir rêvé ce « truc » qui s’est révélé dans chaque pièce de ce navire. Pas si la passion triomphe sur cette colère impétueuse.

Dans mon torse, mon cœur s’emballe. Il bat a tout rompre. Dans mon cerveau malade, la raison s’oppose à ce que mes mains relâchent leur prise. Elle pense qu’aucun conflit ne se règle par le sexe. Sauf que c’est le langage que je parle le mieux et qu’elle est le plus susceptible de comprendre. Ce sera, pour nous, la reddition la plus loquace qui soit. Bien entendu, je ne veux pas la brusquer. Je me fais violence pour ne pas mettre mon cerveau sur pause quand il y afflue les images d’une étreinte consommée à la dérobée. Sauf que je fonds contre ses lèvres et que son corps a ondulé vers le mien. Il ne m’en a pas fallu davantage. J’ai lâché ses mains et, si j’ai divorcé de ses courbes, je ne l'ai pas repoussée. J’ai assommé le sensé à la faveur du passionnel, à la défaveur de la douceur. Je n’ai pas quitté sa bouche quand j’ai débouclé ma ceinture à la hâte. Entraîné par ses doigts vagabondant de ma nuque à mes cheveux – décidément trop longs – j’ai relevé sa robe, je me suis débarrassé des dernières entraves à notre plaisir et, sa cuisse contre mon bassin, j’ai puisé dans son propre empressement ce qui ressemblait à un consentement. En avais-je seulement besoin de toute façon ? La machine est lancée. Elle est inarrêtable. Je ne réfléchis déjà plus. Au premier coup de reins, trop bourru, presque grossier et certainement enhardi, j’étais perdu, soulagé comme un toxicomane en manque qui bénit cette dose inespérée, celle qui éteint la douleur, qui le plonge dans ce monde parallèle bien plus coloré que sa réalité. Je suis à peine conscient que c’est un leurre. Tôt ou tard, les problèmes nous rattraperont, mais j’y penserai plus tard. Beaucoup plus tard. En attendant je me saoule de son souffle qui saccade et qui exhale quelques gémissements qu’elle ne parvient à réprimer, de son pouls qui accélèrent, de ses lèvres contre les miennes. Ma bouche les quitte pour marquer la peau fine de son épaule dénudée. Dans l’agitation, la bretelle de sa tenue de saison a glissé et j’en profite. Serais-je un jour rassasié de sa volupté ? De ce côté malsain qui me donne le vertige ? Je me gave de son avidité, partenaire de la mienne et, ce soir, tandis que je vends mon âme au diable, je me dis que verser dans la luxure, avec elle, n’a jamais été aussi bon. Trop pour ma santé mentale alors qu’elle frémit sous mes doigts mal appris.

Elle raccroche les gants et, moi, je n’ose pas la lâcher. Mes méfaits accomplis, je réalise que j’ai sur les lèvres un goût de trop peu puisque je ne suis jamais aussi comblé que lorsque sa peau entre en contact avec la mienne. Je ne suis pas sûr d’aimer ce qu’elle agite en moi, mais que puis-je y faire ? Comment lutter ? Mon front contre le sien, je me sens tout penaud d’avoir oublié la prévenance. Mais là encore, que lui dire ? “Je suis désolé“ ? Fadaise. Je ne regrette pas, je suis chagriné de ne pas avoir trouvé dans cet enchevêtrement le réconfort qui suit une réconciliation, une vraie. Alors, j’ai ôté mon T-shirt et sa robe jusqu'à nos coeurs battant à l'unisson pour un peau à peau qui survient trop tard. Ce point d'orgue m’apaise un peu le temps qu’il dure. Avant de lui rendre sa liberté de mouvement et de remonter mon jeans, j’ai posé sur son front en sueur un baiser. J’ai cherché dans ses yeux une once de mépris, mais je n’y ai rien trouvé. « Je te crois, tu sais. » confessais-je, jugeant important qu’elle le sache. J’ai l’intime conviction que je dois ajouter quelque chose, de préférence d’intelligent à défaut d’être tranquillisant. Tout ce qui me vient n’est que futilité du genre : "tu veux une cigarette ou un verre" ? Pathétique. J’ose à peine un sourire parce que je réfléchis trop. J’ai reconnecté mon cerveau trop vite. Pourtant, je surenchéris : « Ne me refais plus jamais ça, Rae. Plus jamais. Parce que j’ai peur moi aussi et ça va finir par me rendre complètement fou. Tu vas me rendre complètement fou. » Et si ça sonne comme un avertissement, c’est davantage un aveu de faiblesse. Désarçonné, j’ai jeté un regard circulaire autour de moi en quête d’une issue de secours, mais je suis paralysé. J’aimerais bouger, mais je ne peux pas, parce que comme un gosse craintif, j’ai juste besoin qu’elle me serre dans ses bras. J’ai besoin d’être rassuré pour la suite, sans doute comme elle. Et pourtant, je déclare que : « Tout va bien se passer. » Je le répète, une fois de plus et plus lentement pour m’en convaincre, la convaincre. C’est moi l’homme qui, marié depuis près d’un quart de siècle, doit brimer ses craintes. C’est mon rôle que de servir de tribune à ses doutes, pas le sien.



Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 YV4dgvCSujet: May the hand of a friend always be near you || Cian #8
Atlas Siede

Réponses: 33
Vues: 1376

Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 EmptySujet: May the hand of a friend always be near you || Cian #8    Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 EmptyDim 23 Fév 2020 - 20:42
may the hand of a friend always be near you
Thomas & Cian #8


Je ne vais pas le cacher, la chambre que la vieille nous attribue est véritablement glauque. Tout est assez sombre et alors la déco… Disons que je n’ai jamais été un grand fan des poupées en porcelaine, mais je crois que c’est pire pour Thomas. Il semble être au bord du malaise et pourtant, je ne manque pas l’occasion de me moquer de lui. Il ne faudra que quelques minutes pour que je regrette mes propos. Avoir comparé ma filleule à une poupée glauque. Des fois, il faudrait vraiment que j’apprenne à la fermer. Désormais, je sais que je ne vais voir que ça. Je vais probablement rien prévu de la nuit. C’est bien… Je savais pas que l’on avait décidé de faire se voyager pour ne jamais dormir. En attendant, je propose à Thomas d’aller boire un verre. Ça fera passer le temps et surtout ça va un peu lui changer les idées. Je le connais par cœur mon Tom pour le moment, il fait comme si tout allait bien, mais il ne faut pas oublier qu’hier soir, il a appris que son mari le trompait et que ce matin, il prenait la décision de divorcer. C’est un dur Thomas, mais il ne va pas pouvoir continuer à faire semblant encore bien longtemps, je le sais.

Lorsque l’on arrive dans le petit pub, je me sens de suite un peu mieux. J’ai l’impression de retrouver quelque chose qui m’a toujours manqué alors que nous avons quitté l’Irlande à l’aube de mes dix-sept ans et que je n’avais pas encore l’âge de fréquenter les pubs le soir. Je crois que c’est l’atmosphère qui me manquait. Cette sensation d’être à la maison, entouré d’inconnu. Entendre cet accent si particulier et des expressions que l’on ne pourra apprendre qu’ici. Je suis bien ici. Et mon abruti de meilleur ami décide de commander un scotch, l’affront ultime. Il me traite de chauvin lorsque le barman ne réagit même pas et bien entendu, je lève les yeux au ciel. « Il a pas voulu vexer l’étranger que tu es. » Je ris un peu alors que l’on prend place à une vieille table. « Slainte mate. » Je bois une longue gorgée de ma Guinness et prends quelques secondes pour apprécier le moment. Juste avant que Thomas m’assaille de question. Il veut que je lui raconte des trucs. Il veut gagner du temps. Et parce que je l’aime et que je le forcerai jamais à parler, je répondrais a tout et je lui raconterai n’importe quoi pendant des heures. « On va rejoindre Galway et on ira à la maison oui. Mes cousins l’ont gardé tout ce temps, Saoirse m’a dit que les clés étaient toujours cachées au même endroit. » Je hausse les épaules. « C’est une vieille maison de pêcheur, j’y suis pas allé depuis des années, mais je crois qu’ils ont rien touché. » Des souvenirs, j’en ai à la pelle dans cette maison. J’adorais passer du temps avec mon grand-père, il avait toujours des histoires rocambolesques à nous raconter. « Je te ferais visiter Galway. Puis si tu veux, t’es pas obligé, on ira voir Saoirse et ses frères. Ca te ferait un bon plongeon dans une vraie famille irlandaise. » Je ris un peu. « Et on restera tranquille à la maison, je sais pas. Il y a plein de balades à faire à Galway, t’a le choix. » Je bois une nouvelle gorgée de ma bière. « Je t’abandonnerai juste une heure ou deux. » Et je n’ai pas besoin de préciser ce que je vais aller faire durant ce laps de temps, il le sait déjà. « Ou tu peux venir. Comme tu veux. »
       
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Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 EmptySujet: (Amelyn #8) ► WHY DO YOU HAVE TO BE SO HARD TO LOVE ?    Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 EmptySam 22 Fév 2020 - 23:10



WHY DO YOU HAVE TO BE SO HARD TO LOVE ?
C’est fou cette propension qu’à l’Homme d’oublier ses propres indiscrétions lorsqu’il doit subir celles des autres. Il y a trois jours, quand pour un regard, j’ai distingué dans le sien un soupçon de fièvre, j’ai sondé son salon moi aussi. Je me suis précipité dans sa chambre pour vérifier le bien-fondé de mon intuition. Je ne lui ai pas demandé l’autorisation. Certes, je n’ai pas ouvert les placards, je n’ai pas scruté son dressing, je n’ai pas foncé tête baissée dans la salle de bain, mais n’aurais-je pas été tenté de le faire si son amant, fier de lui, ne trônait pas, entièrement nu, sur son lit ? Je ne peux jurer de rien malheureusement. En arrivant chez elle, j’avais la bouche pleine de bonnes intentions. En la quittant, je pris soin de m’emmitoufler dans une couverture de fierté. Mais, sur le trottoir, je n’étais plus qu’un pauvre type déçu et perclus de jalousie. Celle-là est un puissant poison qui supplante la dignité et enterre la raison et, si je crois reconnaître dans le comportement de Raelyn ses symptômes, je n’ose embrasser l’idée de les avoir diagnostiqués jusqu’à ce qu’elle souffre de ses effets secondaires. Au milieu de mon salon, alors qu’elle était certaine de déloger d’entre mes draps ou mes bras la Tessa et qu’elle prend conscience de sa déconvenue, elle perd pied. Ses mains, agitées de tremblements incontrôlables, glissent sur son visage. Elle se frotte les yeux pour y gommer le voile de sa bêtise ou de sa folie. Elle réalise son erreur et j’aurais juré la voir tanguer comme une barque fragile voguant sur des mers déchaînées en pleine tempête. L’analogie est à propos. Cette nuit, elle en a soufflé une sur mon territoire et elle ne s’est pas épargnée. En plus de son effarement, c’est ma colère qu’elle a soulevée parce que je la trouve culottée et si je me retrouve en elle, je ne peux ignorer les différences flagrantes entre nos deux positions. Moi, j’ai été pris par surprise. Je n’ai pas tiré des plans précis sur la comète. Elle, elle l’a provoqué son désarroi, cette sortie de route. Si, aujourd’hui, le train de ses hypothèses déraille, que puis-je y faire finalement ? Ne pas la juger ? M’adoucir ? Lui permettre de fuir, sans se retourner, qu’elle ait tout le loisir de se trouver de nouvelles excuses pour justifier ses attitudes en général ? Qu’elle s’estime déjà heureuse que je ne jubile pas, que je ne la moque pas, que je n’applaudisse pas sa performance de théâtreuse puisque j’en suis bien incapable. Bien sûr, j’ai peur.

J’ai peur de réfléchir sur des évidences qui n’existent que dans ma tête sous prétexte que ça me rassure d’imaginer que ce cinéma n’en est pas vraiment un, qu’elle est là parce qu’elle tient à moi elle aussi, qu’elle appréciait à sa juste valeur ce que nous partagions et que je lui ai manqué autant que le contraire. J’ai peur d’interpréter les données en étant moins cartésien qu’empirique. J’ai peur d’avoir mal, encore, si elle se barricade dans le donjon de sa vanité. J’ai peur que mes sentiments ébrèchent ma carapace et, cette fois, d’être cassé pour de bon. J’ai peur qu’elle soit plus abattue que capricieuse à mes yeux puisque que je ne peux rester insensible à ce qu’elle marmonne dépitée. J’ai peur de m’épuiser à attraper de l’eau claire avec mes mains. J’ai peur, oui, parce que ma colère se retire lentement au profit d’un espoir complètement dingue. J’ai peur et malgré ça, je n’arrive pas à tirer le loquet de la guillotine qui lui coupera toute envie de m’expliquer ce qui l’agite à ce point. Or, je dois savoir. C’est un besoin presque vital désormais. Je me retiens de lui demander pourquoi elle se met dans des états pareils parce que la réponse me terrorise au même titre que mes faiblesses. Alors, cette question, plus importante que toutes les autres, je la troque contre une satire calomnieuse de sa personnalité. Je ne suis pas certain de véritablement penser tout ce qui sort de ma bouche. Je contrarie donc ma rage en les adoucissant un peu. Je choisis la forme interrogative pour l’astreinte à réfléchir sur l’absurdité de sa démarche et sur ce qu’elle me cache, ce qu’elle se cache. C’est cavalier. Comment me relever si, d’aventures, elle me jetait au visage qu’elle plaide coupable pour l’entièreté de mes chefs d’accusation ? Comment ne pas avoir envie de la tirer par ce bras que je tiens fermement pour la foutre dehors en l’assommant d’insultes ? Comment ? Elle me blesserait bien trop pour que je la ménage. Dès lors, pour notre bien à tous les deux, je fais fi qu’elle se débatte entre mes doigts. Je néglige ses rires indescriptibles, qu’il ne me mette pas hors de moi. Je sous-estime le poids du fardeau qui lui écrase la poitrine et qui bride sa respiration. J’oublie consciemment que ses yeux ont brillé d’une lueur étrange sous la lumière du réverbère après qu’elle nous ait abîmés. Je lui ordonne d’affronter les miens avec la même audace dont elle fit preuve à l’heure de m'arracher à ma fausse quiétude et de fouiller mes placards et mes tiroirs et je lui souffle un conseil qui n’a rien d’une menace, mais qui y ressemble cruellement. J’ai fini de jouer. Il est grand temps qu’elle range l’échiquier dans sa boîte et qu’elle me donne ce que j’attends... sans plus attendre justement. Je suis fatigué de ruser pour qu’elle courbe l’échine devant l’authenticité.

Et elle le fait. Elle met ses réflexes à mal une poignée de secondes et je me rappelle que verser de l’eau sur une pierre ne l’attendrira jamais. C’est en ces mots que les pauvres hères du Club la décrivent et, quoique ses yeux témoignent du contraire, je me fie à leur verdict parce que le mien ne me vaut rien. « Oui. Je crois que tu en es capable. » Elle s’encanaille avec une raclure, un jean-foutre, un agitateur heureux de souffler à pleins poumons dans un cor de guerre, le sbire de la discorde, le bâtard d’Arès. Elle s’amuse de ses frasques. Elle l’encourage en battant des pieds et des mains comme une gamine. Et elle s’étonne de ma réaction ? De qui se moque-t-elle exactement ? Ai-je à ce point l’air d’un con ? Je refuse d’être leur tête de Turc, si bien que l’aveu de sa possessivité m’ébranle à peine. Il me fait l’effet d’une caresse trop timide pour éveiller ce cœur que j’anesthésiai dès qu’elle ouvrit la bouche. Elle m’y a contraint parce que ses mots sont pour moi comme le chant d’une sirène. Ils m’ensorcellent puis me tirent par le fond. Par chance, elle me froisse de nous comparer. Contrairement à elle, je trie sur le volet avant de distribuer mon affection. Je n’en ai pas assez pour la gaspiller. « Parce que ça compte ? Vraiment ? Ou seulement quand ça t’arrange ? Tu y as pensé avant de te faire sauter par Tobias ? » Ce prénom, il m’écorche les lèvres. Outre son implication présumée dans la mort de Sofia, il a fait de moi un animal à cause des conséquences de cette jalousie qu’elle décrit plutôt bien. Elle rêvait de noyer Tessa ? J’envisageai d’exploser la gueule de son amant dans la rigole du trottoir à coups de semelle. C’est la réponse du berger à la bergère à la différence que moi, je sais le pourquoi de cette recrudescence de violence. Je ne pointe plus du doigt ma vanité. J’accepte, difficilement, oui, mais je concède aux sentiments la place qu’ils méritent.

Elle, c’est son ego qui pleure. Elle ne redoute pas l’idée de me perdre moi, mais bien de perdre la face devant moi et ça me dégoûte qu’elle puisse affirmer avec aplomb qu’elle ne joue pas avec moi. « Vraiment ? Pourtant il y a rien qui bat pour moi là dedans. » J’aurais pu tapoter son cœur, sauf je ne la touche pas. J’emprunte la formule de son mec parce qu’elle m’a blessée au plus haut point. Je ne plaisante pas cependant. Je n’ironise pas pour la tourner en ridicule. Cette maudite phrase, ce geste, je les ai lancés aussi loin que possible afin de ne plus en souffrir. Ils me sont revenus comme un boomerang avec une telle force que j’en saigne encore. Et elle ? Elle avoue sans fard qu’elle s’intéresse moins à ce gosse qu’à moi ? « Tu n’en as rien à foutre ? » Je la répète, effaré par sa légèreté. Ce que je comprends de cette révélation, c’est qu’elle a fait si peu de cas de ce que nous avons partagé que n’importe quel type lui aurait convenu, tant qu’il ne souffre pas d’impotence. Un gars rencontré en boîte de nuit aurait pu faire l’affaire et ça me dégoûte aujourd’hui. Je me doutais bien qu’aux prémices de notre liaison, elle n’avait pas renoncé aux plaisirs de la chair avec des presque-inconnus. Les semaines suivant nos premières étreintes, ça m’aurait paru presque normal. Plus maintenant. Pas après ces derniers moments passés ici, avec moi. Pas après qu’elle ait ouvertement déclaré qu’elle s’abandonnerait volontiers à l’idée de ne plus jamais quitter ce voilier. Pas après qu’elle ait contribué à asseoir notre complicité, à ériger de ses mains, devenues ouvrières, une tour de douceur et de tendresse. Il s’était passé un truc ce jour-là, un truc concret que je touchai du bout des doigts, tout comme elle. Un truc réciproque qui m’a tétanisé au point d’avoir envie de prendre mes jambes à mon cou. Un truc qui l’a fragilisée elle aussi. Au contraire, je n’aurais pas eu à la rassurer d’avoir émis l’hypothèse que, bientôt, tout serait terminé. Elle n’en voulait pas, de cette rupture nette. Elle est même revenue au mépris de ses obligations professionnelles parce que je le lui ai demandé, simplement, comme un appel au secours.« Putain, mais c’est encore pire. » ânonnais-je, les yeux baissés et relâchant son poignet de peur de le briser.

Je serre les poings. Je recule. Je tourne en rond. Je trépigne comme un lion en cage et ce sont mes mains qui glissent sur mon visage désormais. Je ne suis pas seulement triste, je suis furieux. Elle m’a piétiné pour rien. « Tu ne voulais pas me blesser, mais tu l’as fait. Tu l’as fait alors que tu savais que j’étais susceptible de passer à l’improviste parce que tu ne m’as jamais interdit de le faire. Tu savais et tu n’as même pas eu la décence de faire ça ailleurs que chez toi et je dois te croire sur parole quand tu dis que c’est pas ce que tu voulais ? Parce que tu es venue  ? Parce que tu as cru que j’étais prêt à faire ce que j'ai fait avec toi avec une autre ? Mais tu penses parler à qui exactement ? » À un gamin qui s’accroche aux jupes de sa mère lorsqu'il est dépassé par les événements ? « En venant jusqu’ici, est-ce que tu as pensé une seule seconde à moi ? Quand tu m'as imaginé la traîner sous la douche, est-ce que tu t’es mis à ma place ? Est-ce que tu en as profité pour te demander ce que ça m’avait fait de le voir là ? » vociférais-je en avançant vers elle, pas tant pour l’effrayer – loin de moi cette idée – mais pour l’acculer contre un meuble de ma cuisine, qu’elle s’ôte tout désir de filer à l’anglaise. « Est-ce que tu t’es dit que ça fait trois jours que je vous vois tous les deux, que je vous imagine en plein d’ébats, que je le vois foutre sa tête entre tes cuisses et que ça me rend dingue de me demander si tu y as pris plus de plaisir qu’avec moi ? Tu crois que ça me dégoûte pas ? Que j’ai pas eu envie de le tuer de mes mains ? » Pour ce faire, il aurait fallu que Dieu la crée plus altruiste et douée d’empathie. Quant à moi, je l'aurais remercié s'Il m'avait nanti d’un peu plus de sang-froid.

J’aurais préféré que mes aveux ne soient teintés de cris, que mes traits ne soient pas tordus par la douleur, que mon poing rageur ne se soit pas écrasé furieusement contre mon placard au point qu’elle en sursaute. J’aurais tellement aimé que ça se passe autrement. Tellement que je la regrette cette déclaration. Je la regrette et je recule de deux pas, peut-être quatre ou cinq. Je m’éloigne parce que je n’arrive plus à soutenir son regard. J’ai honte de moi, de ma colère et de mes réactions. J’ai honte de déshabiller mon cœur pour cette femme qui ne le mérite pas. Elle ne tient compte que de ses intérêts de toute façon. Je perds mon temps. « Mais non. Évidemment que non. Mais comment est-ce que j’ai pu être aussi naïf. Putain, mais comment ? » Je m’emporte à nouveau et j'envoie valser tout ce qui traîne sur mon plan de travail. Je respire plus fort, trop fort. Je me dis que si j’arrive à maîtriser mes poumons, je pourrai balayer d’un souffle toutes ces vérités que j’ai déblatérées au mépris de mon instinct de survie. « Tu es une opportuniste, Raelyn. Tu prends chez les autres ce qui t’arrange. Tu les presses jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de jus sans t’inquiéter de ce que tu laisseras derrière toi et j’en suis désolé. Tu as pas idée.» conclus-je, visiblement à sec.




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Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 EmptySujet: (Amelyn #8) ► WHY DO YOU HAVE TO BE SO HARD TO LOVE ?    Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 EmptyVen 21 Fév 2020 - 20:47



WHY DO YOU HAVE TO BE SO HARD TO LOVE ?
Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas ouvert la porte en grand sur Raelyn. Je la connaîs, la têtue. Si elle a décidé d’entrer, elle forcera le passage en m’écrasant si ça lui semble nécessaire. Elle rua dans les brancards à l’instar des camions-béliers qu’utilisent parfois les braqueurs de banque. Et moi, je n’ai d’autres options que me reculer pour la laisser passer. Qu’aurais-je pu faire de toute façon ? A mon corps défendant boucher l’issue ? Ce serait peine perdue. Ce n’est pas une femme que j’ai sous les yeux, mais une véritable furie. Dans un dessin animé, les illustrateurs auraient croqué des éclairs au dessus de sa a tête et auraient remplacés ses yeux verts par deux revolvers chargés. Pour peu, ma créativité m’aurait fait sourire. Sauf que je n’en ai pas envie. Je suis concentré sur ce qui s’échappe de ses lèvres et qui n’atteint pas mon cerveau. Je ne suis pas ivre pourtant. Je n’irais pas jusqu’à prétendre que je suis totalement sobre – je ne le suis jamais plus – mais je suis en état de marche. Je peux le voir, le mouvement circulaire de sa tête qui balaie la pièce à vivre. Ses pupilles sont des scanners. Elles fouinent. Après quoi ? Aucune idée. Mais ça la chahute assez pour qu’elle oublie qu’elle est chez moi et que rien ne m’oblige à accepter qu’elle rejoue une scène des mauvais téléfilms diffusés sur les chaînes publiques sur le coup de 13 heures. Pour qui elle se prend ? Elle était sur ce voilier la bienvenue jusqu’il y a peu. Je lui avais  soufflé en toute sincérité et tout ce qu’elle trouva à faire, c’est de cracher dans ma main tendue. Suis-je donc enduré ce comportement alors que je touche enfin du doigt l’objet de son ire irréelle ? Ce sont des indices qu’elle cherche. La preuve que j’ai traîné Tessa chez moi pour la culbuter dans mon divan et/ou ailleurs. Elle essaie de me prendre en défaut, en flagrant délit de plagiat et ça me désole. Je n’y avais même pas songé. A aucun moment, alors que cette beauté suave m’a fait du gringue, je n’envisageai la possibilité de profiter de ses charmes et de sa volupté malgré qu’elle me soit tout offerte. Je ne me fis pas violence pour la pousser gentiment dans son taxi. Je n’avais ni la force ni l’envie de me vautrer dans la luxure. Autant dire qu’être assimilé à ses amants habituels, ces gamins qui collectionnent les conquêtes et qui tiennent probablement une liste notée selon des critères factuels ignominieux pour la femme – cette femme – toutes ces émotions que j’ai vaillamment enfouis au fond de mon cœur menacent de lui sauter au visage.

Dans le couloir de son appartement, je m’étais contenu pour ne pas crier après elle, hurler ma peine ou l’insulter au nom de mon ego. Je m’étais résigné à feindre l’indifférence dans le but de la blesser, certes, mais pour ne surtout pas dévoiler mon penchant pour elle. Et que fait-elle ? Au lieu de me remercier de ne pas l’avoir couvert de honte d’être un monstre d’égoïsme, elle jette mon intégrité dans la fosse aux lions. Elle souille à nouveau ces moments intimes qui dépassèrent l’ordre du sexuel au profit de la douceur. Existe-t-il être plus ingrat sur cette maudite planète ? J’en doute, sincèrement, et ça me serre le cœur de le penser alors qu’elle se pavane dans mes appartements en affichant ses bleus au corps et au cœur. Et les miens ? Ils sont invisibles ? Qu’est-ce que je dois faire pour qu’elle accepte que j’aurais tout donné pour nous éviter cette débâcle ? La prendre dans mes bras pour la rassurer ? Lui chuchoter à l’oreille qu’elle se trompe parce que moi, je n’ai pas essayé de la remplacer ? Que je tiens tête à la douleur pour justement ne pas me venger de ses bassesses ? Qu’attend-t-elle de moi exactement ? Quel plaisir prend-t-elle à me torturer quand tout ce que je réclame à cor et à cris, c’est de la remiser dans la case des jolis souvenirs, la rencarder sans haine, profiter de quelques heures paisibles entre deux hémorragies ? Et la, tout de suite, tandis qu’elle furète dans des endroits improbables – personne ne case un petit mètre soixante-dix dans un placard de trente centimètres de profondeur – dois-je la suivre ? Lui rappeler que je suis là ? Que je veux bien l’écouter si elle promet de se calmer ? Dois-je la réveiller de cet instant d’égarement ou est-ce proscrit sous peine de subir ses foudres ? Ont-elle seulement besoin que je m’interpose pour s’abattre sur moi ?

Je dois agir. J’ignore que faire, mais elle se couvre de ridicule et je découvre avec stupeur qu’il me demeure assez d’estime pour elle pour la préserver de ses conséquences quand elle sera maître d’elle-même. En quête d’inspiration divine, je patiente dans le salon et je me consacre à écrouer dans une cellule la solde de ma propre colère. Si, comme elle, je haussais le ton, je ne donnerais plus cher de la courtoisie. C’est néanmoins compliqué. « Il n’y a que toi qui aime jouer sur les terrains en friche. » persiflais avec humeur. Le ton est beaucoup trop sec, mais je n’ai rien à offrir de mieux. « A part toi et moi, il n’y a personne sur ce bateau. Tu peux aller fouiller sur le pont si ça te chante. Tu n’as pas essayé de ce côté-là, mais tu ne trouveras rien. » Ce qui est stupide finalement. Peut-être n’aurais-je pas dû me retenir. Peut-être que ça m’aurait débarrassé de cette impression que je m’accroche à la brindille d’un espoir révolu. Nul doute que je m’en serais senti moins meurtri. Sur l’heure, j’ai le sentiment d’oeuvrer à ma propre perte et ça me bouffe. Ça me grignote lentement et cruellement le cœur, à moins que ça ne soit ce corps penché vers le mien qui hache ma respiration. Est-ce cette détresse qu’elle me renvoie au visage qui ballotte mes tripes ? Qui me collerait presque le mal de mer ? « Tu me casses les couilles, Rae. C’était quoi ton but en venant jusqu’ici ? Te convaincre que tu n’as rien à te reprocher ? Que je ne vaux pas mieux que toi ? » Je n’ose même pas comparer sa pseudo-infidélité à la mienne parce que Sarah, elle était là avant elle. C’est Raelyn qui la lui ravit, sa place. Quant à moi, j’étais prêt à faire ce qu’il fallait pour que ce non-dit ne nous abîme pas. Je n’étais pas certain qu’elle aurait pu en dire autant. « Et si tu l’avais trouvé là, qu’est-ce que tu aurais fait ? Tu l’aurais tirée par les cheveux pour la dégager ? Tu m’aurais servi ton indifférence sur un plateau ? Tu m’aurais dit que toi aussi, tu t’en fiches complètement ? C’est ça que tu aurais fait ? Pourquoi ? Pour mieux dormir la nuit, dans l’éventualité, bien sûr, que tu sois capable de regretter d’avoir tout gâché et permets-moi d’en douter ? » Je me suis levé, je l’ai pointée du doigt et, lancé dans cette diatribe, je ne m’en étais pas rendu compte. «C’est ce que tu as fait, Raelyn. Tu as tout gâché. Tu l’as fait sciemment, en espérant me blesser. Et tu voudrais que je te rende des comptes ? » repris-je les poings serrés à l’instar de ma mâchoire.

Rien ne justifie que je perde mon sang-froid après tous mes efforts pour me maîtriser. Rien, si ce n’est la douleur. « Pourquoi ? Parce que je n’ai pas caressé ton ego dans le sens du poil ? Parce que je ne suis pas brisé comme la moitié de tes jouets et que ça te fait chier ? » J’avançai d’un pas supplémentaire, je l’ai surplombée de toute ma hauteur et pour être certain qu’elle entende bien, qu’elle s’amuse à déchiffrer le fond de mes yeux – ce qu’elle faisait, ceci étant, plutôt bien en général –  je l’ai attrapé par le bras, sans mesurer ma force, mais priant pour ne pas lui faire mal. « Regarde-moi. » ordonnais-je pour m’assurer que j’avais bel et bien toute son attention. « Tout ce que tu voulais savoir est là, devant tes yeux. Je suis tout seul et tu t’es loupée et si j’ai un conseil à te donner, un seul, je te dirai que si tu es venue jusqu’ici pour te foutre de ma gueule avec Tobias, n’essaie pas. Vraiment. Et si tu es venue pour me traiter autrement que comme un caprice, alors choisis bien les mots, parce que je suis fatigué d’être le seul à ne pas jouer. » conclus-je sans oser la lâcher. Je ne veux pas qu’elle parte, je veux qu’elle happe sa chance et qu’elle appréhende les risques d’un mensonge supplémentaire, qu’elle pèse au plus juste que non, je n’en avais pas rien à foutre de la voir avec ce fils de pute et que comme elle, quoiqu’elle ne s’est appuyée que sur des présomptions, j’ai pris une violente claque de sa main en pénétrant son antre il y a moins de 72 heures d’ici.


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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 EmptySujet: (Amelyn #8) ► WHY DO YOU HAVE TO BE SO HARD TO LOVE ?    Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 EmptyVen 21 Fév 2020 - 16:45



WHY DO YOU HAVE TO BE SO HARD TO LOVE ?
La veille, je découvrais Raelyn dans les bras détestables de Doherty. Je le trouvai nu, dan son lit, son sempiternel sourire faquin au coin des lèvres. L’image, insultante, à l’instar du jugement que je dresse de mon comportement général, je la noyai dans les verres de Whisky que j’enfilai jusqu’à ce qu’il m’assomme, que je m’endorme, enfin, soumis à l’épuisement. Il m’en faudrait peu, ce soir. Mes poings sont endoloris, mon corps s’est ankylosé parce qu’il n’a pas fait semblant, Tobias, en cognant. Il y mit autant de vigueur que moi, moi qui ne l’ai pas raté. C’était sans doute ma seule satisfaction quand, au réveil, déçu que le souvenir ne m’ait pas quitté, je pris du recul sur la situation. Je m’étais comporté comme un imbécile, un pauvre type à peine mature et cette aversion que je nourris pour mon reflet dans le miroir de l’ascenseur, s’accentua aussitôt. J’aurais dû faire confiance à ma fierté décadente et me taire, ne pas répliquer, ni aux fausses supplications de Raelyn ni aux provocations de son précieux amant. En agissant comme un débile profond, comme ce pauvre type vraisemblablement plus affecté qu’il n’y paraît, je piétinai les restes de mon amour-propre éclaté en mille morceaux au pied de cette sorcière. Et, aujourd’hui, je me vomis. J’exècre chaque fléchette empoisonnée avec laquelle j’ai visé son coeur. Je réprouve ma faiblesse alors que j’oscillais entre garder une bonne raison de la retrouver – au moins pour discuter – et lui rendre sa lingerie. Je maudis cette solitude qui m’envahit quand j’entrepris de nettoyer mon visage et les plaies de mon poing. Mon adversaire, elle l’avait sans doute soigné. Elle avait pansé ses lésions et posé des baisers sur chacune de ses phalanges abîmées. Ça m’avait rendu fou et pour cette émotion aussi, je l’aie méprisée, son infirmière. Je l’aie méprisée alors qu’au fond, je me maudis surtout qu’elle ait écopé d’un coup dont je fus à l’origine, qu’elle se soit enfuie sans que je n’aie le temps de m’autoriser à m’inquiéter de la gravité, parce que Tobias était là, fier de lui, passablement amusé, et qu’il n’a rien trouvé de mieux que de m’arrêter par une raillerie ridicule. Elle l’était, autant que moi, qui oubliai que réparer une erreur, c’est l’apanage des adultes. Ce n’est pas cirer des pompes, c’est la bienséance que d’assumer. Mais, l’aurais-je seulement fait ? L’aurais-je réellement rattrapée ? Ne suis-je pas simplement en train de trouver un coupable autre que Raelyn parce que c’est plus facile ? Aurais-je tourné son visage entre mes doigts pour observer les dégâts provoqués par mon coude, que j’aurais fini par lui cracher une nouvelle horreur de mon cru. Or, ce n’était plus utile. La messe était dite et, pour m’en convaincre, comme si c’était nécessaire, je lui adressai un dernier message – “ ll faut rendre à César ce qui appartient à César. Ps : mets de la glace sur ta joue.“ – avec en pièces jointes, le cliché volé que j’effaçai sur-le-champ, non sans le regarder, une dernière fois, un sourire mi-figue de nostalgie mi-raisin d’amertume sur les lèvres.

Quand l’heure de rejoindre le Club me surprit, je me suis demandé s’il ne convenait pas que je me fasse porter pâle. Les questions, sur l’état de mon visage, m’agaçait déjà, mais force est d’admettre que ce n’est qu’un prétexte. Ils sont habitués à mes silences, à mes réponses laconiques, à mes sourires sujets à l’interprétation. Alors, je damai le pion de ma couardise et j’affrontai ce que je redoutais en face. Avant d’entrer, je respirai longuement et j’enfilai ensuite le masque de l’indifférence. J’ai serré les mains tendues, j’ai adressé des signes de tête aux quelques connaissances heureux de me voir et je réprimai cette coutume de chercher Raelyn du regard au milieu de la foule. Ce n’était plus à propos et Dieu seul sait ce que mes yeux auraient pu révéler sur cette matinée sans repos. Je fus incapable de me reposer et je fus fort aise de ne pas la croiser. Elle était là cependant. J’avais flairé son parfum, celui qui me plait, pas celui qu’abandonnent ses amants sur sa peau et sur sa joue. Je me souviens m’être fait violence pour ne pas me retourner pour vérifier si mon instinct se trompait encore ou s’il était malheureusement dans le bon. Le lendemain, je l’aperçus au loin, cheminer la tête haute vers la salle des stocks, plus prompte à longer les murs. Elle me rappela les nuisibles qui, au sortir de leur bouche d’égouts rampent pour ne pas subir la peur, mue en colère, des Hommes. J’en étais là, moi. J’oscillais entre ces deux sentiments paradoxaux et troublants. Désarçonné, parfois mal à l’aise dans mes propres baskets, je ne savais à quel saint me vouer : celui de la discussion profitable qui allègerait l’atmosphère à défaut de réparer ou l’indifférence chargée d’une rancune qu’elle méritait, à mon sens, de moins en moins. Certes, je lui en voulais toujours, mais apercevoir cet hématome sur sa joue me brisa le cœur une fois de plus. J’avais beau faire, je n’étais plus en mesure de faire semblant de ne pas avoir remarqué l’humidité de ses yeux lorsqu’elle me jeta un dernier regard avant de s’engouffrer dans son appartement. Je la désirais blessée. J’avais triomphé. Personne ne m’en voudrait si je m’attardais à prendre de ses nouvelles à la faveur de ma conscience. Personne, si ce n’est mon ego. Lui, plus tenace que mes bonnes intentions, il persévère malgré qu’il ne soit plus que l’ombre de lui-même. Aussi, manoeuvrais-je pour son salut, qu’il ait le temps de se reconstruire un heaume efficace, que jamais plus, cette beauté ensorcelante, ne puisse toucher du doigt le plus beau morceau du gâteau de ma personnalité. Je laissais sa part à une autre qui, dans l’absolu, ne m’inspirait rien ou pas grand-chose, mais qui était pleine aux as. La petite trentaine, le teint mat, des jambes qui n’en finissent plus, des rondeurs voluptueuses et exotiques, la débutante dans l’art du poker répondait au doux nom de Tessa. C’est joli. Je l’admets. Elle ne l’est pas moins. Je ne suis pas aveugle. Mais, elle ne m’intéresse pas ou bien peu.

Aguerrie dans l’art du marivaudage, elle traîna ses talons aiguilles jusqu’à tôt dans la matinée. Elle ne me quittait pas d’une semelle et, quoique je n’ambitionne pas de la servir à Raelyn en plat froid – celui de la vengeance – je ne lorgne ni sur son décolleté ni sur la chute de rein que sa robe griffé, trop apprêtée pour les lieux, dévoile sans pudeur. Si je la regarde, c’est parce qu’elle s’arrange pour attirer mon attention en gestes calculés : sa main glissant sur mon avant-bras, une pression sur mon épaule alors qu’elle m’accuse de la laisser gagner – ce qui était vrai somme toute, le sacrifice est nécessaire si je veux qu’elle revienne vidé son portefeuille sur mes tables de jeu – ou sa tête qui se pose délicatement sur mon épaule, brièvement, quand elle ne feint plus l’hilarité. En d’autres temps, je l’aurais trouvée pathétique et agaçante. Ce soir, elle m’irrite parce qu’elle me force un souvenir dont Raelyn est reine. Je la revois, assise à sa place, me faire du pied pour je ne sais plus quelle raison et, le sourire que j’adresse à la beauté suave à mes côtés transpirent de nostalgie. Cette merde, que je brasse depuis trois jours, finira par avoir ma peau. Aussi, prétextant qu’elle est imbattable, je déclarai forfait et je ramassai mes maigres affaires. J’avais besoin de mon lit et d’une bouteille, pas seulement un verre à ingurgité entre deux mains. Non. Ma tête me supplie de la mettre à l’envers et je suis faible face à l’appel de l’alcool. Face aux femmes – à moins qu’elle ne soit “elle“, je suis bien plus fort. Sur le trottoir, tandis que Tessa me priait de la raccompagner ou de partager son taxi, je lui ouvris la portière en lui promettant que, la prochaine fois, ce serait la bonne, à condition que je me remette de ma défaite. Conquise, elle a souri, bêtement, et je suis parti, clopin clopant, avec ma solitude pour béquille.

Mon premier réflexe, en poussant la porte de la cabine de mon bateau, fut d’avaler plusieurs gorgées de Whisky au goulot. Quant au second, il m’a conduit jusqu’à la salle de bain. Je me prélassai près de trente minutes sous l’eau chaude, dans l’espoir d’être lavé de l’image de Raelyn que j’aperçus du coin de l’œil sur le seuil du casino clandestin du Club. J’avais tourné la tête dans sa direction, mais j’ai fuis ce que ses pupilles hurlaient en frustration. Cette sensation qui serre mes tripes lorsque je suis confronté à elle, est inconciliable avec mes promesses. Elle ne peut pas me manquer. Cette idée, je la réfute du peu de force qui me subsiste encore et je prie de tout mon être, ce Dieu auquel je n’ai jamais cru, pour que mon ancienne amante se tienne à l’écart de ma vie. Je songeai même à grimper dans ma voiture pour m’agenouiller devant Sarah dans l’espoir qu’elle me pardonne malgré ma bêtise. Au lieu de ça, enroulé dans une serviette, je cherche un somnifère dans ma pharmacie mal achalandée, pestant d’être dérangé par un intrus. Il tambourine à ma porte avec violence et, au lieu d’appréhender ce que traduit cette impatience, j’aurais tout donné pour que Liv pressente l’étendue de malaise, à distance et qu’elle s’enquière assez de mon absence pour s’être déplacée sans m’avertir. Machinalement, je jette un coup d’œil sur l’écran de mon téléphone. Rien. Pas un message. Dès lors, statuant qu’elle est la seule amie avec laquelle je me saoulerais volontiers, je prends mon temps pour enfiler un jeans et un T-shirt. Avec un peu de chance, mon visiteur se lassera et s’en ira dépiter de repartir bredouille. La bonne blague. Cette persévérance me fatigue, mais je me traîne pour aller ouvrir. J’avance d’un pas lent qui, en reconnaissant la voix de Raelyn derrière la porte de bois, s’interrompt un instant. Qu’est-ce qu’elle fait là ? Qu’est-ce qu’elle me veut exactement ? Me chercher des noises ? Réclamer des excuses pour son ecchymose ? Non. Elle l’aurait déjà fait et, étonnamment, elle ne semble pas m’en vouloir. Curieux, bien que courroucé par son audace, j’ouvre la porte au quart, sans mot dire et dissimulant ma surprise au mieux. La femme devant moi, je ne la reconnais pas. Elle ressemble aux caricatures de celles que la panique ébranle. Elle force le passage, en psalmodiant des phrases que je n’arrive pas à comprendre. J’entends, mais je ne saisis pas ce qui la met dans cet état de… de quoi exactement ? Je ne saurais dire ou je n’ose le deviner. Ce que je peux affirmer sans honte, en revanche, c’est qu’elle est méconnaissable.


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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 EmptySujet: May the hand of a friend always be near you || Cian #8    Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 EmptyDim 9 Fév 2020 - 18:54
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Je ne m’en suis jamais réellement vanté, mais en presque vingt ans d’armée, je ne suis pas toujours capable de pleinement comprendre les données GPS que me balance Thomas. La plupart du temps, je m’y perds un peu dans les chiffres, mais avec les années, j’ai fini par trouver un moyen mémo technique pour ne pas trop me perdre. Bien entendu, il fallait que Tom se moque de moi. « Moque toi autant que tu veux ! » Et il ne faudra que quelques minutes de plus pour que l’on se moque encore de l’autre à tenter de déterminer qui de nous deux sera quel frangin Winchester. On est comme des gamines avec cette série. Je me souviendrais toujours de la première fois où Thomas m’a montré un épisode, on était enfermé dans notre minuscule cabine, cloué en mer par une tempête avec interdiction de sortir sur le pont. On s’ennuyait tellement que l’on a probablement regardé une dizaine d’épisodes dans la même journée et on n’a jamais décroché. On a toujours regardé ensemble. Et j’ai envie de rire en imaginant Thomas en tant que Sam Winchester alors qu’il me sort une phrase si clichée. « T’es so cheesy des fois, je te jure. Une boule de fluff. » Et pourtant, il n’a pas tort et il le sait. On ne sait plus faire l’un sans l’autre même si on a souvent du mal à se l’avouer. « Peut-être que je m’ennuierai sans toi. Peut-être pas. » Non, je vais pas faire un discours empli d’émotions et tout ça. Je préfère faire le dur à cuire et il le sait parfaitement.

On finit par arriver dans un petit village bien atypique. Il n’y a que le pub qui semble vivant dans cet endroit, mais on finit par trouver une auberge un peu glauque, mais qui fera l’affaire pour la soirée. Je suis crevé avec la petite nuit que l’on a passée et je pense que Thomas a besoin de se poser également. On est accueilli par une petite vieille qui ressemble bien trop à la prédiction de mon meilleur ami et lorsque l’on arrive dans la chambre, ce dernier se met à flipper comme jamais. « Mais calme toi ! » Je fais le malin alors que je ne suis pas spécialement fan de la décoration non plus. Les poupées sont flippantes, mais j’ai bien envie de me moquer de Tom. « Regarde celle-là, on dirait Clara ! » Je sais que je vais le faire flipper et je me mords la lèvre pour ne pas exploser de rire. « Et celle-là ! Elle a bougé non ? » Je fais le malin, mais comme un con, je suis en train de me faire peur aussi. Bordel, on va quand même pas passer la nuit ici. « Tu préfères la voiture ? » Ou alors… « Ou on va se bourrer la gueule au pub du coin, on arrose ton divorce et on arrivera peut-être à dormir non ? » Je hausse les épaules.       
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 EmptySujet: May the hand of a friend always be near you || Cian #8    Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 EmptyDim 19 Jan 2020 - 18:37
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Clairement, Thomas est en train de chercher tous les arguments possible et imaginable pour me faire comprendre que ce n’est pas de sa faute et qu’en gros quand on est sur la terre ferme, je dois me débrouiller. Je lève les yeux au ciel, probablement mon activité préférée lorsque je suis en compagnie de mon meilleur ami, et tente de me concentrer sur la carte pendant qu’il réalise ma petite remarque sur les coordonnés GPS. Oopsie. Le surnom qu’il donne à notre supérieur me fait rire. « C’est pas que je ne comprends pas, c’est juste… C’est du chinois parfois pour moi. » Je hausse les épaules. « Mais j’ai développé ma petite technique et je te ferais dire que je me trompe jamais ! » Et tel un enfant de trois ans, je lui tire la langue. La maturité ce n’est pas vraiment notre truc parfois. J’arrive au moins à déterminé où l’on se trouve tandis que Tom s’envoie le paquet de chips. « T’as intérêt de m’en garder, sinon je mords. » Et il sait parfaitement que j’en suis capable. C’est sûrement ça le pire dans l’histoire.

On reprend la route et le premier village que l’on croise me file clairement la chair de poule. Je m’empresse de lui faire savoir que je ne vais pas dormir dans cet endroit, plutôt crever. Heureusement, Thomas semble être sur la même longueur d’onde que moi. Et bien entendu, alors que je pensais à cette série, il est en train de m’en parler. Il me parle de château hanté et voilà qu’il me compare à Dean sous le seul prétexte que je sois plus petit que lui. C’est plus fort que moi, je viens frapper son bras. « Il frappe son frangin aussi donc fait gaffe ! » J’accélère un peu pour quitter le village flippant. « Et si je suis Dean, ça veut dire que je suis le plus beau non ?! » Question rhétorique bien entendu, je connais déjà la réponse. « Et toi t’es la princesse qu’il faut toujours sauver. Ça correspond bien ! » Je hoche la tête pour approuver un peu plus. Non vraiment, s’il veut jouer à ce jeu de comparaison, il va trouver plus fort que lui. Le pire, c’est qu’il est véritablement en pleine forme et voilà qu’il me parle d’une auberge tenue par une grand-mère qui se nourrit de touriste Australien. « Oh ça va alors, je suis pas Australien. » Techniquement, je le suis à moitié, mais on va pas chipoter. « Je veux bien te sacrifier par contre. » ajoutais-je le plus sérieusement possible alors qu’il observe la carte. Il est incapable de prononcer le nom des villages qui nous entourent. On est vraiment bien parti avec lui. « Essaye de prononcer quand même… Juste voir si ça me dit quelque chose. » Il essaye et c’est un fou rire pour ma pomme.

On finit par arriver à Kilconnell, enfin un nom qui me dit quelque chose. « Okay maintenant, je sais où on est. » Je me souviens être venu ici avec mes cousins ou mon grand-père je ne sais plus vraiment. « Il y a un truc en pierre ici. Une église ou une abbaye, je sais plus. Assez spooky pour toi ? » L’entrée du village est complètement déserte, mais lorsque l’on croise un pub, on aperçoit enfin quelques âmes vivantes. Un panneau nous indique une auberge et je suis la direction. Je me garde devant une vieille bâtisse en pierre qui ne m’inspire pas réellement confiance, mais ce n’es pas comme si on avait le choix. On entre dans l’auberge et on est accueilli par une grand-mère qui s’adresse à nous en gaélique. « Tráthnóna maith. » Je lui souris un peu alors que j’ai soudainement la sensation que la prédiction de Thomas prend vie sous mes yeux. Je frissonne et me tourne vers mon meilleur ami. « On reste ici ? »      
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 EmptySujet: May the hand of a friend always be near you || Cian #8    Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 EmptyDim 19 Jan 2020 - 16:37
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Un peu épuisé, par la soirée de la veille et la route que j’ai déjà faite, je finis par m’endormir comme un bébé. Je suis bien installé dans mon siège, il fait chaud dans l’habitacle de la voiture et je dois avouer que la voix de Tom qui chantonne achève de me bercer. Je pensais pas me faire réveiller en sursaut par mon idée de meilleur ami qui semble nous avoir complètement perdu. Pourtant, je l’avais lancé sur la bonne route. Le M6 nous emmène tout droit de Dublin à Galway sans se perdre et assez rapidement en plus. Il semblerait que Tom ait voulu jouer aux aventuriers sans me concerter et maintenant, il nous a perdu au fin fond de la campagne irlandaise. Et voilà qu’il ronchonne parce qu'à l’armée, on nous file des GPS. « Gnagnagna, t’es pas censé avoir eu une formation. Ton métier, c’est d’être une boussole mate. » C’est ce qu’il fait pratiquement tous les jours, il passe son temps le nez dans les coordonnées géographiques. « Tu me balances toute la journée des coordonnées que je capte à peine en plus. » Oui, vingt ans que je suis dans la marine, quinze que je suis pilote et j’ai toujours du mal avec les donnés GPS. C’est du chinois pour moi, j’y peux rien. Et je sens qu’il va pas louper de se moquer de moi, mais pour le moment, je récupère la carte pour essayer de comprendre où on se trouve. Il ricane comme un idiot quand je lui demande si on est passé par Suck River et me dis que cela fait presque une demi-heure. Je continue à regarder la carte, alors que Thomas fait une allusion à notre série fétiche ce qui me fait lever les yeux au ciel. « Je t’imagine mal à la tête d’un cartel de drogue. » Je ris quelque peu et finis par tenter de calculer notre position. « Bon… Du coup, on devrait être par là. » J’entoure une zone avec le stylo que j’avais laissé avec la carte. Le problème, c’est que ça ne m’aide pas vraiment. L’endroit est assez vaste et isolé. Il nous a éloignés de l’autoroute. Je le vois se servir dans le paquet de chips complètement en détente. « Donc tu nous embarques je ne sais où et tu bouffes les chips tranquilles après ? » Au moins, il n’a pas l’air abattu. Au moins tout cela lui permet de clairement se changer les idées. « Bon aller pousse toi, je vais reprendre le volant. Tous les chemins mènent, t’as Rome hein. » On n'a pas vraiment le choix de toute manière, on va continuer d’avancer et on verra bien sur quoi on tombe en premier.

Et on n’est pas déçu du voyage… J’étais heureux d’enfin apercevoir un panneau indiquant un village, mais une fois entrer dans ce dernier, je comprends que la moitié des habitations sont soient à l’abandon, soient dans un piteux état. « Je te préviens, je dors pas ici. » Oui, le militaire que je suis est également une grosse flippette. Non non on se croirait dans cette série américaine avec deux frangins qui chassent les monstres et autre truc du genre. Très peu pour moi. « J’ai pas prévu de mourir ici. » Je continue à avancer et accélère même un peu pou me donner bonne conscience. « Tu veux qu’on tente de trouver un village un peu plus… Vivant ? Où on trace jusqu’à Galway ? »     
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 EmptySujet: May the hand of a friend always be near you || Cian #8    Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 EmptyDim 19 Jan 2020 - 14:50
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Nous sommes les meilleurs amis du monde et pourtant il y a bel et bien deux sujets sur lesquels on ne pourra jamais, mais alors jamais s’accorder, c’est bel et bien la musique et le whisky. Sujet de querelle éternel entre nous. Je ne l’admettre jamais à voix haute, mais il faut avouer que parfois, il m’arrive d’apprécier les chansons que Thomas adore. C’est rare et il faut que je sois dans le bon mood, mais ça peut arriver. Mais bien entendu, aujourd’hui, j’ai profité de sa petite sieste pour immédiatement changer la playlist. Il ne faut pas abuser non plus…

Le temps de rejoindre la sortie d’autoroute pour se reposer un peu, je parle un peu de l’Irlande. C’est seulement avec sa réponse que je réalise que Thomas n’était pas avec moi lorsque j’ai été positionner à la base navale de Cork. C’était l’époque de notre carrière où l’on était constamment séparé. Il était en France, j’étais en Irlande, puis on a bougé encore et encore sans jamais se retrouver sur la même base. À croire qu’à l’époque Sullivan nous en voulait. « Je suis content que tu sois là aussi. » Je lui souris un peu. Je le tanne avec mon pays d’origine depuis des années, à affirmer que c’est le meilleur endroit du monde. Il est temps qu’il prenne conscience de cela par lui-même. « Je vais te montrer les meilleurs endroits et tu voudras plus repartir ! » En vrai, j’ai souvent pensé à revenir de manière un peu plus définitive. Et ces derniers temps, j’ai la sensation que l’idée me frôle l’esprit un peu trop régulièrement. Je sais que je pourrais pas laisser mes proches, mais… Venir de manière plus régulière, je ne sais pas. « Tu vas aimer Galway. Enfin… Tu ne vas pas aimer le froid, je te connais, mais l’Océan et tout. Ça va être fou ! » Je souris à nouveau comme un gamin avant de prendre la sortie en direction de l’air d’autoroute.

On prend le temps de passer aux toilettes et de prendre un petit café avant de retourner à la voiture pour faire le reste de la route. Bien entendu, Thomas se fout de ma gueule. « Ta gueule grande perche ! » Je fais semblant de bouder et m’apprêtais à relancer ma playlist, mais le militaire est plus rapide que moi. Bon… Rock’n’roll it is. Je tente de ne pas critiquer même s’il est en train de me défoncer les tympans. « Je vais être sourd avant l’âge avec toi. » Déjà que Charlie m’appelle Papi approximativement quatre fois par jour maintenant qu’elle est enceinte… J’aimerais bien ne pas prendre dix ans durant ce voyage non plus. Je m’installe un peu mieux sur mon siège et finalement, il faut croire que le manque de sommeil de la nuit passé et le bercement de la voiture on raison de moi.

Je suis réveillé en sursaut par une main qui agite mon bras. Réflexe premier, j’étends le bras dans un mouvement rapide pour frapper le corps un peu trop proche du mien. Je frappe fort et reconnais la voix de Thomas lorsqu’il hurle. « Hein ? Quoi ? » Je me redresse sur mon siège et réalise qu’il s’est garé sur le bord de la route et surtout que l’on n’est plus du tout sur l’autoroute, mais plutôt en pleine campagne. Le brun me dit qu’on est perdu et je finis par remarquer la carte sur ses genoux… « Et c’est toi qui es censé guider un putain de porte-avion en plein Océan ? » Je lève les yeux au ciel et rit quelque peu en me redressant pour attraper sa carte. « C’est quoi le dernier panneau que t’as vu ? T’as remarqué une borne ? » Je savais que je n’aurai pas dû m’assoupir. « T’as passé Suck River ? Ça te dit quelque chose ? » Je jette un coup d’œil à la carte puis autour de nous. Clairement, on est au milieu de nulle part. « Tu voulais me tuer et découper mon corps ? »    
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 EmptySujet: May the hand of a friend always be near you || Cian #8    Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 EmptyDim 19 Jan 2020 - 13:43
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Thomas paraît étrangement apaisé pour un homme qui vient de mettre un terme à son mariage. Cela se voit qu’il a pleuré, qu’il est complètement épuisé, mais je m’attendais à le retrouver bien plus abîmé que cela. Je le connais assez pour savoir qu’il n’a pas envie de revenir sur tout cela pour le moment. Je sais que ça finira par exploser à un moment ou un autre. Probablement, ce soir, quand il réalisera que je lui ai fait traverser le pays, que Myrddin est loin derrière nous et que son mariage va prendre fin. Ou peut-être que ce sera demain ou dans trois jours. Dans tous les cas, je serais là pour réceptionner la chute. Thomas n’est pas du genre à hurler ou casser des choses, mais je m’attends à tout. Même à prendre pour Myrddin s’il le faut. Pour le moment, Thomas préfère commenter les snacks et se concentrer sur la route, c’est donc ce qu’on va faire. Il semble approuver mon programme et cela me fait sourire. « Heureusement que ça te va, j’avais pas de plan B. » Clairement pas. On aurait sûrement conduit dans le sud, hors de question que je l’emmène à Belfast de toute manière. « En route ! »

Je démarre et me dirige de suite vers la sortie de Dublin en évitant le centre-ville. Près de vingt-cinq ans que je n'ai pas fait cette route et pourtant, je reconnais le chemin presque de suite. C’est comme un pèlerinage et je suis heureux de le faire avec Thomas même si j’aurais aimé que cela se fasse dans d’autres circonstances. Je le laisse mettre la musique et grimace dès les premières notes. Mon dieu… Ca va être long. Et pourtant, je le vois déjà battre la mesure avec ses doigts et s’il n’y a que ça pour le faire sourire, alors je vais fermer ma grande gueule. On se tape quelques petits bouchons, mais il ne nous faudra pas longtemps pour sortir de la ville et pour que Thomas s’endorme aussi. Je baisse un peu le son de la musique et le laisse se reposer. Bien entendu, j’ai tenu moins de dix minutes avant de fouiller dans son portable afin de mettre une playlist qui me corresponde un peu mieux. Je voulais bien être sympa, mais s’il dort, j’ai besoin d’un truc qui me donne envie de conduire en chantant à tue-tête.

On venait tout juste de traverser Tyrrellspass lorsque Thomas finis par émerger doucement. Il me fait sursauter en prenant la parole. Et bien entendu, il ne lui faudra que deux secondes pour gueuler sur le choix de la musique. Je lève les yeux au ciel en soupirant. « Excuse moi Princesse, mais je m’ennuyais moi. » Et voilà qu’il fait sa drama queen à dire que j’ai complètement pourri son spotify. « Je suis sûr que tu vas écouter que ça maintenant et tu pourras me remercier ! » Je lui offre mon plus grand sourire avant de reporter mon attention sur la route. On ne croise pas grand monde depuis tout à l’heure, mais je me sens bien ici. Entouré par la verdure, une vision qui me manque bien trop en Australie. « Je dis pas non à une pause, j’ai envie d’un café. » Parce que je sais que je ne vais pas dormir. Je veux profiter d’être ici, rouler en direction de chez moi me permet de ne pas trop penser à ce qui m’attend à Brisbane. Je me replonge dans mes souvenirs et parfois ça ne fait pas de mal. On croise un panneau indiquant un air d’autoroute que je pointe du doigt. « Dans deux kilomètres. » On échangera nos places et je pourrais continuer à l’embêter un peu avec ma musique. « T’es déjà venu de ce côté de l’Irlande ? » On va avoir plusieurs jours à tuer et je refuse qu’il s’enferme dans une chambre pour broyer du noir, il va falloir trouver de quoi l’occuper. « Galway c’est pas très grand, mais c’est vraiment cool. Puis on pourra bouger si tu veux. Faut que je t’emmène dans le bar où j’ai bu ma première pinte. » Oui on commence tôt chez les Atwood. Ou en Irlande tout simplement ? Je me souviens juste que c’était avec Eoghan et nos pères.    
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 EmptySujet: May the hand of a friend always be near you || Cian #8    Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 EmptySam 18 Jan 2020 - 19:32
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Thomas & Cian #8


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J’ai passé la matinée à tenter de m’occuper pour ne pas penser à Thomas. Je sais parfaitement que la discussion avec Myrddin ne va pas être simple, mais je ne peux m’empêcher de me demander ce que va être le résultat. Est-ce qu’il va lui pardonner ? Est-ce qu’ils vont rester ensemble ? Est-ce que je vais devoir gérer un Thomas qui divorce pour la deuxième fois ? Un million de questions qui ne quitte pas mon esprit, malgré le fait que je ne reste pas immobile plus de dix minutes. Qui aurait cru que je m’inquiéterai tellement pour cet idiot un jour ? Mais Thomas ne mérite pas cela. Il avait enfin trouvé le bonheur avec Myrddin. Merde, ils étaient censés être mon exemple tous les deux… Je sais pas. Un truc concret et stable à admirer. Un exemple. Il faut croire que les relations qui durent dans le temps n’existe plus vraiment pour notre génération. Je soupire et préfère m’assurer de prendre tous les snacks que Tom aime. Mon seul rôle désormais, c’est de lui changer les idées, de l’aider à passer un Noël pas trop pourri et de revenir en forme en Australie près de ses enfants. C’est le plus important.

Lorsque Thomas me rejoint la première chose que je remarque sont ses yeux rouges. Il a pleuré… Je m’y attendais, mais ce n’est pas aussi simple de le voir dans cet état. C’était censé être un bon voyage. J’avais prévu de me moquer d’eux et de leur amour dégoulinant, j’avais prévu d’être le gamin chiant, de ne pas me prendre la tête, de laisser les responsabilités derrière moi. Il faut croire que ce sera pour une prochaine fois. Je ne peux m’empêcher de lui demander comment il va. J’ai un million de questions en réserve, je sais que je dois les garder pour moi, celle-là, je me devais de la lui poser. La réponse ne m’étonne pas vraiment… Ils vont divorcer. Un rêve qui s’écroule, encore une fois. Je vois bien qu’il n’a pas envie d’en parler et je ne vais pas insister. Pourtant, je peux pas m’empêcher de me pencher au-dessus de l’accoudoir qui nous sépare pour passer mes bras autour de ses épaules. Rien de plus. Un bref câlin. Juste pour lui faire comprendre que je suis là. Toujours.

Bien entendu, il change de sujet très rapidement. « J’ai pris tout ce que t’aimais. » dis-je en souriant un peu. « Tu bouffe pas tout, de suite ! On a bien 2h30/3h de trajet, mais on fera des pauses. » Il est vrai que je lui impose un peu la destination et l’espace d’un instant, je me demande si c’est véritablement okay, mais je connais Thomas et je suppose que pour le moment, il ne veut pas réfléchir. Il n’a pas besoin de se prendre la tête pour ça. « Je me suis fait rembourser la moitié de la somme pour l’hôtel. Et on va à Galway. » Aucune réaction de sa part, je suppose que c’est plutôt bon signe. « Vingt ans qu’on se connaît, je t’ai jamais emmené chez moi. J’ai appelé mes cousins, ils nous invitent à dîner demain soir et on va prendre la maison de mon grand-père. » Je tourne la tête vers lui tout en allumant le moteur. « Et je te laisse gérer la playlist. » Autant dire que la situation est grave… Parce qu’on est toujours en train de se prendre pour la musique. Aujourd’hui, je suis prêt à supporter 3h de rock juste pour sa belle gueule.        
Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 YV4dgvCSujet: May the hand of a friend always be near you || Cian #8
Atlas Siede

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 EmptySujet: May the hand of a friend always be near you || Cian #8    Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 EmptySam 18 Jan 2020 - 18:32
may the hand of a friend always be near you
Thomas & Cian #8


J’aimerais pouvoir répondre aux questions de Thomas. J’aimerais pouvoir lui offrir une solution sur un plateau d’argent. J’aimerais lui assurer que tout ira bien, que la douleur va s’atténuer rapidement, qu’il finira par trouver un sens à tout ça. J’en suis tout simplement incapable. Je n’ai jamais réussi à trouver les réponses par moi-même et je suis dans cette merde depuis bien plus longtemps que lui. Alors je me contente d’être présent pour lui, de lui assurer qu’il n’est responsable de rien. Il n’a pas forcé Myrddin à le tromper, bien au contraire. Il a tout fait pour aider son mari, pour lui apporter tout son soutien et c’est comme ça que l’autre le remercie. En réalité, je me sens incapable de tenir une conversation sérieuse, parce que je serais prêt à quitter cette chambre d’hôtel pour aller fracasser la gueule de son mari, pour le forcer à s’excuser auprès de Thomas. Je soupire quelque peu et relève la tête vers mon meilleur ami qui ne cesse de faire les cent pas dans la chambre. Je n’ai pas le temps d’en dire plus que son téléphone sonne et qu’il disparaît dans le couloir en quelques secondes.

Je me doutais que l’appel provenait de Myrddin, je m’attendais un peu moins à ce que Thomas revienne et me demande presque l’autorisation de voir son mari. « Tu fais ce que tu veux, Tom. » dis-je doucement. Je suis un grand garçon, je peux bien me débrouiller seul demain matin et trouver un endroit où déjeuner. Je vais me faire un petit tour de la ville. Enfin, je trouverais bien. Je pense que c’est plus que raisonnable que Thomas aille discuter avec lui. Je sais que je vais devoir le ramasser à la petite cuillère après cela donc autant avoir un peu de répit avant le pire. Je ne sais pas vraiment ce que Myrddin va lui dire, mais je me doute que Tom lui pardonne aussi facilement. Tout du moins, je l’espère. Enfin, il fait bien comme il veut après tout. « Prends tout le temps dont t’as besoin d’accord ? » Thomas finis par me proposer que l’on se tire d’ici. Je comprends qu’il n’est pas réellement envie de rester dans cette ville en sachant que le scénario de ce soir pourrait se répéter. Je l’écoute plus vraiment et suis déjà en train de réfléchir où l’on pourrait aller pour Noël. Je pense immédiatement à mes cousins et surtout à la maison du grand-père à Galway. Je sais qu’ils continuent de l’entretenir, mais que personne ne vit dedans. Ce serait un bon point d’ancrage pour nous. « Tu me fais confiance ? J’ai une idée. » Je croise son regard et comprends qu’il me laisse carte blanche. « Je m’occupe de tout. »

On n’a rien dormi de la nuit, l’un comme l’autre. On c’est lever tôt pour aller prendre le petit-déjeuner puis Thomas est remonter dans la chambre pour se doucher et partir à son rendez-vous. J’ai pris le temps après qu’il soit parti pour traîner un peu dans la chambre avant de descende au check out. J’ai réussi à me faire rembourser la moitié de la somme que Thomas avait verser pour la réservation et j’en ai profité pour nous louer une voiture. Je suis allé faire un tour en ville, je nous ai achetés de quoi grignoter pour le voyage en voiture et un énième paquet de cigarette. Un peu avant quatorze ans, j’ai fini par envoyer un message à Thomas. « J’ai une voiture, je suis garé en face de l’hôtel. Je t’attends. » Et après cela, je prends mon courage à deux mains pour appeler mes cousins que je n’ai pas vu depuis bien trop longtemps. Ils sont surpris de mon appel, mais n’hésitent pas à m’offrir la maison pour les fêtes et nous invite au dîner. Je crois que je passe une bonne heure au téléphone avec eux, jusqu’à ce qu’un coup contre la vitre me fasse sursauter. J’aperçois la petite tête de Tom et déverrouille la porte. « Hey… Ça va ? »       
Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 YV4dgvCSujet: with every broken bone i swear i lived » jailey #8
Arthur Coventry

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 EmptySujet: with every broken bone i swear i lived » jailey #8    Tag 8 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 9 EmptyVen 10 Jan 2020 - 14:16
with every broken bone i swear i lived
Jailey #8


L’étape a été difficile à franchir, mais nous voilà l’un en face de l’autre prêt à tout se dire. Plus de mensonges, on ce l’était promis. Je n’ai pas été le meilleur des compagnons durant les dernières semaines, je me suis concentré sur Noah puis j’ai cherché à fuir la réalité. Et pourtant… En quelques jours, j’ai pris plus de décisions importantes pour ma relation avec Jill que durant ces dix dernières années. Et si on évoque Ginny, on est bien obligé d’évoquer Noah. La seule pièce du puzzle qui me fait rester dans le coin. Je ne pourrais pas faire subir cela au petit garçon, il ne mérite pas qu’on l’abandonne une énième fois pour des bêtises d’adultes. Comme le souligne si bien Jill, il n’a rien demander de tout cela, il a été catapulté dans cette famille et maintenant, il est temps que l’on prenne soin de lui. Pas du petit Noah malade, mais du Noah qui grandis et qui a besoin d’avoir du temps avec sa maman, avec moi qu’importe l’étiquette que l’on me collera sur le front. Il a besoin de nous. De son oncle Matt, de sa tante Jill, d’Isy, et même d’Auden, même si je refuse encore de l’accepter. Il a besoin de tout son petit monde. Et je pense qu’il est temps qu’on arrête de lui mentir et de lui cacher nos vies. Il est intelligent Noah, il a compris que notre famille n’était pas conventionnelle, que nous n’étions pas comme les autres. Je vois que l’idée semble effrayer Jill et pourtant, je reste convaincu que ce soit la meilleure chose à faire. « J’aimerais qu’on lui en parle oui… Peut-être pas de suite, pas demain, mais bientôt. » Pour lui prouver que tout ira bien, que sa relation avec moi ne se défini par uniquement par le biais de sa mère. Et on parle encore de Noah, celui qui a occupé mes pensées lors de ma semaine d’absence. Et Jill qui se dénigre encore et encore. Persuadée qu’elle viendra quelque chose qui a déjà explosé, qui est déjà en mille morceaux. J’attrape son visage entre mes mains, la forçant à me regarder. « Eh tu ne te mets entre personnes Jill. Personne. » Ma voix se fait insistante. Je ne lâche pas ses iris des miennes. Il faut qu’elle comprenne, il faut qu’elle accepte elle aussi. « Il ne pense pas cela d’Isy, pourquoi il penserait ça de toi ? Tu sais… » J’hésite un instant et fini par me lancer. « Je crois qu’il a déjà compris… Il est intelligent, il est malin. Il sait que je ne suis pas pareil avec toi. Il sait que t’es l’une des rares personnes à pouvoir me calmer quand tout va trop vite pour moi, il me l’a dit. » Je repense à cette conversation avec Noah, au fait qu’il a toujours intégré sa mère, Isy, Jill et moi dans l’équation. Toujours. Sans jamais sourciller. « Et je veux pas lui mentir, Jill, il nous en voudra si on lui ment. » Je reste persuadé que Noah comprendra, qu’il sera le seul à ne jamais nous juger, parce que tout cela est devenu une habitude un peu bizarre dans sa vie. Je n’en suis pas fier, mais je sais que pour lui, ce ne sera pas un problème. « Et lui dire, c’est… C’est passé une autre étape. C’est enfin affirmé que c’est de toi que j’ai besoin pour me sentir bien, pour aller mieux. Ça fait flipper hein, mais c’est juste la vérité et j’aimerais qu’on arrête de se voiler la face. Dix ans, c’est assez long comme ça. » Pourquoi continuer à tourner du pot alors que je sais, enfin, ce que je veux. C’est Ginny, mais bel et bien Jill. Juste Jill.

D’ailleurs, elle me parle de sa sœur. Les deux McGrath se sont parlé sans que personne ne soit là. Elles ont communiqué et bien entendu, Ginny est venue briser tout cela. Elles auraient pu se retrouver si Auden ne ce n’était pas mêlé de tout cela. Je m’étais juré de ne plus penser à lui, mais il faut croire qu’il est partout, à s’immiscer dans nos vies comme la peste. Je caresse la joue de Jill du bout des doigts en soupirant. « Je suis désolé. » Et je finis par lui expliquer. Tout lui dire. Les adieux à Ginny, la prise de conscience, ce que j’espère, ce que j’aimerai pour nous. Les vannes sont ouvertes et je crois que je n’ai jamais été aussi franc avec elle. Pour un nouveau départ. « Je sais que j’ai mis du temps, mais les choses vont changer Jill. » Je lui souris un peu. « Je te le promets. » Et mon petit doigt qui vient serrer le sien, comme des enfants, mais le geste est si symbolique. Mes lèvres viennent se perdent contre les siennes quelques secondes. « Je veux aller mieux… Vraiment mieux. Et… » Je n’ai pas l’habitude de dire ce genre de chose, ma voix se casse un peu. « Je ne vois personne d’autre que toi pour m’accompagner sur ce chemin-là. Je sais pas ce que je ferais sans toi, Jill. »

On évoque Isaac et le fait que l’on a tous les deux eu une conversation avec le jeune homme, mais je préfère ne pas rebondir là-dessus, je risquerai de devenir méchant envers sa sœur et ce n’est pas ma nature. J’espère que tout ira bien entre eux. J’espère que Ginny va se retrouver, qu’elle va sauver Isaac aussi… Mais je ne m’en mêlerai plus. Plus jamais. C’est fini cette époque de ma vie. Elle devient mon ex-femme. Mon passé. Une vie que parfois, j’aurais aimé ne jamais vivre. Et parfois une vie qui me manquera. Sentiments paradoxaux, situation anormale. On ne reviendra pas dessus. Non… Je préfère donner mon enveloppe à Jill. Il est temps que l’on passe à autre chose, temps qu’on s’échappe rien que tous les deux. Elle semble si surprise que cela me fait rire. Je me décale un peu et viens m’asseoir derrière elle. Elle s’installe entre mes jambes, son dos contre mon torse, mes bras autour de ses épaules et mes lèvres qui effleurent son oreille. « Trois semaines à Bali. » Un petit coup d’épaule pour lui dire d’ouvrir la fameuse envelopper et un sourire qui ne quitte plus mes lèvres. « Juste toi et moi. » J’embrasse sa nuque un instant. « J’ai loué une petite maison au bout d’un chemin perdu avec un accès à la plage. Et pour la première fois, on va pouvoir profiter sans se soucier de rien. »  
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