Jessy était dans la salle d'attente, à l'hôpital. Elle se pinçait les lèvres. Elle jouait avec une de ses mèches de cheveux. Ils étaient pas bien longs d'ailleurs. Elle était passée par une coupe y'avait de cela trois semaines à peine. Un besoin de changer. D'avoir une nouvelle tête, si on peut dire cela ainsi. Parfois, ça fait du bien de changer. Et elle avait envie de changement. Et surtout, elle avait envie d'arranger les choses avec Henry. Deux mois. Deux mois qu'elle avait fait cette horrible erreur. Deux mois que son frère l'évitait comme si elle avait la peste. Deux mois qu'il ne savait plus rien de sa vie alors qu'il y aurait sans doute tellement à dire. Mais tout ça, c'était de sa faute. A elle. Elle ne pouvait pas lui en vouloir. Elle avait foiré. Et pas qu'un peu. Elle aurait pu penser que son frère aurait tourné la page rapidement. Mais non. En même temps, si elle avait été à sa place, sans doute ... Sans doute qu'elle aurait eu, elle aussi, du mal à pardonner. Mais bon. Aujourd'hui, elle avait pris les devants. Et elle avait menti. Elle avait appelé la secrétaire pour prendre un rendez-vous avec son frère. Fausse identité. Faux prétexte pour le voir. Elle n'était pas enceinte. Du moins, ne pensait pas l'être. Elle allait bien. Elle était en forme. Hormis les quelques malaises dont elle était victime ces derniers temps. Oui, bon, c'était pas sérieux. Son médecin lui avait conseillé de faire un check-up complet. Elle retardait tout ça. Elle voulait pas le faire tant qu'elle n'avait pas arrangé les choses avec Henry. D'où le fait qu'elle était là, dans la salle d'attente, à attendre son tour. Et elle était stressée. C'était pire que si elle était à un rendez-vous. Elle les fuyait comme la peste, d'ailleurs. Le premier rendez-vous, ça se passait toujours bien. Le second, par contre, c'était une catastrophe. A croire qu'elle était maudite. Elle l'était peut-être. Sa vie amoureuse était une catastrophe. Elle poussa un soupir et pencha la tête sur le côté. Perdue dans ses pensées, elle sursauta néanmoins quand la secrétaire se pointa devant Jessy. "Mademoiselle Johnson ?" Livia de son petit prénom. Heureusement, mine de rien, qu'elle n'était, jusqu'à présent, jamais venue voir son frère au boulot. Sans quoi, son petit plan aurait foiré. Jessy tourna la tête vers la blonde. "Oui ?" Elle cligna des yeux, rassemblant ses pensées. "Le docteur Bush va vous recevoir. Veuillez me suivre." Jessy récupéra son sac et elle se leva, suivant ainsi la secrétaire dans la pièce. Elle était vide. Henry n'était pas là. "Il termine avec une patiente et sera à vous dans moins de cinq minutes." Jessy eut un hochement de la tête. Et elle finit par s'asseoir. Son coeur battait la chamade. Elle avait la trouille, en quelque sorte.

Aujourd’hui c’était une journée de garde à l’hôpital. Tu faisais quelques jours de la semaine à l’hôpital et tes clients prenaient donc rendez-vous à l’hôpital ces jours là. De toute manière, ils ne faisaient pas un détour ton cabinet n’en était pas bien loin. Tu aimais cependant avoir ton propre cabinet indépendant de la folie que représentait l’hôpital de Brisbane. Tu étais d’ailleurs de garde ce soir, tu allais certainement faire naître quelques bébés cette nuit et rien que d‘y penser un sourire se dessina sur ton visage. Mais avant de pouvoir faire cela, tu devais traverser la journée et les multiples rendez-vous qui t’attendaient. Ce que tu aimais dans ton métier c’était qu’on venait te voir pour des choses complètement différentes et du coup tu ne pouvais pas t’ennuyer. La personne que tu avais en face à cet instant précis était une personne à qui tu avais annoncé quelques mois plus tôt qu’elle ne pourrait pas avoir d’enfants. Tu avais été là pour elle et son mari comme tu avais pu, tu les avais envoyé chez une amie psychologue qui s’occupait tout particulièrement des femmes dans cette situation. Aujourd’hui elle semblait avoir accepté cela, du moins c’était ce qu’elle t’expliquait durant sa visite de contrôle. Son mari et elle allaient adopter sous X apparemment, un bébé leur était déjà réservé. Tu étais ravi pour eux, tu étais certain qu’ils seraient de très bons parents. Tu lui fis promettre d’amener le bébé quand elle reviendrait avant de lui donner son ordonnance pour une radio de contrôle et de l’amener vers la porte. Tu avais regardé ton planning, tu avais rendez-vous avec une mademoiselle Johnson désormais. Cela nom ne te disait rien, tu ne pensais pas avoir rencontré cette personne. Alors que tu levais les yeux vers les chaises en face de ton bureau, quelle ne fut pas ta surprise d’y trouver Jessy. Qu’est-ce qu’elle faisait là ? Cela faisait deux mois que vous ne vous parliez plus. Deux longs mois. Cela ne vous était jamais arrivé mais elle avait passé la ligne, elle avait exagéré, ce n’était pas de ta faute, tu ne pouvais pas être blâmé dans cette histoire. Oui tu ne lui avais pas laissé une chance de s’excuser mais tu avais eu besoin de digérer la chose de ton côté aussi, c’était ta vie toute entière qui avait changée en deux mois. Passer de fiancé à célibataire ce n’est pas quelque chose de facile surtout vu les raisons qui avaient motivées cette séparation. « Qu’est-ce que tu fais là Jessy ? » Oui, pas de bonjour c’était la première chose que tu avais à lui demander. Elle avait pris la place d’un patient donc tu espérais qu’elle n’était pas venue simplement pour discuter parce que sinon cela ne servait à rien. Ce n’était pas comme si tu pouvais la remplacer par un autre patient mais elle faisait peut-être perdre du temps à des patients ayant réellement besoin de tes services. « Est-ce que tu as besoin de mes talents professionnels au moins ? » Lui demandas-tu alors qu’elle se levait. Tu ne savais pas comment les choses allaient se passer entre Jessy et toi désormais, certainement que vous alliez bientôt le découvrir …

Son coeur battait la chamade. Elle craignait ce qui allait se passer. Jessy ne craignait pas son frère. Mais sa colère. Le fait qu'elle avait peur de le perdre à jamais. Il ne pouvait pas lui en vouloir pour toujours, si ? Jessy espérait que non. Ils avaient toujousr été proches. Très proches. Là pour lui. Là pour elle. Et maintenant, tout semblait foutre le camp. Et par sa faute. A elle. C'était elle qui avait fauté. Elle qui avait foutu la merde. A cause d'elle s'il s'était éloigné. Et elle ne pouvait pas le blâmer, lui en vouloir. A elle de ... Et bien, de faire le nécessaire pour arranger les choses. Même si ça ne serait pas évident. Un soupir. Une respiration lente. La porte se ferma. Henry venait de rentrer dans la salle. Ambiance tendue. Tension palpable. Froid il fut avec elle. Jessy n'en attendait pas moins. Elle ne s'attendait pas à une étreinte chaleureuse de sa part. Ca aurait été trop beau. Et elle n'était pas dans un monde de bisounours. Elle savait que tout n'était pas blanc ou noir. Et que certaines situations étaient plus compliquées que d'autres. "Et bien ... Je ... Hmmm ... Il fallait que je te parle." Oui, qu'elle lui parle. C'était le mot. Car lui-même n'avait, sans doute, pas envie de lui parler. Qu'importe. Il l'écouterait. Enfin, s'il ne la fichait pas à la porte. Et ele espérait qu'il ne le fasse pas. Henry lui demanda si elle avait un problème gynécologique. Elle secoua la tête. "C'était le seul moyen que j'ai trouvé pour te voir. Et j'avoue, j'en suis pas fière." Devoir mentir pour voir son frère. Où allait le monde ? "Mais j'avais pas d'autre choix puisque tu refuses mes appels et que tu ne réponds pas à mes mails ou mes sms. J'te le reproche pas d'ailleurs. A ta place, j'agirais sûrement de la même manière." C'était même sûr et certain. Mais Jessy était du genre à pardonner facilement. Pas trop rancunière. "J'comprends que t'aies pas envie d'en parler. A juste titre. Mais ça fait deux mois ..." Leurs plus longues disputes duraient quoi ? Deux heures ? Deux jours ? Là, ça faisait deux longs mois. C'était long. Trop long. Et Jessy ne supportait plus cette distance. "Alors, tu peux me hurler dessus tant que tu veux. Mais je ne pars pas." Elle ne savait pas vraiment combien de temps pouvait durer un rendez-vous gynéco. Mais elle tablait sur un quart d'heure. Voire une demie-heure. "Enfin, sauf si tu appelles la sécurité." Là, il était clair qu'elle n'aurait plus le choix et qu'elle serait obligée de dégager. Elle pencha la tête légèrement sur le côté, lui donnant son air si mignon. Sans doute que ça ne fonctionnerait pas aujourd'hui. "Tu veux bien ?" Par là, elle entendait qu'il lui accorde un peu de son temps. "Après, si tu ne veux plus me revoir, que tu ne veux plus entendre parler de moi, soit. J'aurais dû mal à respecter ta décision mais j'le ferais." Ca la ferait chier. Mais oui. Elle n'irait pas contre lui indéfiniment non plus.  

On choisit ses amis mais on ne choisit pas sa famille … Il y a quelques mois tu aurais  certainement dit à qui voulait l’entendre que s’il fallait les choisir tu aurais choisi ta famille sans hésiter. Aujourd’hui tu n’en étais plus si sûr. Ce qu’avait fait Jessy t’avait brisé le cœur. Mais plus que cela, ta vie avait été bouleversée, ta vie, celle d’Aria, le futur que tu voyais se dessiner pour cela. Mais les soirs où cela n’allait pas, tu ne pouvais t’empêcher de te dire que c’était peut-être mieux que ce malheur soit arrivé, tu aurais pu te retrouver marié avec un homme qui t’aurait certainement trompé à la première occasion vu qu’il n’avait eu aucun complexe à sauter sur ta sœur dès qu’il en avait eu l’occasion. C’était peut-être ça la plus dure vérité, celle que tu n’avais pas été assez pour lui, qu’il avait dû aller voir ailleurs. Peu importe avec qui, cela n’avait pas d’importance. Même si le fait que cela soit ta sœur changeait tout. Cela aurait été une fille dans un bar, quelle importance ? Tu ne l’aurais jamais vue, lui tu ne voulais plus le voir. Mais ta sœur … Ce n’était pas aussi simple. Elle n’allait pas sortir de ta vie aussi facilement. Ses coups de téléphone, ses mails, ses sms étaient incessants depuis deux mois. S’il y avait un trait de caractère dont les Bush ne manquaient pas, c’était la persévérance. Te pensais que Jessy finirait par laisser tomber tout simplement. Mais elle n’en avait apparemment pas l’intention. « Et bien ... Je ... Hmmm ... Il fallait que je te parle. » Tu lui ris presque au nez mais tu te retins, tu savais qu’un jour il allait falloir que vous parliez, c’était évident. Vous ne pouviez pas rester ainsi éternellement, tes parents ne faisaient que te le répéter à chaque fois que tu les voyais. Ils ignoraient ce qui s’était passé exactement mais ils n’étaient pas très heureux de voir leurs enfants se déchirer ainsi. « C'était le seul moyen que j'ai trouvé pour te voir. Et j'avoue, j'en suis pas fière. Mais j'avais pas d'autre choix puisque tu refuses mes appels et que tu ne réponds pas à mes mails ou mes sms. J'te le reproche pas d'ailleurs. A ta place, j'agirais sûrement de la même manière. » Tu n’étais pas ravi qu’elle utilise ton temps de travail pour ce genre de discussion, pas content du tout même mais maintenant qu’elle était là, tu n’avais pas de patients à prendre comme excuse pour t’échapper. Et puis peu importe ce que cette discussion allait amener, elle ne pouvait être que bénéfique non ? « Je suppose que c’est même un miracle que tu aies attendu deux mois pour venir me trouver … » Dis-tu en sachant très bien que ta sœur pouvait être très impatiente. Tu te laissais tomber sur le siège derrière ton bureau alors que ta sœur te disait : « J'comprends que t'aies pas envie d'en parler. A juste titre. Mais ça fait deux mois ... Alors, tu peux me hurler dessus tant que tu veux. Mais je ne pars pas. Enfin, sauf si tu appelles la sécurité. » Peut-être que c’était inimaginable pour elle mais tu n’avais aucune envie de crier. Tu avais vingt-neuf ans et même si tu lui en voulais, tu avais eu deux mois pour t’en remettre, tu n’avais plus aucune envie de crier. Plus maintenant. Les cris ce sont les réactions à chaud, pas à froid. « Tu veux bien ? Après, si tu ne veux plus me revoir, que tu ne veux plus entendre parler de moi, soit. J'aurais dû mal à respecter ta décision mais j'le ferais. » Tu te contentais d’hocher la tête dans un premier temps, c’était tout ce que tu pouvais faire, tout ce que tu avais envi de faire. Tu n’avais pas envi de te prendre la tête, tu n’avais pas envi de parler spécialement alors tu décidais de la laisser parler. « Très bien, si tu veux parler je te laisse la parole, j’ignore comment commencer cette discussion de toute manière. Alors je t’écoute. » Dis-tu en posant ta tête sur tes mains. C’était peut-être enfantin mais cette situation était bien loin de l’être et vous aviez certainement tous les deux besoin de cette discussion peu importe où elle menait.

Pas de réaction. Ou très peu de réaction. Jessy aurait pensé que ça aurait foutu en boule son frère qu'elle soit là. Qu'elle prenne la place d'une de ses patientes. De quelqu'un qui aurait pu vouloir de son aide. Ou bien d'avoir des conseils. Et elle, elle était là. Alors qu'elle n'avait pas besoin de lui de manière professionnelle. Mais c'était personnel. Elle avait besoin de passer un moment avec son frère. Elle avait besoin d'être avec lui. D'être face à lui. Elle avait besoin de lui parler. De s'expliquer. De lui dire ce qui c'était passé. Que c'était une terrible erreur. Qu'elle regrettait. Que ça l'empêchait de vivre. Que ça la bouffait de l'intérieur. Que cette histoire la minait et qu'elle espérait que les choses s'arrangent entre lui et elle. Jessy n'était pas certaine que ça arriverait aujourd'hui. Mais elle espérait que ce pas vers lui allait leur permettre d'enterrer la hache de guerre. "Bah ... En fait, j'ai tenté de prendre plusieurs rendez-vous et si j'avais pas insisté, j'crois que j'serais encore chez moi à attendre." dit-elle en passant une main dans ses cheveux. "J'aurais bien campé devant la porte de chez toi. Mais on m'aurait sans doute prise pour une folle." Mais peut-être qu'Henry aurait, finalement, ouvert la porte et qu'ils auraient pu avoir cette explication plus tôt. Bien plus tôt. Mais comme le dit le vieux proverbe, mieux vaut tard que jamais. Et là, c'était le bon moment. Il y avait un temps pour toute chose. Et là, Jessy jugeait que c'était le moment. Mauvais timing peut-être pour Henry mais bon, elle était là. Elle allait pas repartir. En tout cas, Jessy avait commencé à plaider sa défense. Et elle attendait de voir ce qu'il comptait faire. Ou plutôt, de voir s'il acceptait qu'ils discutent. Un petit hochement de la tête. Ouais ... Et ? Au final, il allait la laisser parler. Ouais, parce qu'après tout, c'était à elle de parler. A lui d'écouter. Elle prit une lente inspiration. "Sache déjà que c'était pas prémédité." Manquerait plus que ça d'ailleurs. Qu'elle se soit levée un matin et qu'elle ait décidé de pourrir la vie de son frère en couchant avec son fiancé. Pas son genre du tout. "J'sais pas si tu te souviens de Miles. Tu m'as dit que c'était un c*nnard et que tu le sentais pas du tout ce type." Son frère avait le nez pour certaines choses. "Bah, j'aurais dû t'écouter. Ou j'aurais peut-être pas dû être autant enthousiasme quand j'l'ai rencontré. J'pensais que c'était le bon" Henry connaissait le chemin tumultueux de sa soeur en ce qui concernait l'amour. Il l'avait ramassée à la petite cuillère à quelques reprises. Mais elle finissait toujours par aller bien. "Et en fait, non, du tout." dit-elle en secouant la tête. "J't'ai appelé ... J'ai cru que t'allais venir. Et c'est lui qui est venu." Elle aurait préféré que son grand frère vienne à la rescousse, comme à chaque fois, mais on n'a pas toujours ce qu'on veut dans la vie. "C'est cliché, je sais, mais le chagrin et l'alcool ... Il a pas voulu me laisser au bar." De peur qu'il ne lui arrive quelque chose. Ou qu'elle boive trop. Ou pire encore. "J'aurais dû rester. Ou je sais pas ... Peut-être que j'ai envoyé de mauvais signaux. J'en sais rien." Elle avait les yeux qui brillaient un peu. Envie de pleurer. Mais elle ne le ferait pas. Elle passa une main dans ses cheveux. "Il se passe pas un jour sans que je regrette. Pas un jour où j'me dis que j'ai fait la plus grosse connerie de ma vie. J'ai pas bousillé que ma vie. Mais la tienne aussi." Et elle l'avait perdu aussi. Et ça, c'était dur.

Non, tu ne pouvais cacher que tu n’étais pas ravi que ta sœur prenne la place d’une de tes patientes. Cela ne te faisait pas du tout plaisir mais tu n’avais pas envi de crier, tu n’avais pas envi de t’énerver, cela ne servirait à rien. Tu étais plus blasé face à cette situation, tu étais dans une situation où tu ne savais pas réellement ce que tu devais faire. Crier ça tu avais oublié depuis longtemps mais est-ce que tu devais réellement laisser ta sœur s’expliquer ? Tes parents essayaient de te faire entendre les excuses de ta sœur depuis un moment et tu estimais qu’après deux mois tu pouvais bien la laisser s’expliquer. Tu doutais que ses raisons te convainquent de quoi que ce soit car la réalité était toujours là, elle avait couché avec ton fiancé peu importe que ce soit un connard et qu’il l’aurait fait avec un ou une autre, c’était le geste de ta sœur qui te faisait le plus mal. « Bah ... En fait, j'ai tenté de prendre plusieurs rendez-vous et si j'avais pas insisté, j'crois que j'serais encore chez moi à attendre. J'aurais bien campé devant la porte de chez toi. Mais on m'aurait sans doute prise pour une folle. » Tu hochais la tête. Tu ne savais pas quelle était la meilleure solution, tu doutais qu’il y en ait une de toute manière. Non, il n’y avait pas de meilleure solution ni de solution miracle dans cette situation. Il n’y avait que la situation présente et il fallait faire avec. Tu aurais dû t’attendre à ce que ta sœur te fasse le coup de toute manière, maintenant que tu l’avais là sous tes yeux, tu voyais bien que tu aurais dû t’y attendre. « Maintenant que tu es là. » Oui bon ce n’était pas terrible comme réponse mais la vérité était que tu ne savais pas quoi lui dire. Maintenant qu’elle était devant toi, tu ne savais pas quoi lui dire. Parce que tu n’étais toujours pas certain des sentiments exacts que tu avais pour ta sœur sur ce sujet. Ils semblaient changer de semaine en semaine. Alors vu qu’elle voulait parler, tu décidais de la faire parler, comme ça elle pourrait s’excuser et cela te laisserait un peu plus de temps pour rassembler tes esprits. Elle se lança donc dans des explications : « Sache déjà que c'était pas prémédité. J'sais pas si tu te souviens de Miles. Tu m'as dit que c'était un c*nnard et que tu le sentais pas du tout ce type. Bah, j'aurais dû t'écouter. Ou j'aurais peut-être pas dû être autant enthousiasme quand j'l'ai rencontré. J'pensais que c'était le bon. Et en fait, non, du tout. J't'ai appelé ... J'ai cru que t'allais venir. Et c'est lui qui est venu. C'est cliché, je sais, mais le chagrin et l'alcool ... Il a pas voulu me laisser au bar. J'aurais dû rester. Ou je sais pas ... Peut-être que j'ai envoyé de mauvais signaux. J'en sais rien. Il se passe pas un jour sans que je regrette. Pas un jour où j'me dis que j'ai fait la plus grosse connerie de ma vie. J'ai pas bousillé que ma vie. Mais la tienne aussi. » tu ignorais pourquoi mais entendre ta sœur parler de cette histoire était une bonne chose. Tu ne savais pas encore pourquoi mais tu sentais qu’il fallait que cela sorte un jour, pour le bien de tout le monde. Tu te souvenais de cette soirée, tu étais de garde, tu n’avais pas pu partir, tu avais deux naissances qui t’attendaient dans la nuit. Alors tu avais demandé à ton fiancé d’aller chercher ta sœur parce que tu ne pouvais pas le faire et parce que tu avais confiance en lui. Tu n’aurais pas dû mais comment le savoir ? Vous étiez ensemble depuis quelques années, rien ne t’avait amené à penser qu’il coucherait un jour avec ta sœur. Tu te souvenais du copain de ta sœur, de l’ancien apparemment. Tu ignorais ce qu’il avait fait mais ce n’était pas important. Ta sœur avait le chic de tomber sur des gars pas faits pour elle. C’est comme une espèce de malédiction. Et elle croit toujours qu’ils sont le bon. « Tu ne peux pas savoir si cette personne est la bonne de suite Jessy. Je n’étais pas certain que mon fiancé était le bon même aujourd’hui mais il s’en approchait certainement. » Oui parce que tu avais accepté de l’épouser après tout donc il devait être proche d’être le bon non ? Mais tu étais heureux de ne pas l’avoir épousé car il était clair qu’il n’était pas une bonne personne. Tu regardais ta sœur en soupirant. Cette histoire n’était vraiment pas simple. « Je ne peux pas te pardonner en un claquement de doigts car même si tu m’as sauvé d’un mariage avec quelqu’un capable de coucher avec ma sœur, c’est une trahison qui va bien trop profond. Mais je peux essayer. » Tu savais que tu ne pourrais pas rester fâché avec ta sœur toute ta vie mais avant que les choses redeviennent comme avant, il allait falloir laisser le temps jouer, il allait falloir que tu apprennes à lui refaire confiance tout simplement. « C’est tout ce que je peux te proposer. » Oui, c’était un pas en avant de ton côté, si ça ne lui convenait pas, tant pis.

Le plus simple, c'était de raconter son histoire. Toute la vérité. Et rien que la vérité. Ce n'était pas pour l'attendrir. Ce n'était pas pour qu'il lui pardonne plus facilement. C'était juste ... C'était juste pour qu'il comprenne l'état d'esprit dans lequel elle était à ce momlent là. Ca ne plaidrait peut-être pas en sa faveur mais qu'importe. Jessy avait besoin de lui parler. De lui dire ce qu'elle avait sur le coeur. Voilà pourquoi elle avait parlé d'une traite. Henry n'avait pas cherché à l'interrompre. Et c'était pas plus mal. Parce qu'elle aurait fini par perdre le fil de son histoire et elle aurait été obligée de tout recommencer. Autant l'éviter, non ? Jessy avait repris son souffle. Elle avait terminé. Enfin, en ce qui concernait cette histoire. Elle aurait pu enchaîner avec son agression tant qu'elle y était. Mais non. Elle gardait ça pour plus tard. Enfin, si y'avait un plus tard et qu'il acceptait encore de lui parler. Mais oui, ça serait pour un autre jour. Pas besoin de lui donner trop d'informations et de lui pourrir la tête. Il avait beaucoup à digérer. Et surtout, il devait réfléchir à ce qu'il allait faire. Jessy n'espérait pas son pardon. Juste ... Elle ne savait pas trop. Que ça soit moins tendu entre eux. Ca serait une bonne chose. Une très bonne chose. Elle voulait retrouver son frère. C'était indéniable. Et elle se doutait que le chemin serait long. Il n'avait rien dit pendant un petit moment. Le temps qu'elle lui explique ce qu'elle avait sur le coeur. Et puis, il lui parla de l'amour. Du fait qu'ellene pouvait pas certaine qu'il était le bon tout de suite. Que ce genre de choses prenait du temps. "Tu me connais ... j'suis du genre ... trop impatiente." Elle poussa un soupir et passa une main dans ce qu'il lui restait de cheveux. "Tu me l'as répété je ne sais combien de fois. Et va falloir que j'me fasse une raison." Que son grand frère était bien plus sage qu'elle. Qu'il avait de très bons conseils. "J'ferais mieux de suivre tes conseils." Elle soupira. Seulement, est-ce que Henry allait continuer à lui donner des conseils ? Ou au contraire, est-ce qu'il allait la rayer de sa vie pour ce qu'elle avait fait ? Ca ne serait que justice si jamais il décidait de s'éloigner d'elle. Elle en serait déçue mais bon. Elle comprendrait. Elle avait déconné. Et elle comprenait que tout ne serait pas rose. Que ça allait être difficile entre eux. D'ailleurs, Henry n'hésita pas à lui dire qu'il n'allait pas lui pardonner tout de suite. Que ça ne serait pas possible. Qu'il ferait des efforts mais c'était grave quand même ce qu'elle avait fait. Elle eut un hochement. "J'venais pas dans l'espoir que tu me pardonnes aujourd'hui. Je sais très bien que ce que j'ai fait ... C'est grave. Trahison comme tu dis. Il est vrai que si on était dans un monde de bisounours, oui, j'aurais pu espérer que tu me pardonnes maintenant. Mais on est pas chez les bisounours." Bien malheureusement. Mais c'était comme ça. "Mais j'apprécie ... que tu veuilles bien essayer. J'sais que ça se fera pas du jour au lendemain. Je sais que ça sera pas comme avant." Elle en avait conscience. Même si ça lui faisait mal de l'admettre. Qu'est-ce qu'elle ne ferait pas pour récupérer son frangin une bonne fois pour toute ? "Hormis le temps et la patience ... Y aurait-il quelque chose ... que je pourrais faire ?" lui demanda-t-elle en penchant la tête sur le côté. Du temps et de la réflexion. Mais peut-être qu'il avait besoin d'autre chose. Elle demandait à tout hasard. Sait-on jamais comme on le dit.

On t’avait toujours dit que la vie réservait beaucoup de surprises mais celle-là tu devais avouer que tu t’en serais bien passée. Tu savais qu’un jour tu aurais cette discussion avec ta sœur, peu importe quand vous auriez pu l’avoir, elle était inévitable. Tu voyais bien que Jessy essayait de justifier son comportement. Qu’elle essayait de t’expliquer comment elle en était arrivée là. Tu t’en voulais de ne pas avoir pu la récupérer ce soir-là mais comment aurais-tu pu imaginer que tu la retrouverais dans ton lit avec ton fiancé ? Même si elle avait bu, c’était à lui de la repousser aussi non ? Tout ce que tu avais gagné dans cette histoire c’était un cœur brisé, un appartement vide et tu avais perdu ta sœur. Oui, franchement cela ne donnait pas réellement envi mais c’était comme ça. Tu étais reconnaissant à ta sœur d’avoir attendu avant de venir te rendre visite. C’était bénéfique pour elle aussi car si elle était venue plus tôt, tu n’étais pas certain que tu l’aurais écoutée. Tu ne fus nullement surpris d’apprendre que son ex petit-ami était un connard fini, tu l’avais dit à ta sœur quand elle avait commencé à sortir avec ce dernier. Mais elle était assez grande, elle choisissait comment diriger sa vie. C’était encore une fois elle qui le payait cependant … « Tu me connais ... j'suis du genre ... trop impatiente. Tu me l'as répété je ne sais combien de fois. Et va falloir que j'me fasse une raison. J'ferais mieux de suivre tes conseils. » Il était clair qu’elle ferait mieux de suivre tes conseils ou du moins elle ferait mieux de les écouter, cela ne lui coûtait pas cher. Tu n’avais jamais compris son besoin de ne jamais t’écouter quand cela concernait sa vie amoureuse. Toi tu récupérais toujours les morceaux. Génial non ? Quand tu étais adolescent, tu pensais sérieusement que l’amour pour toute la vie cela existait mais depuis quelques temps tu te posais réellement des questions et tu n’aimais pas ça. Oh que non tu n’aimais pas ça … Tu espérais que ta sœur le trouverait en tout cas s’il existe, elle méritait de trouver quelqu’un qui lui fasse oublier toutes ces histoires sordides. Même après ce qu’elle t’avait fait. « Avant de les suivre, ce serait bien que tu les écoutes. L’amour ça n’apparaît pas en un claquement de doigt, pas celui qui dure toute la vie. » Ca par contre tu en étais persuadé. Le coup de foudre tu n’y croyais pas. Pour toi l’amour c’était quelque chose qui se construisait petit à petit. Regarder quelqu’un et savoir que c’était le bon ? Non, très peu pour toi … Face aux explications de ta sœur, tu pouvais voir qu’elle attendait une réponse de ta part mais pendant un moment tu ne savais pas laquelle lui donner. La présence de ta sœur dans ta vie te manquait c’était certain mais tu n’étais pas prêt non plus à lui pardonner ce qu’elle avait fait. Elle avait été trop loin, elle t’avait fait trop mal même si elle t’avait certainement sauvé d’un mariage avec une personne qui n’était pas faite pour toi. « J'venais pas dans l'espoir que tu me pardonnes aujourd'hui. Je sais très bien que ce que j'ai fait ... C'est grave. Trahison comme tu dis. Il est vrai que si on était dans un monde de bisounours, oui, j'aurais pu espérer que tu me pardonnes maintenant. Mais on est pas chez les bisounours. Mais j'apprécie ... que tu veuilles bien essayer. J'sais que ça se fera pas du jour au lendemain. Je sais que ça sera pas comme avant. Hormis le temps et la patience ... Y aurait-il quelque chose ... que je pourrais faire ? » Tu étais ravi d’entendre que ta sœur ne vivait pas dans un monde où il suffisait de s’excuser pour que l’on dise pardon. Tu ne l’avais jamais pris pour quelqu’un de naïf mais on ne sait jamais. Tu ne savais pas quoi lui dire. Tu ne savais pas ce qu’elle pouvait faire. Rien, c’était à toi d’apprendre à la laisser entrer de nouveau dans ta vie et cela il n’y avait que toi qui pouvait le faire. « Malheureusement ce qui est à faire c’est moi qui doit le faire. Mais j’ai Lea ce week-end. Tu pourrais passer à l’appartement. Mon nouveau, maman a l’adresse. » Oui parce que bien sûr que tu avais déménagé, il était hors de question que tu restes dans cet appartement même une fois que ton ex fiancé avait quitté la ville. « Ce ne sera peut-être pas comme avant mais elle me demande sans cesse de te voir et il faut que j’apprenne à te faire entrer de nouveau dans ma vie petit à petit. » Oui, ta sœur n’allait pas y rentrer de nouveau en quelques secondes mais vous pouviez y travailler. C’était le plus important.

Suivre les conseils de son grand frère. Les écouter. Et ne pas faire la sourde oreille quand il en venait à lui dire quelque chose. Il était un peu plus vieux qu'elle. Il savait des choses qu'elle ne savait pas. Il avait vécu un peu plus de choses. Guère plus. Mais il avait déjà vu des choses qu'elle ne soupçonnerait peut-être même pas. Jessy ne ferait plus sa mauvaise tête. Parce qu'elle n'avait pas envie que ça lui coûte définitivement son frère. Non. Elle savait qu'elle aurait, déjà, beaucoup de mal à le récupérer. Et elle ne souhaitait pas agraver les choses. Elle se contenta d'un haussement des épaules lorsque Henry lui expliqua que l'amour ne venait pas en un claquement de doigts. Jessy baissa la tête, un peu honteuse. Beaucoup même. Il avait carrément raison. "Et le coup de foudre alors ?" Elle pencha la tête sur le côté et soupira quelque peu. "Ca doit pas être pour moi. De toute manière, j'ai le chic pour tomber sur les mauvais types." Ou ceux qui la voulaient juste dans son lit pour une soirée et rien de plus. Jessy désespérait quelque peu de trouver celui qu'il lui fallait. De trouver quelqu'un de bien. Elle se doutait qu'il y avait quelque part quelqu'un pour elle. Mais arriverait-elle à lui mettre la main dessus un de ses jours ? Elle l'espérait. Mais en tout cas, ce ne serait pas pour tout de suite. Quoi qu'il en soit, Henry proposait d'enterrer la hache de guerre. Façon de parler. Parce qu'il ne tournerait pas la page facilement. Fallait pas qu'elle croit que tout était gagné. Elle savait que ce n'était pas le cas. Henry était bon. Il avait bon coeur. Et un bon fond également. Seulement, tout oublier en un claquement de doigts, c'était pas son genre. Et elle savait que ce n'était pas possible. D'où le fait qu'elle le lui avait dit. Et qu'elle lui demandait si elle pouvait faire quelque chose. Henry lui parla du week-end qui arrivait. Du fait qu'il avait Lea et qu'elle pouvait passer chez lui. Jessy eut un sourire. Intérieurement, ça lui faisait du bien. Et elle appréciait qu'il lui demande de passer. Elle en était même ravie. "D'accord, je passerais." dit-elle dans un hochement de la tête. "Mais il vaudrait peut-être mieux que tu me donnes ton adresse. Parce que ça serait bizarre que je demande à maman. Elle pourrait se poser des questions. Et je pense pas que ça soit une bonne idée qu'on les mêle à ça." Elle ne leur avait rien dit. Est-ce qu'Henry en avait fait de même ? Elle ne savait pas. Quand elle avait sa mère au téléphone ou qu'elle la voyait, Jessy ne lui parlait pas de cette histoire. Et sa mère n'avait jamais évoqué le sujet. Donc, elle n'était pas vraiment certaine que ses parents étaient au courant. Peut-être se trompait-elle. Qui sait ? "Tu veux que je passe à une heure précise ?" lui demanda-t-elle en penchant la tête sur le côté. Ca pourrait être intéressant de savoir, non ? Parce que Jessy avait le chic pour débarquer au moment où il ne fallait pas.

Tu n’étais pas un Dieu. Loin de là même, bien loin de là. Ta parole n’était pas sacrée et toujours vraie mais ta sœur avait tendance à donner son cœur sans trop se poser de questions. Trop s’en poser pouvait être un problème mais tu n’avais jamais aimé la voir le cœur brisé. Que ce soit dans cette situation ou dans une autre. Et la preuve, quand elle avait le cœur brisé elle avait tendance à faire n’importe quoi. Parce que tu savais que si ta sœur avait réellement eu envi de coucher avec ton fiancé, vu son caractère elle l’aurait fait depuis bien longtemps car ta relation avec ce dernier ne datait pas d’hier. Cela ne changeait rien au fait que tu étais blessé qu’elle l’ait fait mais tu savais avant qu’elle ne te le dise que ce n’était pas prémédité. « Et le coup de foudre alors ? Ca doit pas être pour moi. De toute manière, j'ai le chic pour tomber sur les mauvais types. » De ton côté tu ne croyais pas au coup de foudre donc ce n’était pas un problème. Et tu ne savais pas si ta sœur attirait vraiment les mauvais garçons mais son choix ces derniers temps ne s’étaient pas avérés les meilleurs dans sa vie amoureuse. Cela ne voulait pas dire que la chance ne pouvait pas tourner cependant, loin de là. Tu savais que ta sœur finirait par trouver le bon dans toutes ces histoires mais tu espérais qu’elle saurait le reconnaître quand elle le trouverait, c’était plus difficile. « Je ne crois pas au coup de foudre. Tu peux être attiré par quelqu’un au premier regard mais il y a de fortes chances que vous ne soyez pas compatibles. Puis je crois au fait que l’amour ça se construit, ça n’apparaît pas comme un don du ciel. Et ne soit pas pessimiste, tu le trouveras ton bon garçon un jour. » Tout le monde finissait par le trouver non ? Surtout pour des personnes comme ta sœur qui était tout de même bien loin d’être quelqu’un qui ne méritait pas cela. Mais la vie vous rendait des fois les choses plus difficiles qu’on ne le pensait … Après les excuses de ta sœur, tu avais pris quelques minutes pour réfléchir à ce que tu allais lui dire. Tu savais que malgré les mois, tu ne lui avais pas pardonné son acte, cela prendrait du temps mais cela ne voulait pas dire que tu ne pouvais pas essayer. Tu n’étais pas un humain sans cœur non plus il ne fallait pas exagérer. Tu lui proposais donc de passer ce week-end alors que tu avais Lea. C’était le meilleur compromis que tu pouvais lui faire et puis il y aurait ta fille pour occuper les silences gênants si ces derniers faisaient leur apparition. « D'accord, je passerais. Mais il vaudrait peut-être mieux que tu me donnes ton adresse. Parce que ça serait bizarre que je demande à maman. Elle pourrait se poser des questions. Et je pense pas que ça soit une bonne idée qu'on les mêle à ça. » Vos parents étaient mêlés à ça de toute manière. Tu n’avais rien dit parce que tu ne voulais pas que tes parents aient une mauvaise image de ta sœur ou qu’ils prennent parti mais ils n’étaient pas non plus aveugles. Bien au contraire, ils étaient plus que lucides et ils avaient bien vu que quelque chose n’allait pas entre vous quand tu n’avais aucune nouvelle de Jessy à donner quand tu passais manger chez eux. Cependant ils n’avaient pas posé de questions … Tu attrapais un bout de papier et tu notais ton adresse avant de la tendre à ta sœur. « Ils ne savent pas ce qui ne va pas mais ils savent que quelque chose ne va pas. Ils y sont mêlés de toute manière mais tiens. » Dis-tu simplement. Tu ne voulais pas faire d’histoires, ta sœur n’était pas là pour ça et vous en aviez déjà eu assez tous les deux. « Tu veux que je passe à une heure précise ? » Tu n’avais rien prévu ce week-end à part du repos et du temps avec Lea donc non, tu n’avais pas de moment précis en tête. « Téléphone-moi quand tu veux passer pour vérifier qu’on ne soit pas dehors et que je prépare assez à manger si tu restes manger. Je n’ai pas changé de numéro. » Ajoutas-tu parce que oui, tu n’avais répondu à aucun de ses appels mais tu n’avais pas changé de numéro.

Le coup de foudre était une notion quelque peu étrange. Parfois ça fonctionnait. Et parfois ... Et bien, parfois, c'était une vraie catastrophe. De toute manière, comme Jessy l'avait souligné, ça ne passait pas pour elle. Et c'était pas pour elle. Il y avait des moments où elle se demandait, d'ailleurs, si y'avait quelqu'un qui l'attendait. Peut-être qu'elle devrait passer sa vie toute seule. Peut-être qu'il n'y avait personne qui l'attendait. Elle se posait la question. Depuis ce coup bas et depuis qu'elle avait fait du mal à son frère. Elle s'en voulait. Terriblement. Et elle se disait que l'amour, au final, c'était peut-être pas pour elle. Ouais. Ca serait à voir. Ca serait à voir. En tout cas, Henry lui expliquait qu'il ne croyait pas au coup de foudre. Que c'était ... Ouais, ça n'existait pas. Il se montrait optimiste pour elle. Il pensait qu'elle finirait par trouver quelqu'un. Ca prendrait du temps. Ca ne se ferait pas en un clin d'oeil. Mais elle y arriverait. "Ouais ... Je suis pas sûre que je le mérite après ce qui s'est passé." en vint-elle à dire en se pinçant les lèvres. Oui, parce qu'elle s'en voulait. Et même si Henry finissait, un jour, par lui pardonner, elle, au fond, elle n'arriverait jamais totalement à se pardonner. Au fond d'elle, il y aurait toujours une part qui s'en voudrait. Et elle n'oublierait jamais. De cela, elle en était presque certaine. Peut-être qu'elle se flagellait un peu pour rien. Va trop savoir. Quoi qu'il en soit, malgré sa trahison, son frère était prêt à faire des efforts. Et il lui avait même demandé de passer. Elle n'avait pas son adresse. Henry ne tarda pas à lui confier un bout de papier avec son adresse notée dessus. Leurs parents étaient au courant que quelque chose clochait. Mais ils ne savaient pas quoi. "Peut-être ... Mais je préfèrerais leur épargner les détails." Pas pour elle. Enfin, si, peut-être un peu pour elle. Mais notamment pour Henry. Elle n'avait pas envie qu'ils s'en mêlent et qu'ils cherchent à arranger les choses. "Parce que je sais que s'ils connaissent les détails, ils feront comme lorsqu'on était petit, qu'on se chamaillait et qu'on se parlait plus. Et j'ai pas envie qu'ils le fassent. Je préfère ... qu'on règle ça entre nous. Si c'est possible." Car elle savait que sa relation avec son frère ne serait jamais plus la même. Car elle savait qu'elle avait perdu sa confiance et que ça prendrait du temps avant qu'il accepte de lui faire confiance à nouveau. Elle l'avait trahi. C'était pas rien. Elle passerait ... Et bien, elle passerait une fois qu'elle lui aurait passé un coup de téléphone. Histoire de savoir si ça convenait et s'ils ne risquaient rien. Jessy eut un sourire et un hochement de la tête. "D'accord, j'le ferais." Jessy avait fini par se lever. Elle aurait bien aimé se rapprocher afin de le prendre dans ses bras. Mais elle pensait que c'était trop tôt à dire vrai. Et qu'il refuserait le contact. Alors, autant le laisser. "Je vais pas plus empiéter sur ton temps. Je pense que tu aimerais sans doute t'avancer un peu avec tes patientes." dit-elle dans un hochement de la tête. Elle aurait aimé ... bien sûr qu'elle aurait aimé rester un peu plus longuement. Discuter plus longtemps avec lui. Mais il travaillait. Et il n'était pas là pour se tourner les pouces. "Je te téléphone alors." ajouta-t-elle en se rapprochant de la porte.