« Mais… Ben habite en Australie… Pou-pourquoi j’irai chez Charlie ? Il est plu-plus en Angleterre ? » Je hausse un peu les épaules, l’air de dire que je n’en ai aucune idée. Ben est son frère si je me souviens bien, par contre, je n’avais pas eu les détails concernant leur relation, il faut dire que Debra et moi n’avions pas pour habitude de parler des sujets dits sérieux. « Je ne sais pas pour Ben » Nous gardions notre jardin secret, en plus, on ne peut pas dire que l’irlandaise soit la personne la plus facile à mettre à table tant les barrières qu’elle a érigé entre le monde sont nombreuses ou je n’ai jamais osé ni eu l’idée de poser la question. Si je devais émettre des suppositions, je dirais que sa grossesse en serait la raison mais je me vois mal lui expliquer ça, l’effet serait complètement désastreux surtout sans tenants et aboutissants « Non, il a suivi Gauthier et Théodora à Brisbane » Si j’ai bonne mémoire, la cause était la grossesse de Théo, zut, j’écoutais peut-être encore à moitié ce jour-là ou bien le tri régulier dans ma mémoire a foutu tous les détails dans cette poubelle imaginaire. « Je crois qu’il y a eu des divergences d’opinion avec les parents et ils ont fini en Australie » je vais éviter de spéculer et de mentionner un autre enfant dans la conversation, ma mission de réconforter Debra commence tout juste à porter ses fruits. « On a la belle vie alors, c’est presque notre acmé ? » Acmé ? Je crois que je ne suis pas encore arrivé à ce mot dans le dictionnaire « Je dirais plutôt QG » allez, faisons semblant de le maitriser, en espérant que je sois dans le bon, sinon bonjour la honte mais bon je m’en remettrai. « J’ai dû me prendre un sacré coup quand même… » J’examine doucement son crâne, avec le même sérieux que Georges Clooney dans Urgences, le savoir en moins « Le choc a été très violent faut dire, moi j’ai fini contre la paroi là-bas, le sèche-main dans la tronche » d’ailleurs la paroi s’est cassée sous mon poids, quand l’adrénaline va redescendre, je vais découvrir des parties de mon corps dont j’ignorais l’existence « Bon t’auras sûrement une jolie bosse et peut-être même un pansement comme le mien, on sera assortis et prêts pour Milan » je lâche un petit rire en laissant ma main retrouver sa place autour de ses épaules « J’arrive juste pas à croire que… Tu sais si… Fille ou garçon ? » je dois vraiment y répondre ? Si je dis ne pas savoir, ça va sembler louche non vu qu’on est potes ? Et si je dis oui, j’ai peur que ça la plonge dans une autre crise de larmes. Soudain, alors que je suis enfin décidé dans ma stratégie, j’entends un vacarme terrible et je me tourne vers Debra « t’as entendu ça ? » Histoire de confirmer que mon coup à la tête ne me fait pas encore halluciner. Déjà que j’ignore comme je vais me remettre debout, il ne manquerait plus que je ne mette à entendre des voix et voir des choses. « Me dis pas que je deviens fou »

Debra écoutait attentivement les différentes réponses que Félix pouvait lui donner. Apparemment, vu les informations qu’il lui donnait, ils devaient au moins être assez proches. Et puis, il était au courant pour sa grossesse, et mémoire en place ou pas, Debra savait que ce n’était pas quelque-chose dont elle aurait parlé à tout bout de champ. « Le choc a été très violent faut dire, moi j’ai fini contre la paroi là-bas, le sèche-main dans la tronche » Debra fronça la frimousse lorsqu’il lui décrit son accident. Elle n’était pas sûre d’avoir voulu autant de détails. « Bon t’auras sûrement une jolie bosse et peut-être même un pansement comme le mien, on sera assortis et prêts pour Milan » Elle secoua la tête, lentement, un peu désespérée. La question qu’elle lui posa par la suite, Félix n’y répondit pas. En même temps, pour la situation, c’était peut-être trop en demander. Ce n’était surement pas le moment idéal - et peut-être pas la personne la mieux placée après tout - pour demander le sexe du bébé qu’elle avait eu. En revanche, le moment idéal qui se présentait, c’était celui où les secours arrivaient. Ils se firent repérer par de drôles et forts bruits. « t’as entendu ça ? Me dis pas que je deviens fou » Fronçant les sourcils et secouant la tête, essuyant rapidement son visage des dernières larmes traitresses, Debra se leva lentement pour venir passer sa tête à travers l’encadrement de la porte du compartiment. Elle gardait ses sourcils froncés, elle avait du mal à se concentrer après la crise de nerfs qu’elle venait de se taper. « Je… » Elle soupira avant de venir se positionner debout près de Félix. « Je crois qu’il y a du monde plus loin, on devrait aller voir ce que c’est. On sait jamais. »
@Félix Gonzalès

La douleur de son doigt commence à se réveiller, mais il ne dit rien, il se tait parce que la douleur il a appris à la gérer. Ce n’est que lorsque Kaecy lui parle de sa main qu’il finit par poser les yeux dessus pour voir du sang couler de son bandage. Il essaie de rester calme, la panique semble l’avoir quitté définitivement, et il aborde sereinement la suite des choses. Loin de lui l’envie de ralentir leur expédition, il propose de continuer à marcher jusqu’à ce qu’ils trouvent la sortie, peu certain qu’ils puissent faire quelque chose de plus pour son doigt sans les secours. Ils peuvent éventuellement refaire le bandage, mais le résultat sera le même étant donné qu’aucun d’entre eux n’a de compétences médicales. Priam propose de lui refaire un bandage, avant de demander l’avis de Kaecy. Matteo décidera en fonction de l’avis de la jeune femme, il lui fait suffisamment confiance pour savoir qu’elle prendra la bonne décision. « T’en fais pas pour moi, j’ai connu pire. » Il est d’accord avec elle, ils feraient mieux d’avancer, c’est même lui qui a proposé cette idée le premier. « Je voudrais juste essayer de trouver de la glace, doit bien y en avoir quelque part dans ce wagon. » Ca ne lui prendra que quelques secondes, il se dit qu’avec toute la nourriture et les boissons transportés dans ce train il doit bien pouvoir trouver un peu de glace à mettre sur son doigt. Il fouille précautionneusement en prenant soin de ne pas blesser plus sa main, et finit par sortir de la glace d’un frigo. « Ok, on peut y aller. » Il faut qu’ils continuent afin de trouver la sortie, étant trop loin dans le train pour faire demi-tour et pour se rendre compte que les secours sont déjà arrivés. Il baisse les yeux deux secondes avant de repartir, et observe ce qui lui semble une main inanimée. Son sang se glace, et il lui faut deux secondes pour que l’information remonte à son cerveau. « Attendez, je crois qu’il y a quelqu’un là-dessous. » Il essaie de rester calme parce qu’il sait que sous ces débris ils vont probablement trouver un corps sans vie. Cette information il essaie de la sortir de sa tête dans l’espoir que cette personne soit encore en vie. Un frigo semble lui être tombé dessus. Doucement Matteo vient se baisser pour essayer de prendre le pouls de cette main, un pouls qu’il ne sent pas. « Kaecy tu ferais mieux de rester là d’accord ? Hm, je pense qu’on devrait soulever le frigo. » dit-il à Priam. Il n’a pas envie de dire que dessous se trouve un corps sans vie, parce qu’il ne veut pas provoquer de panique supplémentaire, et aussi parce qu’il ne veut pas y penser.

@Kaecy Wilson @Priam Strand

« T’en fais pas pour moi, j’ai connu pire. » Kaecy hocha alors légèrement la tête lorsque Matteo lui confirma qu’il pourrait s’en sortir avec sa douleur, si c’était pour trouver la sortie plus rapidement. « Je voudrais juste essayer de trouver de la glace, doit bien y en avoir quelque part dans ce wagon. » « C’est une bonne idée oui. » Et après quelques minutes de recherches, Matteo finit par trouver un frigo où de la glace encore en bon était se trouvait dedans. Il en prit une bonne poignée pour se faire un pin de glace. « Ok, on peut y aller. » Kaecy inspira profondément avant de faire un petit sourire encourageant aux jeunes hommes, et de prendre les devants en recommençant à avancer. Cependant, elle n’eut pas le temps de faire trois pas que la voix de Matteo retentissait de nouveau - et elle était heureuse d’avoir de nouveau ses appareils, sinon ça aurait été catastrophique sur le long terme, dans cette situation. « Attendez, je crois qu’il y a quelqu’un là-dessous. » Kaecy s’arrêta lentement, puis pivota sur elle-même à la même vitesse, avant de regarder Matteo. Elle n’osait même pas regarder dans quelle direction allait son regard. « En dessous de quoi, Matteo ? » Un silence d plomb s’abattit sur leur petit groupe, alors Matteo tentait d’analyser la situation tout en jetant des petits coups d’oeil à Priam. Kaecy n’aimait pas du tout ça. « Kaecy tu ferais mieux de rester là d’accord ? Hm, je pense qu’on devrait soulever le frigo. » Soupirant lentement pour contrôler les émotions qui semblaient vouloir s’emparer de la jeune femme, Kaecy finit par laisser glisser son regard jusqu’au sol, alors que les deux jeunes hommes se pressait autour de frigo. Soufflant son prochain volume d’air par saccades, Kaecy vint poster sa main à sa bouche devant l’horreur qu’elle avait sous les yeux. Yeux auxquels les larmes étaient en train de monter. C’est Anubis qui allait avoir du boulot avec ça.
@Matteo Hellington @Priam Strand

« C’est tout de même très doux et très beau » Tu lui souris. Tu n’avais rien contre ce prénom, tu ne l’aurais peut-être pas choisi mais il ne te dérangeait pas. Tu en avais plutôt contre le fait que tu n’avais pas eu le choix tout simplement. En ce qui concernait Abel, tu n’avais pas eu beaucoup le choix et tant que tu n’auras pas été devant un juge pour affirmer tes droits, tu n’auras pas beaucoup le choix parce qu’Angelina fera tout pour que tu ne l’aies pas. Tu aurais préféré être dans la réalité de Liviana, elle semblait avoir bien fait les choses avec son mari au moins. Toi il semblait que tu ne méritais même pas cela. Mais comme tu le lui avais dit, il fallait se tourner vers le futur et pas ruminer un passé sur lequel vous n’aviez aucune prise. Finalement, Liviana te proposa de quitter ce wagon pour retourner dans l’autre, voir ce qui était en train de se passer. Tu acceptais un peu à contre cœur bien trop apeuré de ce que vous pourriez y trouver. « Ça va, c’est supportable ne t’en fais pas. Le chaos est par là ? » Tu hoches la tête, un peu rassuré de l’état de la jeune femme. C’est en silence que vous avanciez dans le couloir du train jusqu’à l’entrée du wagon. Tu ne réfléchis pas deux fois avant d’ouvrir mais porte mais tu laissais Liviana entrer en premier. Une fois à l’intérieur tu reconnus plusieurs visages que tu avais croisés précédemment et bien sûr Lydia. Mais le plus étonnant n’était pas là, le plus étonnant c’était qu’il y avait d’autres personnes dans ce wagon, des personnes qui n’avaient rien à voir avec le déraillement du train, les secours. Te tournant vers Liviana, tu lui dis : « Il semblerait qu’on ait enfin réussi à appeler les secours, ils sont là. » Dis-tu en lui montrant une première personne en train de s’occuper d’une jeune femme avec un morceau de verre dans la jambe alors que d’autres se précipitaient vers la jeune fille blanche de tout à l’heure. « Peut-être que cette journée ne va pas trop mal se terminer. » Dis-tu en haussant les épaules. Tout le monde pourra peut-être s’en sortir.

@Liviana Beauregard

Tu ne sais pas trop pourquoi tu racontes à Lydia que tu as déjà essayé d’aimer une fille. Tu n’y es pas arrivée et tu as enterré cette expérience au fin fond de ta mémoire mais tu as essayé un jour. C’était juste très bizarre, tu ne te souviens plus ce qui te dérangeait exactement mais c’était bizarre. « Oh, je vois. Elle s’appelait comment ? » Tu étais à l’université à l’époque, première expérience loin de tes parents, à l’autre bout du continent américain. Tu te souviens de ce sentiment de liberté qui t’avait envahi et tu avais été décidée à réaliser toutes sortes d’expériences un peu taboues à New York. « Elle s’appelait Coralie, c’était ma voisine de dortoir. » Tu ne partageais pas ta chambre avec elle mais elle habitait dans la chambre d’à côté. Cela faisait longtemps que tu n’avais pas pensé à tout cela, à l’université … Le mariage de Lydia semblait compliqué et en plus elle ne voulait pas d’avocats, toi tu ne comprenais pas pourquoi. « J’ai pas besoin qu’on me défende, on remplira les papiers, et on ira faire notre vie chacun de notre côté. On s’est préparé à ça depuis le jour de notre mariage. » Tu fronces les sourcils. Qui se prépare à divorcer le jour de son mariage ? C’est étrange un peu non ? Tu regardes Lydia avec de grands yeux sans réellement comprendre avant de lui demander incrédule : « Mais pourquoi vous vous êtes mariés alors ? » On se marie par amour non ? Parce qu’on promet de s’aimer, pas parce qu’on veut divorcer. Et puis ce n’était pas ce qu’on gagnait en impôt quand on était marié qui poussait à ce choix. Alors que Lydia te faisait parler d’Alvaro, tu ne pus t’empêcher de penser à la cicatrice qui allait venir décorer ta jambe à l’avenir. « Bien sûr que non. Vous pensez qu’une cicatrice va le repousser ? Et si c’est vraiment le cas, il vous mérite pas. » Peut-être mais tu n’avais pas envie qu’Alvaro il te repousse, ça te briserait un petit peu le cœur quand même. Seul lui pourra te donner une réponse de toute façon. « Je sais pas, j’espère pas, j’ai pas envie qu’il me repousse. » Dis-tu d’une petite voix penaude. Mais avant que Lydia ne puisse dire quoi que ce soit, les portes condamnées du wagon s’ouvrirent soudainement et les secours firent leur entrée. Tu n’arrivais pas à y croire ! Peut-être que ça allait bien se finir finalement. « Par ici. Elle a … Enfin vous voyez bien ce qu’elle. Et il y a des centaines d’autres blessés dans le train » Lydia appela un secouriste vers vous pour venir te porter secours. « Merci. » Dis-tu à la blondinette qui avait bien veillé sur toi. Le secouriste écouta Lydia lui dire qu’il n’était qu’au début de ses peines. « Essayez de ramener le plus de monde par ici. » Dit-il avant de se tourner vers toi. « Mademoiselle vous êtes consciente ? » Tu le regardes avant de lui dire : « Bien sûr, on m’a empêché de m’endormir. » Dis-tu avec un sourire pour Lydia. « On ne va pas pouvoir faire grand chose pour vous dans ce train, il va falloir vous transporter au plus vite à l’hôpital. » Tu préférais être opérée dans de bonnes conditions de toute façon.

@Lydia Waters

Lorsqu’elle me fit savoir qu’elle s’était évanouie durant plusieurs minutes, je hochai simplement la tête,  une façon de lui signifier que je l’écoutais tandis que mon cerveau était en ébullition. Elle avait également été parcourue de convulsions ce qui n’était pas très bon signe et ne faisait que confirmer l’urgence de son état. Cela faisait désormais trente minutes que j’avais prévenu le secours et je m’étonnais qu’ils ne soient pas encore là, d’autant plus que je doutais que Pénélope fût notre seule blessée grave. Les victimes devaient être nombreuses, certaines n’auraient pas survécu, de ça j’en étais certaine et il était hors de question que cette jeune femme subisse également ce sort, il avait encore tant de choses à vivre et à voir. « D’accord, je prends note » Je demandais par la suite à Eliane d’aller nos procurer de quoi rendre la position de Penelope plus confortable et propice à son état, je n’avais pas de matériel, ce que contenait le kit de secours concernait avant tout des blessures mineures et non des hémorragies internes. Je jetai un autre coup d’œil à mon téléphone dont la batterie menaçait dangereusement de nous laisser sans moyen aucun de contacter l’extérieur.  La main de la jeune blessée sur la mienne me ramena à l’instant présent et ses questions étaient à briser le cœur. Dire que cette balade prévoyait d’être ludique, certains y avaient participé afin de se changer les idées et profiter de cette ambiance légère qu’on leur promettait, sans doute Pénélope faisait-elle partie de ces personnes. La voici désormais en train de s’interroger sur ses chances de voir le lever de soleil le jour suivant. « Je ne vais pas te mentir, c’est loin de bien se présenter » je parlais doucement avant d’aller poser ma main libre sur son front, caressant doucement sa chevelure en un geste réconfortant « Mais je sais aussi qu’ils arriveront à temps et que tu seras immédiatement transportée à l’hôpital » dis-je sur le ton le plus assuré que j’avais en réserve. Si nous n’avions plus d’espoir, nous n’avions plus aucune raison de combattre. « Les secours australiens ont une excellente réputation, je suis persuadée qu’ils sont déjà en pleine intervention » Aussi stupide que cela pourrait sembler à certains, j’y croyais. Cette jeune femme retrouvera sa famille et ses amis. Ce fut à ce moment qu’Eliane nous rejoignit, en mains, l’objet convoité « Ce sera parfait ! » lui assurai-je alors je récupérais le tout pour surélever les jambes de Pénélope. A peine quelques secondes plus tard, un vacarme retentit, de quoi réveiller les pensionnaires du Père Lachaise, et un sourire apparut sur mes lèvres, elle était sauvée. « Tu vois, je t’avais dit que tu t’en sortirais » lançai-je à ma jeune blessée avant de me lever pour attirer leur attention « Par ici, par ici ! » Je ne doutais pas qu’ils soient venus nombreux, de quoi couvrir toute la surface du train. « Nous avons une hémorragie interne, un traumatisme abdominal qui a entraîné une rupture de la rate. Elle s'est déjà évanouie pendant quelques minutes et a été prise de convulsions » expliquai-je alors aux personnels en uniforme venus nous rejoindre. « Il faut la transporter immédiatement à l’hôpital » Mon ton avait été plus autoritaire que je ne l’aurais souhaité. Devant leur hésitation et leur question pour savoir d’où je tenais ce diagnostic, je me contentai d’un léger soupir « je suis médecin » j'ignorais combien de fois j'avais pu l'affirmer en l'espace d'une demi-heure, mais je risquais bine de finir par le croire.

Le bruit est constant, peut-être pas aussi fort qu’au départ, mais on dirait une armée qui se déploient ou mon coup à la tête est en train de me faire perdre complètement les pédales, ce qui ne serait pas impossible. Je sens que la plaie continue de saigner, s’écoulant maintenant sur ma peau vu que mon t-shirt est entre les mains de Debra. En parlant de cette dernière d’ailleurs, elle va jeter un coup d’œil par l’encadrement de la porte pour confirmer ou non mes dires. Confirmer ou non que mes neurones se font la malle avec mon sang… sur ce point, je suis persuadé que beaucoup de personnes seront prêts à argument sur le fait que j’ai ou non des neurones, on ne peut pas dire que je brille toujours de mon intelligence en société. C’est sûr qu’à être ami avec quelqu’un comme Charlie, tu finis par choisir d’être drôle, parce que niveau connaissances et culture générale, tu fais pas tellement le poids. Enfin, je suis incollable dans tout ce qui a un rapport avec le cinéma, les bandes dessinées et d’autres trucs inutiles, ça compte non ? « Je crois qu’il y a du monde plus loin, on devrait aller voir ce que c’est. On sait jamais. » je jette un coup d’œil en direction de Debra avant de hausser les épaules « Tes bras de mouche pourront soulever mon poids tu crois ? » je lui demande alors un brin moqueur, quoiqu’un peu sérieux. Il a fallu être trois (je compte Arthur comme ayant la force pour deux) pour me mettre sur mes jambes, nous n’avons aucune chance, rien que l’idée me fatigue d’avance. « Essaie d’aller voir, si ce sont les secours dis leur qu’un beau latino prêt pour la fashion week les attend bien sagement ici » De toute façon, le temps que je parvienne à tenir sur mes jambes, ils auront certainement fait le tour. « Et si ce n’est pas eux, reviens me retrouver, je passe rarement autant de temps dans des toilettes publiques tout seul »

« Tes bras de mouche pourront soulever mon poids tu crois ? » Elle soupira, n‘ayant pas encore retrouver la force pour le moment de lever les yeux au ciel. Sinon, pour sur elle aurait adopté cette réaction là. « Malheureusement… » Elle n’eut pas besoin de continuer sa phrase, Félix allait rapidement comprendre qu’elle ne pourrait pas faire grand chose toute seule. La seule chose qu’elle pouvait faire pour le moment, c'était enfiler le tee-shirt que Félix lui avait passé pour cacher comme il le fallait sa cicatrice - étonnement, avec ou sans mémoire elle n’avait pas forcément envie qu’on s’aperçoive de ce défaut de peau. « Essaie d’aller voir, si ce sont les secours dis leur qu’un beau latino prêt pour la fashion week les attend bien sagement ici. Et si ce n’est pas eux, reviens me retrouver, je passe rarement autant de temps dans des toilettes publiques tout seul » Debra tira un léger sourire, vaguement amusé - elle ne pouvait faire mieux pour le moment. « Ce serait dommage qu’on te laisse tout seul ici effectivement. » Elle finit par passer définitivement le seuil de la porte pour se diriger vers le bruit et l’animation. Et, après avoir parcouru une bonne distance à l’intérieur du train,  elle put s’apercevoir qu’il s’agissait effectivement des secours. Et elle fut soulagée, elle ne le niait pas, de savoir qu’ils allaient enfin pouvoir sortir de cette galère. Elle se dirigea donc vers le premier mec qu’elle croisa, portant uniforme qui faisait penser à ceux des secours. « J’ai mon ami qui est là-bas aussi, il a reçu un sacré choc sur la tête et il a saigné pas mal… » Le secouriste balaya son regard entre une jeune femme allongée au sol entourée d’autres personnes dont déjà un secouriste et Debra, qui semblait toujours autant perdue dans ce nouveau monde à ses yeux.  Et pour une fois, pour la première fois, elle ne fit pas une colère, un caprice ou quoi que ce soit parce-que le secouriste hésitait. D’une, elle n’avait pas la force - la petite crise de nerfs l’avait vidé et tenter de se rappeler tout le temps était fatiguant aussi - et de deux, elle voyait bien que la jeune femme - qui était en fait celle qui était mal en point déjà tout à l’heure - n’allait vraiment pas bien. Elle soupira légèrement. « On est au fond du wagon, envoyez quelqu’un dès que vous pourrez. » Et elle fit demi-tour. Elle avait promis à Félix qu’elle reviendrait vers lui, après tout.
@Félix Gonzalès

Pour le sportif l’avis de Kaecy était des plus importants, depuis leur rencontre la jeune femme s’était montré douce et sereine malgré la situation chaotique. La main de Mattéo saignait à nouveau depuis plusieurs minutes maintenant, ne sachant pas quoi faire, il se tourna vers la jeune femme afin d’obtenir son avis « J’imagine à quel point tu dois avoir mal mais là il te faut absolument un médecin, on risque d’empirer les choses en tentant de t’aider à ce stade là… Il faut qu'on avance et qu'on sorte. Maintenant » elle avait raison, ni lui, ni elle n’avait de connaissance dans le domaine de la médecine et tenter de l’aider pourrait rendre les choses encore plus compliqué pour Mattéo. Il lança un regard à Mattéo malgré tout inquiet pour lui « Tu penses pouvoir tenir encore un peu ? » c’était la seule solution malheureusement « T’en fais pas pour moi, j’ai connu pire. » il était admiratif face au courage dont il faisait preuve. Doucement mais surement le petit groupe reprit la route à la recherche d’aide « Je voudrais juste essayer de trouver de la glace, doit bien y en avoir quelque part dans ce wagon. » le sportif approuva d’un signe de tête et entra avec lui dans ce qui ressemblait à une cuisine, son regard se balada dans les débris qui se trouvaient par terre, il y avait tellement de chose sur le sol qu’il était incapable d’en distinguer la couleur. « Ok, on peut y aller. » il jeta un coup d’œil rapide à la main de Mattéo avant de se remettre à marcher, il faisait de plus en plus froid, du moins c’est ce que ressentait Priam à chacun de ses pas. Malgré cette sensation, il continua d’avancer regardant droit devant lui comme s’il cherchait la sortie du regard lorsqu’il entendit la voix de Mattéo Attendez, je crois qu’il y a quelqu’un là-dessous. » il arqua un sourcil et se tourna vers lui « En dessous de quoi, Matteo ? » Kaecy le devança alors qu’il descendit son regard pour tomber sur une main qui ne semblait pas bouger, il prit une profonde inspiration essayant de ne pas paniquer « Kaecy tu ferais mieux de rester là d’accord ? Hm, je pense qu’on devrait soulever le frigo. » il croisa le regard de Mattéo, c’était la seule solution, il était incapable de partir et de faire comme s’il n’avait pas vu cette personne « Ok… » il regarde Mattéo dans les yeux « A trois… un, deux trois… » dit-il avant de soulever le frigo de toutes ces forces, il leur fallut plus d’une minutes pour réussir à bouger le frigo et ce qu’ils trouvèrent en dessus était la définition même de l’horreur, c’était un homme d’à peine vingt-cinq ans, le regard vide. Pour la première fois depuis son arrivé ici, Priam eu les larmes qui lui montèrent aux yeux, c’était la première fois qu’il voyait un cadavre ; il se pencha malgré tout et posa son doigt dans son cou, rien, pas de pouls ; sans bouger il releva son regard vers Mattéo et Kaecy et fit un signe négatif de la tête, il était trop tard.

@Kaecy Wilson @Matteo Hellington

Etre tombé sur Arthur était sans doute la meilleure chose qui lui soit arrivé aujourd’hui, le jeune homme s’était montré plus courageux que n’importe qui et elle savait parfaitement que sans sa présence les choses auraient été très différentes. Elle ne savait pas comment le remercier, quelques mots n’auraient pas suffi à exprimer sa gratitude, elle était prête à passer le reste de sa vie à veiller sur lui. Pour le moment, la jeune femme décida d’avancer avec Arthur vers le wagon principale, elle ne savait pas ce qui se trouvait derrière la porte mais elle ne pouvait plus rester là sans rien faire. Elle lança un dernier regard à Debra et Felix qui avait l’air de s’en sortir puis elle quitta le couloir rejoignant un wagon qui était celui juste avant le principal. Juste avant d’entrer dans ce fameux wagon, Liv lança un regard à Arthur, elle commençait à avoir peur de ce qu’elle allait trouver dedans mais à sa grande surprise elle tomba sur plusieurs personnes vêtues de blouse bleu foncé et de gros manteau qui semblaient s’occuper des blessés qui étaient moins nombreux que ce que Liviana avait imaginé « Il semblerait qu’on ait enfin réussi à appeler les secours, ils sont là. Peut-être que cette journée ne va pas trop mal se terminer. » elle se senti soulagée avant de suivre le regard d’Arthur qui se posa sur une jeune femme brune qui semblait avoir un éclat de verre dans la jambe « Elle doit avoir tellement mal… » dit-elle d’une voix basse, le médecin qui s’occupait d’elle se décala et elle vit le visage de la jeune femme, elle devint immédiatement blanche en réalisant qu’il s’agissait d’une de ses meilleures amies « Milena… c’est Milena… » dit-elle alors que les larmes lui montèrent aux yeux, elle était là à souffrir pendant tout ce temps sans que l’italienne ai remarqué sa présence.

@Arthur Iver

La douleur il sait la gérer, il essaiera de l’oublier jusqu’à ce qu’ils trouvent la sortie, et avec un peu de chance, les secours. Il a déjà été alité pendant plusieurs semaines après s’être reçu une balle dans la jambe il peut bien oublier cette douleur pendant une dizaine de minutes. Lorsqu’il cherche de la glace ce n’est pas tellement pour la douleur mais pour être certain que son état n’empire pas. Une fois qu’il a mis la main sur la glace, ils s’apprêtent tous à repartir afin de trouver cette sortie qu’ils cherchent désespérément, mais Matteo les arrête son regard se posant sur une main inanimée. Cette main elle appartient à un corps qui semble être pris sous un frigo qui lui est tombé dessus lors du déraillement du train. Il n’ose pas le dire à voix haute mais il n’a pas senti de pouls en inspectant son poignet, et il est à peu près sûr de ce qu’ils vont trouver lorsqu’ils vont dégager le corps. Il a besoin de l’aide Priam, lui qui n’a qu’une main valide pour essayer de soulever le frigo. Une fois le corps soulagé du meuble, Matteo pose les yeux sur un corps sans vie, un corps d’un homme qui ne semblait pas encore avoir trente ans. Priam confirme la triste vérité, et Matteo détourne son regard quelques secondes. Des cadavres il en a déjà vu, bien plus qu’il n’aimerait, et des gens sans doute plus jeunes que lui, mais ça ne rend pas pour autant l’exercice plus facile. Mais ça lui permet de garder son calme, de ne pas laisser l’émotion l’envahir. Doucement il se baisse pour venir se pencher près de ce corps et fermer ses paupières. C’est vers Kaecy qu’il se dirige finalement pour bloquer la vue et faire en sorte que son regard n’ait plus à se poser sur cette vision à laquelle elle ne devrait jamais être confrontée. « Ca va aller ? » demande-t-il en regardant la jeune femme dans les yeux, avant de se tourner vers Priam pour lui indiquer que la question est aussi pour lui qui a l’air aussi remué que Kaecy. « Venez, on ne devrait pas rester là, les secours finiront par le trouver, on ne peut plus rien faire pour lui. » Il passe son bras autour de l’épaule de Kaecy pour l’inciter à la suivre lorsqu’il se dirige vers le compartiment suivant. S’ils le souhaitent ils pourront s’arrêter, mais il vaut mieux ne pas rester ici.

@Kaecy Wilson @Priam Strand

S’il y avait bien une chose à laquelle Kaecy ne serait jamais prête, c’était affronter la mort en face. Elle avait déjà vu des personnes décédées, à la télé notamment, et lors de crémations ou de mises en bière. Elle avait vu le corps de son propre père avant qu’il ne soit mis en terre. Mais ce n’était pas les mêmes émotions qui étaient en train de l’envahir en ce moment même. Cette mort là, qu’elle avait sous les yeux, elle n’avait pas pu s’y préparer. Ils venaient de découvrir le corps par hasard, et le choc avait réellement du mal à passer pour Kaecy. Ses mains tremblaient, ses yeux se remplissaient de larmes jusqu’à temps qu’il n’y ait plus de place et que ces dernières soient forcées de couler. Et la vison d’horreur ne se stoppa que grâce à Matteo qui vint s’interposer entre la victime et Kaecy, pour que son regard soit détourné. « Ca va aller ? » Kaecy ne pouvait même pas répondre, bouger. La seule chose dont était capable son corps pour l’instant, c’était d’encaisser le choc comme il le pouvait. Elle ne put même pas se préoccuper des autres, à savoir s’ils allaient bien à la vue qui s’offrait à eux. Elle n’arrivait pas à avoir des pensées correctes - elle était en état de choc et elle n’était pas habituée à ça. « Venez, on ne devrait pas rester là, les secours finiront par le trouver, on ne peut plus rien faire pour lui. » Matteo passa alors son bras autour des épaules de Kaecy pour la forcer à avancer, à passer autre chose. Elle avait entendu ses mots, elle les comprenait mais elle n’arrivait pas à réagir en conséquence. Elle avait réussi à tenir jusque maintenant, avec tout ce qu’il avait vécu, vu, et même si physiquement elle allait bien, cette vision allait peut-être être celle qui allait la fair dérailler, chuter, abandonner. Ses pieds se trainaient par terre alors que la petite troupe avançait lentement, vers une destination qui ne se présentait finalement plus si prometteuse. Et il fallut qu’ils marchent quelques bons mètres pour que Kaecy reprenne une respiration sensiblement normale et qu’un son ne sorte enfin de ses cordes vocales. « Mon Dieu… »
@Matteo Hellington @Priam Strand

La mort n’était pas une chose que Priam avait l’habitude d’affronter, il avait assisté à quelques enterrements sans jamais se rendre aux préparatifs. Ce cadavre allongé sur le sol était une première pour le sportif qui était incapable de penser clairement. Il resta pendant plusieurs secondes à la hauteur du corps sans vie avant de se relever lorsque Mattéo lui ferma les yeux, un geste dont il était tout bonnement incapable. « Ca va aller ? » il haussa les épaules incapable de formuler une phrase qui aurait le moindre sens, les larmes aux yeux il détourna le regard quand il croisa celui de Kaecy, il devait être fort malgré la mort de cet homme. Il prit une profonde inspiration pour se calmer avant de rapporter son attention sur le petit groupe Venez, on ne devrait pas rester là, les secours finiront par le trouver, on ne peut plus rien faire pour lui. » laisser ce gamin ici ne l’enchantait pas réellement mais il n’avait pas le choix, le porter était au-dessus de ses forces et attendre ici ne changerait rien à la situation. Il lança un dernier regard au cadavre avant de se remettre à marcher malgré ses jambes tremblantes ; il marchait désormais à côté Kaecy et Mattéo sans dire un mot. Il aurait donné n’importe quoi pour ne plus penser à ce qu’il venait de voir, malgré ses efforts se sortir cette image de la tête était impossible, au contraire elle s’imposait un peu plus au fil des secondes lui donnant juste envie de vomir. « « Mon Dieu… » il fut surpris d’entendre la voix de Kaecy, elle était si silencieuse depuis plusieurs minutes, il savait qu’aucun mot ne pourrait les apaiser à cet instant, alors il attrapa sa main tremblante et la serra dans la sienne aussi fort qu’il le put « On est là… okay ? » c’était la seule chose qu’il pouvait faire, se montrer présent pour ceux qui était avec lui depuis le début.

@Kaecy Wilson @Matteo Hellington

Cette image elle n’est pas plus facile à assimiler pour lui que pour les autres, mais il arrive à prendre sur lui, parce que ce n’est pas la première fois qu’il est confronté à ce spectacle. C’est son instinct de soldat qui reprend peu à peu le dessus sur tout son être, celui qui lui dit de ne penser à rien, que la mort fait partie intégrante du métier. Mais il est conscient de ne pas avoir les mêmes mécanismes de défense que Kaecy et Priam, qui semblent aux prises avec des émotions qu’il leur est difficile de contrôler. Aucun des deux ne semble trouver les mots quand il leur demande s’ils vont bien. Il préfère que Kaecy n’ait plus à voir ce corps, ce corps sans vie et ce spectacle qui semble la bouleverser. Il aurait préféré découvrir ce cadavre seul afin de pouvoir leur épargner cette vue, cette vision de mort que personne ne devrait avoir à affronter. Doucement il vient passer son bras autour des épaules de la jeune femme pour qu’elle ne reste pas plantée là, pour qu’elle avance en même temps que lui, loin de cette vision d’horreur. Ils marchent quelques mètres, lentement, sans un bruit, cette image qui semble peser au-dessus d’eux, avant de s’arrêter semblant vouloir reprendre leurs esprits. Kaecy semble plus sonnée que les deux jeunes hommes, même si Priam ne semble pas en mener large. C’est un son à peine audible qui sort de la bouche de la jeune femme, et Matteo a envie de l’aider, de faire plus mais il sait pour l’avoir vécu qu’aucun geste ou aucune parole ne pourra effacer ces images. Doucement il vient tout de même resserrer son bras autour de l’épaule de la jeune femme pour la rapprocher de lui tandis que Priam vient lui serrer la main. « On peut rester là si vous voulez. Les secours vont bien finir par arriver. » Il peut comprendre qu’ils n’aient plus envie de marcher, qu’ils aient envie de se poser pour reprendre leur souffle, pour essayer d’oublier ce qu’ils viennent de voir. « Il faut se dire qu’il n’a pas dû souffrir. » Le choc avait dû le tuer sur le coup. Ce n’est peut-être pas ce qui les aidera, mais il sait que ça marche pour lui. C’est important de savoir qu’ils n’ont pas souffert, mais surtout de savoir qu’ils n’ont pas vu la mort leur tomber dessus, qu’ils n’ont pas eu le temps de l’appréhender.

@Kaecy Wilson @Priam Strand