L’emploi du temps de Greta à Londres était tellement chargé qu’elle avait pris l’habitude de toujours tout organiser en avance, une habitude qu’elle avait gardée même aujourd’hui. Pourtant, à Brisbane, son cercle d’amis avait diminué et ses rendez-vous professionnels également. La fin de l’écriture de son livre approchait et bientôt, Greta deviendrait presque aussi occupée qu’avant. Du moins, elle l’espérait. Gardant en tête cet état d’esprit, c’était donc tout naturellement qu’elle avait prévu de revoir son amie. « Alors on fait comme ça ! » Le rendez-vous était pris et Greta n’avait pas encore fini son repas qu’elle avait déjà hâte de revoir Cassandra. Joyeuse et pétillante, son amie lui prouvait encore son attitude positive en lui annonçant qu’elle n’était pas malheureuse. Pourtant, elle aurait pu l’être vu sa douloureuse rupture avec Antoine. Il était clair qu’elle avait géré la situation bien mieux que Greta qui, après dix années, souffrait encore de sa rupture avec Charlie. Il était difficile pour elle de s’expliquer pourquoi elle n’était pas passée à autre chose, mais c’était probablement un blocage qui faisait qu’elle n’avait jamais retrouvé quelqu’un d’autre. Une solitude amoureuse qui lui laissait un goût amer et qui l’obligeait à tenir Charlie pour responsable. Il allait bien falloir qu’elle passe à autre chose un jour ou l’autre et Cassandra aurait probablement pu l’aider si seulement la blonde avait au moins réussi à parler de ce problème ouvertement. « On devient vachement philosophe avec un peu d’alcool dans le sang, tu trouves pas ? » Essayant de donner un ton plus joyeux à la conversation, Greta avait lancé ces paroles en terminant son verre et dévorant son dessert avec appétit. L’amour pouvait mal finir, oui, mais lorsqu’il était sincère, c’était tout autre chose et c’était beau. Greta y croyait encore mais se refusait pour le moment à enlever ce masque qui la persuadait que tous les hommes étaient les mêmes. Un jour, elle rencontrerait à nouveau quelqu’un de bien. A part l’amour, le travail était aussi important et une réussite professionnelle valait pour le moment mieux qu’un joli couple et une vie de famille pour Greta. Elle avait encore le temps de se marier et d’avoir des enfants, malgré son âge. Un âge où certaines femmes étaient déjà mariées et mères de plusieurs enfants, certes, mais Greta ne vivait pas comme tout le monde. L’écriture de son livre prenait une bonne partie de son temps et si celui-ci avait du succès, ses tournées de dédicaces et tout ce qui allait avec un best-seller ne lui en laisseraient toujours pas. Cassandra était curieuse de voir ce que Greta avait déjà écrit, et ce que Tess avait dessiné, mais elle n’avait pas les supports sur elle. « Heureusement que tu veux l’acheter parce que j’ai pas mon iPad je peux rien te montrer là tout de suite ! Je peux toujours te faire un mail ou alors je mets toutes les chances de mon côté et je te laisse patienter jusqu’à ce que le livre soit édité… » Greta était sur le point de rajouter un « si il est édité » mais s’était empêchée de le faire, essayant de rester aussi positive que possible. Cassandra l’avait toujours soutenue et était toujours enthousiaste quoiqu’elle fasse, c’était réellement plaisant. Si Greta était à un tournant décisif de sa carrière, il en était de même pour Cassandra mais, malheureusement, tout cela semblait plus négatif pour elle qui semblait tout remettre en question. « En tout cas je suis disponible tout au long de ta réflexion, hésite pas si tu veux discuter de ça… » La blonde serait toujours là pour la brune, sans aucun doute. Suivant son amie sur le canapé pour y dévorer son dessert avec gourmandise, Greta avait acquiescé. « Non je vais dormir là, je viens toujours ici avec des affaires au cas où... » En effet, il était rare que Greta reparte d’une soirée chez Cassandra, le vin y coulant toujours à flots. Terminant son dessert et son verre, Greta sombrait déjà presque, prête à s’endormir dans le canapé confortable de Cassandra.