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 (alfiana) show me where it hurts, maybe i can heal it

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(alfiana) show me where it hurts, maybe i can heal it - Page 2 Empty
Message(#) Sujet: Re: (alfiana) show me where it hurts, maybe i can heal it (alfiana) show me where it hurts, maybe i can heal it - Page 2 EmptyMar 11 Fév 2020 - 0:33



Show me where it hurts, maybe i can heal it

@Alfie Maslow & Juliana Rhodes



Je sais que je ne devrais pas insister autant pour de petits détails sans importance. Peu importe ce qu’Alfie mange ou ne mange pas, peu importe la manière dont il occupe ses journées, peu importe ses décisions lorsqu’elles ne concernent qu’une part minime de son quotidien et n’influent pas directement sur son avenir. En temps normal, j’arrive à me détacher, à accepter qu’il agisse selon son bon vouloir et à ne pas avoir mon avis à donner sur la question, mais alors qu’il a entamé une convalescence difficile, je me surprends à veiller sur lui comme un petit enfant sans la moindre autonomie. Pour le moment, il ne s’en plaint pas et se plie docilement aux règles que je lui impose – fait rare, quand on connait Alfie Maslow – mais je sais qu’il va falloir que je retrouve ma place de petit-amie car même si nous nous amusons de mon statut d’infirmière provisoire, je me connais assez pour savoir que c’est un rôle que j’aurais du mal à délaisser lorsqu’il me fera comprendre qu’il en a marre, si je me suis un peu trop habituée à m’immiscer dans son intimité. Mais ce matin, je ne me préoccupe pas de tout ça, parce que je suis trop occupée à nager dans le bonheur, alors que les bras d’Alfie m’entourent pour me serrer contre lui et que je savoure cette pause dans la tempête qu’est devenue notre vie. Je ne suis sans doute pas parfaite, mais cet instant l’est, lui, et c’est tout ce qui importe. Ma bonne humeur semble être d’ailleurs contagieuse puisqu’il capitule sans que j’aie besoin d’insister, et sans me faire un discours sur la valeur à donner ou non à une telle promesse. Je lui en suis, évidemment, reconnaissante. « J’adore cette idée. » Je commente, parce qu’en effet, je trouve tout à fait normal qu’il veuille me prouver qu’il tient sa promesse en avalant chaque bouchée de ce fameux cookie devant moi pour que je puisse jouer les inspectrices. Ce n’est pas une question de confiance, si j’étais rentrée le soir en apprenant que le cookie n’était plus de ce monde, j’aurais cru sur parole ses dires, mais s’il s’agit pour lui d’un acte insignifiant, je vois encore dans cette étape un signe qu’il va mieux. Oh, bien sûr, ce n’est peut-être pas un vrai signe, mais j’ai besoin de voir constamment des améliorations, même minimes auxquelles me raccrocher, pour rendre toute cette situation plus supportable. J’ai beau prétendre que tout va bien, que nous avons trouvé notre équilibre et que je suis tout à fait capable d’assumer mon travail, le rétablissement d’Alfie et tous les problèmes qui sont associés à cet événement, je réalise bien que le fait de le dire ne suffit pas à en faire une vérité. Cette dernière est toute autre, et les cernes sous mes yeux en sont la preuve. Je me sens dépassée et démunie et il n’est pas rare que je m’effondre, sans vraiment savoir pourquoi, même si je me suis toujours gardée d’infliger à un Alfie déjà fragile ces moments d’extériorisation de mon trop plein d’émotions. Evidemment, je rougis de nouveau alors qu’il prétend aimer mon côté autoritaire, les souvenirs de la nuit passée me revenant en mémoire une nouvelle fois, un peu trop nettement pour que je sois capable de contrôler le rosissement de mes joues. « J’ai cru comprendre, oui. » Je murmure finalement, sourire aux lèvres alors que j’évite soigneusement de croiser son regard pour ne pas devenir plus rouge encore.

Les souvenirs s’estompent pourtant rapidement pour faire place à un combat de volonté – dont l’issue est connue d’avance – puisqu’Alfie semble déterminé à me faire rester auprès de lui, un peu plus longtemps que pendant les quinze minutes que je lui ai accordé avec plaisir, peu de temps auparavant. Chacun de mes arguments trouve un adversaire de taille face à lui, et je suis finalement heureuse de retrouver sa répartie, typique de sa manière de fonctionner et de réfléchir. Je retrouve mon Alfie et ça fait un bien fou, même si en l’occurrence, ça ne joue pas du tout en ma faveur. Il est doué pour retourner la situation à son avantage et le fait que je sois loin d’éprouver l’envie de quitter ses bras pour accomplir mon devoir de citoyenne australienne – si on peut considérer que distribuer des livres aux enfants en fait partie – ne joue pas du tout en ma faveur. « Très bon argument, je le donnerais à mon responsable en arrivant, je suis sûre qu’il sera très compréhensif. » En l’occurrence, tout le monde est très compréhensif à la bibliothèque depuis l’agression d’Alfie. J’ai eu droit à des horaires raccourcies, à des jours de congé en plus, à prévenir au dernier moment de mes absences et à faire de longues pause déjeuner lorsque j’éprouvais le besoin de repasser à la maison pour m’assurer que tout allait bien. Ils ont été extrêmement compréhensifs et c’est pour ça que je ne peux pas me permettre d’abuser de leur gentillesse juste parce que je veux continuer à sentir sa peau contre la mienne, juste quelques minutes de plus, de peur que cet instant ne soit qu’un événement isolé avant de replonger dans la réalité du quotidien. « Avec ou sans sous-vêtements, le pyjama ? » Je demande, feignant la concentration comme si j’envisageais très sérieusement l’idée de quitter notre appartement dans cette tenue, ce qui, évidemment, n’arrivera jamais. Mieux vaut plaisanter sur cette histoire de pyjama que de tiquer sur le fait qu’il compte me conduire au travail alors que je n’ai pas vraiment l’impression qu’il ait la capacité de le faire. J’imagine qu’il n’est pas utile de pointer du doigt ses faiblesses, il se sent assez diminué comme ça. « Raaaaaaaaaaaaah. » Je finis par prononcer, avant d’enfouir brièvement le visage dans l’oreiller pour étouffer ma protestation. « C’est pas juste, tu sais très bien que je vais céder. » Je rajoute, alors que je tourne de nouveau mon visage vers lui. J’ai tellement envie de rester ici que je serais bien capable de faire semblant d’être malade pour cette fois, mais je sais déjà que je vais affreusement culpabiliser de mentir à des gens qui ont été aux petits soins pour moi pendant de longues semaines et ce n’est même pas le sort de mon réveil – qui a de toute façon signé son arrêt de mort en faisant ce vol plané – qui me pousse à rester aux côtés d’Alfie pour l’empêcher de se lancer dans des expériences technologiques étranges.

La perspective d’une journée à deux est rapidement oubliée suite aux appels successifs qui viennent entacher notre bonne humeur en une fraction de seconde. Mon sourire laisse place à un air préoccupé alors qu’Alfie se renfrogne en m’entendant parler de laisser une chance aux policiers dans cette affaire. Je soupire alors qu’il persiste à dire que son manque de mémoire est ce qui empêchera, à coup sûr, l’enquête de progresser. Je sais que je suis censée comprendre sa frustration et l’aider à ne pas être trop irrité par son absence totale de souvenirs, mais j’ai du mal à comprendre qu’il ne voit pas cette enquête comme le moyen de voir les choses sous un autre angle qu’il n’aurait pas envisagé auparavant. Je sais bien qu’il est sûrement inutile de le lui expliquer encore une fois, mais je fais preuve de patience et j’essaie tant bien que mal de lui faire comprendre mon point de vue. « Justement, ils pourraient t’aider parce que le fait qu’il n’y ait rien pour toi, ne signifie pas nécessairement qu’il n’y ait rien pour eux. » Alfie est trop proche de l’événement – et pour cause – pour pouvoir analyser la situation avec le recul nécessaire, mais ça, il refuse de le comprendre et c’est bien dommage. « Peut-être qu’ils auront une idée que tu n’as pas eue, ou qu’ils verront quelque chose que tu n’as pas vu… Et puis, dans le pire des cas, s’ils ne trouvent rien, ça ne sera pas pire que maintenant, on en sera juste resté au même point, mais leur intervention te donne un petit espoir qu’il soit retrouvé. » Et peut-être qu’en résolvant cette énigme qui l’obsède certainement depuis qu’il a compris qu’il s’était fait agresser sans l’oublier deux minutes plus tard, sa mémoire reviendra d’un seul coup, parce qu’il aura eu un déclic. Je sens bien qu’il lutte pour essayer de se souvenir, ça signifie donc bien qu’il en a besoin, sinon il n’essaierait même pas. Il m’assure qu’il avance, qu’il veut passer à autre chose et je me retiens de justesse de lever les yeux au ciel, alors que je lui réponds, un peu plus sèchement que d’habitude. « Vouloir et pouvoir sont deux choses bien différentes. » Finis les câlins et les gestes tendres, Alfie s’est détaché de moi et je me redresse dans notre lit, attrapant au passage le drap que je remonte au-dessus de ma poitrine, comme vêtement de substitution. « Est-ce que tu crois que tu peux tout simplement oublier ? Que tu arriveras à faire abstraction de l’identité de ton agresseur et à reprendre ta vie comme s’il ne s’était rien passé ? » On sait tous les deux que c’est faux, je suis témoin tous les jours de mots ou d’actes qui prouvent le contraire et il le sait. « Pourquoi tu persistes à faire comme si tout allait bien alors que ça ne va pas bien du tout ? » J’ai l’impression qu’il me prend pour une idiote et je déteste ça. Je vois bien qu’il reste très perturbé par tout ce qu’il s’est passé, ses nuits agitées me le prouvent, ses manies aussi, et il pense quand même qu’il arrive à me duper ? Ça me dérange. Tout comme le fait qu’il essaye réellement de donner le change alors que c’est ce genre de choses que nous sommes censées partager pour nous épauler mutuellement. « Il n’y a pas de certitude, Alfie, tu l’as dit toi-même, on ne sait rien. » Un inconnu, une connaissance, un proche. Tout est possible. Tout est envisageable. Je ne peux pas croire qu’il y soit indifférent, c’est impossible. Sa question me prend de cours et je réalise que je ne me la suis jamais vraiment posée. Après tout, c’est lui ma priorité, c’est lui qui a subi cette agression, pourquoi est-ce que je devrais avoir un avis sur la question ? Je reste muette, quelques secondes, sans trop savoir quoi dire. « Si on l’identifie, alors il ne pourra plus jamais te faire de mal. » Je finis par répondre, sans le regarder. On en revient toujours à cette peur de le perdre qui ne m’a jamais réellement quittée, au fond. Je l’ai empêché de voyager pour ça et je me rends compte qu’il n’est pas non plus en sécurité au sein de notre propre foyer et cette idée m’est insupportable.


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Message(#) Sujet: Re: (alfiana) show me where it hurts, maybe i can heal it (alfiana) show me where it hurts, maybe i can heal it - Page 2 EmptyJeu 13 Fév 2020 - 21:28


Cela peut paraître paradoxal, la manière dont Alfie prône régulièrement son désir de liberté alors qu’il accepte sans sourciller la sollicitude presque étouffante – disons-le clairement – de Juliana depuis qu’il est sorti de l’hôpital. Quatre ans plus tôt, c’est un comportement qui l’aurait mis hors de lui et qui aurait été un motif pour qu’il claque la porte sans jamais décider de revenir. Mais, et il en est le premier surpris, depuis l’entrée de Jules dans sa vie, l’anthropologue a fait de nombreuses concessions – volontaires ou non – sans que cela ne semble relever du sacrifice. S’il a connu des difficultés à se faire à la vie à deux au moment d’emménager avec sa petite amie, devant délaisser ses habitudes de célibataire et sa façon de vivre au jour le jour sans jamais n’avoir de compte à rendre qui que ce soit, il n’a jamais regretté d’avoir franchi cette étape qu’il n’aurait jamais franchi pour qui que ce soit d’autre. Pourtant, ce fut une évidence dans son esprit d’aussi loin qu’il s’en souvienne : il ne se pensait pas fait pour la vie de couple et jamais il ne s’infligerait plus qu’il ne pourrait le supporter. Des choses anodines comme les surnoms affectueux (dont il use uniquement lorsque cela sert ses intérêts, dans le cas contraire Alfie tend à trouver cela parfaitement ridicule et à avoir l’impression de sortir avec un enfant qu’il faut complimenter à chaque geste accentuant son apprentissage d’une autonomie obligatoire), à l’emploi de temps qu’il faut adapter pour faire de la place à la présence d’autrui (ce qui, très sincèrement, fut souvent considéré comme un poids à ses yeux dans ses précédents essais – infructueux – de construire quelque chose avec quelqu’un). Mais surtout, dans tout ce qui compose ce que la société considère comme le schéma classique d’une vie à deux ; toutes ces concessions nécessaires, mais surtout cet abandon de sa propre individualité pour se penser uniquement comme un tout. Mais Alfie n’est jamais parvenu à se penser conjointement avec autrui ; mettant un point d’honneur à conserver son autonomie et sa liberté jusqu’à en paraître désintéressé. Si cela a effectivement souvent été le cas (ce qui explique pourquoi dans de nombreux cas il n’a jamais réellement « rompu » avec ses coups du moment, étant du genre à passer à autre chose parce qu’il l’a décidé sans se soucier du ressenti d’autrui), Juliana a chamboulé sa façon de concevoir les relations amoureuses. Elle n’a pas totalement reconfiguré sa façon de penser, parce qu’Alfie restera probablement un électron libre toute sa vie, avec sa propre vision des choses et des interprétations qui n’appartiennent qu’à lui, mais elle lui a montré qu’il y avait plus et que, finalement, ce n’est pas un mal. Il a toujours détesté l’idée d’être dépendant de qui que ce soit, même pour les actes les plus anodins du quotidien ; comme le fait d’attendre sur autrui pour le repas du soir, ou qu’on vienne le chercher à l’aéroport à l’issue d’un terrain. Et pourtant, c’est bien avec un large sourire qu’il avait accueilli Jules à chacun de ses courts engagements à l’intérieur du pays, et qu’il s’était rendu compte qu’être aimé, sincèrement, et que se laisser aimer n’était pas aussi désagréable qu’il l’avait longtemps pensé. Alors il accepte sans sourcilier cet étouffement qui s’est développé au cours des dernières semaines, et cette manière de faire de la jeune femme qui en rendrait plus d’un fou. À charge de revanche, et de son côté il ne se prive pas de la faire rougir en contrepartie ; et il n’est pas sûr qu’il s’arrêtera. La raison est simple : « j’adore quand tu rougis » qu’il murmure avec un sourire alors qu’il l’attire contre lui pour déposer ses lèvres sur l’une de ses joues roses, d’autant plus convaincu que s’il est prêt à accepter ce qu’il aurait détesté en temps normal, elle peut bien faire de même.

Ce qu’elle persiste à lui refuser, toutefois, c’est sa présence plus que quelques minutes dans ce lit ; et Alfie illustre à la perfection le proverbe « on lui donne le doigt et il vous prend le bras », lançant rapidement les négociations. Quinze minutes, puis vingt, et peut-être la journée entière ; il persiste et l’espère, et c’est sans surprise que Jules se veut bien plus rationnelle que lui. Et si souvent Alfie finit par obtenir ce qu’il veut – par arguments convaincants ou parce qu’il est simplement chiant et persévérant et que les autres tendent à abdiquer avant lui – il sait aussi, au fond, qu’aujourd’hui il y a toutefois peu de chances qu’il parvienne à avoir le dessus sur Jules, malgré que ses arguments soient – il en est convaincu – particulièrement pertinents. « Voilà, problème réglé. » Si seulement c’était aussi simple. À défaut, il revient sur terre et proposer quelques solutions qui, à défaut de lui permettre de gratter une journée entière, lui permettent d’obtenir quelques minutes supplémentaires. « Sans, évidemment. » Qu’il précise à sa question, ses doigts venant effleurer la peau de Jules sous le duvet, un sourire amusé aux lèvres alors qu’il sait que les joues de Jules risque de se teinter à nouveau ; et ce serait tant mieux, c’est très exactement ce qu’il recherche. Son sourire s’élargit alors qu’elle abdique et qu’il laisse échapper un léger rire. « Pour ta défa-défense, tu as résisté plus longtemps que je ne le pensais. » Il peut au moins lui concéder une semi-victoire, elle s’est montrée plus coriace qu’il ne l’aurait pensé. « Tu sauras avoir ta re…revanche, j’en doute pas. » Il ajoute, toujours le sourire aux lèvres, lui concédant d’avance la victoire où elle décidera de lui renvoyer la pareille – comme si cela allait lui demander beaucoup d’efforts. À moins qu’elle décide de ne pas reproduire la situation, et qu’il ne s’agisse pas de supplications pour le garder un peu plus longtemps contre elle ; il est certain qu’il en serait déçu.

Et peut-être qu’elle a obtenu sa revanche plus tôt qu’il ne l’aurait cru, et très loin de la façon dont il l’aurait voulu. En retournant la conversation à son désavantage – c’est ainsi qu’il perçoit les choses – alors qu’en soulignant son possible détour par le commissariat, il ne s’agissait que d’une information sans grand intérêt à ses yeux, car tout ce que cela implique n’en a pas beaucoup plus à ses yeux. Il a déjà été briefé, dès son réveil à l’hôpital, de ce qu’il devrait idéalement faire. Mais justement, tout réside dans le fait que ce mot n’a pas beaucoup de sens pour lui, car la situation est à l’opposé d’être idéale. Sans souvenirs, sans éléments tangibles, sans volonté, aussi, il apparaît peu probable que son récit puisse servir à quelque chose – si tant est qu’on peut appeler récit le simple fait de donner son identité et d’expliquer s’être réveillé à l’hôpital sans avoir le moindre souvenir du pourquoi et du comment. Dans une situation idéale, bien-sûr qu’il se déplacerait, car il aurait des souvenirs, un visage aperçu entre deux coups, une volonté de se faire justice et la certitude que cela peut servir à quelque chose, débouchant ainsi sur l’arrestation de son bourreau. Mais rien de tout cela n’est plausible, c’est ce que Jules ne comprend pas. « Et comment ? Ce n’est pas le prin… principe, qu’ils se basent sur ce que moi je peux leur dire ? Qu’est-ce qu’ils peuvent avoir, sans moi ? » Il l’interroge. Le but n’est pas de se donner une importance capitale dans toute cette affaire – quand bien même il est le principal concerné – mais de comprendre. Comprendre ce qu’ils peuvent déterminer sans son aide, comprendre ce que cela pourrait effectivement apporter à la situation. Jules poursuit ses efforts, et si une part de lui est reconnaissante qu’elle tente d’agir pour deux, de ne pas le laisser tomber, une autre s’agace de ses propos. « Ça n’a pas de sens. » Qu’il rétorque dans un premier temps, amer, alors que sa main se passe sur son visage. Qu’est-ce qu’ils peuvent voir que je n’ai pas vu ? Ils n’étaient pas là, tu n’étais pas là, et dans le fond, même moi je n’étais pas là. Mais la seule personne qui possède des réponses est cet agresseur, et dans le fond, Jules a raison : ça ne peut pas être pire que maintenant. Elle a formulé un argument qui se fraie un chemin dans son esprit et qu’il répète en boucle ; est-ce légitime de s’y opposer alors qu’il n’a plus rien à perdre ? « Qu’est-ce que tu insinues ? » Il demande par la suite, sur le même ton que Juliana, heurté par ses propos. Il reprend ses distances et ses mauvaises habitudes ; se braquant, et ne souhaitant pas poursuivre la conversation. Elle le fait pour eux, et le regard d’Alfie fuit celui de Juliana à défaut que son corps puisse fuir cet endroit. « J’y suis déjà arrivé. » Il précise d’un ton ferme alors qu’elle suppose qu’il n’arrivera pas à faire abstraction de l’identité de son agresseur. Mais elle se trompe ; et il y est très bien arrivé. Seulement, c’était par le passé. « Parce que ça change quoi, hein ? » Qu’il s’emporte légèrement, en fermant les yeux un bref instant. Reprends-toi, que lui ordonne la voix dans sa tête. Celle de son père, mélangée à tant d’autres, mais aussi à la sienne, à toutes celles qui n’ont jamais cessé de lui faire comprendre que le choix des œillères qu’il revêt est bien plus important que tout le reste. Mais dans le fond, il n’en pense pas moins : ça ne change rien. « Accepter d’aller mal, ça va m’aff… m’affaiblir encore plus. » Il souligne en haussant les épaules. Pas qu’il pense que ce soit signe de faiblesse ; seulement c’est la porte ouverte à des premières failles qui en amèneront d’autres, et avant qu’il ne puisse s’en rendre compte, menaceront la totalité de son équilibre – plus que ce n’est déjà le cas. Ce n’est pas qu’il ne veut pas accepter d’aller mal, il a peur de toutes les conséquences qui pourraient en découler. Il a toujours fait ainsi, Alfie, s’est accroché jusqu’à s’en rendre malade, jusqu’à s’en épuiser – mentalement et physiquement – et c’est ce qui lui a permis de reprendre le dessus quand il était prêt à le faire. Mais reconnaître que les choses ne se passent pas comme il l’aurait souhaité, comme il l’a envisagé, c’est prendre le risque de ne plus parvenir à se remettre sur les rails, et d’accepter une convalescence bien plus longue, et bien plus compliquée et difficile que celle qu’il connaît déjà à l’heure actuelle. C’est inconcevable, alors il persiste à faire semblant, parce qu’il y voit plus d’avantage que d’être honnête avec lui-même. « Et c’est la vérité, tu sais. Ça va passer. Ça finit tou…toujours par passer. » Il précise avec un sourire peu enjoué, alors que la réflexion de Jules l’interroge plus qu’il ne le faudrait, mais il demeure muet, conscient qu’il n’a pas la force de transformer ce réveil qui était si agréable il y a encore quelques instants, en véritable dispute. Qu’est-ce qu’elle insinue ? Que ce n’est pas un inconnu ? Pourtant, le peu de choses dont il a conscience corrobore cette possibilité. C’est un cambrioleur, qui n’a pas pu mener son méfait à bien à cause de sa présence. Alfie a dû voir son visage, c’est une certitude, sans quoi il n’aurait pas été laissé pour mort. Mais il est incapable de s’en souvenir, et malgré tous ses efforts, aucun détail, même le plus insignifiant, se rappelle à lui. Et alors qu’il est de nouveau sujet au harcèlement de toutes ses pensées envahissantes. Pour s’en sortir, il préfère retourner la question à Juliana, car dans le fond, c’est la véritable question : pourquoi est-ce si important à ses yeux ? « Ça, aussi, on-on en sait rien. » Qu’il finit par souligner alors que son cœur se serre tandis que cette fois-ci, c’est elle qui fuit son regard. Le responsable peut bénéficier de la clémence de la justice – et sans être libéré, d’une peine qui ne sera allégée. C’est sa parole contre la sienne, et Alfie n’est pas le plus fiable des narrateurs et son casier n’est pas vierge ; est-ce que la situation ne serait pas susceptible de se retourner contre lui ? « Je crois que, dans le fond, je m’en fiche. » Il finit par admettre, en fixant ses prunelles sur le plafond, le cœur lourd, alors qu’il croyait se sentir plus léger. Je crois que dans le fond, j’ai envie qu’il revienne terminer le travail. Je crois que dans le fond, je suis terrifié par cette possibilité. Je crois plein de choses, mais j’ai la certitude d’être perdu. Il se mure dans le silence quelques instants, ne sachant pas ce qu’il pourrait ajouter, ni ce qu’il voudrait ajouter. Il y a toujours cette petite voix dans sa tête qui lui impose d’en dire plus, de se montrer plus ouvert, de communiquer, comme ils en avaient convenus quelques mois plus tôt, au cours de cette dispute qui, finalement, leur avait peut-être fait plus de bien que de mal. « J’en sais rien. » Qu’il s’agace, plus pour lui-même que pour Jules. Comment peut-il verbaliser tous ses sentiments contradictoires qui l’assaillent depuis quelques semaines ? Cette envie de se venger, cumulée à cette peur qui est devenue quotidienne, et cette frustration d’avoir été épargné autant que l’impression de bénéficier d’une seconde chance ? Et surtout, comment peut-il le verbaliser auprès de Jules, qui ignore tout de cette facette de lui, qui le façonne alors qu’il voudrait la renier, sans en être incapable tant il a besoin d’elle ? Encore une fois, l’anthropologue se sent divaguer, et il en devient dingue. Il n’arrive plus à se concentrer, il n’arrive plus à faire le tri dans ses pensées, et ses muscles se crispent en même temps que ses yeux restent fermés et que son souffle s’accélère, furieux de ne plus bénéficier de ce calme qu’il a pris pour acquis quelques minutes plus tôt. Si seulement il savait à quel point il aurait dû le chérir. « Je sais que je ne suis-je ne suis pas prêt. » Il confesse par la suite, en rouvrant les yeux. Il n’est pas prêt. Ça ne veut pas dire grand-chose, mais de lui, c’est déjà beaucoup. « Et je sais que je ne veux pas qu’il s’en pra-prenne à toi. » Il peut faire ce qu’il veut de moi, mais qu’il ne te touche pas. Se retournant pour faire face à la jeune femme, il plonge son regard dans le sien, se mordant la lèvre un bref instant. « C’est important pour toi, pas vrai ? » Il demande,  même s’il s’agit d’une question rhétorique. Réfléchissant quelques instants pour parvenir à trouver ses mots, il reprend la parole. « Je n’irai pas au comm-commisariat. » Il avoue dans un premier temps, avant de poursuivre. « Mais j’appre-j’appelerai Anwar pour qu’on en discute. » D’ami à ami, avant qu’il ne soit perçu comme la victime qu’il est. Parce qu’il l’a dit ; il n’est pas prêt.
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Message(#) Sujet: Re: (alfiana) show me where it hurts, maybe i can heal it (alfiana) show me where it hurts, maybe i can heal it - Page 2 EmptyJeu 13 Fév 2020 - 23:38



Show me where it hurts, maybe i can heal it

@Alfie Maslow & Juliana Rhodes



Arrêter le temps pour pouvoir profiter de ces moments, voilà ce qu’il nous faudrait pour être heureux. Entre le passé qui nous a laissé des séquelles qui peinent à cicatriser et le futur qui ne s’annonce peut-être pas aussi heureux que je l’avais imaginé, nous avons réellement besoin de cette pause dans un présent merveilleux qui nous fait oublier tous les problèmes que nous avons pu rencontrer. Envolées ces histoires d’agression, les problèmes que nous avons eu avec Harvey, le fantôme de l’ex d’Alfie que je ne pensais pas voir refaire surface un jour, ou encore le deuil difficile que doit faire mon petit-ami après la mort de Rachel et cette famille que nous ne fonderons pas pour le moment. Tout cela me semble très loin, désormais, comme si nous avions tout simplement basculé dans une réalité alternative où ces soucis n’avaient aucune importance. Si cet univers est une copie plus heureuse de notre monde à nous, alors j’aimerais bien savoir ce qu’il faut qu’on fasse pour pouvoir y rester car je suis prête à tout pour ne pas revivre ce que nous avons vécu. C’est la première fois depuis l’officialisation de notre couple que j’ai vraiment l’impression que nous avons la possibilité de nous séparer et je déteste ça. Plus encore, je déteste me rendre compte que cette décision ne m’appartient pas et que je suis peut-être impuissante face à ce qu’il se passe, parce que la pérennité de notre relation ne dépend pas de notre attitude ou de nos paroles, mais bien de quelque chose de plus profond et de difficilement ajustable. Donc oui, j’admets que l’idée de rester tout simplement au lit toute la journée sans se soucier du monde qui nous entoure me parait être une très bonne idée. Je sais, au fond de moi qu’elle n’est pas réalisable, mais je savoure les quelques minutes que mon cerveau veut bien m’accorder avant de me rappeler que je me dois d’être raisonnable. « Et moi je déteste quand je rougis, j’ai l’impression d’être une ado avec aucun contrôle de ses émotions. » Je bougonne, alors qu’Alfie m’attire de nouveau contre lui, ce qui remplace ma moue boudeuse par un sourire rayonnant en une fraction de seconde. Mais en réalité, avec lui, rougir à chaque fois que je suis mal-à-l’aise ou déstabilisée ne me dérange pas plus que ça, parce que je ne me sens pas vulnérable face à lui et que je n’ai pas à lui dissimuler quoi que ce soit. Avec Alfie, tout a toujours été plus facile, ce qui est assez paradoxal compte tenu du fait qu’en ce moment, tout est tellement compliqué entre nous. Pourtant, je me souviens parfaitement bien du blocage auquel je me heurtais encore lorsque nous nous sommes rencontrés, des difficultés que j’ai eu à m’ouvrir et à lui faire confiance, et pourtant, à aucun moment je n’ai douté du fait que c’était quelqu’un qui me faisait du bien et avec qui je pourrais partager mon futur. Il fallait juste que j’accepte de dépasser mes peurs pour lui laisser une place dans ma vie et il a été assez patient pour attendre que je sois prête à lui faire cette place. Pourtant, avec le recul, je me rends compte que ça a dû lui coûter parce qu’Alfie ne rime pas vraiment avec patience. J’ai de la chance de l’avoir à mes côtés et je ne suis définitivement pas prête à le perdre. Alors oui, je nous vois très bien rester dans ce lit jusqu’à ce que le monde ait décidé pour nous d’apaiser des tensions qui semblent se moquer de nous après tous nos efforts pour les abattre sans grand succès. Ce serait tellement plus facile de pouvoir simplement choisir de ne pas affronter la réalité. « J’aurais résisté encore plus longtemps si j’avais eu vraiment envie de résister. » Je rétorque, pour qu’il n’imagine pas que c’est simplement grâce à lui que je décide de rester là. « Mais j’admets que tu as des arguments plutôt convaincants. » Et bien sûr, je ne parle absolument pas de sa suggestion de m’envoyer travailler en pyjama ou de piquer le cookie qui lui est bien réservé, mais bien de ses bras enroulés autour de moi qui me plongent dans une béatitude qui ferait sûrement vomir Diana si elle nous voyait. Je ne sais pas ce que je pourrais bien dire à mon travail, mais comme pour tout le reste, je préfère ne pas y penser, attendant simplement que le quotidien nous rattrape pour que nous n’ayons pas d’autre choix que de l’affronter.

Malheureusement pour nous, c’est bien trop tôt que cet événement arrive et je me surprends à rêver d’embarquer Alfie sur une île déserte où la technologie n’aurait pas sa place. Certes, ça voudrait dire mettre un terme à nos soirées séries du jeudi et surtout couper tout lien avec mes amis et ma famille, mais à l’heure actuelle, ça ne me semble pas être un choix si cornélien que ça. Le simple fait de sentir Alfie se tendre à mes côtés alors que nous commençons à évoquer le sujet de son agression et de la plainte qui devrait l’accompagner suffit à me faire quitter mon petit nuage de bonheur qui me laisse brutalement retomber sur le sol. Pour changer, nos opinions divergent s’agissant de la manière dont les choses doivent être gérées, à présent. Je ne devrais pas être étonnée, en situation de crise, nous parvenons très rarement à nous entendre et c’est d’ailleurs bien là que se situe le vrai fond du problème. Pourtant, je fais de mon mieux pour essayer de le comprendre et de lui apporter mon soutien plus que mon jugement, mais dans la situation actuelle, c’est plus fort que moi, je ne peux pas le laisser se résoudre à ne pas agir sous prétexte qu’il a peur de savoir ce que pourrait donner cette fichue enquête. Je ne peux pas arriver à croire qu’il n’en a juste rien à faire, pas après l’avoir vu se réveiller en tremblant nuit après nuit, le corps couvert de sueur et le regard inquiet cherchant des repères familiers dans la pièce. Bien sûr, je pourrais lui rappeler tout ça, mais je ne veux pas le replonger dans ces moments qu’il ne tient pas à revivre, pas après qu’il ait passé la première vraie bonne nuit depuis sa sortie d’hôpital. Toutefois, même si je tiens à le préserver au maximum et à ne pas trop le secouer, je ne peux pas le laisser se recroqueviller sur lui-même en attendant de voir si ses démons disparaitront, parce que ce n’est pas comme ça que ça marche. J’ai bien conscience, pourtant, d’adopter exactement la même attitude concernant mes propres problèmes et c’est sûrement pour ça que je comprends aussi bien – ou plutôt que je crois comprendre – son attitude, mais il m’est beaucoup plus facile de le secouer, lui, que de me secouer moi-même. « Bien sûr que si, c’est le principe. » Je rétorque, agacée qu’il tourne en boucle autour du même argument. « Mais quand le principal témoin qui est aussi la victime ne se souvient de rien, il faut bien appliquer d’autres principes et revoir ses méthodes de recherche. Je ne pense pas que tu sois le premier amnésique avec qui ils travaillent. » J’ai vraiment l’impression qu’Alfie voit la police comme une armée de bons à rien qui viendra l’assaillir de questions auxquelles il ne pourra pas répondre et repartir bredouille pour revenir le lendemain lui demander exactement les mêmes choses. Moi, je vois tout ça différemment, ils vont voir l’agression sous un autre angle, essayer de retracer la scène, et peut-être même provoquer chez lui des prises de conscience qui permettront de raviver ses souvenirs. La différence entre nous deux, c’est que moi je garde espoir et j’aurais aimé qu’il en fasse de même. « Toi, tu ne peux pas leur donner ton point de vue, mais eux ils peuvent t’en donner un nouveau et peut-être que ça t’aidera. » Ou peut-être pas, mais ça sera toujours mieux que de ne rien faire et d’attendre que sa mémoire accepte d’enfouir ce traumatisme dans un coin de sa tête, attendant le moment propice pour lui renvoyer en pleine tête. Ce n’est pas comme ça que ça doit se passer. « Je ne disais pas ça méchamment. » Je soupire, prenant le temps de reformuler mes propos pour ne pas me heurter de nouveau à son ton un peu trop sec. « Je pense tout simplement que la volonté fait beaucoup de choses, mais que dans certains cas elle ne suffit pas. Tu as vécu quelque chose de difficile à encaisser alors je sais que tu meurs d’envie que ce ne soit plus qu’un mauvais souvenir, mais ça ne veut pas dire que tu en as les capacités, pour l’instant. » Je relève les yeux vers lui sans chercher à faire un geste dans sa direction. Comme toujours, lorsqu’il prend ses distances, je n’ose pas faire un pas vers lui, sûrement par peur d’un rejet trop douloureux à supporter pour moi. Pourtant, je déteste cet espace qui se trouve maintenant entre nous, signe évident que cette conversation n’en est plus vraiment une et que les tensions qui n’existaient plus depuis un moment sont en train de revenir vers nous à la vitesse d’un tsunami capable de tout emporter sur son passage. « Tu sais, ce n’est pas parce que tu ne t’avoues pas que tu vas mal, que ce n’est pas le cas, n’est-ce pas ? Et ça ne fait pas de toi quelqu’un de faible, ça fait de toi quelqu’un d’humain. » Est-ce qu’il pourrait essayer cinq minutes d’entendre ce que je lui dis au lieu de rester borné sur ses propres opinions et ne pas chercher à en déroger ? J’aime cet homme plus que tout au monde, mais franchement il peut être incroyablement chiant quand il se braque et décide de ne pas sortir de l’opinion préconçue qu’il s’est fixé au préalable. « Non, t’as raison, on en sait rien. » J’admets, alors que je relève de nouveau les yeux vers lui, tâchant de maitriser la colère que je commence à ressentir en observant un défaitisme que je trouve franchement inhabituel chez lui. « Mais c’est justement pour avoir la possibilité de savoir qu’il faut le faire. » Peut-être que le destin aura décidé que nous devions mourir écrasés sous un bus dans la semaine à venir, et peut-être que l’agresseur en question ne sera jamais amené à remettre les pieds chez nous, mais peut-être aussi qu’il attend simplement que l’effervescence autour de cette agression ait suffisamment diminuée pour réitérer son geste et ça me rend malade rien que d’y penser. « Ah oui, tu t’en fiches ? » Je demande, cinglante, et véritablement exaspérée par son attitude. « Tu aurais peut-être pu commencer par-là. » Mes doigts s’accrochent au drap que je tiens fermement contre ma poitrine, comme si ce dernier pouvait me servir d’armure pour affronter cette détestable conversation. Comment peut-il en avoir rien à faire ? C’est pourtant tellement important, essentiel même ! Comment se fait-il qu’on fonctionne toujours si différemment ? Je prends une grande inspiration pour essayer de me calmer alors que la colère d’Alfie se fait sentir elle aussi. On ne peut pas faire ça. Pas maintenant. Pas aujourd’hui. Pas après ce moment de calme beaucoup trop court que nous avons partagé. Il n’est pas prêt. Je serre les dents. Cette phrase, je l’ai déjà entendue dans d’autres circonstances et l’écouter de nouveau est loin de me réjouir. Visiblement, son timing lui fait souvent défaut. Je n’ai pas le droit de faire ressurgir cette rancœur, elle est loin d’être une priorité. Alors je me concentre sur ses paroles, et bien sûr que je suis touchée qu’il s’en remette à moi pour faire ce choix et qu’il veuille me préserver, mais j’aurais aimé que cette décision, il la prenne pour lui et pour lui seul. « Oui. » Je réponds, malgré tout, parce qu’en effet, c’est important pour moi mais que ça devrait l’être encore plus pour lui. Est-ce que je devrais lui dire que son raisonnement n’est pas le meilleur ? Qu’il devrait songer d’abord à son bien-être alors que je viens finalement d’atteindre – presque – l’objectif recherché ? Je l’ignore totalement. « Merci. » Je murmure finalement alors que le silence s’éternise, parce que j’ai encore l’impression de lui forcer la main pour qu’il agisse selon ma propre volonté et pas la sienne. Je suis persuadée que c’est la bonne marche à suivre pour lui, mais je déteste ce sentiment d’obtenir ce que je veux par la force, ça ne me ressemble pas du tout. « Et désolée. » J’ajoute également, fixant le drap désormais froissé sous mes doigts. Désolée d’avoir gâché notre moment. Désolée de ne pas penser de la même façon que toi. Désolée de t’infliger tout ça.


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Message(#) Sujet: Re: (alfiana) show me where it hurts, maybe i can heal it (alfiana) show me where it hurts, maybe i can heal it - Page 2 EmptyMar 18 Fév 2020 - 21:27


De la longue série d'éléments qui compose la liste des choses qu’il aime chez Juliana, son expressivité arrive en bonne position. Si c’est un aspect qui s’est transformé en défaut au cours des dernières semaines, Alfie parvenant à lire entre les lignes lorsqu’elle prétend ne pas être blessée par son attitude malgré tout ce qu’elle lui assure, il en redécouvre la qualité aujourd’hui alors que ses yeux ne quittent pas le visage de la jeune femme. Il n’y a pas seulement cette prédisposition qu’il possède à provoquer les autres qui le motive à la faire rougir, encore et encore, ou sa volonté de toujours avoir le dernier mot et le dessus sur son adversaire. Non, il y a une toute autre raison, bien plus sirupeuse et qu’il n’assumerait que difficilement s’il devait l’affirmer haut et fort ; elle est magnifique lorsqu’elle rougit. Elle est magnifique en tout temps, il est vrai, mais Alfie apprécie de la voir dans cet état, parce qu’il est celui à l’origine de ses émotions, d’un léger changement en elle, et que cela lui donne une certaine importance. Pas qu’il aime être le centre de l’attention – pas toujours, du moins – mais surtout parce qu’il en revient toujours au même point ; ce sont des petites expressions d’amour qu’il n’avait jamais connues auparavant, et c’est un rôle qu’il apprécie toujours, malgré les bas qui ont entaché leur belle idylle au cours des dernières semaines. Mais aujourd’hui tout est revenu à la normale, et peut-être est-ce parce qu’il a perdu de son optimisme au cours des dernières semaines que le jeune homme a conscience qu’il s’agit d’une trêve et pas d’une véritable fin. « Si tu retrouves mon amour-propre, tu me le remballes-renvoies, hein. » Il ajoute par la suite, la main sur le cœur et une moue exagérée sur le visage quand Jules prétend qu’elle aurait pu résister bien longtemps et que ce ne sont pas seulement ses arguments qui l’ont convaincue de rester à ses côtés quelques minutes de plus. Quelques minutes dont il se serait finalement passé s’il avait su la tournure que prendrait la conversation ; et l’évocation de ses réticences quant à se rendre au commissariat pour y déposer plainte. Ce n’est pas faute que l’idée lui ait été suggérée à de nombreuses reprises ; mais la décision finale lui appartient et il se veut beaucoup moins convaincu que son entourage du bienfondé d’une telle démarche. À vrai dire, il est persuadé avant même d’avoir essayé que celle-ci va échouer. Alfie peut parfois se montrer trop borné pour son propre bien ; cet instant en est l’illustration parfaite. Mais ce n’est pas faute d’avoir songé à la situation, et d’avoir retourné celle-ci dans tous les sens sans parvenir à y trouver une perspective qui lui plairait. Et alors qu’il pointe du doigt que la police ne pourra rien faire sans son aide (sans les considérer comme des incapables, mais c’est comme vouloir faire une tarte sans aucun ingrédient, c’est compromis), Jules approuve ses dires et, un instant, il pense être parvenu à lui faire entendre raison malgré le ton agacé qu’elle emploie. C’est mal connaître la jeune femme qui ne compte pas baisser les bras aussi facilement que lui, et qui n’est jamais à court d’arguments lorsqu’il s’agit de le raisonner. Et si en temps normal cela lui est bénéfique, aujourd’hui il n’est pas du même avis. Et il aimerait s’opposer à nouveau à elle, mais il a conscience que c’est un combat perdu d’avance ; il ne peut guère se lancer dans un échange enflammé où chacun tenterait de faire comprendre et entendre son point de vue à l’autre – il n’a pas les capacités pour, et c’est encore une fois frustrant de prendre conscience de la régression qu’est la sienne. Mais il n’y a pas que ça, et au fond Alfie sait qu’elle a raison ; il n’est probablement pas le premier individu dans une telle situation, et certainement pas le dernier. C’est un cas de figure peut-être moins fréquent, mais ça ne veut pas dire que les choses sont impossibles pour autant contrairement à ce qu’il tente de se persuader. Alors pourquoi il émet autant de réserve ? C’est comme s’il se sentait redevable envers son agresseur, et qu’il cherchait à le protéger au lieu de le dénoncer. « Je ne crois pas que ça fic-fonctionne ainsi, sinon j’en serais pas là. » Si quelqu’un était en mesure de lui donner un autre point de vue, pour l’aider à se souvenir, il ne serait probablement pas autant perturbé par tant d’incertitudes. Jules aurait pu lui donner le sien, car même si elle était absente – Dieu merci – elle était en mesure de lui partager quelques éléments. Ses proches aussi, n’importe qui le côtoyant, dans le fond, capable de lui ouvrir une nouvelle perspective. Et même si certains l’ont fait, tentant de lui demander s’il attendait un colis, s’il y a une raison particulière pour laquelle il a été frappé ce jour-là, s’il pense s’être défendu et d’autres questions autant importantes qu’anodines, rien ne lui est revenu à l’esprit. Pas même lorsque de véritables hypothèses sont formulées ; raison pour laquelle il campe sur ses positions. Il se braque lorsque Jules estime que vouloir et pouvoir sont deux choses différentes, et malgré l’assurance de la part de la jeune femme qu’elle ne pensait pas à mal, son regard se veut moins bienveillant qu’à l’accoutumée. « Oui… tu as sûrement raison. » Qu’il reconnaît par la suite lorsqu’elle précise le fond de sa pensée. Ça lui coûte plus qu’il ne voudrait l’admettre, et si Alfie gère très bien le déni et la mauvaise foi, il a aussi conscience qu’il doit parfois mettre ceux-ci de côté pour avancer vers Jules de la même manière qu’elle tente de faire quelques pas en sa direction pour qu’ils en arrivent à se comprendre. « Je sais, je sais. » Qu’il ajoute par la suite lorsqu’elle lui confirme qu’il n’est pas faible, mais simplement humain. « C’est juste, que c’est pas si catat-catastrophique. » Il débute, avant de rester silencieux un bref instant pour faire le tri dans ses pensées. « Je m’en sors pas si mal. J’aurai pu y rester. » Qu’il admet ; et c’est bien ce qu’il aurait voulu, au fond pas vrai ? Lancé sur ces confessions, les mots lui échappent, se heurtant rapidement à la colère de Jules. « Je… c’est pas ce que je vol-voulais dire. » Si, parfaitement. Mais elle ne comprend pas, car qui pourrait ? Il ne parvient pas à exprimer les choses de façon à s’ôter l’étiquette du parfait sadique dont le plaisir malsain est auto-infligé. Il ne peut pas en vouloir à Jules, ni à d’autres ; leur vision des choses est la plus cohérente, c’est-à-dire la plus socialement acceptée. Ils attendent de lui qu’il soit terrifié, enragé, peut-être détaché à la rigueur, mais certainement pas attristé d’avoir touché la mort du bout des doigts sans parvenir à s’en saisir et la faire sienne. Ce n’est pas dans la logique des choses que de vouloir repousser sans cesse ses limites pour mieux goûter à la souffrance ; et Alfie lui-même n’est parvenu à justifier cet intérêt malsain pour la douleur. Peut-être parce qu’il n’y a qu’au-travers d’elle qu’il se sent véritablement exister ; parce qu’il est ainsi, qu’il ressent toujours tout, trop fort, trop étouffant, mais que d’ordinaire cette asphyxie ne dépasse pas les frontières de son esprit, ne lui permettant jamais de s’en débarrasser totalement. Il y a une nécessité de la rendre concrète ; et c’est dans ces instants que les gestes rejoignent les pensées. Et ça lui fait toujours du bien ; ce n’est que lorsque son esprit conditionné à s’alerter lorsqu’il dépasse la ligne du socialement répréhensible que des regrets apparaissent. Et s’il ne se souvient pas de grand-chose, Alfie, il n’arrive pas à se décharger de cette sensation de soulagement qu’il a ressentie les secondes avant qu’il ne perde connaissance. Il n’a aucun souvenir du visage ou de la voix de son bourreau, ni de l’enchaînement de situations ayant mené à cette issue, mais il est persuadé qu’il s’est senti bien, ne serait-ce que pendant une seconde. Car à son réveil, il s’est retrouvé écrasé sous le poids d’une culpabilité dont il ne comprenait pas les raisons. Et même en oubliant, encore et encore à chaque réveil pendant les premiers jours, cette sensation dans son estomac ne l’a jamais quittée. Son regard ose se relever sur une Jules qui maintient une distance entre eux et se cache presque dessous le drap, mais cette fois-ci ses rougissements sont provoqués par la colère qu’elle ressent à l’égard d’Alfie. Acculé, ses lèvres se serrent et son regard s’abaisse sur sa main gauche qu’il vient de passer sur son visage, sur laquelle se dessine en relief les cicatrices de sa mésaventure passée et qu’il ne devrait pas avoir autant de plaisir à assumer. Pourquoi ? Pourquoi ne peut-il pas être comme tout le monde, cesser de défier le Destin pour mieux repousser ses limites ? Pourquoi ne peut-il pas comprendre que sa manière de percevoir les choses est déviante, alors qu’on n’a jamais cessé de lui le répéter ? Pourquoi se sent-il obligé de constamment se faire du mal, et lorsqu’il n’y parvient pas, de le provoquer chez les autres ? Pourquoi est-ce qu’à défaut de raviver ses propres blessures, il en créé chez la personne la plus importante à ses yeux ? Et il en revient toujours à la même conclusion, laissant un goût amer dans sa bouche et lui serrant la bouche ; pourquoi ne peut-il pas être normal, pour une fois ? C’est la question sous-jacente à sa décision de faire les choses correctement – du moins, telles qu’elles semblent l’être pour les autres, et surtout pour Juliana, c’est une autre histoire à ses yeux – en assurant finalement à Jules que s’il ne se sent pas prêt à se rendre au commissariat, il essayera au moins d’évoquer le sujet avec Anwar pour se préparer à la finalité qui lui pend au nez. Car il y a une chose qui est certaine ; sa vie n’a peut-être pas d’importance, mais pas celle de Juliana. Mais il n’est pas dupe, et le langage corporel de la jeune femme parle pour elle alors qu’il comprend que ne pas se sentir prêt n’est plus une excuse dont il peut bénéficier – peu importe si elle est la plus adaptée et la plus appropriée à ce qu’il ressent. « D’accord. » Qu’il acquiesce lorsqu’elle reconnaît que c’est important pour elle, faisant fi de son remerciement et de ses excuses ; il ne sait comment interpréter celles-ci. Il y a cette voix dans sa tête qui ne cesse de lui répéter qu’il est celui qui doit prendre les torts ; c’est son comportement qui est problématique. C’est la situation dans laquelle ils sont plongés et qui a été provoquée par son hospitalisation, par son inconscience, une énième fois. C’est sa manière de voir les choses qui ne peut jamais être partagée par autrui car logique seulement dans sa tête. C’est la déception qu’il provoque sans cesse chez ses proches, parce qu’il ne se conforme pas assez, parce qu’il n’essaie pas assez. C’est la déception qu’il lit dans les yeux de Jules, mélangé à de l’agacement et tant d’autres choses qu’il provoque en elle depuis quelques semaines. Et il ne parvient plus à soutenir son regard alors que ses lèvres viennent se poser sur son front pour y déposer un baiser et que dans la minute, il est hors du lit à fouiller son tiroir à la recherche de ses affaires de sport. « Je dois aller courir. » C’est un impératif, pourtant il ne s’en sent pas capable. Son corps est encore trop fragilisé, et c’est exactement pour cela qu’il doit y aller ; pour mettre celui-ci à l’épreuve comme il le fait toujours lorsqu’une situation lui échappe. « Et tu ne peux pas arra-arriver en retard. » Comme s’il ne l’avait pas voulu, comme s’il n’était pas le responsable. Pourtant, c’est bien ça, le problème, c’est lui le responsable. « Désolé de cou-constamment te décevoir. » Il souffle d’une voix étouffée tandis que sa silhouette désormais vêtue est prête quitte la chambre. Prête à courir, aussi, à s’épuiser, à se tester, à s’effondrer peut-être. Surtout à continuer la punition qu’il s’inflige dans ce genre de situations, dont Jules l’a privé quelques instants plus tôt, à l’abri des regards indiscrets, sans en avoir lancé un dernier à la jeune femme.

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