| Mother, tell your children not walk my way » Alex |
| | (#)Ven 26 Mar 2021 - 3:46 | |
| mother, tell your children not to walk my way Kyte Savard & @Alex Clarke Il n’avait pas prévu de venir là. Les cheveux battus par la brise marine, il a longé les docks, inspirant la mer à plein poumons pour mieux chanter quelques refrains aux poissons. « C'est pas l'homme qui prend la mer, c'est la mer qui prend l'homme. Moi, la mer, elle m'a pris, je m'souviens un mardi. » Au fond, il se fiche pas mal que la mer ne l’ai jamais pris pour vrai au final. C’est qu’il déteste cette traîtresse et les voyages atroces planqués dans le container moisi d’une compagnie de transport douteuse pour traverser les océans sous le nez de la douane. Il la déteste ouai, n’empêche que cette chanson l’a toujours fait rêver, qu’elle guide ses pas et résonne régulièrement dans son cœur, avec tout un tas d’autres morceaux qui rythment sa vie pour y insuffler un peu de bonheur. Il n’avait pas prévu de se laisser distraire par un cerf-volant, ni de le suivre jusqu’à la plage. Pas plus qu’il n’avait prévu d’y marcher pieds nus jusqu’à buter dans un coquillage. Gros, le bestiau. Assez pour lui laminer les orteils, le faire jurer de douleur et sautiller dans le sable en s’agrippant le pied. Assez pour l’inspirer aussi, sortir son canif en guise de vengeance et tailler la bête à grands coups de lame belliqueux pour lui donner l’allure d’un petit bateau. « J'ai déserté les crasses, qui m' disaient "Sois prudent" ; la mer, c'est dégueulasse, les poissons baisent dedans ! » La voix se teinte de revanche pour l’encourager, et bientôt voilà le vilain caillou tout poli, presque trop beau pour rester au fond des poches d’un clodo. Avec un soupir, il a porté son regard vers l’horizon, ses pensées dirigées vers celles qu’il n’a pas revues depuis trop longtemps déjà. Celles qu’il n’est pas parvenu à retrouver malgré ses maigres tentatives de recherche. Et puis une autre pour celle qui s’est faite discrète avec le temps, élusive presque.
Alors il n’avait pas prévu de se pointer chez elle, non. Et pourtant le voilà : les mains dans les poches de son jean usé. Le nez pointé vers le ciel trop bleu, presque indécent tant il est éclatant et le force à plisser des yeux, pour tenter d’apercevoir les silhouettes qui défilent derrière les fenêtres de l’immeuble. Derrière sa fenêtre surtout. Voilà belle lurette que son joli ruban ne flotte plus au grès du vent, belle lurette qu’elle ne l’a pas attaché pour lui faire signe de monter. Peut-être bien que son lascar a fini par s’inquiéter des petites visites inopinées du vieux type louche après tout. Surement qu’elle est trop occupée à être une mère pour le kid qu’a dû pointer le bout de son nez depuis le temps. Tiens, si ça s’trouve elle a même oublié notr' p’tit code ! Il n’a pas le temps d’hésiter que ses pas traversent déjà la route sans prendre la peine de vérifier que la voie est libre, déclenchent le klaxon d’une auto et la colère de son conducteur auquel il répond d’une insanité revigorante. L’autre s’éloigne bien rapidement, zigzague au coin de la rue. Kyte l’accompagne d’un cri enthousiaste, pour la forme, puis se désintéresse de son nouvel ennemi, balaie l’anecdote comme si elle ne s’était jamais produite, tout concentré sur la mission qu’il s’est donné. Elle a dit qu’elle voulait qu’il utilise la porte. Seulement ça lui fait tout drôle, l’idée d’errer dans les couloirs sans y être invité. Taper contre le bois comme un type correct, comme s’il avait sa place au sein de son bel immeuble. Non, lui c’est dans l’arrière-cour moisie qu’il se sent chez lui, sur la poubelle qui accueillie son pied pour lui servir d’appui. Le long de la cage d’évacuation métallique qu’il remonte comme un rat. Pareil que la première fois, quand il s’est faufilé dans l’appartement vide et accueillant ; mais pas autant que la femme qui vivait dedans. La fenêtre n’est plus qu’à quelques mètres désormais. Un sourire confiant et le pas incertain, il s’en approche, effleure le cadre qu’il a réparé, effectue une petite pression. Fermée. Embêté, il hésite à taper ou bien se tirer. Mais il refuse de partir sans lui avoir déposé au moins un autre petit cadeau, sculpture en coquillage réalisé au fil de l’eau.
Les doigts tâtonnent les contours de la statuette en crustacé, le cœur froissé d’un étrange pressentiment difficile à identifier. L’impression de ne plus être ici comme un ami mais un étranger. C’est dans la peinture fraîchement appliquée, les couleurs pastel qu’il ne reconnaît pas, le placement des meubles qui n’épousent plus les souvenirs de la dernière fois. A l’intérieur de l’appartement, un cri d’enfant. Jeune le môme… mais assez âgé pour prononcer des mots avec cet accent australien auquel il ne se fera jamais. Une voix douce lui répond. Patiente. La voix d’une mère, mais pas celle qu'il espérait entendre. Le regard vient confirmer ce que ses oreilles savent déjà, détaillent la silhouette d’une jeune femme aux courts cheveux blonds. Ses grands yeux bruns croisent les siens, s’emplissent de terreur alors qu’elle regarde alentours comme une biche effarouchée. « Chéri ?! » Ses lèvres se tordent quand elle appelle à l’aide, les serres plantées dans l'épaule du bambin pour le retenir tout contre ses jambes. Kyte secoue la tête, lève les mains en gage de paix. « Désolé ma p’tite dame, j’voulais pas vous effrayer. » Qu’il marmonne avant de reculer. Le cœur est lourd quand il redescend furtivement, disparaît entre les ordures et cartons abandonnés, s’éloigne du logement au cas où la donzelle en détresse aurait l’idée d’appeler les condés. Tabarnak… quelle plaie. Son pied shoote dans une canette abandonnée qu’il regarde rebondir contre un mur et se froisser. Un instant, il s’imprègne du chaos qu’il sème. Puis ses idéaux le reprennent. Il la ramasse, l’agite pour vérifier qu’elle est bien vide, la jette dans la poubelle la plus proche. Son ventre laisse échapper un grondement de protestation affamé, mais la nouvelle lui a coupé l’envie de fouiller. Elle est partie. Elle a déménagé et lui il l’a manquée. Surement qu’elle a tenté de lui laisser un message, que la ville a depuis trop longtemps avalé. La faute au grabuge causé par les clubs dans le centre y’a quelques semaines, quand il a préféré se tirer dans la cambrousse pour éviter de se retrouver pris dans le filet de flics un peu trop zélé. Il s’est carapaté et il l’a loupée. Et maintenant, il n’a aucune idée de comment la retrouver. Une nouvelle môme apprivoisée… une encore qu’il ne parvient pas à garder.
Ses pas le ramènent à la verdure désormais. Un petit parc bien entretenu dans lequel les mères envoient leurs enfants s’amuser. Il y a des berceaux et des ballons, des éclats de rire et des éclats de flotte, tirés depuis des pistolets multicolores. Une gerbe l’atteint en plein cœur, il plaque ses mains contre sa poitrine, fait mine de tituber, déclenche le hurlement ravi des kids qui redoublent d’enthousiasme et de fourberie. « Ça va ! Ça va, les marmots. J’suis mort ! » Il grommelle, les yeux brillants trahissant son amusement. Mais déjà il s’éloigne, se traîne vers les sentiers plus calmes. La crainte d’être reconnu plus pesante que son besoin de socialiser. C’est qu’il n’y a pas de regard plus perçant que celui d’une mère surveillant ses gosses à distance. L’ombre d’un arbre lui paraît accueillante. Il s’y assoit, le dos contre le tronc, les jambes repliées pour retirer un peu de la pression qui s’accumule dans les vieux os grinçant au bas de son dos. C’est alors qu’il entend sa voix. Douce et un peu brisée. Légère comme une brise printanière. Du regard, il la cherche, accroche la vague de ses longs cheveux blonds, l’éclat de son sourire, la lueur songeuse dans ses grands yeux. Les mains enroulées autour d’une poussette, elle ne l’a pas encore vu. Il l’observe un instant, se gorge de ce spectacle qu’il n’espérait plus surprendre. Puis comme elle est le sur point de s’éloigner, comme elle s’apprête à disparaître au détour du chemin, il s’éclaircit la gorge et chantonne doucement. « Dès que le vent soufflera, je repartira. Dès que les vents tourneront… nous nous en allerons. » Pour la prévenir qu’il est là, pour attirer son attention, pour lui laisser la possibilité de refuser cette invitation… au cas où ça lui ferait bizarre de revoir son vieux compère en compagnie de son poupon.
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| | | | (#)Mer 31 Mar 2021 - 10:24 | |
| mother, tell your children not to walk my way @Kyte Savard & @Alex Clarke Elle n’a jamais pensé être mère. Pas elle. C'est quelque chose qu’elle comptait laisser aux autres. A celles qui sont faites pour ça, qui ont envie de cette vie depuis leur enfance. Des rêves de princesses, des rêves de famille, de mariage, d’enfants, elle n’en a jamais eu. Enfin elle n'en avait jamais eu devrais je plutôt dire. Elle ne s'est sans doute même pas donnée la possibilité d’y penser. Elle maman ? No way ! Faut dire que son parcours de vie semblait lui donner raison. Parce qu’abandonner son enfant à vingt-et-un ans c'est sans doute une belle preuve qu'elle n'était pas faite pour ça. Pas elle. Alex - mère. C’était deux mots qui n’étaient définitivement pas associables, et pourtant désormais ils semblent indissociables l’un de l’autre. Il faut parfois lui rappeler. Pas qu'elle est mère, ça elle ne peut pas l'oublier. Mais qu'elle en est une bonne, ça elle peut en douter. Souvent. Mais comme tout parents non ? Même ceux qui ont toujours tout fait bien, doutent à ce qu'il parait, alors pour une fois c'est des émotions de femmes normales qu'elle ressent. Pour une fois, elle se sent normale, ni parfaite, ni trop nulle. Et ça, c'était pas gagné. Avant même que ses filles soient nées, elle a eu peur. Elle a eu peur de ne pas aimer son enfant. De ne rien ressentir pour lui. Elle a eu peur ensuite de ne pas être à la hauteur de ses enfants. Parce qu’entre temps elle en a perdu un et a apprit l’existence des deux autres. Faut croire que rien n’est jamais simple avec elle, c’est un fait. Comme si la vie voulait lui faire prendre conscience que la maternité ce n'est pas tout rose, et que devenir mère ça doit se mériter. Est-ce qu'elle l'a mérité ? Surement pas. Tout son bonheur, elle a parfois l'impression qu'elle l'a volé à quelqu'un d'autre. Qu'elle n'est pas assez bien pour mériter d'être aussi heureuse. Mais elle saisit la chance qu'elle a. Elle emmerde le reste du monde et elle se concentre sur ce qu'elle a de plus précieux. Elle savoure son bonheur depuis qu'elle a ses deux filles à ses côtés. Et si la maternité n’a rien de simple, ni pour elle, ni pour les autres femmes, elle semble avoir prit la mesure de ses nouvelles responsabilités. Aussi incroyable que cela puisse paraitre, et je vous assure même pour elle ça l'est : incroyable. Malgré tout, elle semble plutôt réussir dans ce nouveau rôle, pas fait pour elle, mais qui semble finalement lui scier à merveille au corps. Elle a échoué trop souvent et cette fois, elle ne s’autorise pas le droit à l’erreur. Proposant la meilleure version d'elle même, parce qu'elles le méritent. Parce que la vie de ses deux filles dépends directement d’elle. Alors, elle s’investit. Elle donne tout ce qu’elle a et même encore plus, découvrant au fond d’elle de nouvelles capacités, de nouvelles émotions et un besoin constant d’être prêt de ses jumelles. De les protéger, de les aimer, de façon inconditionnelle. Elle n’était pas faite pour être mère, et quiconque a connu Alex à vingt ans l'aurait pensé, mais elle l’est devenue et l’amour qu’elle ressent chaque jours en regardant ses filles est désormais devenu indispensable à sa vie, elles sont indispensables à son bonheur. Elles font définitivement partie de la vie de l'Anglaise, et même plus encore, elles sont sa vie, son monde. Elle n'était pas faite pour être mère, et pourtant elle ne s'imagine plus dans un autre rôle. Elle aurait pu pourtant passer à côté de tout ça. Elle aurait pu ne jamais connaitre ce bonheur, un accident heureux, une grossesse non désirée qui donne naissance à deux bébés issue d'un amour fort, et solide. Enfin, et après la maison, les jumelles, c'est la mariage qui attends l'Anglaise. Mais ce n'est pas pour aujourd'hui, ni même pour demain, les mois à venir vont être riches pour elle, pour eux, mais aujourd'hui, c'est seule qu'elle profite de sa journée de repos pour passer du temps avec ses filles.
Elle s’aventure rarement loin de chez elle, seule avec les deux filles. L’organisation n’a jamais été son fort, au contraire de Caleb et c’est lui qui gère la plupart du temps mais aujourd’hui elle a prit la décision de sortir un peu hors de ses habituelles ruelles. Tous les jours la même balade, tous les jours les mêmes têtes qu'elle croise, les mêmes lieux qu'elle fréquente et elle a envie de voir autre chose, de profiter d'une autre vue et c'est tout naturellement qu'elle se retrouve dans son ancien quartier. Enfin tout naturellement, pas tellement. Ça lui a demandé plusieurs minutes pour installer tout le monde dans la voiture de Caleb, la sienne étant vraiment pas adaptée à des jumelles, et encore plusieurs minutes à les sortir chacune, à les installer dans cette poussette bien trop grande, mais elle a réussi et elle se retrouve à marcher dans son ancienne rue. Elle qui voulait voir de nouvelles choses, c'est un peu raté. Mais ça a quelque chose de rassurant de revenir ici, elle revoit l'endroit ou elle prenait son café avant d'aller travailler. Elle revoit des lieux qu'elle a fréquenté, d'autres qu'elle aimerait avoir oublié aussi, et elle passe devant son appartement, enfin son ancien appartement. Celui qui n'est plus à elle, et qui ne l'a jamais réellement été, pas du genre à acheter, à se poser définitivement. C'était ce qu'elle avait pensé en revenant à Brisbane, elle en a fait du chemin. Elle ne s'en rends pas toujours compte, mais sa psy lui dit régulièrement et elle le réalise avant de douter à nouveau. Une constante dans sa vie, le doute. Elle regarde son immeuble, elle se demande si ses voisins sont toujours les mêmes, avant de se rendre compte que finalement elle ne les connaissait même pas. Elle se pose des questions, toujours trop alors qu'elle jette régulièrement des regards appuyés et bienveillants vers la poussette dans laquelle se sont enfin endormies les deux petites filles. Et elle avance toujours, dans son ancien quartier, remontant le chemin jusqu'au parc. Elle pense aux rencontres qu'elle a faite ici, et à ces gens qu'elle ne voit plus. Elle pense à lui forcément, peut-être encore plus qu'elle ne l'a fait ces derniers mois. Celui dont elle n'a plus de nouvelles depuis qu'elle a déménagé. Elle lui en veut un peu d'être un anti-téléphone, elle lui en veut beaucoup de ne pas lui avoir dit ou elle pourrait le trouver, et elle s'en veut aussi de ne pas avoir insisté. Il a sa nouvelle adresse, du moins, elle le lui a laissé, et il ne s'est jamais pointé. Ni à la fenêtre, ni à la porte. Elle n'a jamais vu le grand gaillard venir traîner vers sa nouvelle demeure, et elle s'est faite une raison. Il a du changer d'avis et partir vers de nouveaux horizons, encore une fois. Et, elle ne peut pas lui en vouloir, il est ainsi, encore plus instable qu'elle, et même si cette pensée ne lui plaît pas trop, elle est toujours mieux que l'autre pensée, celle d'imaginer 'Kyle' mort dans une ruelle. Cette pensée est bien trop sombre, bien trop dure à envisager alors Alex a décidé d'être optimiste parce qu'elle préfère l'imaginer voyageant au bord d'un camion accompagnant sur les routes un routier, plutôt dans la fosse commune d'un cimetière parce que personne n'aurait eu vent de son décès. Et l'option qu'il n'ait pas eu son mot ne lui a même pas réellement traversé l'esprit. Il devait voir le nœud, c'était son plan, son idée, alors il a du le voir sinon à quoi bon proposer ça s'il ne prend pas la peine d'y jeter un regard de temps en temps ? Tant pis pour lui, tant puis pour elle aussi. Elle lui en veut mais ne l'assume pas. Elle n'en a pas le droit, mais c'est qu'elle l'aime bien ce bougre. Et qu'elle se sent bien à ses côtés, aussi incroyable que cela puisse paraître. Mais tant pis, il est parti ainsi va la vie. Les gens vont et viennent, elle a été de ceux qui partent, elle est désormais de ceux qui restent, c'est pas agréable, mais elle n'est pas seule désormais, pas comme quand il a débarqué chez elle. Elle n'est plus si faible. Plus si mal non plus.
Lena pleure un peu mettant fin à la réflexion de sa mère qui se penche vers elle pour lui redonner sa tétine et lui montrer qu'elle est là. Un petit câlin sur le front, quelques mots réconfortants et les pleurs s'arrêtent, bien aidé par les bercements de la poussette alors qu'elle entre dans le parc la poussette qui attire les regards de certains. Elle a prit l'habitude, des jumelles ça intrigue, et tant qu'on ne l'interpelle pas pour lui dire 'oh mon dieu des jumelles bon courage.' elle laisse les regards, elle s'en accommode et elle finit par les oubliés. Lucy est endormie dans la poussette, calme et paisible. Et Lena qui a arrêté de pleurer, plus énergique, plus éveillée joue avec son hochet, sourit et regarde autour d’elle. D'abord sa mère, qu'elle fixe quelques secondes, un visage familier, rassurant, avant de tourner la tête à droite, puis à gauche. Tout est nouveau ici. Ce parc Alex le connaît, mais pas Lena. Tout les sens de la petite semblent profiter de la nouveauté. Les bruits, les images, les couleurs, et peut être aussi les odeurs, Lena est curieuse, elle babille, elle joue avec sa bouche, elle attire l’attention de sa mère qui lui réponds dans un dialogue qu'elles sont les seules à comprendre. Voir même peut-être qu'aucune d'elles ne le comprends mais elles se regardent et elles sourient, la mère et la fille, et c'est tout ce qui compte dans ce genre de moment. Encore une chose qu’Alex n’aurait jamais pensé faire. Avoir une discussion avec un bébé, mais ce n’est pas n’importe lequel, c’est le sien. Sa fille, son bébé. La voix douce, le regard qui pétille en fixant sa fille qui bouge ses lèvres pour faire sortir des sons nouveaux et rire en se surprenant elle même. C’est un spectacle dont elle ne se lasse pas Alex, ce moment de partage avec sa fille. Et malgré la fatigue elle sait que c'est pour ce genre de moments anodins qu'elle vit désormais, qu'elle se lève et quitte son lit malgré les cernes et la fatigue. Elle avance sur le chemin, ne prêtant attention à rien d'autres qu'au visage souriant et expressif de sa fille. Penchée vers sa fille à qui elle chantonne une chanson. Et si les sens de la petite sont aux aguets, ceux de la mère un peu moins et elle mets du temps avant d’entendre cette voix. Cette chanson dont elle a oublié la signification mais qu’elle reconnaît. Cette langue étrangère qu’elle ne maîtrise pas mais dont elle saisit l'origine. Et cette voix grave qu'elle n'a aucun mal à distinguer. Il n'est pas mort. Voilà la première pensée qu'elle a en se retournant et elle l'apercevant là à quelques mètres d'elle, assit par terre. Elle reste là, quelques secondes, n'avançant plus, ne regardant même plus Lena, juste Kyle qui se manifeste et elle lui en veut un peu de ne pas l'avoir fait avant. Elle s'en rends compte au moment ou elle le voit. Il est là, il était là tout ce temps et il n'est pas venu. L'Anglaise, se reprends, elle lui sourit, oubliant pendant quelques minutes ce sentiment d'abandon qu'elle a ressenti et qui a fait qu'elle lui en a voulu, pendant quelques secondes. Oubliant qu'elle l'a aussi cru loin, et mort même parfois, parce qu'il est là et qu'il l'a appelé. Avec cette chanson il s'est manifesté et c'est à elle de décider cette fois si elle veut aller vers lui ou non. Les mains sur la poussette, elle fait demi-tour, un regard vers ses deux merveilles, elle avance vers Kyle, un sourire aux lèvres, les yeux pétillants de fierté, parce qu'elle a réussi. Parce qu'elle est mère et qu'elle va pouvoir partager son bonheur et sa fierté avec quelqu'un qui l'a vu douter d'elle même. Qui connaît son parcours de vie. Mais, elle s'en est sortie et c'est avec plaisir qu'elle rejoins Kyte à l'ombre de cet arbre. Oubliant ses dernières pensées négatives, il est là et elle va pouvoir lui présenter ses filles, lui qui avait été le seul autre que Caleb, à savoir pour sa grossesse, le seul à le deviner, à la comprendre aussi en quelque sorte. Mais s'il savait pour la grossesse, il n'a jamais su qu'elle attendait des jumelles, alors c'est une petite surprise qu'elle s'apprête à lui faire. « Ça me fait plaisir de te voir. » C'est une pensée sincère qu'elle lui partage, même si elle meurt d'envie de l'engueuler aussi de l'avoir laissé sans nouvelles. « D'autant plus que j'avais perdu espoir de te revoir un jour. » Les mots sont dits, avec un sourire, sans ton de reproche, mais ils ont le mérite d'être prononcé. Oui, elle avait perdu espoir. Mais après tout, il n'a jamais dit qu'il serait là pour elle, tout le temps, alors elle n'a pas le droit de se plaindre ou de lui en vouloir. « Comment vas tu ? » Elle scrute Kyle sans le dire, sans laisser rien paraitre, ou peut-être que si finalement, elle l'observe cherchant la vérité derrière les mots rassurants qu'il risque d'essayer de lui faire croire. La poussette s'est arrêtée depuis trop longtemps, et ça ne semble pas vraiment plaire à Lena qui se manifeste et qui réussi à attirer l'attention de sa mère. Alex se penche vers la poussette, détache sa fille avant de la prendre délicatement contre elle, déposant un baiser sur son front tout en la berçant quelques secondes. « J'avais hâte de te présenter mes deux petites merveilles. » Un sourire énorme sur les lèvres, la fierté et l'amour qui transpire dans ses paroles et dans son regard. Elle insiste sur les deux merveilles, son regard qui oscille entre sa fille et le regard de Kyte. Elle veut lui montrer qu'il a eu raison sur elle, qu'il a cru en elle et qu'elle s'en sort, qu'elle ne fuit plus, qu'elle ne s'écroule pas non plus. « Voilà Lena. Je crois qu'elle a mon caractère et c'est pas simple tout les jours avec elle mais si tu savais comme je les aimes, elle et sa sœur. » Peu de parents ont besoin de dire qu'ils aiment leurs enfants, ça semble être une chose commune, normale, attendue, mais pour Alex, le préciser, c'est important. Surtout au vu de leur dernière conversation à tout les deux. Surtout au vue de son passif. Qui aurait cru au soir de leur première rencontre qu'ils se reverraient et qu'elle serait l'heureuse maman de jumelles de presque six mois ? Personne, surtout pas elle et pourtant, c'est bien ce qui se passe. Il ne fait pas parti de sa famille et pourtant quand elle lui présente ses enfants, elle se sent fière et elle le regarde, espérant qu'il le soit aussi, fier d'elle, un peu au moins.
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| | | | (#)Dim 11 Avr 2021 - 4:17 | |
| mother, tell your children not to walk my way Kyte Savard & @Alex Clarke Elle se tend la belle Alex. Comme si elle cherchait d’où provenait ce chant porté à ses oreilles par la brise printanière. Comme si elle se demandait un instant si elle ne l’avait pas imaginé. Mais il continue, et bientôt elle se retourne, le visage empreint d’une expression indéfinissable alors que son regard se pose sur lui comme pour le transpercer. Les corps s’immobilisent et le temps semble suspendu. Et puis l’orage d’émotions troubles qui dansait dans ses yeux pâles de dissipe, remplacé par une joie un peu incrédule qui réchauffe son vieux cœur palpitant. Ses lèvres craquelées s’étirent, répondent au sourire qui vient fendre son beau visage un peu à retardement. Elle semble hésiter un instant, et puis ses épaules se contractent, effectuent une petite poussée pour faire avancer son engin à roulette et après une manœuvre maîtrisée, la voilà qui s’élance dans sa direction, le roulement des roues provoquant d’agréables petits crissements sur le sentier de terre sablée. Elle se tient droite, la belle. Fière. Et ses yeux pétillent d’une lueur qu’il ne lui avait jamais connue avant. Une lueur pleine d’assurance et de confiance, celle d’une femme qui a trouvé où planter ses racines, puisé dans la terre l’énergie et la force de transmettre la vie à son tour. Une force dont sa Lenore a toujours manqué, à son grand désespoir. La maternité pas une priorité dans son âme artiste et volage. Son âme déchirée et torturée, surtout. Mais les démons qui hantaient sa femme ne volent pas autour d’Alex aujourd’hui et ne semblent plus ternir son bonheur. Elle rayonne, il s’en rend compte maintenant qu’elle l’a rejoint à l’ombre du grand chêne, encombrée d’une poussette immense mais libérée des bagages de son passé. « Eh bien, tu rayonnes mon p’tit ! » Il lui lance, parce que c’est vrai. Sa voix à elle s’élève presque en même temps, encombre sa gorge d’un agréable contentement. « Ça me fait plaisir de te voir. » Il hoche la tête et plisse les yeux pour lui faire comprendre que lui aussi. S’apprête à le dire même, mais voilà qu’elle précise plutôt : « D'autant plus que j'avais perdu espoir de te revoir un jour. » Elle sourit, il grimace. Parce qu’il y a dans son ton une vulnérabilité qui vient révéler le tiraillement occasionné par sa disparition. La plaie ouverte par son abominable paternel et jamais cicatrisée, celle qui saigne encore quand s’absentent ceux qui lui ont promis de rester. Parce qu’elle lui apprend tout ce qu’il avait besoin de savoir au fond : qu’elle n’a jamais voulu cette distance prolongée, que c’est un concours de circonstances merdique qu’ils ont tous deux regretté. « Comment vas-tu ? » Il secoue la tête avec un sourire, plisse les yeux pour mieux la voir en dépit des rayons qui lèchent son visage marqué par le temps. « Ma foi, on fait aller. L’soleil est clément par ces temps, pis voir ton minois ça fait ma journée. » Il réplique avec simplicité, les paroles remplies de sincérité. Pas besoin de lui parler de ses soucis avec la loi, les missions au clair de lune, la grande évasion, les os qui gueulent chaque jour un peu plus fort, un peu moins taillés pour cette existence nomade abreuvée de liberté que dans ses jeunes années. Car Kyte, il ne vit que pour le présent, y trouve son ancre et son bonheur, sans jamais s’apitoyer sur le passé ou s’inquiéter de l’avenir. Et en cet instant, le présent, il regorge de douceur et de possibilités. « Et toi alors ? Comment c’est qu’tu t’portes par ces temps ? J’vois qu’l’kid a finalement pointé l’bout d’son nez. » Il badine, se redresse pour mieux s’appuyer contre le tronc d’arbre. Les bras croisés sur sa poitrine, il désigne la poussette du menton pour résister à l’envie de pencher le nez par-dessus le berceau pour faire connaissance avec le petit être babillant qu’il renferme. A moins que ce ne soit… les ? « J'avais hâte de te présenter mes deux petites merveilles. » Pas de doute, il a bien entendu. Les yeux de Kyte s’arrondissent et la paume de sa main vient s’éclater sur son jean au niveau de sa cuisse comme si on lui avait raconté une bonne blague. « Coudon, tu fais pas les choses à moitié pas vrai ? » Il plaisante, pour éloigner la vague d’émotions inconvenante qui lui serre la gorge, peut-être. C’est dans la tendresse qui emplit le regard de la jeune maman, dans l’amour liquide qui coule à travers ses paroles et luit au fond de ses iris alors qu’elle couve songeusement ses deux petites merveilles. Kyte, c’est elle qu’il regarde, un éclat de fierté au fond des yeux couleurs glaciers, un sourire attendri au coin de ses lèvres gercées. L’air de dire. Ben tu vois mon p’tit, tu l’as fait. « Voilà Lena. Je crois qu'elle a mon caractère et c'est pas simple tous les jours avec elle mais si tu savais comme je les aimes, elle et sa sœur. » Guidé par sa voix, il approche enfin du berceau, tente un regard du côté des créatures qu’elle renferme. Deux adorables mini bouts de vie encore rougies et toutes potelés. Deux jolies fillettes aux joues rondes et aux petites lèvres rosées dont la forme rappellent déjà celle de leur maman. Le cœur pétri de tendresse, Kyte se passe une main sur le visage comme si ça pouvait éponger son regard luisant. « Ben mon p’tit, c’est un sacré boulot qu’t’as fait… Elles ont ta gueule tout craché ! J’espère qu’ton lascar est pas trop jaloux, tiens. » Il plaisante, pour éviter de trop s’attarder sur les émotions étranges qui le traversent. « Bien l’bonjour ma p’tite Lena. S’t’as l’même caractère qu’ta maman, sûr qu’on va bien s’entendre tous les deux. » Il lance sur le ton de la confidence, puis adresse une œillade taquine à la mère en question. Puis son regard s’assombrit légèrement et il se détourne, vaguement embêté. « J’pensais qu’c’était lui. Ton gars. Qu’il voulait peut-être plus qu’tu m’vois. J’aurais compris. » C’est ce qu’un homme ferait après tout, protéger sa petite femme, s’assurer qu’elle ne passe pas trop de temps en compagnie d’un type un peu trop louche, un peu trop instable, un peu trop à la rue. Il aurait compris, ouai. Même si dans le fond, ça l’aurait aussi crissement embêté. « J’passais quand même des fois qu’ça changerait. Des fois qu’tu mettrais ton ruban à voler. » Haussement d’épaules nonchalant, tandis que sa main calleuse plonge au fond de sa poche, ses doigts enroulés autour du petit objet qu’il vient de tailler. « D’habitude j’monte jamais. Mais aujourd’hui… pas pu résister. C’est qu’j’avais un truc à t’donner, pour ton kid. C’est là qu’j’ai vu qu’t’étais déménagée. » Sans plus d’explication, il laisse tomber le petit bateau dans la paume de la jeune femme et un sourire désolé étire ses lèvres alors qu’il cherche à nouveau son regard. « Si j’avais su, t’penses bien qu’j’en aurais fait deux. » Il souligne sa remarque d’un clin d’œil enjoué puis, un raclement de gorge plus tard, se redresse et désigne l’autre merveille du menton. « Et d’ailleurs, comment qu’elle s’appelle l’autre terreur ? »
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| | | | (#)Dim 25 Avr 2021 - 20:31 | |
| mother, tell your children not to walk my way @Kyte Savard & @Alex Clarke « Eh bien, tu rayonnes mon p’tit ! » Il est bien le seul qui peut l'appeler ainsi, le seul qui ait aussi cette attitude presque paternaliste, enfin c'est comme ça qu'elle le ressent Alex. Mais, on peut pas vraiment affirmer qu'elle possède une grande expérience des relations pères/filles. Et pourtant, elle hoche la tête, le coin de ses lèvres se soulève, aujourd'hui, et comme bien d'autres jours depuis la naissance de ses filles, elle se sent joyeuse, heureuse et que Kyte le lui dise, le voit, ça compte. Beaucoup. Elle rayonne, malgré la fatigue, malgré les doutes et les angoisses de maman, passer du temps avec ses filles est toujours une bonne raison de rayonner, d'être heureuse et le revoir lui, ne fait qu'apporter un peu plus de joie dans cette belle journée Australienne. Il est là devant elle, celui qu'elle pensait ne jamais revoir. Elle pensait qu'il l'avait abandonné, après tout, ça n'aurait pas été le premier, et il ne lui doit rien. Il a une vie à vivre, sa vie de loup solitaire et elle n'y a jamais vraiment eu sa place. C'est ce qu'elle pensait, jusqu'à le revoir, jusqu'à ce qu'il l'appelle, l'attire vers lui avec les paroles d'une chanson, qu'elle se promet d'ailleurs d'apprendre. Elle est heureuse de le voir, elle ne le cache pas, tout comme elle ne cache pas l'espoir qu'elle n'avait plus de croiser à nouveau la route du Canadien. En d'autres circonstances, peut-être qu'elle aurait d'ailleurs pu se montrer plus froide, plus distante mais elle n'y arrive pas avec Kyte, parce qu'il y a un truc entre eux qui ne s'explique pas. Une relation qui n'aurait jamais du exister, et qui pourtant semble compter sincèrement aux yeux de l'Anglaise. Il fait parti de ceux auquel elle pense, il fait parti de ceux aussi dont elle ne parle pas vraiment, gardant pour elle ce lien qui l'apaise mais dont elle ne peut expliquer réellement le sens. Il est lui. Ce Canadien, SDF, qui apparaît et disparaît dans sa vie au grès de ses envies. Elle est elle. Cette Anglaise, à l'accent snob, qui a cruellement besoin de stabilité. Il est celui qui est en manque de ses filles, elle est celle qui est en manque d'un père, d'une mère, d'une figure parentale digne de ce nom. Kyte n'est pas forcément digne de ce nom, pour les autres sans doute, mais Alex l'apprécie sacrément ce bougre et le revoir lui provoque quelques émotions qu'elle ne pourrait d'écrire, mais qui l'apaise pourtant réellement. Elle lui en veut, un peu, d'avoir disparu. Elle s'inquiète, beaucoup, de son état. Elle l'observe, elle l'écoute aussi. « Ma foi, on fait aller. L’soleil est clément par ces temps, pis voir ton minois ça fait ma journée. » Elle le sait, il ne va pas se plaindre de cette vie, mais pourtant elle ne se sent pas totalement rassurée par les mots et les paroles positives de Kyte. Ses yeux qui se plissent alors qu'il la regarde, marque encore un peu plus les traits fatigués de son visage, il n'est plus tout jeune Kyte, et elle continue de penser que cette vie ce n'est pas, ou du moins plus, pour lui mais elle lui a déjà fait part de cette pensée. Elle ne recommencera pas cette discussion, bien que son avis n'ait pas changé. Elle se contente de lui sourire en retour, de constater qu'il n'a pas l'air si mal, au vu de sa condition, et avant même qu'elle n'ait réellement le temps de réagir, il reprends la parole Kyte. « Et toi alors ? Comment c’est qu’tu t’portes par ces temps ? J’vois qu’l’kid a finalement pointé l’bout d’son nez. » Il désigne la poussette et elle regarde cet objet avec un sourire qu'elle ne contrôle même pas. Parce que dans cette poussette, il y a deux des personnes les plus précieuses dans sa vie. Si fragiles, si parfaites, c'est son avis de maman, tout sauf objectif mais qu'elle ressent sincèrement en elle. Et elle a hâte de partager son bonheur et sa fierté avec Kyte. « Moi ça va. Un peu fatiguée, les nuits sont assez courtes, mais je suis comblée d'amour en ce moment. » La voix légère, les yeux qui brillent et le sourire qui illumine son visage, elle rayonne d'amour. Parce que oui, le kid a pointé le bout de son nez, pas tout seul, avec un peu d'avance, mais elles sont arrivées toutes les deux dans la vie d'Alex en bouleversant tout ce en quoi elle croyait. Elle les regarde, ses deux merveilles, ses deux filles. Elle regarde Kyte, un sourire sincère sur les lèvres, avant de lui annoncer qu'elle n'a pas une mais bien deux kids, deux merveilles à lui présenter. « Coudon, tu fais pas les choses à moitié pas vrai ? » Elle rit de la réaction de Kyte, c'est souvent ainsi que les gens réagissent, elle en a l'habitude. Surpris, amusés ou compatissants. « Oh ça c'est de la faute du papa. » Qu'elle réponds en riant, tout en se penchant sur ses filles. Elles sont deux, elles auraient du être trois, mais elles sont là toutes les deux en bonne santé et même si des jumelles c'est pas facile tout les jours, pour rien au monde elle envisage sa vie sans l'une de ses filles. Elle les regarde quelques secondes, avec sa tendresse habituelle. Ce n'est qu'en relevant les yeux de la poussette, qu'elle voit quelque chose d’inhabituellement pour elle. C'est le visage de Kyte qui la perturbe, elle y voit quelque chose d'autre dans le regard du canadien. Dans son visage pourtant un peu dur, elle y ressent de la tendresse. Dans son regard froid, elle y sent de la chaleur. Elle lui sourit, parce qu'à ce moment précis elle est émue par les émotions qu'elle distingue sur le visage de Kyte. Elle est émue en lui présentant l'une de ses filles. Lena, sa deuxième née, celle qui demande peut-être plus d'attention, mais qu'elle aime tellement, la seule des deux qui soient éveillée aussi à ce moment précis. Elle se décale un peu pour laisser Kyte s'approcher de la poussette, pour que les présentations se fassent réellement, et elle assiste à ce spectacle avec émotion. « Ben mon p’tit, c’est un sacré boulot qu’t’as fait… Elles ont ta gueule tout craché ! J’espère qu’ton lascar est pas trop jaloux, tiens. » Une vague de fierté s'empare d'elle. Il a beau rire un peu, elle se concentre sur l'émotion qui se dégage de ce moment, et de ses mots. Qu'est-ce qu'elle aurait aimé que ses parents lui disent un jour qu'elle avait fait un sacré boulot. Qu'est-ce qu'elle aurait aimé que ses parents posent un regard aussi tendre et ému sur ses filles que ne le fait Kyte à ce moment précis. « Merci Kyle. » Émue et touchée par l'attention que porte celui qui n'était qu'un inconnu il y a encore quelques mois. « Je crois qu'elles ont mes yeux et ça c'est pas pour lui déplaire au contraire. » C'est tout ce qu'elle est en mesure d'ajouter, des mots presque murmurés, la gorge serrée par l'émotion, par ce sentiment si étrange qui s'empare d'elle. Elle ne veut pas gâcher ce moment, elle ne veut pas perturber cet instant si fort. « Bien l’bonjour ma p’tite Lena. S’t’as l’même caractère qu’ta maman, sûr qu’on va bien s’entendre tous les deux. » Parce qu'elle l'écoute parler avec sa fille comme si c'était l'une des choses les plus normales du monde, comme si vraiment ses filles comptaient aux yeux de Kyte. Et elle sait que même si ce moment est un moment unique qui n'est peut-être pas voué à se reproduire, jamais, Kyte aura porté plus d'intérêt à ses filles que ne le fera jamais son propre père et c'est une douloureuse réalité. Douloureuse oui, mais ça rends ce moment peut-être encore plus intense finalement aux yeux de l'anglaise qui a envie et besoin de partager sa fierté et l'amour qu'elle ressent pour ses deux bébés. Elle le laisse regarder ses filles, profitant de ce moment, et sans qu'elle ne s'y attende, elle se sent prise au dépourvu par les mots de Kyte. « J’pensais qu’c’était lui. Ton gars. Qu’il voulait peut-être plus qu’tu m’vois. J’aurais compris. » Elle secoue la tête de gauche à droite, un air réellement surpris par les mots et par la tournure que vient de prendre cette discussion. « Il ne décide pas pour moi de ce genre de chose. » Non ce n'est pas la faute de 'son gars', c'est trop facile Kyte ça. Eh merde, qu'elle se dit. Mais pour une fois ce n'est pas elle qui gâche un moment fort en émotion. Ce n'est pas elle qui ramène les sujets délicats sur le devant de la discussion. La distance mise entre eux, la crainte qu'il ait décidé de s'en aller et de la laisser derrière sans un mot d’au-revoir. Elle l'écoute, réalisant qu'il n'a jamais eu l'attention de disparaître aussi longtemps de sa vie, et elle se sent soudainement vraiment soulagée. Il ne l'a pas abandonné, pas encore en tout cas. Il aurait pu. Il aurait pu avoir retrouvé ses filles, faire la connaissance de ses petits enfants, les vrais, et il aurait pu l'oublier. Mais non. « J’passais quand même des fois qu’ça changerait. Des fois qu’tu mettrais ton ruban à voler. » Il a même continué à venir. Mais pourquoi il n'a pas eu son mot alors ? Pourquoi il n'a pas vu son ruban avant son départ, et les jours qui ont suivis ? Pourquoi il n'a pas eu l'information de son déménagement qu'elle lui avait laissé. « Je t'avais laissé le ruban, plusieurs jours avant que je déménage. Je l'avais laissé aussi après mon départ avec un mot sur la fenêtre en espérant que tu le vois. » Elle lui explique, elle cherche aussi à comprendre pourquoi il n'a pas vu, pourquoi il n'a pas répondu à son propre signal. « Et je n'avais pas d'autres moyens pour te contacter. » Et ça c'est ta faute Kyte. Elle ne lui reproche pas, même si son ton de voix doit le laisser paraître un peu. Mais il n'a ni téléphone, ni boite mail, ni adresse postale, rien et elle ne sait de lui que son prénom finalement, pas qu'elle n'ait envie d'en savoir davantage mais comment trouver quelqu'un qui peut être littéralement partout et nul part, avec si peu d'éléments ? « D’habitude j’monte jamais. Mais aujourd’hui… pas pu résister. C’est qu’j’avais un truc à t’donner, pour ton kid. C’est là qu’j’ai vu qu’t’étais déménagée. » Elle reçoit le petit cadeau, et elle lui sourit. Légèrement mais elle sourit en regardant ce cadeau qu'il a fait de ses mains et elle se souvient de ceux qu'il avait laissé sur sa fenêtre pendant quelques temps, et elle réalise qu'il a pensé à elle, et à son enfant en taillant ce petit bateau. C'est quelque chose qui la touche forcément, parce que malgré la distance, malgré le fait qu'il pensait qu'elle ne voulait plus le voir, il a continué à penser à elle et à cet enfant qu'il n'avait jamais vu. Mais pourtant, avant de se montrer totalement émue par le geste de Kyte, elle a des questions à lui poser. Elle ne dit rien de tout ça, elle réfléchit à ses mots, elle réfléchit à ce qu'elle doit en tirer comme conclusion. « Si j’avais su, t’penses bien qu’j’en aurais fait deux. » Tu l'aurais su si tu avais vu ce ruban ou si tu m'avais donné quelque chose pour te trouver. « Et d’ailleurs, comment qu’elle s’appelle l’autre terreur ? » Elle regarde sa fille endormie, si calme. « C'est Lucy. » Elle n'ajoute rien de plus, elle repense aux propos de Kyte. Il n'a pas de compte à lui rendre, elle n'a rien à attendre de lui et pourtant elle ne peut s'empêcher de lui demander. « Donc tu savais pas que j'avais déménagé avant aujourd'hui et tu n'as pas essayé de venir me rendre visite avant ? Je t'avais pourtant dis que tu pouvais venir frapper à ma porte. » Elle sait qu'il n'est rien pour elle, elle sait qu'il ne lui doit rien, et qu'elle doit s'attendre à ce qu'il disparaisse parce qu'il est ainsi Kyte. Mais il y a quelque chose en elle, qui l'oblige à savoir si elle compte un peu quand même à ses yeux, si elle compte assez pour qu'il la cherche. « Si tu avais su plutôt que j'avais déménagé, et que ce n'était pas la faute de mon mec, tu aurais essayé de trouver ou j'avais emménagé ? » Elle tente de ne pas lui montrer qu'elle a besoin d'être rassurée, mais avec Kyte, c'est souvent ainsi que ça se passe. Elle le sait pourtant que ce n'est pas son rôle au Canadien. Elle le sait, mais face à lui, elle semble accepter d'être vulnérable, parce qu'après tout il sait qui elle est, et comment elle fonctionne. Lena s'agite, Lena pleure un peu, et Alex s'active pour calmer sa fille parce que désormais, ce sont elles sa priorité. Elle la berce dans ses bras doucement. Rassurer les pleurs de ses filles, avant de se rassurer elle même, parce qu'elles dépendent de l'Anglaise, parce qu'elle a la responsabilité de prendre soin de ses deux filles et elle ne veut pas échouer dans ce rôle. Parce qu'elle veut prouver au monde qu'elle peut être une bonne mère, se le prouver et le prouver à Kyte aussi peut-être. « Je me suis fait du soucis pour toi. » C'est avec une sincérité criante qu'elle lui avoue cette réalité. Il compte à ses yeux, elle ne lui dira pas ainsi, mais elle ne pourra s'empêcher de s'inquiéter et l'absence, le silence qu'il a mit entre eux, n'a pas été une partie de plaisir pour l'Anglaise.
(c) oxymort |
| | | | (#)Dim 9 Mai 2021 - 1:49 | |
| mother, tell your children not to walk my way Kyte Savard & @Alex Clarke Un orage s’éveille dans les jolis yeux d’ambre vert. Un orage qui s’apaise alors qu’elle reçoit le petit bateau sculpté avec un sourire plein de réserve, mais un sourire quand même. Pourtant, le flou de ces dernières semaines pèse encore entre eux. Il le sent dans sa soudaine retenue, dans ces informations rapportées du bout des lèvres. Ainsi ce n’est pas son gars qui lui interdisait de le voir. Même qu’elle a essayé, qu’elle a laissé le ruban à sa fenêtre comme ils l’avaient décidé. Qu’elle a espéré le croiser avant de se résoudre à déménager, mais pas sans lui laisser un mot pour qu’il puisse la retrouver. Bouteille jetée à la mer et certainement perdue dans l’adversité. Arrachée par les nouveaux propriétaires et balancée à la poubelle sans aucune autre forme de procès. Assez rapidement pour que Kyte ne puisse jamais la retrouver. « C'est Lucy. » Sa voix s’élève, neutre, tandis que son regard enveloppant berce l’enfant sage et endormie. « C’est un bien joli nom, Lucy. » Il la regarde dormir, aussi paisible que l’autre est vive comme un mini ouragan. « Donc tu savais pas que j'avais déménagé avant aujourd'hui et tu n'as pas essayé de venir me rendre visite avant ? Je t'avais pourtant dis que tu pouvais venir frapper à ma porte. » Parlant d’ouragan… Il n’est pas tellement surpris que cette histoire la travaille, pas surpris qu’elle ait été blessée par son absence ou la distance. En revanche, ce qui le surprend vraiment, c’est qu’elle a l’air étonnée que ça puisse être une simple erreur, qu’il n’avait pas décidé d’arrêter de la voir. Et il voit les volutes de doute tournoyer dans son regard inquiet, dans son regard qui essaie de dissimuler, mais qui n’y parvient pas tellement. « J’suis passé quelques fois, mais t’étais pas là. » Il réplique avec un haussement d’épaules. Quelques fois, il y a quelques temps. Pas longtemps après cette fameuse matinée joyeuse remplie de pancakes délicieux et d’émotions qu’ils n’avaient pas prévus. Et puis il avait dû partir, se terrer après une sale mission qui lui avait laissé du sang sur les mains. Mais une mission pour la justice, du genre qui allège la conscience plutôt que de l’alourdir. Pour autant, il n’avait pas voulu la voir à son retour. Pas tout de suite. Pas sans être certain qu’Olivia tiendrait sa part du deal et qu’Alex ne serait pas en danger s’il l’approchait. Et quand il était repassé, la fenêtre était désespérément vide. Pas de foulard. Pas de musique. Pas même l’ombre de sa silhouette. Alors il avait fini par se résigner, comme il se résigne de tout. Parce que c’est comme ça qu’il a survécu et qu’il continue à survivre. « Si tu avais su plutôt que j'avais déménagé, et que ce n'était pas la faute de mon mec, tu aurais essayé de trouver ou j'avais emménagé ? » Elle pondère ses mots, évite son regard. Et il sent bien qu’il y a quelque chose dans ses questions, quelque chose qu’elle a besoin de savoir pour se sentir mieux, pour décider si elle doit ou non lui en vouloir. Il le sait mais il ne sait pas comment le lui apporter, alors il incline la tête sur le côté et laisse échapper un soupir de ses narines, la couve d’un regard indulgent qui se change en tendresse quand elle se penche pour réconforter sa fille qui chouine comme si elle ressentait les émotions brouillées de sa mère. Kyte accueille cet instant de répit avec soulagement, en profite pour l’observer bercer la belle enfant et réfléchir à ce qu’il pourrait bien lui dire. « Je me suis fait du soucis pour toi. » Elle finit par souffler d’une petite voix qui vient tordre son vieux cœur aigri. Une petite voix qui lui donne la clef qu'il lui manquait, aussi. Elle a besoin de savoir qu’elle compte pour toi, que tu vas pas disparaître. La gorge un peu nouée, il fait rouler sa moustache pour ravaler les émotions inconvenantes qui s’y bousculent, les chasse avec un petit rire quand Lena tourne un regard curieux vers lui, ses grands yeux presque hantés quand ils fixent ses bouclettes agitées par le vent. Il lui fait une petite grimace qui la laisse relativement pantoise puis relève les yeux vers sa mère. « Pour sûr qu’j’aurais essayé mon p’tit. » Il lui lance alors sans y aller par quatre chemins, le regard droit quand il capture le sien pour qu’elle puisse lire dans ses yeux tout le sérieux et la sincérité qu’il met dans ses paroles. « J’ai dû partir quelques temps. Des problèmes en ville qui valaient rien d’bon. J’m’en suis allé vers les terres voir d’autres horizons. M’est d’avis qu’c’était à peu près quand t’as déménagé. Quand j’suis revenu y’avait plus rien. J’savais pas trop quoi en penser. » Il hausse les épaules, inutile de retourner le couteau dans la plaie. C’est pas elle. C’est pas son gars. C’est juste un coup foireux du destin. Au fond, il n’a pas besoin d’en savoir davantage pour tourner la page et mettre tout ça derrière eux. Ou presque. « Faut pas qu’tu t’inquiètes quand j’disparais comme ça. » Il ajoute d’une voix à la fois douce et rocailleuse. Une voix dénuée de reproches, une remarque soufflée comme un conseil, plutôt. « Ma vie l’est pas pour tout l’monde mais c’est la mienne. Et parfois j’dois m’barrer pour quelques temps. Mais j’reviens toujours. » Il n’essaie plus seulement d’expliquer le passé mais de préparer l’avenir. Lui laisser entrevoir à quoi elle peut s’attendre pour la rassurer, lui éviter de se baigner d'illusions. Et pour lui faire comprendre que ce n’est pas sa faute à elle s’il voyage aux quatre vents. Que c’est l’aventure qu’il pourchasse et les ennemis qu’il fuit, des deux côtés de la loi. Que ce sera jamais elle, la raison de ses départs, car elle est plutôt l’ancre qui le ramène au port. « Et si j’avais su qu’tu voulais être trouvée, j’t’aurais cherchée. » Il lui adresse un petit sourire puis se passe une main sur le menton, laisse son attention dériver vers le berceau et la petite qui dort encore tranquillement sans se soucier de l’agitation de sa sœur et des promesses cachées dans les mots qu’ils s’échangent. « T’penses bien qu’j’aurais pas manqué une occasion d’rencontrer l’fruit d’ton travail ! » Le ton se fait plaisantin et une lueur d’amusement brille dans ses yeux alors qu’il relève les yeux vers elle. « Alors dit moi, comment c’est ton nouveau chez toi ? Elles t'laissent dormir la nuit au moins ? Et puis qu’est-c’est qui t’amène par-là ? » Il bombarde, parce qu’il veut savoir à quoi ressemble son quotidien, comment les petites merveilles rythment ses journées et ses nuits, si elle se plait dans sa nouvelle vie. Il veut entendre son bonheur et y goûter un peu dans ses paroles pour oublier les images trop sombres des dernières semaines, et partager un de ces moments dont ils ont le secret. Un de ces moments qui effacent les limites faisant d’eux des étrangers et qui, l’espace de quelques heures, donnent l’impression qu’ils se connaissent depuis toujours.
(c) oxymort |
| | | | (#)Mar 18 Mai 2021 - 7:19 | |
| mother, tell your children not to walk my way @Kyte Savard & @Alex Clarke « C’est un bien joli nom, Lucy. » Elle a envie de lui sourire sincèrement, de se vanter un peu d'avoir choisi ce prénom et d'ajouter que dans ces conditions, il ne peut être que beau comme prénom. Mais elle n'en fait rien. Elle a d'autres choses en tête, d'autres questions à lui poser, des réponses à obtenir aussi. Elle se veut pas le montrer, mais elle ne parvient pas à le cacher totalement. Ses émotions l'envahissent, elle n'est pas forcément douée pour les cacher, ni même pour les contenir d'ailleurs. Mais elle ne veut pas se laisser submerger, pas maintenant, pas face à lui. Pas encore face à lui plutôt. Elle est différente. Elle est plus stable. Plus heureuse. Mais pourtant elle a toujours cette peur étrange qu'on finisse par la laisser, et Kyte va le faire. C'est inévitable. Elle le sait, elle s'en est convaincue depuis un moment désormais. Elle se répète encore et encore qu'il n'a aucun compte à lui rendre. Qu'il vit sa vie et qu'elle n'en fait pas partie. Ils ont juste vu leurs chemins se croiser, se séparer et se croiser à nouveau. Mais jusqu'à quand ? « J’suis passé quelques fois, mais t’étais pas là. » Ce n'est pas leurs choix, et si la vie leur a permis de se rencontrer, elle a visiblement aussi le pouvoir de mettre des épreuves sur leurs routes. Un éloignement non voulu, ni par l'anglaise, ni par le Canadien, et qu'elle a subi plus ou moins bien. Elle veut prétendre qu'elle a géré les choses sans doute, sans panique, mais ce n'est pas la vérité, même si elle veut y croire elle aussi. S'en convaincre parce qu'elle ne veut pas se sentir trop lié aux gens, et encore moins à lui, qui a une vie si instable. Mais elle se ment à elle même et elle ne veut pas lui mentir à lui. Elle s'est inquiétée pour lui. C'est un fait. C'est indéniable. Il y a un lien entre eux, elle a une affection sincère pour lui, une préoccupation réelle pour ce bougre qui n'en fait qu'à sa tête. Mais elle a peur de l'accepter parce qu'elle est trop fragile, parce qu'elle ne peut pas douter alors qu'elle a deux minuscules bébés qui comptent sur elle. Qui ont besoin d'elle, et elle ne peut pas se perdre dans des questions dont elle n'aura jamais de réponse. Ou des réponses qu'elle n'aimera peut-être pas. Il est libre, il aime sa liberté, tu n'es rien pour lui, il n'est rien pour toi, alors laisses le vivre sa vie, laisses le aimer sa liberté. Elle se le répète, mais y'a rien à faire, quand elle le croise, quand elle le voit, elle ne peut pas faire semblant, l'émotion est sincère. L'inquiétude et la préoccupation le sont tout autant. Elle sait que c'est une connerie de se lier à lui, mais c'est peut-être trop tard désormais. « Pour sûr qu’j’aurais essayé mon p’tit. » Elle sent son regard, elle relève ses yeux clairs vers lui, elle voit son regard qui fixe le sien et elle n'ose pas baisser les yeux. Elle n'en a pas envie non plus. Pas alors qu'il vient répondre à un tas de questions qu'elle n'ose pas forcément poser mais dont elle attends pourtant les réponses. Elle cherche à comprendre, à le comprendre lui et il lui donne des pistes. « J’ai dû partir quelques temps. Des problèmes en ville qui valaient rien d’bon. J’m’en suis allé vers les terres voir d’autres horizons. M’est d’avis qu’c’était à peu près quand t’as déménagé. Quand j’suis revenu y’avait plus rien. J’savais pas trop quoi en penser. » On est deux alors. Elle obtient des explications qu'il ne lui doit pas, mais qu'il lui donne quand même. Et pourtant ça ne fait que soulever encore d'autres questions chez l'Anglaise. Des problèmes ? Quels problèmes ? Et là voilà encore à envisager milles et unes possibilité toutes moins joyeuses les unes que les autres. Ses yeux se plissent, ses sourcils se froncent alors que son cerveau fonctionne à plein régime. « Faut pas qu’tu t’inquiètes quand j’disparais comme ça. » Plus facile à dire qu'à faire, surtout pour quelqu'un comme elle. Si seulement tu avais un moyen de me prévenir de tes départs, ça pourrait m'aider à le gérer. Il ne veut pas entendre parler de téléphone, il ne veut pas de tout ça et elle l'a bien comprit mais c'est pas pour autant qu'elle apprécie son choix. Et pourtant elle s'apaise un peu devant sa voix douce, devant les conseils qu'il lui donne et ses tentatives pour la rassurer. « Tu sais, je serais moins inquiète si j'avais un moyen de te joindre. » Elle ne peut pas se retenir de lui dire le fond de sa pensée finalement, parce que, oui, elle l'avoues elle s'inquiète pour lui, sincèrement, même si rien ne l'y oblige, même si elle n'est pas responsable de lui, elle s'inquiète de son sort et des problèmes qu'il a évoqué quelques instants plutôt. « Ma vie l’est pas pour tout l’monde mais c’est la mienne. Et parfois j’dois m’barrer pour quelques temps. Mais j’reviens toujours. » Se barrer, elle connaît ça. Fuir, elle l'a fait, mais, qu'on la quitte elle n'a pas l'habitude ou du moins elle le vit plutôt mal. Mais c'est Kyte, il ne lui a jamais promit d'être là, et elle ne lui a jamais demandé non plus, parce qu'il a sa vie. Il est ainsi, comment demander à un SDF une certaine stabilité ? C'est insensé, impossible et elle le sait. Elle en a conscience et c'est bien pour ça qu'elle lui pardonne, qu'elle comprends même si au fond d'elle l'inquiétude reste là quelque part. « Et si j’avais su qu’tu voulais être trouvée, j’t’aurais cherchée. » Elle sourit à ses mots, à ce qu'elle croit déceler derrière ceux ci. Il l'aurait cherché. C'est tout ce dont elle a besoin, pour le moment. Il ne l'a pas oublié. « Tu n'aurais pas eu beaucoup de mal à trouver, j'étais pas très bien cachée. A ma décharge, j'étais pas au courant qu'on jouait à cache-cache. » Ok humour de merde Clarke, mais ça la soulage de le savoir, d'entendre Kyte lui dire ces mots. Ces promesses qui n'en sont pas réellement mais qui sonnent tout comme. D'apprendre qu'il ne l'avait pas oublié, qu'il ne l'avait pas chassé de sa vie volontairement, apprendre aussi qu'il l'aurait cherché s'il avait su. Oh oui, ça compte plus qu'elle ne le dira, mais son sourire parle pour elle. Son air plus détendu aussi. « T’penses bien qu’j’aurais pas manqué une occasion d’rencontrer l’fruit d’ton travail ! » Et cette vision est toujours aussi attendrissante pour la jeune maman. Il pose son regard sur la petite qui dort paisiblement, Alex regarde cette image si plaisante avant de se concentrer sur celle qui est éveillée et qui s'agite. Elle a encore pleins de choses à dire à Kyte, pleins de questions à lui poser, pleins de petites fiertés à lui partager, mais avant ça, c'est sa fille qui a toute son attention, 'le fruit de son travail' surtout sa plus grande fierté. Les gestes tendres, le regard brillant d'amour et la voix légère et fluette alors qu'elle s'adresse à Lena, pour l'apaiser, pour la rassurer, parce qu'elle ferait tout pour ses filles, pour que jamais elles ne se sentent délaissées ou ignorées. C'est son rôle, et elle le prends très à cœur, elle n'a eu aucun modèle, mais elle apprends et elle fait tout l'inverse de ce qu'elle a connu, ainsi, elle sera sûre de ne pas réitérer les erreurs de ses géniteurs. Elle veut être une bonne mère, elle le veut plus que tout. « Alors dit moi, comment c’est ton nouveau chez toi ? Elles t'laissent dormir la nuit au moins ? Et puis qu’est-c’est qui t’amène par-là ? » Beaucoup de questions d'un coup alors que Lena se calme dans les bras de sa mère. Alex relève les yeux vers Kyte quelques secondes, juste assez pour lui faire un sourire et lui montrer du regard sa fille qui s'apaise contre elle. Elle ne s'agite plus le petit ange, elle sourit désormais au monde qui l'entoure, à sa mère qui la tient dans ses bras, mais aussi à cet homme inconnu qui a sans doute attiré l'attention avec son allure peu commune. Alex se penche sous la poussette pour en sortir une couverture qu'elle pose sans grande délicatesse sur le sol. La délicatesse elle l'a retrouve au moment ou elle vient poser sa fille sur la couverture, à l'ombre sous ce grand arbre, à quelque centimètre de l'endroit ou elle a retrouvé Kyte quelques minutes plutôt. Elle se détends, elle se pose à son tour sur la couverture après avoir jeté un coup d’œil à Lucy dans la poussette, elle fait signe à Kyte de la rejoindre. L'invitant à poursuivre leurs retrouvailles dans un contexte un peu plus détendu alors que les sujets qui fâchent ont été abordé. Pas encore résolu, mais c'est à Alex de gérer ça de son côté, et elle n'a pas à faire porter le poids de cette responsabilité sur Kyte. Elle connaît la vie du Canadien, du moins elle sait son mode de vie, et elle doit faire avec son silence, s'en accommoder et l'accepter sans douter. Lena entre eux, Lena qui tient dans sa petite main l'index de sa mère et qui ne le lâche pas, et Alex regarde sa fille avec une pensée, une seule. Ses filles seront toujours là parce que rien ni personne ne pourra venir les éloigner d'elle et c'est tout ce qui devrait compter, les filles et Caleb, elle peut faire sans le reste du monde non ? Elle devrait mais elle s'est attaché à bien d'autres monde et Kyte en fait partie. Pour le meilleur et le pire. C'est à ce moment qu'elle tire de son sac quelques gâteaux, faits maisons par Caleb, pour en tendre quelques uns à Kyte avant d'en prendre un pour elle même. « Excuse, on devrait avoir quelques minutes de calme maintenant. » Elle parle doucement, calmement mais avec plus de sérénité dans le voix. Elle se souvient des questions de Kyte, des retrouvailles entre eux qui n'ont pas commencé sous les meilleurs hospices, encore à cause de ses doutes à elle. Mais elle veut rattraper ce temps perdu, profiter de ce moment avec lui, ils sont rares mais ils sont précieux et elle en a conscience. « Oh si tu savais, j'ai l'impression de plus avoir dormi une nuit complète depuis des mois et avec la reprise du boulot c'est pas simple, avec le papa on désespère un peu, mais elles nous donnent tellement d'amour. » Elle rayonne au moment ou elle prononce ces mots, sa main qui se balade sur le front de sa fille qui ferme ses yeux et commence à s'endormir. Elle est comme toutes ces mamans quand elle parle de ses filles, elle est gaga et elle ne le cache pas. « Elles sont nées le 3 Octobre, elles étaient tellement petites, c'était un peu tôt pour ça, mais visiblement elles étaient pressées. Lena nous a fait une petite frayeur, mais regardes les, elles sont si belles et en parfaite santé. » Elle sort son téléphone parce qu'il ne va pas échapper aux photos des deux minuscules bébés à la naissance, et de leur mère fatiguée, épuisée même mais radieuse malgré tout. Et quand elle parle, elle a les mots d'une maman, l'objectivité d'une mère aussi. Bien sur que ses filles sont belles, bien sur que ce sont elles les plus belles, et quiconque oserait prétendre le contraire se verrait infliger la dure épreuve de voir une centaine de photos des deux magnifiques bébés. « Désolée tu n'as pas demandé tant de détail, mais quand je parle d'elles, je me laisse emporter. » Elle ne l'est pas vraiment désolée finalement, parce qu'elle est fière, heureuse aussi de partager son bonheur avec Kyte. Il a trop vu ses pleurs, trop entendus ses doutes, alors pour une fois elle veut qu'il voit qu'elle est heureuse. Parce qu'elle l'est sincèrement. « Pour mon nouveau chez moi, je te laisserais venir te faire ton propre avis, si tu t'aventures jusqu'à Spring Hill. » Ceci est une invitation Kyte, et cette fois, tu as intérêt de passer par la porte. « J'ai un chien, il ne ferait pas de mal à une mouche mais évites de passer par la fenêtre c'est plus sûr. » Surtout pour le chien parce qu'entre l'homme et la petite boule de poil, Alex n'a aucun doute sur l'issue d'un potentiel combat, Kyte gagnerait haut la main mais elle tient à Dobby et puis elle se souvient aussi que Caleb ne sait pas qu'elle côtoie un SDF, et elle doute qu'il apprécierait de retrouver un homme inconnu dans sa cuisine. Alors oui, c'est bien mieux s'il passe par la porte comme tout le monde. « Et puis dans le rayon nouveauté aussi, je ne vis plus seule, je suis fiancée et j'aimerai éviter qu'il te rencontre dans mon peignoir après une de tes visites impromptues. » Elle lui sourit et cette anecdote ne risque pas d'arrêter de revenir dans leur discussion parce que finalement tout est parti de ça. De ce moment ou elle est rentrée chez elle totalement perdue et qu'elle a trouvé cet inconnu dans son peignoir. Comme quoi, le destin fait parfois bien les choses, à n'importe quel autre moment, elle l'aurait sans doute flanquer à la porte, ou du moins elle aurait laissé les flics s'en charger mais rien ne s'est passé ainsi et désormais elle se retrouve dans un parc à partager un goûter avec Kyte en lui partageant le récit de ces derniers mois. Lena endormie, Alex remonte un peu le draps sur elle pour qu'elle ne prenne pas froid et les deux filles calmes et endormies, elle en profite pour poser une nouvelle question à Kyte et au vu de son expression qui change, ce dont elle veut parler n'est pas un sujet aussi joyeux que les précédents. « Je peux te poser une question ? » Attendre la réponse serait plus logique, mais ce n'est pas la première fois qu'elle se conduit ainsi, demandant plus par principe pour prévenir que la question qu'elle compte poser n'a rien d'une question anodine. Pour obtenir son attention peut-être aussi. Mais aucunement pour obtenir son accord, parce que la question suit dans la continuité de sa première demande. « Tu as parlé de problèmes ? C'est réglé pour toi ? Tu n'es pas en danger ? » Elle est loin de savoir ce qu'il fait de ses journées, elle est loin d'y connaître quoique ce soit sur le monde de la rue, et sur son monde à lui mais elle s’intéresse à lui. Inquiète, intriguée aussi peut-être parce qu'il avait l'air peut-être trop sérieux. Parce qu'il a l'air de s'être enfuit et quand on fuit, on a souvent une bonne raison non ? Et elle prends conscience peut-être un peu qu'il vit une vie dangereuse, une vie dont elle ne connaît finalement pas grand chose.
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| | | | (#)Dim 6 Juin 2021 - 1:26 | |
| mother, tell your children not to walk my way Kyte Savard & @Alex Clarke Ses questions fusent mais elle ne répond pas. Pas tout de suite en tout cas. Elle est dans un autre monde, la belle Alex. Un monde fait de nuages tout doux sur lesquels elle gambade en compagnie de ses filles. Un monde auquel il n’a pas accès mais qu’il peut entrapercevoir de loin. Et c’est beau. Cet amour qui luit dans ses yeux alors qu’elle enveloppe la môme de son regard. Cette petite face tantôt froissée et sitôt apaisée qui repose désormais dans les bras de sa mère. Elle a bien travaillé, ouai. Il conclut, une grimace amusée aux lèvres, un sourire attendri dans les yeux. Et puis d’un coup, ce sourire lui est rendu, s’étire sur la petite bouille rose et immaculée. « Ben ça alors c’est un vrai p’tit ange ! » Qu’il s’exclame, tout ému, au point qu’il doit se retenir d’aller lui gratouiller sa joue rebondie du bout de son indexe. Il s’arrête à quelques centimètres, laisse sa main calleuse retomber le long de son jean poussiéreux. C’est la voix de sa Lenore qui retentit dans sa tête, lui hurle en norvégien d’aller se débarbouiller un peu avant d’ébouriffer les mèches fines de leur fille. Il les fourre dans ses poches pour se passer l’envie, regarde d’un air distrait la jeune maman bigrement préparée alors qu’elle balance une couverture sur le sol. Le geste est beaucoup plus tendre quand elle étend sa petite poupée de porcelaine sur la texture douce, bien protégée par l’ombre de l’arbre qui se déploie au-dessus de leurs têtes. Il hésite un instant, planté à côté de ce joli tableau dans lequel il n’a pas vraiment sa place. Et pourtant Alex l’y invite, son beau visage détendu, libéré des soucis qui semblaient peser sur son cœur et s’entasser dans le pli entre ses sourcils. Un sourire empreint d’une timidité qui ne lui ressemble guère, il hoche la tête et se laisse tomber sur l’herbe à ses côtés. Le cul dans les brindilles pour ne pas trop perturber la scène. Y’a la gosse entre eux, emmaillotée dans un joli bout de tissu, ses petites jambes repliées contre son ventre comme une motarde prête à dégainer un coup de kick pour enclencher le moteur de sa meule. Elle a même enroulé sa main autour du doigt de sa mère comme pour en faire un guidon. Il en rigole ouai, lui fait des petits signes gâteux pour l’encourager, reprend son sérieux en découvrant les petits gâteaux qu’elle étale entre eux. Son ventre réagit aussitôt, gargouille son enthousiasme sans la moindre discrétion. « Ben dis, c’est qu’tu sais parler à mon estomac, toi ! » Il plaisante de bon cœur en envoyant un biscuit droit dans son gosier. Ses yeux se ferment un instant pour apprécier le goût naturel qui se diffuse sur sa langue, savourer son chemin le long de son œsophage. « Excuse, on devrait avoir quelques minutes de calme maintenant. » Sa voix est douce, posée, celle d’une femme qui a trouvé sa place et dont les pieds l’ancrent désormais solidement dans le sol. « J’ai tout mon temps. » Il glisse avec un clin d’œil complice, le regard pétillant d’amusement. Ce n’est pas comme s’il avait un rendez-vous ou un train à prendre. C’est la plus grande liberté de sa vie nomade, le bonheur de pouvoir errer où bon lui semble, sans le moindre compte à rendre, à personne.
Mais le temps lui manque, à elle, comme à tous les gens qui courent… et plus encore les jeunes mamans. « Oh si tu savais, j'ai l'impression de plus avoir dormi une nuit complète depuis des mois et avec la reprise du boulot c'est pas simple, avec le papa on désespère un peu, mais elles nous donnent tellement d'amour. » Ça le fait sourire, et rire un peu aussi, lui rappelle des scènes d’antan. « J’sais bien comme c’est, ouai. » Il réplique, le regard malicieux tout plein des joyeux fantômes de son passé. Il se souvient les nuits courtes et les journées longues, l’impression de manquer de temps et d’en avoir trop à la fois. La reprise du boulot et ses nerfs qu’il passait joyeusement sur ses élèves, et comme il rêvait de les abandonner dans la montagne en haut des pistes pour mieux retourner auprès de sa jolie môme aux grands yeux pâles. Il se souvient aussi comme c’était dur pour Lenore et les jours sombres où elle refusait de se lever. Mais surtout les copains qui venaient filer un coup de main, et cette grande famille réunie par la passion de la moto qui se relayait pour répartir la charge sur un peu tout le monde. C’était la belle époque, ouai. Si bien qu’un instant il ressent une pointe de tristesse pour Alex qui semble sacrément moins entourée, avec seulement son lascar pour l’aider et le boulot qui a recommencé. Mais elle semble heureuse en dépit de la fatigue, pleine d’un amour qui la fait rayonner de l’intérieur. Alors il se contente de hocher la tête, bercé par la douceur de son récit. « Elles sont nées le 3 Octobre, elles étaient tellement petites, c'était un peu tôt pour ça, mais visiblement elles étaient pressées. Lena nous a fait une petite frayeur, mais regardes les, elles sont si belles et en parfaite santé. » La voix vibrante de passion, elle lui plante un petit appareil sous le nez, ce genre de téléphone dernier cri qui affiche des images en haute définition sur les cristaux rétroéclairés. Il est heureux de cette aberration technologique, pour une fois, tout content de pouvoir découvrir le portrait de ces jolis minois, de partager avec Alex les quelques bribes de sa grande aventure qu’elle veut bien lui laisser entrevoir. « Mais regarde-moi donc ces p’tits haricots ! » Qu’il s’exclame en découvrant les minuscules bébés emmaillotés, blottis dans les bras de la jeune maman aux traits à la fois détendu et tirés. « Aw qu’elles sont mignonnes ! Et toi, comme t’es belle ! Ah, j’espère qu’il sait à combien c’est un veinard, ton lascar ! » Il la taquine et la complimente, tout plein de sincérité et d’un étrange sentiment qui s’apparente à une pointe de fierté mal placée. Une fierté qu’il trouverait presque paternelle, s’il prenait le temps de l’analyser. Mais il ne s’y arrête pas, commente plutôt d’un ton léger. « Octobre, c’est un bon mois. » Il inspire le parfum joyeux de cette agréable journée, observe le profil de la belle anglaise alors que ses doigts font défiler les photos qu’elle veut bien lui montrer. « Désolée tu n'as pas demandé tant de détail, mais quand je parle d'elles, je me laisse emporter. » Elle dit après un moment, l’air pas tellement aussi désolée qu’elle le prétend. Un petit rire amusé s’échappe de ses lèvres craquelées et il secoue la tête. « Allons, allons y’a pas d’mal à ça ! Ma foi j’aurais trouvé bin plus étrange que tu l’fasses pas. » Il dit pour la rassurer, mais aussi parce que c’est totalement vrai. « Pis moi j’aime bien entendre le son d’ta voix. Encore plus quand il est tout plein d’joie comme ça. » Car il aime les gens, leur présence, goûter un peu à leur vie par procuration. Il aime Alex surtout, sa sensibilité, son grand cœur. Ses doutes, même. Et il est heureux de la voir nager dans le bonheur.
« Pour mon nouveau chez moi, je te laisserais venir te faire ton propre avis, si tu t'aventures jusqu'à Spring Hill. » Elle lui lance un peu de nulle part. Il retient le quartier, l’invitation surtout, à peine dissimulée et confirmée l’instant suivant : « J'ai un chien, il ne ferait pas de mal à une mouche mais évites de passer par la fenêtre c'est plus sûr. » Récurrente, la plaisanterie fait naître un rire dans sa gorge et vient pétiller dans ses yeux. « J’ferai un effort va. C'est que j’voudrais pas stresser ton p’tit garde du corps. » Depuis qu’il est gosse, il a l’habitude d’entrer sans prévenir chez les gens qu’il connait. Une tradition dans son petit village où tout le monde se connaissait, renforcée par le manque d’intimité à l’armée et l’esprit famille de son club de motard en Norvège. Au fil de toutes ces années, Alex est la seule à avoir insisté pour qu’il frappe à la porte et attende d’être invité. Il veut bien se prêter au jeu, pour elle. Et aussi parce qu’il adore sincèrement les chiens et ne voudrait pas donner l’impression à la petite boule de poils qu’elle n’est pas capable de protéger sa maison. Cependant, ce sont d’autres préoccupations qui semblent motiver sa recommandation : « Et puis dans le rayon nouveauté aussi, je ne vis plus seule, je suis fiancée et j'aimerai éviter qu'il te rencontre dans mon peignoir après une de tes visites impromptues. » Cette fois, il éclate franchement de rire, fait claquer une main enthousiaste contre sa cuisse. « Ça ferait désordre pour une première rencontre, pas vrai ? » Il badine, bien conscient que c’est précisément dans ces conditions qu’Alex et lui ont appris à se connaître. « Nan faut d’abord qu’il s’habitue à moi, et p't-être qu'après deux ou trois fois, ça l’choquera moins qui sait… » Des paroles en l’air, pour la plaisanterie, car Kyte ne s’attend pas à ce qu’elle veuille lui présenter son fiancé. Comprendrait même qu’elle préfère garder cet étrange lien secret. Pas qu'il y ait quelque chose à cacher, non. Simplement parce que ce n’est pas la relation la plus simple à expliquer, et que n’importe quel type normalement constitué ne pourrait pas s’empêcher de s’inquiéter. Surtout qu’maintenant, il n’a plus un mais trois petits bouts de femmes à protéger, il songe en la voyant remonter délicatement la couverture sur la môme paisiblement endormie. Sacré responsabilité mon gaillard ! « Je peux te poser une question ? » L'interrogation le prend de court. Chafouin, il lutte contre l’envie de lui faire remarquer qu’elle vient de le faire et se contente de hocher la tête. « Pour sur mon p’tit, mais j’te promets pas d’y répondre ! » Il lance, toujours sur le ton de la rigolade. Elle non. « Tu as parlé de problèmes ? C'est réglé pour toi ? Tu n'es pas en danger ? » Et marde. Une fois de plus, il en a trop dit, son envie d’être sincère mettant la puce à l’oreille de la jeune femme. Il aurait dû le savoir après tout. Elle est trop sensible, trop inquiète à son sujet pour ne pas essayer de creuser la moindre de ses paroles pour y obtenir les informations qu’il s’efforce de contenir. C’est dans cette façon qu’elle a de lui reparler de téléphone tout le temps, son besoin de savoir où il se trouve, et d’avoir un moyen de le contacter pour s’assurer qu’il n’est pas en train d’agoniser au fond d’un fossé. « C’est fini mon p’tit. » Il lui assure alors avec tout l’aplomb qu’il a à sa disposition, le mensonge rodé par des années à baratiner flics et gangsters sans distinction. « Juste une broutille. » Un meurtre non élucidé pour lequel il a failli être épinglé, une de ces satanées affaires où la justice ne peut rien contre le véritable coupable. Un glaive à brandir tout de même, pour venger la mémoire d’une gamine perdue qui n’avait rien demandé. Une fuite obligée pour brouiller les pistes, éviter les retombée, laisser les forces de l'ordre et les gangs enragés taper à l’aveugle jusqu’à ce que l’affaire finisse par se tasser. Mais le sera-t-elle vraiment jamais ? Il fait craquer ses cervicales, prend une profonde inspiration, hésite une seconde de plus, une seconde de trop. J’suis pas en danger, mais tu pourrais l’être si t’essayais de trop creuser. Les mots remontent dans sa gorge mais il les retient avant qu’ils ne franchissent ses lèvres. Car il la connait, sait bien que cette mise en garde ne ferait que l’inquiéter davantage, la pousser à fouiner là où elle ne doit surtout pas aller. Surtout pas maintenant qu’elle est mère de deux enfants, sur le point de se marier. A ce propos… « Alors comme ça t’es fiancée, hein ? » Il lance, rattrapant au vol la perche en espérant qu’elle la saisisse et lui raconte un peu son bonheur plutôt que d’aller gratouiller dans les recoins les moins reluisants de son existence marginale. « Félicitations mon p’tit, j’suis content pour toi. C’est pour quand l’mariage ? Z’allez faire une grande fête ou filer en douce dans la nuit comme des amoureux maudits ? » Il n'ose pas lui demander si elle compte lui présenter l'heureux élu avant l'événement, sait qu'il n'a aucunement le droit de l'exiger. Et pourtant, il aimerait bien le jauger, s'assurer qu'il la traite bien, que c'est un type qui a la tête sur les épaules et les pieds sur terre. Pas un de ces branleurs comme on en fait trop par ces temps. Des hommes qui n'en sont pas vraiment. « Sont bons tes gâteaux, t'es un vrai p'tit cordon bleu. J'connais un gaillard qui va être heureux ! » Il lance pour se changer les idées, la bouche encore à moitié pleine des petits biscuits délicieux.
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| | | | (#)Dim 4 Juil 2021 - 21:48 | |
| mother, tell your children not to walk my way @Kyte Savard & @Alex Clarke Le bruit de l’estomac de Kyte lui renvoi de plein fouet la condition dans lequel vit son interlocuteur. Elle se demande s’il a mangé ou plutôt depuis quand il n’a pas eu le droit à un repas digne de ce nom ? Et elle est là avec ses gâteaux, sans doute mériterait plus, mais elle a depuis le temps comprit qu'il aimait sa liberté, qu'il avait sa fierté aussi alors elle ne peut décemment pas lui demander ça. Demander à cet homme d'expérience s'il mange à sa faim. Quoiqu’elle pourrait si elle décidait d’y mettre les formes non ? « Tu manges assez ces derniers temps ? » On a dit de mettre les formes Alex pas de jouer à la maman inquiète pour son fils qui vient de s’émanciper. Il est grand Kyte. Il défends son mode de vie et il serait tant qu’elle l’accepte même si cela signifie qu’il doit vivre dans la rue une vie qu’elle ne peut même pas envisager elle la fille de bonne famille, enfin fille de riche conviendrait mieux. Mais c'est pas sur ce sujet qu'elle s'étale, elle préfère étaler son bonheur aux yeux de Kyte, un bonheur qui est matérialisé par les deux petits bébés qu'elle présente avec fierté à cet homme qui l'a vu douter et qui a été là pour recueillir les peurs de la futur maman. Aujourd'hui, c'est la joie et l'amour d'une mère pour ses enfants qu'il peut observer, la douceur d'une femme qui prends son rôle très à cœur parce que ses filles représentent tout pour elle désormais, elles sont tout ce qu'elle a dans la vie, sa plus grande réussite, sa plus grande fierté, la seule aussi peut-être. Elles et leur père, cette famille qu'elle construit malgré les épreuves, malgré le passé, malgré ses erreurs, malgré son caractère pas toujours simple à gérer, elle vit une vie de bonheur qu'elle n'aurait jamais pensé pouvoir vivre, qu'elle ne mérite sans doute pas même mais elle n'a pas envie de s'excuser désormais, elle a envie d'être heureuse pour ses filles, pour Caleb, pour leur vie à quatre qu'elle découvre et qu'elle chérie avec tout l'amour qu'elle peut ressentir en elle. Et elle partage tout ça avec Kyte, avec cet homme qui fait irruption dans sa vie par moment et avec qui elle tisse un lien indescriptible pour le reste du monde mais qui fait sens en elle. « J’sais bien comme c’est, ouai. » Elle grimace doucement, un sourire mi-gêné et mi-désolé quand il évoque le fait qu'il connaisse la vie de jeunes parents. Et c’est qu’elle s’en voudrait presque d’étaler son bonheur alors qu’elle connaît une partie de l’histoire de Kyte. Qu’elle sait sa relation difficile avec sa fille biologique, qu’elle sait par quoi il est passé en tant que père, en tant qu'homme, ou du moins elle sait ce qu’il a bien voulu lui dire et ça lui suffit pour s’en vouloir d’étaler son bonheur parce qu'il a vécu tout ça et la vie lui a reprit. Pendant une demi-minute elle s'imagine sa vie si elle venait elle aussi à perdre l'amour de sa vie, si elle venait à être privé de ses filles et cette pensée est si douloureuse qu'elle détourne son regard, plante ses yeux sur le corps apaisé et endormi de sa fille, ses doigts qui caressent sa petite main, elle tente d'oublier la vie de Kyte, elle soupire doucement et tente de balayer cette pensée en se concentrant sur des choses joyeuses, concrètes et qu'elle peut maîtriser. Son téléphone sorti, elle partage son bonheur avec Kyte et elle ne peut s’en empêcher parce qu’elle est réellement fière et surtout heureuse de sa nouvelle vie de maman. Fière de voir ses filles, de sentir qu’elle est en mesure de les apaiser, de les faire sourire, de les aimer. Et s’il y a bien une chose dont elle ne doute plus désormais c’est bien de cet amour inconditionnel qu’elle ressent pour ses deux petits anges. Et elle bombarde Kyte de photos sans même savoir s’il en a envie. Mais c’est de loin sa plus grande réussite à Alex et elle voudrait pouvoir montrer à la terre entière qu’elle a réussit quelque chose de formidable au moins une fois dans sa vie. « Mais regarde-moi donc ces p’tits haricots ! » Et si les surnoms pour les jumelles ne manquent pas. Le 'mes princesses' utilisés par le papa étant l’un de ses préférés celui employé par Kyte est inédite et fait sourire la jeune maman. Même rire doucement alors qu'elle continue à faire défiler les photos parce que quelque soit le surnom donné à Lucy et Lena, la fierté ne change pas. Elles les aiment ses petits haricots qui ont bien poussé depuis les premières photos. « Aw qu’elles sont mignonnes ! Et toi, comme t’es belle ! Ah, j’espère qu’il sait à combien c’est un veinard, ton lascar ! » Elle constate avec toujours autant de surprise à quel point les compliments de Kyte ont un effet positif sur elle. Elle relève la tête de son téléphone, le regard sincèrement touché par les mots de Kyte, et un sourire qui prouve à quel point elle n'est pas indifférente aux mots de cet homme. Ils résonnent en elle d’une façon tout autre que ceux qu’elle peut entendre habituellement. C’est une partie d’elle qui se rempli d’une fierté, une partie d’elle vide qui se comble à chaque geste, regard, sourire ou compliment de Kyte. « C’est nous qui avons de la chance de l’avoir mon lascar. Il est si parfait que ce soit avec les filles ou avec moi. » L’amour qu’elle porte à son lascar ne fait aucun doute alors qu’elle sourit en parlant de celui qui partage sa vie et avec lequel elle est fiancée. Et presque au même moment c'est d'ailleurs son lascar qui apparaît sur l'une des photos en compagnie d'une de ses filles, elle s'attarde dessus quelques secondes, sur le regard si tendre que porte Caleb à Lucy, sur l'amour qui peut se ressentir sur une photo, oh oui, il est parfait son lascar et ça aussi elle voudrait pouvoir le crier au monde, que le monde sache à quel point Caleb Anderson est un homme magnifique, et surtout à quel point elle l'aime mais peut-être qu'elle ne devrait pas. Ou du moins une partie d'elle se retient, se méfie du monde extérieur et peut-être aussi qu'à force d'étaler son bonheur, on va venir lui reprendre ? C'est bête mais c'est aussi là que l'on sent qu'elle doute encore l'Anglaise. « Octobre, c’est un bon mois. » Oh oui, elle ne peut qu'être d'accord Alex alors qu'elle secoue la tête joyeusement en pensant à ce mois d'Octobre qui a vu naître ses deux princesses et à ce mois d'Octobre qui arrive et qui va la voir s'unir à l'homme de sa vie. C'est sur, le mois d'Octobre est le mois préféré d'Alex et il le restera pour longtemps puisqu'il aura toujours un sens particulier. On oublie pas la naissance de son enfant, elle l'a apprit y'a des années déjà, mais elle découvre que ce moment peut être source d'une grande joie et d'une grande fierté et c'est à Lucy et Lena qu'elles pensent désormais, qu'à elles et uniquement elles et sans retenue elle partage son bonheur à qui veut bien l'entendre, à qui est prêt à sacrifier quelques minutes de son temps pour l'entendre parler de ses jumelles qu'elle aime plus que tout. Elle s'en excuse tout de même, plus parce qu'elle sent qu'elle abuse du temps de parole que parce qu'elle est vraiment désolée, elle ne s'excuse plus d'être heureuse, du moins elle essaye. « Allons, allons y’a pas d’mal à ça ! Ma foi j’aurais trouvé bin plus étrange que tu l’fasses pas. Pis moi j’aime bien entendre le son d’ta voix. Encore plus quand il est tout plein d’joie comme ça. » Et moi j'aime partager mon bonheur avec toi. Sans vraiment savoir pourquoi elle reste silencieuse, elle pourrait lui dire ses mots qu'elle pense. Lui dire à quel point elle aime parler avec lui, à quel point elle aime le voir s’intéresser à sa vie, à ses filles, mais elle ne dit rien, se contentant de lui sourire comme pour confirmer les mots de Kyte. Elle est heureuse, et pleine de joie dans la voix mais en elle aussi.
Une joie qu'elle veut continuer à partager avec lui, de manière plus officielle peut-être d’où l'invitation chez elle, comme un moyen de le faire entrer dans sa vie, celle qu'elle construit avec Caleb dans leur belle maison. « J’ferai un effort va. C'est que j’voudrais pas stresser ton p’tit garde du corps. » Il semble accepter, à la fois de passer par la porte et de venir lui rendre visite donc ? De faire partie de sa vie de famille aussi ? Pour le rôle et tout le reste, elle verra plus tard pour les questionnements, pour le moment elle ne fait que sourire à sa remarque et à cette idée qu'il semble accepter de traîner son corps jusqu'à Spring Hill pour elle, qu'il semble aussi accepter l'idée de se plier aux règles sociales qui souhaitent que l'on entre par la porte et que l'on évite de piquer les peignoirs de nos hôtes sans y avoir été au préalable invité. « Ça ferait désordre pour une première rencontre, pas vrai ? » Elle secoue la tête amusée d'abord, parce qu'elle imagine non sans mal la tête de Caleb face à un homme inconnu en peignoir, qui plus est l'un des peignoirs d'Alex. « Un peu oui et je ne pourrais sans doute plus porter ce peignoir devant lui ensuite sans qu'il t'imagine dedans, et je doute que ça soit bon pour notre couple. » Elle s'amuse de la remarque de Kyte, parce que c'est sincèrement amusant enfin ça l'est jusqu'au moment ou elle imagine la gêne, le malaise, la peur aussi sans doute que pourrait ressentir Caleb face à un homme dans sa maison nu qui pique les affaires de sa fiancée. Et elle réalise qu'il ne sait rien de Kyte, qu'il ne sait rien de cette relation qu'elle entretient avec un SDF, et même si Caleb est d'une tolérance énorme, il y a les filles désormais dans l'équation et elle se dit qu'un jour elle devra lui parler et mettre des mots qui le lien qu'elle entretient avec Kyte et ça elle ne sait pas encore vraiment comment le faire. « Nan faut d’abord qu’il s’habitue à moi, et p't-être qu'après deux ou trois fois, ça l’choquera moins qui sait… » Deux ou trois fois ? Et l'idée qu'il évoque de rencontrer Caleb deux ou trois fois, c'est à la fois perturbant et plaisant, à la fois déroutant et rassurant. A la fois positif et négatif, sauf que ça ne peut pas être l'un et l'autre à la fois non ? C'est deux monde qui s'entrechoque. Sa vie avec Caleb, son lien avec Kyte, c'est réellement deux face opposée d'une même pièce et elle est en train d'entrevoir une possibilité pour que les deux faces se retrouvent le temps d'une rencontre ou plusieurs. Est-ce qu'elle en a envie ? Oui sans aucun doute. Est-ce qu'elle appréhende ? Sans aucun doute aussi. « Tant que tu restes sur le peignoir et que tu promets de ne jamais prendre mes nuisettes ou pire mes sous-vêtements, ça devrait pas trop le choquer. » La réponse n'a rien de sérieuse, mais pourtant au delà des vêtements, il y a dans sa tête la conviction de plus en plus forte que Caleb va devoir entendre parler de Kyte, bientôt. Reste à savoir comment elle va le présenter et ce qu'elle pourra lui dire ou non sur l'homme dont finalement elle ne sait que très peu de chose de son présent et de sa vie dans la rue. Il a fuit récemment, c'est presque tout ce qu'elle sait et c'est peut-être aussi pour ça qu'elle le questionne finalement. Parce qu'elle est inquiète pour lui, elle l'est sincèrement, mais aussi parce qu'elle a besoin de réponse avant de vraiment envisager de rendre tout ce qu'ils ont ensemble plus officiel. « Pour sur mon p’tit, mais j’te promets pas d’y répondre ! » Il n'aura pas vraiment le choix, c'est du moins ce qu'elle pense parce qu'elle compte bien avoir quelques réponses. « C’est fini mon p’tit. » Mon p'tit, toujours ce surnom qu'il est bien le seul à utiliser et qui fait sourire Alex, du moins intérieurement parce que le sujet est trop sérieux pour qu'elle sourit à ce moment précis. « Juste une broutille. » Elle a envie d'y croire de toutes ses forces elle a envie de se dire qu'il n'est pas en train de lui mentir parce qu'elle a besoin de savoir qu'il n'est pas en danger et qu'il ne représente pas un danger non plus. Et il est convaincant Kyte, mais il a fuit, lui qui tient à sa liberté plus que tout, il a été contraint de fuir c'est du moins ce qu'elle a retenu de ses mots et de ses confidences précédemment faites alors qu'elle s'inquiète et qu'elle ne soit pas convaincue par ses quelques mots semblent logique non ? Surtout pour elle qui panique et pense au pire à peu près tout le temps. Et le pire c'est qu'il soit en train de mentir là, de lui cacher la réalité de sa vie, elle cherche à voir sur le visage du Canadien des signes mais il ne se trahit pas, il reste impassible et avant qu'elle n'ait plus réagir il change de sujet Kyte, et de façon tout sauf discrète, il évoque les fiançailles du couple. Elle secoue la tête de haut en bas pour confirmer qu'elle est bien fiancée oui. Depuis le 3 Octobre, enfin le 4 plutôt puisqu'il était minuit passé, parce que les filles étaient endormies sur elles, un premier moment de calme depuis la naissance, un moment à quatre et ce moment ou Caleb a fait sa demande. Il questionne Alex sur le mariage, espérant sans doute qu'elle oublie qu'il a à peine répondu à ses interrogations. Elle lui réponds tout de même avec un enthousiasme mesuré, non pas que le mariage ne soit pas un sujet qu'elle aime aborder, bien au contraire mais elle a l'esprit sur autre chose. « On a décidé de faire ça en Octobre, ça fera deux ans qu'on s'est remit officiellement ensemble et pour le reste on est encore en pleine discussion mais on va faire ça avec sa famille et nos proches. » Un grand mariage sûrement donc parce qu'elle ne compte pas se marier une seconde fois alors autant faire les choses en grand et marquer le coup parce que Caleb mérite quelque chose de grand, de beau, de romantique, de parfait et elle veut lui offrir tout ça même si pour le moment tout est encore en phase de recherche et de préparation. Pendant une seconde, elle pense à son mariage et se dit qu'elle aimerait inviter Kyte. Elle aimerait qu'il soit là, sans réellement savoir pourquoi elle voudrait lui proposer de venir, et c'est assez fou quand elle y pense mais elle se retient de l'inviter, du moins pas avant d'en avoir parler avec Caleb, pas avant qu'il n'ait entendu parler de Kyte au moins une fois parce que ce jour est trop important pour eux deux. Et pas avant non plus de réellement savoir si Kyte ne va pas fuir à nouveau à cause d'un problème qu'il annonce réglé mais dont il a passé bien trop vite pour ne pas renforcer l'inquiétude d'Alex. Il continue d’alimenter la discussion sur tout et rien, tout sauf sa situation visiblement. « Sont bons tes gâteaux, t'es un vrai p'tit cordon bleu. J'connais un gaillard qui va être heureux ! » Cette remarque a au moins le mérite de la faire rire sincèrement. « C'est moi qui suis heureuse parce que c'est lui le cordon bleu, moi je suis une vraie calamité en cuisine. » Et c'est pas peu dire mais à côté d'un chef étoilé il y a beaucoup de monde qui pourrait être vu comme des calamités pas uniquement Alex non ? Même si elle c'est quand même un sacré carnage en cuisine, mais c'est un détail qui la fait sourire mais qui ne permet pas pour autant de la détourner de ses questionnements auxquels il n'a que très peu répondu. « Mais tu es sur que tu ne crains plus rien ? Que tu as réglé tout ça ? Que tu n'es pas en danger ? » Elle est prête à lui proposer son aide s'il en a besoin, mais elle n'ose pas trop s'immiscer dans sa vie, elle l'a déjà fait avec le fameux téléphone qu'il a refusé, elle ne voudrait pas qu'il fuit devant l'insistance qu'elle met à vouloir l'aider à avoir une vie plus à l'image d'une vie ordinaire comme elle l'imagine. Ce n'est pas sa vie, c'est celle du Canadien, et elle n'a pas à essayer de la changer même si elle aimerait tellement lui apporter un semblant de confort ou de sécurité. Et c'est au même moment que la deuxième jumelle se met à pleurer dans la poussette obligeant Alex à détourner encore son attention de Kyte pour venir prendre sa fille et la poser contre elle pour la bercer quelques secondes, apaiser ses craintes et calmer ses pleurs. Elle regarde sa fille, elle la sent agripper son haut de ses toutes petites mains, et elle sait que ses craintes sont légitimes parce qu'elle n'a plus que sa vie à gérer et à protéger, elle a surtout ses deux bébés et si elle s'inquiète sincèrement pour Kyte, elle s'inquiète encore plus pour ses filles et elle a besoin de comprendre ce que vit Kyte avant d'en espérer plus parce qu'elle s'est déjà attaché à lui et elle espère juste ne pas être en train de commettre une grosse erreur parce qu'en tant que mère elle n'a pas le droit à l'erreur.
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| | | | (#)Dim 18 Juil 2021 - 5:49 | |
| mother, tell your children not to walk my way Kyte Savard & @Alex Clarke Elle a le bonheur dans la voix quand elle parle de son lascar, lui assure que c’est elle et ses p’tits haricots qui sont chanceuses de l’avoir. Alors il hoche la tête avec un sourire dans le regard, se dit quand même qu’il le rencontrerait bien. Juste pour s’assurer qu’elle ne place pas son cœur et sa confiance entre les mauvaises mains. Alors à défaut il se contente de toiser un peu la photo, cherche dans les yeux bruns un truc qui ne lui plairait pas. Il ne trouve pas. C’vrai qu’il a l’air bien, son gars. Qu’il se dit en faisant rouler sa moustache, à moitié rassuré, la curiosité à moitié épanchée. Puis la photo défile et avec elle ses pensées, qui reviennent aux fillettes et au sourire plein de bonheur qu’elles ont peint sur le visage de leur jolie maman. Ils regardent quelques photos encore, se risquent à songer à que ça donnerait, s’il venait leur rendre visite, empruntait la porte plutôt que la fenêtre pour une fois, portait des fringues normales au lieu d’un linge emprunté à la belle. « Un peu oui et je ne pourrais sans doute plus porter ce peignoir devant lui ensuite sans qu'il t'imagine dedans, et je doute que ça soit bon pour notre couple. » La remarque le surprend, creuse des rides d’amusement au coin de ses yeux pâles tandis que ses lèvres s’étirent pour laisser échapper un rire franc. « Ma foi j’m’en voudrais d’occuper comme ça les pensées t’ton gars ! » Il plaisante, fait mine de ne pas comprendre le sens réel de ses paroles pour mieux la taquiner. Ils en rient ensemble, et pourtant il peut voir les questions couver dans les grands yeux expressifs d’Alex. Elle est comme ça, la belle anglaise. La tête pleine de réflexions qui s’entrechoquent et l’inquiètent parfois, pleine de doutes qui la rongent et la retiennent de se laisser aller complètement. Il sait que c’est pas sa faute aussi. Que c’est son paternel qui ne l’a pas aimée comme il fallait. Qui l’a blessée jusqu’à la fragmenter. Et chaque fois qu’il y pense ça lui donne envie d’envoyer son poing dans la gueule du fautif pour fissurer ses vieux os comme il s’est amusé à fragiliser la môme qu’il était censé protéger. « Tant que tu restes sur le peignoir et que tu promets de ne jamais prendre mes nuisettes ou pire mes sous-vêtements, ça devrait pas trop le choquer. » Il n’en laisse rien paraître pourtant, se contente de rigoler doucement aux scénarios qu’elle invente, visiblement inspirée. « C’est bien dommage… sûr que j’serais très séduisant en dentelle ! » Il ne peut s’empêcher de l’asticoter un peu, trop heureux de la voir si épanouie, si légère alors qu’elle plaisante ainsi avec lui et le tient au courant des derniers développements dans sa vie, comme ses fiançailles… et son mariage prochain.
Et il saisit le sujet, Kyte. Creuse dans l’espoir de détourner son attention, éviter de prochaines questions auxquelles il n’a pas envie de répondre, retenir les réponses qu’elle n’aura pas envie d’entendre. Mais au-delà de cette petite stratégie, il est vraiment curieux, s’investit dans ce bonheur qu’elle lui confirme d’un hochement de tête qui laisse deviner une onde de fierté. Pour autant, lorsque sa voix s’élève, ses mots sont posés, mesurés. « On a décidé de faire ça en Octobre, ça fera deux ans qu'on s'est remis officiellement ensemble et pour le reste on est encore en pleine discussion mais on va faire ça avec sa famille et nos proches. » Un petit pli se forme entre ses sourcils tandis qu’il la dévisage, à la recherche d’une marque d’hésitation sur ses traits, quelque chose qui pourrait expliquer cet enthousiasme bridé, si différent de la joie pure et sans filtre qui luisait dans ses yeux quand elle lui montrait les photos de ses adorables bébés. Et… t’es heureuse ? Il brûle de lui demander. Mais il n’ose pas. Pas qu’il craigne de l’embrouiller, non. Peut-être parce qu’il sent qu’il y a autre chose dans sa réserve. Quelque chose qui n’a rien à voir avec son lascar ou ce projet. Plutôt les filaments étirés des réponses qu’il lui a refusées, cette ombre qui rôde autour de lui, ce fardeau qu’il refuse de partager, ces silences qui pèsent entre eux. « Un mariage d’automne hein ? Sûr que c’sera beau. » Il se contente alors de répondre, un genre de nostalgie dans les yeux alors qu’il la regarde avec un drôle d’émotion dans les tripes. Parce que ça lui fait plaisir de savoir qu’elle va vivre ce beau rêve qu’elle mérite tant. Parce qu’il adorerait la voir dans sa belle robe blanche, applaudir très fort et lancer quelques grains de riz en l’air au cas où ils voudraient ajouter une autre paire de jumelles pour la postérité. Parce qu’il aurait tout donné pour voir ses filles se marier et partager un peu leur bonheur le temps d’une journée. Mais ces deux grandes solitaires au cœur de pierre semblent trouver que les hommes ou les relations n’ont pas le moindre intérêt. C’bien ma veine, tiens. Qu’il se dit en mordant dans un des petits biscuits qu’elle a apportés, se concentre sur leur goût riche et sucré pour oublier ses frustrations déplacées. « C'est moi qui suis heureuse parce que c'est lui le cordon bleu, moi je suis une vraie calamité en cuisine. » La réponse le surprend, fait bondir son sourcil droit tandis qu’il termine de mâchouiller sa bouchée. « Alors comme ça c’est lui qui vient d’me remplir le bide avec c’te bouchée ? » Il grogne comme si l’idée l’embêtait. Puis ses lèvres esquissent une petite moue et il finit par hausser les épaules d’un air convaincu et semi admiratif. « Tu m'en diras tant… semblerait qu’vous êtes bien assortis dans c’cas mon p’tit ! » Il n’a rien contre les couples modernes après tout, se dit qu’il faut bien des gars en cuisine pour les filles qui refusent d’y mettre les pieds. Quand même, ça secoue un peu ses vieux principes mais voilà bien longtemps qu’il a abandonné l’idée de comprendre les nouvelles lubies des générations d’aujourd’hui.
Il n’a pas vraiment le temps de se retourner l’esprit avec la question de toutes les façons car voilà qu’Alex lui en pose une autre, relance timidement sur la table le sujet qu’il tente d’éviter depuis le jour de leur rencontre. « Mais tu es sur que tu ne crains plus rien ? Que tu as réglé tout ça ? Que tu n'es pas en danger ? » D’abord, il ne dit rien. Se contente de la regarder en pinçant les lèvres. Pour évaluer ses options. Pour l’évaluer elle, peut-être. Il sait qu’elle s’inquiète pour lui. Y’a un grand cœur qui bat dans sa poitrine, c’est même pour ça qu’elle n’a pas pu le renvoyer dehors sous la pluie, même après qu’il ait barboté dans sa baignoire et trouvé refuge dans son peignoir. Mais y’a pas que ça. C’est dans l’éclat protecteur qui embrase son regard alors qu’elle se penche vers sa petite pour la consoler. Dans ce calme imposant, cette force vulnérable que partagent toutes les mères. Et il comprend. T’as besoin d’savoir si j’suis un danger pour elles. Alors il prend une longue inspiration, se passe une main sur le visage, hoche pensivement la tête. « T’en fais pas mon p’tit, il va rien m’arriver. » Il commence d’un ton prudent, hésite encore à baratiner, ne lui laisser entrevoir que ce qu’il veut bien lui partager, se dissimuler derrière cette ode à la liberté qu’il lui chante dans l’espoir d’oublier ses déboires. « Mais avec la vie qu’je mène, y’a rien qu’est jamais totalement réglé. » Le goût de cet aveu est amer sur sa langue, creuse un pli résigné au coin de ses lèvres. Il laisse échapper soupir las, baisse les yeux pour ne pas sentir la brûlure de son regard. « J’m’appelle pas Kyle. Pas vraiment. » Ses doigts trouvent une brindille, jouent un instant avec, s’en désintéressent pour attraper un petit caillou qu’il fait rouler dans sa paume. « Mon vrai nom, c’est Kyte. » C’t’un bon début, qu’il se félicite en relevant les yeux. Sur son visage, il lit de la confusion, et un brin de méfiance qu’il ne peut vraiment blâmer. « Et j’te l’ai pas dit… parce que j’voulais pas qu’on puisse me r’trouver. » Les mots tombent entre eux. Coupants. Impossibles à retirer. La paix factice brutalement arrachée, remplacée par cette vérité qui n’a plus qu’à s’écouler pour remplir les zones d’ombres qui persistent encore : « C’est qu’j’ai des p’tites embrouilles avec la justice, tu vois ? » Ses lèvres esquissent un sourire contrit, tentent de prévenir le cataclysme qu’il sent arriver avec une dose du charme qui faisait jaser les donzelles dans ses jeunes années. Car voilà une éternité qu’il n’a pas confié ses ennuis à personne. Des années qu’il se contente d’être le clochard anonyme, celui avec qui on rigole ou on pleure le temps d’une soirée. Celui dont on garde une mémoire floue dans son cœur avant de tourner le dos à jamais. Il aurait dû savoir que ce serait différent avec Alex. Qu’elle ne se contenterait pas d’une complicité éphémère et chercherait à le retenir pour ce rôle qu’il représentait. Qu’il s’en accommoderait un peu trop, au point que conserver sa couverture lui était de moins en moins douillet. « J’voulais pas qu’tu l’saches… parce que j’voulais pas qu’tu t’inquiètes. J’voulais pas qu’t’aies à mentir si on t’collait une photo d’ma pomme sous l’nez. » C’est l’histoire qu’il s’est racontée au cours des derniers mois. Mentir était la seule façon de la protéger… et de se protéger lui aussi. De s’assurer qu’elle n’aurait rien à raconter si jamais les condés venaient l’emmerder. « Mais t’as l’droit d’savoir. » L’idée devait trotter dans sa tête depuis un moment mais c’est seulement maintenant qu’il la comprend. En la voyant assise sur ce plaid, avec ces p’tits bouts fragiles entre les mains. Ces p’tits bout qu’elle se doit de protéger. « Et j’comprendrais… si tu préfères ne plus m’croiser. » Il ajoute enfin, son regard glissant vers les petites comme pour compléter sa pensée. J’comprendrais aussi qu’t’aies des questions à m'poser. Même si j’serais plutôt partant pour clore le sujet. Mais il la connaît, voit déjà l’inquiétude et les interrogations défiler derrière ses grands yeux. Se dit qu’au fond, s’il lui reste encore un brin de curiosité, c’est peut être que la partie n’est pas totalement terminée. Que certaines erreurs peuvent encore être réparées.
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| | | | (#)Mer 15 Sep 2021 - 4:07 | |
| mother, tell your children not to walk my way @Kyte Savard & @Alex Clarke Les retrouvailles dans le parc se passent bien, même plus que bien alors qu'Alex peut exposer son bonheur au grand jour, le partager avec quelqu'un qui connaît son passif, qui l'a vu douter d'elle et de ses capacités à être mère. Et aujourd'hui, c'est d'autant plus satisfaisant pour elle de pouvoir bombarder de photos Kyte, de pouvoir lui exposer son bonheur, de pouvoir parler encore et encore de ses deux merveilles et de leur père qui rendent la vie d'Alex plus douce, plus agréable et plus légère. Elle sait aimer et pour le coup elle aime tellement que ça pourrait lui faire peur mais c'est impossible de trop aimer non ? Elle a beaucoup d'amour autour d'elle désormais, elle qui n'a jamais vraiment connu ça dans sa jeunesse. Elle n'a jamais apprit à être aimée avant de rencontrer Caleb mais depuis, elle n'a jamais autant ressenti d'amour pour quelqu'un et c'est finalement plutôt logique qu'elle concrétise tout ça par un mariage, après les enfants, ça semble être l'étape normale pour célébrer leur amour et mettre en avant toute la force de leur relation. Elle discute de ses filles avec Kyte, de son mariage à venir aussi, elle lui partage toutes les belles choses qu'elle vit et c'est même avec beaucoup de plaisir qu'elle se livre à lui tout en partageant des petits gâteaux avec Kyte. « Alors comme ça c’est lui qui vient d’me remplir le bide avec c’te bouchée ? » Elle secoue la tête toujours aussi amusée par la façon avec laquelle il s'exprime. Ils ne sont pas du même monde, il suffit de les regarder, de les entendre pour s'en rendre compte et pourtant ils se parlent avec une facilité déconcertante. « C'est une bouchée étoilée que tu viens de dévorer sans même prendre le temps de savourer, mais oui c'est lui, j'ai la chance d'avoir un chef étoilé à la maison alors j'en profite. » Et par extension aujourd'hui il en profite aussi même si ces gâteaux sont loin d'être la meilleure vitrine pour mettre en avant le talent de son chef de mari mais ça explique pourquoi ils sont bien meilleurs que tout ce qu'Alex pourra un jouer réussir à préparer. « Tu m'en diras tant… semblerait qu’vous êtes bien assortis dans c’cas mon p’tit ! » Ces mots réussissent à faire naître un sourire à la fois tendre et sincère sur le visage de l'Anglaise, parce qu'il ne peut pas avoir plus raison que ça. Ils sont différents Caleb et Alex, parfois un peu trop aux yeux des autres, leur couple est atypique, leur couple a été sujet aux questionnements des autres, mais ils se complètent parfaitement ou comme le dit si bien le Canadien, ils sont bien assortis, Alex a trouvé sa paire et sans lui elle se sent comme incomplète, instable. « On dit souvent que les opposés s'attirent, je crois qu'avec nous c'est d'autant plus vrai. Sans lui je me sens perdue désormais, mais j'ai pas l'intention de le laisser partir. » Elle croque dans un gâteau tout en souriant à ses propres mots. Elle ne compte pas le laisser partir et surtout elle ne compte plus le quitter, la bague au doigt, leurs enfants dans la poussette, elle s'est engagée avec lui et elle n'envisage désormais pas son avenir sans lui, il l'a rends heureuse et n'importe qui peut le voir ça, Kyte aussi parce qu'elle a beau douter encore par moment, se laisser submerger par ses émotions, elle n'a plus aucun doute sur ce que Caleb représente pour elle. Il est son homme, son roc, son futur mari, son tout et pour ça elle n'a plus aucun doute en elle.
Et si, l'Anglaise est heureuse, vraiment heureuse dans sa vie, ça ne l'empêche pas de s'inquiéter pour Kyte, de se questionner, de repenser aux mots du Canadien, aux raisons qu'il a vaguement donné pour expliquer son départ précipité de Brisbane. Et ça travaille l'esprit de la blonde, ça l'inquiète, et elle interpelle Kyte pour plus de détails, lui qui se montre souvent bien trop secret ou qui dévie la discussion, cette fois il doit faire face aux inquiétudes d'une jeune maman et c'est pas avec des pirouettes qu'il s'en sortira. « T’en fais pas mon p’tit, il va rien m’arriver. » Elle détourne quelques secondes son regard pour reporter son attention sur Kyte qui a attendu quelques minutes que la petite se calme pour répondre aux craintes de la jeune maman. Il se veut rassurant, il lui assure qu'il ne craint rien, et elle a envie de le croire, sincèrement envie de se dire que cette fuite n'était pas si grave, que ce n'était rien. Elle en a envie et aussi besoin sans doute. Se dire que le monde n'est pas si dangereux, parce qu'elle a deux filles maintenant, deux tout petits bébés qu'elle voudrait protéger de tout les dangers de ce monde mais c'est impossible, sauf que ça elle n'est pas encore en mesure de l'accepter. « Mais avec la vie qu’je mène, y’a rien qu’est jamais totalement réglé. » La vie est rude, plus pour Kyte que pour elle d'ailleurs. Elle qui vient d'une famille riche, qui n'a jamais manqué de rien, à l'exception d'un peu d'amour, pour elle la vie est simple mais elle se confronte à la réalité de la vie avec Kyte. Parce que pour lui la vie est dangereuse et Kyte le lui rappelle à sa manière. Une manière peut-être un peu trop brusque pour celle qui panique encore pour tout et rien, sauf que cette fois ça ne semble pas être rien. Les mots mais surtout l'attitude du Canadien, la pousse à douter, à s’inquiéter, à penser au pire encore et toujours. Parce qu'il n'a pas cette assurance qu'il peut avoir habituellement, il ne se cache pas derrière sa façon de parler un poil trop direct et trop brute, il n'a pas dans son regard ce qu'il montre habituellement, il y a quelque chose de nouveau et ça inquiète Alex autant que ça la bouleverse. Elle a milles questions qui lui brûle les lèvres encore. Milles interrogations qu'elle garde en elle observant l'homme face à elle qui n'a jamais semblé aussi humain qu'à cet instant. Elle berce sa fille qui s'est pourtant arrêtée de pleurer, mais elle doit se concentrer sur quelque chose qu'elle maîtrise à défaut de pouvoir maîtriser les émotions qu'elle ressent en assistant à cette scène. Elle ne sait pas jusqu’où il va se livrer à elle mais elle n'ose pas parler de peur de briser l'élan du Canadien. « J’m’appelle pas Kyle. Pas vraiment. » Un premier mensonge, et elle regrette presque de ne pas avoir parlé finalement. Un premier mensonge et là voilà qui se sent trahis. En colère, méfiante, et perdue aussi, elle n'ose pas le regarder, elle n'ose pas de peur qu'il puisse voir dans ses yeux la douleur qu'elle ressent à l'idée qu'il puisse s'être joué d'elle. « Mon vrai nom, c’est Kyte. » Elle voudrait se dire qu’elle n’est pas touchée, que ce n’est qu’un homme parmi d’autres qui vient de lui mentir mais elle n’y arrive pas. Elle se sent conne, tellement honteuse d’avoir donné sa confiance à un homme qui lui a menti jusque dans son prénom. Et s’il a menti sur ça, peut être a-t-il menti sur toute son histoire finalement ? Dégages, je ne veux plus te voir, Kyte, Kyle ou quelque soit ton prénom. Ce sont des mots qu'elle meure d'envie de prononcer et pourtant elle n'y arrive pas. Pas plus qu'elle n'arrive à bouger, à se lever. Elle voudrait quitter ce parc, oublier qu'elle s'est confiée à quelqu'un qui n'a fait que se moquer d'elle, qu'elle lui a présenté ses filles aujourd'hui même alors qu'il n'est finalement qu'un inconnu pour elle. Elle lui faisait confiance, pour une raison qu’elle ne pouvait pas expliquer, elle croyait en lui. Elle s’inquiétait pour lui et pendant tout ce temps, il s’est joué d’elle. Il s’est moqué d’elle, et elle se sent incapable de réaliser qu’elle s’est faite avoir. « Et j’te l’ai pas dit… parce que j’voulais pas qu’on puisse me r’trouver. » Tout prends sens. L'absence de téléphone, l'incapacité à pouvoir le joindre, cette faculté à disparaître et à réapparaître quand bon lui semble. Elle aurait du le voir, le sentir, le comprendre mais faut croire qu'elle n'est toujours pas capable de faire les bons choix, de prendre les bonnes décisions et elle s'en veut autant qu'elle lui en veut. « C’est qu’j’ai des p’tites embrouilles avec la justice, tu vois ? » C’est beaucoup d’un coup pour l’anglaise. Trop peut être ? Les problèmes avec la justice. Les problèmes jamais vraiment réglé qui l’ont poussé à fuir. Elle savait que le monde de la rue n’était sans doute pas tendre avec Kyte mais elle était loin de se douter de tout ce qui entourait le Canadien. Elle resserre contre elle le corps si frêle de sa fille. Elle n'a rarement été aussi muette mais elle a l’impression de faire face à un inconnu à qui elle vient de présenter ses filles. Ses deux petites merveilles qu’elle voudrait protéger de tout les dangers de ce monde et elle se demande désormais si Kyte fait partie des dangers potentiels. Et les mensonges ont tendance à faire pencher la balance plutôt défavorablement pour l’homme. Elle cherche du sens, elle cherche à comprendre, se rappelle les souvenirs d'une soirée à pleurer dans les bras d'un inconnu. Se rappelle les craintes qu'elle a partagé avec lui et lui seul. Elle se sent si bête, trahie par quelqu'un à qui elle n'aurait jamais du donner sa confiance. « J’voulais pas qu’tu l’saches… parce que j’voulais pas qu’tu t’inquiètes. J’voulais pas qu’t’aies à mentir si on t’collait une photo d’ma pomme sous l’nez. » Est-ce qu'elle est prête à le croire à nouveau ? Croire que ses intentions étaient bonnes ? Qu'il n'essayait que de la protéger ? Il faudra bien plus pour qu'elle pardonne, pour qu'elle comprenne ces mois de mensonges. « Je t’ai fais confiance. » C’est froid, c’est amer, la voix se casse presque alors qu'elle ose enfin reprendre la parole. Elle est déçue Alex, et son attitude, son regard, sa voix, tout traduis cette déception et cette colère qu'elle ressent en elle, alors qu’elle tente de gérer ses émotions et se retient de fuir devant l’homme qu’elle ne semble plus reconnaître. Pourtant c’est toujours lui, toujours le même mais en plus sincère mais là, à ce moment précis elle se sent bien trop abusée pour le voir. « Tout ce que tu m’as dit sur toi c’était aussi que des mensonges pour m’attendrir ? Tu as vu ce dont j’avais besoin et tu t’es servis de ça pour me faire baisser ma garde ? Pourquoi tu as fais tout ça ? » Elle est injuste mais elle se sent bafouée, la confiance qu’elle a placé en lui a été trahis et ses yeux témoignent de la souffrance qu’elle ressent après ces aveux. « Je suis tellement conne. » Elle se sent terriblement mal, honteuse d'avoir été aussi naïve, aussi crédule. D'avoir cru en lui aussi sans doute. Et pourtant Kyte n'a jamais rien demandé, jamais rien attendu d'elle, c'est elle seule qui a placé en lui une confiance et une tendresse qu'il n'a jamais cherché à avoir, elle seule qui a voulu combler un manque dans sa vie et placé toutes ses attentes en Kyte. C'est elle la fautive, c'est elle la conne dans l'histoire et elle se sent vraiment idiote. « Je t'ai tout dis de moi et depuis tout ce temps tu me mentais. Et dis pas que c'est pour me protéger, c'est trop facile comme excuse, si tu voulais vraiment me protéger tu ne m'aurais pas laissé entrer dans ta vie et m'attacher à toi. » Elle s'énerve l'Anglaise et ça énerve la petite qui allongée contre la poitrine de sa mère a du sentir le rythme cardiaque d'Alex s'emballer un peu. Elle se met à pleurer, elle s'agite dans les bras de l'Anglaise et ça ne fait qu'augmenter la tension du moment. Elle reporte son attention sur sa fille, la berce doucement, embrasse son front avec douceur alors qu'au fond d'elle, elle meure d'envie d'exploser de colère, mais elle ne le fait pas. Pas, avec sa fille dans ses bras. Elle ne regarde plus Kyte, elle reste les yeux fixés sur le petit corps de sa fille qui manifeste son mécontentement. « Mais t’as l’droit d’savoir. Et j’comprendrais… si tu préfères ne plus m’croiser. » Elle n'a pas encore décidé. S'enfuir ou laisser une chance à Kyte ? A cet instant précis, elle est en colère, elle est perdue, elle ne se sent même plus en sécurité auprès de lui, ce qui soyons honnête n'aurait jamais du être le cas, c'est du moins ce qu'elle se dit à cet instant précis. Elle a donné sa confiance à quelqu'un qui lui a menti, elle qui ne donne pas sa confiance facilement elle s'en veut, elle se blâme autant qu'elle le blâme lui de s'être servis d'elle et de sa détresse. « Je veux tout savoir. Qui tu es vraiment et ce qu’on te reproche exactement ? Et plus de mensonges. » Elle est directe dans ses mots, dans sa façon de parler et dans ses attentes. Elle veut tout savoir, et elle jugera ensuite s'il mérite qu'elle lui pardonne pour son mensonge.
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| | | | (#)Jeu 6 Jan 2022 - 2:39 | |
| mother, tell your children not to walk my way Kyte Savard & @Alexandra Anderson « Je t’ai fait confiance. » Les mots résonnent durement à ses oreilles, coupent sa chair comme de la glace en hiver. Mais plus que sa déception, c’est d’entendre sa douleur qui lui pèse. Car elle est encore toute balafrée des trahisons de son propre paternel et ça l’emmerde d’en rajouter. Et puis la lui rappelle comme il détruit tout ce qu’il touche et surtout les femmes. Les lèvres pincées en une mince ligne, il cherche ce regard qu’elle refuse de lui offrir, ce regard qui dit que cette confiance n’existe plus et reflète toute la méfiance d’un chevreuil qu’on vient de surprendre avec ses petits dans un sous-bois. Alors il fait exactement ce qu’il ferait dans la nature et reste immobile, muet. Conscient qu’à la moindre parole, au moindre geste, au craquement d’une brindille, elle lui échapperait à jamais. Et il la laisse parler, lui sortir toute cette douleur qui encrasse son cœur. Tous ces reproches qu’il mérite certainement mais qu’il n’a pas envie d’entendre pour autant. « Tout ce que tu m’as dit sur toi c’était aussi que des mensonges pour m’attendrir ? Tu as vu ce dont j’avais besoin et tu t’es servi de ça pour me faire baisser ma garde ? Pourquoi tu as fait tout ça ? » Elle pique et ses paroles sont comme du venin. Un venin qui l’empoisonnerait tout entière si elle le gardait à l’intérieur, surement comme elle a dû le faire pendant des années. Et ça ressort n’importe comment, ça suinte par tous les pores de sa peau mais surtout sa suinte de ses plaies. Kyte, il s’y connait en personnes blessées. Il sait comme les âmes balafrées se reconnaissent dans le fond des yeux sans même une parole. Seulement voilà, il y a dans les accusations d’Alex un truc qui lui donne envie de se retrancher derrière ses grognements et ses manières rudes. Un truc qui creusait toujours un fossé entre lui et sa Lenore, quand elle laissait son angoisse distiller tout un tas d’idées dans sa jolie tête et les lui recrachait toutes en désordre. Un truc qui le poussait à la rabrouer sèchement pour couper court à la discussion plutôt que d’essayer d’écouter le fond de vérité derrière ses accusations pas toujours erronées. Seulement elle le stoppe net avec ce soupir de désespoir qui lui fend le cœur. « Je suis tellement conne. » Il devrait lui dire que non, que tout ça ne dit rien sur elle et tout sur lui. Il devrait mais il n’y pense pas, n’y arrive pas non plus. Alors il se contente de grommeler une protestation indignée, de secouer la tête et de croiser les bras comme pour empêcher les émotions de sortir ou de rentrer. « Je t'ai tout dis de moi et depuis tout ce temps tu me mentais. Et dis pas que c'est pour me protéger, c'est trop facile comme excuse, si tu voulais vraiment me protéger tu ne m'aurais pas laissé entrer dans ta vie et m'attacher à toi. » Son discours est plus rapide, pus hachuré aussi. Nimbé de la colère qui la traverse de part en part. Sa môme le sent. Les mômes le sentent toujours. Elle pleure et s’agite dans les bras de sa mère, coupe le sifflet à Kyte qu’aurait pourtant pas été contre remettre un peu les pendules à l’heure. Alors il serre la mâchoire et les dents, se détourne pour les laisser se calmer un peu toutes les deux. Regarde les gens qui flânent au loin et le soleil éclaboussant le ciel sans se soucier du petit drame qu’il éclaire. Il lui présente quand même son visage, se passe une main lasse sur le front en inspirant la brise marine dans l’espoir d’y trouver de quoi dissiper le nuage de découragement qui s’est tissé autour d’eux. « Je veux tout savoir. Qui tu es vraiment et ce qu’on te reproche exactement ? Et plus de mensonges. » Etrangement, ça fonctionne, car la voix d’Alex est plus posée quand elle reprend la parole. Dure encore, directe. Mais pourtant, elle lui laisse entrevoir une petite ouverture. Un instant, il hésite pourtant à la saisir, contemple l’idée de se relever et se barrer. La planter là et tirer un trait sur ces complications qu’il n’a jamais su gérer. Mais il y a un truc dans son regard qui le retient et le cloue sur place. Un truc qui lui dit qu’il doit rester et lui répondre. « J’t’ai jamais rien d’mandé. » Il lâche quand même d’un ton un peu bourru, le mordant qu’il retenait tout à l’heure refusant de se museler totalement. « J’aurais dû rester loin d’ta vie et crois moi j’le sais. Mais tu m’plaisais. » Il hausse les épaules, arrache une brindille, cherche son regard avant de répéter. « Tu m’plaisais. » C’est dans son grand cœur qu’elle lui a ouvert à défaut de savoir se protéger. Dans les confessions pleines de vulnérabilité et d’humanité, dans ses questionnements si profonds, trop profonds pour que la majorité des gens osent s’y attarder. Il a vu dans son âme et compris que c’était une survivante comme lui. Une survivante d’une autre façon. Et alors que la vie s’acharnait à la briser, la petite a quand même trouvé dans son cœur l’envie de tendre la main à un vieux clochard un peu louche. Et ce genre de gestes, il est bien placé pour savoir que c’est trop rare pour ne pas les savourer pleinement quand ils se présentent. Il a été faible. Il a été humain. Au fond, n’est-ce pas la base de leur étrange amitié ? Alors en cet instant il sait. Il sait qu’il va rester sur ce sol dans ce parc sous son regard ou se mêle méfiance, peur et espoir. Et qu’il va se raconter jusqu’à ce qu’elle recolle les morceaux de son histoire et décide ce qu’elle voudra en faire. Absolution, silence ou condamnation. la balle est dans ton camp ma belle.
« J’t’ai jamais menti sur mon histoire, sur qui j’suis. Mais j’t’ai caché des détails ouai. Des trucs pas bien glorieux parce que j’voulais pas t’inquiéter et pis pas trop m’mouiller. J’pensais pas t’revoir. Et après, c’tait déjà trop tard. » Il n’essaie pas de se justifier, d’enrober ses mensonges de gloire. Seulement lui laisser entrevoir la routine qui l’a poussé à ne dévoiler que les bribes de vies qui ne lui causeraient pas d’ennui, tout en se disant que ça allait parce qu’il ne la reverrait jamais. Mais c’était avant qu’elle décide de s’attacher. Avant qu’il soit bien trop content de la laisser, et de l’encourager. Mais c’est trop tard pour les jolis filtres et les détours pleins de lâcheté. Alors quand il parle, c’est sans mâcher ses mots lui aussi. Avec une dose de cette rudesse que sa vie lui a conféré. « J’ai trempé un gars dans d’l’huile bouillante parce qu’il allait y cuire son clebs pour l’revendre en pièces. J’ai passé à tabac des raclures qu’arrachent la peau de p’tites bêtes pour en faire des manteaux d'fourrure. J’ai foutu l’feu à des abattoirs aussi, parce que ça m’révulse toutes ces merdes. » Il énumère, sans se cacher, sans honte et sans regret, si ce n’est celui de cette cruauté qui continue de progresser dans le cœur des hommes et ne donne pas signe de vouloir s’éteindre. Il secoue la tête, plisse le nez de dégoût, s’apaise en croisant le regard d’une des jumelles, un regard si doux et si pur qu’il donnerait presque envie de croire en l’avenir. « J’ai fait des tas d’trucs dans l’genre comme la justice et les gens y ferment les yeux et moi j’supporte pas. » Il résume plus sobrement, vaguement inquiet à l’idée d’en avoir trop dit et de l’avoir choquée en lui laissant entrevoir d’un peu trop près le monde de souffrance auquel il s’est toujours confronté. « J’me suis fait gauler quelques fois, j’ai fait d’la prison pour tout ça. C’est l’prix à payer, j’connais les conséquences pis j’ai toujours fait les années… sauf une fois. » Il marque une pause, pour la laisser digérer. Une pause pour trouver le courage de continuer. « Sauf la fois où y m’ont accusé d’avoir buté ma Lenore. » Les mots sonnent étrangement à ses oreilles et Kyte réalise que c’est la première fois qu’il les prononce à haute voix. j’ai été accusé d’avoir tué ma femme. Le lourd secret enfouit et bien gardé à l’intérieur, le gros sel frotté directement dans la plaie à vif dont il avait déjà du mal à se relever. Et si ses proches connaissent la vraie raison de sa fuite, c’est seulement parce qu’ils l’ont deviné. Kyte, lui, n’a jamais pu se résoudre à en parler. « J’aurais jamais pu faire un truc pareil. » La réflexion flotte devant ses lèvres. Légère, à peine audible, comme s’il cherchait à mesurer le poids de ses paroles, à se convaincre de leur véracité. Lui qui s’est posé la question si souvent au court des vingt dernières années, l’a tournée et distordue dans ses souvenirs englués où sa vérité se mêle à celle que les rapports de police ont laissé fuiter et que les journaux ont répandu dans le quartier. « J’ferais jamais un truc pareil. » Il répète plus fermement, revient à lui avec un froncement de sourcils. « Mais j’avais pas d’alibi, aucune chance d’être acquitté. Alors quand ils s’sont pointés pour m’foutre les menottes aux poignets, j’ai distribué un paquet d’baignes et j’me suis barré. » Il résume en refusant de se rejouer les évènements qui l’ont poussé sur la route en plein hiver avec pour seule compagnie les ronronnements de son moteur et les babioles entassées dans les poches d’un blouson bien trop léger pour la rudesse de la saison. « Et j’les ai jamais laissé m’chopper. » Ses aveux enfin exposés, il se redresse avec un soupir et cherche le regard d’Alex, tente de lire dans ses orbes si expressifs l’indignation ou la compréhension, la colère ou le dégout. Tente de savoir s’il ne l’a pas traumatisée, surtout. « Et voilà. J’dirais pas qu’tu sais tout, mais tu sais l’essentiel. » reste à savoir c’que tu vas en faire…
(c) oxymort - Spoiler:
Désolée pour le retard, je reviens tout juste d'absence et je n'avais pas vu que ta réponse datait de septembre j'espère que ce sujet est encore un peu d'actualité pour toi et désolée pour ses descriptions un peu trash, j'ai essayé d'adoucir mais bon c'est pas doux ce qu'il a fait et il n'est pas le genre à se cacher derrière des euphémismes
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| mother, tell your children not to walk my way @Kyte Savard & @"Alex Clarke" « J’t’ai jamais rien d’mandé. » Elle serre le poing, ses jambes tremblantes de la colère qu'elle ressent, elle a envie de se lever, de prendre ses filles et de s'enfuir loin parce qu'elle a la sensation d'avoir été bafouée. Elle n'aurait pas pu faire confiance à cet homme, elle le sait désormais et pourtant, même après les révélations, même après cette remarque cinglante et bien trop cruelle et de vérité, elle reste là. Incapable de partir sans avoir obtenu les explications qu'elle a demandé. Il ne lui a rien demandé et pourtant il lui a donné quelque chose qui lui manquait cruellement. Un peu d'attention, un semblant d'affection, un regard de compréhension et une présence rassurante. Mais tout s'écroule aujourd'hui parce qu'elle semble faire face à un inconnu désormais. Il n'est pas celui qu'elle pensait, il n'est pas celui qu'elle voulait mais il n'y est pour rien, il ne lui a jamais rien demandé et sur ça elle ne peut pas lui donner tord. « J’aurais dû rester loin d’ta vie et crois moi j’le sais. Mais tu m’plaisais. » Elle sent son regard sur elle mais elle ne relève pas les yeux, elle reste le regard figé sur le visage de sa fille, de ce tout petit bébé si innocent, si loin de pouvoir comprendre ce qu'Alex ressent aujourd'hui. Elle même ne le comprends pas réellement d'ailleurs et elle doit gérer tellement d'émotions qu'elle semble dépassée par tout ce qu'elle ressent. « Tu m’plaisais. » Elle se déteste de ne pas réussir à rester froide face aux mots de Kyte, elle se déteste de relever les yeux vers lui alors qu'elle ne veut plus rien lui donner, elle se déteste de ne pas pouvoir lui dire comme tout ça elle s'en fout et que surtout elle ne croit plus un mot de ce qu'il peut lui dire. Elle a envie d'être froide, d'être dure, de lui faire mal comme elle a mal depuis qu'elle sait qu'elle a donné tout de sa vie à quelqu'un qui ne lui a donné que des mensonges. Mais elle n'y arrive pas, parce qu'il la regarde comme il la fait les fois précédente. Parce qu'il y a toujours la même chose qui se dégage de lui, Kyle ou Kyte, quelque soit son nom, à cet instant précis il semble être le même homme qu'elle a rencontré chez elle, il semble être le même et pourtant tout semble si différent. Ça se traduit dans la distance qu'elle a mit entre eux, physiquement d'abord mais aussi émotionnellement, incapable de rester plus de deux secondes à le regarder parce qu'elle se sent si vulnérable, si faible désormais face à lui. Parce qu'il sait tout d'elle et qu'elle ne sait finalement plus rien de lui. Il est devenu un inconnu à qui elle a donné son histoire et c'est impossible pour elle de gérer ce rapport de force qui semble totalement déséquilibré.
« J’t’ai jamais menti sur mon histoire, sur qui j’suis. Mais j’t’ai caché des détails ouai. Des trucs pas bien glorieux parce que j’voulais pas t’inquiéter et pis pas trop m’mouiller. J’pensais pas t’revoir. Et après, c’tait déjà trop tard. » Elle est douée pour les mensonges, elle est douée pour se trouver des excuses aussi mais elle est un peu moins douée pour accepter ceux des autres. Il n'a pas menti dit-il, le faux prénom est pourtant bien une preuve de mensonge non ? Et si pour elle, dissimuler des informations à d'autres ce n'est pas mentir, quand c'est elle celle à qui on dissimule des informations, elle voit les choses un peu différemment. C'est sans doute bien trop hypocrite de sa part, mais c'est Alex, elle est imparfaite, elle le sait, Kyte le sait aussi, parce que contrairement à lui, elle ne lui a pas caché des détails, pas dissimuler des secrets et c'est bien pour ça qu'elle trouve qu'elle a légitimement le droit de se sentir trahie et trompée par Kyte. Sauf, qu'elle se répète en tête les mots de Kyte. J'tai jamais rien demandé et c'est dur à accepter pour Alex mais c'est une vérité. Il n'a rien demandé, juste squatté l'appart vide d'une fille absente et il s'est retrouvé avec Alex. Ils n'étaient pas voués à se croiser un jour, ils viennent de deux mondes totalement différents, ils n'étaient pas censés se revoir au delà d'une nuit à boire. Ils n'étaient pas censés se raconter leur vie, et si elle a eu besoin de parler, peut-elle aisément reprocher à Kyte de ne pas avoir été aussi transparent et honnête qu'elle ? Au fond d'elle, elle comprends les explications de Kyte, les raisons qui ont fait qu'il ne s'est pas livré, pas s'mouiller comme il dit, elle sait qu'il a de bonnes explications mais elle a désormais décidé qu'elle méritait la vérité qu'elle n'a pas eu. Sauf qu'elle va vite réaliser que si Kyte a menti, c'était peut-être finalement pour son bien, pour leur bien à tout les deux. « J’ai trempé un gars dans d’l’huile bouillante parce qu’il allait y cuire son clebs pour l’revendre en pièces. J’ai passé à tabac des raclures qu’arrachent la peau de p’tites bêtes pour en faire des manteaux d'fourrure. J’ai foutu l’feu à des abattoirs aussi, parce que ça m’révulse toutes ces merdes. » Les détails ne sont pas cachés cette fois. Le récit est clair, la vérité le devient aussi mais pourtant le regard d'Alex s'assombrit. La violence des mots et des actes lui font froid dans le dos. Les images s'immiscent dans l'esprit d'Alex alors qu'elle resserre contre elle sa fille. A trop tout vouloir savoir parfois les regrets arrivent parce que les réponses sont pires que les questions, et c’est le cas aujourd’hui. Que faire face à tant de violences ? Face à des mots et des images si criantes de violences et de souffrances. Il assume ses gestes, il les énumère parce qu’elle a demandé des réponses mais si lui est visiblement habitué à la violence pour Alex c’est une autre histoire. « J’ai fait des tas d’trucs dans l’genre comme la justice et les gens y ferment les yeux et moi j’supporte pas. » Elle cherche à cacher l’effroi qu’elle ressent quand elle imagine la vie qu’à vécu Kyte, quand malgré elle son cerveau créer des images de chacun des mots de Kyte. Cet homme qui le premier soir l’a aidé à se glisser sous ses draps, ne peut pas être le même que celui qu’elle est en train de visualiser. Il se bat pour une cause noble mais les moyens ne peuvent que révulser Alex qui reste sans voix. Peut être a-t-elle peur de ce qu’elle pourrait dire ? Ou peut être a-t-elle peur de lui désormais ? Elle déglutit, elle ne le regarde plus, elle serre contre elle sa fille, sa toute petite fille si fragile, si vulnérable et elle a peur pour elle. Pour ses deux filles. Et ce n’est pas de Kyte qu’elle a peur précisément à cet instant mais de ce monde. De la violence qu’il y a en chacun des humains qui peuplent cette terre et Kyte ne fait que rappeler à Alex que le danger peut être partout. Mais est-ce que vraiment Kyte représente un danger pour elle ? Il n’est pas menaçant avec elle. Il ne l’a jamais été bien au contraire mais ce qu’il a fait, est-ce qu’elle peut gérer ça ? Et pendant une seconde elle a envie de lui demander de se taire. Elle a envie de lui dire que finalement il avait raison de vouloir la protéger parce qu’elle n’est pas en mesure de gérer ce genre de chose. Mais elle ne dit rien. « J’me suis fait gauler quelques fois, j’ai fait d’la prison pour tout ça. C’est l’prix à payer, j’connais les conséquences pis j’ai toujours fait les années… sauf une fois. » Il a été jugé. Il a été condamné. Il a fait de la prison et si ce dernier fait n’est pas un élément qui peut en soit déranger l’Anglaise, ce sont les actes qui ont conduit en prison Kyte qui restent dérangeants. Mais il a purgé sa peine est-ce suffisant pour oublier ? Elle n'a guère le temps de vraiment se poser cette question puisque les mots de Kyte s’enchaînent et si son regard est fuyant, elle reste concentrée sur chaque parole de Kyte. Elle a demandé la vérité et elle l'a, a elle de s'en dépatouiller avec ensuite. « Sauf la fois où y m’ont accusé d’avoir buté ma Lenore. » Il n’a pas menti sur ça alors. Il n’a pas menti sur la mort de sa femme mais est-ce qu’il ment sur son rôle dans la mort de celle ci ? Est-ce qu’elle peut le croire alors qu’elle a l’impression d’avoir un tout autre homme devant elle ? « J’aurais jamais pu faire un truc pareil. » C’est à ce moment qu’elle a l’impression de le retrouver un peu. Derrière son côté bourru, elle sent l’émotion. Derrière les traits durs elle sent la tristesse. Et après l’horreur des actes énumérés plutôt, elle découvre l’horreur qu’il a dû vivre en écoutant le récit de sa fuite et l'horreur qu'il a du gérer entre la perte de sa femme et le fait que des gens aient pu l'accuser pour ça. Parce qu’au fond d’elle, elle sait qu’il n’a pas tué sa femme. N’allait pas chercher à comprendre, elle même ne comprends pas, mais elle sent l’honnêteté transparaître dans chacun des mots de Kyte. Il lui a déjà menti pourtant, et c'est presque fou finalement qu'elle puisse encore croire ce qu'il lui dit mais c'est le cas. Elle relève les yeux vers lui quelques secondes. Et elle s’étonne de réussir à le regarder. Elle s’étonne aussi d’être émue par l’expression qui se dégage du visage de Kyte. Il fronce les sourcils, il revient à lui, cache ses émotions à nouveau et Alex baisse les yeux encore parce qu’elle n’est pas encore prête à devoir confronter son regard à celui de Kyte. « Et voilà. J’dirais pas qu’tu sais tout, mais tu sais l’essentiel. » Le silence s'installe, c'est à elle de parler, elle le sait, il s'est ouvert, il a répondu à ses attentes, il s'est livré et désormais c'est à son tour de répondre. Mais comment réagir à de telles révélations ? La violence, l'horreur, le malheur semble avoir suivis la vie de Kyte et elle comprends peut-être mieux son statut actuel. Voilà pourquoi il vit ainsi ? Voilà pourquoi il a refusé d'avoir un téléphone ? Voilà pourquoi il lui a menti surtout et finalement parfois le mensonge est la meilleure solution. La petite gesticule un peu, pleure doucement et ça fait réagir Alex qui revient à elle, qui sort de ses pensées et qui berce doucement sa fille contre elle. « Donc tu es recherché ? » Première question, c'est clairement pas par ça qu'elle voulait commencer mais les mots ont mit du temps à sortir et elle doit gérer les émotions et les sentiments qui la submerge. Elle connaît déjà la réponse à cette question mais on sent à sa question qu’elle ne sait pas vraiment comment gérer cette situation. Il y a bien d’autres choses à demander, bien d’autres choses à retenir des mots de Kyte, mais est-ce qu’elle a envie de savoir si le gars de l’huile est mort ? La réponse lui fait bien trop peur. Est-ce qu’elle a envie de savoir tout ce qui se cache derrière des tas de trucs dans ce genre ? Elle a comprit que certaines réponses ne sont pas bonnes à avoir. « Pourquoi ils pensent que c’est toi qui a tué ta femme ? » Avait-il des antécédents de violence envers sa femme ? Avait-il des raisons de la tuer ? Elle sait qu'il ne l'a pas fait, mais elle n'a plus confiance en ces impressions surtout pour ce qui concerne Kyte, elle a été trompée une fois, elle ne fera pas deux fois la même erreur. « Je suis désolée pour ta femme. » Ce sont les premiers mots un peu moins froid qu'elle prononce, une vraie sincérité dans sa voix parce qu'elle l’est sincèrement parce que peu importe ce qu’un homme peut faire rien ne mérite de perdre sa femme et d’être en plus accusé de son meurtre. Mais si l’émotion des dernières révélations remuent un peu Alex, elle ne peut pas encore oublier le reste. « Tu fais encore des trucs comme ça ? » Plonger des gens dans l’huile ? Brûler des bâtiments ? Tabasser des gens ? Elle regarde autour d’elle, partout mais pas vers Kyte et elle est rassurée d’être dans un lieu public. Et c’est à cette pensée qu’elle se rends compte qu’elle a peur de ce que Kyte peut faire désormais. Parce que des trucs comme ça comme elle dit, ce n'est pas une chose concevable dans son monde. « J’ai besoin de temps Kyte, c'est dur à encaisser tout ça. Je ne dirais rien à personne mais tu avais raison, parfois dissimuler des informations c’est mieux, je sais pas quoi faire de tout ça. » C’est elle qui a insisté. Elle qui a voulu la vérité, une vérité qu’elle n’est pas en mesure de gérer et quand elle lui dit qu’elle ne dira rien à personne c’est autant pour se protéger elle que pour le protéger lui. Parce qu’elle aimerait juste oublier. Elle aimerait se dire que cette discussion n’a jamais existé. Parce qu’elle l’appréciait Kyte. Parce qu’elle l’apprécie. Parce qu’il a cette connexion étrange entre eux, ce lien qui ne ressemble à aucun autre, cette facilité avec laquelle elle s’était confiée à lui, avec laquelle il s’était fait une place dans sa vie. Mais tout s’est écroulé, tout sauf cette petite lueur d’affection qu’elle ressent en le regardant. Lui l’homme abimé par la vie, par les épreuves, mais qui a aussi abîmé d’autres hommes et est-ce qu’un jour elle pourra faire abstraction de ça ? Seul l’avenir le dira.
(c) oxymort - Spoiler:
J'ai mis très longtemps à répondre désolée, mais si tu es toujours opé et dispo on peut clôturer celui là à moins que tu ais envie de développer encore une réponse sur l'histoire de Kyte, et on peut en ouvrir un autre pour continuer de développer leur lien si spécial. N'hésite pas à me redire ce que tu préfères
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| | | | (#)Mer 30 Mar 2022 - 2:04 | |
| mother, tell your children not to walk my way Kyte Savard & @Alexandra Anderson Un silence accueille ses confessions. Epais, pesant. Il se concentre sur le roucoulement des oiseaux pour s’en distraire, gratouille l’écorce d’un ongle noirci pour s’occuper les mains. Lui laisser le temps de digérer toutes ces informations. Elle va en avoir besoin, du temps. Elle qui s’inquiétait déjà pour lui à l’époque où elle ne voyait qu’un simple clochard en le regardant. Elle va se torturer et il le sait. Un instant, il se demande s’il n’aurait pas mieux fait de lui mentir, inventer un semblant de vérité pour la protéger. Le regard hanté qu’elle accorde à la pelouse lui fait croire que oui. Que le poids qu’il vient de déposer sur ses épaules est trop dur pour elle. Trop dur pour une jeune mère qui vient tout juste de combattre ses propres démons. mais c’est pas à elle de l’porter. Ce fardeau a toujours été le sien et ça ne changera jamais. Il ne lui a jamais rien demandé. Il ne lui demanderait pas ça non plus. Et au fond, tout au fond, il est convaincu qu’il a bien fait de lui dire la vérité. Parce qu’il la respecte, et parce qu’elle mérite de savoir qui il est afin de décider si elle a toujours envie de l’avoir d’une façon ou d’une autre dans sa vie. « Donc tu es recherché ? » Elle demande en berçant sa môme. La dureté de leur conversation fait un contraste absurde avec la tendresse qu’elle accorde à ses enfants. Mais elles sont comme ça les femmes, capable de reconstruire là où les hommes détruisent. Capables d’insuffler la vie et l’amour au milieu de ruines. Silencieusement, il hoche la tête. Il est recherché ouai, et sur plusieurs continents. Il le sait, il le sent. « Pourquoi ils pensent que c’est toi qui as tué ta femme ? » La question fuse et lui gèle les membres comme un coup de vent nordique. Et pourtant, elle apporte en même temps un petit souffle d’espoir. C’est dans son ton dénué d’accusation, dans ces condoléances qu’elle lui murmure sans même lui laisser le temps de répondre : « Je suis désolée pour ta femme. » Il hoche la tête encore, parce qu’il ne sait pas quoi faire d’autre, parce qu’il a la gorge trop nouée pour articuler le moindre son. Parce qu’il est désolé lui aussi, mais il sait bien que ça ne changera pas le passé. Alors il n’aime pas trop s’y attarder, le regarder, le fouiller. Il préfère garder les yeux rivés sur le présent, sans s’alourdir du passé ni s’inquiéter de l’avenir. « Tu fais encore des trucs comme ça ? » Elle n’est pas comme lui, Alex. Elle revisite les instants, les retourne, se torture avec ce qu’elle perçoit comme des erreurs, s’inquiète de celles qu’elle pourrait faire dans le futur. Il est certain qu’elle se triture les méninges en cet instant, se demande si elle devrait couper les ponts avec lui, si elle regrettera de l’avoir rayé de sa vie ou s’il fera rôder autour de ses filles le malheur dans le cas où elle déciderait de lui pardonner. « J’ai besoin de temps Kyte, c'est dur à encaisser tout ça. Je ne dirais rien à personne mais tu avais raison, parfois dissimuler des informations c’est mieux, je sais pas quoi faire de tout ça. » Ces aveux ne le surprennent pas vraiment, sauf la partie où elle lui promet de garder le silence. Ça non plus, il ne l’aurait jamais exigé d’elle. C’est même en partie pour ça qu’il a préféré lui mentir. Elle lui dit qu’elle aurait préféré ne rien savoir, qu’il a bien fait de lui cacher la vérité, mais il n’en est pas certain. Elle aurait fini par le sentir, par douter. Les femmes sentent toujours ces choses-là. Comme Lenore le sentait chaque fois qu’il la trompait. Il n’a jamais su comment, mais elle savait. Ça doit être un sixième sens ou une connerie comme ça. Et là, même si elle ne sait pas quoi faire de tout ça, même si elle a besoin de temps, il sent. Qu’elle avait besoin de savoir. Qu’elle attend encore la réponse à ses deux questions. Alors il prend une inspiration et il se lance enfin : « J’sais bien. T’fais pas d’bile mon p’tit, j’comprends. Tu prends l’temps dont t’as besoin. »
Ses yeux repèrent un pli sur son jean, encrassé de poussière. Il le lisse d’un revers de main nonchalant, en profite pour lisser ses pensées en même temps. « Tu sais, on s’aimait fort Lenore et moi, mais on s’aimait mal. » Les mots s’échappent, vaguement hésitants. « On s’engueulait souvent. On était jeunes, on était cons. J’courrais un peu trop les jupons, j’lui offrais des roses pour m’faire pardonner mais elle préférait cramer l'bouquet. » Il dit ça avec un genre de sourire nostalgique aux lèvres, un petit rire sans joie, le regard tout plein de ces scènes qu’il aimerait bien revivre. Parce qu’il y avait une intensité dans leur amour qu’il n’a jamais connu ailleurs. C’était toxique mais ça fonctionnait, et c’était beau dans la douleur. Le fer à repasser qu’elle lui a envoyé au visage, il le reprendrait sans hésiter pour pouvoir l’étreindre encore une fois. Les phalanges qu’il éclatait contre les murs, pour éviter d’abimer ses jolies lèvres qui hurlaient tout plein d’insanités dans sa langue incompréhensible. Et comme elle revenait se rouler contre lui après une dispute plus violente que les autres, comme ils embrassaient les plaies qu’ils s’étaient infligées sur le corps et dans le cœur. Il reprendrait tout sans hésiter. Mais il ferait différemment aussi. Parce qu’il est un peu plus vieux, un peu moins con. Parce que la où il ne voyait que beauté et intensité, il a compris qu’il y avait souffrance et un brin de folie. Que les montagnes russes de ses émotions cachaient quelque chose de très sombre. Et que si les hauts étaient très hauts, rien ne pourrait le préparer à la dévastation qui a ravagé sa vie quand elle a pris son dernier virage, entamé sa dernière descente, celle dont elle ne se relèverait jamais. « On était divorcés à c’moment-là, mais dans notre cœur on était encore mariés j'crois. Alors ça m’a fait un coup quand j’ai reçu l’papier. J’suis allé la voir et elle avait l’sien dans la main et elle pleurait. Alors sans rien s’dire on s’est retrouvés comme on savait faire. » Il se souviendra toujours de ces retrouvailles passionnées, de leurs chairs qui s’unissaient comme pour se promettre un nouveau départ. Il se souviendra toujours de ce regard qu’elle avait, presque chargé de désespoir. « Et puis après on s’est engueulé. J’me suis barré pour pas qu’ça dégénère. J’pensais pas qu’ça la ferait vriller. » S’il était resté, il aurait vu les flammes se répandre dans son regard. Il aurait pu retenir son geste avant qu’elle ne crame la baraque et elle avec, avant qu'elle ne réduise leur avenir en cendres. Mais il était sur les routes à se vider la tête comme on lui avait conseillé de faire, et il était bien trop tard quand il est rentré. Dans ce genre de cas, les maris et les ex sont toujours les premiers suspects. Surtout dans une relation aussi mouvementée. Mais il ne lui dit pas tout ça, persuadé qu’elle l’a deviné. Il ne lui dit pas non plus comme les analyses ont montré qu’il était avec elle juste avant le drame, comme des pisseux dans leur petit labo ont salit leur dernière étreinte et l’ont transformée en un acte monstrueux, en une preuve pour l’accuser. Il prend une grande inspiration plutôt, laisse s’échapper tout ce passé, le regarde se disperser dans l’air autour d’eux et le rire lointain des mômes, là où il ne peut plus le hanter. Et il revient sur le présent, relève les yeux vers Alex, s’intéresse à sa deuxième question. « Quant à savoir si j’fais encore ce genre de trucs… tu m’as bien r’gardé ? » Il écarte les bras, rigole un coup. « J’me fais plus tout jeune tu sais ? J’ai plus la santé d’crapahuter. Alors c’est vrai, j’me rangerai jamais. J’aime bien foutre un peu l’boxon, ça réveille la vie qui sommeille dans les gens. Mais des trucs comme avant, j’fais plus ça non. Mon truc c’est plutôt d’squatter des apparts et m’enrouler dans des jolis peignoirs satinés. » Il ajoute avec un clin d’œil, a moitié certain que c’est trop tôt pour la complicité, incapable pour autant d’y résister. Et puis il frappe sa paume sur son genou. Doucement, pour marquer le point final de leur discussion, et il se déplie lentement, esquisse une grimace discrète face au vent de protestation qui grince dans ses articulations. Il hésite un instant, et puis les mains dans les poches, il lui dit : « Tu prends l’temps dont t’as besoin et moi j’serai là, tous les derniers samedis du mois. Des fois qu’tu voudrais r’passer par là. » Et avec un sourire il s’éloigne. Le cœur un peu lourd, mais plein de gratitude aussi. Il ne sait pas si elle reviendra, s’il la reverra. Il sait juste qu’il a aimé l’avoir dans sa vie. Et que si sa présence était éphémère, ça ne fera qu’un souvenir de plus à chérir pour réchauffer son cœur quand les ombres rôdent d’un peu trop près au plus noir de la nuit.
(c) oxymort - Spoiler:
Du coup j'ai pas pu m'empêcher de répondre comme tu peux le constater, je me suis dit que les questions d'Alex méritaient d'avoir une réponse et que ça l'aiderait peut-être dans sa réflexion. Et je suis bien évidemment partante et dispo pour continuer de développer leur relation on s'en parle par MP si tu veux ?
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| | | | | | | | Mother, tell your children not walk my way » Alex |
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