I'll be there in the corner thinking right over
Midas Sterling & @Nicholas Hurley

En toute logique, des clauses de confidentialité sont supposées nous empêcher de parler du survivor tant que l’officialisation du programme n’a pas encore été faite et que le casting n’a pas encore été publié par la chaîne sur ces réseaux sociaux. Sauf que je suis habitué à mon statut de petit prince. Sans trop en profiter - comprendre devenir une diva - il m’arrive innocemment d’oublier qu’il y a des règles. Je suis le chouchou de la production. Leur produit qui a le mieux grandi et qui s’est le plus exporté au-delà des frontières de l’Australie. Je suis le meilleur vendeur d’albums du pays de ces dix dernières années et je crois pouvoir dire sans prendre de risque que la chaîne a plus besoin de moi que l’inverse. Cela prodigue un certain confort. De toute façon, j’ai une totale confiance en Nicky : le sujet est donc clos et n’a jamais réellement été ouvert dans mon esprit. J’imagine mal mon ami aller crier sur tous les toits ce que je viens de lui confier, ce n’est simplement pas le genre de la maison.

« Genre réunir des candidats populaires des saisons précédentes, c'est une bonne idée, non ? » Je hoche la tête, avant de préciser. « Quelque chose dans ce goût là, oui. Pour l’instant, c’est encore flou, mais je pense qu’ils veulent mélanger le concept que sont-ils devenus avec la recette de base de l’émission. » Il y aura des primes et des éliminations, cela ne fait pas l’ombre d’un doute. On ne change pas une recette qui fonctionne, ils vont simplement ajouter des extras voués à mettre en lumière les carrières et l’évolution de chacun. Nul doute que, dans ce contexte là, je serai le golden boy. Celui qui se produit dans des scènes du monde entier, celui dont le single phare est aujourd’hui deux fois disque de platine aux États Unis. (et quatorze fois sur notre belle île) Pour la première fois, j’ai du pouvoir auprès de la production et je ne sais pas trop quoi en faire, si ce n’est les convaincre de faire la même offre à Jo Carter, ce qui ne devrait pas être bien difficile : une réunion après cinq ans de silence mettra les fans de notre duo en transe, ceux qui postent des photos montages kitchissimes à souhait sur les réseaux à longueur de temps, sans nul doute. « Peut-être que ça t'aidera un peu avec l'écriture et tout le reste, non ? » - « Ouais, peut-être. Dans le pire des cas, ça donnera au moins un os à ronger au label. » Je ne parle pas de Jo, je ne parle pas de ma volonté de l’ajouter à l’équation. De toute façon, ma décision est prise : si elle ne participe pas, alors moi non plus. L’aventure X-Factor sans elle, revival ou pas revival, ça ne m’intéresse pas.

Installé à table, je mords dans mon beignet au sucre sans trop de conviction. La nourriture servie par l’hôpital ne m’inspirait pas assez pour que je me risque à tenter l’originalité. « J'ai toujours quelques textes et riff de guitare pour toi qui trainent sur mon ordi à l'occasion, il faudra que je revienne t'embêter avec tout ça... » - « Ma porte est grande ouverte. » Et je le pense : travailler à plusieurs est exaltant, un vrai booster d’inspiration. « Si le revival se concrétise, je vais être pris pendant plusieurs mois. D’ici là, je vais essayer de mettre à profit mon temps pour pondre quelque chose. » Pour changer. Autrement dit : toute aide sera la bienvenue. « Les studios de tournage sont à Sydney. Quand t’auras besoin de changer d’air, t’auras qu’à venir voir à quoi ça ressemble, t’auras même le droit à une visite privée. » Je termine rapidement ma sucrerie, avant d’enfoncer ma canette de boisson énergétique dans la poche de ma veste. « Cela te dérange qu'on aille finir tout ça dans la chambre ? J'aimerais être là quand Esmée revient de ses examens, je n'aime pas trop l'idée de la laisser toute seule. » - « Bien sûr. » Mes doigts se referment autour du gobelet de café - encore fumant - et je me relève. De toute façon, moins je suis en public, mieux je me porte. « Je voudrais pas rater le moment où elle va insulter son psychomotricien et tout le personnel de l’hôpital. » La verve de la grand-mère de Nicky me rappelle mon grand-père paternel, malheureusement décédé il y a quelques années, l’homme de qui je tiens ma fibre musicale.