starry eyes sparking up my darkest night
@Midas Sterling ☆ crédit/bodybebangin

Jo s’était détestée d’avoir soulevé le sujet de son père, et si elle ne s’était pas quelque part senti obligée de jurer à Midas que oui, elle le laisserait lui poser toutes les questions qui lui traverseraient l’esprit, elle devait admettre que ça pesait tout de même sur son estomac d’en être réduite à ça, tout comme à potentiellement accepter son aide pour le repousser le plus loin possible de chez sa grand-mère, d’elle-même et de son entourage. Sur ça, elle avait simplement éludé en affirmant au jeune homme que ce n’était pas le plus urgent ce soir, qu’ils auraient aussi le temps de reparler de ça, mais elle ne voulait pas l’impliquer, c’était aussi clair pour elle que, bien qu’appréciant le sentiment de sécurité qu’il lui offrait sur tous les aspects possibles, elle ne voulait pour autant pas devenir le genre de femme qu’on se sent obligé de couver. Elle n’était pas une petite chose fragile, et elle ne le deviendrait pas subitement, ne supportant pas qu’on lui accorde de l’attention quand c’était pour la prendre en compassion. Midas en faisait — en avait fait — déjà bien assez pour elle pour en plus vouloir en rajouter en l’encourageant à se comporter comme un gardien de sa sécurité. Si elle ne se braqua pas face à sa main tendue, elle avait préféré mettre une réserve sur la manière dont il lui avait demandé de le laisser l’aider. On verra, voilà comment il fallait prendre le regard qu’elle lui avait renvoyé à ce moment-là. Son père, elle finirait par le virer, et elle ne le regretterait pas plus qu’elle ne regrettait d’être secrète à son sujet.

Seulement, elle avait mis le doigt dans un engrenage en se laissant aller à quelques confessions, et parce qu’elle avait juré que ce ne serait pas la dernière, elle savait qu’elle ne ferait pas marche-arrière face aux questions de Midas. Ça l’angoissait sans qu’elle ne sache pourquoi, possiblement parce que ça viendrait détruire une partie du personnage qu’elle s’était créée ? Elle n’en savait rien, mais elle se sentait tendue, et pas de la façon dont elle avait l’habitude de l’être, petite boule d’énergie qui ne restait jamais tranquille. Là, elle était beaucoup plus calme que d’ordinaire. Après avoir revérifié que toutes les entrées étaient barricadées, après avoir mangés, joués avec Posy, occupés un peu les esprits pour éviter que le vent qui montait de plus en plus à l’extérieur ne vienne perturber les plus impressionnables, une coupure de courant avait rendu la petite maison d’Ava Carter un peu plus inquiétante sous la lueur des bougies, dont certaines embaumaient l’ensemble en apportant une chaleur bienvenue. Malgré tout, ça renforçait le sentiment de sécurité, d’être à l’intérieur d’une maison aussi petite, aussi cosy, même si elle craquait un peu, faisant frissonner Posy qui avait définitivement fait amie-amie avec Ava. Elle, elle s’en sortait plutôt bien dans cette ambiance. Ils avaient dû lui rappeler plusieurs fois pourquoi il y avait des invités à la maison ce soir, et chaque fois elle paraissait s’émerveiller de la présence de Posy que Jo observait du coin de l’oeil en n’osant pas prendre d’initiatives. Demain peut-être qu’elle lui proposerait un tour au grenier. En attendant, elle s’était endormie depuis un moment déjà sur le canapé confortable du salon, lovée près du chat des Hurley que Jo avait réceptionné dans la matinée. Elle avait tenu la distance la petite, certainement trop impressionnée pour vouloir se laisser appeler par le sommeil, mais elle avait fini par sombrer bien après Ava que Jo avait encouragé à aller dormir en la voyant piquer du nez. Elle avait conseillé à Midas d’aller coucher sa fille dans la chambre qu’elle avait préparé pour eux avant qu’ils n’arrivent, et s’affairait maintenant à ranger la vaisselle dans la cuisine pour, elle aussi, s’occuper l’esprit avant qu’il ne la rejoigne. C’était un peu lâche, mais elle avait espéré qu’il finisse par s’endormir, comme les deux autres, mettant à mal les plans dont ils avaient parlé plus tôt dans la soirée, mais en sortant de la cuisine pour rejoindre le salon, elle le vit descendre l’escalier. De là à dire qu’elle n’était pas heureuse qu’il vienne la retrouver, il ne fallait pas exagérer, mais elle sentit tout de même son coeur manquer un battement. Ça ne l’empêcha pourtant pas de lui demander tout en appuyant ses deux bras sur la rampe d’escalier en attendant qu’il termine de descendre "Elle s’est pas réveillée ?" Le suivant des yeux comme à son habitude, c’était une question qui n’appelait une réponse que pour combler l’intervalle avant qu’ils n’entament le vrai sujet de conversation, lequel elle se surprit à dévier bien avant qu’il ne débute en ajoutant avec un léger sourire au coin des lèvres, signe qu’au fond, c’était plus une provocation qu’une réelle question, tentant le tout pour le tout avant de passer à l’interrogatoire qu’elle avait elle-même rendu accessible aux moindres questions de Midas dont elle attrapa les mains au passage, glissant ses doigts entre les siens "Comment ça va se passer si elle se met à me détester ?"

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Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/ssoveiagifs

La soirée, malgré les circonstances et le fait d’avoir dû rassurer ma fille plusieurs fois, s’est finalement bien déroulée. Si j’ai serré les dents de voir Jo sortir en fin de journée parce que Nicholas le lui a demandé – quel genre d’ami est-il pour lui demander de prendre des risques ? Pour un homme que je considère toujours comme épris de ma petite amie, il est plutôt très con et égoïste – je n’ai pas moufté. Je me suis contenté de lui demander d’être prudent depuis la cuisine alors qu’elle était déjà proche de la porte d’entrée, conscient que je ne peux pas empêcher Jo d’être la tête brûlée et la jeune femme qui se fait du souci pour son prochain qu’elle est, que je n’en ai pas-même envie. Accaparé par Ava pour me rendre utile en épluchant des légumes et pommes de terre, je me suis attelé à la tâche en ne cessant de jeter des coups d’œil inquiets par la fenêtre pour guetter le retour de la brune, et j’ai fait de mon mieux pour ne pas tendre l’oreille en direction de Jo pour écouter sa fin d’appel une fois qu’elle est revenue de sa mission. Ce seul point de tension de la soirée n’en a même pas été un – elle n’est pas restée plus d’une poignée de minutes avec son voisin au téléphone – et tout considéré, j’ai été ravi autant que surpris par le déroulement des choses. Bien sûr, Jo ne me semble jamais tout à fait à l’aise en présence de ma fille. Elle semble toujours être sur la retenue, comme habitée par un mélange de peur et d’une timidité qui est étrange, venant d’elle. Posy est une enfant discrète et, heureusement, sa nature adaptable facilite les choses. Elle ne sursollicite pas Jo, sentant certainement que cette dernière est pleine de retenue avec elle, et se concentre sur une Ava ravie de s’occuper d’une petite fille comme si elle était à nouveau grand-mère. Elle ne manque pas d’affection, ma fille, mais elle a toujours répondu à l’affection des adultes avec beaucoup de tendresse à son tour.

Je n’ai pas oublié que Jo a promis de répondre à mes questions et, déjà, je fais le tri entre celles qui valent la peine d’être posées et celles qu’il vaut mieux éviter de peur de m’attirer les foudres de la brune. Malgré ma peur de le faire ou même de la blesser, je ne passerai toutefois pas à côté de la chance de comprendre la dynamique entre elle et ses parents ou, plutôt, entre elle et son père. Je ne veux pas passer à côté de quelque chose qui pourrait être important, à côté d’une détresse de la brune au risque de m’en vouloir après. Alors, quand Posy s’endort sur le canapé près de deux heures après qu’Ava se soit retirée, je la porte le plus délicatement dans son lit en espérant qu’elle ne se réveillera pas. Je le désire pour elle mais également pour moi, un peu égoïstement ; j’espère pouvoir passer un peu de temps seul avec Jo. Le chat du voisin, qui s’est endormi à côté de la blondinette et sous ses caresses, s’étire sur le canapé, avant d’en sauter pour se frotter à mes jambes en miaulant et de me suivre jusqu’à la chambre et au lit sur lequel je dépose Posy. Le message est clair : il a décidé que pour l’espoir d’un soir et d’une nuit, il deviendrait le protecteur et le compagnon de l’enfant de la maison. Loin de moi l’idée de m’opposer aux velléités du félin qui saute sur le lit et s’enroule à nouveaux à côté de ma petite fille avant de ronronner comme le plus heureux des pachas. Ma petite fille bouge, se retourne mais n’ouvre pas les yeux et, après avoir remonté la couverture jusqu’à son cou, je ferme précautionneusement la porte derrière moi.

Je trouve Jo en bas de l’escalier et je la dévore du regard pour la cinquantième fois au moins de la soirée. « Elle s’est pas réveillée ? » Je descends les dernières marches, avant de laisser mes doigts glisser entre les siens. Je fais non de la tête, contournant le poteau de départ de l’escalier pour l’attirer contre moi et passer un bras autour de ses épaules. « Comment ça va se passer si elle se met à me détester ? » - « Impossible. » J’esquisse un sourire et je m’adresse sur le ton de l’humour, pourtant rempli de la certitude que je dis la vérité. Je glisse à nouveau ma main dans celle de la brune, avant de la guider vers le sofa et de l’inviter à s’installer contre moi. « Tu as peur de quoi ? Qu’elle te voit comme la méchante belle-mère qui prend la place de sa maman ? » Jo serait plutôt fantastique dans le rôle de la maléfique mais sublime belle-sœur, si on me demandais mon avis. « Ça arrivera pas. Elle nous a jamais connu ensemble, Harleen et moi, c’est la norme pour elle d’avoir deux familles. » Du reste, c’est une petite fille et toute personne comme Jo lui fait forcément briller les yeux. « Je suis même certain que même lorsqu’elle me détestera moi pendant sa crise d’adolescence parce que je serai son con de père elle continuera à te trouver cool. » Je me projette assurément aussi loin avec la brune, et je n’ai pas envie de le cacher. « L’inverse me fait plus peur. Pas que tu la déteste, mais que tu réalises que tu préfèrerais que je sois pas père et que tu me dises que tu préfères qu’on passe du temps ensemble uniquement quand elle est pas là. » Surtout que. « J’ai l’intention de prendre ma place de père pour elle, plus que je l’ai fait jusque-là. » Parce que je suis passé à côté de trop de choses. Pour détendre l’atmosphère, je pince la joue de la brune avant de la caresser doucement du bout des doigts en souriant, un air tendre dans le fond du regard. « C’était pas supposé être moi qui pose les questions ? »

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@Midas Sterling ☆ crédit/bodybebangin

Un j’ai pas peur traversa le regard de Jo sans qu’elle ne le prononce, son menton se levant pour dévisager Midas avec défi. Même si elle s’avérait capable de mettre sa fierté de côté pour lui, admettre qu’elle craignait une gamine de cinq ans, c’était quand même ridicule, alors elle s’en défendit autrement tout en acceptant de suivre le chemin qu’il emprunta, ayant eu le temps de se faire à la disposition des lieux comme s’il y avait passé plus de temps qu’une demi-journée "C’est pas aussi risible que ça. C’est pas comme si ça arrivait pas tout le temps non plus." C’est pas comme si j’étais facile à aimer. Mais ça, elle le garda pour elle vu que c’était encore ce qui la chagrinerait le moins si, par malheur, la petite Posy venait à faire peser sur ses épaules le poids de son désamour à son égard. Faire un sujet de conversation de ça, c’était la meilleure technique qu’elle avait trouvé pour ne pas aborder l’autre sujet, celui qui lui pendait au nez depuis qu’elle avait été assez conne pour proposer à Midas d’en parler. Elle s’installa à ses côtés, proche, sa main soudée à la sienne, en laissant un gros soupir lui échapper et en écoutant la suite de ce qu’il avait à lui dire en attendant qu’il se rende compte que, si elle parlait de ça maintenant, c’était avant tout pour noyer le poisson et déplacer le curseur de la promesse qu’elle lui avait faite.

Lâchement, peut-être, elle s’en fichait un peu sur l’instant, sa tête se penchant sur le côté en buvant ses arguments avec une légère grimace sur le visage "Tu sais pas. Elle va peut-être se réveiller un matin en ayant envie de savoir ce que ça ferait de vous avoir tous les deux sous le même toit. Je deviendrais l’ennemie à abattre." Elle, ou le mec de l’autre que Midas semblait détester autant que Jo la détestait par défaut. Pourquoi, comment, c’était des questions qu’elle se réservait pour une autre fois, quand elle devrait échapper à nouveau à quelque chose qui lui des donner des sueurs froides. Elle secoua la tête, détournant les yeux une seconde en lâchant sa main juste pour replacer la courbe de sa queue de cheval entre ses omoplates couvertes par l’épaisseur de son gros pull qu’elle n’avait pas quitté de la journée, et eut un léger rire en même temps qu’elle répondait à ce qu’il avançait "Pour commencer, j’espère que j’aurais réussi à lui apprendre d’autres insultes que con de père. J’ai mon top cinq personnel, c’est presque un devoir de le partager avec les jeunes générations." Elle avait eu le temps d’insulter le sien. Il le méritait cela dit, pas comme Midas qu’elle avait eu le temps d’observer interagir plus longtemps avec sa fille aujourd’hui — autant dire donc que ce qu’elle venait de dire, ce n’était que pour plaisanter. Ça lui avait serré le coeur de les voir tous les deux, pas uniquement parce qu’elle prenait conscience que c’était réel, sa paternité, mais parce que si elle avait été choyée un moment Jo, elle n’avait pourtant pas le souvenir d’avoir été autant aimée par son père que Posy l’était par le sien. C’est ce qui lui fit ajouter dans la continuité de sa phrase "Et ensuite, c’est pas dit qu’elle te détestera, même à l’adolescence. T’es génial avec elle." Elle n’avait aucun conseil à lui donner bien sûr, elle n’irait pas jusque-là, consciente sans que le sujet ne soit glissé dans leur conversation jusqu’à maintenant, qu’elle n’était pas invitée à faire de commentaires sur la manière qu’avait Midas d’élever sa fille, mais une partie d’elle avait envie de le sommer de ne jamais changer, de rester comme il était avec elle aujourd’hui quand elle aurait atteint l’âge de se débrouiller, et de l’accompagner pour grandir comme elle l’entendait, pas comme lui l’entendait. Ça la touchait un peu trop pour qu’elle ne réussisse à le faire dépasser le stade de sa pensée, se faisant prendre de court par ce qu’il ajouta au sujet des craintes que, lui, il nourrissait. Si elle ne savait pas que ce n’était pas quelque chose à ne pas dire, elle aurait certainement dit à Midas qu’en effet, elle aurait préféré qu’il ne soit pas père. Pas parce que Posy la dérangeait, elle n’y pouvait rien, mais pour des raisons aussi puériles que ça lui enlevait le privilège de lui offrir ce cadeau dans un futur plus ou moins proche, s’étant fait ravir la priorité par quelqu’un qu’il disait ne pas avoir aimé autant qu’elle. Pas qu’elle y pensait sérieusement, à avoir des enfants ou ce genre de choses, elle n’y pensait d’ailleurs absolument pas, mais dans l’éventualité de, elle se connaissait assez pour ne pas renier l’idée qu’elle avait besoin d’être la première dans tous les domaines. C’était comme ça, et que ça la ferait traîner des pieds d’avoir à l’esprit la certitude d’être arrivée trop tard dans cette course-là. Ce n’était pas la question là, et s’il voulait qu’elle le rassure sur le fait qu’elle ne pousserait jamais le bouchon aussi loin, elle le ferait — et elle le fit sans plus attendre d’ailleurs, roulant d’abord ses lèvres l’une sur l’autre pour finalement se lancer, attirant son regard en faisant pivoter sa tête avec ses doigts qui saisirent doucement son menton "Je te demanderai pas de choisir entre elle et moi. Je suis une pétasse, mais pas une pétasse qui empêchera un père de passer du temps avec sa fille." Une pétasse qui avait caressé l’idée de lui demander de la laisser à sa mère ce soir. Mais une pétasse qui s’était très vite reprise à ce propos ; même elle savait que ce n’était pas quelque chose de quoi retirer les honneurs pour une fois, alors elle la boucla pour mieux continuer "Je sais que t’es capable de distribuer ton attention en fonction des situations. C’est pas, et ça deviendra pas, une compétition entre elle et moi." Pas cette fois. Et autrement dit, s’il l’oubliait un peu quand il passait du temps avec Posy, elle ne lui en voudrait pas, elle trouverait même ça on ne peut plus normal selon la vision qu’elle se faisait de la parentalité dans son ensemble. En revanche, elle lui en voudrait s’il se mettait à la négliger quand ils se retrouvaient que tous les deux, mais elle le connaissait assez pour savoir que ça n’arriverait pas.

Pas comme les questions qu’il avait envie de lui poser. Si l’espace d’un instant, elle avait cru que sa technique de diversion avait fonctionné, elle déchanta en sentant son regard se poser avec plus d’insistance sur elle, et ses doigts pincer sa joue qu’elle décala juste un peu en lâchant son menton, puis en changeant de position de le canapé, ses jambes finissant repliées sous ses fesses pendant qu’elle tirait sur les manches de son pull pour les recouvrir et, sans doute, se protéger un peu. Le temps d'une seconde, elle voulut lui demander on est vraiment obligés, tu veux pas faire autre chose ?, et ça aurait été le moment de faire jouer ses charmes en mettant le cadre en avant, la lueur des bougies, mais surtout le sentiment d’être en sécurité alors que dehors, c’était le déluge. Seulement, elle se souvenait qu’elle avait juré, qu’elle restait atrocement têtue certes, qu’elle n’était pas moins du genre à tenir ses promesses ; elle en roula intérieurement des yeux, quelle conne elle pouvait être. C’était un pansement qui avait besoin d’être arraché, c’est vrai, et pour l’heure, elle sentait palpiter ce qui avait dessous de façon si palpable que ça faisait accélérer son rythme cardiaque et creuser le malaise induit par l'idée qu’elle n’avait pas l’habitude de raconter son histoire, même si elle avait celle de se vanter et de parler d'elle plus souvent qu’à son tour. Elle réalisa qu’elle était restée silencieuse un moment, alors quand ses yeux retrouvèrent ceux de Midas, elle lui dit avec un sourire un peu tiède "Ouais, j’ai promis." La prochaine fois, elle la fermerait en pensant bien faire, voilà ce qu’elle songea en ajoutant dans la foulée "Commence par celle que tu veux." Et là, elle croisa intérieurement les doigts pour qu’il garde sa délicatesse d’ordinaire pour ne pas attaquer trop fort, et lui laisser le temps de se faire à l’idée de devoir parler de choses dont elle ne parlait jamais.

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Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/ssoveiagifs

« C’est pas aussi risible que ça. C’est pas comme si ça arrivait pas tout le temps non plus. » - « Je ne me moque pas de toi. » Je l’affirme en attrapant sa main, en la guidant vers le canapé en espérant qu’elle me croît sans que je n’aie à me battre pour ça. « Tu sais pas. Elle va peut-être se réveiller un matin en ayant envie de savoir ce que ça ferait de vous avoir tous les deux sous le même toit. Je deviendrais l’ennemie à abattre. » Je secoue la tête, pour clamer à nouveau haut et fort que je ne crois pas à une éventualité ou la douce Posy entreprendrait de nous remettre ensemble Harleen et moi, ou même d’en avoir envie. « Ça arrivera pas, je dis pas juste ça pour te rassurer. » Ou pour endormir sa méfiance en scandant de vaines promesses. Ma petite fille n’est pas taillée pour ce genre d’attitude. « Quand elle a été en âge de comprendre qu’il y avait quelque chose de différent dans sa situation - » A son âge, la plupart des parents des autres petites filles et petits garçons sont encore ensemble et sont généralement mariés. « Elle a posé des questions. On lui a expliqué et elle a compris. » Elle sait que papa et maman l’aiment de tout son cœur, mais qu’ils ne s’aiment pas comme ça. Qu’ils ont cru, mais qu’ils ne le regrettent pas parce que grâce à cette méprise, Posy est arrivée et que les choses sont exactement comme elles sont censées être. Elle sait aussi que sa maman est avec quelqu’un depuis longtemps, et que papa est tombé amoureux de Jo.

« Pour commencer, j’espère que j’aurais réussi à lui apprendre d’autres insultes que con de père. J’ai mon top cinq personnel, c’est presque un devoir de le partager avec les jeunes générations. » J’éclate de rire avant de secouer la tête et d’effleurer ma barbe naissante du bout de mes doigts. « Ne sois pas trop dure avec moi hein ? Vas-y doucement. » Je suis capable d’apprécier l’idée qu’elle inculque des insultes et gros mots à ma fille, simplement parce que j’aime celle qu’elle tisse du lien avec elle. « Et ensuite, c’est pas dit qu’elle te détestera, même à l’adolescence. T’es génial avec elle. » - « Elle aura au moins honte de moi. D’ici là, je serai certainement devenu ringard. » J’attrape la main de Jo pour pouvoir la tenir contre moi et passer mon bras autour de sa taille. Je pose un baiser sur ses cheveux, et je laisse mon menton posé sur le sommet de son crâne. « Et elle aura aussi honte de moi que si j’étais un membre d’O-Town. » Et je ne vais pas mentir, j’ai peur du jour où je serai dépassé par la nouvelle génération, où je ne serai plus pertinent dans ce que je fais, mais un peu moins maintenant que j’ai récupéré Jo. Dire qu’elle donne un sens à ma vie serait certainement trop fort, mais être avec elle et l’avoir récupérée me donne la certitude que je ne suis pas passé à côté de tout.

« Je te demanderai pas de choisir entre elle et moi. Je suis une pétasse, mais pas une pétasse qui empêchera un père de passer du temps avec sa fille. » Je n’ai pas réellement peur qu’elle me demande de choisir, parce qu’elle a un cœur, Jo, et beaucoup de considération pour les autres en elle. Ce qui me fait peur, qu’est qu’un jour elle considère que ce serait plus simple pour elle de trouver quelqu’un sans bagage – je ne considère pas que Posy en soit un, mais elle pourrait l’estimer et ce serait son droit – et qu’elle me quitte à regret parce que ma fille existe. « Je sais que t’es capable de distribuer ton attention en fonction des situations. C’est pas, et ça deviendra pas, une compétition entre elle et moi. » - « Non c’est pas une compétition. » Elle est trop mature pour se disputer mon affection avec une petite fille de cinq ans. « Je ne dis pas que je n’aimerais pas, que vous tissiez un lien toutes les deux. » Mais Jo semble sur la retenue et je ne suis pas certain de savoir pourquoi. « Mais ce sera à ton rythme. Et vous avez chacune votre place, ça changera pas. » Et aucune d’entre elle n’a et n’aura jamais vocation à empiéter sur la place de l’autre. Je les aime de façons bien différentes, c’est évident. « Tu n’es pas très à l’aise avec elle, ou bien avec les enfants de façon générale ? » Et si c’est uniquement avec elle, pourquoi ? Je me doute que la réponse serait à cause de qui est son père, Posy étant elle-même bien trop gentille et douce pour que son comportement ou sa personnalité soit la racine du problème, si tant est qu’il y en ait un.

« Ouais, j’ai promis. » Et elle semble déjà regretter. Moi, je m’en veux parce que cela ne suffira pas à me faire faire marche arrière, parce que je suis avide d’en savoir plus certes, mais aussi parce que mon instinct me souffle qu’il faut que je sache. Je m’en veux parce qu’un homme bien aurait annoncé tout de go tu n’es pas obligée, et que je ne le fais pas, conscient qu’il s’agit d’une chance qui ne se présentera peut-être pas à nouveau avant longtemps. « Commence par celle que tu veux. » - « Sois pas nerveuse. » Je passe une main dans ses cheveux, avant de l’enrouler autour de ses épaules. « Je te jugerai pas, pour rien. » Certainement pas pour ce que ses maigres confessions sur son père me poussent à craindre avoir deviné. Toutefois, je décide de commencer en douceur et de ne pas l’attaquer directement sur ce chemin-là. Au contraire, je choisis une approche bien plus anodine, presque amusante parce qu’elle n’a pas vocation à nous abîmer ou en tout cas, je le crois. L’appel de son voisin dans l’après-midi m’offre l’opportunité d’aborder le sujet sans qu’il ne soit chargé de l’amertume que porte le nom de Micah, peut-être parce que j’ai la certitude qu’elle ne voit rien en Nicholas, à peine un ami. « T’es au courant que ton voisin, que Nicky est dingue de toi, rassure-moi ? » Je décale ma tête sur le côté pour pouvoir croiser son visage et qu’elle voit le sourire amusé qui illumine le mien.

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@Midas Sterling ☆ crédit/bodybebangin

Dans quelle mesure une enfant de l’âge de Posy était capable de comprendre la situation de sa maman et de son papa, Jo l’ignorait. Elle écouta Midas, le regardant avec le même air qu’une gamine à qui on inculque une notion trop exigeante pour son petit cerveau étriqué. Il semblait si convaincu par l’intelligence et par la nature douce et posée de sa fille que ça la rassura assurément, alors elle lui accorda un simple hochement de tête pour lui faire entendre qu’elle était prête à y croire. Elle n’était pas si inquiète à ce sujet en vérité, elle anticipait seulement les tuiles qui pouvaient lui tomber dessus, et c’en était une parmi tant d’autres. On dira ce qu’on voudra, elle était l’intruse. Elle avait cependant accepté l’existence de Posy avec la gorge serrée certes, elle ne pouvait décemment pas faire comme si elle n’était qu'un détail dans l’histoire de Midas. Ça ne l’avait pas fait fuir, au contraire du reste. Jo n’avait pas explicitement émis l’idée que sa paternité devienne un problème simplement parce que ça ne l’était pas, et qu’à défaut d’être très mature parfois, elle savait faire la part des choses.

Elle ne savait pas si son plan de détourner la conversation était en train de fonctionner. Elle décida le temps de quelques secondes de croire que oui, plissant les yeux en secouant la tête à la négative quand le mot ringard s’invita dans la conversation "Hm-hm, je te laisserai pas devenir ringard. Ça fait pas partie de mon plan pour nous, c’est un mot banni de ton vocabulaire." Si elle le pointa sévèrement du doigt, gentille mise en garde comparée à d’autres fois où elle avait été plus rude, elle retrouva vite son sourire en coin quand elle sentit son baiser sur ses cheveux, et laissa sa tête peser doucement contre son menton en réfléchissant un instant. Vu qu’elle, elle avait toujours honte de son père aujourd’hui, elle pouvait se permettre de donner son avis "Elle aurait honte de toi si t’étais le boulanger du coin, tu sais. C’est pas ta carrière qui va la mettre dans l’embarras, c’est juste le fait que tu sois son père." Et après une pause durant laquelle elle sut que ça allait lui arracher la langue de la mentionner, elle s'y efforça tout de même "Elle aura surement autant honte de Harleen." Et pour ce qu’elle en savait, elle aurait peut-être raison. Elle ne voulait pas savoir si c’était justifié, ayant autant envie d’apprendre à connaître la mère de Posy que de sauter en parachute. Peut-être qu’au contraire d’avec Posy, avec sa mère, ça resterait toujours une compétition malgré ce que Midas lui avait dit à New-York. Ça c’était induit pas sa jalousie maladive, et c’était son problème. Un qu’elle ne soulèverait pas là, reprenant à la suite du jeune homme qui la questionnait sur son rapport aux enfants. Ça la fit rire, réflexe nerveux qu’elle n’expliqua pas sur le moment, et se redressa contre lui, sa tête se décollant de son menton pour mieux se décaler contre le dossier du canapé. Elle lui accorda un long regard rieur par-dessous ses longs cils le temps de rassembler la bonne manière d’exprimer son ressenti à ce propos. Graduellement, elle arrêta de sourire, et secoua la tête pour anticiper ce qu’elle lui avoua avec sérieux "Je sais pas comment m’adresser à elle." Aux enfants de manière générale "Je suis pas restée une enfant très longtemps, je crois que j’ai pas les bons outils pour faire comme toi, comme tout le monde, et rester bienveillante. Je traite tout le monde de la même façon." Son premier instinct, ce n’était pas d’être tout sucre tout miel avec les gamins, mais d’être la peste de la cour de récré qui fait sa loi, comme elle le faisait tout le temps. Elle haussa les épaules, sa bouche marquant un mouvement vers le bas pour affiner son auto-critique "Je suis pas patiente en plus, ça aide pas." Et que ça lui faisait peur, voilà ce qu’elle taisait. Quand elle perdait patience Jo, ce n’était pas très joli à voir, et elle était la mieux placée pour savoir que ça laissait des marques — celles auxquelles elle tentait toujours d’échapper aujourd’hui, et là précisément, quand elle sentit que le vent était en train de tourner, et qu’elle allait devoir commencer à donner des réponses aux questions de Midas.

Tout en elle se tendit, c’était aussi flagrant qu’il s’en rendit compte. Pour que ce soit un peu moins le cas, elle se recula elle-même de lui pour qu’aucune de ses angoisses ne viennent l’atteindre davantage. Elle prit une profonde inspiration, et le laissa tout de même passer sa main dans ses cheveux, son bras autour de ses épaules, et dans le même temps, elle se laissa comme couler contre le renfoncement du canapé. Elle voulait se fondre dans le décor "J’ai pas peur que tu me juges." Il lui demanderait de quoi elle avait peur, aussi elle lui retira la corvée de lui poser cette question-là en tournant la tête pour le regarder, sa joue posée contre la matière duveteuse du canapé "J’ai peur que tu me regardes différemment." Qu’à partir des réponses qu’elle allait lui donner, il essaie de faire corréler ce qu’il connaissait d’elle à ce qu'il apprendrait, et que ça l’éclaire au point que la manière dont il la percevait change radicalement. L’idée la tétanisait. Mais peut-être qu’elle avait peur pour rien, que ce n’était pas si sérieux que ça, et que la boule qu’elle avait au creux du ventre, elle n’était justifiée que par ses traumatismes ; le prouva la première question qu’il lui posa et qui la laissa interdite deux bonnes secondes. Quand enfin elle laissa filer un éclat de rire, ce dernier était si authentique que ça la fit se redresser de sa position avachie pour le fixer presque sans ciller, incrédule. Si ce n’était que ce genre de questions qu’il lui poserait, ce ne serait pas si pire. D’ailleurs, ça la fit pouffer à nouveau avant que, manifestement soulagée, elle se mit à remuer pour réussir à se glisser sur ses genoux. Elle s’y assit avec un semblant de lenteur, souriant toujours en ne le lâchant pas des yeux, et finit par lui dire avec une pointe d’espièglerie, ses mains encerclant son visage, ses index traçant les contours de sa mâchoires avec délicatesse, alors qu’elle le regardait bien en face. T’es au courant que Nicky est dingue de toi "Et moi de toi." C’était LA réponse à donner, elle n’en voyait pas d’autre. Elle piqua son front d’une succession de baisers, longea la médiane de son visage avec sa bouche pour trouver la sienne, et l’embrassa avant de lui murmurer "Rassuré ?" Elle garda ses lèvres à proximité des siennes quand, ses doigts glissant près de l’encolure de son t-shirt pour sentir la chaleur de sa peau, la sienne s’étant refroidie à cause de l’imminence de ce qu’elle redoutait si fort, elle reprit un peu plus bas "Elle sort d’où ton analyse, de son coup de fil de cet après-midi ?" Se détendant à vue d’oeil en pensant qu’elle avait échappé à un vrai interrogatoire, elle ajouta dans un nouveau, et très léger, rire "C’est marrant que tu vois les choses comme ça, moi je pense que c’est de toi qu’il est dingue —" Ce qu’elle comprenait au demeurant, on frôle l’indécence niveau objectivité ici "— vu qu’il me parle de toi chaque fois que je le croise. Sans rire : t’es son obsession, pas moi." C’est sans doute le moment où elle aurait dû lui dire il te dit bonjour d’ailleurs mais elle ne lui dit rien de plus, un reste de rire lui échappant à nouveau pendant qu’encore une fois, pensant qu’elle ne risquait plus rien, qu’elle pouvait arrêter d’angoisser, elle entama à nouveau ses lèvres avec les siennes pour encore plus faire baisser la pression qu’elle avait traîné avec elle toute la journée.

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Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/ssoveiagifs

« Hm-hm, je te laisserai pas devenir ringard. Ça fait pas partie de mon plan pour nous, c’est un mot banni de ton vocabulaire. » Un sourire étire mes lèvres et je hoche la tête. « Si t’as un plan alors, je suis rassuré. » Et le pire, c’est que je la crois capable d’être au moins à moitié sérieuse concernant ce point-là. Jo a sa façon bien à elle d’imaginer les choses, de les voir se dérouler et, contrairement à la plupart des gens qui se contentent de rêver, la brune met généralement tout en œuvre pour voir les dits-rêves se réaliser. Même gamine, je suis sûr qu’elle était du genre à savoir ce qu’elle voulait et à tout faire pour l’avoir. « Elle aurait honte de toi si t’étais le boulanger du coin, tu sais. C’est pas ta carrière qui va la mettre dans l’embarras, c’est juste le fait que tu sois son père. Elle aura surement autant honte de Harleen. » - « Mais pas toi. Tu resteras toujours la personne la plus cool de son entourage, c’est certain. » Que ma fille aura aussi honte de sa mère que de moi, je n’en doute pas. Elle nous repoussera parce que nous incarnerons l’autorité parentale qui lui donne des consignes et des ordres qui iront dans le sens contraire de ce qu’elle imagine. Jo n’aura jamais ce rôle là, et elle sera ce qui peut le plus se rapprocher de la tante cool en étant la compagne de son père.

« Je sais pas comment m’adresser à elle. Je suis pas restée une enfant très longtemps, je crois que j’ai pas les bons outils pour faire comme toi, comme tout le monde, et rester bienveillante. Je traite tout le monde de la même façon. » Ce n’est pas "à cause" de Posy particulièrement, et je mentirais si je prétendais ne pas être soulagé. Savoir comment se comporter avec des enfants s’apprend, non ? Et Posy est d’une douceur et d’une patience à toute épreuve, Jo peut faire des erreurs avec elle sans que ma fille ne lui en tienne rigueur. « Je suis pas patiente en plus, ça aide pas. » Je hoche la tête sans la quitter des yeux, le regard baissé dans sa direction. « Je te promets que c’est pas si compliqué que ça. Et de ce que j’en ai vu pour l’instant, c’est pas vrai, que tu sais pas du tout y faire avec elle. » Je laisse ma main courir sur son bras, caresser son avant bras. « La façon dont t’en as fait ta "complice" tout à l’heure, en lui donnant l’impression d’être à part, c’était parfait. » Elle l’a autorisé à appeler sa grand-mère de la même façon qu’elle, avant de lui dire qu’elle était la seule à pouvoir le faire et de lui serrer la main. J’ai lu dans les yeux de Posy que l’attitude et les paroles de Jo l’ont tout de suite aidée à se détendre et se mettre à l’aise. « Les enfants… Ils ont pas besoin qu’on leur mente ou qu’on prétende que tout est rose, juste de leur expliquer les choses d’une façon qu’ils peuvent comprendre, et de leur donner le sentiment que quoi qu’il arrive on sera toujours là pour les protéger. » Ou en tout cas, ma fille, ou du moins il s’agit de ma façon de voir les choses. « T’en veux pas ? Des enfants ? » Peut-être que la conclusion est un peu rapide. Peut-être que je la tire sans avoir tous les tenants et aboutissant pour cela. Toutefois, pour l’instant, il ne s’agit pas de la discussion sérieuse concernant nos attentes à tous les deux en tant que couple pour notre futur, mais plutôt de curiosité sur ses envies et aspirations. Parfois, j’ai le sentiment que je la connais mieux que quiconque. D’autres, qu’elle est encore une immense énigme.

« J’ai pas peur que tu me juges. J’ai peur que tu me regardes différemment. »
« Je te regarderai pas différemment. »

Je peux l’affirmer sans même savoir exactement de quoi il en retourne, bien que je commence à m’en douter. Je peux le faire, parce que rien de tout ça n’est à propos de qui est Jo, et ce qu’elle a vécu ne changera jamais ça. Je la regarde avec des yeux qui brillent, avec toute l’objectivité - inexistante donc - de l’homme amoureux. « Je te regarderai pas différemment à cause de ce qu’il t’est arrivé et que t’as pas choisies. » Ce n’est pas notre vécu qui définit le genre de personne que nous sommes, mais nos choix. Si j’étais un plus beau parleur, je l’exprimerais comme ça, mais je suis bien plus doué avec les mots lorsqu'il s’agit de les accompagner d’une mélodie.

Si je ne l’attaque pas directement avec les questions qui m’intéressent le plus, c’est parce que je la sens bien plus tendue que je ne l’aurai imaginé. Alors, je m’applique à alléger l’atmosphère d’une question sans risque pour nous deux : je ne suis pas jaloux de sa relation avec Nicholas. Je l’ai déjà vu le traiter comme s’il était à peine digne de l’attention que l’on donne à un clébard, et lui en redemandait. Je doute qu’elle soit séduite par ce genre de personnalité, j’en suis même certain. Elle se rassied, m’attire contre elle et m’embrasse : je devrais aborder ce genre de sujet plus souvent. « Et moi de toi. Rassuré ? » - « Je suis pas inquiet. C’est pas ce genre de discussion. » Je la rassure : nous ne sommes pas en présence d’un nouveau Tomlinson. « Je me sens pas menacé par lui. Il a presque l’âge d’être ton père et je suis presque sûr que t’es pas particulièrement excitée par le tweed et les cols roulés. Je me trompe ? » J’esquisse un sourire amusé, avant d’ajouter. « C’était juste une observation. » Je hausse les épaules et je caresse sa joue, pour lui prouver, si d'aventure elle en avait encore besoin, qu’il n’y a pas la moindre tension dans l’air. « Elle sort d’où ton analyse, de son coup de fil de cet après-midi ? » Je laisse échapper un rire, avant de secouer la tête. « Oh non, ça date de bien avant ce coup de fil. Pourquoi tu crois qu’on traîne plus particulièrement ensemble ? » J’étais fatigué de ne voir rien d’autre que de l’envie dans ses yeux, de l’envie dans sa forme la plus ridicule, sans que je ne parvienne à comprendre s’il enviait la femme à mon bras ou ma notoriété, ou les deux. « Au bout d’un moment, j’ai estimé que ça devenait irrespectueux de te regarder avec un filet de bave au coin de la bouche et de se prétendre mon pote. » Je force le trait et suis à présent dans la caricature, en témoigne mon sourire amusé d’adolescent insolent. « C’est marrant que tu vois les choses comme ça, moi je pense que c’est de toi qu’il est dingue. Vu qu’il me parle de toi chaque fois que je le croise. Sans rire : t’es son obsession, pas moi. » - « Oh je te promets que non. » Elle a l’air sincère et je ne remets pas ça en question. J’éclate même de rire à la simple idée que le quarantenaire puisse être intéressé par moi tant l’idée me semble loufoque. « Tu siffles et il accourt. Je te promets que c’est pas moi qui l’intéresse. Tu t’en doutais vraiment pas ? » Ignore-t-elle tout de l’effet qu’elle produit chez les hommes ? « T’es la femme la plus désirable que j’ai jamais rencontrée, Jo. » Je l’affirme en glissant ma main dans sa nuque pour l’attirer près de moi et, après l’avoir narguée quelque secondes en laissant mes lèvres flotter près des siennes, je vole ses lèvres le temps d’un baiser. « C’est pas ma seule question, tu le sais, hein ? » Ce n’est même pas tant le genre de question que je voulais poser du temps. « Je voulais que tu te détendes un peu, j’aime pas te sentir angoissée. »

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@Midas Sterling ☆ crédit/bodybebangin

"Ça, c’est parce que je me suis fait des noeuds au cerveau pour trouver la meilleure approche à adopter avant que vous arriviez. J’étais un peu, tu sais." Nerveuse, mot qu’elle n’employa pas, le sous-entendant dans une grimace. Elle pouvait lui avouer, même si dans sa perception de la situation, répéter l’approche d’une gamine inoffensive comme on répète un putain de discours de remerciements, c’était placer le curseur pile sur ses névroses. En se revoyant penser à ce qu’elle pourrait dire à Posy, elle trouva ça franchement pathétique d'ailleurs. Personne de bien construit n’avait besoin d’autant se préparer à rester au contact d’un enfant, et elle le savait "T’es mignon de croire que j’ai ce genre d’instinct, mais je me vanterais pas d’avoir ce talent-là." Heureusement qu’elle en avait d’autres "Je suis trop pessimiste pour rassurer qui que ce soit et le faire se sentir en sécurité." En plus, si on la mettait au milieu d’une ribambelle de gamins, elle serait bien capable de les monter les uns contre les autres pour que ça finisse en baston générale. Elle sourit en coin à cette pensée qu’elle chassa vite pour pencher la tête sur le côté, et ajouter dans la foulée "Va falloir que tu me gardes à l’oeil et que tu me guides, j’ai pas envie d’avoir une mauvaise influence sur elle ou de lui faire du mal. Tu sais comment je suis, j’ai pas la notion de ce qu’il faut dire ou pas, surtout à une gamine." Elle n’avait pas envie qu’on le lui reproche non plus, chose qui lui arriverait à un moment où un autre, et pas nécessairement de la part de Midas dont la question suivante lui fit marquer une pause, son regard s’opposant au sien dans l’idée de deviner si elle devait y voir les prémices d’une discussion à propos de leur futur. Après une longue seconde d’observation, elle s’autorisa à penser que non, que ce n’était pas si profond, reconnaissant la curiosité dans son ton bien plus que l’envie détournée de lui soutirer quoi que ce soit. Elle détourna le regard, haussant les épaules en même temps "Je me suis jamais posée la question." Elle n’avait jamais rencontré quelqu’un qui l’avait faite se questionner à ce sujet, même si dans une certaine mesure, elle n’avait besoin de personne pour décider si oui ou non elle voulait des enfants. Dans les faits, ça ne lui avait jamais traversé l’esprit pour une raison simple "J’ai juste toujours pensé que les gens comme moi devraient pas en avoir." Quoique voulait dire les gens comme moi. Elle n’avait pour autant pas envie d’expliciter, préférant lui demander à la place "T’en voulais toi, avant d’avoir Posy ?" Elle ne ferait pas d’affront à la gamine en lui demandant s’il regrettait, sachant que non de toute façon, on ne pouvait toutefois pas dire que ça avait été un choix qu’il avait fait en toute connaissance de cause.

Elle n’était sûre de rien à propos des questions qu'il allait lui poser, elle n’était sûre de rien à propos de la manière dont il la percevrait après ça, même s’il répondit à ses craintes en la rassurant sur le fait que ça ne changerait rien. Il persistait un doute qui faisait grouiller sa nervosité dans chaque cellule de son corps qui se détendit une fois seulement qu’il lui posa sa première question "Et heureusement que l’es pas. C’est de Nicholas Hurley dont on parle." Pas d’inquiétude à avoir, donc "Il a surtout l’âge d’être mon frère et c’est comme ça que je le traite. Tu sais quel âge j’avais quand je l’ai rencontré pour la première fois ? 14 ans." Et dans le regard de la toute jeune et effrontée Josephine Carter, le voisin de ses grands-parents chez qui elle passait les vacances d’été représentait le summum de la ringardise. Elle avait appris à le connaître depuis, n’empêchait tout de même pas que de ce côté-là, ça n’avait pas beaucoup évolué, et que si elle restait dans son sillage, c’était en partie parce qu’il l’autorisait à le martyriser sans broncher, adhérant à ses reproches sans jamais les relever, aussi passif qu'il était trop âgé pour changer, de toute façon "Il se sapait déjà comme un grand-père à l’époque." ponctua-t-elle dans un rire goguenard, ses lèvres roulant l'une sur l’autre quand Midas caressa son bras, certainement pour la rassurer qu’il n’y avait pas de jalousie sous-jacente. Quoique, peut-être un peu si elle prenait en compte les raisons de la prise de distance des deux musiciens "Parce que t’es toi, et qu’il est… Nicholas ?" C’était presque un adjectif suffisant pour expliquer pourquoi ils jugeaient bon ne plus traîner ensemble. Elle plissa le nez, grimaça sans faire semblant que ça ne la dégoûtait pas un peu d’être confrontée aux observations de Midas qu’elle soupçonnait d’en faire un peu trop "Il me regarde pas avec un filet de bave au coin de la bouche. C’est le genre à avoir zéro libido, je sais même pas d’où il sort les paroles de ses chansons tellement je suis sûre que la dernière fois qu’il est passé sur quelqu’un, l’imprimerie avait pas encore été inventée." Et en vérité, l’idée que Nicholas puisse ressentir ce genre de choses pour elle, ça la mettait mal à l'aise d’une façon particulière qu’elle n’essaya pas de cacher quand il lui demanda si elle ne s'en était vraiment jamais rendu compte. Elle rentra le menton, outrée qu’il puisse penser le contraire sans pour autant en faire une affaire d’état "Jusqu’à y a pas longtemps, je croyais qu'il était gay. La seule relation dont il m’a jamais parlé, c’est celle qu’il a vécu il y a 100 ans avec un sale type, mon radar a pas détecté tout de suite qu’il jouait dans les deux équipes." Même si elle savait quel genre d’effet elle pouvait avoir sur les autres, être profondément dérangée par l’idée que ça puisse atteindre aussi Nicholas Hurley, ça l’avait fait sous-estimer son charisme. Elle se laissa attirer par Midas qui réaffirmait ce qu’elle savait "Ouais, mais être désirable, c’est pas une invitation à quoi que ce soit, j’espère que tu le sais." Il le savait, elle n’avait pas besoin qu’il le lui dise.

Elle l’incita à ne pas le faire en répondant au baiser qu’il lui vola après une seconde de torture, ses lèvres flottant près des siennes, et qu’impatiente, elle finit par capturer elle-même avant qu’il ne juge bon revenir sur leur marché passé dans l’après-midi. Qu’il le soulève à nouveau, ça lui fit lâcher un léger gémissement qui froissa tout ses traits quand elle recula son visage du sien, puis glisser ses mains le long de ses bras pour les poser sur sa nuque et lui dire avec pointe de supplication dans le ton "Je sais. Mais pense à tout ce qu’on pourrait faire là, pendant que Posy et nana dorment, et qu’il fait tempête dehors. On nous entendra même pas, écoute…" Elle tendit théâtralement l’oreille pour entendre le vacarme à l’extérieur, et enfin revenir à son point la seconde d’après avec un soupçon d’espièglerie dans ses yeux, tachant de sauver les apparences plus qu’autre chose "Je peux même promettre de rester silencieuse si y a que ça pour te convaincre." Elle en profita pour lui voler un autre baiser en riant doucement, ajoutant juste ensuite "Si on se fait envoler par la tempête, tu regretteras de pas avoir profité de ta dernière nuit avec la femme la plus désirable que t’as jamais rencontrée." Elle fit remuer ses sourcils en glissant ses doigts dans les cheveux sur sa nuque tout en sachant que c’était peine perdue de toute façon, qu’une promesse était une promesse, et qu’elle aurait beau lui lister tous les arguments possibles pour le détourner de son but, il y reviendrait sans cesse, aussi buté qu’elle l’était. Vaincue sans oser l’avouer tout de suite, elle se tut juste un instant, l’observant en prenant la mesure de l’inutilité de son entreprise pour le contraindre d’abandonner son interrogatoire, et sentit à nouveau des fourmillements au bout de ses doigts qu’elle délogea de ses cheveux en lui disant, se réinstallant à ses côtés en relâchant une profonde inspiration "OK. Arrache le pansement, qu’on en finisse."

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Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/ssoveiagifs

« T’es mignon de croire que j’ai ce genre d’instinct, mais je me vanterais pas d’avoir ce talent-là. » Il n’empêche qu’elle l’a fait et, bien qu’elle affirme qu’elle a eu besoin de réfléchir à deux fois et que tout n’est pas venu naturellement, il n’en reste pas moins vrai que son jugement a été le bon. Elle ne m’a pas demandé comment il fallait qu’elle agisse et ce qu’elle pouvait dire, si une façon d’agir était la bonne ou l’attitude à adopter. Connaissant sa fierté, je doute qu’elle ait posé la moindre question à qui que ce soit, ce qui prouve à mes yeux qu’au contraire, elle n’est pas entièrement dénuée d’instincts. « Je suis trop pessimiste pour rassurer qui que ce soit et le faire se sentir en sécurité. » - « Tu devrais te donner un peu plus de crédit. » Elle possède une confiance en elle infinie pour bien des domaines, mais celui là n’en fait pas partie et elle gagnerait à mon sens à se faire un peu plus confiance. « Va falloir que tu me gardes à l’oeil et que tu me guides, j’ai pas envie d’avoir une mauvaise influence sur elle ou de lui faire du mal. Tu sais comment je suis, j’ai pas la notion de ce qu’il faut dire ou pas, surtout à une gamine. » - « Je survivrai si tu lui apprends des jurons, tu sais. » Avec un sourire sur les lèvres, je caresse son bras. J’ajoute même, sur un ton de connivence. « Officieusement, je dirais même qu’il faut bien qu’elle les apprenne quelque part. Officiellement, je n’ai jamais dit ça. » Parce qu’il faudra que je sois capable d’avoir tout de même un peu de crédibilité lorsque viendra le temps de froncer les sourcils pour réprimander ma fille lorsqu’elle les emploiera. « Je te guiderai. » Si elle a besoin de ça pour la rassurer et qu’elle ressent plus de peur que d’animosité à l’égard de ma petite fille, c’est tout ce qui compte à mes yeux. Du reste, nous avancerons à son rythme.

« Je me suis jamais posée la question. » - « Tout le monde ne se la pose pas au moins une fois en grandissant ? » Je l’interroge sans jugement, mais parce qu’il me semble à moi qu’il s’agit du genre de question qu’abordent souvent les adolescents – et surtout les adolescentes – entre eux. Je ne la juge pas, jamais, tout ce que je fais, toutes les questions que je pose ne sont qu’une tentative de plus pour essayer de comprendre l’esprit de Jo Carter. « J’ai juste toujours pensé que les gens comme moi devraient pas en avoir. » Cette fois, je fronce les sourcils bien plus sérieusement, sérieusement attristé par sa vision de voir les choses ? « Pourquoi tu dis ça ? » Elle n’est pas obligée d’en vouloir, en revanche, elle a à mon sens l’interdiction de penser que cela lui est interdit à cause de je ne sais quelle raison. « C’est des conneries ça. Y’a pas de parent parfait, mais je suis sûr que tu serais une mère merveilleuse. » Si elle le voulait, et seulement si elle le voulait. « T’en voulais toi, avant d’avoir Posy ? » Je n’ai pas besoin de réfléchir longuement à cette question : j’ai beau ne jamais avoir trop eu y répondre – l’existence de ma fille est un secret pour beaucoup – j’y ai beaucoup songé à l’époque. « Oui. » J’ai grandi dans une fratrie et une famille soudée malgré nos différends, et j’ai toujours aspiré à avoir la mienne, de famille. « Pas si tôt, et j’imaginais pas que ce serait dans ces conditions, mais dans l’absolu, je savais que j’en voudrais un jour, ouais. » Et j’en veux d’autres, c’est une évidence pour moi, mais il est bien trop tôt pour aborder ce genre de sujet, qu’importe que nous nous connaissions depuis une éternité.

« Et heureusement que tu l’es pas. C’est de Nicholas Hurley dont on parle. » J’éclate de rire, achevant de prouver une dernière fois que le sujet n’est absolument pas source de la moindre tension de mon côté. Il a été source de contrariété, mais je n’ai jamais rien reproché à Jo dans le cas de figure présent. « Il a surtout l’âge d’être mon frère et c’est comme ça que je le traite. Tu sais quel âge j’avais quand je l’ai rencontré pour la première fois ? 14 ans. Il se sapait déjà comme un grand-père à l’époque. » - « Tu vas me dire, 14 ans, c’est un peu l’âge qu’il donne parfois l’impression d’avoir. » Si j’ai sincèrement apprécié Nicky fut un temps, son immaturité m’a toujours sauté aux yeux, alors que j’étais moi-même de dix ans son cadet. Et dans le genre inconsistant, le quarantenaire de se pose là également : et Jo m’a toujours donné l’impression d’aimer les hommes avec des l’ambitions et sachant ce qu’ils veulent. « Parce que t’es toi, et qu’il est… Nicholas ? » J’éclate de rire, caressant son avant-bras du bout des doigts. « Je suis presque certain que c’est un compliment, ça. » J’attrape les doigts de la brune entre les miens, et je les porte jusqu’à mes lèvres pour les embrasser. « Je suis habitué aux gens qui trainent autour de moi pour s’attirer un peu de lumière. Au début, j’avais la conviction que Nicky était pas un de ceux-là. Après, je me suis demandé s’il le faisait pas un peu pour attirer ton attention. Au final, ça n’avait plus la moindre espèce d’importance : ma patience a des limites. » Et comme je l’ai déjà affirmé, je suis un homme attaché à la notion de respect et, avec son crush d’adolescent sur Jo alors qu’il a passé la quarantaine, il faut dire qu’il me mettait aussi parfois sacrément mal à l’aise. « Il me regarde pas avec un filet de bave au coin de la bouche. C’est le genre à avoir zéro libido, je sais même pas d’où il sort les paroles de ses chansons tellement je suis sûre que la dernière fois qu’il est passé sur quelqu’un, l’imprimerie avait pas encore été inventée. » J’éclate de rire ; si j’avais besoin d’être rassuré, je l’aurais été immédiatement puisqu’elle ne pourrait pas faire état de plus de dégoût à l’idée que son voisin puisse être attiré par elle. « Si je te jure, le filet de bave et les yeux en forme de cœur. Je suis doué pour détecter ces choses-là, tu peux me croire. » J’en rajoute lorsque, théâtralement, je pose ma main sur ma poitrine pour lui faire cette promesse-là. En tout cas, j’arrive à mes fins : elle semble un peu moins sur la défensive et la réserve, même si je me doute que son attitude changera à nouveau radicalement lorsque j’aborderai l’autre sujet. « Jusqu’à y a pas longtemps, je croyais qu'il était gay. La seule relation dont il m’a jamais parlé, c’est celle qu’il a vécu il y a 100 ans avec un sale type, mon radar a pas détecté tout de suite qu’il jouait dans les deux équipes. » J’éclate de rire, un peu à cause de ce qu’elle dit, un peu parce que j’imagine à quel point l’homme a dû se sentir un peu con, confronté à la certitude de Jo. Je ne devrais pas, mais je ne suis qu’un homme. « Ouais, mais être désirable, c’est pas une invitation à quoi que ce soit, j’espère que tu le sais. » - « Je le sais. » Encore une fois, je ne suis qu’un homme : il m’arrive parfois d’être coupable de ressentir des bouffées de possessivité en la regardant mais, du reste, ne me mettent hors de moi que les fois où j’estime qu’elle dépasse les bornes avec son ex.

« Je sais. Mais pense à tout ce qu’on pourrait faire là, pendant que Posy et nana dorment, et qu’il fait tempête dehors. On nous entendra même pas, écoute… » Bien sûr que je suis tenté : je l’ai affirmé et je le pense, elle est désirable au-delà de l’entendement. Mais je sais aussi que l’opportunité de comprendre et d’avoir des réponses à mes questions ne se présentera peut-être pas une seconde fois, ou en tout cas pas avant longtemps. « Je peux même promettre de rester silencieuse si y a que ça pour te convaincre. » - « Tu sais que j’ai pas besoin d’être convaincu. » Mais, bien sûr qu’il y a un mais. Je l’embrasse à mon tour, mais je sens déjà qu’elle est plus tendue qu’il y a une minute. « Si on se fait envoler par la tempête, tu regretteras de pas avoir profité de ta dernière nuit avec la femme la plus désirable que t’as jamais rencontrée." » - « C’est moche de profiter de ma faiblesse, tu sais. » Parce que faible, je le suis face à ses yeux sombres. S’il n’était question que de curiosité, j’aurais certainement baissé les armes. Sauf qu’il est question d’inquiétude, et que son sort me concerne trop pour que je sois si facilement distrait. « OK. Arrache le pansement, qu’on en finisse. » Doucement, je caresse son bras pour la rassurer. « Jo, je suis de ton côté… » Je ne suis pas un paparazzi trop curieux ou un journaliste qui cherche à trouver le scoop de l’année à vendre au plus offrant. « Tu as peur de ton père, pas que pour Posy. Tu as peur de lui tout court, vrai ou faux ? » Répondre par oui ou non sera peut-être plus simple pour elle. « Tu as peur de lui à cause de la façon dont il se conduisait avec toi quand t’avais son âge ? » A-t-elle encore peur de lui ? A quel genre d’énergumène ai-je réellement à faire ?

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@Midas Sterling ☆ crédit/bodybebangin

"Toi, peut-être. Mais, elle ?" Elle sous-entendu Harleen. Si Jo étoffait le vocabulaire de sa fille avec des jurons, quelle serait sa réaction ? Ce n’était pas le genre de sujets qu’elle voulait aborder, notamment parce qu’elle voulait éviter à tout prix de songer aux quelques mois que Midas avait passé avec une autre, mais il fallait se rendre à l’évidence : il n’avait pas fait un enfant tout seul. Elle savait que ça lui pendait au nez, d’être contrainte à la phase-test pour qu’on estime si oui ou merde, elle était assez bien pour rester en contact prolongé avec Posy. Et puisque déjà, l’entourage de Midas la plaçait d’emblée dans la case de ceux susceptibles de lui faire du mal à lui, elle n’avait pas bon espoir quant à l’idée qu’on la juge autant susceptible de faire du mal à la petite. Elle ne voulait pas penser aux conséquences de ça, pour autant elle n’ignorait pas que ça jouerait en sa défaveur auprès d’un Midas déterminé à prendre davantage de responsabilités auprès de sa fille. C’était pour cette raison qu’elle marchait sur des oeufs en n’édulcorant pas le fait avéré qu’elle avait des progrès à faire dans ce domaine, et ce peut-être en exagérant un peu pour se laisser une marge d’erreur que Midas semblait prompt à lui accorder pour l’heure, s’en amusant en se rendant complice des envolées obscènes de la chanteuse. Ça ne durerait pas, elle était résolue à apprendre toutefois, et apprécia qu’il accepte de la guider au sujet de tout ça, le remerciant d’un baiser qu’elle planta pas tout à fait sur ses lèvres, juste à leurs commissures, son nez creusant juste un instant contre sa joue pour mieux qu’elle se recule une seconde après, alors que le sujet des enfants était soulevé de manière plus générale.

Elle rit très légèrement à sa question, sa tête se secouant en même temps "Non, moi j’étais trop occupée à réfléchir à qui j’allais devenir pour penser à ce genre de choses." Sans mentir. Elle n’était pas passée par cette phase où soi-disant toutes les jeunes filles s’imaginent mariées et mamans. Jo, elle s’imaginait sur une scène avec sa troupe de danseurs et ses musiciens, à éblouir le monde avec ses prouesses vocales, à les envoûter avec sa vision et son charisme, aussi ça n’avait jamais laissé la place à autre chose, mettant en évidence son caractère on ne peut plus égoïste qui lui avait fait réaliser quelque chose : elle n’était pas faite pour élever qui que ce soit de toute façon. Elle haussa les épaules en l’affirmant plus ou moins, s’attirant le froncement de sourcils de Midas qui l’interrogea pour qu’elle explicite. Elle le fit, sans aucune espèce d’hésitation "Parce que je suis trop égoïste et trop en colère, je crois pas que ce soit compatible avec l’éducation d’un enfant." Et qu’elle savait ce que c’était d’être élevée par des parents égoïstes et en colère, mais ça elle ne le dit pas, pas tout de suite en tout cas, se laissant cueillir par les affirmations du jeune homme qu’elle fixa durant une infinie seconde. Je suis sûr que tu serais une mère merveilleuse "Dit-il, plein d’objectivité." Et si elle se moqua de lui, c’était pour mieux pudiquement avouer que ça la touchait qu’il lui dise ce genre de choses, même si elle peinait à y croire pour des raisons diverses qui ne remettaient absolument pas en doute la sincérité qu’elle voyait briller dans ses yeux dont elle frôla les paupières avec son pouce, laissant sa joue se poser contre la matière duveteuse du canapé quand lui, se montra bien moins tranché qu’elle sur le sujet "Et t’en veux d’autres ?" Elle lui posait la question juste parce que c’était dans la continuité de la conversation, pas pour mettre en perspective leur futur commun. Elle aurait posé la question à n’importe qui d’autre, pour ce que ça valait.

"Je crois qu’il a pas eu une vie facile." Pour oublier qu’elle allait bientôt être mise sur le grill, Jo se laissa voguer vers la maison d’en face, l’un de ses habitants devenant le sujet tout désigné d’une conversation prétexte, abordée pour la détendre. Laissant ses doigts au bon soin de Midas, elle le regarda avec un mélange de douceur et d’adoration, ne regrettant pas un instant qu’il soit venu se confiner avec elle malgré l’imminence de son interrogatoire. Elle n’était pas honteuse de tourner en dérision ce qu’il soupçonnait d’animer son ancien comparse, s’en moquant au sens propre comme au sens figuré, plus dérangée par l’idée d’être l’objet du désir de quelqu’un qu’elle appréciait certes, qui l’agaçait quand même bien plus souvent que le contraire "Ouais, j’ai déjà eu cette impression, moi aussi." Au sujet de la manière dont Nicholas voulait attirer son attention "Ça m’arrive de lui donner des conseils. Une fois sur deux, ils lui passent au-dessus, ça me laisse le sentiment qu’il fait exprès de camper sur ses positions pour que je le bouscule un peu. Il doit bien aimer ça." Et comme c’était facile de faire monter Jo en pression, il y arrivait la plupart du temps "T’as besoin que je mette les choses au clair avec lui ?" Elle le lui demandait au cas-où, mais elle n’avait pas le sentiment que c’était utile étant donné le ton de la conversation, et le fait qu’encore une fois, c’était de Nicholas dont ils parlaient. Elle plissa le haut du nez, le rapprochant de celui de Midas pour l’effleurer en ricanant doucement à la suite de sa phrase "Ouais, t’es doué  pour les détecter parce que tu sais de quoi tu parles. T’en as un peu là." De la bave, qu’elle fit mine de tamponner avec sa propre manche contre sa bouche avant de s’écarter en riant un peu plus, sa détente ne devenant plus qu’un mauvais souvenir au plus elle prenait conscience que ça y est, les vraies questions débutaient.

Qu’importaient comment elle comptait le corrompre, ça ne prenait pas comme d’habitude. Ça lui faisait presque regretter de lui avoir promis ses confidences. Elle laissa filer un — "Hm." — en guise se je sais quand il lui rappela qu’il était de son côté, et prit une profonde inspiration en écoutant ce qu’il avait à lui demander alors qu’elle guidait ses caresses en gardant ses doigts enroulés autour de son poignet ; et puis le bout de ses doigts s’attardèrent sur les siens comme d’ordinaire, trouvant les cals qu’ils avaient sous leur pulpe à cause de la pratique de sa guitare dans un geste de réconfort silencieux. Au début, elle agit comme elle faisait d’habitude, soit pas très sérieusement, en lui répondant avec une pointe de malice surjouée "C’est pas un truc universel, d’avoir un peu peur de ses parents ?" Sinon pourquoi tant redouter l’action de faire des bêtises ? Elle lui donna un sourire en le lui demandant, mais il s’effaça au fur et à mesure qu’elle constatait qu’il voulait savoir la vérité, et que s’il ne lui reprocherait pas de contourner le sujet, il n’apprécierait néanmoins pas qu’elle lui agite une promesse sous le nez pour la lui retirer quand elle se jugeait inapte à se livrer. Alors le silence perdura un temps, ses yeux accrochant les siens pendant une durée tout aussi longue. Enfin elle consentit à lui répondre "Vrai." Elle détourna les yeux en même temps, ne lâchant pas sa main pour autant "Faux." Elle décida de répondre de cette manière aussi à sa question suivante, mais explicita dans la continuité "Pas quand j’avais son âge. En fait, quand j’avais son âge, c’était plutôt pas trop mal d’être sa fille." Elle laissa sa tête basculer contre le dossier du canapé, sa respiration lui échappant à nouveau pendant qu’elle essayait de réunir les bons mots à utiliser pour expliquer cette dynamique particulière qu’il y avait entre elle et ses parents, entre elle et son père plus précisément "À l’âge de Posy je savais déjà ce que je voulais faire tu sais, et il s’en est vite rendu compte. C’était pas si compliqué à deviner, j’étais pas une petite prodige, mais pas loin, et comme on chantait tout le temps à la maison, c’était plus qu’une évidence." Et son père en particulier avait été un allié à cette époque parce qu’il croyait en son talent, qu'il avait voulu qu’elle le cultive autant que faire se peut. Pas pour les bonnes raisons, elle s’en était aperçue bien plus tard "Je suis devenue sa préférée principalement à cause de ça, et ça me dérangeait pas. J’étais une gamine qui avait besoin d’attention, comme tous les gamins j’imagine, et mon père me donnait l’impression que j’étais rare. Je crois que j’ai eu de la chance de ce côté-là." Elle roula ses lèvres l’une sur l’autre, pensant à ses frères qui firent irruption dans ses explications "Les garçons aussi avaient son attention, mais pas de la même façon. Ils étaient bons, très bons… t’aurais dû voir la manière dont ils se synchronisaient sur scène, j’ai jamais revu ça." Elle n’était peut-être pas proches de ses frères aujourd’hui, elle restait convaincue de leur talent à chacun. Au contraire de leur père qui ne misait que sur un seul cheval "C’était pas suffisant pour lui. J’ai pas tout de suite saisi que c’était pas normal qu’ils les traitent comme il le faisait, mais j’ai grandi, et ça m’a plus semblé très juste." De voir Lee recroquevillé dans un coin de la pièce juste parce que son père venait d’approcher, de le voir se tendre juste parce qu’il haussait le ton ; elle en ferma brièvement les yeux, secouant la tête en se mettant à rire alors qu’elle remontait dans ses souvenirs, certains plus difficiles que d’autres. C’était plus une façade qu’autre chose, ce petit rire, reprenant en se rasseyant un peu mieux dans le canapé, ses doigts s’intercalant entre ceux de Midas qu’elle ne regardait plus quand elle rouvrit les yeux "Je dirais pas qu’il s’est mis à me détester, mais j’avais plus de caractère que les autres, et c’était pas dans son projet. Je me suis trop souvent interposée." Trop souvent, voulant dire tout le temps jusqu’à ce qu’elle décide de quitter Dalby pour Sydney. Le temps lui avait paru interminable de ses 10 à ses 16 ans "Franchement, j’étais pas très différente d’aujourd’hui. J'étais une adolescente difficile à canaliser, je méritais parfois quelques gifles." Là encore, elle voulait faire passer sa phrase pour un peu d’ironie histoire de noyer le poisson et ne pas admettre ouvertement qu’elle les avait bien reçues, ces gifles. Elle laissait Midas à son interprétation, préférant conserver le silence un instant — mais compte tenu de la manière dont elle était tendue, de la manière dont elle évitait de le regarder surtout, ce n’était pas difficile de savoir qu’il n'y avait absolument rien d’ironique là-dedans.

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Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/ssoveiagifs

« Toi, peut-être. Mais, elle ? »
« Crois moi, Harl’ est pas la dernière à pas être un exemple de sainteté. »

Que ma petite amie jure devant notre fille ne changera rien à ça. Sa mère est loin d’être une bienpensante, une grenouille de bénitier qui s’indignerait d’entendre un juron sortir de la bouche de sa fille. Je ne prétends pas que l’éducation de Posy ne compte pas pour elle, ce serait terriblement faux, simplement, mon ex est un esprit libre qui pratique une éducation résolument moderne, et elle-même n'aspire pas à être un modèle de perfection et elle a bien des défauts, mais elle n’exige pas des autres ce qu’elle-même n’est pas.

« Non, moi j’étais trop occupée à réfléchir à qui j’allais devenir pour penser à ce genre de choses. » Je hoche la tête sans ajouter la moindre chose, soucieux de ne pas lui donner l’impression que je la juge ou, à minima, je décide de ce qui devrait être la normalité et, par conséquent, ce qui est défaillant. Ma question était d’une naïveté toute masculine, basée sur rien de plus des préjugés sur la gent féminine et de la surprise d’entendre que certains ne se sont jamais posé la question. A aucun moment, elle n’avait valeur de jugement et je n’ai pas envie de commettre d’impair qui laisserait Jo penser que je juge ses choix, son parcours ou ses aspirations. Si elle me disait être certaine qu’elle ne veut pas d’enfant, je l’accepterais sans que cela ne change pas conception de la femme qu’elle est. Bien sûr, plus tard, cela m’attristerait puisque cela entrerait en directe contradiction avec ce à quoi moi j’aspire, mais je sais qu’entre elle et la perspective imaginaire d’une grande famille sans elle, je la choisirais elle. « Parce que je suis trop égoïste et trop en colère, je crois pas que ce soit compatible avec l’éducation d’un enfant. » - « Tu n’es pas égoïste. » Parfois, elle est un peu égocentrique, mais du reste, elle est aussi capable de donner et de le faire avec beaucoup de tendresse : il me suffit de voir la façon dont elle s’occupe de sa grand-mère. Elle n’attend rien en retour. Ni gloire ni ode à sa dévotion. Elle le fait parce qu’elle tient à elle et qu’elle n’imagine pas les choses autrement qu’elle le ferait également avec son enfant, si elle était mère : j’en suis persuadée. « Dit-il, plein d’objectivité. » Je fais claquer ma langue contre mon palais en signe de désapprobation, avant de secouer la tête. « Je suis pas objectif te concernant sur pleins de sujets. Mais pas là-dessus. » Et je glisse une main derrière sa nuque pour ajouter. « Et Ava serait d’accord avec moi. » Le reste de sa famille a l’air de n’être composé que d’ingrats, ou c’est en tout cas le sentiment que j’en ai grâce aux bribes que j’arrive à lui soutirer. « Et t’en veux d’autres ? » Cette question-là, j’y songe quelques secondes avant de répondre. Je ne le fais pas parce que je doute de ma position sur le sujet, mais bel et bien parce que je m’interroge sur ce que ma réponse pourrait nous mettre dans une situation délicate ou même nous abimer. « J’aimerais, oui. » Posy me comble et quand je rêve à mon avenir, je m’imagine entouré d’une vraie famille dont ma première née ferait partie, à part entière, mais composée également d’autres enfants qui grandiraient à mes côtés. Peut-être est-ce à cause de mon modèle familial. Peut-être est-ce une preuve de plus que je n’emprunte pas la voie en adéquation avec l’homme que je suis ou peut-être devrais-je comprendre que mes ambitions professionnelles et personnelles ne sont pas compatibles. Je l’ignore, ce que je sais, c’est que je n’ai pas l’intention de cacher la vérité : je n’en ai pas honte. « Je suis confiant sur ce que la vie, la destin - » Qu’elle désigne ça comme elle le souhaite. « - a à m’offrir. »

L’enfance et la vie de Nicholas ne m’intéressent pas. Je suis généreux et empathique, mais lorsque j’estime qu’exagération il y a je ne fais plus marche arrière. A partir de là, je ne pleurerai pas sur son sort. Je me contente de laisser un discret rire m’échapper lorsque Jo charge la mule un peu plus, avant de ressentir une bouffée de reconnaissance pour la chanteuse lorsqu’elle me pose une question bien plus sérieuse. « T’as besoin que je mette les choses au clair avec lui ? » Elle est prête à le faire quand, dès qu’il est question de Micah, elle est sur la défensive. Est-ce que cela devrait m’inquiéter ? Devrais-je au contraire comprendre que j’ai abordé le sujet bien plus intelligemment cette fois et en faisant preuve de plus de finesse ? Je ne me torture pas avec ces questions, au contraire, je lui réponds après un bref silence. « Je mentirais si je te disais que ça ne me plairait pas. » Parce que cela me satisferais, cela calmerait ma jalousie latente de savoir qu’elle est capable de mettre les choses au clair avec un homme qui la convoite de façon éhontée, cela calmerait ma jalousie qu’elle le fasse, tout simplement. « Mais non, je n’en ai pas besoin. Je te l’ai dit : je ne me sens pas menacé. » C’est à son ex, que je lui ai demandé de poser des limites. Concernant son voisin, je n’ai jamais trouvé l’attitude de Jo déplacé ou ambigu : ce n’est pas sa faute s’il a des idées lubriques dès qu’il pose son regard sur elle, et ce malgré le fait d’être bien trop vieux pour Jo. « Ouais, t’es doué pour les détecter parce que tu sais de quoi tu parles. T’en as un peu là. » Elle fait mine de m’essuyer le coin de la bouche et moi de la repousser gentiment. «Et toi tu sais de quoi tu parles parce que t’es complètement folle de moi. » Un sourire à moitié suffisant et totalement amusé étire mes lèvres, je la provoque volontairement tout en sachant que la suite de la conversation ne s’annonce pas aussi légère.

J’avance à tâtons. Je m’aventure sur un terrain glissant, j’en suis parfaitement conscient, et il y aura une limite à ce que sa promesse implique. Elle se refermera comme une huitre si je me montre trop brusque ou trop pressant. Je pose mes questions une à une, je lui permets même des réponses par oui ou non, dans l’espoir qu’elle s’ouvre petit à petit.
 
« Vrai. » Elle a peur de lui.  
« Faux. » Elle n’a pas peur de lui depuis toute gamine.

Elle tourne la tête, et plutôt que de la forcer à me regarder – ce n’est pas le moment, je la laisse se défiler – je serre un peu plus fort ses doigts entre les mien. Je ne comprends pas tout, je ne comprends pas grand-chose mais j’ai de plus en plus un terrible pressentiment concernant toute cette histoire. « Pas quand j’avais son âge. En fait, quand j’avais son âge, c’était plutôt pas trop mal d’être sa fille. À l’âge de Posy je savais déjà ce que je voulais faire tu sais, et il s’en est vite rendu compte. C’était pas si compliqué à deviner, j’étais pas une petite prodige, mais pas loin, et comme on chantait tout le temps à la maison, c’était plus qu’une évidence. » L’histoire n’est pas terrifiante, pour l’instant. Elle ne donne pas raison à l’inquiétude viscérale que je ressens mais je la sais justifiée, je le pressens et j’attends la suite, la mâchoire de plus en plus contractée. « Je suis devenue sa préférée principalement à cause de ça, et ça me dérangeait pas. J’étais une gamine qui avait besoin d’attention, comme tous les gamins j’imagine, et mon père me donnait l’impression que j’étais rare. Je crois que j’ai eu de la chance de ce côté-là. » Mes doigts caressent doucement l’intérieur de son avant-bras, l’intérieur de son poignet avec la plus grande des tendresses. Si elle n’évitait pas mon regard, elle y lirait tout l’amour dont il témoigne. « Les garçons aussi avaient son attention, mais pas de la même façon. […] C’était pas suffisant pour lui. J’ai pas tout de suite saisi que c’était pas normal qu’ils les traitent comme il le faisait, mais j’ai grandi, et ça m’a plus semblé très juste. » C’est là que la success story prend un tournant bien plus dramatique, je le sens. « Comment exactement pas de la même façon ? » Se comportait-il en tyran en terrorisant ses fils par les mots, ou bien pire encore ? « Je dirais pas qu’il s’est mis à me détester, mais j’avais plus de caractère que les autres, et c’était pas dans son projet. Je me suis trop souvent interposée. » Tout mon poil se hérisse, alors que je l’imagine à peine plus haute que trois pommes, encore toute jeune – pas l’âge de Posy si j’ai bien compris, mais loin d’être une adulte pour autant – se placer entre son père et l’un de ses frères pour prendre sa défense. Hurlait-il ? Levait-il la main sur ses fils ? S’est-il mis à le faire sur elle ? « Franchement, j’étais pas très différente d’aujourd’hui. J'étais une adolescente difficile à canaliser, je méritais parfois quelques gifles. » Mon sang se glace dans mes veines et, désolé par les confidences qui arrivent enfin, je déglutis avant de passer une main dans mes cheveux. L’autre, elle garde celle de la brune prisonnière. Je ne le contrains pas toutefois. Je crois qu’à l’instant où elle me fait ces confidences, je m’assure même d’être l’homme le plus doux du monde. Sa tentative de noyer le poisson, elle ne fonctionne pas. « Quelques gifles ? » J’en reçu quelques corrections de façon exceptionnelle et lorsque j’allais trop loin ; même le gamin sage que j’étais a fait son lot de connerie. Sauf que je n’ai pas l’impression que ce soit juste ça qu’évoque Jo et cela induit deux choses chez moi : d’une, j’ai terriblement mal au cœur. De deux, je suis pris de l’envie subite d’écraser mon poing dans le nez de son père. « Elles allaient jusqu’où ces quelques gifles exactement ? » Sur l’échelle de la tape sur la main jusqu’à l’imaginer la cogner, où nous nous situons nous ? « Il te faisait mal ? Vraiment mal ? » L’idée me serait intolérable et provoquerait chez moi une colère qui pointe rarement le bout de son nez. « Tu as encore peur aujourd’hui. » Ce n’est pas une question, je l’ai déjà constaté. « Il te fait encore du mal ? » Je ne veux pas faire subir d’interrogatoire à ma compagne, mais j’ai besoin de savoir et, surtout, j’aurai besoin d’agir.

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@Midas Sterling ☆ crédit/bodybebangin

Harl. Ce n’était pas grand-chose, elle le soupçonnait même de ne pas s’être aperçu d’avoir appelé la mère de sa fille de cette façon, ça témoignait pourtant d’une complicité qui fit lâcher à Jo un léger rire par le nez. En même temps, elle baissa la tête en se disant qu’elle aurait beau faire tous les efforts du monde et ne jamais tenir Posy responsable de quoi que ce soit à propos de ses parents et de leur histoire, aussi courte avait-elle été, elle ne pourrait jamais, même dans un futur proche, avoir assez de maturité pour laisser le bénéfice du doute à sa mère en se mettant à l’apprécier. Elle se foutait de ce que ça disait d’elle, elle n’était plus à ça près. Néanmoins, elle savait déjà que ne pas semer les graines de la discorde serait une torture tant elle était du genre à ne pas savoir prendre sur elle, restait à voir si Midas lui laisserait là aussi le droit à l’erreur. Peut-être pourrait-elle compter sur son manque d’objectivité à son égard, lequel fût rapidement mentionné lorsqu’elle lui expliqua pourquoi de son point de vue, les gens comme elle ne devaient pas se reproduire "Tu devrais commencer à l’être un petit peu plus, tu vas te faire des ennemis à chanter mes louanges." Un léger sourire fendit un côté de son visage. Gardant le silence en ne sachant pas quoi dire, ne tenant pas à lui donner le sentiment de quémander un quelconque réconfort à ce sujet qui ne la torturait pas autant que d’autres, elle plissa les paupières en n’ayant pas besoin de chercher longtemps dans ses yeux la sincérité dont il la gratifiait à ce moment-là. Ava serait d’accord avec lui à propos de son absence d’égoïsme, mais Ava était à peine capable de la reconnaître à des moments donnés, alors sans doute que ça laissait à Jo l’opportunité de remettre en doute la parole du jeune homme qu’elle ne lâcha pas du regard toutefois, recevant sa réponse à propos de ses aspirations de grande famille en même temps "Hm, Posy va finir par s’ennuyer toute seule dans ce ranch dont tu parles tout le temps." Elle ne se moquait pas de lui, elle n’osa juste pas dire autre chose, plaisanter sur l’idée d’un petit garçon aux yeux aussi bleu que les siens et à la peau mate — parce qu’elle, elle avait la peau mate, c’était aussi mièvre que ça. Elle regretta presque que ça lui frôle l’esprit, opinant simplement à ce qu'il ajouta par la suite sans juger nécessaire de le rassurer sur quoi que ce soit au sujet du destin à qui il semblait faire une confiance aveugle parce qu'il avait été plutôt clément avec lui jusqu’ici.

Pas comme pour Nicholas "Me fais plus jamais remarquer que je suis jalouse. Tu tiens un sacré niveau dans le domaine, toi aussi." Cette fois, elle se moquait de lui sans pour autant être très sérieuse, fronçant le nez pour qu’il décèle la taquinerie avant qu’elle ne redevienne appliquée dans sa volonté de ne pas laisser son voisin se faire la moindre idée "J’irai quand même vérifier ta théorie. J’ai rien contre lui, mais j’ai plus envie de provoquer ce genre de trucs chez les autres." C’était presque un aveu qu’elle en avait eu envie — besoin, plus précisément — à un moment donné de sa vie. Mais il suffisait de la regarder pour le savoir, ce n’était pas un scoop tant elle savait attirer l’attention, s’en nourrissant sans juger ça utile d’en laisser un peu pour les autres, trop gourmande. Là, elle avait tout ce qui lui fallait avec Midas ; elle avait certes toujours le besoin qu’on la remarque, et sans aucun doute que ça, ça ne changerait jamais, cependant elle réussissait de mieux en mieux à comprendre qu’être désirée par n’importe qui et en jouer, ça ne servait pas son amour propre, bien au contraire. Faisant glisser ses doigts dans sa propre manche après avoir fait mine d’essuyer l’écume sur le menton de Midas, elle lui fit remarquer en haussant les sourcils et en tachant de rester hors de sa portée le temps de lui dire avec son éternelle mine de mauvaise foi accrochée au visage, ses sourcils se rejoignant presque quand elle les fronça fort "On était pas en train de parler de comment moi je suis complètement folle de toi, je te rappelle." Mais t’as pas tort, c’est ce que disaient ses yeux qu’elle grossit juste un peu, pouvant se permettre de jouer l’espièglerie quelques secondes encore.

Mais ça lui passa vite. Les questions de Midas étaient justifiées évidemment, elle comprenait que son but n’était pas de l’acculer, mais Jo ne parlait pas de sa famille, c’était plus qu’une promesse qu’elle s’était faite en décidant de la quitter. Elle sentait les doigts de Midas parcourir sa peau, c’était encore tout ce à quoi elle pouvait se raccrocher pour ne pas se laisser tétaniser par ce qui lui pendait au nez, et qui la ferait avouer qu’elle avait été une enfant si ce n’était maltraitée, au moins assez bousculée pour qu’elle ne réussisse justement pas à en parler. Elle prit une inspiration trop légère pour que ça la soulage vraiment, tournant la tête vers lui pour lui dire sans agressivité, même si dans d’autres circonstances, elle se serait forcément braquée et que la discussion aurait tourné court. Mais elle avait promis, et elle tenait ses promesses "J’ai besoin que tu sois un peu perspicace là, Midas." Pas qu’il s’imagine le pire non plus, mais qu’il saisisse les perches qu’elle lui tendait pour faire le reste du chemin seul étant donné qu’elle était sûre d’une chose, et elle le lui avoua dans la foulée "Parce que c’est déjà difficile pour moi de faire ce que je suis en train de faire, et que je suis pas sûre de réussir à tout te dire." Mais comme ce serait la seule fois qu’elle le ferait jamais, il fallait peut-être qu’elle se fasse violence ? Elle n’en savait rien, et ça la fit garder le silence un instant, baisser de nouveau la tête aussi, et ce pendant que ses doigts restaient entrelacés à ceux de Midas qui lui demandait la portée exacte des gifles qu’elle avait essuyées étant plus jeune ; la caresse de son pouce sur le dos de sa main s’accéléra sans qu’elle ne le veuille vraiment, et elle bloqua sa respiration dans sa poitrine pour la relâcher en décidant de la tournure de sa phrase qui lui brûla la langue. Pas assez pour l’arrêter "Moins loin que les coups de ceinture qu’il donnait aux garçons." Elle releva son regard dans le sien, et secoua la tête après lui avoir laissé un temps pour accuser le coup "J’ai jamais terminé à l’hôpital si c’est ce que tu te demandes. J’ai dû apprendre à cacher des traces avec du maquillage et à rendre les coups pour être capable de les lui retourner au cas-où. Je me suis entraînée à l’école, j’ai martyrisé les gamins qui s’en prenaient à Laurie à l’époque." Elle n’en était pas si honteuse que ça, mais c’était un autre débat ; le vrai débat c'était qu’elle l’avait fait au cas-où les gifles ne seraient plus assez satisfaisantes. Ce qui n’était jamais vraiment arrivé par ailleurs, et elle l’assura à Midas dont elle anticipa la colère en posant son autre main à la base de son cou, lui tournant la tête pour qu’il la regarde mieux encore "C’est jamais arrivé. Je suis partie avant. Si j’avais pu le faire avant mes 16 ans, j’aurais pas hésité un seul putain d’instant." Mais elle avait déjà quitté la maison si jeune, le faire avant ça aurait été amenuiser ses chances de tourner pas trop mal. Elle lâcha la main de Midas, enleva la main de son cou dans un même mouvement, seulement pour coincer une mèche de ses propres cheveux derrière son oreille et se rapprocher et se tourner complètement vers lui, une jambe repliée sur le canapé en reprenant tout bas, craignant d’être entendue alors qu’ils étaient seuls, la tempête servant de fond sonore "Tu comprenais pas pourquoi je tenais autant à m’excuser pour la gifle que je t’ai donnée —" Inutile de donner un contexte à tout ça, il savait "— c’est à cause de ça. Je sais que j’ai pris tous ses défauts, et que je suis incapable de gérer mes émotions exactement comme lui est incapable de le faire. Je veux plus me comporter comme ça, encore moins avec toi." Et qu’à défaut d’avoir jamais su travailler sur ça, elle sentait qu’elle ne voulait pas reproduire ce schéma, même si elle s’était cachée derrière un temps infini par peur d’admettre que son éducation avait été dévastatrice à bien des niveaux ; au point que ça paraissait flagrant qu’elle avait peur de son père, la certitude que laissa filer Midas en continuant de l’interroger la menant à prendre de nouveau un temps de réflexion pour savoir quoi lui répondre à sa dernière question. Peut-être que la manière dont elle détourna à nouveau les yeux le mettrait sur la piste du mensonge qu’elle lui donna après quelques seconde "Plus comme avant, non." Ce n’était pas tout à fait vrai donc, mais elle choisit de ne pas soulever ce qui s’était passé à son retour de Paris pas seulement pour qu’il ne s’inquiète pas davantage, mais surtout pour qu’il n’insiste pas pour qu’elle décide enfin quoi faire à propos du poste occupé par son père au sein de sa sécurité.

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« Hm, Posy va finir par s’ennuyer toute seule dans ce ranch dont tu parles tout le temps. » Je relève mon regard vers elle, un sourire flottant vaguement sur les lèvres et sans trop savoir ce que j’ai le droit de comprendre ou pas, au travers de ses propos. Je ne veux pas que ma fille se sentent seule en grandissant, mais ce n’est pas là la seule raison à mon désir d’avoir une famille bien plus large que ça. Dans mes rêves les plus fous, Jo est inclue à part entière dans ce plan, mais j’ignore s’il n’est pas un peu tôt pour que cette conversation prenne un tournant plus sérieux. Non, je sais que ça l’est, alors plutôt que de l’interroger sur ce que ça veut dire – s’il s’agit d’un aveu distillé sur le ton de la conversation – je me contente de garder mon sourire et de ranger le sujet dans un coin de ma tête, dans une case à rouvrir plus tard, lorsque Jo sera prête à ce que nous abordions ce genre de sujet sur un axe plus personnel, moins anodin.

« Me fais plus jamais remarquer que je suis jalouse. Tu tiens un sacré niveau dans le domaine, toi aussi. » - « J’ai jamais prétendu que je ne l’étais pas du tout. » Je n’ai pas la sensation de l’être à outrance, pas au regard de ce que j’ai pu observer à droite et à gauche, de sa part à elle, de la part d’Amos, de mon frère ou même d’amis qui me sont bien moins proches, mais j’avoue sans mal ne pas raffoler des situations où j’ai la sensation de devoir partager ne serait-ce qu’une partie d’elle. La connaissant, il ne s’agit pas d’aveu qu’elle ne jugera pas ma prise de position déplacée. « J’irai quand même vérifier ta théorie. J’ai rien contre lui, mais j’ai plus envie de provoquer ce genre de trucs chez les autres. » - « Penses à lui demander s’il est pas amoureux de moi. Et à prendre une photo de la tête qu’il tirera à ce moment-là. » Parce que ma théorie, je n’ai pas besoin de la vérifier pour être certain que je détiens la vérité, et que je donnerais cher pour voir comment mon ancien ami s’étranglera, face aux suppositions de la brune. « On était pas en train de parler de comment moi je suis complètement folle de toi, je te rappelle. » - « Ah ouais ? » Un air innocent sur le visage, je fais mine de répliquer d’un je pensais que moi, on parlait de ça qui n’aurait rien d’honnête. Mais c’est amusant de jouer à l’ingénu, particulièrement parce que Jo est bon public.

La légèreté qui s’était installée dans l’air – ou plutôt, que j’avais volontairement instillée en prévision de sujets plus lourds – s’évapore à l’instant où il est question de son père et, rien que ça, cela suffirait à m’inquiéter si je ne l’étais pas déjà, inquiet. Un vent de froideur me souffle dans le dos, et il ne diminue pas lorsque Jo me demande presque d’être un peu moins con. « J’ai besoin que tu sois un peu perspicace là, Midas. » Comment lui dire que si je lui demande des détails, d’être plus précise, c’est pour tenter de me rassurer ? Que lorsqu’elle est concernée, mon esprit ne peut pas s’empêcher de s’aventurer dans des directions où je n’ai pas envie d’aller ? Qu’il m’est autant compliqué de ne pas penser au pire que de l’envisager ? Que malgré une famille loin d’être parfaite, je n'ai pas la moindre idée de jusqu’où un père peut aller avec ses propres enfants ? Que je ne suis peut-être pas prêt à l’apprendre, mais que je ne veux pas porter d’œillères plus longtemps si elle est concernée ? « Parce que c’est déjà difficile pour moi de faire ce que je suis en train de faire, et que je suis pas sûre de réussir à tout te dire. » - « Je suis obligé de te poser ces questions-là, Jo. » Elles allaient jusqu’où ces quelques gifles exactement ? « J’ai besoin de savoir à quel point je vais avoir envie de l’enterrer six pieds sous terre. » La violence n’est peut-être pas la bonne réponse à la violence, mais ne dit-on pas qu’il faut combattre le mal par le mal ? Je suis étranger à ce genre de concept, mais la bouffée de violence qui grandit en moins depuis que le sujet est abordé est sans précédent. « Moins loin que les coups de ceinture qu’il donnait aux garçons. » Je déglutis difficilement. Elle a pris des coups, Jo, et qu’ils aient été donnés avec une ceinture ou pas ne fait pas la moindre différence à mes yeux : j’ai envie de les rendre au coupable au centuple. C’est ça : pour chacun des coups qu’elle a reçus, j’en donnerai cent et, peut-être à ce moment-là, ma rage sera rassasiée. « J’ai jamais terminé à l’hôpital si c’est ce que tu te demandes. J’ai dû apprendre à cacher des traces avec du maquillage et à rendre les coups pour être capable de les lui retourner au cas-où. Je me suis entraînée à l’école, j’ai martyrisé les gamins qui s’en prenaient à Laurie à l’époque. » - « Tu as dû apprendre à cacher des traces avec du maquillage. » Je répète ses mots, hébété, tout en prenant la mesure de leur portée. Pour laisser des traces, il ne faut pas se contenter d’une "simple" gifle, certainement pas alors qu’elle parle au pluriel. Peut-être a-t-elle besoin d’une autre réaction, de plus de réaction mais, pour l’instant, je n’arrive toujours pas à imaginer comment quelqu’un peut ne serait-ce que penser à lever la main sur elle. Qu’elle se dépeigne comme une adolescente difficile, qu’elle tente presque de justifier les actes de son bourreau me brise le cœur. Qu’elle se sent obligée d’être celle qui me rassure et me calme – c’est ce qu’elle fait en posant sa main sur ma nuque et en me forçant à planter mes yeux dans les siens – me fait l’effet d’un électrochoc. Ce n’est pas à elle de me rassurer. « C’est jamais arrivé. Je suis partie avant. Si j’avais pu le faire avant mes 16 ans, j’aurais pas hésité un seul putain d’instant. » - « Je suis désolé de pas avoir été là. » Les excuses que je présente ne font pas le moindre sens : lorsqu’elle avait seize ans et moins, nous ne nous connaissions même pas. Mais d’une façon ou d’une autre, qu’elle soit réaliste ou tout son contraire, j’aurais voulu pouvoir l’empêcher de souffrir. « Je veux t’aider. Je veux le sortir de ta vie. » Elle l’y a laissé entrer parce qu’elle s’y sentait obligée, je le devine, et parce qu’elle n’a pas dû savoir comment dire non. C’est compliqué d’imaginer qu’elle ait pu avoir peur de qui que ce soit à ce point, mais on n’explique pas l’ascendance d’un parent sur son enfant.

« Tu comprenais pas pourquoi je tenais autant à m’excuser pour la gifle que je t’ai donnée, c’est à cause de ça. Je sais que j’ai pris tous ses défauts, et que je suis incapable de gérer mes émotions exactement comme lui est incapable de le faire. Je veux plus me comporter comme ça, encore moins avec toi. » A mon tour d’attraper sa nuque entre mes deux mains, toujours le plus délicatement du monde, pour lui donner un semblant de sentiment de protection. Elle n’a rien à voir avec lui, je le lui répéterai autant de fois qu’elle a besoin de l’entendre, mais pour l’instant ce n’est pas ça le principal, elle n’est pas là l’idée qui m’obsède. « Plus comme avant, non. » Elle détourne les yeux, et je trouve dans son attitude une réponse bien différente. « Il te fait toujours du mal. » Quoi qu’elle dise, quelle que soit la façon dont elle tente de noyer le poisson. « Laisse-moi t’aider. Je peux aller le prévenir, lui dire de rester éloigné de toi. Je peux même engager une armée d’avocat s’il le faut, les meilleurs du pays. » Elle le sait : pour elle, il n’y a pas grand-chose que je ne ferai pas.

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À un autre moment, Jo reviendrait peut-être sur l’aveu de Midas à propos de sa jalousie avec laquelle elle le taquinait un peu, et lui reviendrait peut-être sur celui des enfants qu’elle contournait sans oser dire quoi que ce soit  puisque ce serait forcément maladroit. Elle n’en savait rien pour l’heure. Tout ce qu’elle savait, c’était que ces deux sujets étaient subtilement mentionnés pour permettre au terrain d’être balisé histoire de laisser la place à celui qui devait assez obséder Midas au point qu’il en devenait presque insistant.

Le père de Jo. Il n’y avait en vérité pas de manière délicate d’aborder tout ça, ça ils le savaient tous les deux, et si la conversation peinait à avancer, Jo ne tenant pas à rentrer dans les détails — ne pouvant pas rentrer dans les détails, et pas parce qu’elle faisait sa diva cette fois, juré —, pas habituée à en discuter avec qui que ce soit, le tout commençait à s’éclaircir pour que le jeune homme comprenne l’étendue des dégâts, et ce que ça dévoilait du passé que Jo ne soulevait presque jamais "Non, t’es pas obligé." La rebuffade était de trop, évidemment. Mais Jo ne serait pas Jo si même dans ce genre de moment, elle ne se montrait pas un peu têtue. Et si là, elle le faisait de manière très mesurée, presque avec une douceur amenée par l’idée que l’image que Midas avait d’elle hier ne serait plus celle qu’il aurait d’elle demain à cause de tout ce qu’elle était en train de lui dire, elle n’était pas moins critique. En plus d’être particulièrement mal à l’aise, elle avait l’impression de quémander une forme de pitié qui lui donnait envie de fuir et qui lui fit aussi baisser la tête un quart de seconde "J’étais bien dans mon déni." Ce murmure, il l’entendrait ou pas, elle s’en moquait un peu sur le moment, plus alarmée par ce qu’il ajouta ensuite que par l’idée qu’avec son envie de connaître cet aspect de sa vie, il venait de détruire les barricades qu’elle avait mis des années à construire pour se protéger. J’ai besoin de savoir à quel point je vais avoir envie de l’enterrer six pieds sous terre. Dans l’urgence, elle secoua la tête en l’inclinant doucement sur le côté, et dans la foulée, elle se rapprocha encore un peu de lui. Finalement, elle trouva les genoux de Midas sur lesquels elle s’installa avec précaution, en face-à-face, voulant créer une bulle plus dense que celle dans laquelle ils s’étaient retirés depuis tout à l’heure ; voulant que le froid qu’elle sentait glacer ses os ne s’installe pas durablement ; voulant lui soutirer doucement la chaleur qu’elle ressentait chaque fois qu’elle se trouvait à proximité de lui et qui serait mise à mal s’il se mettait à dire ce genre de choses. Elle n’avait pas besoin d’un homme animé par ce genre de choses de plus dans sa vie. Elle lui prit le visage à deux mains "Dis pas ce genre de choses, ça te ressemble pas." Vraiment pas. Ce qui lui ressemblait davantage en revanche, c’était de considérer que tout affront qu’on faisait à Jo, c’était son affaire, et si elle comprenait parfaitement le sentiment, dans le cas présent, il y avait des précautions à prendre, alors elle se lança an ajoutant après avoir observé ses traits sans discontinuer, ses pouces caressant les angles opposés de ses mâchoires "J’ai pas besoin d’être vengée. J’ai juste besoin de trouver une solution pour que si je lui demande de me laisser tranquille et de retourner de là où il vient, ça devienne pas son signal pour me faire des crasses." Midas pourrait certainement l’y aider, c’était même une certitude qu’elle n’avait pourtant pas envie de ne serait-ce que caresser.

Comme elle n’avait pas envie de caresser la possibilité de lui parler de ces dernières fois où il s’était montré verbalement virulent avec elle, encore moins de la fois où elle avait eu tellement peur de lui qu’elle en avait perdu sa respiration, et que maintenant, chaque fois qu’elle savait qu’elle devrait le pratiquer pendant quelques heures, elle sentait tout son corps en état d’alerte. Mais Midas était aussi têtu qu’elle — et c’était tant mieux pour lui, sinon elle l’aurait bouffé tout cru depuis bien longtemps déjà. Elle lui lâcha le visage, ses yeux sombres se plantant résolument dans les siens quand, se reculant juste un peu de lui, tout en restant pourtant solidement assise sur ses genoux, elle fit non de la tête sans aucune intention de lui accorder la faveur qu’il lui demandait "Tu veux vraiment m’aider ? Reste comme t’es, Midas." Elle prit une profonde inspiration qui était justement trop profonde, venant creuser dans ses émotions au point qu’elle dut déloger ses yeux des siens quand elle précisa "Reste doux et patient avec moi, et empêche-moi de devenir comme lui." C’était tout ce qu’elle exigerait de lui, même si dans le fond elle savait que lui demander de rester patient avec elle, ce serait le plus difficile à faire tant elle pouvait être imbuvable quand elle le décidait. Se recentrant sur sa détermination à ne pas craquer pour son père, elle reprit une respiration plus douce, et retrouva en même temps les yeux de Midas dont les mains posées avec douceur sur sa nuque lui permettait de rester un minimum dans l’instant présent quand elle lui dit "Je veux pas que tu t’approches de lui. Il te fera pas de mal physiquement, c’est pas un homme courageux qui va au devant du danger, il s’en prendra jamais à quelqu’un de plus grand que lui." Ses fils mis à part. Inutile de dire que c’était différent. Il avait sur eux une autre forme d’emprise que ses envolées de bagarreur aguerri "Mais il trouvera un autre moyen de te nuire. T’as trop de secrets." Elle ne le précisait pas pour qu’il s’en sente coupable, bien loin de là. C’était juste un fait qu’elle était obligée de mettre en perspective parce qu’elle ne voulait pas qu’il pâtisse de rien de tout ça. Elle ne quitta pas ses yeux avec les siens, ses doigts retrouvant son visage et le sien s’en rapprochant pour qu’il ne soit pas tenté de le détourner quand elle continua en murmurant presque "T’as trop de choses à perdre s’il vient à les découvrir. T’as Posy." Elle le lui rappela, et peut-être qu’en le faisant, elle espérait toucher la corde sensible et le dissuader de toute action de sa part. Elle garda la silence après ça, et puis elle fit glisser ses mains de ses mâchoires jusqu’à l’arrière de la tête de Midas pour plonger ses doigts dans ses cheveux. Elle posa ses lèvres sur sa tempe en prenant le temps de réfléchir un instant avant de reprendre la parole près de son oreille "Je vais trouver une solution." Elle le lui disait quasiment sur le ton de la promesse qu’elle scella par un baiser contre se tempe, son corps se rapprochant du sien quand elle resserra ses bras autour de son cou pour le serrer contre elle en continuant "Je vais lui dire que j’ai plus besoin de lui. Mais je dois assurer mes arrières avant." Elle ne savait pas encore comment exactement, et elle mentirait si elle prétendait que ça ne l’effrayait pas. Mais si ça pouvait empêcher Midas de s’impliquer davantage de tout ça, elle saurait étouffer sa propre peur pour, elle, aller au devant du danger en gardant à l’esprit que ça ne serait qu’un mauvais moment à passer.

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« Non, t’es pas obligé. J’étais bien dans mon déni. » Elle y était bien et je comprends mais, moi, je ne peux pas entendre qu’elle a vécu et l’enfouir quelque part dans mon esprit, je ne peux pas l’entendre sans avoir besoin de prendre sa défense, de monter au créneau pour elle et pour défendre son honneur et son intégrité. Je ne peux plus faire comme si je n’avais pas entendu et sans doute que si les rôles étaient inversés, elle se trouverait dans le même état et la même situation que moi. « Dis pas ce genre de choses, ça te ressemble pas. » - « Je veux te protéger. Ça, ça me ressemble. » Alors même si elle a raison, même si envisager d’user de mes poings est à des kilomètres de l’homme que je suis vraiment, je suis prêt à faire une exception pour la protéger de son connard de père. Ce qui était un mauvais pressentiment et prenait une forme d’hostilité à son égard s’est transformé en véritable besoin de le tenir éloigné d’elle quel qu’en soit le coût. « J’ai pas besoin d’être vengée. J’ai juste besoin de trouver une solution pour que si je lui demande de me laisser tranquille et de retourner de là où il vient, ça devienne pas son signal pour me faire des crasses. » La venger ne sera donc pas à l’ordre du jour, puisqu’elle l’exige et que j’ai promis de ne plus piétiner ses limites sous prétexte de me conduire en chevalier servant. En revanche, j’ai bien l’intention de tout faire pour qu’il ne s’approche plus d’elle. « Alors on trouvera une solution. Blâme ton label s’il le faut, mais promets moi d’engager un service de protection compétent. » Je ne veux pas lui paraître contrôlant, pas plus que je ne veux ressembler à ces hommes qui, sous prétexte de prendre soin d’une femme, prennent des décisions à leur place. Sauf que je ne peux pas non plus savoir ce que je sais à présent et rester spectateur d’une situation qui, de toute évidence, la fait souffrir. « Un service de protection pour te protéger de lui, en plus du reste. » Ce n’est qu’à cette seule condition – celle de la savoir en sécurité – que j’accepterai de ne pas faire d’ingérence dans ce sujet. Sans ça, je ne donne pas cher de ma promesse de ne plus s’immiscer dans ses affaires.

« Tu veux vraiment m’aider ? Reste comme t’es, Midas. » Ses doigts quittent mon visage, mais son regard reste fiché dans le mien. Cette promesse-là, je peux la lui faire. « Reste doux et patient avec moi, et empêche-moi de devenir comme lui. » - « Tu n’es pas comme lui. » Elle a regretté de m’avoir frappé dès l’instant où elle l’a fait, elle m’a présenté des excuses dont je n’avais pas besoin puisque, de mon côté, j’estimais que je l’avais très largement mérité. Le monde de Jo ne tourne pas qu’autour d’elle, contrairement à l’image que les médias tentent parfois de lui coller à la peau. « Je te le promets. » J’accepte de la rassurer d’une promesse sans mal : elle n’a pas à me l’arracher. « Je veux pas que tu t’approches de lui. Il te fera pas de mal physiquement, c’est pas un homme courageux qui va au-devant du danger, il s’en prendra jamais à quelqu’un de plus grand que lui. » Et il a raison : j’ignore qui de nous deux pourrait cogner le plus fort tant qu’il n’est question que de coup physiques et bien tangibles, mais s’il était question d’une bataille juridique ou d’une compétition de celui qui a le plus de pouvoir, je le battrais sans avoir à lever le petit doigt. Être moi possède de nombreux inconvénients, mais au moins tout autant d’avantages. Je peux m’entourer des meilleurs avocats et des personnalités qui ont le bras le plus long. « Mais il trouvera un autre moyen de te nuire. T’as trop de secrets. T’as trop de choses à perdre s’il vient à les découvrir. T’as Posy. » Je serre la mâchoire, réduit à accepter que mes mensonges, elle parle de secrets, mais je n’ignore pas que c’est de ça qu’il est question, sont mon talon d’Achille. Je serais prêt à partir en croisade pour elle et à en accepter les conséquences sans ciller s’il n’était question que de moi. Mais ce n’est pas le cas et Jo à raison : je ne peux pas mettre l’équilibre de ma petite fille dans la balance, je serais incapable de me regarder dans la glace si je le faisais. « Je peux pas rester les bras croisés. » Et ce même si elle a raison, même si c’est elle qui est dans le vrai. Je suis raide dingue d’elle et ce n’est plus un secret pour personne : à partir de là, je ne peux pas accepter qu’on lui fasse du mal et son père continue à lui en faire. Elle l’a nié la première fois, mais pas la seconde et cela veut à mes yeux tout dire. « Je vais trouver une solution. » Elle embrasse ma tempe, enroule ses bras autour de mon cou comme si j’étais celui qui avait besoin d’être rassuré, et je m’en veux de l’avoir mise dans cette situation où, en plus de devoir gérer la situation avec son père, elle a certainement le sentiment de devoir également gérer mes ardeurs et mon impulsivité. « Je vais lui dire que j’ai plus besoin de lui. Mais je dois assurer mes arrières avant. » A mon tour, je pose ma main dans sa nuque et caresse ses cheveux. Je l’attire un peu plus vers moi pour déposer mes lèvres sur son front, avant de laisser un profond soupir m’échapper. « On fera comme tu décides. » On, parce que je n’ai pas l’intention de la laisse se débrouiller seule, pas quand je l’ai sentie terrorisée comme je ne l’avais jamais sentie terrifiée auparavant. « Mais t’es pas toute seule, okay ? Je voudrais que tu m’en parles, même si c’est difficile. » Parce qu’il le prendra mal, son père, et que s’il a les coups faciles, il risque de chercher à s’en prendre à elle. « Tu devrais te faire accompagner quand tu lui annonceras. » Et moi, j’ai une idée de la personne que j’aimerais voir à ses côtés pour ça. « Si je viens avoir toi, il osera pas lever la main sur toi. »

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@Midas Sterling ☆ crédit/bodybebangin

Ça ressemblait à Midas de vouloir la protéger, plus que d’envisager des actes violents qui la ferait battre en retraite. Dans l’absolu, être au contact d’hommes violents, c'était tout ce qu’elle cherchait à éviter. Ce n’était pas pour rien qu’elle s’entourait d’hommes inoffensifs sur bien des points, et ça ne partait en aucun cas de son besoin pathologique de garder le dessus sur eux. Absolument personne n’avait jamais cherché à savoir pourquoi elle s’entichait d’hommes gentils, qui étaient entièrement acquis à sa cause sans même qu’elle se sente obligée de lever le petit doigt. Un bon thérapeute aurait tout de suite compris, seulement elle ne pouvait pas sa vanter d’avoir un entourage avec des dons en psychologie particulièrement aiguisés — ou alors, elle était beaucoup trop compliquée à cerner, une possibilité qu’elle préférait rejeter parce qu’à son avis, c’était plus facile pour les autres de l’accuser d’être compliquée que de chercher à la comprendre ; elle demandait du travail Jo, et elle n’avait pas rencontré beaucoup de courageux, c’était un fait. Le sujet n’était pas là ce soir. Elle ne moufta pas davantage quand il s’inclut dans la suite des événements, dans ce on va trouver une solution qu’il prononça en prenant sens de ce qu’elle voulait et ne voulait pas. Après un silence dans lequel elle s’enfonça pour consulter ses options, et elle prendre conscience que se lancer dans des démarches de ce genre, c’était devoir s’ouvrir pour expliquer pourquoi elle exigeait ce genre de services, elle ajouta avec résolution "Je veux pas parler de tout ça avec qui que ce soit en dehors de toi. Je veux pas que ça me mette sous un microscope, et qu’à cause de ça, on essaye de comprendre mes réactions, ou même qu’on me trouve des excuses." Ça voulait dire qu’elle pourrait consentir à lui promettre de se charger de donner des ordres à tour de bras pour qu’on s’applique à lui trouver un service de sécurité compétent, mais qu’en faire une histoire d’état, ce serait trop pour elle, et que surtout, elle ne voulait sous aucun prétexte être plainte à ce propos.

Si elle avait eu la foi d’exiger quelque chose de lui en contrepartie de la promesse qu’elle lui faisait d’assurer sa sécurité autrement qu’en la confiant à son père, elle lui aurait demandé de ne parler de ça avec qui que ce soit tout court, mais elle n’en eut pas le temps, une certaine panique l’envahissant lorsqu’elle comprit qu’il pourrait se mettre en danger pour dissuader son père de l’approcher à nouveau "Ça t’en sais rien." Qu’elle n’était pas comme lui. Il l’avait déjà vu en colère bien sûr, mais Jo montait dans les tours pour tout et n’importe quoi. Quand les choses la touchait profondément, quand on faisait du mal à quelqu’un qu’elle tenait plus particulièrement, une gifle ne suffisait pas à soigner son impression d’injustice, et sa violence se révélait sans qu’elle ne ressente véritablement de regrets, pas ceux auxquels on s’attendait en tout cas. Il pouvait lui promettre que ses craintes étaient infondées, personne ne pouvait rien contre ce genre de choses, et jusqu’à ce qu’elle le gifle lui, elle avait toujours trouvé ça plutôt opportun d’avoir ces accès de violence dans le passé, ne serait-ce que pour se défendre de ceux qui n’avaient pas hésité à profiter d’elle. Elle voulait que ça change, alors même si c’était trop demander à Midas de jouer ce rôle, surtout après quelques mois de relation seulement, elle choisit d’accepter la promesse qu’il lui faisait sans revenir dessus ni même douter qu’il ne la tienne pas.

A la place, elle préféra lui faire une mise en garde, tenant trop à lui pour là accepter qu’il se mette dans une position délicate simplement pour la défendre. Elle entendait sa frustration à rester inactif, elle réagirait certainement de la même façon à sa place, et pire encore, sauf que c’était important qu’il garde ses distances avec son père. Parce qu’il était violent certes, pas seulement cependant : il était aussi vil et calculateur, appâté par les projecteurs comme les abeilles l’étaient par le sucre "J’aurais jamais dû les autoriser à revenir." Elle prononça ça sur le ton du murmure, la bouche près de l’oreille de Midas, la main de ce dernier posée sur sa nuque. Les bras de Jo se resserrèrent autour de ses épaules pour que, sans lui dire, il comprenne que c’était de ça dont elle avait vraiment besoin, et pas de bataille avec son père qui, de toute façon, était trop têtu pour comprendre qu’il était temps de lâcher prise, qu’elle avait fait son bout de chemin si ce n’était seule, au moins accompagnée de quelqu’un qui tenait à ce qu’elle engrange tous les profits de sa réussite entièrement méritée. Déglutissant avec un peu plus de difficulté, elle opina juste de la tête quand Midas lui demanda explicitement de lui parler malgré la difficulté, et eut une légère grimace geignarde quand il renchaina sur le sujet alors qu’elle, elle n’avait plus envie de parler de tout ça "On peut laisser passer la tempête, et décider après ?" Si elle n’ajouta pas de s’il te plaît, c’était par mauvaise habitude, puisque qu’absolument tout dans son attitude était suppliant sur le moment ; elle avait l’air d’une enfant capricieuse dont l’attention était soudainement en train de décliner simplement parce qu’elle avait la frousse d’anticiper la réaction de celui à qui elle devait annoncer sa décision et qui effectivement, ne serait probablement par tendre avec elle. Ses bras se déroulèrent des épaules de Midas, ses mains trouvèrent ses mâchoires, et son front qu’il avait embrassé quelques instants plus tôt se posa sur le sien quand, fermant les yeux une seconde, elle continua en s’approchant toujours plus de lui "Je peux demander à Marcus de faire l’intérim le temps que je trouve le courage de lui parler, mais comme mon planning va être à l’arrêt ces prochains jours, c’est pas utile d’attiser sa colère tout de suite." Elle prit une légère inspiration en décollant son front de celui de Midas "On peut prendre le temps de décider tous les deux, de demander de l’aide si c’est utile, mais on doit rester discrets." Avec un peu de chance, et elle ne s’en voulait pas le moins du monde de penser de cette manière, ses parents auraient trop de choses à gérer avec les dégâts de la tempête pour s’intéresser à ce qu’elle ferait de son côté, leur laissant ainsi le temps de brainstormer la solution la plus adéquate pour définitivement les rayer du tableau, et ne plus jamais s’inquiéter de tout ça.