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Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 YV4dgvCSujet: LONAH #1 ▬ THE ONLY HOPE FOR ME IS YOU
Invité

Réponses: 10
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 EmptySujet: LONAH #1 ▬ THE ONLY HOPE FOR ME IS YOU    Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 EmptyMer 29 Avr - 23:04
THE ONLY HOPE FOR ME IS YOU
EXORDIUM.

Imperceptibles. Les tiquetés de l’horloge murale accrochée dans la salle d’attente de l’hôpital auraient dû l'être. Ils n’étaient pas supposés résonner dans ma tête. Il y a trop de bruits et pourtant, ils supplantent les cris du bébé, les rires des enfants s’amusant avec les Lego mis à leur disposition – derrière l’une des trois portes se cachent un pédiatre visiblement – et les répliques agacées de la part masculine du couple non loin de moi. “Que se disent-ils ? “ aurais-je pensé en temps normal. Je crois même que je les aurais espionné tant ma curiosité est malsaine et maladive. Or, aujourd’hui, je ne me reconnais pas. Je n’arrive pas à me concentrer sur leur éclat de voix. Je n’’entends que ce TIC TAC obsédant qui menace de me rendre fou. Je n’ai pas envie d’être là. Je n’y ai pas ma place, je vais bien et je regrette d’être resté pantois et muet devant mon boss. C’est à cause de lui que j’ai été forcé de prendre rendez-vous avec un psychologue, un autre que celui des services de police. Lui, il était hors de question que je le rencontre à cause de l’image que j’aurais renvoyée à mes collègues. Je ne suis pas un faible. Je suis apte au travail. Je le sens dans mes tripes et sans doute est-ce la raison pour laquelle j’ai éteint le feu de mes arguments avant qu’il ne quitte ma bouche. Il est intransigeant, le patron. Je n’aurais rien gagné à discuter sa décision à part lui servir de paratonnerre. Ses foudres se seraient abattues sur moi avec violence et il aurait retardé l’heure de ma réhabilitation. Alors, quoique j’aie négocié le médecin qui serait en charge de mon dossier, je me suis exécuté à l’instar d’un petit soldat obéissant. “Tout sauf la circulation“ me suis-je répété comme un péan alors que je prenais la route pour l’hôpital. Tout, mais l’épreuve me semble incoercible et j’en viens à me demander si la punition n’est pas plus terrible que de retrouver l’uniforme. Que vais-je lui dire, à cette Whitemore ? Comment va-t-elle m’aborder ? Va-t-elle me demander de m’allonger dans un fauteuil afin de me mettre à l’aise et de favoriser un échange ? Va-t-elle, comme dans les films, griffonnés des dessins enfantins sur son calepin sans m’écouter vraiment ? Autant je m’opposerai à ma première hypothèse, autant pourra-t-elle se découvrir des talents artistiques que je n’en aurai cure. Je sais par avance comment je vais réagir. Borné, je lui chanterai quelques banalités d’usage à propos de mon accident. Je lui raconterai les faits sans fanfaronner et j’ajouterai que, depuis lors, je ne me sens ni invincible ni le contraire, que je ne suis pas frileux à l’idée que de tels faits se reproduisent. J’ai toujours mesuré les risques de mon métier. Je l’ai choisi en toutes connaissances de cause et il n’a jamais été un frein à mon ambition. Ainsi ai-je puisé dans cette certitude de quoi rester vissé à ma chaise et chasser l’envie saugrenue de me barrer avant que la porte ne s’ouvre et que mon nom de famille soit formellement scandé en guise d’invitation à une heure de supplice.

Une heure, c’est long quand le temps s’étire. Ça l’est d’autant plus que la ponctualité n’a jamais étouffé les services publics. “Dix minutes. J’attends encore dix minutes et je me barre“ ai-je songé en rabotant les quinze habituelles dites académiques. Ça m’a paru une éternité et, comble de malchance, c’est au moment même où j’ai quitté mon siège de métal – le summum de l’inconfortable – que mon patronyme a ricoché contre les murs carrelés de blanc. Tous les regards se sont tournés vers moi comme si la sacro-sainte étiquette des serveurs de fast food était épinglée sur ma poitrine côté cœur. Et parlons-en ! Il s’emballe et dans une réflexe somme toute stupide, j’ai imité la plèbe en regardant autour de moi en quête du dénommé Loris. « Ce n’est pas moi. » ai-je menti sans honte, les mains levées en reddition. « J’ai rendez-vous là, moi. » Mon ultime tentative de dérobade s’est vautrée alors que je détaillais la spécialité du médecin dissimulé dans son bureau. Un chiropracteur. Un putain de chiropracteur. Autant dire que la querelle du couple a fait sens. « Ouais. Ok. C’est moi. » Mal à l’aise au possible, je me sens mal dans mes fringues et dans mes converses. D’instinct, ma main a glissé derrière ma nuque et j’ai souri, bêtement, presque béatement, parce que la grimace est le remède à tout. Je l’ai accompagné d’un signe de la tête en emboîtant le pas à cette brune au visage familier. Je l’ai déjà vue. J’en suis convaincu. Je n’ai pas couché avec elle en revanche. Je m’en souviendrais et, étonnamment, ça m’arrange plutôt bien. Je ne tiens pas un tableau de chasse, mais j’aurais été embêté plus encore d’avoir à lui expliquer que je ne l’ai jamais rappelée. « On se connait, non ? » ai-je cependant demandé pour détourner son attention de mauvaise blague, preuve de cette lâcheté qui n’aura plus court. La porte est fermée : je suis pris au piège.

{@=4040}Hannah Whitemore{/@}
Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 YV4dgvCSujet: (yassan) i'll tell you the truth but never goodbye
Invité

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 EmptySujet: (yassan) i'll tell you the truth but never goodbye    Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 EmptyDim 5 Avr - 14:09
i'll tell you the truth but never goodbye
(ft. {@=934}hassan jaafari{/@})
EXORDIUM.

"Tu crois que maman va accepter mon désistement sans se pointer devant ma porte cinq minutes après ?" Elle pouvait déjà imaginer sa mère ordonner à son père de la conduire jusqu'à Redcliffe pour s'assurer que Yasmine ne frôlait pas la mort, toute prête à lui enfoncer dans la bouche, et de force, de quoi s'alimenter. J'ai dit à ton père que je te trouvais trop maigre ces temps-ci, benthi, l'entendait-elle pépier à l'autre bout de ses pensées désorganisées, alourdies par le chagrin qui la rendait lasse, presque éteinte "Je pensais que tu la connaissais mieux que ça." ajouta-t-elle en pressant Sasha tout contre son cœur douloureux, le plumeau tout doux de sa fourrure faisant naître des frissons sur le carré de peau qu'il frôla. Et même là, elle ne réussit pas à laisser percer le sourire qui aurait immanquablement creusé des fossettes dans ses joues en pensant à la manière si protectrice, si viscérale qu'avait sa mère de réagir lorsqu'il s'agissait de sa fille. Dans le fond, elle n'avait pas à craindre de lui apprendre la nouvelle de son échec cuisant. Une partie d'elle savait que Fatima serait capable de partir en croisade contre quiconque laisserait croire à sa fille qu'elle n'était qu'une moins que rien, mais il y avait tant de choses à prendre en compte, il y avait tant de choses pour lesquelles elle avait nourrit peur et angoisse que d'une certaine façon, c'était sa réaction à elle, et personne d'autre, que Yasmine redoutait le plus.
Elle se mordit la lèvre inférieure, inclinant le menton sur la tête velue de son chat à qui elle planta un baiser entre les deux oreilles, mettant en route la machine à ronrons qui rompit le silence brusquement retombé dans la pièce. Pendant un instant, elle inspira l'odeur particulière qu'il dégageait et ferma les yeux dans l'espoir, vain, de se réconforter comme elle le pouvait ; comme avec son vieux tigre en peluche qui sommeillait dans le placard de sa chambre et qu'elle sortait en temps de nuits agitées – souvent, donc. La déception qui grouillait dans chaque parcelle de son être, elle avait le sentiment qu'elle ne s'atténuerait jamais. Ça avait profondément entaillé les minces reliefs de la confiance qu'elle avait en elle-même, et elle le sentait. Elle n'avait jamais été douée pour se trouver des qualités, c'était vrai… sauf que les choses ne s'arrangeraient pas suite à la nouvelle qu'elle venait d'apprendre.

Est-ce qu'elle surréagissait ? Elle ne se posa pas la question, s'arrêtant sur le doigt qu'Hassan pointa en direction de son cœur, et qu'elle se mit à fixer après avoir rouvert les yeux.
"Je sais. Mais il y a trop de choses là-dedans, je sais pas par quoi commencer pour m'en débarrasser." se risqua-t-elle à lui révéler, sortant de la limite de ce qu'elle s'autorisait à partager d'ordinaire, portée par la tristesse infinie qui lui était tombée dessus à la seconde où elle avait compris que c'était fini, qu'elle pouvait remballer ses rêves et ses espoirs et se contenter de ce qu'elle avait déjà pu atteindre, et rien de plus. Elle n'osa pas lever les yeux vers lui cette fois, elle resta immobile. C'était peut-être la première fois depuis qu'elle était rentrée du Niger qu'elle était aussi sincère avec le jeune homme – non, il y avait eu cette fois-là sur le bas-côté de la route. Le regard qu'il avait posé sur elle quand il avait saisi toutes les nuances de ce qu'elle n'avait jamais été capable de lui dire jusqu'à ce qu'il l'accule, jusqu'à ce qu'il creuse assez profond pour qu'elle lui dise clairement qu'elle l'évitait pour se protéger, elle ne l'oublierait jamais. Ça l'avait blessée, mais en même temps ça lui avait fait prendre conscience qu'elle s'était fait tout un monde auquel il n'adhérait pas et qu'il fallait qu'elle s'y fasse ; pour le meilleur. Elle avait fait la paix avec cette partie-là de leur histoire commune et ici, les enjeux étaient différents : il ne s'agissait que d'elle maintenant.
Elle prit une légère inspiration, mais elle fût tout aussi douloureuse que si elle avait été profonde. S'inclinant pour reposer Sasha à ses pieds, elle réunit ses cheveux encore humides sur son épaule, puis elle posa les mains sur ses hanches en examinant ses différentes options ; se terrer chez elle le temps d'être suffisamment capable d'affronter le reste du monde et ses questions, ou aller de l'avant avec difficulté et profiter de la promesse du bel après-midi qui l'attendait. Ce serait difficile, elle pressentait les fois où elle s'échapperait de la conversation pour se murer dans sa réflexion… mais Hassan avait raison, sa réaction était la plus humaine, la plus normale possible. Elle prit une seconde de réflexion supplémentaire ; Yasmine n'avait pas envie de rester seule.
"Je vais juste les prévenir qu'on aura un peu de retard. Je vais rafraîchir un peu tout ça." Et elle désigna son visage marbré par ses grosses larmes, son maquillage n'ayant pas tenu sous leur torrent. Se ranimant pour se tourner vers le comptoir, elle roula en boule la lettre qu'elle avait laissé de côté. Ce geste fût à peine thérapeutique, et alors qu'elle contournait l'angle ouvert de la cuisine pour aller la mettre à la poubelle, elle dit au jeune homme qu'elle rejoignit tout de suite après "Merci. Merci d'être toujours là malgré…  tout." conclut-elle en cherchant son regard, toujours baigné de tant de choses, mais de larmes surtout, et qui s'enfonça dans le sien. Il brillait aussi des faits tacites qui avaient assombrit leur relation – qu'elle essayait toujours de sauver, malgré tout, se pendant à son cou encore quelques secondes de plus.
Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 YV4dgvCSujet: Who will fix me now? Dive in when I'm down? Save me from myself. Don't let me drown ▬ Alfie
Alexandra Anderson

Réponses: 8
Vues: 1336

Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 EmptySujet: Who will fix me now? Dive in when I'm down? Save me from myself. Don't let me drown ▬ Alfie    Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 EmptyMer 1 Avr - 20:37

Who will fix me now ? Dive in when I'm down ?
Save me from myself. Don't let me drown.
EXORDIUM.
L'air frais aurait pu l'aider à retrouver ses esprits, l'aider à apaiser son cœur trop lourd mais c'était sans compter sur la présence d'Alfie à ses côtés, qui lui rappelait inlassablement qu'elle avait été faible ce soir. Encore une fois faible et que dans sa faiblesse elle l'avait appelé lui. Pas parce qu'elle avait particulièrement envie de le voir, elle ne connaissait Alfie qu'au travers de Rachel. Alfie était inexorablement lié à Rachel. A Rachel et à une vie d'excès aussi. Une vie dans laquelle elle replongeait malgré l'envie qu'elle avait d'aller mieux, parfois la douleur était trop forte, elle était la seule chose qu'il lui restait et elle finissait dans un bar, seule à boire, trop, beaucoup trop. Et ce soir,  quand Alex s'était retrouvée bourrée, replongeant sans filet de sauvetage dans ses souvenirs lointains d'une vie avec Rachel, c'était lui qu'elle avait contacté. C'était avec lui qu'elle avait eu besoin de parler, parce qu'au fond elle n'en parlait pas, à personne. Rachel, c'était une douleur qu'elle gardait, une douleur qu'elle continuait à s'infliger silencieusement, une souffrance dont elle ne voulait pas chercher à se débarrasser totalement puisqu'elle avait le mérite d'être présente elle au moins. Et c'était tout ce qu'elle avait encore de Rachel. La douleur de son absence, et ces reproches qu'elle pouvait se faire encore et encore, elle n'avait jamais été à la hauteur et elle ne le serait jamais. Elle était minable ce soir, mais elle pouvait l'être devant Alfie, puisqu'il connaissait tout ça. Et puis ce n'était qu'un juste retour des choses, elle l'avait, elle même vu au pire de sa forme. Elle avait mal, mais pourtant elle n'était pas encore prête à laisser ses émotions prendre le dessus, elle n'était pas prête à avouer tout ce qu'elle ressentait en pensant à Rachel. Préférant encore pendant quelques minutes, se moquer d'Alfie avant de finir par répondre réellement à sa question. Pourquoi lui ? Pourquoi l'avoir appelé lui ? Et pas un autre ? Alex aurait pu rester avec son air détaché, rire à sa remarque sur le prénom, parce que non Zachariah ça ne lui irait réellement pas, mais elle avait fini par craquer. Devant Alfie, dans cette rue, presque incapable de marcher droite, elle avait craquer et elle avait évoqué Rachel, la douleur et la colère que ça mort provoquait en elle. Parce qu'elle était triste ça bien sur, tout ceux qui avait eu la chance de croiser la route de Rachel pouvait se sentir triste de ne plus la compter parmi eux. Mais Alex n'était pas juste triste, elle souffrait, elle refusait d'accepter, elle refusait cette idée selon laquelle, Rachel était définitivement morte parce que c'était beaucoup trop insupportable. Et alors que sa capacité intellectuelle et émotionnelle était mise à mal par la quantité d'alcool qu'elle avait ingurgité, elle se laissait aller, elle osait évoquer devant Alfie la colère qu'elle ressentait, envers Rachel d'abord parce que c'était elle qui n'était plus là. Elle qui était partie, elle dont l'absence se faisait ressentir avec beaucoup trop de force. Elle ne ménageait pas Alfie, elle ne se ménageait pas non plus et c'était le cœur à vif qu'elle écoutait Alfie lui répondre. « Personne n’a pu lui dire au revoir, Alex. » Alex ne comprenais pas les mots d'Alfie, elle ne comprenais pas le sens de sa phrase, elle ne comprenais pas ce qu'il voulait dire parce qu'à ses yeux, Alfie avait été là. Ils avaient été là pour lui dire au revoir, pour l'accompagner, puisqu'elle était morte d'un cancer, alors d'après elle, tous avait pu lui dire au revoir. Tous sauf elle parce qu'elle n'avait pas été là. Elle n'avait jamais pu dire au revoir à son amie, de son vivant ou à sa mort et ça l'énervait qu'Alfie ne comprenne pas. Mais ce qui l'énervait vraiment, c'était qu'il soit presque compréhensif avec elle finalement. Elle le savait qu'elle n'avait pas le droit de se plaindre, mais elle le faisait quand même. Comme avec Caleb, comme avec Emma, comme avec Jasper, comme avec tout ceux qu'elle avait fait souffrir à un moment ou un autre, elle se plaignait de ses erreurs, et c'était ce qu'elle faisait encore avec Alfie. Et c'était égoïste de sa part, mais comme souvent, quand elle n'était plus en mesure de gérer ses émotions, elle reportait ses propres colères sur les autres, parce que ça devenait ingérable pour elle. Parce qu'elle ne pouvait plus cohabiter avec cette petite voix qui lui rappelait avec une cruauté malsaine, qu'elle était l'unique responsable de tout ça. Elle ne pouvait  pas, parce qu'elle avait peur de ce qu'elle serait capable de faire pour faire taire cette voix, pour mettre fin à cette douleur, à cette haine d'elle même qu'elle avait construite pierres après pierres durant huit ans. Alors elle faisait ce qu'elle savait faire de mieux, elle en voulait au reste du monde, avant de s'en vouloir à elle même. Et ce soir, c'était à Rachel qu'elle en voulait, parce que c'était elle qui était partie cette fois et elle osait lâcher ces mots. Elle osait et c'était sans tenir compte d'Alfie, de son émotion qu'elle lui avouait en vouloir à Rachel. « Et tu veux que je te dise quoi, Alex ? » Elle levait les épaules, faignant de n'être même pas un peu touchée par le ton de la voix d'Alfie. Faignant de n'attendre aucune réponse de sa part. De toute façon que pouvait-il dire ? Que pouvait-il répondre devant cet aveux d'Alex ? Un aveux qu'elle n'aurait jamais été en mesure de verbaliser si elle n'avait pas bu autant ce soir. Parce qu'elle n'avait pas le droit d'en vouloir à Rachel. Elle n'avait pas le droit de se sentir abandonnée. Mais à ce moment précis de la soirée, en vouloir à Rachel était la seule chose qu'elle pouvait faire. Parce que si elle ne pouvait pas en vouloir à Rachel, c'est sur elle qu'elle allait finir par reporter ses émotions négatifs. C'est elle même qu'elle allait finir par haïr, encore un peu plus et elle n'était pas en mesure de le gérer. Pas ce soir. « Désolé. J’aurais tout donné pour être à sa place, mais ce n’est pas notre choix. » Ce n'était pas leur choix, et c'était ça finalement qui rendais ce départ si délicat pour Alex. Enfin ce départ, cette mort plutôt parce que si l'Anglaise ne l'acceptait pas, c'était pourtant le mot le plus juste à employer. Rachel n'était pas juste partie, elle était morte. Alex était partie. Rachel était morte. L'une avait choisit et pas l'autre. Et Alex vivait avec cette culpabilité en elle, celle là et tant d'autres. La culpabilité d'être partie, de n'avoir jamais pu être à la hauteur avec Rachel. La culpabilité de l'avoir abandonné, là ou l'Australienne n'avait jamais lâché l'Anglaise. Même dans le désaccord, même lorsqu'Alex lui avait fait promettre de ne jamais rien révéler de son secret, quitte à mentir pour elle. Rachel avait tout accepté pour elle et l'Anglaise était partie. Sans jamais se retourner, sans jamais s'inquiéter de la peine qu'elle pourrait causer autour d'elle. Elle était bien trop engluer dans ses propres émotions pour remarquer que le monde continuait de tourner et qu'Alexandra Clarke n'était pas le centre de ce petit monde, pas même le centre de son propre monde. Elle s'était enfuie et elle avait fait à Rachel, ce qu'elle avait fait à Caleb et à tout ses proches. Elle avait disparu de leur vie. Sauf que maintenant qu'elle se trouvait confrontée à la réalité d'un départ définitif, à l'absence d'une amie qu'elle n'avait pas décidé, qu'elle subissait, elle n'arrivait pas à le gérer. Parce que c'était elle, celle qui partait normalement et elle se rendait compte jour après jour, de la souffrance que cela pouvait engendrer chez ceux qui restaient. Et ça, elle ne pouvait pas y faire face tout simplement. Elle ne pouvait pas être celle qui était abandonnée. Et cette fois, Rachel les avait abandonné et elle laissait un vide beaucoup trop dur à gérer pour la journaliste, qui le comblait de sentiments négatifs avec lesquels elle était familière. La douleur, la colère, la culpabilité, et là ou certains voudrait se battre pour honorer la vie. Vivre pour ceux qui n'avaient pas pu le faire, Alex ne savait que se détruire encore et encore.  « C’est révoltant, c’est sûr, mais… on peut rien faire. Et ça me tue autant que toi, mais… Tu sais autant que moi qu’elle supporterait pas de nous voir dans cet état. » Alex lâchait un rire, presque ironique. Un rire en entendant Alfie reprendre des mots qu'elle aurait très bien pu prononcer si elle avait été en vie. Elle devait sans doute lui avoir répétée à plusieurs reprises, et elle se demandait si Alfie entendait la voix de Rachel alors qu'il prononçait ces même mots. 'Je ne supporte plus de te voir comme ça.' ou encore 'Te voir te détruire, me fait mal parce que je tiens à toi.' Le cerveau plus réellement au maximum de ses capacités, l'Anglaise n'était plus en mesure de se rappeler des mots exacts, mais elle se souvenait très bien de ce regard que Rachel avait le jour ou elles avaient retrouvé Alfie. Il lui avait fait du mal de son vivant et maintenant il osait dire à Alex qu'il ne pouvait pas lui faire ça ? Mais lui faire quoi ? Elle n'était plus là pour voir ce gâchis, et Alex se dédouanait en se disant qu'elle ne pourrait jamais faire souffrir Rachel autant qu'Alfie l'avait fait. Une maigre consolation, mais une consolation quand même pour Alex qui cherchait toujours un moyen de se dédouaner d'un comportement toujours plus chaotique. « Ça tombe bien, elle n'a plus à le supporter. » Ni Alfie, ni Alex ne serait un poids à l'avenir pour elle, elle n'avait plus à venir les sauver. C'était sans doute pas la meilleure remarque qu'elle pouvait faire, mais c'était pourtant ce qu'elle pensait à ce moment précis. Elle n'était plus là, et c'était tout ce qu'Alex pouvait retenir finalement. Cette absence et c'était pour la combler qu'elle se mettait dans de tel état, alors elle n'allait pas trouver la paix ainsi. « Tu peux me dire quelles douleurs de plus fort que la mort, me voir ainsi peut lui procurer ? » C'était froid, c'était peut-être un peu trop dur dans sa façon de le dire, mais c'était ce que l'Anglaise ressentait. Rachel était morte, et Alex en très mauvaise croyante,  n'avait pas à gérer les états d'âmes des morts. Pour elle, les morts étaient morts, simplement morts et si elle n'arrivait pas à vivre pour elle même, si elle n'arrivait pas à vivre pour les vivants, elle n'allait pas se mettre à vie pour plaire aux morts. Cette discussion commençait à l'énerver parce qu'elle devait gérer à la fois ses souvenirs, les mots d'Alfie qui était bien trop gentil avec elle, mais qu'elle trouvait pourtant hypocrite, et sa colère envers elle même, envers Rachel, envers Alfie aussi. « On peut pas changer les choses, on aurait jamais pu. » Elle soufflait un peu trop bruyamment, s'allumant une nouvelle cigarette tout en proposant à Alfie son paquet. Il affirmait quelque chose avec laquelle Alex ne pouvait pas être d'accord. Parce que c'était presque le but ultime de la vie d'Alex. Changer les choses, elle aurait donné tout ce qu'elle avait pour changer les choses. Parce qu'elle en avait fait des erreurs, elle en avait fait souffrir des gens et elle avait impacté la vie des autres de bien des manières. Et au fond d'elle, elle aimait penser qu'elle aurait pu avoir un impact sur les choses. Et si ça faisait très prétentieux, c'était aussi une pensée qui lui permettait de s'ajouter une part de responsabilité dans la mort de Rachel. Et 'si elle était restée'. Et 'si elle n'avait jamais abandonné Rachel'. Et 'si elle avait été là pour elle'. Jamais elle n'aurait de réponse, mais cette incertitude, ces 'si' qui restaient sans réponses, sans certitudes, lui permettait de se reprocher toute sorte de chose dans sa vie et la mort de Rachel faisait inlassablement partie des choses qu'elle aimait se reprocher, comme pour alimenter toujours un peu plus le bol des reproches qu'elle pouvait se faire. « Et on peut pas l’us-l’ue… l’utiliser comme excuse pour… »  « Pourquoi Alfie ? » Oui pourquoi ne pouvait-elle pas l'utiliser comme excuse ? Pour tout, pour se détruire, pour se faire du mal, pour aller mal ? « Elle n'est plus là, elle ne peut plus nous reprocher de nous détruire ce serait hypocrite non ? » Et Alex amenait ça comme si Rachel avait choisit de partir, de les laisser. Et encore une fois, c'était la colère qui parlait, cette blessure, ce sentiment d'avoir été abandonnée par celle qui ne l'avait jamais laissé tombée avant. Elle avait été abandonnée et c'était tentant d'abandonner à son tour. Juste pour voir si la paix arrivait après le chaos. Juste pour voir si le néant avait quelque chose de réconfortant. Juste pour voir si la douleur, la colère, la haine, la souffrance, la culpabilité, tout ça finissait par disparaître à un moment. Parce que parfois c'était invivable, et se faire subir tout ça, n'était pas humain. Alors si Rachel avait eu le droit d'abandonner, de les abandonner, pourquoi elle n'aurait pas le droit de le faire elle aussi ?  

Et finalement, alors que ses pensées étaient en train de devenir plus sombres, alors qu'elle n'arrivait plus réellement à faire le tri dans ses émotions, entre ce qu'elle pouvait ressentir, ce qu'elle pouvait  dire qui soit politiquement correct, elle avait finit par lui demander pourquoi il était venu. Sans doute pas pour apaiser les souffrances de l'Anglaise dont il avait sans doute peu à faire avant ce soir. C'était Alfie, elle était elle et leur seul point commun avait été d'être des boulets dans la vie de Rachel. « Parce que Rachel serait venue. » Cette phrase avait déstabilisé l'Anglaise complètement, qui s'était arrêtée nette. Laissant Alfie marcher devant elle. Il était venu, il était là devant elle parce que Rachel n'était plus en mesure de le faire. Parce qu'elle était morte, parce qu'elle n'était plus là, parce que son absence était un élément indissociable de son prénom maintenant. Et il était là devant elle, à la place de Rachel rendant son absence d'autant plus réelle d'un coup. Et toute la colère qu'elle exprimait pour cacher ses souffrances, avait laissé place à une vague de tristesse qu'elle ne pouvait pas contrôler. Pas dans son état. Rachel serait venue, mais elle ne peut plus, elle ne pourra plus jamais. Et c'était un vide immense qu'elle laissait, un vide qu'Alfie avait essayé de combler en prenant sa place ce soir. Alex pleurait désormais, parce que finalement c'était la seule chose qu'il lui restait. Les larmes qu'elle retenait jusqu'à présent, coulait sans s'arrêter sur son visage. Elle écoutait les mots d'Alfie, qui continuait de parler, en marchant, elle arrivait même à entendre son léger rire. Mais elle ne pouvait plus. « Je pourrais jamais lui demander pardon. Je ne pourrais jamais savoir si elle m'avait pardonné d'être partie. Je ne pourrais jamais être là pour elle comme elle l'a été pour moi. Je ne pourrais jamais être à sa hauteur. Je ne pourrais jamais me pardonner de l'avoir abandonnée. » Et après avoir exprimé sa colère envers Rachel d'être partie, c'était contre elle même que la colère se retournait, la vraie colère. Cette haine d'elle même, cette culpabilité intense qu'elle ressentait au fond d'elle quand elle repensait à toutes ses erreurs. Rachel n'était plus là, et elle laissait un vide immense et personne ne pourrait le combler puisqu'elle était là seule qui aurait pu apaiser un tant soit peu Alex. Elle ne pourrait jamais demander pardon, elle ne pourrait jamais savoir si Rachel lui avait pardonné son départ au moment de sa mort. Et à défaut d'avoir cette réponse, Alex avait choisi de se haïr au lieu de se pardonner.


Spoiler:
Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 YV4dgvCSujet: (heïana & evelyn) a wolf among sheep
Evelyn Pearson

Réponses: 6
Vues: 466

Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 EmptySujet: (heïana & evelyn) a wolf among sheep    Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 EmptyLun 30 Mar - 13:42
a wolf among sheep
(gif. ssoveia + ft. @"Heïana Brook")
EXORDIUM.
Evelyn s'était toujours mieux entendue avec les hommes. Un constat qui s'était imposée à elle assez tôt tandis que les rapports qu'elle entretenait avec ses sœurs, à l'exception de la plus jeune, n'avaient jamais été au beau fixe. Elle avait des amies, Eva et Jules s'approchant le plus de ce qu'on appelait communément des meilleures amies, mais elle n'avait jamais réussi à totalement s'amouracher amicalement de quelqu'un du même genre qu'elle. En devenant davantage proche de la gent masculine, elle avait sans doute cherché à remplir un espace laissé vide par l'absence de son père, il ne fallait pas être sorti d'une grande école pour le comprendre, et ça ne l'avait jamais rendue honteuse de l'admettre quand on la pointait du doigt à propos de tout ça ; qu'elle était plus à l'aise en leur compagnie parce que ça lui rappelait quelque chose, et que ça lui faisait du bien. Un comble quand on pensait à son féminisme marqué et à sa volonté de toujours se placer du côté des femmes que ce soit dans sa vie de tous les jours, ou lors des cérémonies qu'elle organisait… encore une contradiction qui faisait partie intégrante de sa personnalité, et qu'elle assumait volontiers, même quand Lara regrettait ses éloges à propos des hommes qui croisaient leur route. Alors ici, c'était un sentiment un peu étrange, de se retrouver à papoter bonnes résolutions et maquillage avec une jeune femme qu'elle n'avait rencontrée que quelques fois, et de loin. Mais ce n'était pas désagréable, c'était juste différent. Heïana la faisait sourire avec son enthousiasme débordant, et sa façon si particulière de toujours voir le bon côté des choses. Elles se connaissaient peu, mais ça transparaissait dans sa façon de se mouvoir et d'envisager le reste de l'année qui venait à peine de débuter. Ce n'était pas étonnant que les plus petits se sentaient bien en sa présence, s'attachant à elle comme on s'attache à une princesse de conte de fées ; elle irradiait.

"Vous ne pourrez pas lui faire plus plaisir." fit-elle, appuyant les dires de la jeune femme au sujet des futures demandes de Nell. Il y avait fort à parier qu'elle ne réussirait plus bien longtemps à faire comme si elle ne mourrait pas d'envie de lui demander si elle était bien la princesse qu'elle la soupçonnait d'être, aussi trouva-t-elle la réponse d'Heïana à la hauteur de la bonté qu'elle lui donnait l'impression d'avoir au fond du cœur.
Retournant à son occupation, Evie mentionna Owen sans le vouloir véritablement, se laissant prendre par la continuité de la conversation de façon naturelle. Et quand Heïana rebondit sur ses propos, elle leva le nez de ses fleurs pour la regarder un instant. Elle marqua un temps mental, se demandant ce qu'elle était en droit de lui dire ou non. Ils n'en avaient jamais parlé avec le jeune homme, de ce qu'il était socialement acceptable de révéler en ce qui concernait le lien qui les unissait. Et bien que ce n'était pas un secret qu'à une certaine période de leur vie, ils avaient été plus proches que des amis, son entrée dans la prêtrise avait tendance à effacer la mémoire collective de ceux qui savaient ; comme si à partir du moment où il avait décidé de servir le Seigneur, sa vie d'avant n'avait plus raison d'être jamais mentionnée.
Elle s'aperçut, un peu trop tard au demeurant, de la manière avec laquelle elle s'était soudain tut pour réfléchir. Ce fût dans un léger rire, laissant l'impression qu'elle venait d'atterrir du monde dans lequel elle s'était momentanément réfugiée, qu'elle finit par lui répondre "On a été proches à une époque, oui." se contenta-t-elle de dire sans rentrer dans les détails, consciente qu'en choisissant d'en dire aussi peu elle en révélait peut-être sans doute beaucoup plus. C'est la raison pour laquelle elle décida qu'il était temps de s'intéresser au rendu du travail qu'elles avaient abattu et que le commentaire d'Heïana rendit officiellement digne d'être présenté au reste de l'assemblée qui ne tarderait pas à arriver. Glissant ses cheveux à deux mains derrière ses oreilles, Evelyn se tourna vers elle "Non, je vous remercie pour votre aide. Filez-vous occuper un peu de vous, vous l'avez mérité. Et puis, il est temps de mettre votre plan bonnes résolutions en marche, non ?" Elle lui sourit, montrant d'un geste vaste de la main les tables devant elles "Je vais terminer de peaufiner les derniers détails avant que tout le monde n'arrive. Oh, Heïana ? Attendez une minute." lui demanda-t-elle, et aussitôt, s'activant sur ses talons, elle alla fureter dans son sac à mains pour en en sortir un tube de rouge à lèvres jamais utilisé qu'elle finit par lui tendre "Il est neuf. Vous m'avez demandée des conseils, le premier c'est de ne jamais oublier le rouge à lèvres. Discret de préférence, vous n'avez pas besoin d'en faire des tonnes." Une façon indirecte de lui faire un compliment. D'ailleurs, il se coupla à un clin d'œil bienveillant ; puis la bénévole tourna les talons, la laissant continuer l'installation du reste des fleurs qui embaumèrent l'espace, laissant présager un bon moment imminent.

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Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 YV4dgvCSujet: (heïana & evelyn) a wolf among sheep
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 EmptySujet: (heïana & evelyn) a wolf among sheep    Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 EmptyMar 17 Mar - 23:05
a wolf among sheep
(gif. ssoveia + ft. {@=3157}Evelyn Pearson{/@})
EXORDIUM.
La brune pouffa de rire devant la justification - très logique ceci dit - d'Evelyn quant au fait que les bonnes résolutions, ce n'était clairement pas son dada. Ceci pouvait se comprendre, souvent, on les faisait par acquis de conscience, tout cela pour les abandonner entre deux semaines et deux mois plus tard. Je vois plutôt ça comme se donner de nouveaux objectifs, mais pas forcément chiffrés, sinon ça peut en effet être démoralisant, répliqua la plus jeune, ne se rendant même pas compte qu'elle effleurait une des cordes sensibles d'Evelyn, dans sa naïveté toute bonne de pleine volonté. Heureusement, elle argumenta alors qu'elles venaient d'arriver devant les tables à décorer, partant sur un point de vue qui serait bien plus agréable à discuter: Par exemple, j'ai décidé que cette année, j'essaierai de prendre plus de temps pour moi qu'auparavant ! C'est plutôt sympa, comme résolution, non ? Et pas des plus difficiles à tenir, en plus, tout en recouvrant des possibilités si larges que chacun pourrait y trouver son bonheur. Cela pouvait être faire un peu d'activité physique, comme se pomponner plus régulièrement et être à l'écoute de soi, plus lire, se lancer dans une activité personnelle pour laquelle on avait encore jamais pris le temps de s'y mettre... D'ailleurs, si jamais vous avez des conseils à me donner en termes de maquillage, je suis preneuse ! s'exclama la demoiselle avec bonne humeur. Autant en termes d'entretien de la peau et de ses cheveux, elle s'en sortait bien, en les nourrissant de Monoi, la fameuse huile de tiaré de Tahiti ainsi que de masques capillaires à la coco, autant elle n'était pas experte dans le domaine des fards, mascaras et autres jolis artifices. Tout au plus avait-elle dans sa trousse de toilette de quoi cacher un vilain bouton surgissant de temps à autres, un mascara, un ou deux rouges à lèvres... Et ça devait être tout, peu ou prou. Alors qu'Evelyn, pour sa part, avait à ses yeux de jeune femme l'air d'une pro des palettes de maquillage, étant superbement apprêtée et vraiment magnifique de A à Z.

La brune rit lorsque sa compagne de bénévolat lui parla de sa nièce; ainsi, la petite Nell était vraiment à fond ! Ce serait bien dommage de lui briser le moindre éclat des rêves qu'elle entretenait, et la Polynésienne approuva les paroles de sa comparse d'un simple hochement de tête alors qu'elle disposait les centres de table. Pensive quelques secondes, elle rayonna soudainement, et déclara avec entrain: Je pense que je vais apprendre par coeur l'une des chansons du dessin animé... "Le Bleu Lumière", par exemple ! Comme ça, je serai fin prête si Nell poursuit son enquête, et elle sera sûrement contente.

Lorsqu'elles discutèrent de la paroisse, et du regain de dynamisme dont celle-ci bénéficiait depuis l'arrivée d'Owen comme nouveau prêtre, Heïana réalisa que la brune en savait plutôt beaucoup, d'autant plus pour quelqu'un qui n'était revenue vers la religion que récemment. Ceci confirma donc son idée, que la brune connaissait l'homme d'Eglise d'une circonstance autre que celles rendues possibles par les événements religieux. Elle ne vit pas cela d'une manière ou d'une autre, c'était juste un constat. Vous connaissez bien Owen ? demanda-t-elle sur le ton de la discussion, malgré tout un peu curieuse d'en savoir plus. Elle sourit face aux compliments de son aînée, et répondit avec modestie: C'est gentil de votre part, mais seule, je ne serai pas capable de faire grand chose. C'est le fait d'avoir une communauté à servir qui me donne envie de faire de mon mieux.

Finalement, les deux femmes terminèrent les ouvrages auxquels elles s'étaient attelées sur les différentes tables, mais le travail n'était pas fini, loin de là : il restait encore les serviettes, assiettes et différents couverts à disposer, mais au moins la décoration globale était posée. Lorsqu'Evelyn lui demanda ce qu'elle en pensait, Heïana laissa son regard voguer sur la salle comme sa planche de surf aurait roulé sur les vagues de Polynésie, avant de déclarer: Ça me semble très bien ainsi ! La Tahitienne s'étira un instant, paumes vers le ciel, puis elle vérifia l'heure sur sa montre: il était grand temps d'aller se changer, histoire de ne pas avoir l'air d'une sportive crasseuse du dimanche devant le reste des invités. Les autres se chargeront de ce qu'il reste, je vais rentrer prendre une bonne douche. Avez-vous autre chose à faire ici ? Sinon, je peux vous inviter à prendre un café ou un thé chez moi.

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Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 YV4dgvCSujet: (yassan) i'll tell you the truth but never goodbye
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 EmptySujet: (yassan) i'll tell you the truth but never goodbye    Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 EmptyMar 17 Mar - 17:51
i'll tell you the truth but never goodbye
(ft. {@=934}hassan jaafari{/@})
EXORDIUM.

Yasmine était indiscutablement modeste, reste qu'elle était aussi extrêmement lucide. C'était d'ailleurs ça qui lui permettait d'affirmer qu'en vérité, elle n'avait jamais connu l'échec… pas même une seule fois. Si on l'observait d'en haut, si on suivait son parcours d'un point de vue tout extérieur, perché sur le grand arbre cosmique qui surplombait son si joli parcours, elle était l'archétype-même de la jeune femme qui en voulait et qui s'en donnait les moyens. Pas en écrasant les autres ou en usant de stratégies machiavéliques pour obtenir ce qu'elle pensait mériter, même rien qu'un peu, mais en travaillant d'arrache-pied, et en ne laissant personne remettre en doute ses capacités à obtenir ce qu'elle voulait. Ça, elle s'en chargeait elle-même, tellement bornée sur le sujet qu'à l'entendre parler, on se rendait très vite compte qu'elle ne croyait pas faire partie de ces privilégies qui étaient nés avec une tête bien faite. A ses yeux, son savoir résultait d'heures de révisions harassantes et fastidieuses, et pas d'un quelconque talent inné pour la science et ses à-côtés. Elle était intelligente, certes… dans une certaine mesure toutefois, et ça ne prêtait à aucun débat.
Tout le monde n'était pas fait pour les grandes études, tout le monde n'avait pas la capacité d'assimiler des centaines de milliers de pages, de notions et de schémas… et visiblement, c'était son cas. Bonne à rien. C'était un terme aussi dur qu'erroné si on considérait la carrière qu'elle s'était bâti ces dernières années, mais aussi l'excellente réputation qui la précédait tant elle était consciencieuse, droite et douée pour ce qu'elle faisait. Et pourtant, en lisant les quelques lignes qu'elle avait sous les yeux, et dont elle tronqua la moitié, impatiente comme elle l'était, c'est ce qu'elle pensa immédiatement. Sournoisement, la honte s'insinua en elle comme une bouffée de chaleur si intense qu'elle en ressenti tous les effets indésirables qu'elle classa par ordre croissant ; la tête qui tourne, les joues qui rosissent et le pouls qui s'accélèrent au point d'en devenir tellement, tellement douloureux qu'elle se demanda si elle allait réussir à tenir debout.
Il le fallait, elle en avait conscience. Et pas seulement parce que tout à coup, la présence d'Hassan à ses côtés lui parut encore plus certaine, le moindre de ses gestes devenant palpable tandis qu'elle se concentrait pour ne pas tomber ni laisser l'angoisse qui l'avait tant travaillée ces dernières heures la submerger. C'était terminé.

Les lèvres du jeune homme sur sa tempe, puis sa main remontant de bas en haut sur son épaule, la ramena à une réalité à laquelle elle n'aurait pas refusé d'échapper, sonnée par la lourdeur qui venait de lui tomber dessus comme un poids qu'elle avait longtemps anticipé, sans parvenir à réellement s'imaginer à quel point il serait pénible à porter. Ca va aller, l'entendit-elle lui murmurer et doucement, presque graduellement, elle ferma les yeux, laissant sa tête trouver l'angle de son épaule dans laquelle elle creusa pour venir y nicher le bout de son nez qui lui picota sans qu'elle ne le veuille tout à fait. La chaleur du corps d'Hassan la rassura à peine. Néanmoins, elle se laissa envelopper par la sensation de retrouver quelque chose qu'elle avait eu le sentiment d'avoir perdu il y avait des semaines de cela, se raccrochant à cet acquis comme à une bouée saisie à l'arrache, jetée trop tard pour totalement parvenir à en faire quelque chose. Yasmine s'entendit retenir un léger sanglot.
Elle se souvenait de toutes ses chutes à vélos, de tous ses coups de folie lorsqu'elle déboulait avec l'assurance bancale d'un garçon manqué, droit dans les ronces, juste pour prouver à ses parents, mais aussi au voisinage qu'elle était aussi capable de courir comme une championne que son frère et ses amis ; de la manière dont elle se relevait avec l'impatience d'un bambin apprenant tout juste à marcher, les larmes aux yeux, les mains écorchés et pleines de cailloux, les genoux ensanglantés…mais avec un sourire si radieux sur le visage qu'on en venait à oublier qu'elle s'était blessé. Yasmine, ça avait toujours été celle qui rassurait, qui berçait, qui promettait que ce n'était rien et qui repartait en claudicant, s'assurant de donner des nouvelles à celui qui l'avait ramassé pour qu'il ne se fasse pas trop de souci, pour qu'il dorme mieux la nuit ; parce qu'elle ne voulait pas faire de la peine aux autres, parce qu'elle ne voulait inquiéter personne même si ça signifiait qu'elle devait édulcorer sa propre souffrance et ronger son frein pour ne pas hurler.
Elle n'en pouvait plus de retenir tout ça, d'être celle vers qui on se tournait dans l'espoir de grapiller quelques rayons pour espérer éclairer un ciel trop sombre. D'un côté, elle se trouvait égoïste de vouloir s'en décharger, elle qui, il n'y avait pas si longtemps encore, trouvait son identité dans l'idée d'apporter son soutien à autrui sans rien demander en retour. Mais de l'autre, elle se demandait : qui lui apportait vraiment du soutien, à elle ? Cette mauvaise nouvelle était l'occasion de faire tomber une barrière, d'être plus fragile qu'elle l'avait toujours prétendu pour permettre aux autres d'aller mieux. Elle aussi elle avait besoin d'aller mieux, de sentir que pendant quelques temps, elle pouvait ne pas justifier son comportement et trouver la paix dans le simple fait d'être soutenu par la bonne personne ; celle qui comprendrait ses silences sans chercher à les rendre moins denses, juste en leur laissant de la place autant que toutes ces paroles insensées qu'elle avait prononcées depuis son retour d'Afrique pour exprimer maladroitement son état d'esprit.
Elle était fatiguée. Elle ne voulait plus prétendre qu'elle n'était pas atteinte dans cet amas indistinct qui formait son amour propre à cet instant-là. Ça faisait des mois que ça durait, des mois que ça lui faisait du mal de craindre que le premier échec de sa vie puisse provenir de sa volonté farouche de se prouver à elle-même qu'elle était véritablement capable de quelque chose. C'était le projet le plus important dans laquelle elle s'était lancée depuis la fin de ses études d'infirmière… et c'était celui sur lequel elle se cassait méchamment les dents, sans aucune autre option que d'accepter qu'elle avait été trop sotte pour viser aussi haut, aussi fort. Elle avait le droit d'être malheureuse, elle avait le droit d'être déçue et de ne pas retenir les larmes qui se mirent à mouiller la chemise d'Hassan… et elle se l'accorda, ce droit ; avant de se décoller doucement de lui et d'opiner du chef lorsqu'elle se retrouva face à lui, le visage nimbé d'un masque humide qu'elle assécha avec les paumes de ses deux mains.

"Je m'en doutais. Je le savais. C'est pas plus mal." fit-elle seulement, ne se laissant pas le temps de renouer avec ses anciennes habitudes et de sourire pour faire joli. Elle s'en exempta totalement, penchant la tête sur le côté pour demander au jeune homme, le regard directement fiché dans le sien "J'annoncerai la nouvelle un peu plus tard, d'accord ? Je veux qu'on profite de la journée pour se retrouver avec les parents. Ils sont contents qu'on vienne déjeuner, je veux pas gâcher la fête en leur disant que j'ai…" Elle renifla un peu, et baissa la tête pour remarquer que Sasha avait refait son apparition dans la pièce, juste à ses pieds. Miaulant et ne demandant pas mieux qu'elle le soulève pour venir apaiser le tressautement de son corps transi par la déception, il tendit la patte pour venir frôler sa cheville. Yasmine se pencha pour le prendre, le pressant contre sa poitrine, à l'endroit où s'ouvrait légèrement sa chemise, et reprit en même temps, et à l'adresse d'Hassan "Ça n'engage pas grand-chose. Juste quelques heures, le temps que je rassemble un peu mes esprits, que je fasse sur le point sur ce que ça implique." L'annulation de sa bourse, les regards de ceux qui étaient au courant de ses projets, l'idée qu'elle allait devoir retourner travailler avec ce boulet accroché à ses chevilles… elle sentit à nouveau ses yeux se remplir de larmes quand elle prit une profonde et douloureuse inspiration, lui affirmant sans l'ombre d'un sourire, mais les sourcils froncés pour lui montrer qu'elle y croyait quand même, même si ce n'était pas beaucoup pour le moment "Ça va aller, Hassan."  
Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 YV4dgvCSujet: (charlie & evelyn) a christmas reunion
Evelyn Pearson

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 EmptySujet: (charlie & evelyn) a christmas reunion    Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 EmptyMar 17 Mar - 14:43
a christmas reunion
(ft. @Charlie Villanelle)
EXORDIUM.
Il n'était pas toujours nécessaire d'en dire beaucoup, juste de profiter du moment pour se rappeler des souvenirs heureux d'une période donnée sans pour autant la regretter. Evelyn avait cette sensation avec Charlie, de pouvoir s'émerveiller face au jeu du hasard et ne pas se morfondre sur ce qu'elles avaient laissés derrière elles chacune de leur côté. Elles s'étaient connues, elles avaient mûri… la vie était faite ainsi, il était inutile d'en faire tout un roman – sûrement indigeste d'ailleurs, certains passages ne méritant pas les détails et les grandes envolées lyriques. Ce n'étaient pas les grandes phrases qui faisaient les grandes conversations, mais bel et bien l'intention qu'on mettait à partager avec l'autre ; dès lors qu'on se sentait obligé d'en faire trop, c'était qu'il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond.
La surprise de leurs retrouvailles était bien réelle, elle n'avait pas besoin d'être expansive toutefois. Elles n'étaient pas comme ça. Evie ne l'était pas en tout cas. Tout dans la demi-mesure, c'était une maxime sur laquelle elle calquait sa vie depuis bien des années désormais, consciente que le clinquant pouvait galvauder bien des faits et pas les plus reluisants. Elle avait fait de gros efforts pour se construire une image presque parfaite, mais elle avait aussi une idée bien arrêtée de la personne qu'elle voulait être… et surtout pas une caricature affutée par le fuseau du népotisme ronflant du milieu qu'elle venait, et dans lequel le papier doré servait uniquement à emballer des cadavres nauséabonds et des intentions qui l'étaient tout autant.

Mais le sujet n'était pas là, aussi le détournant habilement pour reporter toute l'attention sur Charlie, elle fronça doucement les sourcils lorsqu'elle interjeta face à une information qu'elle avait laissé poindre à propos de Lucia.
"Lucia Whitemore, tu la connais ?" Et encore une fois, elle se retrouva comme une petite-fille prise dans les griffes d'une créature fantastique qu'elle ne réussirait jamais à dompter tant elle était imposante et omnisciente. A plus de 30 ans, elle réussissait encore à se laisser surprendre par la manière dont les choses étaient écrites. Elle qui avait passé tant de temps à renier l'existence d'un être supérieur, elle devait bien admettre que son avis tranché sur la question était mis à rude épreuve et qu'il faudrait, un jour où l'autre, qu'elle revoie sa copie pour accepter l'idée que quelqu'un, de l'autre côté du miroir de ses certitudes, prenait un plaisir patenté à malmener ses convictions "C'est incroyable. Encore un peu, et je vais finir par croire qu'il y a une caméra cachée." fit-elle, se tourant légèrement sur son siège pour regarder derrière elle et appuyer ses dires en riant tout doucement "Moi aussi. C'est une gentille fille. Mais pas seulement." Elle en aurait des choses à dire sur Lucia ; sur la manière dont elle l'imaginait évoluer très prochainement, elle qui ne demandait qu'à prendre son envol et à apprendre. Mais si Charlie la connaissait déjà, il était sans doute inutile qu'elle lui vante toutes ses qualités. De ce fait, elle s'abstint pour s'immiscer dans l'intimité toute relative de la jeune femme qu'elle questionna sur sa grossesse.
Dans le fond d'elle-même, elle se maudit de le faire ; et dans un sens, sa réaction la rassura, faisant naître un grand sourire sur son visage qui rayonna quand elle lui renvoya avec douceur "Neuf mois de questions permanentes et indiscrètes, c'est long, j'imagine. Parlons d'autre chose, ça me va." Elle avait été témoin du comportement de ceux qui jugeaient qu'une femme enceinte était la propriété de tout un chacun. Les questions étaient une chose, les caresses inopinées pour sentir le bébé bouger en était une autre, et c'était invasif. Bien qu'elles aient été proches à l'époque, Evie ne pris pas mal la tentative de Charlie de continuer leur discussion sur un autre domaine de son choix. Si c'était ce qui la faisait se sentir plus à l'aise, elle, elle ne lui retirerait pas ce plaisir. Et tant que Neal ne revenait pas sur le tapis, elle était sûre de pouvoir gérer les choses sans se montrer trop émotive – en bonne leader charismatique qu'elle était devenue.
Il lui semblait lui avoir déjà fait état de la bonne conduite de l'agence, aussi passa-t-elle cette partie pour revenir sur Lucia "Depuis le début de cette année en vérité. On s'est croisées par hasard, mais elle a été assez culotée pour profiter de l'occasion et m'approcher. Elle m'a tout de suite plu." A croire qu'elle avait un penchant notoire pour les oiseaux égarés "Elle a bien fait, j'ai un bon pressentiment à son sujet… elle bosse bien, elle est volontaire, elle apprend vite. Elle est douce et plus instinctive que je ne le suis parfois, ça équilibre. " Même si elle regrettait le manque de confiance de la jeune femme à certaines occasions, elle ne tenait pas à la fourvoyer devant l'une de ses connaissances, alors elle ne dit rien de plus, penchant la tête sur le côté en opinant théâtralement du chef lorsque Charlie continua de parler "Du lait et tout le sucre dont tu auras besoin. Si ça se trouve, tu tomberas sur un jour de dégustation d'échantillons de wedd…" Elle s'arrêta au milieu de sa phrase, répondant au tressautement qui la fit basculer en avant lorsque l'autocar marqua brusquement son stop. Instinctivement, elle vérifia que Charlie soit encore bien installé sur son propre siège, et lui demanda avec un soupçon d'inquiétude dans le ton "Tout va bien ?" Avant de se grandir légèrement, se levant à moitié, pour vérifier qu'elle était bien arrivée à son arrêt
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Evelyn Pearson

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 EmptySujet: (charlie & evelyn) a christmas reunion    Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 EmptyDim 8 Mar - 13:26
a christmas reunion
(ft. @Charlie Villanelle)
EXORDIUM.
Maintenir le contact, ça n'avait jamais fait partie des meilleures dispositions d'Evelyn. Elle ne s'en était jamais cachée, réussissant avec une facilité sans pareille à tourner la page de ses relations passées. Souvent, elle s'exemptait même de les consulter, résolument orientée vers ce que la vie lui réservait, toute parée à noircir les lignes de son carnet mental qu'elle tenait à jour, ambitieuse et déterminée. Peut-être que ça faisait d'elle quelqu'un de froid émotionnellement parlant, reste cependant que lorsqu'elle retombait par hasard sur une personne qu'elle avait longtemps côtoyée, comme ça avait été le cas à de nombreuses reprises depuis son retour en Australie, le plaisir était sincère. La complicité repartait de plus belle, et les années à ne pas se tenir au courant du moindre fait de son existence était relégué à la dernière place de ses priorités. Là encore, c'était le cas avec Charlie. A l'époque, lui tendre la main s'était avéré un choix fait en toutes connaissances de cause, et bien qu'elle ne s'était jamais imaginée qu'elles deviendraient amies, la différence d'âge qu'elles avaient toutes les deux lui permettant davantage de la considérer comme une protégée qu'elle avait su accompagner le temps qu'elle se sente plus à l'aise dans ses baskets pour voguer vers d'autres projets, elle avait néanmoins eu conscience qu'un petit quelque chose les lierait sur la durée. C'était une certitude, elles penseraient l'une à l'autre quelques fois, un peu comme on pense à une vieille mélodie qu'on avait l'habitude de fredonner sans y songer… mais ce serait tout – elle avait eu raison.  
Elle ne s'en voulait pas de ne jamais avoir cherché à avoir de ses nouvelles, elle était comme ça. Une femme de passage dans la vie de ceux qui parvenaient à la garder près d'eux un peu plus longtemps qu'une nuit, à prodiguer sa pseudo-sagesse et ses conseils, pour ensuite s'en aller et rester une ombre lumineuse et sereine ; ça lui convenait très bien ainsi, trop marquée par l'attention collective au cours de sa jeunesse pour prétendre que c'était sain d'être le centre du monde des autres. Evie se contentait d'être le centre de son monde et à ses yeux, c'était déjà beaucoup.
Ça ne l'empêchait pas d'éprouver curiosité et affection pour autrui au contraire, et sans doute que c'était ça qui lui faisait peur d'ailleurs, de s'attacher aux autres et de les voir disparaître comme ça avait été le cas avec son père. De ce fait, elle prenait les devants en partant la première. Enfin, elle s'égarait, le regard toujours posé sur le renflement de l'abdomen de Charlie qui lui confirma sa grossesse qu'elle avait devinée, bonne observatrice. Elle trifouilla rapidement dans sa mémoire pour mettre le doigt sur les vieilles conversations qu'elles avaient eues à l'époque, histoire de se souvenir s'il avait déjà été question pour la jeune femme de fonder un foyer aussi tôt. Elle n'eut pas besoin de s'enfoncer trop loin dans son esprit, cette dernière lui confirma que cet heureux événement n'était qu'un aléa de la vie – un aléa de la vie plutôt positif, comme en témoignait la manière dont, instinctivement, elle vint caresser son ventre.

"Je suis heureuse pour toi." Evelyn trouvait que c'était toujours délicat de se répandre en félicitations à propos d'une grossesse. C'était si fragile, si incertain, qu'elle, elle avait appris à doser ses interrogations pour ne pas tenter le Destin de contrer les plans de ceux qui verraient leur vie changer du tout au tout ; ne pas se renseigner sur le genre du bébé avant un délai précis, ne pas demander des nouvelles du papa si l'on n'était pas sûr qu'il soit présent, ne pas chercher à savoir si c'était voulu ou pas, et totalement bannir la notion d'accident de son champ lexical… il fallait se montrer finaud dans ces cas-là, et elle se savait assez douée pour ça "ABC, vraiment ? Côté télé ou côté radio ?" s'intéressa-t-elle, la lueur qui dansait dans ses yeux s'intensifiant de plus belle en imaginant la jeune femme avec une carrière dans ce milieu. Mais tout de même, une légère inquiétude lui fit pincer les lèvres, elle qui avait tant gravité autour des médias et qui savait à quel point ce monde pouvait être cruel. Seulement, elle se souvint que Charlie tendait vers la pratique de la linguistique alors qui sait, peut-être serait-elle à l'abri des affres journalistiques. Elle l'espérait en tout cas, car elle allait déjà beaucoup avoir à faire ces prochains mois "J'ai tendance à respecter ma parole et quand je dis que je vais rester, c'est que je vais rester… pour longtemps, c'est prévu. Tu passeras à l'agence, que je te montre un peu mon univers de ce côté du monde ?" tacha-t-elle de la rassurer, sentant son ton changer, et n'étant pas spécialement douée pour traiter avec les hormones des jeunes mamans.
Toutefois, elle lui prit la main qu'elle serra dans la sienne, continuant la conversation avec un léger sourire quand Neal revint sur le tapis "Il a préféré rester là-bas, oui. Ce que je comprends, il a passé toute sa vie à Londres. Je lui ai demandé plusieurs fois de me rejoindre, mais il a officiellement refusé il y a quelques mois de ça. Ça va, on reste en contact." Beaucoup moins ces derniers temps, depuis que Lucia était rentrée dans la course, et qu'elle avait de plus en plus l'impression que le jeune homme lui manquait pour les mauvaises raisons – ou les meilleures raisons, c'était certainement une question de point de vue. Elle ne pouvait s'en vouloir qu'à elle-même, inutile donc de faire dans la surenchère, même si la pause qu'elle marqua, récupérant sa main pour la glisser dans ses longs cheveux bruns fût assez lourde de sens pour que Charlie comprenne qu'elle le vivait moins bien qu'elle ne le prétendait pendant qu'elle laissait entrevoir un sourire aussi éclatant qu'à l'accoutumée "Merci de croire autant en moi, je suis touchée." lui répondit-elle en riant avant de reprendre, doucement "J'ai engagé une jeune femme récemment, Lucia. Elle est douée, plus qu'elle ne se l'imagine d'ailleurs. Ça me fait du bien de revêtir la casquette de professeure et comme elle a envie d'apprendre, l'échange est plus agréable. Je commençais à me sentir un peu seule au bureau." Mais pas dépassée, elle savait gérer son business avec l'aide des partenaires qu'elle avait ajouté à son catalogue de prestations, et le tout tournait avec des intérimaires qu'elle choisissait avec un soin critique, aiguisé. Un peu de stabilité, c'était ce dont elle avait besoin désormais, et avec Lucia dans ses rangs, elle était persuadée que les choses redeviendraient comme elles étaient à Londres "Et cette petite chose qui grouille dans ton ventre, quand est-ce qu'elle compte nous rejoindre ? Je ne t'ai même pas demandée à combien de mois tu en es. Raconte-moi." Et elle pencha la tête sur le côté pour mieux sonder les traits de la jeune femme qu'elle questionnait.
Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 YV4dgvCSujet: confession nocturne (yasmine)
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 EmptySujet: confession nocturne (yasmine)    Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 EmptyVen 6 Mar - 20:43
confession nocturne
EXORDIUM.
Trois ans. Le cerveau de Yasmine se mit en marche, turbinant à une vitesse ahurissante, au même moment où la bouilloire se mit à chanter dans son dos. Le temps qu'elle fasse le décompte de toutes les choses qui s'étaient passées en trois ans et qu'elle vienne lui couper le sifflet, à cette fichue bouilloire, et le silence se répandit, assourdissant, dans l'appartement qu'elle avait rendu si douillet. Trois ans ; de la rémission d'Hassan, à son agression, en passant par sa rencontre avec Edge et son voyage humanitaire, mais aussi la naissance de Reda et son examen d'admission à l'école de médecine… elle avait l'impression que plusieurs vies s'étaient écoulées en ce laps de temps si court qu'elle eut bien du mal à imaginer comment Clara avait pu garder ce secret aussi longtemps. Mais en même temps, elle prit conscience du poids que ça devait représenter de garder ce secret en particulier, de la charge émotionnelle qu'elle avait engrangée, capable de faire bonne figure devant tous ceux qui avaient été témoins de son histoire avec son petit ami. Ça avait dû être très dur… mais elle l'avait choisi et malgré tout l'amour qu'elle avait pour Clara, toute l'amitié qu'elle lui avait toujours réservée à elle, et rien qu'à elle, elle sut qu'elle ne serait jamais capable de la plaindre.
Yasmine se trouva dure d'épiloguer avec autant de jugements, même si c'était uniquement dans sa tête. La manière dont son corps se raidit ne trompait pas cependant, et l'éclair qui passa dans ses yeux d'émeraude lorsqu'elle comprit qu'en vérité, elle avait été idiote de croire en l'honnêteté de son amie, fût si dense qu'elle vit des centaines de petits points danser dans son champ de vision "Clara…" fit-elle seulement, accusant le coup de sa réponse en revêtissant un masque de tristesse à la hauteur de ce que lui inspirait la situation. Jamais elle n'aurait pu imaginer pareille révélation, jamais elle n'aurait un jour cru pouvoir douter de la parole de la jeune femme qu'elle avait devant les yeux – sa meilleure amie… et pourtant à ce moment-là, elle eut du mal à accueillir ses larmes comme ce qu'elles étaient. Un soulagement réel que ses cris rendirent déchirants et qui la fit réagir. Mais pas de gaieté de cœur.
Yasmine n'ajouterait rien, elle se contenterait d'être là. De la prendre dans ses bras et d'éponger les larmes qui ruisselaient sur ses joues tandis que Clara comprenait enfin que le chemin qu'elle avait choisi de prendre la menait à sa perte. Elle serait l'amie qu'elle avait toujours été pour elle, à prendre en considération sa folie et en l'appréciant telle qu'elle était, mais en n'oubliant pas qu'elles étaient faites différemment, et qu'être amie avec quelqu'un, c'était aussi accepter de ne pas valider des actions qui, comme son infidélité, donnaient du fil à retordre à quiconque avec un peu de moralité. Plus encore, elle étoufferait cette colère qu'elle sentait gonfler dans son cœur lorsqu'elle repensa à toutes ces conversations où Clara lui avait dépeint sa vie avec Nicolas comme étant celle dont elle avait toujours rêvé, choyée par le prince de conte de fées qui s'étaient présentés à sa porte avec son cœur en bandoulière… qu'elle allait maintenant piétiner.

rp terminé

Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 YV4dgvCSujet: (paul & yasmine) there she goes
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 EmptySujet: (paul & yasmine) there she goes    Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 EmptyLun 24 Fév - 16:27
there she goes
(ft. {@=4095}paul price{/@})
EXORDIUM.
Il y avait quelque chose de plutôt comique dans le fait d'imaginer Edge se faire gronder par l'homme qui se trouvait à ses côtés, et ça avait à voir avec la différence de carrures des deux cousins. Comme quoi, faire partie du même arbre généalogique n'assurait en rien la ressemblance des individus, la preuve en était. Pour autant, elle ne laissa rien d'autre filer qu'un sourire à la suite des propos de Paul, tandis qu'elle comprenait que leur petite escapade dans les étages du St-Vincent était en passe de se terminer "Ils ont l'air plutôt calmes… quand ils ne se perdent dans les couloirs des hôpitaux évidemment." lui répondit-elle en accordant un nouveau regard aux enfants, s'exemptant par la même de lui préciser que sa proposition n'avait pas de date buttoir et qu'elle restait à la disposition des visiteurs d'Edgerton aussi longtemps qu'il resterait patient et pensionnaire de l'hôpital "C'est mon travail." Et elle-même, quand elle poursuivit la discussion, trouva que sa rhétorique sonnait un peu faux. C'était son travail de prévenir les proches de ses patients, ça l'était moins de faire des heures supplémentaires dans l'idée d'assurer ses arrières pour expliquer le fait qu'elle passait beaucoup trop de temps dans l'établissement depuis quelques semaines. Devait-elle parler des soirées qu'elle passait dans la chambre du jeune homme et les compter comme du bénévolat ? Edge n'était pas un patient comme les autres ; il ne représentait pas une corvée à accomplir, l'une de celles qui remplissaient chacune de ses listes, toutes différentes, se renouvelant sans cesse, à longueur de journée ; et encore moins une œuvre de charité dans laquelle elle s'était investie pour se donner bonne conscience et absoudre les péchés horribles qu'elle avait commis – quand bien même ils existeraient, ce qui n'était pas le cas au demeurant, elle n'était pas catholique… et grand bien lui faisait d'ailleurs.
Il était son ex-petit ami. C'était aussi simple que ça ; une dénomination qui lui aurait évité de marcher sur des œufs si elle n'avait pas été aussi consciente que le jeune homme n'avait jamais parlé d'elle à sa famille… et ce n'était pas un reproche détourné, loin de là. Elle non plus, elle n'avait jamais pris cette peine, si ce n'était en dehors de son frère qui savait si bien la lire qu'elle aurait été bien incapable de le lui cacher, même si leur histoire s'était terminée aussi vite qu'elle avait commencée.

"Tu restes pas ?" Penaude, Emma s'avança jusqu'à Paul et Yasmine en interrompant l'échange de politesses initié par son papa. Elle leva le menton pour attirer le regard de l'infirmière qui mima une petite grimace de tristesse en croisant son regard contrarié. Lèvres s'affaissant vers le bas, elle vint frôler sa petite joue rebondie avec son index pour chasser l'expression de déception fugace qui passa sur son visage de poupée "Je dois retourner travailler, ma belle." lui dit-elle tout en finissant par tourner la tête vers Paul "Je vais vous laisser vous retrouver en famille. Je passerai le voir un peu plus tard." Il y avait des moments où il fallait savoir s'effacer. Yasmine était douée pour ça, la faute à son empathie, et à sa capacité à savoir rapidement quoi faire dans ce genre de situation. Quand bien même elle trouvait la petite famille attachante, et qu'en plus, elle n'aurait pas dit non à une pause bavardage avec Edgerton, elle avait conscience qu'il avait besoin d'être entouré de ceux qui étaient importants pour lui ; elle n'ignorait pas que ces quatre-là en faisaient partie  "Mais je suis sûûûûre qu'il sera content de te voir, tu sais." ajouta Emma pendant que Yasmine s'accroupit en face d'elle en rétorquant du tac-au-tac, les yeux légèrement plissés "Et moi je suis sûûûûre qu'il sera encore plus content de te voir, toi." Et le bout de son doigt bondit sur le nez de la gamine qui le fronça immédiatement en guise de protestation, même quand la jeune femme poursuivit, les yeux s'agrandissant sous la révélation qu'elle venait d'avoir "Hey, on se reverra bientôt. Je t'ai promis de regarder tes dessins, oui ou non ?" Sans transition, l'arme de secrète de Yasmine – le gage ultime de sa bonne foi, le geste le plus puérile qu'elle avait en magasin et qui terminait d'asseoir son succès auprès des moins de 14 ans. L'habitude qui lui était restée de son enfance, et qu'elle estimait aussi important, voire plus encore, qu'un pacte de sang : la pinky promise… qu'Emma scella sans y réfléchir à deux fois, leur assurant de se revoir incessamment sous peu, parce que jamais Yasmine ne romprait une promesse faite avec autant de solennité "Prends bien soin de ton nouveau stylo… et fais un bisou à tonton Edge pour moi, d'accord ?" dit-elle en guise de dernière paroles à la petite-fille. Se levant après avoir échangé un baiser sur la joue avec elle, elle se tournant de nouveau vers son papa "Première porte à gauche." lui indiqua-t-elle sur le départ, avant de continuer, opinant du chef pour ponctuer ce qu'elle lui dit "Ça m'a fait plaisir de vous rencontrer aussi, Paul. On sera amenés à se revoir… j'ai promis, alors." Yasmine haussa les épaules en lui souriant une dernière fois ; et après un instant à choisir entre sa droite et sa gauche, elle prit la tangente, saluant Denis et Marc au passage.
Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 YV4dgvCSujet: (heïana & evelyn) a wolf among sheep
Evelyn Pearson

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 EmptySujet: (heïana & evelyn) a wolf among sheep    Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 EmptyLun 17 Fév - 15:49
a wolf among sheep
(gif. ssoveia + ft. @Heïana Brook)
EXORDIUM.
Est-ce qu'Evelyn avait pris de bonnes résolutions en prévision de ce début d'année 2020 ? "J'admire ces gens assez optimistes pour prendre de bonnes résolutions… et qui les tiennent, en plus. Personnellement, j'ai arrêté il y a bien longtemps de me torturer avec ce processus. Pour le meilleur, vous devriez essayer." ponctua-t-elle, rieuse. Elle, elle avait bien trop besoin de contrôler les choses pour se retrouver démunie face à l'imprévu. Et avec la vie, le champ en était miné ; ça forçait celui qui avait pris le temps de tenir une liste de choses à faire de revoir ses plans et d'improviser. Trop peu pour elle. Le seul domaine où elle faisait de vrais projets, c'était dans le cadre de son travail, et c'était parce qu'elle savait exactement comment palier les coups de traquenard de l'imprévu qu'elle y prenait autant de plaisir, se plaçant en challenger du Destin contre qui elle avait une dent, et pas une petite. Autrement, dans sa vie personnelle, elle se montrait magnanime, n'agissant jamais sans être sûre, ne prenant jamais trop de risques par crainte de ne pas savoir gérer les retombées. Un comble quand on pensait que l'image qu'elle renvoyait était celle d'une femme déterminée, confiante et ambitieuse. Evie l'était, mais elle était aussi tellement dans le contrôle qu'elle préférait agir au jour le jour que de voir ses souhaits maltraités par la providence.
Sans doute dévia-t-elle le sujet pour ne pas avoir à s'expliquer sur son choix de laisser l'année venir. Parler de ses neveux et nièces, ça lui venait plus naturellement désormais. Elle s'en était beaucoup rapprochés depuis son retour en Australie, apprenant à faire leur connaissance sur le tard, et à s'émerveiller devant leurs progrès. En les regardant, elle n'avait aucun mal à deviner les contours des adultes qu'ils deviendraient dans quelques années. Certains d'entre eux avaient déjà atteint la majorité, aussi la vie qu'ils menaient en parallèle de leurs études supérieures leur appartenait, mais les plus petits avaient tendance à s'accrocher à elle comme à un nouveau jouet. Nell en priorité, celle avec laquelle elle avait nouée davantage qu'avec les autres, parce qu'elle était la plus petite et qu'elle n'avait aucun à priori à son encontre ; elle aimait juste ses taches de rousseur, la manière dont elle parlait, avec cet accent hybride qui lui venait d'ailleurs, ses manières et son élégance de duchesse, et leur passion commune pour le dessin et les pâtisseries – c'était suffisant pour créer quelque chose de fort. En tout cas pour Evie, c'était assez pour que ses yeux se mettent à briller dès lors qu'elle la mentionnait ou que quelqu'un d'autre le faisait.

Et ce fût le cas à ce moment-là, tandis qu'Heïana rebondissait sur les confidences qu'elle lui avait faites à propos des éloges de ses neveux et nièces "Je confirme. Je ne voulais pas vous le dire, mais elle m'a plusieurs fois fait part de ses soupçons à propos de votre double-identité." Elle plissa les paupières, s'en retournant en même temps vers ses compositions florales en poursuivant sur le ton mystérieux qu'elle avait emprunté "Je ne serais pas étonnée qu'elle finisse par vous demander de lui chanter un petit quelque chose. Mais shhhh, ne lui dites rien, ça lui gâcherait tout le plaisir de la requête." Nell, en effet, était une enfant imaginative. A bien des égards, elle lui rappelait la petite-fille qu'elle avait été alors ; toujours dans sa bulle, à estimer que vivre le nez dans les livres d'images valait mieux que de se confronter à la dure réalité du monde. A son âge, Nell ne le voyait probablement pas de cette façon, et quand elle y songeait, il lui arrivait d'envier l'innocence qu'elle avait conservé alors qu'elle, à presque son âge, elle avait déjà connu un drame qui l'avait bouleversée. C'était pour cette raison qu'elle tenait tant à préserver sa candeur, sans pour autant amoindrir et sous-estimer l'intelligence qu'elle avait déjà.
"Je pense surtout qu'Owen veut continuer à dépoussiérer la paroisse qu'il a repris depuis quelques temps maintenant." Elle savait de quoi elle parlait, elle l'avait côtoyée toute son enfance, cette paroisse ; à l'époque où le père Griffith était encore vivant. Ce qui l'avait frappée dès qu'elle avait assisté à un office du jeune prêtre Baxton, c'était la manière dont il avait réussi à rendre les choses moins désuètes. Là où elle y avait toujours vu de l'austérité, Owen avait réussi à la convaincre que, sous ses travers vieillots, la pratique d'une religion pouvait être moderne. Cela dit, ça ne l'avait pas totalement réconciliée avec le Tout-Puissant, mais puisqu'elle avait plus à y gagner d'être dans ses petits papiers que le contraire, c'était sur le talent d'Owen pour raviver l'éclat de cette institution qu'elle basait son retour-surprise sur les bancs de l'église. Manquait-elle d'objectivité ? Peut-être un peu, mais personne n'était supposé le savoir "Et sans vouloir offenser vos confrères et consœurs, vous paraissez plus dynamique que la majorité des fidèles qui donnent bénévolement de leur temps. C'est important pour lui." La conversation semblait poursuivre naturellement son cours. Le soleil qui émanait d'Heïana se couplait à la chaleur environnante, insufflant une bonne dose d'énergie à la jeune femme qui s'affaira sans faire de pause, à l'aise dans ce rôle de décoratrice qu'elle tenait à merveille ; tellement à l'aise d'ailleurs qu'elle se surprit à donner son avis sur un sujet qui ne la concernait pas vraiment… en l'occurrence, la manière dont Owen envisageait la place d'Heïana à ses côtés. Elle s'en aperçu un peu trop tard, qu'elle n'avait pas voix au chapitre à ce sujet, que ses observations et son ressenti n'étaient pas paroles d'Evangile, et que se montrer aussi loquace à ce propos n'était pas tellement approprié pour quelqu'un qui disait s'investir de temps en temps, et de loin. Se hâtant de bifurquer pour entamer la décoration du côté de la table qu'Heïana quitta, elle estima qu'il valait mieux qu'elle se corrige "Enfin je crois. Il donne cette impression en tout cas." fit-elle avec un sourire rapide. Les doigts s'activant pour arranger la tenue des fleurs sur lesquelles elle posa un œil satisfait, elle finit par faire un petit pas en arrière, puis par demander à son binôme du jour, tout en désignant la table d'un geste du menton "Qu'est-ce que vous en pensez ?"
Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 YV4dgvCSujet: (paul & yasmine) there she goes
Invité

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 EmptySujet: (paul & yasmine) there she goes    Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 EmptyDim 16 Fév - 19:03
there she goes
(ft. {@=3325}Yasmine Khadji{/@})
EXORDIUM.
Ca ne m'étonne pas réellement qu'Edge n'est rien dit. Je ne sais même pas s'il va m'expliquer quand je lui poserais la question. Enfin quoi que. Il va sûrement me dire que ce n'est pas si grave. Je lève les yeux vers Yasmine quand elle dit que j'aurai surement plus d'information. Pas forcément.

- J'ai tout de même un léger doute.

J'avais les yeux un peu partout. Entre Emma, Denis et Marc, il était difficile pour moi de rester concentrer sur une seule chose. J'avais tellement peur de les perdre. Emma semblait bien contente et obnubilé par son nouveau stylo. Je suis d'ailleurs persuadé qu'elle n'allait pas attendre d'être rentré pour pouvoir commencer à dessiner. Fort heureusement, il y a longtemps qu'elle avait cessé de dessiner sur les murs. Je n'avais donc pas à m'en faire pour les murs de la chambre d'hôpital.

- Je sais qu'il est toujours content de voir ces neveux alors je pense que ça lui fera plaisir. Jusqu'à ce que je joue les rabats-joies à l'engueuler sérieusement pour ses bêtises habituelles.

Mais j'avoue ne pas comprendre pourquoi elle me parle de pédiatrie. Peut-être pour le fait qu'elle s'entend bien avec les enfants ? Je chasse l'information de mon esprit et suis simplement Yasmine. Je me met à rire quand elle parle du sac d'Emma. Celui de Marc n'était pas bien vide non plus. Je souris et ajoute.

- Je pense que ça ira. Emma a de quoi dessiner, Denis va sûrement jouer avec sa peluche et Marc à ses livres. Et puis, sinon, on me verra sortir en courant de la chambre, les cheveux en pétard en criant à l'aide.

Je rigole de plus belle à cette image qui se développe dans ma tête. Je ne pense pas en arriver là. Mais j'avoue que ça pourrait être plutôt drôle.
Et Emma parle déjà de ses dessins. Je pense que Yasmine n'aura pas trop le choix que de passer un peu de temps à les regarder. Elle m'indique déjà le chemin à suivre et les petits s'enfuient déjà. Marc tenant les mains des plus jeunes.

- Je vous remercie. C'est vraiment gentil de votre part. Aussi d'avoir tenté de me joindre.

Je me tourne un peu pour pouvoir garder les enfants dans mon champ de vision. Je ne peux pas être plus stressé lorsqu'ils n'étaient pas autour de moi. Je marchais donc dans le couloir ou je pouvais déjà voir plusieurs chambres. Les enfants attendaient devant une des portes entre-ouverte.

- Malgré tout, ça m'a fait plaisir de vous rencontrer. Même si les circonstances sont un peu compliqué.

Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 YV4dgvCSujet: (charlie & evelyn) a christmas reunion
Evelyn Pearson

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 EmptySujet: (charlie & evelyn) a christmas reunion    Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 EmptyVen 14 Fév - 15:31
a christmas reunion
(ft. @Charlie Villanelle)
EXORDIUM.
"Mais tu es blonde maintenant, ça te va bien." lança-t-elle dans un rire très léger, faisant référence à la période de la vie de la jeune femme où elle arborait une chevelure plus flamboyante, distinguable de loin. Un changement qui ne suffisait pas pour qu'elle ne la reconnaisse pas aujourd'hui, ses traits anguleux faisant honneur au profil frôlant la perfection dont elle avait hérité grâce à de bons gènes, très certainement. Evie l'avait assez côtoyée dans le passé pour la remettre, quand bien même plusieurs années s'étaient écoulées depuis qu'elles s'étaient vues la dernière fois à Londres – la vie défilait à une allure, c'était étourdissant parfois, mais tellement excitant aussi. Le temps n'avait pas entamé la jeunesse de Charlie vers qui elle se tourna totalement pour la couver d'un regard pétillant. Elle n'en revenait toujours pas, ça se lisait sur l'expression de son visage qui se crispa à peine face à la démonstration d'affection de son ancienne stagiaire. Elle pouvait lui accorder ça, à celle qui avait partagé son quotidien durant quelques mois, et sans trop d'effort, elle lui rendit son étreinte. Ne pouvant détacher son regard d'elle, au point que pendant une fraction de seconde à peine, elle eut la sensation d'être impolie, elle s'émerveilla intérieurement de ce hasard qui les réunissait.  Une sensation et des pensées qu'elle chassa bien vite quand, glissant l'une des branches de ses lunettes dans le décolleté de sa robe, elle lui répondit :
"Tu sais ce qu'on dit ; the rumors are terrible and cruel, but honey most of them are true. En l'occurrence, celle-ci l'est… surprise !" fit-elle, jazz hands en prime. Evelyn était à peu près certaine d'avoir cité Taylor Swift, la faute à ses longues heures passées à se faire bercer par les titres du top 50 durant les cérémonies qu'elle supervisait dans l'ombre, la tête remuant avec l'air de ne pas y toucher ; on en gardait des séquelles, c'était une certitude. Qui plus est, cette maxime était plutôt révélatrice à défaut d'être véritablement philosophique – quoique.  Elle savait que son retour en ville avait fait des émules, et elle avait beau ne pas s'en soucier, passée maîtresse dans l'art de faire comme si ses faits et gestes n'étaient pas épiés, il n'en restait pas moins vrai qu'elle avait fait partie des sujets brûlants des torchons des environs, en plus des profils internet de trolls en mal de sensations médiatiques.

Elle ne s'appesantit pas sur ses références douteuses, préférant s'intéresser de nouveau à son interlocutrice. Son compliment lui fit pencher la tête sur le côté et baisser les yeux sous ce qu'elle cachait sous son t-shirt. Ou ce qu'elle ne cachait pas manifestement. Il paraissait évident à Evie qu'à ce stade, Charlie ne pouvait plus faire grand-chose que d'admettre qu'elle attendait un heureux événement "Loin de moi l'idée de faire dans la conclusion hâtive mais, ceci…" Elle désigna le baby bump de la jeune fille avec un index peint en mauve pointé par-dessus, les yeux légèrement plissés pour parfaire son cirque, et poursuivre sur le même ton – mi-joueur mi-sérieux, elle tacha de ravaler le sourire en biais qui laissa tout de même une fossette se creuser sur sa joue "C'est le résultat d'un petit-déjeuner trop copieux, ou c'est ce que je crois que c'est ?" Très fine, sa question resta en suspens le temps qu'elle se remette convenablement sur son siège. Elle croisa ses chevilles sous le long jupon de sa robe, ne s'offusquant pas des interrogations retours de Charlie à qui elle répondit après un léger soupir "Au contraire, ça va rendre mon trajet plus intéressant. Neal ne va pas le croire quand je vais lui raconter – il est resté là-bas, c'est une longue histoire." Pas tellement en vérité, mais c'était la meilleure solution qu'elle trouva pour ne pas s'attarder sur le sujet de l'absence de leur connaissance commune. Pourtant, elle ne mentait pas lorsqu'elle dit à la jeune femme que son ex-assistant serait surpris d'apprendre leurs retrouvailles ; il avait toujours eu beaucoup d'affection pour Charlie, comme il en avait beaucoup eu pour Maze. Elle sourit, tournant doucement la tête sur sa gauche pour rencontrer le regard de la blonde "J'ai eu besoin d'un temps d'adaptation. Tout se passe mieux maintenant, j'ai réussi à rouvrir une agence dans les environs. Ça fonctionne doucement, je ne me fais pas de soucis à ce sujet." L'arrivée de Lucia à ses côtés était un plus qui lui faisait miroiter tant de choses, dont l'expansion de son business si elle cessait de s'évertuer à ne pas vouloir engager plus d'une personne pour l'aider. Chaque chose en son temps, elle n'était pas pressée "Et toi alors ? A part ta faim de loup…" Elle rit, reposant son regard sur le renflement de l'adorable petit ventre de la jeune femme "Comment ça se passe pour toi dans cette partie du globe ? Tu as enfin trouvé ta voie ?"
Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 YV4dgvCSujet: (yassan) i'll tell you the truth but never goodbye
Invité

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 EmptySujet: (yassan) i'll tell you the truth but never goodbye    Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 EmptyMer 5 Fév - 11:46
i'll tell you the truth but never goodbye
(ft. {@=934}hassan jaafari{/@})
EXORDIUM.

Elle aurait aimé lui donner tort, affirmer qua sa réussite faisait partie de l'image sans écornures qu'avaient son frère, mais surtout ses parents, d'elle. Sauf qu'Hassan avait raison, et qu'au-delà des conventions sociales et culturelles qu'Amjad et Fatima continuaient à tant vouloir qu'elle suive – même si désormais, le temps passant et l'âge creusant de subtiles marques sur le si joli visage de leur fille, l'espoir s'était tarit pour leur faire admettre que quoi qu'elle déciderait, ils seraient bien obligés de l'accepter – le plus important à leurs yeux restait qu'elle soit heureuse et épanouie. Seulement, ils avaient nourri ce genre d'expectatives bienveillantes à l'encontre de leur fils : à la seconde où il avait été évident qu'il avait dépassé une de leur limite, ils avaient subitement décidé que certain bonheur valait mieux que d'autre et qu'en l'occurrence, le sien, dans les termes de son orientation sexuelle, n'avait pas sa place dans le foyer où il avait grandi. Quelque part, ça terrifiait Yasmine, de se retrouver dans la position de Sohan – d'être démise du rôle qu'elle occupait au sein de la famille Khadji tandis qu'on la contraindrait à rester en dehors du cercle protecteur qu'elle avait toujours connu et chéri, en plus de devoir vivre avec le sentiment d'avoir déçu et trahi. Depuis toutes ces années, elle voyait l'effet que ça avait sur son frère ; elle voyait comme ça avait anéanti tous ses espoirs de vie saine et sereine dans un monde où être musulman et homosexuel était vu comme une double-tare injuste et ignoble ; elle voyait comme il avait cessé d'y croire et comme il s'était fait à l'idée que jamais ils ne trouveraient un terrain d'entente, acceptant sagement l'opprobre par peur de décevoir encore plus s'il se défendait de ne rien faire de mal ; elle voyait comme il souffrait en silence, et comme il intériorisait sa peine sous le prétexte que c'était comme ça qu'on l'avait élevé.... et elle avait mal pour lui, partageant son point de vue sur la question avec la véhémence qu'elle s'autorisait parfois, et qui lui avait récemment valu la première gifle de sa vie. Elle ne l'avait pas supporté, parce qu'elle était assez honnête avec elle-même pour avoir compris que, malgré les libertés qu'elle avait prise au cours de sa vie pour se départir du poids des traditions de ses parents, elle n'était pas aussi forte que Sohan pour supporter davantage de reproches si elle venait à échouer à propos de ce qu'elle leur avait vendu comme le rêve de sa vie. Elle avait été assez habile pour leur faire entendre que c'était ce qu'elle voulait faire, qu'elle avait besoin de cette évolution professionnelle pour continuer sur sa lancée et peut-être, leur donner ce qu'ils attendaient depuis si longtemps d'elle – un gendre, des petits-enfants… et l'enthousiasme de sa mère à connaître ses résultats était une preuve que finalement, elle attendait la conclusion de ce chapitre comme on attend un bel été ; avec une impatience mesurée, mais certaine, charmé par la promesse de jours meilleurs et ensoleillés. Ce n'était pas pour rien qu'ils l'avaient toujours désigné comme l'astre de leur vie, petite fille surprotégée jusqu'à l'éclosion de son caractère qui lui avait permis de s'affirmer, même si ça n'avait été qu'un peu. En vérité, sans le vouloir, ils avaient fait peser une légère pression sur ses épaules en reniant Sohan. Tout était lié, au point de semer le doute dans son esprit et de l'empêcher de considérer son échec comme un droit à part entière. Yasmine ne voulait imposer aucune déception à personne, trop de choses en dépendait.

Elle tut tout ça cependant, bien incapable de verbaliser son cheminement de pensées sans redouter d'exploser. Et puis l'heure était à un autre genre de révélation… qu'elle ne redoutait pas moins, mais qui était trop nécessaire pour qu'elle ne s'échigne à la repousser encore une fois, malgré ses tremblements, malgré les battements accélérés de son cœur, et malgré cette fragilité insupportable qui faisait vibrer le son de sa voix. Retirée derrière le comptoir du petit-déjeuner, elle refila la patate-chaude à Hassan – il avait toujours eu une aura de porte-bonheur à ses yeux et parce qu'elle était désespérée, elle se mit à imaginer que la chance avait sa place dans ce processus. En fait, ce n'était qu'un juste retour à la normalité que de l'avoir à ses côtés dans ce moment en particulier. D'une certaine façon, ça rendait la tache moins ardue que de sentir qu'il était là, prêt à la réceptionner si la chute se révélait plus vertigineuse encore que ce qu'elle s'imaginait déjà. Ça avait toujours été le cas, et la réciproque s'appliquait. Elle ne pouvait définitivement pas oublier les longues journées qu'elle avait passé avec lui dans sa chambre d'hôpital, à anticiper les hauts et les bas de son état de santé tout en tachant de laisser son inquiétude à la porte, sans véritablement y parvenir toutefois, trop consciente de ce qu'elle perdrait s'il venait à s'enfoncer. Elle avait été moins tendre avec lui lorsque sa dépression avait pris le dessus et peut-être qu'au fond, elle lui en avait voulu de ne pas considérer l'importance qu'il avait pour elle comme un fait qui méritait de continuer à vivre. Mais elle ne lui en avait pas tenu rigueur, se flagellant à la place de faire preuve d'autant d'égoïsme ; et bien que les derniers mois n'avaient pas été de tout repos entre eux, l'idée qu'il retrouve cette sa position d'homme providentiel, ça lui rappelait ces nombreuses fois où il avait été le premier vers qui elle s'était tournée lorsqu'elle avait eu des choses à partager, bonnes ou mauvaises. Hassan avait souvent les bons mots, le bon ton et la bonne attitude quand il s'agissait d'attendrir la rugosité des reproches dont elle se gratifiait. Et cette fois-là encore, ça lui vint naturellement, de répondre aux doutes qu'elle avait du mal à contenir, son angoisse craquelant lentement le masque de crèmes, de crayons et de poudres qu'elle s'était échinée à vouloir porter pour mieux dissimuler tout ce qui la contrariait.
Elle se lâcha le visage pour regarder le jeune homme qui tenait l'enveloppe dans ses mains et lui répondit doucement, les yeux papillonnant pour se recentrer sur le rectangle de papier qui lui semblait beaucoup trop blanc à cet instant "Ou je vais mal gérer. Considérer que je vaux pas mieux que ce à quoi je suis habituée, et continuer à faire ce que je fais depuis que je suis rentrée." C'est-à-dire repousser ceux qui tentaient de l'approcher de trop près et prétendre qu'elle avait toujours été aussi inaccessible et secrète, alors que ceux qui la connaissaient par-cœur savaient que ce n'était pas la vérité et qu'au contraire, elle avait été toujours si transparente qu'il arrivait que les autres puisse deviner ses secrets avant elle. Un demi-aveux de son état d'esprit sur lequel elle ne laissa pas Hassan s'appesantir, même si pendant une fraction de secondes, elle caressa l'envie soudaine de lui demander textuellement s'il serait là à ce moment-là. Elle préféra déglutir doucement, opinant du chef avec la même intention lorsqu'il conclut que chaque chose en son temps, et qu'il commença à décacheter l'enveloppe.
Elle sentit quelque chose s'actionner en elle – la dernière réserve de souffle qui lui restait, et qu'elle bloqua discrètement pendant qu'elle coinçait ses longs cheveux humides à deux mains derrière ses oreilles. Quand il lui tendit l'enveloppe, elle sentit ses yeux s'écarquiller, et sa bouche s'entrouvrir. Un "Je…" fila entre ses lèvres, incertain et inutile, et ses doigts se tendirent jusqu'à la lettre qu'elle voyait dépasser de la déchirure de l'enveloppe. Une fois, deux fois, trois fois, elle hésita à la saisir. A la quatrième, elle sentit le bord du papier lui mordre la pulpe de ses doigts qui vacillait dans l'espace qui la séparait du jeune homme. Elle leva la tête vers Hassan pour lui demander "On la lit en même temps, d'accord ?" Et elle ne se laissa plus le temps de réfléchir, se reposant sur la réponse du jeune homme qu'elle finit par rejoindre de l'autre côté du comptoir du petit-déjeuner, la lettre dans une main, l'autre tremblant si fort qu'elle la crispa un instant au bord dur du comptoir dans l'espoir de se calmer.
Et pendant quelques secondes, elle resta là, à côté d'Hassan, ne faisant rien d'autre que de puiser dans ses réserves d'oxygène, la bouche arrondie et les yeux fermés… qu'elle rouvrit enfin, parée à ouvrir la lettre qui contenait les résultats tant redoutés, et qu'elle plaça entre eux en demandant au jeune homme "Prêt ?" Il l'était sans doute plus qu'elle, et c'est en même temps qu'ils prirent connaissance des tournures de phrases pompeuses du courrier qui tressautait entre les doigts de la jeune femme dont l'avenir dépendait quasi-entièrement des quelques lignes qui se terminaient par la réponse à la question qu'elle se posait depuis trop longtemps : avait-elle réussi son examen, ou non ?
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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 EmptySujet: (paul & yasmine) there she goes    Tag 000 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 22 EmptyMer 5 Fév - 11:35
there she goes
(ft. {@=4095}paul price{/@})
EXORDIUM.
Les questions de Paul étaient légitimes, assez pour que Yasmine se remette à hésiter sur les meilleurs termes à employer pour qu'il saisisse qu'elle n'était certainement pas la mieux placée pour le mettre au courant de ce qui s'était réellement passé ce soir-là. Edge n'avait pas tout à fait été explicite à ce sujet, mais l'expertise quasi-immédiate de Sloan lui avait toutefois permis de monter sa propre théorie à propos du déroulé des évènements qui l'avaient menés jusqu'aux urgences du St-Vincent ; une théorie que les blessures du jeune homme semblaient confirmer au demeurant, mais dont ils n'avaient jamais discuté, certainement pour éviter de ressasser le caractère dramatique des faits s'il n'avait pas été pris en charge à temps.
Laissant Emma rejoindre ses frères, Yasmine prit le temps d'enfin répondre à Paul "Pas vraiment. J'ai quand même ma petite idée sur le sujet." Mais puisqu'elle couvait toujours la crainte de laisser échapper des informations qu'elle n'était pas supposée partager avec qui que ce soit, et surtout pas avec un membre de la famille proche de ce patient un peu spécial, elle la garda pour elle. Au lieu de quoi, elle préféra ajouter dans un sourire au travers duquel perçait tout son professionnalisme "Ce serait plus raisonnable que vous lui posiez la question vous-même. Vous faites partie de sa famille, il sera plus loquace." Ou pas. Yasmine avait compris que de tous les sujets qu'Edgerton Samuel Price tenaient à éviter, sa petite personne faisait probablement partie de son top cinq. Et ce n'était pas qu'un fait qu'il lui réservait par pudeur ou par timidité, mais bel et bien un trait de caractère si marqué chez lui, qu'au fond, elle doutait sincèrement qu'il serait plus loquace sur ses états d'âme avec autrui. Mais qui sait, elle en était à un stade où elle ne pouvait que supputer de toute façon.

Elle tourna la tête dans la direction de son interlocuteur tout en montant les marches au rythme qu'il avait choisi. Et doucement, elle opina du chef pour appuyer ce qu'elle laissa filer avec l'instinct qu'il comprendrait sa position si elle se montrait moins évasive.
Elle s'y efforça alors, non sans éprouver une espèce de fierté malvenue à l'idée d'être capable de dissiper les quelques zones brumeuses qui pesaient toujours un peu sur le lien qu'elle entretenait avec Edge "Pour être honnête avec vous, j'ai pas assez de recul sur la situation pour partager ce genre d'informations avec vous. On se connaît un peu lui et moi, c'est délicat." Ça l'aurait moins été si elle n'avait été que son infirmière. Elle aurait sans doute pris les choses avec plus de circonspection, s'en tenant aux faits sans les prendre trop à cœur tout en gardant une distance de sécurité pour ne pas sortir trop affectée par tout ça – elle le faisait tout le temps, ça faisait partie de son quotidien. Mais la vérité, c'était que Yasmine n'était pas que l'infirmière d'Edgerton, elle ne l'était d'ailleurs pas du tout, quand bien même elle bravait régulièrement les interdictions de l'infirmière en chef Vergara en venant fourrer son joli petit nez dans les mises à jour régulières du dossier médical du jeune homme.
Dans une certaine mesure, elle était exactement dans la même position que Paul. Yasmine n'était qu'un membre de son cercle. Proche ou pas, la question ne lui frôla même pas l'esprit à ce moment-là, trop occupée à poser de nouveau son regard sur les enfants qui se tenaient à quelques marches d'eux tandis qu'Emma se défendait à nouveau des propos lancés par son père qui avait le don d'aiguiser son esprit de contradiction en une boutade qu'elle s'appliquait à prendre comme une véritable attaque personnelle. La seule différence entre elle et la famille du jeune homme, c'était qu'elle jouissait de son privilège de travailler dans le coin pour garder un œil sur lui et sur la suite de sa guérison, restant assez discrète pour ne pas donner plus de grains à moudre à ceux qui la soupçonnaient déjà de passer un peu trop de temps dans le service qui l'accueillerait quelques temps encore. Au-delà de ça, elle n'était pas plus spéciale que les autres, elle était juste plus vigilante. Sans doute un peu trop, mais personne n'avait besoin de le savoir.
C'est d'un "Merci." qu'elle gratifia Paul lorsqu'il la laissa passer devant lui. Elle rejoignit les enfants qui s'enfonçaient déjà dans le couloir adjacent au service qu'ils convoitaient pendant que la conversation reprenait entre les adultes "C'est normal. Il avait besoin de repos de toute façon, je suis persuadée qu'il ne vous en voudra pas. Et puis vous êtes là maintenant, c'est ce qui compte." Au moins quelque chose qu'elle pouvait affirmer sans rougir. Elle glissa une mèche de cheveux derrière son oreille, les sourcils légèrement froncés "Je connais bien le service de pédiatrie." Une annonce subite qui laisserait probablement Paul perplexe, aussi se précipita-t-elle d'expliquer après avoir fermé les yeux et laissé un rire filer, un peu gênée de passer du coq à l'âne. Ses mains s'agitèrent devant elle afin de souligner ce qu'elle débita avec des sourires dans la voix "Si jamais les petits se sentent à l'étroit dans la chambre d'Edgerton. Je peux leur monter de quoi jouer quelques heures ou faire du dessin… même si le sac d'Emma me semble trop lourd pour ne contenir que son goûter." Des paroles qui firent réagir la petite. Tout de suite, elle toupilla sur la semelle de ses tennis, son tout nouveau stylo pointé sur Yasmine "T'as dit que t'étais d'accord pour que je te montre mes dessins, j'ai pas oublié hein !" Et la jeune femme lui fit signe qu'effectivement, elle n'avait pas oublié, tout en allongeant son discours à l'intention de Paul sur qui elle posa les yeux en lui indiquant le reste du chemin avec la main "C'est par là." Denis, Marc et Emma se précipitèrent, lui laissant l'occasion de lui faire savoir plus distinctement, et sans être interrompue "Ce que je veux dire, c'est qu'il ne faut pas hésiter si vous avez besoin de quelque chose." Soudainement, elle se trouva un petit peu gauche, probablement parce qu'elle savait qu'elle avait l'air trop investie – et elle l'était, c'était indéniable. Pour se donner bonne contenance, elle ajouta dans la foulée, ponctuant le tout par un dernier hochement de tête "On communique plutôt bien entre services. L'infirmière qui s'occupe d'Edge saura comment me contacter, et lui aussi d'ailleurs, alors…" Alors elle rappliquerait sans se poser de questions, même s'il fallait qu'elle justifie la désertion soudaine de son poste ; c'est ce qu'il fallait comprendre lorsqu'elle laissa un court silence s'installer au moment où ils dépassèrent pour de bon la porte du service qui les intéressaient.
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