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Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 YV4dgvCSujet: (Amelyn #18) ► NEVER FADE AWAY
Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 EmptySujet: (Amelyn #18) ► NEVER FADE AWAY    Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 EmptyMer 24 Juin 2020 - 23:07




NEVER FADE AWAY
A priori, nous sommes d’accord sur ce qui occupera notre dernière soirée sur l’île. En revanche, le lieu ou la spécialité proposée par le restaurant est une pomme de discorde accrochée à la branche du prétexte à jour de l’arbre de nos chamailleries. Fondamentalement, je m’en balance qu’ils servent des sandwichs, du poisson ou des burgers. On prendrait une pizza à emporter pour la manger sur le pont du bateau que je n’en serais pas moins heureux. Je crois même que, sur Brisbane, je nous aurais préféré à l’abri des bruits parasitaires des couverts d’une salle pour préserver la pérennité de notre bulle. Sauf que c’est la première fois que nous nous éloignons de la routine de notre quotidien, que nous nous sommes décidés sur un coup de tête et qu’honorer l’exception réclame de quitter notre zone de confort et de glisser quelques mots à l’oreille du romantisme. « Ou un restaurant sur le nord de l’île. Il y en a des tas qui sont renseignés sur la carte. C’est un vrai dépliant publicitaire. » me suis-je rebiffé, amusé qu’elle en fasse autant. Ce n’est pas un combat de coqs.  C’est un simulacre de bataille dont le vainqueur varie selon nos envies et, cet après-midi, je sais que l’état de la route joue en sa faveur. Si, en avançant, elle se révèle plus cabossée encore, je lui proposerai d’opérer un demi-tour en direction du port. Je sais surtout que les chances pour qu’elle s’améliore sont infimes également. Ce que je ne devine pas, c’est que nous n’aurons jamais à vérifier l’hypothèse. Il semble tout indiqué que le sort conspire à abonder dans son sens. La roue arrière s’embourbe. Je suis impuissant et je me rembrunis. Je râle et je fulmine en silence. Je grognonne à cause de la douleur et de la frustration d’être forcé d’admettre à voix haute que je ne m’y essaierai même pas. Moi, qui ai réparé mon bateau avec l’aide de Rowie, qui ne suis pas le dernier des cons en mécanique, qui ai appris à parer à toute éventualité du genre dans une autre vie, qui ai bivouaqué en binôme dans l’Australie profonde, je suis incapable de tirer un câble jusqu’un arbre et de m’installer au volant de la voiture pour nous sortir de ce bourbier. Autant préciser que la nicotine ne me soigne en rien. Pas plus que râler d’ailleurs, mais ça a au moins le mérite d’être salvateur. « Je sais que ce n’est pas grave, mais on était bien partis. » ai-je grommelé dans mes dents en haussant les épaules à mon tour. Sans cette maudite côte, j’aurais conduit – donnée qui n’est en rien négligeable – et elle les aurait vues ces plages idylliques qui font rêver les touristes. Nous aurions maintenu le cap et je me serais enorgueilli de lui avoir fait plaisir. À défaut, je suis obligé d’avorter notre partie d’échecs et d’abdiquer en secret pour le fish and chips, quoique je lutte, encore faiblement. « Et j’ai dit oui ? J’ai fait ça ? » J’arque un sourcil faussement suspicieux et je la suis jusqu’à la voiture puisqu’elle m’a si bien déchiffré : je n’ai pas envie de marcher. J’ai juste besoin d’elle, aussi proche que possible, autant que l'habitacle nous le permettra et de me soigner grâce au parfum familier de sa peau et au contact réconfortant de sa main dans la mienne.

Puisqu’il faut toujours un coupable indépendant de notre duo, je désigne pour volontaire l’outrageant loueur. Je persifle quelques horreurs à son sujet et plus Raelyn prend mon parti, plus je la serre contre moi. Elle s’en donne à cœur joie elle aussi et j’en ricane, doucement, pour mon propre bien. « Partout. Mais, c'est pas un 4X4, c'est un jouet. Et c’est fait pour tous types de conducteurs normalement. » l’ai-je tout de même asticotée pour équilibrer la balance. « Et va pour le fish and chips. » Triste compensation pour nos projets néanmoins. Si rien ne m’était plus agréable que d’être esseulés par rapport au reste du monde, je lui aurais précisé ô combien je suis désolé pour elle. Au lieu de ça, je profite de l’occasion pour régler une question que j’envisageais d’aborder une fois rentrés, le temps de prendre la température de ce qu’il nous restera de ces quatre jours bénis. Certes, je ne lui donne pas de détails. Ceux-ci impliquent une femme et au vu de ma dernière expérience sur la question, bien que la nature de ma relation avec Ariane n’ait rien de comparable avec celle que j’entretiens avec Lola l’exploratrice, je m’emploie à présenter les choses dans l’ordre. D’abord, le lieu et le projet, ensuite les participants. J’avance, convaincu d’avoir opté pour une approche adéquate.

Malheureusement, en croisant son regard, j’ai rapidement compris qu’elle était chiffonnée. Par quoi ? Impossible à déterminer avec exactitude. Je n’ai à disposition que des hypothèses que je n’ai pas le temps de juger selon le critère de la pertinence qu’elle me glisse un indice. « Parce que ce sont des amis à Saül Williams et que s’il avait voulu que ça se passe au Club, ils m’en auraient parlé directement. Or, il m’a envoyé une amie qui n’y a jamais mis les pieds et la consigne est claire. » N’entre pas qui veut dans la tanière de Mitchell. « Je ne suis pas dans ses petits papiers et il aurait dit non. » Inutile de préciser qui se dissimule derrière cette allusion. C’est un choix volontaire que d’écarter son prénom de cette conversation. Je déteste l’entendre et plus encore le prononcer. « Qu’est-ce qui t’embête ? » me suis-je enquis sans craindre qu’elle me dupe. Nous avons ensemble tiré les enseignements de nos précédentes disputes et parler à cœur ouvert est de moins en moins difficile. Ça l’est d’autant plus qu’elle n’a plus à s'inquiéter de ce que je ne l’écoute pas ou en partie puisque je me discipline de jour en jour pour ne plus me braquer. Je ne regrette pas cependant. Sans ça, jamais je n’aurais appris que cette balade en 4X4 lui tenait moins à cœur que mon comportement durant la première journée. « Vraiment ? » ai-je souligné, abasourdi en me redressant, sans me forcer, dans l’espoir de happer son regard. « Je voulais te faire plaisir. Ça m’a flingué. J’ai l’impression que mon coeur s’est déplacé de mon torse à ma côte. » J’ai souri par ce que c’est révélateur sur ce que nous sommes finalement. « C’est vrai que je me suis dit que ce n’était peut-être pas une bonne idée, mais pas parce que je n’avais pas envie d’être avec toi. Te regarder sans te toucher. T’avoir dans mes bras sans oser bouger. » La liste est non exhaustive. Elle serait trop longue. « C’est compliqué pour moi. Et ce n’est pas nous en plus. Je l’aurais fait. Te parler. Mais, j’avais besoin de prendre un peu d’élan. Je ne voulais pas te brusquer, c’est tout. Je n’étais pas en train de faire machine arrière. Je n’ai jamais eu envie de le faire.» L’aurais-je souhaité que c’était trop tard de toute façon. « Tu sais. Je ne l’ai pas vue, pas entendue depuis l’hôpital. J’ai filtré ses appels et j’ai vu un avocat.» ai-je brandi comme une preuve de ma sincérité. « Ça va être compliqué. Mais, d’après le sien, elle consent à ce que je récupère deux trois trucs auxquels je tiens si je vais les chercher moi-même. » Des babioles qui occuperaient l'espace d'un cageot à bananes. « Le reste je m’en fous. Sauf le bateau. Mais pas de nouvelles, bonnes nouvelles. » Même si ça m’angoisse chaque jour que Dieu fait.
Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 YV4dgvCSujet: (Amelyn #18) ► NEVER FADE AWAY
Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 EmptySujet: (Amelyn #18) ► NEVER FADE AWAY    Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 EmptyMer 24 Juin 2020 - 15:31




NEVER FADE AWAY
Alors qu’elle déloge de son esprit les projets initiaux pour la journée, deux hypothèses s’imposent : soit elle est épuisée et aspire à rentrer, soit je suis un piètre acteur et, devinant que je m’économise si mal que j’en ai mal, elle s’assure à me ramener lentement, mais sûrement, sur la voie du raisonnable. Dans un cas comme dans l’autre, je présume que ça n’a que peu d’importance tant que nous profitons ensemble de nos ultimes heures de quiétude et d’isolement. Mais je ne peux m’empêcher de regretter de nous gâcher nos derniers moments loin du tumulte de Brisbane, loin de ses responsabilités au Club, loin de mes emmerdes en rapport à Sarah ou à mon accident. Au moins serions-nous rentrés à bon port la tête gorgée d’une myriade de souvenirs qui réduira ceux du précédent moi au rang du “ce n’était pas si grave finalement. On s’en est relevé plus fort.“ Et n’est-ce pas vrai ? A-t-on réellement besoin d’en prendre plein la vue pour étayer cette vérité ? A-t-on besoin d’un cadre idyllique pour consolider nos sentiments ? Non ! Bien sûr que non. Pourtant, je lisse la carte sur mes genoux, j’analyse et j’évalue, têtu, autant pour ne pas la décevoir que pour prouver que je ne suis moins proche du vieillard qui traîne à se remettre de ses blessures que du jeune premier. En réalité, je suis dans un entre-deux et j’en suis bien conscient. Parfois, il me suffit de la détailler dans son sommeil pour que la différence d'âge me saute aux yeux alors que je grisonne déjà. C’est d’autant plus flagrant quand un homme, bien plus jeune qu’il soit ou non en bonne forme, jette sur nous un regard empli de jugement. Je soupçonne qu’il s’interroge, qu’il se demande pourquoi une femme comme elle perd son temps avec un gars comme moi, un type qui porte en étendard sur ses traits les stigmates d’une vie émotionnellement difficile. C’est vite oublié cependant. Elle me couve des yeux de jade et la ferveur de ses sentiments m’enjôle aussitôt. Elle se risque à quelques précautions qu’elle masque derrière des excuses en papier mâché et je fonds. Je fonds à tel point que, si marcher me semble presque insurmontable, je cède à l’idée d’une balade quand le décor m’intéresse pourtant moins qu’elle. J’abandonne également de nous perdre au nord de l’île au profit d’un retour en arrière, d’une table face à l'océan. « C’est comme tu préfères. On peut manger en bord de mer, oui.»  ai-je abdiqué puisque dans le fond, je m’en moque de la façon dont nous occuperons notre dernière soirée en tête à tête.

Certes, je regrette bien de me pressentir incapable d’immortaliser cette nuit par une étreinte passionnée, mais ça ne dépend pas d’elle. C’est propre à mon esprit de contradiction, celui qui rend l’interdit trop tentant quand, en pleine possession de mes moyens, je ne supporte aucune frustration à m’allonger auprès d’elle pour ne partager de tendres baisers, des caresses sages et discuter jusqu’à ce que le sommeil nous emporte. Mon addiction à Raelyn ne se résume plus au sexe depuis une éternité. Sauf que, le cas échéant, c’est un choix et non une nécessité. Usuellement, je n’ai pas besoin d’user d’une parade romantique pour esquiver. S’il nous arrive de partager l’une de ses parenthèses hors du temps, elle n’est pas calculée. Elle est naturelle, spontanée puisque tout l’est entre nous, moi y compris, mais pas cette fois et ça me dérange quoiqu’elle m’apparaisse séduite par la proposition. C’est au moins ça de pris, ai-je songé en lu offrant un baiser suivi d’un sourire. Ils sont autant motivés par ce qu’elle balaie mes doutes quant à notre routine prédisputes. Pas de gueule de bois amoureuse pour moi. Pas de pas en arrière pour elle. À Brisbane, sur la Marina ou à Spring Hill, nos habitudes s’embelliront de quelques lettres de noblesse. Dès lors, le cœur plus léger, je la suis jusqu’à la voiture où je retrouve ma place, côté passager, non sans appréhension. Je ne crains pas qu’elle nous emboutisse. Je ne redoute pas non plus que nous nous perdions. Rebrousser chemin est toujours plus facile que de s’enfoncer dans des terres inconnues. Ce qui m’angoisse, ce sont tous les appendices du sentier et ces virages qu’elle négocie comme une adolescente qui apprendrait à conduire. Je ne compte pas le nombre de fois où mes doigts se sont refermés sur le frein à main, par réflexe et sans chercher à la taquiner ou à la vexer. Alors qu’elle tourne la clé de contact, je suis à deux doigts de lui intimer de rouler doucement et aussi lentement que possible. À défaut, je prends une grande inspiration, discrète, et je l’ai remerciée intérieurement pour ce démarrage tout en contrôle. « Ah ben, tu vois quand tu veux. Et on va au nord. On avait dit le nord. » l’ai-je taquinée, un brin psychorigide, mais surtout conscient que nous trouverons une perle de restaurant où nous mangerons tranquillement.  Quant à sa prouesse au volant, elle m’a rassuré… pas longtemps.

Elle n’a pas freiné et, pourtant, je suis projeté vers le tableau de bord avec une légère brusquerie pour un Homme sain, mais trop sensible dans mon état. Je n’ai pu réprimer le « Oh, putain » gardé sous silence depuis le début de cette aventure hostile à ma guérison. « Je sais. Mais, arrête. N’insiste pas. Tu vas noyer le moteur. » lui ai-je conseillé le timbre étouffé. J’ai envie de descendre de voiture : je n’y arrive pas. J’ai envie de m’isoler pour reprendre mon souffle sans avoir l’impression d’être faible et fragile : je n’ose plus bouger. Je rêve d’un peu d’onguent et d’un pochon de glaçons également : je n’ai rien sous la main. Et nous sommes coincés là, au milieu de nulle part et en l’observant depuis le rétroviseur, j’attends le verdict avec une pointe d’anxiété, une ébauche que son sourire a apaisée. « Bah, ça aurait pu être pire. Je vais m’en occuper. Laisse-moi deux minutes.» Pas le dépanneur : nous sortir de cette mélasse, parce que c’est dans mes cordes normalement. Ça devrait l’être et cette audace que d’y avoir pensé, c’était tendre à mon orgueil un bâton pour me crosser. Descendre de la voiture dignement a exigé un effort surhumain et constater mon impuissance fut aussi douloureux que ma côte. Debout devant le résultat de notre malchance, le teint blême, j’ai soupiré et j’ai tiré de ma poche mon paquet de cigarettes. La nicotine est un palliatif intéressant à la nervosité. « Je vais appeler la dépanneuse. Je ne me sens pas la force.» ai-je annoncé sans même me pencher sur la roue. Je suis las avant même d’avoir essayé, las d’entendre l’opératrice me préciser qu’une voiture arrivera dans un délai que cette société ne respectera jamais. « Elle a dit 1h30. Compte trois heures. » Normalement, je l’aurais chahuté en toute mauvaise, la voix teintée d’humour. Sauf que je n’en ai pas la force. J’ambitionne surtout d’avaler un antidouleur, renverser le siège arrière de la voiture en position couchée, garder Raelyn auprès de moi – si tant est que ça soit confortable pour nous deux – et attendre que le train de la douleur passe. En attendant, je fouille le sac en quête de la plaquette de médocs. « Faut voir le bon côté des choses, on a tout le temps pour se trouver un resto sympa. J’aurais dû t’écouter en fait. Ce n’était pas une si bonne idée que ça finalement. » Et Dieu que ça me coûte de l’avouer tant je détesterais m'attirer sa compassion, ternir mon image, supplicier à nouveau mon amour-propre. Mais est-il sain de me cacher d'elle ? Je me sens vieux, inutile et je bougonne. Pas contre elle : uniquement contre moi. J’ai avalé deux cachets sans me fier à la parcimonie et j’ai mis en œuvre la suite de mon projet.

Ma cigarette écrasée contre la carrosserie – geste puéril de protestation et de frustration – je me suis installé dans la voiture, mais pas sans elle. Elle est de loin le plus efficace des analgésiques, même si j’ai galéré à nous trouver une position agréable à cause du levier de vitesse. « Je râle, mais je sais que ce n’est pas toi. C’est les roues, je parie qu’elles sont lisses. En même temps, quelle idée de faire confiance à ce type aussi. » À l’ombre, les paupières closes, je suis d’une mauvaise foi sans précédent. Je crache dans la soupe dans laquelle je bois : on est bien ici, tous les deux. C’est un constat évident que notre solitude nous sied et pourtant, je me dis qu’il n’est pas idiot de mettre à profit ce temps à disposition pour lui parler de mes affaires avec Ariane. C’est à propos puisque je n’envisage pas de ce qu’elle soit absente de cette partie de poker : il me manquait simplement l’impulsion d’une réconciliation pour lui en toucher deux mots. « Rae ? » Je n’aime pas ce genre de discussion où j'avance encore sur des oeufs quoiqu'il est acté que nous sommes un couple. Je n’aime pas parce que j'abhorre nous sortir de notre coquille. « Est-ce que ça te dirait qu’on parte en mer, quand j’irai mieux, avec un couple de connaissances et des amis à eux. Il cherchait un endroit calme pour une partie de poker discrète. J’ai proposé le bateau. Mais, je n’ai pas envie de le faire sans toi. » ai-je de suite avancé, non pour la prendre au piège, mais afin que les choses soient claires.
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Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 EmptySujet: (Amelyn #18) ► NEVER FADE AWAY    Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 EmptyMar 23 Juin 2020 - 21:05




NEVER FADE AWAY
Un adulte responsable sait que les plaisanteries les meilleures sont les plus courtes. Il sait aussi apprendre des erreurs lorsque les conséquences sont douloureuses. Mais, je suis aujourd’hui plus proche du gosse que du bon père de famille. Le trajet, du tronçon de circulation jusqu’au sentier à emprunter pour rejoindre les points touristiques, je l’ai jonché de quolibets plus ou moins drôle pour elle, mais qui, égoïstement, m’ont amusé. C’est léger, finalement. C’est du même acabit que son index soulevant mon étiquette quand, dans la précipitation, j’ai enfilé mon t-shirt à l’envers. Et, tandis que je m’emploie à la déconcentrer de quelques caresses sur son bras et de mon souffle à la naissance de sa mâchoire, c’est aussi frais que ses mains qui courent sur mon torse lorsque je suis derrière le volant. La différence, c’est que conduire est pour moi un réflexe acquis. Mon corps répond à des réflexes qui lui manquent, si bien que je peux m’autoriser à quelques badinages avant de m’engager dans un carrefour ou au pied d’un feu de signalisation. Pas elle. Et, quoiqu’elle mente ouvertement – elle a frémi – je n’insiste pas pour notre sauvegarde et parce qu’elle est rusée, Raelyn. En ramenant entre nous le loueur, porc libidineux que je présume amateur de revue pornographique, elle sait que ma possessivité prendre la-dessus sur mon goût du jeu. Elle sait que je vais réagir au quart de tour avec autant d’arguments à charge issu de la mauvaise foi que d’autres plus viables au regard de la préservation de mon territoire. Elle sait et elle en rajoute. Elle souligne son manque d’intérêt pour ce grassouillet personnage au visage rubicond et asymétrique, mais ce n’est pas à cause de son physique qu’il m’a tendu, cet enfoiré. Je n’ai pas craint qu’il puisse trouver grâce à ses yeux au point de m’évincer. C’est le poids de ces œillades sur ce corps qui ne lui appartient pas. Ce sont ces idées licencieuses qui lui ont traversé l’esprit alors que son regard a coulé le long des hanches de Raelyn. C’est son irrévérence envers elle, et accessoirement, moi, qui étais pourtant juste à côté, que j’ai jugé insultante. Je peux, parfois, me flatter d’un intérêt de mes congénères pour ma compagne, mais jamais s’il suggère l’injure. «Non ! Je suis habitué à ce qu’on te regarde. » Il faudrait que je sois aveugle pour nier qu’elle plaît et que seule une minorité range dans sa poche leur pupille envieuse. « Mais, je n’aime pas ce à quoi il pensait. » Nul doute qu’il l’ait envisagé sur la banquette arrière de son 4X4 ou dans les toilettes de la minuscule pièce qui lui servait de bureau. « Ce n’est pas de la jalousie, mais de la possessivité. » Et, somme toute, un trop plein d’égard envers elle, un que j’estime mérité et auquel chacun devrait se plier. Certes, c’est moins mon combat que le sien de veiller à ce que chacun lui témoigne de la politesse, mais si je reste à l’écart de ses relations professionnelles, je suis plus tatillon puisque je fais partie intégrante de son intimité. Alors, je grince des dents, encore, et je tance le matériel mis à notre disposition.

Une carte, c’est archaïque. J’en utilise encore, pour le plaisir et pour entretenir mes compétences au compas, mais jamais si je me déplace en voiture. C’est une perte de temps. Sauf que je me prête au jeu. « Le nord, c’est bien. » Et quand bien même. Je n’ai pas d’autres exigences que les siennes. De cette virée, je n’attendais rien d’autres que de lui rappeler que mon mensonge n’était jamais que l’arbre cachant la forêt de notre complicité. L’objectif étant atteint, je me laisse volontiers porter par le courant puisque je réapprends seulement à apprécier les plaisirs simples de la vie comme manger des churros en cornet au bord d’une plage. Elle peut lézarder au soleil sur n’importe laquelle d’entre elle, j’ai pris mon parti de mon plâtre et je ne cracherai pas sur l’avantage d’une pause. Entre les tressautements du véhicule et le manque de fluidité de la conduite de ma pilote de course, j’ai l’impression que ma côte va finir par tomber là, sur mes genoux et j’en perds le fil de notre itinéraire. Je ne sais plus tout à fait où nous nous situons et me concentrer sur les enchevêtrements de route dessinés sur papier glacé me réclame trop d’efforts. Dès lors que je l’invite à s’arrêter, je suis forcé de réprimer le geste instinctif de soutenir mon flanc pour m’aider à respirer librement et pleinement. « Non, le message était très clair. Mais, où est donc passé ton sens  de l’humour ? » ai-je répliqué tant la menace, aussi vaine soit-elle, m’a ôté tout envie de prendre le moindre risque. Mes poumons sont comme lestés d’une charge, mais quel message lui renverrais-je à Raelyn ? Sur quelle note désastreuse s’achèverait-il, notre week-end improvisé ? Je ne veux pas qu’elle s’inquiète. Je ne veux pas qu’elle soit raisonnable non plus. Je veux qu’elle puisse me serrer dans ses bras au gré de ses envies tant je souffre encore du manque d’elle durant ces dernières semaines. Le temps a filé trop vite d’ailleurs. « Ouais. On peut marcher un peu oui. » ai-je accepté du bout des lèvres. Je roule sur la réserve de mon carburant. Mon énergie s’épuise, mais que ne ferais-je pas pour ses beaux yeux, si ce n’est gagner du temps en sortant d’un sac une bouteille d’eau dont j’ai avalé la moitié tout de go et nous retrouver sur la carte étendue sur mes genoux. « Mais, je l’ai entendu dire que c’était beau et que la plage était belle au nord. » Ce tout ce qu’il me reste de son discours sans âme répété cent fois. « On va reprendre la route un peu plus tard. On n’est pas obligés de faire demi-tour. On peut faire le tour par là. » Je lui ai tendu la bouteille et j’ai mémorisé les divers embranchements désignés puisque je préfère garder un œil sur la route, au cas où. Nous ne sommes pas à l’abri qu’elle nous emboutisse dans le décor : un arbre, un rocher ou que sais-je encore. « Dommage, j’aurais adoré te voir manœuvrer et immortaliser ce grand moment dans une vidéo. Allez viens.» Je suis descendue de voiture. Elle m’a rejoint et j’ai saisi sa main, que nous nous enfoncions dans la flore locale.

Bien sûr, je suis conscient que nous vivons nos dernières heures en tête à tête et que, bientôt – trop tôt – nous serons rattrapés par nos obligations respectives. Sauf que je refuse d’y penser. Pas tout de suite. Le retour à la réalité sera compliqué, c’est évident. Songer à la fin ternira fatalement l’ambiance. Où dormira-t-elle, ce soir ? Souhaitera-t-elle retrouver son loft ? Partira-t-elle du principe que je suis le bienvenu ou estimera-t-elle au contraire que nos réconciliations ne seront pas un frein à sa prudence et qu’il faut par conséquent ralentir ? « Pas assez longtemps pour partir tout de suite et trop longtemps pour partir demain matin. » ai-je rétorqué soucieux de chasser le pragmatisme de sa question. « Je peux naviguer de nuit aussi. Tu peux rester près de moi. C’est beau la mer, la nuit. » Honnête, j’avouerais qu’il s’agit d’une proposition intéressée. Il est une différence notoire à ce qu’elle se repose entre mes bras quand je surveille l’horizon et mes écrans et quand je suis allongé à côté d’elle. La seconde éventualité induit que mon esprit n’est occupé que par sa nudité et la minute où elle bridera mes instincts n’a pas encore sonné. Or, à moins d’être stupide, je redoute que nous ayons signé dans la matinée la dernière étreinte imaginative avant ma guérison. Evidemment, ça me déplaît. C’est d’autant plus crispant que je préférerais me perforer le poumon pour ne pas lui opposer un non. Ainsi, mon invitation à voyager à la belle étoile prend tout son sens. « Je dormirai dans la matinée. On sera au top pour le Club. » D’un geste machinal, je l’ai ramené vers moi. « Tu as le trajet inverse jusqu'à la voiture pour te décider. » Je l’ai maintenue tout contre moi, mes yeux ont sondé les siens en quête d’un indice et, dès lors qu'ils se sont égarés sur ses lèvres le temps d'une brève contemplation,  je l’ai embrassée.

Les dés:




Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 YV4dgvCSujet: (Amelyn #18) ► NEVER FADE AWAY
Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 EmptySujet: (Amelyn #18) ► NEVER FADE AWAY    Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 EmptyDim 21 Juin 2020 - 18:19




NEVER FADE AWAY
Plus nous approchons du véhicule de location, plus elle distille des informations susceptibles de m’inquiéter quant à notre survie, mais je n’y prête guère d’attention. Sur l’instant, je me concentre pour ne pas me retourner vers le loueur qui, j’en suis certain, continue à mater mon binôme comme une ménagère devant la vitrine du rayon boucherie. Ça m’agace au plus haut point. De son insolence s’est manifesté des gestes possessifs tel mon bras autour de l’épaule de Raelyn et qui a ensuite fait pression pour la ramener le plus près de moi possible. Mon combat actuel, c’est de ne pas lui permettre de glisser jusqu’à son fessier rebondi pour marquer mon territoire. Ce serait ridicule. Je ne suis plus un gosse et une bassesse du genre ne ferait ni honneur à ce que nous sommes, ni à ce que je pense. Je sais qu’elle ne s’est pas honorée par ses œillades appuyées. Seule mon attitude, reflet de ma jalousie, aura sans doute louangé son ego. Alors, je me tais. Certes, j’ai bougonné en silence et dans ma barbe, mais je n’ai pipé mot de ce qui m’a déplu au profit de quelques plaisanteries. J’aime la petitesse de mon amante ; j’aime cette sensation qu’une fois recroquevillée dans mes bras, je suis à même de l’envelopper de mon corps, de mes bras et de la couver entièrement dans un nuage cotonneux de douceur. Mais, j’apprécie tout autant de la taquiner sur le sujet à l’occasion lorsque la situation s’y prête. Je l’aborde d’abord au sujet des pédales et, non content de mon petit effet, j’ajoute : « Il n’est pas trop tard pour réclamer un rehausseur à ce type si tu ne vois pas bien la route à cause du volant. C’est comme tu veux, mais décide-toi. Vite.» d’un ton enjoué. La sentence, conséquence directe d’un réflexe habituel, fut autant sans appel que prévisible et, ce faisant, j’ai sursauté et grimacé d’avoir écopé d’un coup, non pas à l’épaule, mais sur mon torse. Je me suis raidi et le souffle coupé, je me suis maudis d’avoir négligé la vigilance. C’était soit l’un soit l’autre de toute façon. N’aurais-je pas été distrait par mes propres facéties que j’aurais pu parer cette agression involontaire pour ma côte. Trop tard désormais. La douleur me lance mais fidèle à mon orgueil, j’ai fait semblant de rien. « Ce n’est pas grave. C’est déjà passé et c’est de bonne guerre. » lui ai-je répliqué le timbre assourdi en récupérant sa main dans ma nuque. J’ai embrassé le creux de sa paume du bout des lèvres et en échange, j’ai gagné un baiser dans mon cou. Une chance, finalement. J’ai profité de l’occasion pour respirer à pleins poumons et ainsi maîtriser mon mal. « Allez, ne dis pas de bêtise. Fonce. » ai-je ensuite renchéri en évaluant avec moins de confiance les possibilités pour que je ressorte indemne de cette expérience. Certes, nous en prendrons certainement pleins les yeux, mais qui sans nul doute nous secouera, me secouera. Je les ai estimées trop faibles pour que nous nous lancions sans risque, mais je suis bien trop vaniteux pour l’admettre et la soumettre à un demi-tour forcé.

Alors qu’elle s’engage dans le premier carrefour, je jette dans sa direction un regard malicieux à retenir une nouvelle blague. Chat échaudé craint l’eau froide et si je veillerai à ce qu’elle ne m’atteigne plus et quoique je sache qu’elle tombera tôt ou tard, j’attends que nous soyons à l’abri des autres automobilistes pour la houspiller. « Evidemment. Et je t’en suis infiniment reconnaissant, je m’en souviendrai. » Et je lui rends son clin d’œil en vérifiant si personne ne vient sur notre droite. Elle s’engage et s’en sort plutôt bien finalement. « Tu vois, Rachel-Lynn n’a pas tout perdu. » Et la voilà, ma boutade supplémentaire qui induit que je me prépare à une rebuffade physique. Elle arrive un rien trop tôt. Nous n’avons pas quitté la circulation encore et je la bénis puisque rien ne vient. Alors, je me penche vers elle, doucement pour m’éviter les faux mouvements. « Sur une échelle de 1 à 10, à quel point tu serais imperturbable ? » me suis-je enquis alors que mes doigts courent le long de son avant-bras, celui qui lui sert à changer les vitesses. Je souffle sur sa peau également, mais elle bride mon humeur badine et ramène au centre de l’échange, non pas plus de provocation, mais le loueur. « Je l’emmerde, on n’a pas besoin de cartes. » Faux ! Je sais que dans moins de trois minutes, je sortirai de la boîte à gants la carte. « J’ai longtemps hésité entre lui bander les yeux avec son oriflamme. » Bannière estampillée aux couleurs de la marque de l’entreprise qui l’emploie. « Ou l’assommer d’un coup de plâtre, mais… » Mais quoi ? Ma phase  “bagarreur“ est en sommeil tant j’ai confiance en elle ? Je tends à maîtriser toute autre pulsion qui ne serait pas sexuelle parce que celle-là prend toute la place ? Je n’ai pas envie de finir mon séjour au bureau de police après mes récentes frasques au volant ? Mon retour à la raison fut probablement un mélange de tout ça et, quoique j’affiche le masque des mauvais jours, je ramasse la carte dans son écrin de plastique. « Ok. C’est quoi la destination ? Je ne l’ai pas écouté. Il m’a agacé. » Et le mot est faible. « Franchement, je ne comprends pas pourquoi ces bagnoles ne sont pas équipées de GPS, on aurait gagné du temps. » Le goût de l’aventure, peut-être. Par ailleurs, je suis compétent pour déchiffrer et m’orienter à l’aide d’une carte, mais tous les prétextes seront bons, à présent, pour pourrir l’homme lubrique que j’avais presque oublié. « Tu peux prendre la prochaine à gauche. » Et si j’avais un doute sur ce qu’elle pourrait confondre sa droite de sa gauche, je n’en ai plus aucun. Elle a pris son virage si serré que j’ai valsé contre ma portière par effet d’inertie. « Quand même. Tu veux que je te prévienne trois kilomètres avant la prochaine fois ? » Je la cherche, mais ce n’est pas bien méchant. Je souris d’ailleurs. Je le fige malgré que chaque sursaut du véhicule, qui évolue pourtant sur une route non cabossée, me fait l’effet d’une décharge dans tout le corps.

Elle s'est accentuée après qu’elle ait calé dans une pente et qu’elle ait dû s’y reprendre à trois frois avant de redémarrer la moteur. Pour le coup, je n’ai pas eu à feindre l’hilarité. « La question, ce n’est pas si nous rentrerons vivants, mais à quelle heure on sera rentrés.» Et pour ma part, dans quel état. Je fus presque soulagé d’apercevoir au loin le sentier à suivre jusqu’à ce qu’elle l’emprunte. Je crois que j’ai blêmi à la première bosse et moins à cause de cette dernière que par la faute du manque de fluidité dans les gestes de Rae. Elle freine tôt ou trop tard - je ne compte plus le nombre de fois où nous avons décollé du sol – et rarement en douceur. « Attends, la cascadeuse. Ralentis.» Nous ne dérangerons personne à faire la moindre halte quand mes blessures réclament un peu de répit et qu’il me faut analyser la carte. J’ai arrêté de suivre notre itinéraire pour mieux surveiller notre progression, anticiper le chahut du véhicule et me moquer, gentiment, mais non sans en rire jaune de temps à autre. « Stoppe-toi-là en fait. Je nous ai paumés. Je suis tellement fasciné par ta conduite irréprochable que je n’ai pas eu le temps de remettre la carte à l’endroit. » Elle m’a trop souvent échappé des mains et ma pilote de rallye, elle, elle n’attend pas. « Tu n’as jamais pensé à te lancer dans une carrière de coureur automobile ? Franchement, c’est aussi crédible que commerciale dans la pharmaceutique. » Au moins, elle s’amuse. C’est du baume sur mon cœur que de l’entendre rire à chaque fois que nous manquons de finir dans un arbre ou dans un talus parce qu’il est contagieux. « Plus sérieusement, faut faire demi-tour. Mais, un vrai… Tu le sens ou on reste là jusqu’à ce que quelqu’un s’inquiète ? » Dans les faits, je pourrais m’en tirer d’une main, mais la simple idée d’une torsion de mon flanc pour un coup d’œil me colle la nausée. « On peut faire une pause aussi. Ce n’est pas comme si c’était dégueulasse dans le coin. » Et ça m’est surtout nécessaire.

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Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 EmptySujet: (Amelyn #18) ► NEVER FADE AWAY    Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 EmptySam 20 Juin 2020 - 16:13




NEVER FADE AWAY
Ce n’est pas la première fois que mon passé se creuse une place de choix dans une conversation, mais jamais ça n’a été motivé par le besoin de partager mes emmerdes d’hier avec elle. En général, mes évocations sont liées à une question ou une madeleine Proust : une photo oubliée qu’elle déterre d’u fatras d’un tiroirµ ou, comme aujourd’hui, un bateau de plongeur qui mouille sa coque. À les voir s’éloigner, je suis projeté des années en arrière dans une vie qui semble m’avoir échappé, à laquelle j’ai l’impression de n’avoir jamais appartenu et j’en ai un pincement au coeur. Je me rappelle l’enthousiasme et l’excitation lors de sortie pour le loisir et du silence pesant de la concentration avant une mission. Je me souviens que j’ai choisi cette voie au détriment de mon ascension en grade en âme et conscience malgré les objections de Sarah, objections qui au fil du temps se muèrent en reproches. Parfois, je me demande si notre mariage n’a pas commencé à battre de l’aile après l’accident. J’étais toujours dans ses pieds quand mes supérieurs, fort des rapports du psy, m’ont arrêté. J’entravais ses relations avec Sofia qui, tout comme moi, rattrapait le temps perdu en me tournant autour sans jamais me déranger. Elle était ma bouffée d’oxygène et, quoique j’en aie honte, elle a contribué à ce que je cesse de me flageller tel un moine de l’Opus Dei. Ses rires insouciants ont pansé mes tourments, mais sa mort a arraché le sparadrap si brusquement que je fus incapable de freiner le sursaut de ma culpabilité. Elle m’a envahi, happé dans un cercle vicieux. Entre l’accident, mon sentiment d’inutilité et d’injustice, mon impuissance, ou ma peine insurmontable, je me suis enfoncé de secondes en minutes. Chaque respiration représentait une victoire sur mes idées noires.  Mais peut-être a-t-elle raison, Raelyn. Peut-être qu’il est temps de refermer ce livre de ma vie pour en commencer un autre, en écrire un dont la trame ne serait pas la vengeance. Je l’ai fait pour mon mariage. Je clos ce chapitre sans amertume et sans regret. Renouer avec ma passion serait pour beaucoup moins compliqué. Mais, est-ce bien le rôle de mon amante d’être le moteur de mes résolutions ? N’est-ce pas prendre le risque d’asseoir plus encore ma dépendance ? Je le suis affectivement parlant. Parfois, c’est source d’angoisse difficile à gérer. Je les maîtrise quand elle est auprès de moi parce qu’elle réciproque et que ses regards en témoignent au jour le jour. Mais, suis-je capable de lui offrir autant de place alors qu'elle, elle n’a pas besoin de moi ou si peu ? La relation serait-elle toujours aussi équitable ? À ce stade de la conversation, c’est difficile à définir, mais je l’entends. J’entends son conseil et je l’enlace à bras-le-corps quoique je me contente d’un soupir et d’un : «Sans doute, oui. Avec le temps, ça m’est juste familier.» Au point qu’aujourd’hui, me désencombrer l’esprit en deviendrait presque effrayant. Autant que de ressusciter les sensations que procure une plongée en pleine mer.  

Bien que l’exercice soit compliqué, moins par la faute de mon handicap d’éloquence que par celle de la nostalgie, je tente d’être au plus proche de la réalité. J’évoque le silence, l’apesanteur et la légèreté du corps et de l’esprit. J’apostrophe aussi les inconvénients et le danger qui, pour ma part, m’a souvent épouvanté. Avant elle, jamais je n’avais confié que remonter avait déjà représenté une épreuve et, sur l’instant, alors que l’aveu a fugué de mes pensées avant que je ne les réfrène, je réalise que cette certitude, enfouie au plus profond de mon inconscient jusqu’ici, a collaboré à mon éviction du milieu et que ma retraite anticipée m’aura surtout servi d’excuses. Je prends la mesure alors que je suis tenté par sa proposition non formulée. Je présume qu’elle l’a sous-entendue pour ne pas me brusquer, mais cette délicatesse, mêlée à son envie d’intégrer mon univers et mes passions, abat sur-le-champ mes inquiétudes précédentes. Pourquoi redouter l’impact qu’elle a sur moi s’il est positif ? Pourquoi lui refuser cette tentative de partage puisqu’elle est la preuve que je fais erreur ? Que nous sommes co-dépendants l’un de l’autre à tout niveau et avec parité ? «Oh oui ! Très. Je tape sur le bout des doigts avec une règle. Tu vas me détester dans ce rôle-là » Je plaisante, mais au fond de moi, je suis touché. Elle m’a ébranlé, Raelyn, et refuser n’aurait aucun sens. Alors, j’accepte et, à mon tour, je serre sa main un peu plus fort et, tandis que ses doigts s’enroulent autour de mon bras, je perds des yeux le bateau qui rétrécit et je la couve du regard. J’envisage de me pencher vers elle pour lui dérober un baiser, un autre, un de plus, un de ceux dont je ne me lasserai jamais, mais elle me coupe l’herbe sous le pied d’une interrogation qui m’a aussitôt crispé. J’ai eu tort de ne pas l’avoir anticipée. Elle était prévisible. Elle l’est devenue ce soir – cette nuit ? – où elle m’a ramassé sur mon bateau complètement ivre. Je n’aime pas m’en souvenir, mais de temps à autre, les faits me sautent au visage. Ne serait-elle pas intervenue que je ne serais pas remonté. Je me serais volontairement laissé sombrer pour que mon cœur ferme enfin sa gueule. Nous n’en sommes plus vraiment là cependant. Il ne chante plus uniquement des complaintes à présent. Il compose des marches militaires à la faveur de ma rancœur et des sérénades qui lui sont toutes destinées. Sauf qu’aucune de ces réalités n’est avouable. Aucun mensonge ne sera argument convaincant non plus. Dès lors, quoiqu’il me répugne d’être apparenté à un faible, je déclare d’un air absent, mon regard perdu dans le vide, voilé, déconnecté du reste du monde et du mien. « Oui. Mais, quand tu as de bonnes raisons de le faire, tu le fais, c’est tout. » Lorsque ta gamine t’attend de pied ferme pour t’offrir un câlin de bienvenue, le doute est fugace. Il n’a pas le temps de générer de frustration que tu as déjà amorcé les paliers du retour à la surface. « Mais, si ta question, c’est est-ce que j'ai toujours eu la force de le faire, je n’en sais rien. » J’ai haussé les épaules, conscient que je me tais surtout pour ne pas admettre que les premiers mois suivants la mort de Sofia, j’ai perdu toute combativité. Je n’ai pas non plus envie de me souvenir que je me suis planqué dans la grange de mes parents, que j’ai dormi sur la paille réservée aux chevaux en me soulant chaque soir et en maudissant ma résistance chaque matin. Et quand bien même, quelle image renverrais-je de moi ? Celle du lâche ? Du type instable ? C’est révolu et qu’à cela ne tienne que mes motivations soient malsaines. Je me lève tous les jours. Je fonctionne et j’avance. Et au-delà de ma rancœur, elle reste la première personne à qui je pense en ouvrant les yeux.

***

Alors que le loueur lui confie les clés, je jure d’avoir aperçu sur ses traits un masque décomposé d’assurance. Sur la balance de l’honnêteté, le poids se répartirait mal entre : « Je peux » et « je ne veux pas » le faire. Ses doutes, anormalement éloquents, m’ont amusé et, quoique j’aille moins bien que la veille, j’ai tiré légèrement sur sa main libre pour l’encourage. « Tu n’as même pas à te tracasser du Code de la route. Allez, viens. Tu vas t’en tirer à merveille. J’en suis certain. » Je ne suis pas convaincu de l’avoir apaisée, mais je me suis installé côté passager sans l’attendre, histoire de la stimuler. « Tu as envie de le faire en plus. C’est le premier truc que tu m’as proposé. Allez. En route. » ai-je dès lors conclu en tapotant son siège de la main. Elle est belle, Raelyn. Elle l'est autant quand elle est sûre d’elle que le contraire, mais je la taquine pourtant. C’est plus fort que moi. Que mon sourire nous en soit témoin. « Tu te souviens dans quel sens on tourne une clé dans un démarreur ou ça ira ? Et, attends... » J'ai posé ma main sur son bras. « Avant, vérifie quand même que tu arrives à atteindre les pédales… »  


Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 YV4dgvCSujet: (Amelyn #18) ► NEVER FADE AWAY
Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 EmptySujet: (Amelyn #18) ► NEVER FADE AWAY    Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 EmptyJeu 18 Juin 2020 - 17:58




NEVER FADE AWAY
Ils la surnomment la reine de glace. Ils comparent son appartement à une tour d’ivoire impénétrable. Ils la décrivent comme étant vide de toute émotion altruiste. Et, je comprends. Je comprends qu’ils puissent brosser d’elle ce portrait tant il lui arrive d’être froide avec ces ouailles, mais elle est différente avec moi. Elle est tendre et expressive. Elle est plus fragile et mon cœur se vante d’être un privilégié quand elle roule des yeux, me nargue, joue ou taquine. Je me sens détenteur d’un secret qu’elle se garde de révéler aux restes du monde pour préserver sa position. Ils sont une menace pour son statut. Pas moi. Elle me perçoit comme un allié et, si nos intérêts ne convergent pas vers un même objectif, je suis conscient d’être un privilégié. Elle me pardonne, elle est authentique, intègre et Dieu ce qu’elle m’ébranle lorsqu’elle lit entre les lignes de mes questions ou qu’elle décode mon langage non verbal. J’aime l’idée qu’elle ait été, durant ces mois, attentive à mes comportements et à mes attitudes. J’adore celle qui prétend qu’elle m’apprend par cœur quoique j’arrive encore à la surprendre. Je chéris celle qu’elle s’embarque dans l’aventure de notre histoire d’amour sans s’armer et sans se protéger. Dans ces conditions, il m’est de plus en plus difficile de ne pas confier sans suivre le mouvement. Bien sûr, je pourrais me renfrogner qu’elle chercher à gratter le vernis qui enrobe ma question d’apparence anodine. Mais, ne serais-je pas hypocrite de m’en froisser ? Elle partage plus que mon intimité, Raelyn. Elle est le témoin de mes emmerdes et de mes joies. Elle a déjà ramassé les débris de ma fierté et m’a aidé à les recoller, sans m’écraser, sans se moquer et sans mésestimer ma force. Elle m’a rattrapé de la sienne quand j’ai sombré volontairement. Dès lors je considère, aujourd’hui, que je peux honorer sa perspicacité d’un sourire qui fait écho au sien, un sourire tendre et reconnaissant, accouplé à des confidences décousues, mais néanmoins éloquentes. Je l’enrichis sans détail du premier échec de mon existence et elle, elle m’écoute, religieusement et sans trace d’un quelconque jugement. Certes, mes yeux sont perdus dans le vague. Ils se noient dans l’immensité de l’océan. Mais je sais lorsque le regard déplaisant se pose dans mon cou et qu’il longe ma mâchoire. Je la ressens alors la douleur infime de la piqûre de moustique, celle qui passe inaperçue pour le distrait, mais que l’attentif repère. Je la reconnais aussi pour l’avoir souvent côtoyée. Il n’en est rien aujourd’hui. Son oeillade est curieuse, mais pas malsaine et j’avance. Je rembobine le film de ma vie et j’y pioche quelques extraits à raconter, un peu au hasard, sans réfléchir aux enchaînements et sans plus craindre, comme d’antan, l’interrogatoire qui en découlerait.

Je ne me prépare pas à ce dernier non plus d’ailleurs. Je m’y attends, mais il ne m’inquiète pas. Au contraire, je suis presque surpris et touché que les premiers mots sortant de sa bouche trahissent de l’encouragement. « Ce n’est pas si facile en fait. Ce n’est pas vraiment une question de temps. » Parfois, j’ai l’impression que l’incident s’est produit hier tant il s’impose à mon esprit comme une réalité. Dans mes cauchemars les plus terribles, bien qu’ils soient de plus en plus rares, je suis pris d’une frayeur identique à celle de cette maudite journée et j’en tremble, au réveil, comme une feuille balayée par un vent d’automne. Je tremble et j’ai chaud, froid, la nausée et j’ai mal au coeur. Longtemps ils m’ont accompagné durant la nuit, provoquant chez moi une crainte presque maladie de m’endormir de peur d’être catapulté dans mes souvenirs et de les "revivre", encore et toujours, comme un homme condamné à recommencer la sempiternelle même journée. « C’est lié à un fait. Je n’ai jamais vraiment réussi à savoir si c’était de ma faute ou si c’était un accident, mais le résultat est le même au final. J'ai perdu des amis, mon job... ma sérénité... Enfin, tu vois le genre.» Je crois en la première option par réflexe, parce que désigner un coupable facilite le processus de deuil et d’acceptation. Mais j’argue par ailleurs, sans me tromper, qu’une erreur,fatale à tout un bataillon m’aurait valu un blâme ou une comparution devant la cour martiale. Certains de mes généraux n’auraient pas autant réclamé mon retour au point de me manifester leur dépit le jour de ma retraite anticipée. « Mais, j’ai peur que ça soit un peu comme le cheval, que si tu ne te remets pas en selle tout de suite, ben… tu finis par ne plus jamais oser. » Mon rapport à l’échec est un frein également, mais je traite une information à la fois : je m’ordonne. J’interromps la balade et, si je garde Raelyn tout contre moi, je me tourne vers le bateau qui emporte une brochette de plongeurs.

D’où je suis, je distingue les amateurs des aguerris à leur posture et à leur place sur le voilier à moteur. Je remarque également leur point commun : ce sourire élargi, voire extatique, de découvrir que recèle l’océan. Ils sont enthousiastes et je me demande si je trouverai les formules pour décrire cette sensation d’apesanteur d’être entièrement immergé dans l’eau. « Comment t’expliquer ?» D’après moi, ça se vite, ça ne se raconte pas. « Déjà, tu es léger. Plus rien n’est un poids. » Et derrière ce rien, il faut comprendre : ennuis, tracas et responsabilités. « Tu as l’impression de voler. Tu n’entends plus rien non plus, à part ta propre respiration… Et j’aime le silence et puis, tu fais des rencontres hallucinantes. Il y a tout un monde là-dessous que tu ne soupçonnes même pas. Et moi non plus d’ailleurs.» Les tréfonds engloutis en restent inexplorés pour l’Homme et le demeureront à tout jamais. N’est-ce pas grisant ? Voire un peu trop. « Le piège, c’est que tu n’es pas toujours sûr d’avoir envie de remonter. » Ce qui explique que ce sport se pratique en groupe ou en binôme. Il nécessite d’être fort psychologiquement et je ne suis pas dupe, je ne le suis plus depuis longtemps. Autant dire qu’il me faudrait une bonne raison pour m’y risquer et je crois qu’elle m’en offre une sur un plateau d’argent. Raelyn transforme une conversation teintée de confidences en proposition dissimulée et appuyée par ses doigts glissés dans les miens. Elle les serre, les caresse. C’est un stimulus pour la spontanéité puisque mes yeux, désormais cadenassés aux siens, lui clament une affirmation. « D’accord. Quand je serai débarrassé de mon plâtre, que je serai réparé complètement, on essaiera. On mettra à profit ma convalescence pour te former un peu si tu veux. Il y a deux trois trucs à savoir avant, pour être à l’aise. Communiquer, vérifier le matos...» lui ai-je expliqué en réalisant qu’à parler sans réfléchir, je me suis peut-être avancer trop allant sur un terrain miné. Et si je n’y arrivais pas ? Serait-elle déçue ? Deviendrais-je un pauvre type incapable d’affronter ses traumas d’hier ? « On essaiera et on priera pour que plus de dix ans, ça ne soit pas trop long..» ai-je donc conclu en haussant les épaules et en embrassant sa main.


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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 EmptySujet: (Amelyn #18) ► NEVER FADE AWAY    Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 EmptyMer 17 Juin 2020 - 20:35




NEVER FADE AWAY
C’était moins un compliment qu’une constatation, une évidence déclarée sans calcul. Elle fait écho à cette soirée où je lui ai confié la trouver vivante. Elle l’est toujours, peut-être même plus depuis que nous formons ce couple inattendu, car je ne compte plus le nombre de fois où je suis touché par son rire. J’aime sa couleur et ce qu’il traduit en bonheur. À lui seul, il met à mal mon sentiment de n’être pas taillé pour choyer correctement, m’aide à me pardonner de l'avoir blessée quand elle ne le mérite pas. Sa joie de vivre est contagieuse et, si elle n’est pas le pansement qui me répare des séquelles de mes amours perdues, elle soigne la morosité sous-jacente à celle qui est morte. J’ose rire aujourd’hui. C’est rare. C’est souvent discret. Mais ça existe et c’est libéré de toute culpabilité. Alors, ce regard, ses doigts qui glissent sur mon épaule, tout ce qui trahit qu’elle est touchée par cette louange involontaire, je les récupère, les chérit et les embrasse juste avant sa bouche maculée de sucre, avant que nous n’établissions le programme du lendemain. Il m’inquiète parfois. Je ne crains pas qu’elle nous tue en fonçant dans un obstacle ou en ratant un virage. Quoiqu’elle assume d'être piètre conductrice, j’ai foi en son instinct et en ses réflexes. Ce que je redoute, c’est d’être chahuté, d’en souffrir plus encore et d’avoir à renoncer à une nuit câline de plus. Et, pourtant, je ne saisis pas l’occasion de troquer l’idée pour une autre. Je devrais. Il me suffirait d’étendre le bras pour attraper la perche tendue. Ce n’est pas un hasard. Je ne dupe plus Raelyn Blackwell depuis un moment déjà. Elle devine que je suis plus mal en point que je ne veux bien l’admettre puisque mes excuses manquent d’envergure. Sauf que renoncer serait synonyme d’un aveu de faiblesse auquel je ne prétends pas m’astreindre au nom de ma fierté et parce que cette balade en 4X4 fut la première de ses suggestions en matière d’activités. J’en ai déduit que ça lui plairait assez, tellement qu’elle en a oublié mon plâtre. Dès lors, je m’obstine et lui suis reconnaissant qu’elle n’insiste ni pour me comprendre ni pour me faire changer d’avis. Que du contraire, elle fait mine de croire en ma soudaine passion pour la beauté dans son cocon naturelle. Fraser Island est un joyau, certes. Je ne regrette ni ce voyage ni la destination. Ceci étant, une roulotte au milieu d’un désert m’aurait tout autant ravi puisqu’ils tenaient surtout de lieu de prétexte pour nous retrouver, déconnecter des réalités qui blessent, nous rappeler que notre liaison compte bien plus que mon mariage révolu, nous souvenir que Sarah et ses stratagèmes égoïstes ne valent rien comparé à notre histoire jalonnée de facéties tantôt passionnées tantôt enfantine comme moi qui souffle sur du sucre.

Et j’en ris comme un gosse fier de sa blague et, quoique ça fasse mal, c’est un onguent pour mon cœur qu’elle s’amuse de mes farces et qu’elles y réagissent sans s’offusquer. Cette légèreté entre nous, elle contribue à expliquer pourquoi et comment je me suis si rapidement attaché à elle. Elle n’essaie pas de me changer, Raelyn. Elle m’accepte tel que je suis et dans ma globalité. Il n’y a rien qu’elle ait tenté de brider ou de dompter si ce n’est mes vieux démons. Je n’en fais rien moi non plus. Il n’y a que son monde que j’espère voir imploser, mais elle vaut tellement mieux que les Strange. Elle est faite pour diriger, ma partenaire. Tout, dans son tempérament, la destine à de grandes choses. Et, je prie, encore, que la vérité ne la mène pas sur le chemin d’une vengeance moins innocente que celle dont elle me menace aujourd’hui. D’instinct, parce que son souffle me caresse l’oreille, je ceins sa taille et la serre un peu plus contre moi, le sourire aux lèvres et, dans le regard, la lueur de l’insolence. « hm. Même pas peur. Venge-toi seulement. Je n’attends que ça. » Ma voix n’est pas plus épaisse qu’un fil de soie. C’est un murmure, un chuchotis venu caresser sa joue. Nous narguer l’un l’autre est un mode de communication. J’ai tendance à pense qu’il s’agit d’une amorce à des préliminaires qui se jouent dans l’intimité. Chaque provocation s’y rapporte, en ce compris ses doigts qui déboutonnent son short, moi qui tends le bras pour la rattraper – je ne suis pas vraiment capable de plus – son rire qui me charme à nouveau, sa main qui crochète mon épaule, la mienne qui l’enlace et mes lèvres qui atterrissent sur sa tempe. L’instant est doux, rassurant et, pour la seconde fois de notre histoire, je me fais la réflexion que ce n’est pas de notre attirance physique mutuelle qu’a découlé l’étiquette du couple, mais de cette complicité qui transpire par tous les pores de notre peau. Elle rendrait la vue à un aveugle tant elle est manifeste. Nul ne pourrait plus se méprendre sur la nature de notre relation et j’ai poussé un soupir de bien-être.

Cette accalmie après la tempête me projette malgré moi vers une suite à court terme sans contour défini, mais dont j’espère qu’elle fera partie. Pourquoi pas après tout ? Je nous sens solides et il est tant de choses que j’aurais envie de partager avec elle. La plongée par exemple. Alors que mon regard est attiré par un centre, je me surprends même à me demander si ça lui plairait, elle, de m’apprendre au point de boire au calice de mes passions d’hier. Est-elle aussi insatiable que je ne lui suis envers elle ? Je suis curieux de tout la concernant, curieux du moindre détail que je devine à travers grimaces ou étincelle dans ses pupilles et je crois sans me tromper que la réciprocité existe. Ce n’est pas une illusion. Une question et elle m’a déchiffré d’un regard dans le mien trop nostalgique. « Quoi ? » me suis-je enquis sous le joug de l’effarement.  Il est bref néanmoins. Au fond, ce n’est pas étrange qu’elle ait déshabillé l’interrogation avec habileté. Alors, mes traits se sont rehaussés d’un sourire admiratif et connecté à des émotions contradictoires. Je suis touché et à la fois déstabilisé de ne pas avoir anticipé ses questions. Je ne sais pas sur quel bout du lacet tiré pour délier le nœud de mon histoire. « Euh… je ne sais pas… 12 ans. » Et, j’ai la date en tête. C’est un jour qui n’existe plus sur le calendrier de ma vie. C’est celui où j’ai cessé d’être un type joyeux et sympathique, celui où j’ai commencé à boire de temps à autre, le soir, pour trouver le sommeil et éloigner les cauchemars. La mort de Sofia n’aura finalement été que le dernier coup de mateau qui a scellé le cercueil dans lequel repose l'homme d'hier. Elle était devenue malgré elle ma dernière bonne raison de lutter contre mes démons. Elle était ma boussole, mon compas, mon étoile du berger, qu’y-a-t-il donc d’étonnant à ce que j’ai erré sans but après son décès ? « Et j’ai arrêté parce que c’était mon métier à la base…J'étais démineur-plongeur et… je me suis fait très peur aussi. » J’ai ri d’un air badin, mais éteint. Je minimise au rang de banal une erreur qui m’a coûté en partie ma santé mentale. « On ne m’a jamais réintégré. J’étais en colère. Contre moi. Contre tout le monde en fait. Surtout contre la RAN je pense. C’était un peu comme une façon de me punir ou d’essayer de laisser ça derrière moi de ne plus plonger. Mon entourage… » Autrement dit, Sarah, mais le prénom est banni à jamais. « …n’a jamais vraiment compris mes choix. Alors, ça arrangeait tout le monde, ça rassurait ma fille que je sois là et ça réveillait des souvenirs douloureux. Donc, j'ai jamais recommencé. » Sans doute suis-je trop vague, mais il n’est plus de curiosité malséante entre nous. « Parfois, j’y pense. Je me dis que ça me plairait. C’est assez incroyable sensation. J’ai voulu réessayer… mais ça ne s’est pas fait. » À cause de cette peur panique de l’échec et de ses conséquences.

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Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 EmptySujet: (Amelyn #18) ► NEVER FADE AWAY    Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 EmptyMar 16 Juin 2020 - 23:27




NEVER FADE AWAY
Évidemment que tout spectateur, lubrique ou non, se rincerait l’oeil de nos ébats avec délectation. Il apprécierait d’autant plus de contempler son corps nu. Ceci étant, outre que je n’ai rien d’un exhibitionniste - je suis bien trop jaloux - pour rien au monde je ne partagerais mes privilèges durement acquis. Je n’ai pas négocié l’exclusivité pour qu’un quidam caresse ses formes de ses pupilles. Alors, je l’entraîne à l’intérieur du bateau puisque le match touche à sa fin et si j’ai récupéré la balle, je sers la dernière en immobilisant ses mains et en pressant mon corps tout contre le sien, ce corps dans lequel je me sens ridiculement à l’étroit désormais. J’aurais bien renoncé à cette ultime provocation si de ses danses précédentes n’affluaient pas dans mon esprit des images obsédantes et réalisables dans un futur proche. Dès lors, j’arrose l’arroseur de mon désir et, de bonne grâce, au terme d’un baiser engageant, je la libère, histoire qu’elle honore ma requête comme il se doit. Elle n’a pas protesté. Je ne prends que très peu de risque puisque nous nous accordons tous deux sur un fait : ça fait longtemps que nous divisons toujours les enjeux par deux. Et, cette équité, elle est tellement rassurante. De cette dernière découle la certitude que notre couple, soutenu par nos sentiments, s’est équilibré de lui-même et à tout niveau. Elle se vérifie dans la chambre à coucher alors que ses murs assistent à nos retrouvailles. Elles sont aussi prudentes que passionnées et s’il est arrivé à mes soupirs de mêler plaisir et douleur, je ne les regrette pas. Je ne regrette pas de n’avoir su patienter jusqu’à mon rétablissement, car de l’inédit, de la frustration et du manque né de son absence a découlé des sensations proches d’une détonation à la couleur du soulagement : la faim rend le pain tendre et la soif transforme l’eau en vin. Et je ne regrette pas non plus, dès lors qu’un nouveau jour se lève sur Fraser Island cette nuit entrecoupée de sommeil, d’accolades et d’étreintes même si je pressens que mes forces me lâchent, que la douleur de ma côte se répand jusque dans ma cuisse et que mon corps m’arrêtera, bientôt, mais pas ce matin.

Je ne regrette pas quoiqu'il me faille feindre une forme olympique quand mon coeur semble s’être déplacé de ma poitrine à mon flanc. Je peux l’entendre battre si fort qu’il en est lui aussi douloureux et, dans l’espoir d’éteindre le mal provisoirement, j’ai pris soin d’attendre que Rae s’isole dans la salle de bain pour déposer sur mon ecchymose un sac de petits pois congelés. Je n’ai pas agi en cachette à cause d’une honte quelconque. Je crains par contre qu’elle décide d’écourter notre séjour alors qu’il nous reste une kyrielle de souvenirs à nous bâtir à deux, des souvenirs qui nous berceront nos soirs de solitudes et qui nous retiendront l’un à l’autre dans les moments les plus difficiles. Aussi, n’ai-je rien confié de mes tracas quand la douleur s’est diffusée jusque dans mes poumons. J’ai simplement ralenti le pas durant notre balade dans les criques en prétextant sa beauté, sa quiétude et les bienfaits apaisants de ses couleurs chatoyantes. Sur l’heure de midi, j’ai mangé peu et préparé une excuse valable dans l’éventualité où mon amante s’inquiéterait de ce brusque changement dans mes habitudes : il fait chaud sous mon plâtre, ça me démange et c’est dérangeant. Il y a une part de vrai, mais la réalité, c’est qu’avaler entrave ma respiration, si bien que je ne m’offusque pas qu’elle pioche dans mon paquet de Churros quoique mon regard puisse prétendre le contraire. Je l’ai acheté par envie, par gourmandise, mais c’est un caprice sucré qui se déguste à deux à mes yeux. C’est aussi savoureux que ses rires frais et spontanés, ceux que j’aime entendre et qui résonnent jusque dans mon coeur. Il suppose qu’elle est heureuse à mes côtés et ça me séduit autant que la sensualité dont s’habille notre intimité sexuelle. « J'adore ton rire.» ai-je lancé, sans réfléchir, en la dévorant des yeux, mais d’un appétit différent qu’à l’habitude.

En cet instant, j’ai faim de la garder auprès de moi au-delà de mes desseins revanchards. J’ai également faim d’un baiser plus léger qu’une plume pour ramasser de mes lèvres le sucre glace qui macule les siennes. « Certain. Oui. Et ce serait le premier de tous mes arguments si je devais te convaincre.» ai-je rétorqué à sa question concernant le programme du lendemain. « Tu vas t’en tirer. La voiture, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas, c’est mécanique. » Je la rassure, sincèrement, parce que j’ai foi en elle, même si mon regard, jusqu’ici cadenassé au sien, oscille entre le cornet et ses yeux verts. Une puérile facétie se dessine doucement dans mon esprit, mais je la réprime, provisoirement. Je la connais. Je sais qu’elle glissera bientôt dans la conversation une allusion ou un brin de malice. C’est plus fort qu’elle, plus fort que nous. Tout est bon pour jouer, nous lancer des défis ou nous taquiner comme le feraient des adolescents insouciants des dangers de l’amour. « Moi aussi, ça pourrait m’aller. » D’autant plus qu’on n'est pas loin depuis Brisbane. « Mais, regarde comme c’est beau. » Assis sur un banc, on peut apercevoir au-delà des touristes l’océan qui s’étend à perte de vue.

Je m’y égare un instant et, si elle me ramène à l’évocation de son maillot de bain, j’exécute ma mauvaise blague en soufflant sur le sucre. Elle est blanche, Raelyn, aussi blanche que sa tenue du Diable. Quelle ironie. J’en suis hilare et, d’instinct, j’ai glissé mon avant-bras le long de mon flanc pour soutenir ma côte. Elle s’est réveillée et ne pas pester s’avéra plus compliqué que de résoudre l’énigme de la quadrature du cercle. « Trop tentant. »bme suis-je défendu après une quinte de toux, faute au manque d’air. J’eus un instant l’impression d’étouffer et, soucieux de donner le change, j’ai noyé le poisson. Je l’ai époussetée puis je lui ai proposé de reprendre la route vers la plage. « Tu pourras enlever ton short. Je vois bien que tu en meurs d’envie. Mais, ce sera à tes risques périls. » Ou aux miens. Je redoute déjà cette nuit où, par la force de l’habitude, je serai incapable de refuser ou de ne pas initier un tango. Nos pieds nous ont menés vers une plage où quelques touristes en famille se baignent de soleil. D’autres, en revanche, s’amassent devant un bâtiment à l’enseigne éloquente : un centre de plongée. Certes, ça n’a rien d’étonnant. Toute terre bordée par l’océan cache des merveilles qui ne sont accessibles à l’œil humain que sous l’eau et ça m’intrigue. Je me dis que c’est une expérience que j’aurais volontiers partagée avec elle si ma dernière tentative de renouer avec ma passion – une différente et complémentaire à la navigation – ne s’était pas achevée sur un échec. « Tu en as déjà fait ? » ai-je demandé en serrant sa taille de ma main qui l’enlaça plus tôt pour attirer son attention. « Plonger, je veux dire. » La précision est nécessaire. Ce n’est vraisemblablement pas la seule activité aquatique proposée, mais les autres ne m’intéressent pas ou pas autant. « Tu as déjà essayé ? » Et, le cas échéant, si elle s’accorde sur un nom : est-ce que ça lui plairait ?

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Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 EmptySujet: (Amelyn #18) ► NEVER FADE AWAY    Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 EmptyMar 16 Juin 2020 - 17:24




NEVER FADE AWAY
C’est un combat de titan auquel se livrent le goût du jeu et la raison. La première lutte à coups de glaive pour le plaisir d’être grisé quand le seconde se défend que nous soyons deux idiots à nous torturer l’un l’autre pour que la fièvre monte encore. Quant à ma tête, elle ne sait qui encourager tant c’est compliqué de demeurer allongé, les fenêtres sur mon âme solidement closes, quand je n’ai qu’une hâte : détailler la perfection de son corps de femme couverte d’un tissu insinuant bien plus qu’il ne cache une fois trempée et de compter chaque goutte d’eau salée qui roulera sur sa peau nue. Mon entêtement me supplicie et, pourtant, je m’y accroche le temps de sa baignade jusqu’à son retour. Elle est trop proche, Raelyn. La chaleur qui émane de son corps m’enveloppe bien plus que les rayons du soleil et à chaque fois qu’elle bouge et qu’elle m’éclabousse – à peine cependant – mes propres interdictions me paraissent si enfantines que je me cherche des excuses pour les tourner vers elle, mes yeux clairs. J’essaie toutefois de tenir bon, pour l’honneur, mais je lâche prise, à tort, car il est trop tard pour faire demi-tour à présent. J’ai bien tenté de fuir lâchement, mais dès lors qu’elle a remporté cette bataille, elle s’assure de garder l’avantage. Sa paume ne m’autorise pas à me redresser pour courir  - toutes proportions gardées - me réfugier dans la salle de bain. Je m’y serais rincé le visage à l’eau glacée à défaut de me jeter dans la mer bleue qui borde Fraser Island. Frustré d’être prisonnier de mon propre piège, j’invoque une excuse qu’elle balaie d’une assertion. « Tu es en plein soleil, tu finiras bien par sécher. » Une oreille extérieure aurait jugé la remarque hors contexte, mais pas nous. Elle sait qu’elle dissimule un : bien joué, c’est efficace. Mon sourire en coin lui sert autant de preuve que mes dents meurtrissant ma lèvre inférieure aussitôt que mes yeux croquent les formes arrondies de sa silhouette.

Elle est fine, Raelyn, mais tout en forme voluptueuse et je ne serais plus tout à fait homme si son manège ne m'émoustillait pas. Or, j’en suis un, tout à sa cause acquise et je me liquéfie d’assister à ses danses sensuelles de ses doigts qui peignent ses cheveux. Ainsi penchée sur moi, je souffre littéralement de réprimer un geste tendre dans sa direction. Il me suffirait de lever la main pour empoigner sa hanche et la tirer vers moi pour clore le dernier acte de son ballet. Elle n’a pas terminé et il n’est rien de plus grisant que ses manigances supposées faire sauter les barrières minces et fragiles de ma volonté. Elles ne sont plus que des ruines et, si je n’étais pas tant séduit par ses ondulations, la transparence de son maillot de bain et ces étirements qui, à défaut d’être naturels, ont le mérite de m’échauffer faute à cette position trop suggestive, que j’aurais plié le genou devant cette incarnation de la tentation. Je les entends à peine ces invitations à la luxure. Elles chatouillent mes tympans, mais n’atteignent pas mon cerveau ou pas exactement comme je l’aurais souhaité. Elle dit : une semaine et je pense jamais. Elle propose demain et je souris sans y croire. Elle essaie ce soir et ça me paraît insurmontable. L’envisager plus tôt est encore trop long à mon goût. Je suis obsédé par l’idée d’un tout de suite, mais ne serait-ce pas trop facile ? « Peut-être quand tu auras terminé ce que tu as commencé. » ai-je soufflé d’une voix que ma respiration trop profonde, saccadée, gorgée d’un désir insupportable a dénué de timbre. Elle a fait mine de s’effeuiller, là, sous mes yeux agrandis d’avidité. Il faut les ravir à présent, sans hésiter. Le jeu n’a d’importance que s’il est galvanisé par la pression née d'une mise qui en vaille le coup, une à remporter coûte que coûte et si la sienne est limpide, je n’y accéderai que si elle me rend la pareille.

L’effort, pour prononcer cette simple phrase, fut d’une pénibilité hors norme, bien plus que ma hâte à me redresser pour combler la distance entre nos lèvres. Sa bouche était trop proche de la mienne. Beaucoup trop. Et, s’il me faut blâmer quelqu’un d’avoir manqué à mes engagements envers nos jeux de dupe, c’est la caresse de ses doigts sur mon front que je désigne en tant que coupable idéal. Quoique l’érotisme de ce baiser soit renversant, je prends le temps de jeter autour de nous un regard circulaire. Le catamaran est amarré, nous avons des voisins dont un couple qui, comme nous, préfère la solitude aux bains de touristes sur l’île. Et moi, je ne partage pas. « Mais pas ici. » ai-je donc renchéri sans plus de vigueur alors que mes doigts s’entrelacent aux siens. Je l’entraîne dans la cabine sans être certain que nous trouverons la force d’atteindre le confort traditionnel de la chambre. En d’autres temps, nous retrouver dans le sofa ou ailleurs n’aurait rien eu de contraignant. Sauf qu’aujourd’hui, je peine à chaque fois que mon torse se soulève et si je choisis de faire fi de cette douleur, je m’implore de ne pas lâcher prise trop vite pour ne pas aggraver mes maux. Malheureusement, à peine avons-nous eu le temps de franchir la porte que je la motive à ne pas trop jouer avec mes nerfs en me refusant le menu plaisir d’un effeuillage accompli en la coinçant contre le mur adjacent à l'escalier, non loin de cette barricade de bois tout juste fermée sur le soleil et la mer.

Ses poignets sont si graciles que je les maintiens en hauteur d’une main et, malgré que mes frustrations n’aient nul besoin de s’alimenter d’un souvenir étourdissant, je suis happé par celui de notre réconciliation post-Tobias. Nous nous disputions dans la cuisine quand l’appel de la chair fut plus bruyant que mon orgueil. Mon cœur battait tambour dans ma poitrine à l’instar de ce jour où mes lèvres s’imprègnent du sel de la peau de son cou, de son épaule et de sa bouche dont s’échappe ce soupir d’anticipation. Les miens lui font écho et je rassemble tout mon discernement pour lui chuchoter à l’oreille les modalités de mon odieux – coquin ? – chantage. Je les ai initiées par une promesse. « Je vais t’emmener dans la chambre » pour rendre ensuite des comptes détaillés sur nos possibilités selon Google et déjà elle frémit tout contre moi. Dois-je préciser que j’ai douté d’être capable de poursuivre sans l’embrasser à nouveau et la déshabiller moi-même. Sauf qu’elle m’a mis en appétit, Raelyn. Elle a ranimé ma trivialité et, je répète, je n’aurais rien d’un homme si je n’en réclamais pas davantage. J’ai beau adorer la dévêtir de mes mains sous prétexte d’apercevoir sur sa peau les sillons laissés par la chair de poule ; je serais tout enchanté qu’elle s’y colle puisqu’elle s’est arrangée pour m’inspirer ce désir précédemment. « Mais avant, tu vas me rejouer la scène du pont dans son intégralité et avec une chute de maillot magistrale. Et, après, je serai tout à toi. » Et elle, à moi. Rien qu’à moi. « C’est à prendre ou à laisser. » ai-je ponctué sans être certain d’être prêt à me garder sous contrôle. Quoique… pour quoi pas. L’attente ne serait-elle pas pleine de promesses ?


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Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 EmptySujet: (Amelyn #18) ► NEVER FADE AWAY    Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 EmptyLun 15 Juin 2020 - 23:54




NEVER FADE AWAY
« Précisément. » lui ai-je lancé sans dissimuler mon projet de parade à la douleur. Pas de quoi l’étonner ou l’offusquer. Elle n’a rien d’une prude, Raelyn. Quant à moi, j’ai cessé de jouer les inaccessibles bonhommes il y a longtemps. Du reste, nous n’avons jamais eu besoin de consulter un manuel pour nous réinventer, mais ça, c’était avant que je sois plâtré et réduit à me méfier de ma propre respiration. C’était avant que je ne joue avec le feu en voiture alors que sur l’heure, c’est d’autres allumettes que je manipule, que j’enflamme d’un peu de soufre, le soufre de mon imagination nourrie par de petites choses qui ne dépendent que d’elle : elle et son couteau. Elle et sa concentration. Elle et ses airs faussement candides. « J’aurais pu, mais c’est moins drôle que de les décrire aux creux de ton oreille ou de les mettre en pratique.» Quoique, certaines propositions nous auraient brisé le cou et les reins à défaut de mes côtes. Qu’importe cependant. Elle brandit bien haut l’étendard du raisonnable et, d’emblée, elle désamorce le chuchotement à venir. Dommage. Je m’apprêtais à lui chuchoter un portrait détaillé du fruit de mes recherches, mais si ça ne l’intéresse déjà plus, j’en conserverai jalousement le secret. Jalousement et non sans être agacé au préalable. Que l’on me traite de masochiste, j’adore quand, pour quelques jeux aguicheurs, elle distend mes nerfs. La température grimpe alors en flèche, autant pour elle que pour moi, et la finalité n’en est que plus ardente. Or, cette fois, je n’ai pas le sentiment qu’elle se prête à notre exercice favori. C’est l’impression inverse qui me colle à la peau, si bien que je balaie l’envie de lui répondre qu’on pleure tous devant un oignon : c’est mathématique. Je maugrée plutôt dès lors que ma déduction se confirme : elle n’accompagne pas mes soins de gestes lascifs et sensuels. Elle ne me jette pas d’œillade brûlante qui hurlerait : “qu’attends-tu bon sang.“ Elle évite plutôt mon regard jusqu’à ce que je dépose sur la table le fond de ma pensée : je jouerai volontiers, mais à condition qu’elle ne se transfigure pas en femme attentive au point d’espérer me protéger de moi-même. Je ne suis pas un gosse et, si les frontières entre « je m’en sais capable » et « Je me fous de la douleur » sont tracées en pointillés, je me défendrai de ses précautions toutes serres dehors. Je lui accorde toutefois le bénéfice du doute et, après avoir avalé quelques pâtes – moins qu’à l’habitude : je suis trop crispé – je les ai suivis, son maillot de bain et sa silhouette à damner tous les saints, sur le pont du bateau.

Un intermède plus tard, un de ceux si sages qu’il anoblit notre histoire – son squelette ne tient pas que par le sexe – c’est elle qui revient à la charge et c’est moi qui, cette fois, lui sort un carton d’exclusion. Certes, il est tendre ce “halte-là“. Je le parsème de baisers ensorcelant et de geste suggestif. Il confesse une vérité sur mon désir et interrompre ma course vers le chemin de l’apaisement est une punition. Mais, Dieu que la vengeance est douce. Elle est froide et je la savoure. Je la déguste au même titre que le nectar de ses lèvres, de son nez, de son menton et de mes doigts qui errent entre la peau de son épaule et de la bretelle de sa tenue de bain. Tout, dans mon comportement, indique que je suis cuit, que je n’attendais qu’un élan de sa part pour la tirer jusque là chambre ou consommer notre passion sur cette toile, témoin passé de nos ébats. Mais sur l’attitude prévalent les mots qui, comme les siens, un peu plus tôt, contrarient nos caprices. « Justement. Et le grand garçon en moi me dit qu’elles ont été atteintes hier soir. » Je suis impatient de la retrouver pourtant. Je rêve de sentir à nouveau sa peau glissée contre la mienne et si, d’aventures, elle en doutait, mon excessivité la détromperait. J’en fais des tonnes. Mes phrases transpirent l’hypocrisie et quelle douce ironie que de l’entendre se plaindre alors qu’elle fut la première à évoquer l’argument de la douleur pour me résister. « Non, ça ira. Je m’en sortirai comme un grand garçon. » me suis-je risqué quand je reconnais dans son timbre qu’elle est loin d’avoir abandonné. J’ai lancé la balle de service du premier set et elle me la renvoie d’un revers savamment exécuté. Elle veut se baigner, faire prendre l’eau à son maillot de bain à la doublure si fine qu’à sec on devine l’entièreté de son sein. Je n’ose imaginer ce qui demeurera caché une fois mouillée - autrement dit, rien – et d’ô combien j’en serai ébranlé. Etirer le temps jusqu’à ce qu’elle se languisse de moi évoluera en épreuve de triathlon. « Non, non, vas-y » lui ai-je pourtant rétorqué en feignant le désintérêt.

J’ai fermé les yeux pour qu’il ressemble à du détachement. J’ai feint de chercher le sommeil aussitôt qu’elle s’est redressée, mais derrière mes paupières s’esquissent à l’aquarelle son corps nu à peine recouvert d’un lycra détrempé. C’est malséant. La convoiter à l’envi et à l’infini est insultant pour mon sang-froid qu’elle noiera bientôt dans quelques gouttes d’eau salée. Il est si maigre aujourd’hui. Parfois, je me demande comment j’ai pu tenir la distance durant des mois sans lui offrir ce qu’elle exigeait. Je ne regrette pas, bien sûr. Nous n’en serions peut-être pas là aujourd’hui, mais je prends la mesure chaque jour de son influence sur ma contenance et, parfois, j’ai peur. J’ai peur qu’elle ne me pardonne jamais ma duplicité envers le Club – et non envers elle -  et d’être incapable de tourner à nouveau rond sans elle. Elle qui retrouve sa place, à mes côtés, mais à bonne distance – pourquoi d’ailleurs ? – et qui me hèle : « A peine 10 minutes. » Et, je suis gentil. J’aurais dis trois, à tout cassé, mais je n’ai plus foi en ma notion du temps quand il s’agit d’elle. Elle alanguit le temps par ses absences et le raccourcit par le contraire. « Et, tu peux, oui. » Puisque je n’ouvrirai pas les yeux. Elle n’attend que ça pour les mêmes raisons que mon obstination s’entête à les garder clos : elle gagnera cette manche. « Tu peux fouiller l’historique de mon téléphone, si tu veux les étudier pour…demain, si tu me laisses dormir et si je vais mieux. » Ai-je renchéri malgré les railleries de mon cœur. Il se moque parce qu’il me trouve con de ne pas me servir quand nous en mourrons d’envie lui et moi. Il ne me réclame qu’une seule faveur d’ailleurs : bondir dans ma poitrine pour un regard, celui de trop, l’œillade que je n’ai pu réprimer. Autant avouer que ce qui devait arriver, arriva fatalement. Mes remparts se sont mués en guimauves. Elles ont fondu sous le soleil de plomb de ses courbes dessinées en transparence et, en bon lâche – à moins de considérer qu’il en faut du courage pour ne pas m'emparer de ses lèvres et me ruiner la santé – j’ai tenté un mouvement pour me relever qu'elle a arrêté, tout net, de sa paume froide sur mon torse. « Je vais te chercher une serviette. Tu vas tomber malade. » ai-je répondu à son regard accusateur. Elle l’a devinée, ma tentative de retrouver en constance loin d’elle. Elle est tombée à plat, tout comme celle qui consistait à refermer les yeux. Ils la mangent, littéralement et dès lors que ce sont ses doigts qui taquinent la bretelle de son maillot de bain, je songe : fais pas ça. Sauf que je suis incapable de détourner mes pupilles envieuses de son corps en mouvement.



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Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 EmptySujet: (Amelyn #18) ► NEVER FADE AWAY    Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 EmptyLun 15 Juin 2020 - 19:00




NEVER FADE AWAY
Si j’ai envie d’elle, l’inverse est tangible et je ne peux, avec la meilleure volonté du monde, y demeurer indifférent. Chacun de ses soupirs, chaque geste, spontané tel que ses doigts courant sur mon torse ou ses lèvres mon cou – exemple révélateur parmi une myriade – traduit l’intensité de son désir et j’en tremble. Je vibre à la même fréquence et je suis mitigé entre succomber et patienter, un peu, le temps que ma côte cesse de brailler des réprimandes à charge de mon imprudence. J’attends de découvrir ce qu’il restera de ses protestations une fois mes antidouleurs ingurgités. Je guette un mieux à chaque fois que je respire puisque c’est sans doute ce qui m’est le plus pénible : le mouvement de mon flanc. Mais, j’entretiens tout de même. J’approvisionne le foyer dans nos tripes du bois sec de la provocation. Elles prennent tantôt la forme de plaisanterie tantôt de malice, mais le résultat reste inchangé. Il est identique à ce qu’il fut au premier jour et c’est tellement rassurant. Outre mes caprices de gosse, cette habitude propre à notre relation qui nous rend uniques, mon mensonge et sa fierté, il me plaît de constater sans équivoque qu’aucun travail de sape ne sustente notre appétit. J’ai plaisir à affirmer que la rivière de notre passion, celle qui se tarit rapidement chez les autres, est en crue et que ce matin, elle menace de déborder. Pour bien faire, il nous faudrait cesser de nous embrasser comme si notre santé mentale en dépendait. Mais pour quoi prendre le risque de troquer notre routine pour une moins haletante ? Pourquoi apprendrions-nous un autre langage quand celui-ci est acquis et maîtrisé ? Pour mes fractures ? Elles sont éphémères. Tôt ou tard je guérirai et je refuse que cette peccadille menace notre équilibre. Dès lors, si nous sommes assez rationnels pour quitter ce lit témoin de nos œuvres inachevées, j’en ai plein la tête. Les souvenirs s'accroche pas et qu’elle s'atelle à cuisiner ne les brouille en rien. Au contraire, la brume du réveil se désépaissit et les contours de sa silhouette se redéfinissent. Si je fermais les yeux, l’écho de nos soupirs résonnerait dans ma tête et, si je me fous de savoir si une telle soif d’elle est normale ou non, je suis effrayé à l’idée que l’abstinence forcée l’accentue au point d’être un danger pour mes nerfs. Pour me détendre, j’ai besoin d’une solution et, adossé au plan de travail, je fouille internet pendant qu’elle épluche les oignons. Je pars en quête de récit d’expérience. Je trie sur le volet les avertissements pessimistes des témoignages d’espoir et convaincu qu’une clé ouvrira tôt ou tard la bonne porte – et vaut mieux tôt que tard – je deviens chat, chat surpris que la souris lui fasse de la résistance.

Bien sûr, elle sourit, elle rit même. Quant à son corps, il a l’air de réagir positivement, mais le message de ce dernier n’est pas en adéquation avec le discours. Lui, il m’embête autant que le barrage de police que tu essaies d’esquiver quand tu es ivre au volant et je le vis comme un stop, sensé, certes, mais je me sens tout de même spolié d’un droit fondamental. « Là, pendant que tu pleurais devant ton oignon. C’était très instructif. » ai-je hasardé, plus blasé que je ne l’aurais espéré. Si j’insiste encore un peu en caresse sous son débardeur, je ne me berce pas d’illusions. Ce n’est pas tout de suite qu’elle me cédera et je peux déjà retrancher de ma kyrielle de possibilités celle qui comprend le plan de travail. D’instinct, la question que je me pose est celle du pourquoi ! Cherche-t-elle à verser dans la précaution ? Est-ce pour me préserver ? A-t-elle peur d’être déçue et, par conséquent, de mettre ses menaces à exécution ? Que cachaient-elles d’ailleurs ? Que voulait-il dire ce : gare à toi ? Je suis happé par le besoin d’y réfléchir, de statuer et je perds en panache. Je vais jusqu’à me laisser conduire par la main vers le divan pour qu’elle change mon bandage. L’explication de texte me perturbe et je la détaille d’un regard inquisiteur qui la dévore entièrement. Je ne suis pas redescendu, je suis dans l’expectative de la comprendre, de saisir par quels miracles ses instincts pensent oui, que sa bouche l’atteste en m’opposant ce qui ressemble à un non fragile. Peut-être veut-elle gagner du temps. Peut-être, mais il n’y a pas de médaille en jeu pour celui qui tiendra à moyen terme sans déshabiller l’autre à la hâte. C’est un défi que je ne relèverais pas d’ailleurs. L’appel du jeu a beau m’animer en tout temps, je ne plaisante pas avec mes obsessions par crainte des conséquences. J’aurais tôt d’être oppressant et, pour limite la casse et mes frustrations, j’annonce que ça ne m’amuse pas d’être à demi handicapé. Je précise en mots plus simples de l’absence est née la gourmandise et que je reporte à l’explosion de nos prochaines réconciliations au profit d’un pis-aller qui aura l’avantage de m’aider me patienter. Espérer que je me contienne, c’est croire en Dieu et à mon sens et, quoiqu’elle admettre son avidité et bien que j’en sois convaincu, je ne veux pas manger. Je ne veux pas qu’elle quitte le sofa pour égoutter les pâtes et nous servir deux assiettes. Je peux m’accorder sur un “je ne tiendrai pas“, mais “Je ne veux pas te faire mal.“

Évidemment, c’est touchant qu’elle essaie de prendre soin de moi. Je ne vais pas cracher dans la soupe : c’est une preuve de sentiment enrichissante pour mon cœur. Sauf que, devant mon assiette, je suis à nouveau bougon et je ronchonne quand elle s’éclipse dans la chambre et en ressort armée et sans exagérer : il s’agit bien d’une bombe nucléaire que la coupe de son maillot. Et, tandis que je la suis tel un pantin désarticulé jusqu’au pont du bateau – bain de soleil oblige –  je tente de lui faire entendre raison. « Tu sais que je sais où sont mes limites ? » Notre histoire, à elle seule, justifierait que je me mens à moi-même. « Je suis un grand garçon. Si c'est une erreur, je l’assumerai. Je te destituerai de ton rôle d’infirmière si c’est ça qui te fait peur. »  Autant m’adresser à un mur.  Elle ne m’écoute pas vraiment et je jurerais voir briller dans son regard cette lueur espiègle de la conspiration.  Elle prépare quelque chose, Raelyn, et au départ, mon soupir est un mélange de dépit, d’incompréhension, d’anticipation et de curiosité. Plus tard : c’est d’avoir été maintenu sous tension.

Nous avons retrouvé notre place sur ces toiles en suspension au-dessus de l’eau. Larges, elles nous permettent de nous y allonger tous les deux. Elle s’est blottie dans mes bras en évoquant la fraîcheur de la brise d’automne. Il fait beau pourtant, mais je ne rechigne pas. Je la garde auprès de moi et, si je parle peu, c’est moins à cause de mes frustrations précédentes que de me concentrer sur autre chose que sa tenue de bain. Ma grogne était passagère, mais puisqu’elle se complaît à jouer avec mes nerfs, je lui rends la pareille aux premiers mots. « Je m’en souviens. Pourquoi ? » Question vaine et idiote. Elle s’approche déjà et ses doigts graciles effleurent avec la peau fine de ma nuque. Nous y venons enfin à ce que j’ai comparé plus tôt à un plan dont je n’ai pas décodé les fondements. « Hum. Je vois. Tu sais, moi aussi si j’en crève d’envie. » ai-je avancé l’air affligé quoiqu’il brille dans mes pupilles la flamme de la malice, celle qui rehausse déjà mes lèvres d’un sourire, celle qui motive ma bouche à retrouver la sienne pour un long baiser entrecoupé de justifications tartuffes. « Mais je ne suis pas certain que ça soit une bonne idée finalement. » Ma respiration s’accélère dès lors que je mordille, que mon nez caresse le sien et que mes doigts glissent sous la bretelle de son maillot de bain « Encore moins si ce n’est pas un motif de rupture. Imagine, on fait pire que mieux ? » Et, je m’en tape, pourtant, de ralentir ma guérison si ma hardiesse me permet de renouer pleinement avec ce que nous sommes. Je suis à ce baiser que je prolongé et au grain de sa peau sous ma paume. « Si je devais retourner à l’hôpital, tout ça. D’après Doctissimo, c’est grave quand même une fracture costale. Vraiment. » Et qu’en sais-je ? Je ne suis pas allé aussi loin dans ma quête : ce n’en était pas l’objet. Ma main, en revanche, entreprend de déshabiller son épaule, un peu, sagement et de revêtir aussitôt alors que j’affirme : « Là, j’ai juste envie de fermer les yeux et de dormir une petite heure ou deux au soleil. » Et j’ai renoncé à sa bouche, à sa peau, à ses premiers soupirs et aux miens qui chantaient néanmoins en canon. J’ai renoncé, sans le penser, pour provoquer, me venger (gentiment), réveiller la détermination, rappeler à moi celle que j’aime et non la femme raisonnable qui, dans la cuisine, m’a exclu du stade de jeu d’un carton orange.

Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 YV4dgvCSujet: (Amelyn #18) ► NEVER FADE AWAY
Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 EmptySujet: (Amelyn #18) ► NEVER FADE AWAY    Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 EmptyDim 14 Juin 2020 - 22:44




NEVER FADE AWAY
Aurait-elle l’étoffe d’un cordon-bleu que je ne serais pas collé si souvent à la tâche à la nourrir autrement que de plats emportés, voire la nourrir tout court. Ceci étant, je ne doute pas qu’elle puisse se débrouiller avec un couteau entre les mains. Je suis même persuadé que cuire des pâtes – la manœuvre est enfantine – ne lui posera aucun problème et j’arque un sourcil devant son interprétation facile de mon propos. J’ai confiance, je crains simplement les conséquences de l’inédit sur mes instincts. Ils ne sont pas compatibles avec la raison et, dussé-je avoir mal que je préfère la douleur physique à la frustration. Bien sûr que cette nuit m’a fait un bien fou, mais croquer un fruit délicieux sans être autorisé à l’achever, n’a jamais rassasié personne. La veille, j’ai tenté de me duper, mais ça n’a pas suffi. L’illusion a failli et moi, je défaillirais devant cette question, car les idées foisonnent et d’aucunes ne sont ni sages ni puritaines. La plus éloquente l’assoit sur le plan de travail complètement nue, à parfaite hauteur, et déjà j’oublie douleur et logique de guérison. Je les néglige d’autant plus qu’elle me provoque et que ce langage, étranglant pour certains, appartient à notre dynamique depuis le premier jour. Sans doute a-t-il contribué à ce que je cesse mes simagrées d’homme marié sur papier, mais dénanti d’une quelconque vie de couple d’ailleurs. Au contraire, je n’y répondrais pas aussi vite aujourd’hui encore. « Te coincer contre un meuble pendant que tes mains sont occupées ailleurs est tentant. » Reste à découvrir si c’est jouable ou non, mais j’ai bon espoir que : « Je ne suis pas si blessé que ça. Un peu de baume anesthésiant, deux trois antidouleurs et c’est plié. » ai-je ajouté sans oudir de plan lui faire miroiter la possibilité d’une île, mais parce que je meurs d’envie d’y croire.

Je sais le sort injuste, mais ne serait-il pas cruel de nous priver de nos retrouvailles ? Après nous être douloureusement manqué, après avoir franchi cet obstacle qu’est mon mensonge et sa fierté, ne méritons-nous un soupçon de clémence ? Une once de miséricorde à l’égard de nos sentiments ? Juste pour cette fois ? Je ne peux pas m’empêcher de la désirer dès qu’elle me touche, que sa cuisse remonte le long de mes jambes ou que ses lèvres rejoignent les miennes. Ses regards, à eux seuls, suffisent à embraser l’allumette de ma passion pour nos étreintes. Comment concevoir que, durant ces deux jours à venir, je vais me contenter de jouer au docteur sans essayer de passer outre mes fractures ? Ce serait minimisé les séquelles sur mon moral de ces douze jours à évoluer sans elle. C’est aussi fou que moi, après l’hôpital, me complaisant dans l’éventualité d’une rupture sans avoir cherché à la retenir. Mon seul frein, quoiqu’il se grippe alors qu’elle caresse ma peau du bout des doigts, c’est ma crainte d’arroser d’essence un brasier dans l’espoir de l’éteindre. Je ne veux pas nous décevoir. Je ne veux pas vivre durant des semaines avec la sensation d’un échec cuisant. Ainsi, j’évite de l’enlacer davantage et de la presser contre moi. Je renonce à la débarrasser de son débardeur qui a retrouvé sa place contre mon gré. Je me préserve un minimum en priant pour que quelqu’un entende ma complainte et exauce ce vœu qui commence par “peut-être. Peut-être. Tout à l’heure.“ En attendant, je la charrie, je la châtie aussi bien qu’elle en veillant cependant à conserver une distance de sécurité. « Tu ne te souviens pas ? » ai-je soufflé faussement froissé et ahuri. « Tu as même proposé l’uniforme de l’infirmière, mais j’ai trouvé que c'était trop..» C’est l’inverse qui s’est produit et, si le costume n’est qu’une boutade, je ne cracherai pas sur un coup de main supplémentaire. « Et tu as confirmé pas plus tard que ce matin. » J’ai conclu par un sourire et, avant de me noyer dans le jade de ses yeux grands yeux et de rappeler sa bouche vers moi. Nos baisers ne sont jamais anodins. Ils dissimulent cet appétit de l’autre de plus en plus mal contenu, mais je mouds le grain de ma faim en silence. Je me contente de toutes ces attentions nouvelles dont elles jonchent ce début d’après-midi : me préparer un café, me tendre mes antidouleurs – au passage, j’en ai réclamé un second pour optimiser les chances du “Peut-être. Peut-être, plus tard.“ – et s’affaire dans la cuisine sans ronchonner au nom de son indépendance.

Pour être honnête, je n’assumerais pas qu’elle se conforme aux diktats aux femmes par cette société patriarcale. Chez Raelyn, j’aime autant sa soif de liberté que tout ce que j’ai pu lui manquer. Si j’ai besoin d’elle, je sais que l’inverse est bien plus qu’une supposition et mon cœur s’en ravit autant que mon ego se flatte de mon tour de force. Ce savant mélange entre mon contentement et son charme devint dès lors une épreuve en soi. Je ne peux pas me frotter à son minois concentré sans m’y piquer. C’est impossible et, machinalement, je rôde autour dangereusement de ce territoire qu’elle apprivoise à son rythme. Obsessionnel, j’ai pris le temps de demander à l’ami Google qu’elle serait les positions sexuelles les moins éprouvantes pour ma côte. L’imagination des internautes est sans limites. Certaines photos m’ont d’ailleurs interloqué au point de tourner entre mes doigts mon téléphone pour retrouver l’envers de l’endroit. Blasé, mais néanmoins gorgé de désir, d’attente et d’espoir nourri par ma quête d’informations, j’ai fini par céder à mes envies. Je titille son cou et le lobe de son oreille. Je me désintéresse des tomates au profit des élastiques de son pyjama et, puisqu’il me faut toujours un coupable pour justifier mes obsessions, je les désigne malgré eux.  Elle porte bien ses frusques, Raelyn, mais sa beauté se révèle à travers son corps nu.

Ne se serait-elle pas rhabillée que je n’aurais pas investi le rôle de la « pouceuse » à la consommation. Je l’aurais détaillée sans honte et sans pudeur, mais elle n’aurait pas alimenté une autre de mes lubies, une de celles nées il y a longtemps et qui n’a plus rien d’un secret. « C’est toi qui me déconcentres. » ai-je chuchoté dans souffle destiné à chatouillé autant sa nuque que son tympan. Il est audible, mon soupir de désarroi qu’elle me repousse en partie et, j’en suis convaincu, contre son gré. « Allez, ne sois pas rabat-joie. C’est mon job ça. Et c’est quoi cette mise en garde d’ailleurs ? » Pour m’en venger, j’ai mordillé la peau fragile de sa nuque, de celle qui conduit le courant électrique d’un frisson le long d’une échine. «D’après Doctissimo, il y a dix positions, dont cinq qu’on connaît plutôt bien, qui ne préservent les côtes. » Le réel problème relève de la respiration. Elle les sollicite. Une fois erratique et rapide, ça fera mal, c’est évident, mais je signerais tout de même à deux mains et sans hésiter. Au diable l’explosion d’un feu d’artifice. Je me satisferai amplement de celle d’un pétard. Ainsi la course de mes doigts saute l’obstacle des élastiques jusqu’à atteindre ses flancs et, plus allant encore, le galbe de son sein.  « Tu vois, on a l’embarras du choix… enfin, on aurait pu l’avoir si tu n’étais pas si pénible. » Ou, tout du moins, aussi peu raisonnable que je ne le suis moi-même.

Son regard braqué dans le mien, son dos qui épouse mon torse de plus près sans que je n’aie exercé la moindre pression préalable, tout indique qu’elle en meure d’envie elle aussi. Elle ondule, Raelyn. Elle ondoie contre moi et je n’ai d’autres choix que de l’embrasser au mépris de sa tentative de me ramener à la raison. Elle était trop maigre. Elle n’aura gagné que le mérite d’exister tandis que je glisse entre ses lèvres ouvertes une invitation supplémentaire. « On peut essayer au soleil s’il y a que ça pour te décider. » ai-je proposé les paupières closes et d’une gravité qui en dit long sur ce qu’elle a écrasé mon sang-froid il y a des mois de cela. « Mais après avoir changé ça, oui. » Je ne capitule pas vraiment. Ce n’est qu’un leurre. Me soigner mon pansement maximisera les statistiques en faveur d’une réussite et, après l’avoir envoyée jusqu’à la salle de bain chercher la trousse réservée à cet effet, j’ai profité de l’avoir loin de moi pour respirer, me calmer, me détendre et, surtout, pour me refroidir. Sans surprise, je ne l’ai pas quittée des yeux tout au long de sa brève entreprise et, avant qu’elle ne range le matériel, j’ai attiré son attention en la saisissant doucement par le bras. « Je ne vais pas tenir un mois. J’ai déjà épuisé tout ce que j’avais en patience. » Je l’ai dépensée pour obtenir son pardon. « Alors peut-être que ça ne marchera pas, mais il va falloir qu’on essaie. » Ai-je admis en hochant la tête frénétiquement. Ce n’est pas un ordre ni une obligation. C’est une réelle supplication. « Après manger, après ton bain de soleil, ce soir, cette nuit, peu importe, mais… c’est dit. » Avec dépit, mais il fallait que ça sorte.



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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 EmptySujet: (Amelyn #18) ► NEVER FADE AWAY    Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 EmptyVen 12 Juin 2020 - 17:40




NEVER FADE AWAY
La même question, la veille, durant la matinée ou l’après-midi, n’aurait reçu pour réponse que celle dictée par mon orgueil. Elle aurait ressemblé à un « ça va » soufflé d’une voix neutre et non appuyée d’un regard pour elle. Aujourd’hui est cependant un de ses réveils peu rares à ses côtés où ma mauvaise humeur est balayée par son sourire, par sa peau contre les miennes, par sa bouche qui s’enquiert d’un baiser à même mon cou et par les souvenirs de notre nuit. Bien sûr, j’ai déconné. J’ai pressenti, alors que le sommeil me gagnait, que je serais cassé de toute part de nous être tortillé comme de beaux diables à la faveur du plaisir. Mais, je ne regrette pas malgré la frustration de n’être libre de mes mouvements. J’aurais volontiers achevé de nous réveiller d’un tour de manège supplémentaire, mais : « Comme au premier jour » est l’aveu le plus intègre. Il est comme un SOS adressé à sa raison et à la mienne tandis que je grimace d’avoir essayé de me redresser. Je ne le masque pas d’un sourire cependant. Si je me sens pathétique, ce n’est pas à cause de son regard compatissant. Ce que je déteste, c’est d’être amoindri et limité dans mes libertés. Les gestes du quotidien me réclament une énergie considérable et, si le repos est la clé, je déplore l’idée de m’y soumettre. Je ne suis pas taillé pour l’économie et je le suis moins encore à présent que nous avons signé l’armistice d’une paix durable. Exiger à mon corps d’ignorer combien Raelyn m’allume d’un rien – des broutilles souvent, des pas grand-chose dont elle n’a pas toujours conscience – est à mon sens une épreuve bien plus laborieuse que d’assumer les conséquences de mes fractures. Pourtant, je concède à l’entendement que jamais je ne guérirai dans ces conditions et qu’une tentative retardera l’explosion de nos retrouvailles à venir et Dieu que j’en rêve. J’y pense alors qu’elle traduit de son éloquence le risque encouru à traînasser au lit et je soupire de déception : mon argument menace déjà de perdre en validité et, quoique j’opine du chef, il m’échappe à l’imaginer derrière les fourneaux. « Raelyn en cuisine. » ai-je donc répété en haussant un sourcil. « Je demande à voir. » Même si je pressens que le machisme atavique de tout homme – et j’en suis moins nanti que mes congénères – sera ce bâton qui me battra au sang. Il aura tôt fait de me montrer à la tête et je prierais presque pour que la douleur en devienne insoutenable au fil des heures. Toute désagréable soit-elle, au moins calmera-t-elle les ardeurs de ma passion pour nos corps à corps. Est-elle normale d’ailleurs ? Je n’en ai aucune idée. Je la sais par contre assez inédite pour que je cesse de lutter au jour le jour depuis des mois. À quoi bon si elle est partagée ? « Pas que je doute que tu puisses faires des pâtes, je me demande juste si je te laisserai le temps de le faire. » Ainsi, j’annonce la couleur et, si ne je pousse le vice jusqu’à l’embrasser avec fougue, c’est grâce à Mitchell.

Au moins m’offre-t-elle l’occasion de le remercier, cette ordure. L’évoquer me refroidit aussi vite que si elle m’avait lancé un seau d’eau gelée au visage et, étonnamment, j’exprime à voix haute et en mots durs tout le mépris qu’il m’inspire. De mémoire d’homme, ça ne m’était jamais arrivé auparavant. J’ai bien rapporté qu’il n’avait aucune place de choix de mon existence, mais toujours dans la mesure. Sans doute aurais-je persisté sur cette voie s’il ne m’avait pas nargué de quelques œillades narquoises sur ces dernières semaines. Il a jubilé de la décrépitude de mon couple, ma haine à son égard a aussitôt décuplé. Comment, dès lors, ne pas être doublement satisfait qu’elle multiplie par deux la durée de notre séjour ? Je suis ravi parce que je redoute l’heure où nous retrouverons Brisbane – dormira-t-elle avec moi plus de la majorité du temps quand ses responsabilités seront à ses trousses ? - et parce qu’à présent, c’est moi qui pourrai narguer sans gêne le boss sans envergure du Club. « Deux jours ! C’est parfait. » ai-je donc renchéri sans feindre le contentement. Du reste, j’aurais volontiers insisté pour que ses doigts appliquent un peu d’onguent sur mon ecchymose, mais je patienterai. Elle meurt de faim, Raelyn. Et, si mon appétit se divise toujours entre la déguster et avaler une assiette de pâtes – sauce tomate, je les veux à la sauce tomate – je bride ma gourmandise au profit d’une plaisanterie qui, en général, n’amuse que moi. « Évidemment que je le sais. Faut bien que ça me serve à quelque chose. Et je n’oublie pas que tu t’es engagée à être aux petits soins pour moi, plus tard. » Et, ça aussi, c’est périlleux, mais qu’à cela ne tiennent mes résolutions. Elles sont tissées dans du vieux fil élimé et le baiser qui conclut ces boutades l’atteste. Mon bras qui s’enroule autour d’elle en témoigne également et de cette proximité naît un bien-être d’une telle vigueur qu’il m’a sonné. « Tout m’a manqué. » lui ai-je rétorqué, les paupières closes tandis que je dresse l’inventaire induit par ce pronom : ses lèvres, son sourire, sa main dans la mienne, ses caresses, ses œillades sans équivoque, son humour, sa verve, ses provocations, son entêtement, son indépendance et son contraire quand il est question de nous deux, sa douceur, sa délicatesse, sa brusquerie lorsqu'elle est contrariée, nos confidences sur l’oreiller, la surprise d’un réveil inopiné au beau milieu de la nuit pour assouvir la soif de l’autre... Elle est longue, la liste, mais se résumerait facilement à : elle ! Elle, tout bêtement.

Son indépendance ! Elle l’illustre dès lors qu’il est question de Mitchell (et non de Rachel-Lynn, quolibet qui lui aura valu un rire cependant) et je suis conquis par sa réponse. J’ai beau savoir, en mon for intérieur, qu’elle se contrefiche de son jugement, elle le formule rarement aussi franchement. Jamais, peut-être. Et, l’ébauche d’une solution pour pallier ma duplicité s’impose désormais : partir. Je ne lui demanderai pas qu’elle écrase cet ami infidèle et malhonnête avec moi, je lui proposerai de s’enfuir avec moi, histoire que je puisse la mettre à l’abri de ma folie, juste avant d’agir. Est-ce que ça fonctionnera ? Tandis que mes yeux bleus s’attardent à détailler les formes de sa silhouette cachée par la couette, je statue pour un oui. Il demeure un doute, mais il est faible à la lumière d’une certitude : on s’aime, démesurément, et si ces sentiments seront au départ à l’origine d’une malédiction pour son cœur – elle m’en prêtera les traits – ce sera passager. Et, le cas échéant, je n’exclus pas encore la possibilité de marcher à reculons loin du Club. Pas encore. À voir… mais, en attendant, on s’en fout. Elle a raison et je siffle le coup d’envoi en frappant doucement sa cuisse remontée jusqu’à ma taille. J’ai envié sa rapidité d’exécution. Il m’aurait fallu un palan pour m’aider à m’extirper de ce lit, mais j’y suis parvenu à grand renfort de courage et en serrant les dents. Je me suis toutefois traîné jusqu’à la cuisine, moins à cause de la douleur, que d’être encore ensommeillé. Je me suis frotté les yeux à plusieurs reprises et j’ai accueilli son initiative – elle m’a fait couler un café – avec les honneurs. Je l’ai ingurgité tout de go. Je l’ai arrosé d’un antidouleur et, par la suite, d’un peu de nicotine.

***

J’essaie de la guider, de lui glisser quelques conseils pour que ce repas nous préserve d’une quelconque intoxication alimentaire – selon ses dires réguliers – mais mes réponses deviennent plus en plus laconiques. Je peine à me concentrer sur sa tâche et ses questions à cause de son short et de son débardeur de pyjama. Ils ne m’aguichent pas, ils me dérangent. Moi, à l’instant où elle s’est dévouée au rôle de cuisinière, je l’ai imaginée beaucoup moins habillée et, à compter que mon obsession pour sa nudité va en grandissant, je lui tourne dangereusement autour désormais qu’oignons et viandes hachées crépitent depuis la casserole. « On s’en fout de la découpe des tomates. Je t’ai dit. » Mais peut-être pas aujourd’hui. « Elles fondent. Fais comme tu le sens. » lui ai-je chuchoté, mon visage penché dans ce cou. Je le parsème de baisers et si je ne songe à l’aider – je pourrais – c’est que mes mains s’emploient à jouer avec les coutures de ses vêtements : elles évaluent leur chance de l’en débarrasser puisque qu’en l’absence de résistance, je divorcerai mon torse de son dos et je n’hésiterai pas trente secondes pour l’effeuiller. « Tu sais qu’une fois que tu en auras fini avec ça, on aura quarante minutes à tuer ? Et que si tu ne sais pas quoi en faire, moi, j’ai des tas d’idées… » Peu réalisables pour la plupart. Mais, il en est que la douleur difficile à contenir ne suffit pas à réfréner. Aurions-nous exploré toutes les pistes pour me protéger des affres de mes fractures que je jurerais être capable de rester sage, mais… j’en manque de conviction. Je le répète : je ne suis pas taillé pour l’économie.


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Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 EmptySujet: (Amelyn #18) ► NEVER FADE AWAY    Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 EmptyVen 12 Juin 2020 - 14:24




NEVER FADE AWAY
Il fleure bon le parfum de nos beaux jours, ce baiser et, malgré qu’il m’embarque dans cette spirale de désir, je suis saisi par la peur qu’il soit précipité. C’est d’elle que me vient ce besoin de justifier à nouveau mon attitude de la journée, cette envie de la rassurer sur ma patience, sur ce qu’il n’est aucune lassitude qui nécessité qu’elle se plie à ma volonté. Et, si je me répète, si l’enveloppe d’autant de délicatesse, c’est autant par égoïsme que par bienveillance. Je ne supporterai pas de me réveiller demain matin en me demandant si elle regrette. Je refuse de tergiverser durant des heures avec ma conscience et mon manque d’assurance pour me convaincre qu’elle est bel et bien là où elle a envie d’être, que je ne l’ai pas propulsé contre son gré dans le tourbillon de la passion. Je veux m’éveiller serein, détendu et respirer son odeur dans son cou sans que l’angoisse ternisse un moment de sages retrouvailles et il n’y a qu’elle qui soit capable de cet exploit, celui de museler ma propension à trancher, ma tendance au pessimisme. Tout au long de notre histoire, elle a su brider ces travers susceptibles de nous abîmer et dès lors qu’elle déclare dans un souffle, sa bouche cherchant la mienne et ses mains ceignant mon torse, qu’elle ne reculera plus, je m’abandonne à la certitude que sa rancœur n’a plus cours. Elle l’a bâillonnée, enfin, et par conséquent, je suis pardonné. Reste désormais à m’accorder la pareille, mais j’y songerai plus tard. J’attaquerai de plein fouet ma culpabilité lorsque s’éteindra cet appétit insatiable de renouer avec son corps nu sous mes doigts.

Je suis sage évidemment. Étendu sous la couette, je me contente de ses quelques frissons pour une caresse le long de son échine et ma main crochetée à sa hanche, mais c’est aussi pénible que traverser un désert de sable sous 50 degrés à l’ombre. C’est d’autant plus compliqué que ma température grimpe en flèche à la simple évocation de son maillot de bain. Il me suffit de fermer les yeux instants pour remplir ma tête d’images libidineuses, les mêmes qui m’auront fait grogner quelques heures plus tôt, sur cette plage paradisiaque. Je me souviens avoir maudit son choix tant les échancrures allongeaient ses jambes galbées. Je me rappelle également avoir manqué de bondir de mon transat pour chaque œillade envieuse qu’un mâle alpha aura posé sur ses courbes parfaites. « Ouais. Mais que pour moi cette fois. Tu en as affolé plus d’un ça m’a rendu malade. » ai-je songé au regard de ma jalousie. Mille fois je me suis mordu la joue pour ne pas réagir en possessif quand je peinais à situer notre couple sur l’échelle de la survie par rapport à mon mensonge et à l’entêtement vaniteux de Raelyn. Mille fois, au moins, mais c’est derrière nous ou presque…

J’ai honte de l’admettre, mais je ne parviens pas à dompter ma convoitise. Si Raelyn est à moi, c’est non consommé et ça me consume, ça m’obsède plus encore que son souffle dans mon cou est synonyme de frustration. Trois semaines, c’est une éternité. Trois semaines, ce sera intenable. Ça l’est déjà puisqu’elle me chuchote, pour un compliment sincère et spontané, qu’elle a envie de moi. Comment ne pas succomber dès lors que la réciproque est palpable ? Je la traduis par un soupir profond et erratique, un soupir entrecoupé par l’aveu du désir, un soupir qui écarte toute forme de pondération. Je cède à la tentation au mépris de ma guérison physique. Je lui préfère celle de mon cœur qui  retrouve son corps, sa peau nue et qui se flatte à chaque manifestation de son plaisir. Qu'importe la façon d'ailleurs. Qu'il s’agisse d’un baiser, de ses lèvres sur ma peau, de ses deux mains qui s’agrippent à la réalité pour se vautrer sans honte dans la luxure, je fonds. J'y trouve mon compte cependant, car je n'attends rien de particulier en retour, rien de plus que retrouvé autorité sur ses émois. Et, ce faisant, flatté, mes traits se fendent d’un sourire qui fait écho aux siens quand nos bouches se cherchent encore. L’une est tantôt chat qui chasse tantôt souris qui se dérobe et, quoique je ne regrette rien, je concède à l’inachevé que je ne suis ni apaisé ni rassasié. J’envisage déjà d’imprimer un second ticket en première classe avec pour terminus la sensuelle délectation, mais elle ne m’en laisse ni le temps ni l’occasion. Elle se substitue à mon rôle de guichetier et moi, avide, ébranlé par notre passion ardente, je le redeviens, ce pantin : j’obtempère à tout niveau plus ou moins facilement. Je sais, pour l’avoir vérifié, que ces quelques mots qu’elle me réclame avec malice l’électrice plus qu’un compliment. Alors, je joue moi aussi. Je ne dis pas non, je me borne au silence jusqu’à ce que, ma main enfouie dans ses cheveux, je lui chuchote un : « J’ai envie de toi. » d’une incomparable fébrilité, comme une autorisation à boucler la boucle.  

***

Je n’ai pas ouvert l’œil du reste de la nuit. Je me suis endormi alangui et réveillé détendu, serein et avec le sentiment de m’être enfin reposé, ce qui ne m’était plus arrivé depuis mon accident de voiture. Outre notre dispute, les cauchemars liés à l’anxiété durant lesquels je revis les moments les plus traumatisants de mon expérience à l’armée ont profité de ma fragilité pour frapper à la porte de mon inconscient et ils contribuèrent à me garder de mon sommeil. Aujourd’hui, ce fut différent cependant. Rae me berce souvent de sa respiration et à clore les paupières en totale quiétude, mes rêves sont bigarrés de couleurs. Ainsi, lui ai-je adressé un sourire à mi-chemin entre la reconnaissance et la joie de notre quasi-réconciliation. « Je n’ose pas bouger. » ai-je avoué trop proche de la vérité. La veille, j’ai abusé, je le sais. Ma côte me fait aussi mal qu’au premier jour. « Et on peut rester là de toute façon ». Fraser Island est belle. Elle n’a pas dévoilé le dixième de ses trésors, mais elle m’est moins attrayante que la merveille à demi nue allongée contre mon flanc. Mitchell n’a pas les reins pour la retenir auprès de ses obligations non plus d’ailleurs et Dieu que je jubile.

Je jubile autant que je regrette qu’elle l’ait invité au cœur de notre bulle intime. Je le déplore à mesure que je m’égaie qu’elle désire rester quelques jours de plus. « Et on peut partir demain soir si tu m’aides à changer ça. » J’ai désigné mon pansement un air mutin sur mes traits chiffonnés. « Sinon, je te kidnappe deux jours de plus. » A-t-elle seulement idée de mon contentement qu’elle veuille prolonger le séjour ? Elle l’anoblit quand il était pourtant si mal parti et, à nouveau, je frôle la gratitude. « Parce que Mitchell, je l’emmerde. » Est-elle sur l’heure consciente de ma sincérité ? Il est le cadet de mes soucis. Ce qui me tracasse, en revanche – quoique c’est trop dire – c’est que je suis persuadé que, durant notre nuit follement passionnée, je l’ai débarrassée de l’entièreté de son pyjama. « Tu as eu froid ? » me suis-je enquis aussitôt en tentant de rectifier le tir visé par la gourmandise de mon regard. Grave erreur. Je renonce à la première réprimande de ma fracture, mais je ne pipe mot sur le sujet. Je l’élude au contraire. Je le contourne d’un baiser qui vient à habiller ses lèvres. « Maintenant, si tu n’arrives pas à te décider sur la durée de notre séjour, tu peux demander à Rachel-Lynn. Elle est toujours de bon conseil. » Je la taquine, mais je prie pour qu’elle n’ait pas l'idée de se venger d’une tape sur mon torse. Je crois que je n’y survivrais pas (ou à peine). Alors, pour m’en préserver, je l’ai ramené tout contre moi de mon bras glissé autour de son cou. « Qu’est-ce que tu lui as dit, d’ailleurs ? » suis-je tout de même revenu sur mon abhorré. Je ne tiens as spécialement à en parler, mais j’ai besoin de jauger si sa loyauté relève toujours de l’agaçant à mes yeux, agaçant et annonciateur d’une catastrophe.

Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 YV4dgvCSujet: (Amelyn #18) ► NEVER FADE AWAY
Amos Taylor

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Rechercher dans: mémoire du passé   Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 EmptySujet: (Amelyn #18) ► NEVER FADE AWAY    Tag 18 sur 30 YEARS STILL YOUNG - Page 3 EmptyJeu 11 Juin 2020 - 22:38




NEVER FADE AWAY
Je n’ai pas manifesté mon mécontentement par la froideur afin d’agir sur elle comme un électrochoc, histoire quelle accélère le processus de guérison de son cœur et qu’elle en vienne à me pardonner prématurément. Je n’ai pas opté pour la distance dans le but de la manipuler en ce sens non plus. J’ai surtout pensé à moi, moi qui me suis oublié après la mise à nu de mon mensonge, par principe d’auto-flagellation finalement. J’étais en tort : ce n’était que normal que je puise dans mes ressources – frugales néanmoins – pour nous rabibocher et j’étais diablement sincère lorsque je lui ai alloué tout le temps dont elle avait besoin. Cet avantage lui était donc dévolu et, lorsque je l’ai retrouvée appuyée d’une main sur le chambranle de la porte de la petite chambre, j’ai regretté d’avoir été incapable de maîtriser cette pulsion née de l’attraction. Je l’ai embrassée à bouche que veux-tu en étant conscient que j’aurais pu la brusquer, qu’au vu de notre mise au point quelques heures plus tôt, sa fébrilité ne m’aurait pas rejeté au plus loin sous prétexte qu’il est trop tôt pour céder à cette tentation réciproque. Et, pourtant, je n’ai pas avorté l’entreprise. Je n’ai pas reculé. Au contraire, je nous ai conduis jusqu’à cette chambre témoin de nos ébats sans trop réfléchir aux conséquences de mon acte. Elles m’ont heurté lorsque je fus à court de souffle, faute à mon cœur qui s’est emballé trop vite. Le manque de sommeil l’a affaibli et ses battements en seraient presque douloureux. Il réveille cette angoisse dont la source est floue : vient-elle de ce que j’aurais commis une erreur ? Ai-je peur de lui avoir forcé la main ? Cette hypothèse me travaillera-t-elle jusqu’à me désarçonner ? Est-ce interdit de demander, d’expliquer, de me justifier ?

Je concède à ma bonne foi le bénéfice de m’ouvrir un peu et, d’instinct, juste là, tout contre ses lèvres et les paupières toujours closes, je lui souffle alors des excuses voilées. Ça n’arrivera plus, pas sans ton autorisation. et dès lors qu’elle me confirme que ce n’est pas grave, qu’il n’est plus nécessaire de réclamer une quelconque dérogation, j’ouvre mes yeux en grand pour songer les siens. Ils sont fiévreux évidemment. Il est des baisers qui remue, qui ébranle, qui réchauffe les tripes et, j’en paie l’addition moi aussi. Est-ce donc bien le moment d’en discuter alors que nous sommes échauffés par la passion et réconforté d’avoir envoyé la peur et le doute au cachot d’en discuter ? Perdureront-elle dans jusqu’à demain matin ces certitudes biaisées par la convoitise ? Parce que j’ai envie d’elle, c’est indéniable. L’envie est si violente que ç’en est douloureux et malgré tout, je suis mitigé entre le contentement d’être éclopé – au moins, rien n’ira trop vite – et la frustration de l’être justement. « Je ne t’ai pas dit tout ça, tout à l’heure, pour t’acculer. Ce n’était pas un ultimatum. » ai-je chuchoté tandis que mon nez frôle le sien, sagement, bien plus que ma main qui se fraie un chemin sous son débardeur de soie sauvage. « Tu as toujours le temps. » Parce que ma prévenance, devenue si rare ces trois dernières années, est un privilège qu’elle aura durement acquis. Parce que mes sentiments font la part belle à mon égoïsme, quoique j’ambitionne d’être assez à l’aise pour l’enlacer, lui susurrer à l’oreille des mots doux ou caresser les zones les plus sensibles de son corps. «J’avais juste besoin de savoir où je me situais… » me suis-je donc répété la respiration saccadée et lourde de désir à présent que nous retrouvons mon matelas et mes draps. Maladroitement cependant. Je suis plus fragile qu’à l’habitude et je ne cacherai pas avoir souffert de ma côte par empressement. Et, c’est idiot, dans le fond. C’est idiot de reproduire des gestes qui, normalement, aurait bouté le feu à la mèche d’un feu d’artifice d’une danse lascive.

Mes sens sont aux abois, si bien que j’ignore la complainte de ma côte récalcitrante. Je l’ignore jusqu’à ce que chercher à nouveau sa bouche est un échec, faute à une grimace qui me rappelle à l’ordre. Il convient de m’installer de mon côté du lit, de tâtonner en quête d’une position confortable, de serrer la mâchoire le temps que se taise les gémissements silencieux de la douleur et ronger mon frein alors que j’aurais tout le loisir de la faire mienne et d’être à elle, à nouveau, jusqu’à ce que l’est s’éclaire. « Non, là, ça va. » l’ai-je rassurée en la ramenant le plus près possible de mon corps. Par réflexe, j’ai noué nos jambes et j’ai accompagné son geste en relevant l’arrière de son vêtement de nuit pour que sa peau nue épouse la mienne. Et tout ce qui me vient alors à l’esprit, c’est que cette proximité m’avait manqué, que la chasteté de ce contact révélateur est un cadeau puisqu’un frisson me parcourt l’échine, un cadeau empoisonné cependant. Du bout d’un ongle, j’ai redessiné les sillons de sa colonne vertébrale sur une courte distance : je suis limité dans mes gestes et, dans le seul but d’évincer mon insatisfaction, j’ai glissé ma main valide dans son short afin qu’elle repose sur sa hanche. Son souffle, dans mon cou, m’a exalté et mon soupir a traduit un mélange de déception, d’aise, de soulagement et de joie : le tout à la fois. « Je maudis aussi mon plâtre et ma côte cassée. » ai-je ponctué, mes lèvres closes posées sur le haut de son crâne. « Et ton maillot de bain. C’était pire qu’un bikini. Si je n’avais pas été dérangé par le sable… » Le reste de ma phrase demeure en suspens, mais j’aurais pu ajouter “et particulièrement con, aujourd’hui, peut-être que j’aurais tenté ma chance.“ Sauf que cette vérité équivaut à la moitié d’une pomme saine et d’une autre gâtée. Ce n’était pas qu’une question d’audace ou d’autorisation, mais de capacité.

Ainsi, je songe que sans mon plâtre, cette nuit, la donne aurait été différente. Je l’assommerais volontiers de plaisir, quitte à rester sur le carreau, pour la désencombrer de cette contrariété qu’est d’être raisonnable malgré nous. Et, déjà je calcule. Je dessine dans ma tête des plans de géomètre pour mettre en scène des préliminaires digne de son nom. Je suis certain que si l’on jumelait notre créativité, la solution se dévoilerait d’elle-même, qu’elle se présenterait à la portée de nos mains. Bien sûr, j’entrevois un profit derrière cette sagesse, un profit qui n’a pas les reins pour supplanter tout le reste, mais auquel je réfléchis tout de même : la faim rend le pain tendre. Aussi, ai-je essayé de noyer le poisson dans son bocal. « Mais, dans trois semaines, ça fera… » J’ai réitéré mon imitation de la veille qui a attiré son attention. Elle a relevé les yeux vers moi et, son minois de caractère, éclairé par un rayon de lune filtrant par le hublot mal recouvert par son volet, m’a forcé aux compliments. « Tu es tellement belle, Rae. » Tellement trop pour m’aider à contenir mes plus triviaux souhaits. «Encore plus quand tu es comme ça. » ai-je renchéri à la faveur d’une référence qui étire mes lèvres dans un sourire… Encore plus quand elle est fébrile et offerte. « C’est une véritable torture. » Plus pénible à gérer que mes maux physiques que j’ai finalement choisi de museler. Au diable ma côte. J’ai fait pression de ma main en station dans son short pour la basculer sur le dos, j’ai inversé nos positions au grand damne de mes fractures et, quoique ma nouvelle position soit au summum de l’inconfort, j’emprisonne ses lèvres des miennes pendant que ma main livre et en état s’aventurent entre ses cuisses pour autant de caresses impudiques que nécessaire à l’inonder d’émois, jusqu’à ce qu’elle flatte mes tympans d’un gémissement, car je sais. Je sais que je resterai sur un sentiment d’inachevé, mais qu’un soubresaut de son corps cambré m’apaisera pour quelques jours. Quelques jours seulement malheureusement, mais que c'est mieux, à mon sens, qu'un rien dont je serai l'unique responsable.

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