Stephen ne savait pas encore s'il devait regretter cet écart avec Leah pour lui avoir mis le cœur en vrac, ou si au contraire, il devait l'accepter et se satisfaire d'avoir pu donner une fin décente à cette histoire qu'ils avaient partagée d'une façon si fusionnelle et qui leur avait tant apporté l'un à l'autre. S'avouer des sentiments qu'ils avaient jusque maintenant passé sous silence leur semblait avoir été une façon de terminer de cocher les cases, une dernière étape avant de se quitter ; du moins c'était ce dont le brun s'était persuadé. Il aimait la jeune femme. C'était indéniable. Depuis qu'elle était revenue dans sa vie en février dernier, elle avait doucement creusé sa place, s'était imposée dans son esprit et dans son cœur jusqu'à finir par devenir indispensable, mais aujourd'hui tout était différent. C'était étrange de la sentir si près de lui, dans ses bras, son corps encore souple lové contre le sien alors qu'ils s'étaient séparés dans un déchirement qui lui était encore si douloureux il y a deux semaines déjà. S'il semblait détaché à première vue, en réalité il n'en était rien. Le brun souffrait de cette situation, mais à ses yeux elle lui semblait être la plus évidente. Ils n'auraient pas su se remettre d'une tempête pareille. "Je sais. Merci de venir demain... Je sais pas comment j'aurais fais si tu n'avais pas été là. Pour le reste... Il faudra bien que j'apprenne à me débrouiller sans toi." Après les avoir recouvert d'un drap, ils se livraient l'un et l'autre à quelques murmures. Leah lui confiait ses doutes, et lui ... lui composait comme il le pouvait pour lui répondre. Apprendre à se débrouiller l'un sans l'autre. Ce n'était même pas tant cette perspective qui l'inquiétait dans un premier temps. Apprendre à combler ce manque qu'ils causeraient par leurs absences respectives. Apprendre à vivre avec cet avortement sur la conscience. Ça, c'était ce qu'il considérait comme étant le plus compliqué émotionnellement. Faire le choix de ne pas avoir cet enfant n'était pas une décision qui avait été prise à la légère, ni une décision que Stephen regrettait. Il ne se voyait pas imposer à Anabel un petit frère ou une petite sœur alors que leur équilibre était encore précaire, ni même demander à Leah de remettre en cause tout ce qu'elle avait eu pour objectifs pour avoir ce bébé. C'était dur, mais il se devait de tenir cette conduite. Pour eux, pour elle, alors quand ensuite elle avait porté sa main contre son ventre ... le brun avait tenté de ne pas se montrer plus affecté que d'ordinaire, alors qu'un brasier lui consumait ses pauvres nerfs. Il avait rapidement retiré sa main, mais s'il ne regrettait pas de l'avoir fait ... il pouvait concevoir qu'il aurait pu être mal interprété par une Leah plus déboussolée que jamais. "Arrête de me faire des promesses que tu ne peux pas tenir. Je sais très bien que ça n'ira pas, que j'arriverai pas à passer à autre chose. Arrête de prétendre que... que tout ira bien." Son attitude n'était pas passée, et quelque part Stephen pouvait le comprendre. Leah s'était relevée, avait balayé du revers de la main une larme qui avait coulé sur sa joue ... et il l'observait impuissant. Se laissant retomber sur le dos, il passait une main sur son visage en l'entendant poursuivre, visiblement plus ... bouleversée et en colère qu'apaisée par ce qu'ils venaient de faire il y a quelques minutes tout juste. "Parce que tu penses vraiment que j'aurai envie de retenter l'expérience après ça?" Un rire nerveux la secouait, et l'envie de partir la démangeant sans doute aussi à la façon qu'elle avait d'orienter son buste vers la porte. Stephen laissait un long silence planer quelques secondes, puis finalement attrapait son bras d'un coup sec pour la faire revenir au plus près de lui. Sans préavis, il se positionna au dessus, reposant son front contre le sien avant de déposer un baiser contre ses lèvres pour débuter sa tirade d'une façon plus douce que ce brusque changement de position qu'il leur avait imposé. "Leah, arrête de penser à ce qu'on aurait pu devenir ou non. De ce que ce bébé aurait pu être ou non. Tu te tortures, et tu me tortures en faisant ça." qu'il soufflait en laissant son visage se nicher dans le creux de son cou, se penchant pour y glisser ses lèvres, ne serait-ce que pour amener de la tendresse à leur échange. "Je t'aime. Et je te le dirais autant que tu veux cette nuit. Mais si tu tiens vraiment parler et gâcher nos derniers moments, alors je peux être honnête avec toi. Je pense vraiment que tu réussiras à t'en sortir, et que ce qu'on s'apprête à faire demain n'est pas une fin, juste la notre. Et crois bien que ça me fait mal autant qu'à toi. C'était ta décision de t'inscrire à la caserne. Et ... j'accepte pas ce choix. Mais je le respecte. Et je te soutiendrais. Je te promets Leah, je te promets d'être là parce que je t'aime. Je t'aime, c'est tout ce que tu as besoin de savoir. Et si demain tu as peur, alors compte sur moi. Et c'est valable pour les jours qui suivront. Je ne vais pas disparaître de ta vie." qu'il soufflait en tentant de l'apaiser du mieux qu'il le pouvait. Ses lèvres à nouveau venues rencontrer les siennes, tentant de contrebalancer ses paroles qui n'avaient rien de bien réjouissant par la manifestation physique de ces sentiments qu'ils se portaient l'un à l'autre.