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 all these memories run my mind in slow motion (keith)

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Message(#) Sujet: all these memories run my mind in slow motion (keith) all these memories run my mind in slow motion (keith) EmptyMar 21 Avr - 0:31




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All these memories run my mind in slow motion.
KEITH & DANIKA

La journée avait été particulièrement difficile. Elle était retournée dans la maison de son père pour la première fois en deux mois. Elle avait déjà abandonné tout ce qui lui rappelait sa personne, la société, le dojo, le karaté. Mais la maison de son enfance était trop sacrée pour qu’elle puisse l’abandonner. Alors elle avait pris son courage à deux mains et elle avait trié. Elle était allée dans le salon rempli de photos, toutes celles qu’elle avait prise depuis toutes ces années. Il avait toujours été le premier à la soutenir dans la photographie à l’encourager, à décorer la maison entière des photos qu’elle prenait. Elle passe l’après-midi à faire des cartons de vaisselles, de livres, de décider ce qui doit rester, ce qui sera vendu et ce qui sera donné. Les mains tremblent un peu plus à chaque minute passée à l’intérieur de cette maison maintenant sans vie. Elle allait partir quand elle se décide à entre dans le bureau de son père, à s’assoir à son bureau un instant. Cela fait deux mois qu’elle n’a pas pleurer, elle n’a pas versé une larme depuis la mort de son père, enfermant tous les sentiments à l’intérieur de son cœur, l’enfermant dans un mur de glace. Mais la glace fond dans ce bureau trop étroit. Elle se force à ouvrir les tiroirs, à regarder les derniers papiers que son père a touché. Des papiers de la société,  des commandes. Et puis là soudain une grosse enveloppe. Danika la sort délicatement, dans son écriture son père a écrit le prénom Keith. Dani ouvre l’enveloppe, ce sont d’autres photos cette fois. Des photos pour le destinataire de cette enveloppe. Des photos de son père et du père de Keith, de leur amitié photographiée sous tous ces jours différents, des anniversaires, des barbecues, des apéros. Puis des photos de Keith avec son père. Les larmes ne coulent pas mais la gorge se serre, la respiration est plus difficile. Les photos suivantes sont différentes, Dani et Keith, leur enfance. Elle s’arrête, remet les photos dans l’enveloppe. Un mot. Elle le lit, les mains tremblantes : « Keith, en espérant que ces photos te rappellent des bons souvenirs de ton père. Pour moi, c’est le cas. » Elle entend sa voix dans sa tête en le lisant, elle sait qu’à présent elle n’a pas plus le choix, que ces photos doivent arriver d’une manière ou d’une autre entre les mains de Keith.

Quand elle sort, la nuit est déjà tombée, elle traverse la ville sans vraiment réfléchir, pour arriver devant chez lui. Elle hésite mais finit par sonner à l’appartement. Cela fait combien de temps qu’elle n’est pas venue ? Elle serait incapable de dire. Son égo lui crie de partir, maintenant, tout de suite, avant que Keith n’ouvre la porte et qu’elle se sente à nouveau comme une gamine en quête d’approbation, d’affection, de quelque chose de plus, qu’il n’avait jamais su lui rendre. Elle se force à ancrer les pieds dans le sol, elle n’est pas venue pour rien.

Keith ouvre la porte, elle le regarde avec froideur, cela fait longtemps maintenant qu’elle a rejeté toute l’affection qu’elle avait un jour eu pour lui. « Salut. » Elle hésite. « Je sais que t’as pas spécialement envie de me voir mais j’ai trouvé ça aujourd’hui en triant la maison et… mon père, il aurait voulu que tu les ais. » L’usage du passé lui arrache la langue. Elle n’a pas l’habitude, évite toute mention de son paternel depuis deux mois pour ne pas avoir à utiliser un temps affirmant qu’il n’est plus vivant. Elle lui tend l’enveloppe pleine de photos. Photos de son père et du sien. Photos de Danika gamine grimpant sur le dos de Keith. Photo d’un combat dans le jardin ados. Photos de leur enfance, de leurs pères tous les deux décédés. Il n’était pas là à l’enterrement. Elle ne l’a pas prévenu. Elle se rend compte soudain qu’il est probable qu’il ne soit même pas au courant. Et l’envie de s’enfuir en courant devient plus forte que ses pieds ancrés dans le sol. Elle lui donne les photos. « Je vais te laisser. » Elle est déjà prête à partir, la peur du passé lui donne envie de partir au courant et pourtant, son cœur crie pour qu’il la retienne. Pour qu’il ne la laisse pas partir. Pas encore. Pas ce soir. Qu’il lui dise de rester, d’entrer. Keith avait passé une bonne partie de son enfance à la protéger. Mais il n’avait pas été là pour la protéger de lui-même. Il n’avait pas été là pour la protéger lorsque son père était tombé malade, lorsqu’il était mort dans son lit d’hôpital. Il n’avait pas été là, à l’enterrement quand elle était en train de se noyer vivante. S’il n’était pas là ce soir après avoir vu le puit de tristesse dans ses yeux, alors c’était terminé elle le savait. Plus jamais elle ne poserait ses yeux sur le visage de celui qui l’avait déjà trop blessée et cette fois-ci ça ne serait pas lui qui la couperait de sa vie, mais elle qui enterrerait tout espoir de retrouver le Keith de son enfance.
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Message(#) Sujet: Re: all these memories run my mind in slow motion (keith) all these memories run my mind in slow motion (keith) EmptyMar 21 Avr - 9:33


All these memories run my mind in slow motion

Terminant la lecture d'un dernier rapport, je me surpris d'échapper un soupir face à ce que j'aurais pu qualifier d'amateurisme si je ne savais pas que ce rapport était écrit par l'un de mes étudiants en première année. Je me devais de faire preuve d'indulgence et pourtant je ne réussissais pas à dépasser ce fait là. Attrapant le cadre qui était posé sur mon bureau, je me surpris à me perdre dans mes pensées face à ma photo de remise d'insigne à laquelle était venu assister mon père. Pour la première fois depuis longtemps, j'avais pu voir la fierté dans ses yeux, lui qui ne voulait pas me voir porter cet uniforme avait finalement cédé face à tant d'émotions. Puis trois mois après, ils s'étaient envolés d'un aller simple sans m'offrir la possibilité de lui prouver qu'il avait eu raison de croire en moi. Dans un soupir je me surpris à murmurer à l'attention du cadre, comme si mon esprit cartésien avait déserté mon cerveau et que mon père aurait une chance infime d'entendre mes mots. "Tu les verrais, tu me dirais que ce sont des peines perdues... Pourtant je suis sûr qu'il y a un enquêteur de renom dans ces rangs..." puis je reposais le cadre, reprenant mon stylo avant de venir inscrire la lettre D en haut de la copie, presque dépité. La nuit était tombée et je n'avais pas vu passé la soirée depuis que j'étais revenu de l'université, chose fréquente depuis quelques mois.

Refermant mon bureau en prenant soin d'éteindre la lumière, je décidais de me diriger vers ma cuisine pour m'adonner à une nouvelle passion: la cuisine. Ce n'était plus une corvée depuis que j'avais appris des plats rapides et simples. Mon organisation drastique (militaire en réalité) était aussi importante en cuisine que dans mon travail. Je sortais les légumes dont j'avais besoin, mis de l'eau à cuire à côté et commençais à émincer la viande tout en faisant chauffer une poêle, le tout accompagné d'un fond de jazz. Je ne supportais pas le silence, préférant avoir un fond musical plutôt que ces absurdités qui passaient sans cesse aux informations. Puis j'avais Ruby qui faisait assez de bruits quand elle s'y mettait. Mais la balade de sa journée avait l'air de l'avoir épuisé, elle qui s'était endormie dans son panier. La viande commençait à frémir, me permettant de rajouter  les légumes dans une autre poêle, attendant que l'eau ne bout pour faire cuire les pâtes. Le timing était parfait, les légumes étant croquants pendant que les pâtes étaient al-dente et la viande cuite à point. Un large sourire pris mes lèvres comme à chaque fois que je réussissais à refaire sans recette un plat. J'étais en train de dresser mon assiette quand la sonnette retentit pour ma plus grande surprise. Je n'attendais pas de visite, Lene étant probablement allongée prête à accoucher, tandis qu'Eve ne connaissait pas mon adresse (même si l'annuaire aurait pu le lui donner) et Amy devait être avec son petit ami. Hésitant, le torchon sur l'épaule, je m'approchais sur mes gardes pour aller ouvrir. Je me haïssais de ne pas avoir fait nettoyer le judas pour me permettre de voir qui était ce visiteur à l'improviste. J'ouvrais la porte, le regard méfiant et pourtant la surprise vint me prendre de court.

"Dani..." soufflais-je tandis que je l'observais de la tête aux pieds, ayant l'impression de retrouver un fantôme du passé sur le perron de ma maison. Je n'avais plus donner signe de vie à celle que j'avais vu grandir parce que j'avais été trop fier, trop... Je ne réussissais même pas à la regarder droit dans les yeux, revoyant ce fameux soir qui avait fait que notre relation était celle qu'elle était devenue maintenant. La petite fille avait grandi et l'homme que j'étais devenu était meurtri. J'étais incapable de sortir un quelconque mot ni même d'assimiler correctement ceux qu'elle prononçait. Elle semblait... Perdue, et cette sensation me prenait aux tripes. Et pourtant je ne pouvais qu'observer l'enveloppe qu'elle me tendait où prônait mon prénom d'une calligraphie que je reconnaissais être celle de son père. Mon coeur s'arrêta un instant venant de comprendre la portée des mots de Danika, tandis que j'ouvrais l'enveloppe pour en ressortir les clichés, esquissant un léger sourire en apercevant les photos de nos deux pères réunis puis de nous deux à une époque qui me semblait être trop lointaine pour être touchée de nouveau du bout des doigts. J'étais subjugué par l'émotion que provoquaient ces photos. « Je vais te laisser. » tandis que j'attrapais subitement son poignet après qu'elle ait prononcé ses mots, relevant mon regard embué dans le sien, pour la première fois depuis qu'elle est arrivée. "Ton père ?..." Mes mots se brisèrent dans un murmure, ne pouvant être poursuivis. Je sentais ma gorge se nouer et mon coeur se serrer. Si nos deux pères avaient encore été présents, ils n'auraient pas apprécié cette froideur qui s'était installée entre nous. "Je... Je suis désolé Dani..." Des mots qui auraient pu avoir d'autres poids mais qui n'étaient destinés qu'à lui avouer ma compassion. Son père était un brave homme, et le dojo familiale avait été plus d'une fois mon endroit de repli. "Entre s'il te plait... J'ai fais à manger, laisse moi au moins te proposer une assiette..." lui demandais-je en m'éloignant de la porte pour lui laisser l'accès libre à la maison, retournant vers la cuisine pour la laisser choisir. Soit elle claquerait la porte, soit elle s'y glisserait. Elle connaissait bien les lieux et pourtant cela me semblait presque irréel de la voir ici. Ce n'était probablement pas la soirée dont elle rêvait et je n'étais peut être pas celui à qui elle souhaitait se confier mais je voulais le temps d'une soirée au moins, oublier ce conflit et pouvoir l'épauler, tenir le rôle dans lequel j'avais probablement échoué à ses yeux. "Quand ont lieu les obsèques ?" demandais-je soudainement en posant l'enveloppe sur le plan de travail, sortant une seconde assiette pour la jeune femme que je m'apprêtais à préparer. "Va dans l'arrière cuisine si tu veux, il y a des bières au frais..." lui dis-je en montrant la pièce derrière moi.

J'aurais voulu la prendre dans mes bras et lui dire que tout irait bien... Sauf que je ne réussissais pas à passer outre, et elle ne me semblait pas encline à cette idée... Peu m'importait, ce soir, je ne fuirais pas devant mes responsabilités.
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Message(#) Sujet: Re: all these memories run my mind in slow motion (keith) all these memories run my mind in slow motion (keith) EmptyMar 21 Avr - 17:14





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@KEITH WEDDINGTON  & DANIKA

Elle ne s’est pas rendu compte. N’a pas réalisé les souvenirs qui reviendraient en masse débouler dans son esprit en posant son regard sur le visage de Keith.  Elle avait suivi son instinct en venant ici, consciente du besoin urgent de lui donner ces photos. Elle lit la surprise sur son visage et soudain maintenant qu’elle est là, elle n’a qu’une envie : partir en courant. Elle est persuadée qu’il n’a aucune envie de la voir, lui qui lui a depuis longtemps fermé les portes de sa vie. La colère gronde dans sa tête, mais contre elle-même. Elle s’était promis de plus jamais se retrouver devant cet appartement, à courir derrière un homme qui ne voulait clairement ni de son amitié ni des sentiments qu’elle avait un jour ressenti pour lui. Mais voilà qu’elle était à nouveau là, sur le pas de sa porte, vulnérable et incapable de le laisser en dehors de sa vie. Une panique sourde et muette grandit en elle, la peur d’être blessée encore un peu plus est trop forte. Elle n’est pas sûre de pouvoir le supporter, pas ce soir. Alors elle annonce son départ, tourne les talons prête à partir.

Il attrape son poignet, causant un arrêt net dans la fuite. Il plonge son regard embué dans le sien vide de larme, vide de joie. Elle a l’impression que sa tristesse n’a pas de fin, qu’elle n’arrivera plus jamais à redevenir la jeune femme pleine de vie, de rage et de passion. « Je... Je suis désolé Dani ». Elle dégage lentement son poignet sans agressivité, détourne de nouveau le regard. Il est désolé. Désolé pour quoi ? Pour la mort son père ? Pour ne pas avoir été là ? Pour l’avoir abandonnée durant toutes ces années ? L’amertume lui serre la gorge. Elle ne veut pas de ses excuses. « Entre s'il te plait... J'ai fais à manger, laisse moi au moins te proposer une assiette.. ».

Elle hésite à nouveau. Entrer, s’asseoir, manger. Cela fait combien de temps qu’ils n’ont pas vraiment parlé ? Combien de temps qu’elle n’est pas entrée dans cet appartement ? Elle a oublié. Entrer veut dire repenser à leur enfance, à ses sentiments qu’elle a enterrés, à la nuit fatidique qui avait définitivement changé leur relation et aux conséquences qui avaient suivies. Elle regarde celui qui avait été son ami avant d’être quoique ce soit d’autre. Elle n’a pas envie de partir. Si elle s’écoutait, si elle oubliait le passé pendant une seconde, elle se réfugierait dans ses bras avec l’espoir d’apaiser le trou béant que la mort de son père avait laissé dans sa poitrine.

Mais elle ne s’écoute pas, sait pertinent que le Keith en face d’elle n’est plus le Keith qui aurait su apaiser la tristesse qu’elle ressent. Il s’éloigne vers la cuisine, lui laissant le choix. Entrer ou partir. Si elle part, elle ne reviendra pas. Ça sera terminé.  Alors, elle prend la décision d’entrer, de refermer la porte derrière elle. Elle jette un regard doux le chien dormant profondément dans son panier. Elle ne savait même pas qu’il avait adopté un chien.

« Quand ont lieu les obsèques ? » La question la prend de cours,  elle le regarde sortir une deuxième assiette sans savoir comment répondre à cette question. Elle ressent soudainement une pointe de culpabilité. Elle aurait dû le prévenir, il aurait dû être là. Elle avait été là quand le père de Keith et sa belle-mère étaient décédées, elle ne lui avait pas laissé le choix à l’époque, malgré la distance, l’absence. Elle était venue pour elle, pour faire le deuil de personnes qu’elle avait connu depuis qu’elle était enfant. Peut-être que Keith aussi aurait aimé faire son deuil. Mais la culpabilité disparait vite. S’il avait été dans sa vie, il aurait été présent et elle n’aurait pas eu à répondre à cette question. « Va dans l’arrière-cuisine si tu veux, il y a des bières au frais. » Elle utilise cette distraction pour ne pas avoir à répondre, se dirige vers la pièce en question et sort deux bières qu’elle ramène sur le plan de travail. Mécaniquement, comme dans un lointain souvenir, elle se dirige vers le tiroir où se trouve l’ouvre bouteille, un demi sourire étire ses lèvres en voyant que l’organisation de la cuisine n’a pas changé. Elle les ouvre sans rien dire et enfin se décide à planter son regard noisette dans ses yeux. « Elles sont déjà passées. Il est mort il y a deux mois. Cancer du poumon. » Le ton est neutre, un peu froid. Elle le connait encore assez bien pour savoir qu’il va être en colère. Elle préfère prétendre qu’elle ne voit pas où est le problème, boit une gorgée de bière, laisse l’alcool apaiser la tristesse. Elle ne s’est toujours pas habituée à prononcer ces mots à voix haute. James Riley n’avait jamais fumé de sa vie. Pourtant il était tombé malade et avait fait le choix de ne pas en parler à sa fille jusqu’au mois fatidique avant sa mort, où la maladie n’était plus possible à cacher.  

Elle ne laisse pas le temps à Keith pas le temps de réagir, préfère détourner immédiatement l’attention, comme si cela allait changer quelque chose. « Je ne savais pas que tu avais adopté un berger australien. » Elle reconnait la race facilement, son propre chien Pepsi étant de la même race, à la différence que Pepsi était noir et blanc. Elle a presque envie de rire à sa propre phrase. Évidemment qu’elle ne savait pas. Ce n’était pas comme si Keith l’avait laissée faire partie de sa vie. Ce n’était pas faute d’avoir essayé.


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Message(#) Sujet: Re: all these memories run my mind in slow motion (keith) all these memories run my mind in slow motion (keith) EmptyJeu 23 Avr - 9:53


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Parfois la raison accepte des choses que vous pensiez impensable si tant est que vous écoutiez votre cœur. C’est ce qu’il s’était passé ce soir-là, une fois revêtu tandis que le silence me prenait aux tripes face à la réalité frappante. J’avais dépassé les bornes sans aucun scrupule, et quand mes mains touchaient son corps ce n’était pas la jeune Danika, celle que je considérais comme ma sœur que je voyais au creux de mes bras. C’était une jeune femme que j’étais probablement en train de briser. Et pourtant, quand son regard croisa le mien, je ne trouvais rien à quoi me raccrocher. Pas de larmes, pas de joie, même pas l’étincelle d’espièglerie que je pouvais trouver quand je la regardais auparavant. Il n’y avait que son corps mais son âme semblait partie dans d’autres contrées. Et pourtant, j’avais cette intime impression que ce vide n’était présent que pour cacher cette peine si profonde qu’elle ne pouvait gérer seule. C’était un instinct d’ami. Un instinct de grand frère. Alors oui, c’était une évidence de lui proposer de rentrer, de s’installer et de me laisser m’occuper d’elle. J’étais passé par la il y avait de nombreuses années qui me paraissaient si proches pourtant, que je savais parfaitement dans quel état elle était.

Le contact était trop dur à supporter et pourtant j’attendis que Dani ne s’en retire d’elle-même. La mémoire tactile était ce qui se rapprochait le plus à un cauchemar pour ma part, me rappelant la douceur de sa peur et l’odeur de cette dernière. Je fermais les yeux, non pas pour marquer le coup que provoquait son regard fuyant non, mais pour chasser ces images qui s’embuaient dans ma tête. Ce n’était pas le moment, ni même ce dont elle devait avoir besoin. Alors je lui laissais le choix, ne voulant la retenir de nouveau. J’avais fait un pas vers elle, je ne lui en voudrais pas si elle reculait le sien. Pourtant, mon regard se releva vers l’encadrement de la porte qui venait de se refermer, laissant Dani immobile dans mon entrée. Un sourire attristé se dessina sur mes lèvres et bien rapidement je baissais la tête pour qu’elle ne l’aperçoive pas. La présence de la jeune femme ne perturba pas Ruby qui n’avait pas bougé d’un poil, toujours endormie. Même si mon regard ne se posait pas fixement sur Danika, j’avais repris le réflexe instinctif de la garder du coin de l’œil. Et je fus surpris de ne pas avoir besoin de lui rappeler où se trouvait l’ouvre bouteille, moi qui étais toujours ordonné de façon drastique. J’attrapais la bouteille qui m’était destinée tandis que pour la première fois depuis quelques minutes, Dani décida de m’accorder un regard.

Je ne souhaitais à personne de lire dans le regard de ses proches et des personnes qui comptent à leurs yeux de la déception, et de l’éloignement. Comment se rattraper à autre chose qu’à des souvenirs tortueux quand nous ne retrouvions plus ce qui nous avait réchauffé le cœur pendant longtemps ? Je ne savais pas si c’était son regard ou ces mots si durs qui me faisaient me sentir chancelant. Les obsèques étaient passées…. Sans me donner l’occasion de m’y rendre et de l’épauler. Ma main se resserra sur la bouteille, rendant les jointures de mes phalanges blanches tandis que je portais le goulot à mes lèvres, laissant le breuvage descendre lentement irradier ma gorge. Comment avait-elle pu laisser son égo prendre le dessus sur la raison ? Drôle de question qui pouvait être réciproque et pourtant je ne réussissais pas à accepter la sentence. « Tu plaisantes j’espère… » dis-je simplement en commençant à faire les cent pas – chose que je faisais quand quelque chose me tracassait. Un cancer du poumon tandis que son père n’avait jamais fumé ? Je détestais cette foutue maladie tout autant que je détestais Dani à cet instant précis. Ma main vide forma un poing que je laissais s’abattre subitement sur le plan de travail, la tête basse tandis que le coup fit trembler les plats présents sur le meuble. « Tu es en train de me dire que… » Je décidais de relever le regard vers elle, posant mes prunelles noircies de colère dans les siennes. « Tu débarques avec deux mois de retard ? » lui dis-je en pointant mon index dans sa direction.

J’en oubliais qu’elle pouvait avoir toutes les raisons valables du monde, me haïssant, ne voulant me voir dans ce terrible moment, mais toutes ces raisons s’envolèrent en apercevant l’enveloppe qui avait été la raison de sa venue du soir. « Ne change pas de sujet Danika ! » répondis-je subitement, marquant l'utilisation de son nom complet que je n'utilisais que rarement, tandis qu’elle n’écoutait pas ce que j’avais à lui dire, rabattant son attention sur Ruby qui avait relevé la tête à la suite de mon impulsivité. Je posais un léger regard sur ma chienne, désolé d’avoir dérangé le début de sa nuit tandis que je m’en détournais rapidement, me posant face à Danika pour l’empêcher de se détourner de mon regard. « Ton père est mort et toi, tu arrives la fleur au fusil avec des photos et tu me sors ça de but en blanc ? » répétais-je tandis que venais poser l’enveloppe fermement contre sa poitrine. Il m’arrivait parfois de perdre pieds surtout quand je trouvais la situation d’une injustice à n’en plus finir. « C’était quoi le but ? Te venger ? Bravo, si tu me trouvais pitoyable, tu ne vaux pas mieux que moi ! » Mes mots sortaient sans filtre et je savais pertinemment que dans cette situation, il était probable que je m’en veuille à un moment donné.

Je finissais par me détourner d’elle, mes mains appuyées sur l’ilot central, le souffle court, une pointe me prenant au niveau de mes cicatrices, comme à chaque fois que je m’énervais, me rappelant que la colère et l’impulsivité n’était pas une solution à toute situation. « J’aurais pu être là… J’aurais dû être là… Pour toi… Pour lui… Pour moi…. Et ça… C’est toi qui m’en as privé. » conclus-je en tournant mon regard embué de larmes vers elle.
Je l’avais blessé, mais à priori nous étions dans la même dynamique. Elle était bien loin de la petite sœur que je considérais qu’elle était.
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Message(#) Sujet: Re: all these memories run my mind in slow motion (keith) all these memories run my mind in slow motion (keith) EmptyJeu 23 Avr - 11:39





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@KEITH WEDDINGTON  & DANIKA

Le souvenir de ses doigts sur son poignet lui brule la peau dans cet appartement. Elle ne se souvient que trop bien de ses mains dans ses cheveux, sur sa peau. Sa question la ramène à la réalité,  lui rappelle douloureusement que les années ont passé, que ce sont finalement ces heures passées dans son lit qui ont annoncé la destruction de leur relation.

« Tu plaisantes j’espère… Tu es en train de me dire que…Tu débarques avec deux mois de retard ? »

Elle ne réagit pas, se détourne, pose un regard vide sur le chien, change de sujet comme s’il n’avait rien dit. Aurait-elle dû lui dire ? Si elle n’était pas allée aux funérailles du père de Keith, elle aurait vécu ça comme une trahison. Mais à l’époque elle ne lui avait pas laissé le choix, car elle s’était battue pour faire partie de sa vie. Danika se revoit il y a deux mois, poupée de chiffon se laissant entraîner par les évènements. Elle avait organisé les obsèques sans vraiment y penser, comme on aurait fait une tache manuelle. Elle s’était rendue à l’église. Elle avait prononcé un discours. Elle l’avait enterré. Elle se souvenait de la main de Jessian qui l’avait maintenue dans le moment présent. Du visage d’Irina qui l’avait encouragé à avancer. Elle avait vécu cette journée comme si elle n’en faisait pas vraiment partie, hors de son corps, incapable de prendre réellement conscience de la portée des évènements.  Ce serait mentir de dire qu’elle n’avait pas pensé à Keith. Elle y avait pensé dès le moment où son père était mort. Mais la vérité est qu’elle n’avait pas été capable de l’appeler. Parce qu’elle s’était depuis longtemps persuadée qu’il n’en avait plus rien à faire, d’elle et de sa famille. N’était-il pas parti ?

« Ne change pas de sujet Danika ! » Le ton monte, elle sursaute, comme sortie d’une transe, ramenée au moment présent. Il est face à elle à présent, bien plus grand que ses un mètre soixante. Il domine l’espace. Elle voit ses yeux s’embuer de larmes, les pupilles noircies par une colère douloureuse. « Ton père est mort et toi, tu arrives la fleur au fusil avec des photos et tu me sors ça de but en blanc ?  C’était quoi le but ? Te venger ? Bravo, si tu me trouvais pitoyable, tu ne vaux pas mieux que moi ! »

Les paroles la font reculer d’un pas. Elle a l’impression qu’il lui a foutu un poing dans l’estomac.  Il tient les photos serrées contre sa poitrine et elle ne peut s’empêcher de serrer les poings, sentant une colère sourde lui retourner les entrailles. Il n’a pas le droit de dire ça.

« J’aurais pu être là… J’aurais dû être là… Pour toi… Pour lui… Pour moi…. Et ça… C’est toi qui m’en as privé. »

Elle affronte son regard embué de larmes sans broncher, ses yeux deviennent glacials, effaçant toute culpabilité qu’elle aurait pu avoir, comme un mécanisme de protection.   « Tais-toi. » La parole est sans appel. Elle se détourne, ne supporte pas de le regarder une seconde de plus. Elle pose la bière sur le comptoir pour ne pas la briser. Il aura suffi de quelques phrases pour raviver une rage qu’elle pensait avoir enterrée.  

« T’as pas le droit de dire ça. T’as pas le droit parce que t’es parti Keith. T’ES PARTI. » Les derniers mots se transforment en cri. Elle le regarde cette fois-ci avec toute la colère et la tristesse qu’elle n’avait jamais osé lui montrer. A quel point il l’avait blessée. Il était parti. Sans le savoir il avait joué avec l’insécurité la plus forte de Danika. Il était parti comme sa mère était partie, il l’avait abandonnée le long du chemin et avait continué sa vie. Elle qui avait toujours été terrorisée par l’abandon, qui s’enfuyait en courant dès que ses relations duraient un peu trop longtemps, qu’on se mettait à l’aimer ou qu’elle se mettait à aimer. Elle avait toujours fui par peur d’être blessée. Mais avec Keith elle n’avait pas fui, pire elle s’était attachée, l’admiration enfantine s’était transformée avec l’âge et elle avait fini par comprendre que l’affection qu’elle ressentait n’était pas celle d’une amie, d’une sœur. Non elle était une jeune femme de 20 ans et elle était tombée amoureuse, cœur et âme. Elle l’avait placé sur un tel piédestal qu’elle s’était persuadée qu’il aurait été incapable de la blesser.  

Elle n’avait jamais compris pourquoi il était parti. Elle ne lui avait jamais dit à quel point elle l’aimait parce qu’il avait été clair que ce n’était pas réciproque. Bien sûr elle avait montré qu’elle ne le voyait pas comme son frère, que les sentiments étaient là, présents et violents, mais elle n’avait pas été capable de lui dire à quel point. Elle avait accepté qu’il ne les partage pas,  elle avait été prête à les ravaler, à ne plus jamais y penser. Elle n’aurait jamais pensé pouvoir perdre l’ami, pouvoir imaginer que l’homme qui avait partagé toute son enfance pouvait ne plus la vouloir dans sa vie.

« Tu étais mon ami. Tu étais ma famille et tu t’es cassé. Tu crois que tu avais un droit d’être là le pire jour de ma vie après ça ? Tu penses qu’à ce moment-là la seule idée qui m’est venue à l’esprit c’est que j’allais me venger ? » Elle s’approche cette fois-ci, tremblante de rage et de dignité,  réduisant en un rien la distance entre eux. Elle avait toujours été violente, seul le tatami l’aidait à contrôler la passion, le feu qui était l’emblème de sa personnalité. « Va te faire foutre. » Elle crache les mots, se détourne pour ne pas foutre un poing dans le visage de celui qu’elle avait trop aimé et trop détesté.

Il n’y a toujours pas de larmes dans les yeux de Danika, juste de la rage, de la tristesse, de la déception.Mais le corps tremble comme une feuille, trahissant sa vulnérabilité. « T’avais promis. » Promis de toujours être là.

Elle a dix ans, sa mère est partie, elle ne reviendra pas. Et la gamine est inconsolable sur la balançoire dans le jardin. Un adolescent de dix-sept ans lui redonne le sourire. Il promet que lui ne partira pas. Croix de bois croix de fer. Leurs petits doigts s’enlacent. Une promesse d’ado, faite pour faire revenir un sourire sur le visage d’une gamine qui vient de perdre l’innocence de l’enfance. Il ne s’en souvient peut-être pas, mais pour elle la promesse avait été ancrée dans son cœur, et il l’avait brisée.

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Message(#) Sujet: Re: all these memories run my mind in slow motion (keith) all these memories run my mind in slow motion (keith) EmptyJeu 23 Avr - 16:44


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Je me revoyais encore m’approcher de ce petit berceau si minuscule que je pensais qu’il ne pouvait rien renfermer de bien intéressant. Mon père me surveillait du coin de l’œil tandis que je rabattais la capote pour laisser apercevoir pour la première fois ce petit être qui allait changer une partie de mon existence, encore aujourd’hui.  Le meilleur ami de mon père venait de m’offrir ce que mes parents ne pourraient probablement jamais m’offrir : un être à chérir et à protéger. Du moins les années passants, j’avais toujours considéré Dani comme une enfant, ne voulant la voir grandir malgré les preuves qu’elle s’efforçait à me fournir. Elle était toujours prête à me suivre peu importe les risques que cela coûtait pour elle. Je la revoyais vouloir se battre contre moi quand son père m’autorisait à m’entraîner dans son dojo. Je voulais me montrer exemplaire pour elle, pour qu’elle continue à être fier de m’avoir près d’elle. Jusqu’à ce jour où ni l’un ni l’autre n’avions réussi à stopper ce qui s’apparentait à un sabotage de notre relation.

Elle ne réagissait pas. Mes mots sortaient comme des lames tranchantes, laissant transparaître mon désarroi, ma peine et ma colère mais elle ne réagissait pas. J’avais envie d’attraper son bras, de la secouer, de la plaquer contre un mur en attendant la moindre réaction. Je voulais qu’elle me fasse mal autant que j’avais pu lui faire mal. Je ne voulais plus qu’elle fuit et même si la mort de son père pouvait en être le prétexte parfait pour éviter un quelconque règlement de compte, je me retrouvais pris au piège de cette peine naissante. Je me souvenais de sa main se glissant dans la mienne quand j’étais resté de longues heures devant les deux cercueils juxtaposés de mon père et ma belle-mère. Je m’en voulais, je me haïssais même de les avoir forcés à prendre cet avion. Et elle était restée là, malgré mes supplications pour la voir s’éloigner. En vain. Et moi, qui aurait dû lui rendre la pareille, l’épauler, la soutenir, l’aider à traverser cette épreuve, je n’avais pas été mis au courant. Ce n’était pas tant mon deuil qui me peinait, c’était d’avoir manqué à tant de promesses faites.

La distance entre nous se réduit, à tel point que j’en oubliais que je pouvais me montrer imposant et apeurant quand je me comportais de la sorte. J’étais rarement en colère, ayant toujours appris à contrôler ces émotions négatives et les transformer à bon escient. J’avais canalisé mon énergie, ma colère à l’aide des sports de combats, j’avais appris à prendre le dessus sur mes peurs en entrant dans la police et j’étais devenu cet homme relativement posé que j’avais plus ou moins été enfant. Pourtant mon ton était monté, mes mains s’étaient serrées et le plan de travail en avait fait les frais. Il y avait parfois des coups plus violents que les coups physiques. Ces coups de poignards qui ne cessent de faire saigner le cœur sans qu’aucune suture ne soit possible. J’aurais pu l’achever… J’aurais voulu la faire craquer en réalité… Par faiblesse et pour éviter de me remettre en question. Tout était sa faute si je n’avais pas été là. Peu importe si j’ai été le premier à fuir mes responsabilités en ne répondant pas à ses appels et ses messages un an plus tôt. Elle aurait pu venir plus tôt comme elle l’avait fait ce soir. Elle aurait dû.

J’allais surenchérir mais ses mots, directs et glacials eurent l’effet d’un électrochoc. Depuis quand se permettait-elle de me parler de la sorte ? Peut-être depuis que j’osais hausser le ton sur elle… Mon regard resta figé sur la jeune femme qui se détournait de ma présence, fuyant une fois de plus la vérité. Du moins c’est ce que je pensais en la voyant poser sa bière. Je ne pensais pas qu’elle allait craquer, céder à la pression et ouvrir les vannes. J’étais tellement loin de l’imaginer que j’encaissais les coups sans forcément remonter ma garde. Je n’étais pas paré à assumer mes erreurs à vrai dire. Et pour la première fois, l’entendre poser des mots sur ces maux me rendait nerveux. A tel point que je ne pouvais que la suivre du regard sans qu’aucun son ne veuille sortir de ma bouche entrouverte d’étonnement. J’étais parti oui. J’avais fui face au corps allongé et endormie de Dani, aux draps remontés où nos deux corps s’étaient étreints. J’avais fui face à ce qui était une erreur pour ma part, un aveu de faiblesse. Et le silence qu’avait instauré Dani par la suite n’avait pas encouragé la partie égocentrique de mon âme de revenir vers elle. Une sorte de dialogue de sourd. Voué à l’échec. Ou à ce trop plein d’animosité qui venait s’instaurer dans la pièce.

Un coup, Dani s’approchait pour lui balancer au visage mes quatre vérités. J’étais un ami, un membre de la famille qui l’avait abandonné. Mais n’avait-elle pas signé elle aussi un acte d’abandon ? J’aurais voulu lui renvoyer la balle dans son camp, lui expliquer qu’elle avait autant failli à ses promesses que j’avais pu faillir aux miennes. Mais à quoi bon ? La voilà à quelques centimètres de moi, et ma main effleura malencontreusement son poing tremblant. Je la connaissais pour m’être entraîné avec elle, et je savais qu’elle faisait partie de ses personnes qui avaient tendance à se laisser submerger par la colère et la violence quand elle n’avait pas les idées claires. « Va te faire foutre ». Ses mots résonnèrent comme un coup de glas. On en était donc là ? Ma main vint se saisir fermement de son poignet pour l’empêcher de se détourner une fois de plus de cette discussion. Elle voulait répondre à l’affront, vider son sac, j’allais lui donner l’occasion de le faire tandis que le mien se refermerait, empli de rage et de douleur.

« Je n’ai pas le droit ? Vraiment ? » demandais-je de façon rhétorique comme pour lui laisser une dernière chance de retirer ses propos et d’éviter le flot de réponses que j’avais accumulé le temps qu’elle avait pris pour cracher sa valda. Sans m’en rendre compte, mes doigts se resserrèrent autour de son poignet à chaque fois que mon cœur ratait un battement, de colère. « Où étais-tu quand on m’a appris que je devais rendre ma plaque et que mes rêves partaient en fumée ? » lui demandais-je comme pour lui rappeler que si tant est que je n’avais pas assumer mes responsabilités, elle n’était pas toute blanche dans l’histoire. Je m’avançais pour venir la toiser, mon corps collé au sien comme si cela me permettrait de venir appuyer un peu plus là où cela faisait mal. C’était surtout un moyen pour l’obliger à plonger son regard dans le mien. « Et qui es tu pour juger au nom de ton père si oui ou non mon droit était d’actualité ? Je te rappelle que TU m’en as privé » dis-je en venant poser mon index sur son sternum, appuyant mes mots du geste. « Alors si ce n’est pas de la vengeance qu’est-ce ? » ajoutais-je, ma mâchoire serrée. Je décidais de lâcher la prise autour de sa main, préférant venir ancrer mes doigts à l’intérieur de mes paumes, le souffle court comme si ma respiration n’était plus contrôlée. Adieu les cours de gestion de l’émotions et de la colère. Quand le sujet me touchait de trop près, j’étais juste une bombe à retardement.

« Tu veux que j’aille me faire foutre ? Ok, soit ! » lâchais-je en me reculant à mon tour les bras écartés tandis que j’étais en train de reprendre mes cent pas, me tenant le crâne. J’aurais voulu avoir une affaire dans laquelle me plonger corps et âme pour oublier la douleur comme lors du deuil de mes parents mais ces années étaient bien trop éloignées. J’aurais voulu avoir ma petite sœur ce soir dans l’appartement au lieu de nous retrouver comme deux parfaits étrangers. Alors je tentais de me raccrocher à la vision de Ruby qui semblait totalement apeurée et qui partit se cacher dans ma chambre. Un soupir m’échappa qui se stoppa net en l’entendant me rappeler que j’avais promis. Je fis volte-face, le regard habité, et posa mes mains sur mes hanches. Venait-elle d’oser me rappeler cette promesse ? Bien entendu, la corde sensible était tirée au maximum ce soir, bien loin de la soirée de tranquillité que je m’étais imaginé. « Et jusqu’à preuve du contraire, la promesse c’est toi qui l’a brisé. J’ai toujours été là… Toujours… » lui fis-je remarquer même si le silence que j’avais continué d’instaurer, la fuite que j’avais prise et le malaise que je ressentais étaient bel et bien présents, il y avait quelque chose d’indescriptible quand je pensais à elle : je ne pouvais pas la laisser tomber. Je m’étais satisfait des distances qu’elle avait accepté pensant que c’était aussi ce qu’elle voulait et ne voulant la chambouler. Deux égos blessés qui ne savaient communiquer.

Je pris quelques instants, les yeux clos, lui laissant là une occasion d’enchaîner une seconde salve qui ne parvint pas. Alors en rouvrant les yeux, je décidais d’user d’une arme qu’elle-même m’avait fourni. Je m’approchais de l’enveloppe que je reprenais en ma possession, poussant du revers de mains les assiettes précédemment dressées, et décidais de poser face à nous les différentes photos que Danika venait d’amener. Je m’arrêtais sur une photo où l’on pouvait apercevoir Danika posant fièrement au sommet de mon dos. Je déglutis et je fis glisser cette photo dans la direction de la jeune femme, avant de continuer le tri, lui lançant toutes les photos où nous étions à deux dessus vers elle. « Tu veux que j’aille me faire foutre ? Récupère ça alors. Parce que si tel est le cas, c’est que ces clichés ne représentent rien pour toi… Tout comme ma peine ne représente rien à tes yeux pour oser venir deux mois après. Mais après tout, je ne peux pas te reprocher ton égoïsme… Vu qu’à priori, c’est moi qui avais promis… » répétais-je tandis que je prenais ma bière la laissant seule dans la cuisine pour aller me rendre sur la terrasse qui se trouvait juste derrière, préférant laisser l’air rafraîchir mes esprits.

Parfois la vérité fait mal et la colère nous aveugle. Parfois j’aurais préféré y rester pour éviter d’affronter tout cela et parfois je me disais qu’il était temps de se repentir. Mais face à elle, j’en étais incapable, par fierté mais aussi par pudeur, elle qui m’avait mis sur un piédestal que je ne méritais plus.
Que je n’avais jamais mérité.





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Message(#) Sujet: Re: all these memories run my mind in slow motion (keith) all these memories run my mind in slow motion (keith) EmptyJeu 23 Avr - 21:28





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@KEITH WEDDINGTON  & DANIKA

La main se resserre sur son poignet. Il n’y que de la colère dans ces doigts qui encerclent sa peau. Le corps se rapproche d’elle, domine son champ de vision, l’empêche de se dérober, de fuir ce regard plein de peine et de rancœur. Sa respiration s’accélère, son corps tremblant ne supporte pas cette proximité imposée. Pendant un instant elle souhaite ne plus jamais le revoir. Qu’il parte. Que ses doigts n’effleurent plus jamais sa peau. Son corps est collé au sien et l’air se charge d’une tension irrespirable. Elle n’a pas envie de se souvenir. Il aura suffi de quelques secondes pour qu’elle se souvienne du goût de ses lèvres, de son cœur battant à toute allure alors qu’il embrassait sa peau. Des souvenirs qu’elle avait enterrés pour refermer le trou béant qu’il avait laissé dans son cœur.

« Où étais-tu quand on m’a appris que je devais rendre ma plaque et que mes rêves partaient en fumée ? » Ces paroles lui font l’effet d’un coup de poing. Elle a envie d’hurler. Évidemment qu’elle n’avait pas été là.  Pourtant elle avait essayé. Elle était venue le voir à l’hôpital, avait constaté la distance qu’il mettait toujours entre eux. Il lui avait bien fait comprendre qu’il voulait se concentrer sur sa rééducation, qu’il n’avait pas besoin d’elle. Elle l’avait cru. Enfant, elle avait cherché à être son égal, pleine d’admiration, de respect, d’affection. Puis elle avait passé son adolescence et le début de sa vie adulte à se dépasser pour essayer de le rattraper, pour qu’il la voit. Non pas la gamine qu’il avait toujours considéré comme sa petite sœur, mais la femme qu’elle était devenue. La femme flamboyante, qui vivait chaque moment de sa vie avec passion, qui lui montrait des sourires qu’elle n’avait jamais montré à personne. Ce jour-là, à l’hôpital, Danika avait décidé que c’était terminé, qu’elle avait passé assez d’années dans une course interminable à chercher à le rattraper.

Keith continue de déverser sa colère, lui lance les photos à la figure. Quand elles tombent une à une sur le sol, quelque chose se brise en elle. Elle ne comprend pas. Ne comprend pas sa colère, ne comprend pas comment il ose dire que ces photos ne représentent rien à ses yeux, que sa peine ne représente rien.  Elle ne comprend pas comment elle peut être coupable de quoique ce soit alors qu’il était responsable de la distance, de l’absence , de l’état de leur relation.

Il la laisse seule dans la cuisine. Elle a presque envie de rire à la situation. Il part, encore. Il la laisse seule, encore. Si ce n’était pas la chose la plus triste qu’elle avait eu l’occasion de voir, elle aurait sûrement ri de l’ironie du sort. Son regard se pose sur les photos au sol, elle n’a toujours pas bougé, les paroles ont eu l’effet d’un coup de poignard qui a tout déchiré sur son passage. Lentement elle ramasse les photos. Son corps a arrêté de trembler comme s’il n’avait plus rien donné.  Elle regarde les visages heureux de ces deux gamins.  Lorsqu’elle les pose sur le plan de travail, elle se demande où ils ont disparu et qui sont les deux inconnus qui se parlent dans cet appartement.

Elle le rejoint sur la terrasse, s’adosse à la porte vitrée, ferme les yeux un instant et laisse la fraicheur de la glace ramener le calme dans son esprit.  Elle regarde son dos, ses cheveux bruns. Comment pouvait-on se sentir si loin de quelqu’un dont on avait été si proche ?

« Quand je suis venue à l’hôpital, tu m’as bien fait comprendre que tu ne voulais pas que je sois là. » Elle murmure en réponse. Elle se rend compte pour la première fois qu’il aurait peut-être voulu qu’elle se batte pour rester. Peut-être qu’il aurait voulu qu’elle soit là. L’amertume lui brule les lèvres. Comment aurait-elle pu le deviner ? Elle avait passé trop de temps à attendre qu’il la voie, chaque prise de distance lui avait fait l’effet d’un nouvel abandon. Ce jour-là, elle avait décidé qu’il était temps d’arrêter d’attendre et de continuer sa vie. Sans lui.

Elle ne souligne pas que lui non plus n’avait pas été là quand ses rêves s’étaient brisés, ne savait même pas les cicatrices qui recouvraient son genou droit après plusieurs opérations. Ce n’était pas le même rêve. Son corps à elle n’avait pas été criblé de balle. Pourtant lorsqu’on lui avait annoncé que si jamais elle voulait continuer à marcher, elle avait intérêt à arrêter la compétition, son rêve à elle s’était aussi brisé. Bien sûr elle ne se risqua pas à comparer les situations. Elle avait toujours su que son rêve avait une fin, elle ne s’était juste pas préparée à la fin violente et bien trop en avance.  Danika avait eu la chance de pouvoir continuer son rêve sous une autre forme, avait accepté d’adapter ses entraînements, d’enseigner l’art martial et d’arrêter de pousser son corps au point de rupture dans le simple but de se dépasser.  Ce rêve-là s’était brisé, mais elle avait continué, jusqu’à présent du moins. Aujourd’hui Danika ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même si son rêve s’était arrêté, elle y avait mis fin en enterrant son père et en laissant le karaté au temps du passé.

Son corps entier est fatigué de l’explosion de colère. Elle encercle son corps de ses bras, comme pour s’empêcher de se briser en milles morceaux. Elle sent sa gorge se serrer et pour la première fois depuis deux mois des larmes viennent embuer son regard.  Elle se force à cligner des yeux pour les faire partir, plante ses ongles dans la peau de ses bras. La douleur physique semble plus facile à supporter que celle qui lui déchire les entrailles.

« Je n'ai pas cherché à me venger de quoique ce soit. J’ai juste eu peur…Peur que tu ne répondes pas au coup de téléphone. Peur que tu m’envoies bouler encore une fois.  Peur que tu n’en ais rien à faire. » D’elle, de son père, de leur relation.  Elle ne dit pas qu’elle avait eu peur de souvenirs,  de retrouver les sentiments qu’elle avait enterré. De retrouver la vulnérabilité, le désir, l’amour. Elle avait eu peur de devoir à nouveau subir ces émotions qu’il n’allait jamais partager.

.
« Tu croyais quoi Keith ? Que j’allais passer ma vie à te courir après ? Tu crois que tu m’aurais laissée te rattraper ? » Un rire sans joie secoue ses épaules,  sa voix est à peine plus forte qu’un murmure et ses paroles ne sont qu’amertume.

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Message(#) Sujet: Re: all these memories run my mind in slow motion (keith) all these memories run my mind in slow motion (keith) EmptyVen 24 Avr - 11:51


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Il ne m’avait fallu qu’une seconde pour apprécier Danika et remercier le ciel de m’avoir envoyé ce si joli cadeau, moi qui m’étais résigné à l’idée de grandir seul. Sept années d’écart et le lot d’engueulade qui allait avec. Tantôt trop petite, tantôt trop collante, je n’avais probablement pas épargné la jeune Danika de mes déboires d’adolescent. Et pourtant quand il avait fallu refermer des bras autour d’elle comme pour recoller les morceaux que la vie décidait d’arracher, j’avais été là. Quand il avait fallu que j’hausse le ton face à des attitudes qui ne me plaisaient guère, j’avais été là. Quand j’avais compris que l’image que je reflétais auprès d’elle pouvait servir de modèle, je m’étais assuré d’en être digne et de ne pas sortir du droit chemin. Quand son père l’avait poussé sur le tatami face à moi, je n’avais pas compris les raisons premières. Puis je me surpris à apprécier ces moments si précieux, qui étaient les nôtres. Ces moments que je pensais ancrés en moi et impossible à voler, impossible à détruire. Sauf par les deux protagonistes que nous étions…

Qui aurait cru qu’une simple nuit aurait pu laisser autant de traces ? Autant de peine, autant de larmes et surtout autant de vide. Pas moi, pas elle, pas nous. Je n’avais pas su voir que l’admiration et le respect s’étaient transformés dans une affection que je n’imaginais pas possible venant de la part de Danika. Pas quand nous avions grandis ensemble. Je n’avais pas compris non plus que ce mécanisme d’autoprotection qui s’était mis en place quand je m’étais retrouvé brisé en deux par Andréa sans qu’elle ne le sache elle-même. Ma vie était probablement bâtie sur des non-dits. Je n’avais pas osé avouer à ma coéquipière mes sentiments naissants, accumulés depuis des années lorsqu’elle m’apprit qu’elle avait enfin quelqu’un dans sa vie et qu’elle était heureuse. Si seulement elle avait vu mon regard suppliant d’abréger mes souffrances. Mais mon regard était resté de marbre. Bien loin de celui que j’étais en train d’adresser à Danika qui n’avait eu le malheur que d’être le pansement que je voulais poser pour panser ma plaie.

J’avais eu tort de penser que l’air frais aller pouvoir calmer mes colères, faire le tri dans mes émotions et me permettre de désamorcer la bombe à retardement qui avait été enclenchée. En vain. Même sans la regarder je savais qu’elle venait de ramasser les photos qui n’étaient que des clichés dénués de sens ce soir. Moi-même j’étais dénué de raison. Et ce n’étaient pas les larmes que je tentais de chasser – par pure stigmatisation du machiste que j’étais – qui diraient le contraire. J’aurais voulu qu’elle parte aussi facilement que je l’avais fait et qu’elle me l’avait rendu. J’aurais voulu qu’elle claque la porte et de devoir payer le prix de mes erreurs pour le restant de mes jours sans à avoir à m’excuser. Le temps atténuerait forcément la peine et ce qui me faisait mal aujourd’hui ne deviendrait que poussière dans quelques années. Et malgré toutes mes volontés, je sentais son odeur s’approcher de moi, comme si elle était restée ancrée dans ma mémoire. Je ne pouvais plus tenir les armes et continuer cette guerre qui était vouée à nous faire courir à notre perte. Et pourtant je ne réussissais toujours pas à croiser son regard, qu’elle-même n’assumait pas poser sur moi. Je n’avais que l’image de cette chambre d’hôpital qui avait été le lieu de ma fin. Adieu mon métier, adieu la femme que j’aimais, adieu ma vie d’avant.

Adieu voilà. C’était le mot que j’avais probablement prononcé à un nombre incalculable de personne aveuglé par la rage, Danika ayant une fois de plus fait les frais de mes pulsions. Une fois encore j’en avais fait un dommage collatéral. Je me revoyais la fuir du regard sans lui expliquer les réelles raisons. Ma mâchoire se resserra et je ne pus que nier d’un signe de tête à son murmure. Ce n’était pas que je ne voulais pas qu’elle soit là non. C’est que je ne réussissais pas à mettre au clair ce qui s’était passé. « Pour faire quoi ? Me descendre encore plus bas que je ne l’étais ? » me contentais-je de lui demander tandis que mon regard se posa sur ses bras qu’elle renfermait sur elle-même. Déformation oblige, j’étais en train de l’analyser comme souvent je le faisais quand je ne réussissais pas à m’analyser moi-même. Il était bien plus simple de se rabattre sur les autres que sur nos propres failles. Il existait tellement de raisons pour que quelqu’un referme ses bras sur lui-même. Et j’étais en train de détailler ses ongles qui venaient s’enfoncer dans son avant-bras pour rajouter cela à la liste et diminuer les possibilités. Elle cherchait à se contrôler, c’était indéniable. Comme elle le faisait si souvent en étant enfant et pourtant elle avait peur de ne pas réussir. J’étais à deux doigts de déblatérer l’analyse comportementale que j’avais effectué en une fraction de secondes mais mon regard resta bloqué sur les larmes qu’elle chassait. Les yeux sont les fenêtres de l’âme n’est-ce pas ? Et c’était encore plus frappant sur Danika.

Ma gorge se resserrait un peu plus et je commençais à me détester de lui infliger cela. Pas maintenant, pas quand elle avait en réalité besoin d’une épaule sur laquelle s’appuyer et vider son sac. Pas quand elle n’aurait pas dû être jugée pour ses erreurs du passé mais aidée pour ses choix à venir. Malgré tout, j’étais incapable d’amorcer un geste dans sa direction. Malgré qu’elle m’ouvrît un peu plus les portes de ses pensées que moi-même j’étais incapable de faire. Foutu égocentrisme. Qui de nous deux s’était réellement vengé l’un de l’autre ? Qui fuyait l’autre ? La réponse était criante de vérité : c’était moi. Mon silence devait être affreux à vivre et pourtant les mots me manquaient pour répondre à toutes ses questions ou même la rassurer. J’étais là, immobile comme si le temps s’était arrêté. L’aurais-je laissé me rattraper ? Je ne savais pas. En quoi je croyais ? Plus en rien ni en moi. Mais était-ce les réponses qu’elle attendait ? Là non plus je n’y croyais pas.

Ce ne fût que son rire qui me sortit de ma torpeur et des différentes réponses que j’étais en train d’imaginer. Son indifférence était alarmante. Et, inconsciemment, elle venait de tirer la sonnette d’alarme en frappant à ma porte. « Danika, regarde-moi. ». Je ne criais plus non, je voulais simplement attirer son attention et que son regard s’accroche au mien. « Comment peux tu avoir peur de moi ? » lui demandais-je, blessé au plus profond de moi. « On parle de ton père… On parle d’une épreuve que tu n’aurais pas dû traverser seule… Qu’on aurait traversé à deux… » rajoutais-je tout naturellement tout en secouant la tête comme si ce geste me permettrait de chasser son idée idiote. Mais une fois encore, je ne voyais que ce que je voulais réellement voir. Le deuil de son père et non pas le deuil de notre relation qui n’avait été que prémices et nuit volée. « Je ne croyais rien en réalité. Juste que tu aurais un peu plus confiance en moi. Que tu me comprenais… » lui avouais-je à demi-mot tandis que je décidais de ne plus la regarder une fois de plus. « Si tu savais… Je ne voulais pas que tu me rattrapes non… » repris-je. « J’aurais voulu que tu amortisses ma chute dans le néant » conclus-je froidement comme si je mettais pour la première fois des mots sur ce qui avait été un enfer à traverser et que j’avais traversé esseulé par mes proches. Je déglutissais comme à chaque fois que je parlais de cette période et décidais de rentrer de nouveau, le froid me saisissant.

Je n’avais plus faim, au contraire, j’avais la nausée rien qu’à l’idée de manger. Je reprenais ma bouteille, la vidant d’une traite, pensant que l’alcool pourrait alléger ce fardeau. Etions en train de jouer au fameux fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis ? Je ne voulais pas jouer, du moins plus avec elle. Et reprenant sa bouteille, je décidais pour une fois de ne plus l’éviter et ressortit pour lui tendre à son tour sa bière. « Je ne t’ai pas demandé que tu me cours après… Je voulais juste être là pour t’aider à traverser cette épreuve… Que tu me laisses fuir encore par la suite, c’est ton choix. Que tu fuies à ton tour, ta décision. » J’étais comme un automate qui tentait de retirer toutes traces d’émotions suspectes de son discours tandis que j’observais les siennes en réaction à mes mots. « Je ne crois plus en rien… Ni en l’amour, ni en la vie. Alors je ne te demanderais pas de me croire si je te dis que je ne t’espérais plus frapper à ma porte et encore moins dans de telles circonstances. »

Oui, j’étais en train de lui dire à ma façon que son silence m’avait fait croire à sa disparition et m’avait fait tirer un trait sur elle.
Et ce n’était que quelques mois plus tard que je compris que cet acte avait été fait à contre-cœur.
Parce que ce soir, mon cœur saignait de douleur.


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Message(#) Sujet: Re: all these memories run my mind in slow motion (keith) all these memories run my mind in slow motion (keith) EmptyVen 24 Avr - 15:37





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@KEITH WEDDINGTON  & DANIKA

Keith lui demande de le regarder. Elle lève les yeux lentement et lorsque ses prunelles se plongent dans les siennes, les ongles s’enfoncent un peu plus dans sa peau pour contrôler ses émotions.

« Comment peux-tu avoir peur de moi ? On parle de ton père… On parle d’une épreuve que tu n’aurais pas dû traverser seule… Qu’on aurait traversé à deux… »


Elle veut crier que ça n’aurait rien changé. Qu’elle avait poussé tout le monde hors de sa vie depuis deux mois. Qu’elle était seule, peu importe qu’il soit là ou non. Elle était seule parce qu’elle avait refusé les appels, les visites. Elle était seule parce qu’elle était incapable d’accepter la mort du héros de son histoire. Qu’elle avait été tellement proche de son père, qu’elle avait le sentiment d’être incapable de pouvoir continuer à vivre, de pouvoir vivre un jour de plus dans un monde où il n’était pas là.  La présence de Keith n’aurait rien changé. Parce qu’elle aurait fui, comme elle avait fui la présence de son oncle, de son cousin, de ses amies qui continuaient à l’appeler malgré l’absence, malgré la distance. Elle était seule parce que l’idée d’être accompagnée rendait réelle la mort de son père. Elle était seule parce que voir la peine dans les yeux de ses amis la ramenait violement à la réalité et que si elle y pensait seulement quelques secondes elle avait peur de se briser.  L’oubli, la distance, l’indifférence étaient les seules choses qui lui permettaient de garder la tête haute, de ne pas avoir envie de crever.  Mais elle ne dit rien, le laisse continuer.

«  Je ne croyais rien en réalité. Juste que tu aurais un peu plus confiance en moi. Que tu me comprenais…  Si tu savais… Je ne voulais pas que tu me rattrapes non… J’aurais voulu que tu amortisses ma chute dans le néant »

Il ne la regarde plus alors. Sinon il aurait sûrement vu la peine sans fin et l’amour qui brulaient dans ses paupières. L’amour brisé, celui sur lequel on a trop marché, qui n’est plus réparable, qui n’a jamais été avoué, qui est bien trop loin maintenant. Il ne se rend pas compte que ses paroles lui font l’effet d’un coup de couteau qui lui déchire les entrailles encore et encore.  Il ne voit pas que c’est pour cette raison qu’elle n’était pas venue. Qu’elle n’était pas sûre de supporter la douleur que ses paroles lui infligeaient. Les ongles s’enfoncent un peu plus dans ses bras, arrachent la peau sans qu’elle ne s’en rende compte. Comment lui dire qu’il avait brisé la confiance par son absence. Qu’elle ne le comprenait plus depuis qu’il était parti. Qu’elle aurait été prête à amortir sa chute encore et encore, quitte à se déchirer complètement. Il ne comprend pas que c’est pour cette exacte raison qu’elle n’aurait pas pu rester. Qu’elle aurait tout donné, tout sacrifié pour l’aider, quitte à le laisser marcher sur son cœur encore et encore sans même s’en rendre compte.

Son silence n’est pas voulu, mais elle est incapable de parler, sa gorge est trop serrée. Elle ne sait pas comment refermer le fossé qui les sépare. Elle ne sait pas quoi dire pour soulager la peine qu’elle voit dans ses yeux tant elle se noie dans celle de son cœur. Il rentre dans l’appartement, elle ne le suit pas, respirant profondément pour essayer de refaire surface. Il lui tend la bouteille, elle la prend et en boit une gorgée.  

« Je ne t’ai pas demandé que tu me cours après… Je voulais juste être là pour t’aider à traverser cette épreuve… Que tu me laisses fuir encore par la suite, c’est ton choix. Que tu fuies à ton tour, ta décision. »

Il n’avait pas demandé, pourtant elle avait quand même été prête à courir. Elle avait été incapable de s’arrêter,  courant après ses sourires, son approbation, son respect, sa protection. Courant désespérément dans l’espoir qu’il l’aime comme elle l’avait aimé.   Les yeux s’assombrissent de nouveau.  Il la rendait responsable du fait qu’il avait fui et qu’elle l’avait laissé faire. Mais pendant combien d’année aurait-elle dû tenter d’empêcher sa fuite quand il lui avait fait comprendre qu’il ne partageait pas ses sentiments. Son amitié n’avait pas été assez importante pour qu’il reste. Elle a envie d’hurler de nouveau, de laisser la colère dévorer tout sur son passage. Mais les paroles qu’il prononce par la suite éteignent le feu de ses émotions.

« Je ne crois plus en rien… Ni en l’amour, ni en la vie. Alors je ne te demanderais pas de me croire si je te dis que je ne t’espérais plus frapper à ma porte et encore moins dans de telles circonstances. »

Il est aussi brisé qu’elle et elle n’a aucun moyen de l’aider.  Pas dans l’état dans lequel elle est. Pas aujourd’hui. Ils étaient deux étrangers qui se ressemblaient sur beaucoup trop de points. Trop d’égo, trop d’émotions. Un besoin de protéger l’autre toujours, une loyauté qui un jour avait semblé sans failles. Elle aurait souhaité être là pour l’aider à remonter la pente. Elle semble se rendre compte seulement maintenant des dégâts que cela avait eu.  Tout ça parce qu’elle avait été trop occupée à se protéger de lui.  Elle s’approche, coupe la distance entre eux, hésite un instant avant de poser une main sur son torse pour se rattacher au moment présent, pour ne pas se noyer. Elle tente d’expliquer, de comprendre comment ils pouvaient aujourd’hui être à des années lumières l’un de l’autre.

« Tu pensais que j’avais confiance en toi ? Que je te comprenais ? Mais la vérité Keith, c’est j’ai arrêté de te comprendre quand t’es parti. Je ne comprends pas comment tu as pu décider du jour au lendemain de me couper de ta vie. Comment une putain de nuit a pu changer tout ça.  Je ne comprends pas ce que j’ai fait, ce que j’ai dit pour que tu décides que notre amitié ne valait pas la peine de rester. » Sa voix est rauque, tremblante, comme si sa gorge était trop serrée pour parler. C’est la première fois qu’elle mentionne la nuit où tout avait changé. Et soudain le contact de ses vêtements sous ses doigts devient trop. Elle recule, se détourne et se place loin de lui, regarde l’horizon et finit la bouteille de bière.   « Oui j’aurais dû te dire qu’il était mort il y a deux mois. Mais pour toi.  Pas pour moi. »

Non pour elle ça n’aurait rien changé. Elle n’aurait jamais cru pouvoir être brisée, elle qui avait eu envie de se battre dès la naissance. Qui avait choisi de faire de sa vie une succession de combats, de pousser son corps plus loin et de toujours se relever. Mais voilà qu’elle était à terre, une coquille vide. Qu’il soit là n’aurait rien changé. Elle ne pouvait pas affronter la plaie béante laissée dans son cœur. Elle avait préféré détruire sa vie pour en construire une autre.


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Message(#) Sujet: Re: all these memories run my mind in slow motion (keith) all these memories run my mind in slow motion (keith) EmptySam 25 Avr - 17:13


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Le silence était parfois mortel. Je le savais, j’en avais vu les effets destructeurs, j’avais brisé des vies par les miens et j’étais en train de m’effondrer en encaissant le sien. Pourtant j’étais en train de donner les coups moi-même. Comme le boxeur que j’avais pu être, enchaînant les jabs avant de déclencher un uppercut pour tenter de mettre K.O mon adversaire. Mais qui était-il réellement dans cet instant ? Le passé, le silence ou le trou béant qui s’était installé dans ma poitrine et qui s’intensifiait à chaque fois que mon regard se posait sur elle ? J’aurais voulu pouvoir me raccrocher à quelque chose d’autres comme elle le faisait si bien en s’ancrant dans son bras, mais j’en étais incapable. Incapable de mettre des mots en réponse à ses peurs, à ses peines. Incapable de poser les armes, sécher ses larmes et de cesser ce combat qui n’aurait de toute évidence aucun vainqueur.

Le deuil se vivait de façon différente selon les caractères, les liens tissés avec le défunt et aucune généralité n’était valable, je le savais. Je m’en étais voulu d’avoir été celui qui avait ouvert les portes du paradis à mes parents, peu importe que l’on me prouve par A+B que je n’en étais pas responsable. Alors à quoi se raccrochait-on dans ces moments ? A quoi Danika se raccrochait-elle ? Mes mains auraient voulu se poser autour de son visage, l’obliger à se raccrocher à moi et lui dire que tout irait bien. Mais tout dans cette idée me semblait hypocrite, moi qui venais de cracher ces lames qui avaient probablement tailladé toute chance de rédemption. Alors je fuyais. Une fois de plus. Face à ses prunelles emplies d’une peine trop profonde. Ces yeux noirs dans lesquels je m’étais noyé. Il n’y avait qu’un pas entre la haine et l’amour. Entre la peine et le dégoût. Entre l’amitié et l’ignorance. Qu’un simple pas que ni elle ni moi, nous ne voulions faire. Il n’y avait qu’un pas entre l’abandon et la reconquête. Et j’étais entre les deux, mon instinct me criant d’y retourner, de passer outre tandis que mon cœur m’hurlait d’arrêter, que les plaies étaient pansées et qu’il ne fallait pas les rouvrir pour elle. Pour elle. Les mots résonnaient dans ma tête quand elle se rapprocha de moi, sa main se posant sur mon torse. Mon cœur rata un battement, puis un second et pourtant mon esprit restait focalisé sur la sensation de sa main posée contre mon corps. « Dani… » Une fois encore le murmure qui m’échappait sonnait comme une supplication. Et malgré tout, je ne bougeais pas, acceptant qu’à son tour elle me rende coup pour coup ce qu’elle venait d’encaisser… Ou mots pour maux…

Pendu à ses lèvres, j’aurais voulu qu’une balle m’atteigne aussi violemment que ses propos. La douleur faisait oublier la peine et remplissait l’esprit d’une douce sensation d’abandon. Je commençais à comprendre les camés en manque de dose… Moi qui me shootais d’autodestruction et de douleur. Et la vérité m’explosa en plein visage. L’incompréhension était normale et j’avais voulu l’ignorer toutes ces années. Elle pensait que le mal venait d’elle et avait dû chercher pendant tellement longtemps des réponses à des questions qui n’existaient pas. Je voulus attraper sa main mais elle la retira une fraction de seconde avant mon geste. « Danika… Ce n’est pas toi le problème… » murmurais-je tandis qu’elle se reculait de moi. Non, le problème c’était moi. Moi qui n’avais pas su la protéger de mes envies. Moi qui n’avais pas su voir au-delà de mon imaginaire. Moi qui avais eu besoin de me rassurer et qui avais choisi la facilité. Je la regardais descendre la bouteille, suivant son geste de la même façon, les yeux clos. Si l’alcool pouvait me donner un minimum de courage alors que j’avais simplement l’impression de n’être qu’un lâche et de m’enfoncer un peu plus chaque seconde.

Le temps était une drôle de notion. Celle qui permettait à une seconde de sembler à une éternité et où quelques années pouvaient paraître tellement lointaines qu’utopiques. Propre à chacun, l’adaptation était partie intégrante de la gestion de ce temps. Et c’est ce que je compris quand je l’aperçus dos à moi. Je savais pertinemment que le temps était prescrit. Les faits étaient trop anciens pour les laisser sans explications. Il était temps. Il était l’heure. L’heure d’aller recoller les morceaux. De respecter mes paroles. D’être celui que j’aurais dû être depuis bien longtemps. Alors c’était à mon tour de m’approcher. A mon tour de m’arrêter juste derrière elle, assez près pour qu’elle sente ma présence. Assez près pour que je puisse glisser une de mes mains dans les siennes avec tendresse. Cette même tendresse que j’avais toujours eu pour elle quand elle semblait au plus bas. Je ne voulais pas l’obliger à me regarder et je pouvais me contenter de regarder dans la même direction qu’elle. Car c’est ce que je voulais maintenant. Que les deux fils de nos vies ne se coupent plus pour un accrochage. Comment avais-je pu lui reprocher d’avoir tenu le silence face au monstre froid et distant que j’étais devenu ? Mauvais menteur que j’étais. Mon pouce était venu caresser le haut de son poignet comme j’avais toujours eu l’habitude de le faire depuis qu’elle était petite. Un réflexe instinctif. Un moment de douceur peut-être mal tombé mais qui me donnait un peu plus de courage pour ce que je m’apprêtais à lui dire.

« Nos regards que nous nous portions n’étaient pas le même Danika. » L’usage de son nom entier rendait le moment très solennel, et je m’en voulais presque en retard de ne pas pouvoir mettre plus de forme à ce discours dont le fond pouvait être destructeur. « Je… Tu sais et tu as toujours su ce que tu représentais pour moi. » poursuivis-je avec un flegme qui me caractérisait tant. « Le responsable de ce massacre, c’est moi.  C’est moi qui aie accepté tes baisers pour la mauvaise raison. Et j’avais honte. Honte de te faire subir ça à toi. Toi qui étais ma petite sœur. » Je prenais le temps sur chaque phrase, les laissant s’imprégner pour me laisser le temps de trouver d’autres mots. Malgré tout, ma prise ne quittait pas la main de Danika, comme une promesse dans notre avenir. « Je ne peux toujours pas accepter ce que je t’ai fait… Et pourtant paradoxalement, je t’en veux de ne pas avoir su me faire retrouver la raison… J’avais l’impression que… » Je me stoppais quelques instants et décidais de finir mes aveux face à son regard, pour voir la réalité en face.

La faisant pivoter entre mes bras, j’attrapais son visage, mes doigts venant récupérer ces larmes qu’elle ne laissait pourtant pas couler. Je ne savais pas si c’était un souhait de se montrer forte ou un aveu de sa part face au vide de ses émotions. « Et tu ne l’as pas fait… Et on ne pourra pas changer le passé. » voulais-je la rassurer, mes mots étant accompagnés d’un léger sourire désolé. Désolé de lui avoir reproché tout autant que de ne pas avoir été là. « Il n’est pas question de moi là. Du moins il ne l’est plus. » repris-je en laissant tomber une main sous son menton pour le relever dans ma direction. « Pardonne-moi ce que j’ai pu te faire… Je ne supporte pas de ne pas t’avoir dans ma vie… » avouais-je à demi-mot tandis que je rompais enfin ce contact non pas par envie mais dans l’attente d’une réaction de sa part. « On est bien si peu de choses sur cette Terre. Bien peu pour nous permettre de sacrifier tout ce qu’on a eu et qu’on pourrait avoir si nous ne nous nourrissons pas de regrets ».

Et des regrets… Je n’en avais pas d’enfin lui avoir parlé. Je m’étais libéré de ces chaînes du passé.

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Message(#) Sujet: Re: all these memories run my mind in slow motion (keith) all these memories run my mind in slow motion (keith) EmptySam 25 Avr - 20:57





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Certaines questions sont mieux laissées sans réponses.

Elle ne le comprend que lorsqu’il s’approche d’elle, quand sa main sa glisse dans la sienne avec tendresse. Elle veut revenir en arrière. Elle ne souhaite finalement pas comprendre. Danika se rend compte trop tard de son erreur, de la peur qui se met à gronder dans son cœur.  Elle avait passé tellement d’années à imaginer l’explication qu’il allait lui donner. C’était une chose de savoir qu’il n’avait jamais partagé ses sentiments, qu’il l’avait toujours considéré comme une sœur. Ça en était une autre de l’entendre prononcer les mots qu’elle s’attendait pourtant pertinemment à entendre. Leur regard n’est pas le même, ça elle l’avait toujours su.  Et plus son cœur se serre, plus son corps se relâche dans les mains de Keith et sans s’en rendre compte, lentement, un vide se fait dans son esprit comme une bulle protectrice. Bulle à l’image de celle qu’elle a créée à la mort de son père pour supporter sa peine.  Elle ne veut pas entendre, ne veut pas savoir. Qu’il ravale sa honte elle n’en veut pas. Qu’il ravale ses regrets, elle n’est pas prête à les accepter.  Son visage est dans ses mains. Il cherche à effacer des larmes qui n’ont pas couler. Elles ne couleront pas. Se rend-il compte que plus il parle plus elle s’éloigne, laisse la carapace se refermer autour d’elle. Laisse la peine revenir au plus profond de son cœur, préfère l’enfermer avec ses regrets. Il ne reste que les braises de sa colère. Réalise-il que ses mots les attisent alors qu’elle ne dit rien, qu’elle le laisse parler ? Réalise-t-il qu’il aura fallu de seulement quelques phrases pour que la fragilité soit enfermée à double tour, qu’elle délaisse toute émotion qui aurait pu la faire s’écrouler ? Non elle ne garde que la colère familière, celle qui longtemps l’avait poussée à avancer.

La situation lui parait grotesque. Il se décrit comme un prédateur, comme s’il lui avait fait subir quelque chose. Elle aurait envie de rire si les braises de colère n’était pas devenu un nouveau brasier.  Elle refuse d’être de nouveau l’enfant fragile qu’il devait protéger.  Ne l’est plus depuis longtemps.  Elle ne répond rien quand il lui demande de le pardonner, qu’il lui dit ne pas supporter de ne pas l’avoir dans sa vie.

Il la lâche enfin, et le silence se fait. Pendant un long moment elle ne dit rien. Il n’y a plus que le vide et sa colère, comme si elle hésitait à lui montrer, comme si pendant un cours instant elle était prête à pardonner, à tout laisser en arrière.  Mais elle a attendu trop d’années pour qu’il lui explique et se rend compte trop tard que la raison ne justifie pas son absence Qu’il était plus facile de croire qu’il ne voulait plus de son amitié plutôt que d’accepter qu’il s’en voulait d’avoir profité d’elle.  

Pendant un instant, elle se dit qu’elle va partir, là tout de suite, sans un au revoir. Mais c’est la dignité qui plante ses pieds dans le sol et qui la fait relever la tête. La peine est loin, le corps tremblant est inexistant. Elle a tout enfermé.

Elle est face à lui, les épaules relevées, les mains le long de son corps après que sa bouteille ait été posée sur la table de la terrasse sans plus d’alcool pour lui faire oublier. Elle n’essaye plus de se cacher car il n’y a plus rien à cacher. Un mur s’est refermé autour d’elle. Elle est droite et belle, digne et cruelle. La passion qui l’avait toujours habitée efface la peine, attise le feu de sa colère.

« Je ne suis pas ta sœur. » Elle articule les mots avec froideur et détachement comme si elle voulait que les mots raisonnent encore et encore.  

« Je n’étais pas une gamine sans défense. »  Ces mots sont une insulte à la course effrénée qu’elle avait mené pour qu’il la voit comme une femme, comme un être désirable et désiré.

« Tu as cru quoi Keith ? Que je n’avais jamais couché avec personne ? Que je n’avais jamais eu de relations sans lendemain ? Que mon petit cœur n’allait pas supporter que tu me dises simplement que tu n’étais pas intéressé et que ça n’allait pas se reproduire ? »

C’est plus facile d’être en colère. Plus facile de prétendre qu’elle n’avait eu qu’un simple intérêt pour lui à l’époque. Plus facile de nier l’amour qui était né, le cœur brisé par son départ. Plus facile de prétendre que cette nuit n’avait été qu’une question de désir et d’attirance et non quelque chose de plus profond, de plus dur à accepter.

« Putain je crois que c’était plus facile de croire que t’étais parti parce que t’en avais plus rien à foutre.  Plutôt que ça. » Elle sent le goût de l’amertume sur sa langue. Un rire sombre secoue ses épaules en prononçant ces mots.

Elle a l’impression d’être à des années lumières de la scène d’il y a quelques minutes, de son corps secoué de tremblements, violenté par une tristesse sans nom.  Elle a laissé la colère familière revenir, elle est plus facile à supporter, plus facile à accepter. Parce qu’elle n’est pas sûre de pouvoir lui pardonner. Parce qu’elle n’est pas sûre de pouvoir le supporter dans sa vie. Parce qu’elle se rend compte qu’elle a choisi de mettre les sentiments de côté quand il était parti, elle ne les avait jamais confrontés, n’avait jamais cherché à les dépasser, à passer autre chose car elle n’en avait jamais eu besoin. Danika avait toujours été une experte à mettre ses émotions dans une boite et à les oublier au fond de son cœur. Maintenant qu’elle avait ouvert la boite, elle se rendait compte qu’elle n’avait rien oublié, que pour un regard de sa part, son cœur aurait fait une envolée.

Ca lui donne la nausée.  Elle ne veut plus jamais être la femme fragile que son absence avait réussi à briser. Elle se sait trop proche, mais c’est trop tard à présent.  Elle laisse la colère effacer le reste, laisse encore une fois l’égo blessé prendre le dessus, elle qui a toujours l’impression d’avoir quelque chose à prouver. Son regard semble crier à l’homme de la regarder, de ne pas la quitter des yeux, d’être témoin de la femme qu’elle est aujourd’hui, violente et impitoyable, d’oublier la gamine, d’oublier sa vulnérabilité. Qu’elle n’est pas que la tristesse et la fragilité qu’elle lui a montrée. Danika monte sur la pointe de ses pieds, ses mains se glissent sur la nuque de Keith jusque dans ses cheveux. Elle ne le laisse pas se dérober avant d’avoir posé ses lèvres sur les siennes.  Ce baiser a le goût de la colère et de la passion, du regret et de la peine. Il ne dure que quelques instants, assez pour rappeler le douloureux souvenir de cette nuit d’il y a sept ans.  Elle ne lâche pas son regard, mais laisse ses mains retomber le long de son corps et ses pieds s’ancrer dans le sol. « Maintenant comme avant c’était mon choix. Tu ne m’as rien fait subir. Parce que ça ne voulait rien dire. Je n’ai pas besoin de ta protection. »

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Message(#) Sujet: Re: all these memories run my mind in slow motion (keith) all these memories run my mind in slow motion (keith) EmptyLun 27 Avr - 10:13


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Déception. Neuf lettres et tout un monde qui s'écroulait autour de vous. On cherchait tous dans le regard de nos proches différentes émotions pouvant nous guider sur ce sentier semé d'embûches que représentait la vie. A chaque intersection le doute s'insérant dans votre esprit était la seule chose qui pouvait vous rassurer sur l’idée même d’être en vie. Et cette chose se trouvait généralement dans ce regard que vous vous efforciez à comprendre. Mais s’il y avait bien un sentiment que je ne souhaitais à personne, c’était d'apercevoir un soupçon de déception dans celui des personnes chères à votre coeur. La situation ne me semblait pas complexe non : elle me semblait irréelle. J'aurais donné n'importe quoi pour ne pas devoir vivre ça. Mon cœur ratait un coche à chaque fois que mon regard croisait celui de Dani. La haine se mêlait par période à la déception avant de passer par la rage et la douleur pour ensuite laisser couler une larme. Et une fois de plus, tout ce que je pensais avoir réussi à construire s'écroulait.

J’aurais voulu fermer les yeux et tout oublier. J’aurais voulu me réveiller de ce mauvais rêve. Mais il n’y avait pas de réveil. Tout comme il n’y avait pas de rêves.

Vous le voyez ce geste de trop, ce mot plus haut que le précédent, celui qui vous pousse dans la tourmente et qui vous propulse dans le vide ? Tout me paraissait de trop ce soir. Et pourtant j’étais en train de vider des années de silence, d’explications attendues qui ne tombaient pas à point nommé. Je me jetais de la falaise que j’avais gravi sans regarder derrière moi si la corde était bien attachée. Et je pouvais confirmer que plus rien ne me retenait. J’étais en chute libre. Même la main de Danika qui était serrée contre la mienne ne me servait plus à me retenir. Je la sentais se briser un peu plus et je me retrouvais face à ce regard vide d’émotions mais remplis de sens. Et plus je restais à me plonger dedans, plus mon cœur ralentissait comme si en plus d’avoir brisé sa vie, j’étais en train de continuer à briser la mienne. Je pensais avoir oublié cette douleur. Cette même douleur que je connaissais tant pour l’avoir porté ce soir-là. Et si au lieu de guérir de cette peine qu’avait causé Andréa, je n’avais fait que la transférer vers celle qui ne méritait pas de porter les mêmes fardeaux que moi ?

De nouveau le silence. Celui qui pourrait apaiser les tensions mais qui ne fait qu’augmenter la pression. Cette même pression qui me pousse à le briser autant que j’ai pu la briser elle.

Mon pardon était parti comme une bouteille à la mer qu’on espère voir récupérer. J’étais le Robinson de mes émotions, échoué au milieu du néant qu’elle ne faisait qu’entretenir. Pourtant elle était encore là. En silence mais là. Sa prestance n’était plus à prouver. Elle n’avait plus à rien à me prouver. Pourtant c’était l’impression que j’avais en la voyant se redresser face à moi. Cette même passion qui avait recouvert notre nuit prenait place dans son regard. Et ses mots eurent l’effet d’un électrochoc. Pas par leur contenu non, celui-ci je m’y étais préparé. Mais par la froideur qui les enveloppait. Ce n’était pas ma sœur. Ni une gamine sans défense. Soit. Mais je ne pouvais retirer cette image de mon esprit, de mon cœur et de mes gestes que je pouvais lui accorder. « Dani… »

Mais mes mots furent interrompus par les siens. Après le silence venait le temps des aveux. Je n’y étais probablement pas prêt mais j’avais chargé l’arme qu’elle était. Me retrouvais face à sa colère n’était en rien surprenant. Mais l’entendre se voiler la face était un peu plus déroutant. Aurait-elle réellement accepté que cette nuit ne se produise qu’une seule et unique fois ? « Je n’ai jamais pensé cela de toi… » avouais-je dans un murmure tandis qu’elle crachait enfin toute l’amertume accumulée, le tout parsemé d’un rire qui me fit frissonner. « Plutôt que quoi ? » lui demandais-je de répéter sur les nerfs, venant de nouveau jouer avec la corde sensible, comme si la dernière lanière était prête à craquer. Pourtant je ne pouvais m’empêcher d’être accroché à ses prunelles. A ce regard qui ne demandait qu’à capter le mien. Puis viennent ses mains contre ma peau m’arrachant un frisson. Ce contact était grisant et pourtant il m’était interdit. J’allais me reculer, prêt à mettre la distance que j’estimais nécessaire et pourtant mon corps réagissait à ses gestes. Je sentais mon souffle se couper comme si arrêter de respirer était la solution. Ses doigts… J’avais oublié leur agilité tout comme leur force contre ma nuque. Puis un soupir. Non pas le sien mais le mien que je venais d’échapper sans plus aucune retenue. J’aurais voulu parler mais ses lèvres venaient de capturer les miennes dans un déchainement d’émotions que je ne savais plus analyser. Ou que je ne voulais pas analyser. Mes yeux s’étaient clos, l’une de mes mains se glissant dans son bas dos tandis que je m’apprêtais à lui rendre son baiser tout naturellement, ayant décidé de débrancher mon cerveau.

Et comme souvent le timing laissait à désirer. Elle s’était reculée, me laissant là, face à elle et immobile. Mes doigts glissaient sur mes lèvres tandis que je rouvrais les yeux, mon regard toujours posé dans le sien. C’était son choix. Je ne l’avais forcé en rien. Et ce soir non plus. Pourtant ses mots mettaient du temps à faire leur bout de chemin dans mon esprit, restant encore avec le goût de ses lèvres sur les miennes. Je me surpris même à passer ma langue sur ces dernières comme pour être sûr que ce n’était pas une hallucination. « Pourquoi… » Mes mots étaient faibles mais bordel qu’est ce que j’aurais voulu tout plaquer et quitter les lieux, m’enterrer dix mille pieds sous terre ! C’est ce que quelqu’un de censé aurait fait. Mais je ne l’étais pas. Du moins je ne l’étais plus avec elle. Alors sans préambule, sans le moindre mot en supplément, je me saisissais de son visage avec insistance, venant lui rendre son baiser, sa passion et sa peine. Mes mains se resserraient par instant, mon souffle se voulant court tandis que je reculais nos deux corps contre le mur qui se trouvait derrière nous. J’aurais pu m’arrêter là, me reculer et lui dire que mon choix était de ne pas recéder à la tentation qu’elle représentait. Mais depuis quand j’allais contre mes envies ? Depuis quand je me voilais la face ? Trop de temps maintenant.

L’une de mes mains descendit le long de sa nuque, venant se poser contre le col de son haut tandis que mon front se collait au sien. Mes yeux ne regardaient plus qu’elle, et un léger sourire en coin venait se dessiner sur mes lèvres. « On ne doit pas… Dani… Pas comme ça… » Mes mots tombaient comme un couperet ma raison voulant reprendre le dessus. Malgré tout, je ne pouvais reculer mon corps du sien, ma main de sa peau. Je restais là quelques instants encore, laissant tomber ma tête en arrière tout en niant d’un simple mouvement. « Qu’est ce qui nous arrive… » Je riais. Aussi surprenant que cela puisse paraître, je me laissais dépasser par l’étendu de la situation et mon rire était nerveux. « C’était peut-être ton choix Dani… Tout comme c’était le mien de me glisser contre toi…» repris-je en me reculant enfin d’elle, faisant les cent pas, une main sur ma nuque comme pour chasser cette envie stupide qui venait de me prendre. C’était indéniable, elle avait un petit quelque chose qui me faisait flancher à chaque fois qu’elle s’approchait de moi. « Si pour toi cela ne voulait rien dire… Ce n’était peut-être pas le cas pour moi… » lui avouais-je enfin, m’arrêtant face à elle, les bras écartés comme si j’abandonnais enfin cette lutte acharnée. « Ce n’est pas pour te protéger… C’est pour nous protéger » conclus-je avant de reprendre sans lui laisser le temps de pouvoir riposter. « Tu pourrais avoir n’importe quel homme sur la Terre Dani… Pourquoi moi ? Pourquoi y accorder tant d’importance alors que tu ne peux même pas m’accorder ton pardon ? » Mes questions fusaient aussi rapidement que les idées qui m’avaient habité il y a quelques instants, dans ce moment de faiblesse.

Mais qu’est-ce que c’était dur de rester là, immobile alors que mon instinct primaire me disait de relâcher la pression et de céder à la tentation. Après tout c’était le moyen unique d’y résister non ?


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Message(#) Sujet: Re: all these memories run my mind in slow motion (keith) all these memories run my mind in slow motion (keith) EmptyLun 27 Avr - 14:54





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Ses lèvres sont sur les siennes, ses mains sont dans ses cheveux. L’instant ne parait pas réel, qu’est-elle en train de chercher à prouver ? Que son cœur n’est pas en train de tonitruer dans sa poitrine, que ce baiser ne lui fait rien ? Le goût de ses lèvres la ramène instantanément à cette soirée d’il y a sept ans. A une soirée un peu arrosée comme ils avaient eu l’occasion d’en passer. A rire, à manger, à boire et à regarder un film stupide qu’ils auraient passé la soirée à commenter.  Elle se souvient des défis lancés et du pseudo combat organisé dans son salon, pour gagner le droit à la dernière glace dans le frigo. Un moment qui n’aurait été que complicité habituelle pour deux personnes qui se connaissaient depuis longtemps. Jusqu’à ce qu’elle se retrouve emprisonnée dans son étreinte. Elle se souvenait de son rire alors, fier d’avoir gagné cette putain de glace. Elle se souvient de l’air qui s’était soudain électrisé, de son cœur qui avait effacé toute pensée raisonnable. Était-ce la bière de trop, l’air lourd de fin d’été ? Ou était-ce juste les sentiments qu’elle avait pendant trop longtemps enfermés ? Elle ne savait pas, mais elle se souvenait qu’il avait dû sentir la tension irrespirable quand il avait défait son étreinte et qu’elle s’était retrouvée là aussi trop près de lui, son corps presque collé au sien, ses yeux révélant un désir et un amour qu’elle avait pendant un temps cherché à cacher. C’était elle qui avait franchi la ligne, qui avait agrippé sa nuque et qui avait posé les lèvres sur les siennes. Le baiser à l’époque n’avait été que chaleur, désir et tension.  Il n’y avait pas eu la colère, pas de peine, pas d’égo, pas de passé trop lourd à supporter.  Elle n’y avait pas cru lorsqu’il s’était mis à l’embrasser à son tour, n’y avait pas cru quand leur amitié avait changé sans possibilité de retour en arrière.

Elle ne sait pas ce qu’elle cherche à prouver. Qu’il pouvait la désirer, qu’elle n’était pas fragile, qu’elle le supporterait mais si ça ne voulait rien dire de plus. Elle ne pense pas qu’il va répondre à ce baiser en vérité. Elle a compris depuis longtemps qu’il ne partage pas ses sentiments, qu’il avait eu des sentiments pour quelqu’un d’autre et pas pour elle.

Pourtant son cœur rate un battement lorsqu’elle voit sa langue chercher le goût que ses lèvres ont laissé sur les siennes.  Il demande pourquoi et elle ne sait pas quoi répondre. Pourquoi s’infliger ça quand il n’y avait qu’une seule fin possible et qu'elle n’était pas sûre de pouvoir ramasser les morceaux de son cœur. Pas cette fois-ci. Pas quand le cœur avait déjà été éventré par la mort de son père, par une tristesse qui rongeait tout le reste. Mais elle n’y pense pas, se force à garder le vide libérateur dans son esprit. Il va la repousser cette fois-ci elle en est persuadée.

Pourtant, Keith se saisit de son visage et lui rend son baiser, lui coupant le souffle.  Son corps se retrouve prisonnier entre le mur et son corps trop près du sien. Son cœur s’envole, ses mains, sans avoir eu besoin de réfléchir, se sont accrochés à ses hanches pour rapprocher son corps du sien, comme s’il aurait pu être plus près, comme si la distance était devenue insupportable.  Son corps frisonne quand sa main descend le long de sa nuque, venant de se poser sur le col de son haut, son front collé au sien.  

Ils ne doivent pas, pas comme ça.  Danika se rend compte alors que tout comme la fin est inévitable, le début l’est tout autant.  Cela faisait sept ans qu’elle avait enfermé ses sentiments sans plus y penser, son absence aidant à effacer toute trace de son corps de ses souvenirs. En entrant dans cet appartement, elle avait renoncé à les oublier.

Il se détache d’elle et son corps crie son mécontentement face à ce départ. Mais la peur lui serre les entrailles. Il va la rejeter. Puis il l’abandonnera encore.  Elle en est persuadée, n’est pas sûre de pouvoir le supporter. Pourtant les mots qu’il prononce la prennent par surprise sans qu’elle puisse le cacher. L’idée que pour lui cette nuit avait voulu dire quelque chose ne lui avait jamais traversé l’esprit. Elle s’était doutée de son amour pour Andréa. Elle s’était persuadée que cette nuit n’avait rien voulu dire à ses yeux, qu’il l’avait utilisée et qu’il était parti parce qu'il n'en avait plus rien à faire de leur amitié. Avait-il finalement cherché à se protéger lui aussi ? Ses paroles font lentement craquer le mur autour d’elle.

Elle ne comprenait pas comment cet homme avait le pouvoir de la mettre hors d’elle en quelques phrases, pour aussitôt après la forcer à se jeter d’une falaise pour qu’elle admette enfin ses sentiments. Elle ne comprenait pas comment par quelques mots il lui arrachait le cœur pour le reconstruire dans la minute qui suivait sans même s’en rendre compte.  Leur conversation était un tourbillon émotionnel sans fin, elle s’effondrait dans sa tristesse pour, les minutes suivantes, tout effacer dans un vide qui ne laissait que sa colère. Et voilà que sans difficulté il perçait le mur autour d’elle sans état d’âme. Pourquoi lui ? Pour sa loyauté qui était le miroir de la sienne, sa passion l’écho de la sienne. Pour la colère qu’elle n’avait jamais su contrôler et que lui semblait avoir toujours maîtrisé.  Pour sa main dans la sienne, tendre et prête à effacer toutes les peines que subissaient son cœur. Parce qu’il pouvait la détruire aussi bien qu’il pouvait la reconstruire. Parce qu’il était lui et qu’il n’y avait toujours eu que lui. Il était le seul pour qui elle n’avait pas fui. Mais est-elle seulement capable de lui dire ?

« Parce que j’ai besoin que tu me vois. »  La voir comme la femme qu’elle était. Non comme la gamine à protéger. Elle s’approche de nouveau de lui. Ses doigts effleurent le long de son bras. Elle semble réfléchir à ses prochaines paroles. Elle n’est pas prête à lui dire alors à quel point ses sentiments débordent, quand elle les a niés la minute d’avant. Mais elle sait qu’elle doit lui donner quelque chose pour ne pas que le moment se brise. Elle le regarde de nouveau. La colère est toujours là, jamais complètement maîtrisée. Mais elle est moins amère, plus douce. Sa voix n’est qu’un murmure : « Parce que ne pas t’avoir dans ma vie est plus dur à supporter que toute la peine que tu pourrais me faire. » Le regard de Danika se pose sur les lèvres de Keith, elle ne franchit pas le peu de distance qui sépare leurs visages.  

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Message(#) Sujet: Re: all these memories run my mind in slow motion (keith) all these memories run my mind in slow motion (keith) EmptyMar 28 Avr - 9:36


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J’avais craqué. Voilà il ne pouvait pas en être autrement. Pour que mes lèvres redemandent le goût de celles de Danika, que mes mains parcourent ses courbes et que mon corps réagisse à une dizaine d’autres signaux. Il n’y avait qu’une seule explication et elle se trouvait être en mon for intérieur : J’étais en train de divaguer, de laisser mon esprit prendre le contrôle sur ma rationalité sans penser aux dommages collatéraux que cela pouvait représenter. La scène s’était déjà produite il y a sept ans. Une soirée comme tant d’autres, assis sur mon canapé à l’écouter déblatérer sur chacune des scènes de combat que le navet qui passait à la télé pouvait laisser apercevoir. Et j’étais là, à sourire bêtement, appréciant la légèreté que Danika pouvait m’apporter. Cette même légèreté qui me semblait aujourd’hui si lointaine. On avait bu, oui, pour accompagner les pizzas fraîchement commandées comme souvent quand la seule soirée de repos que je m’accordais était une soirée plateau-télé. Adieu cadavres entassés, enquêtes mal menées, le temps d’une soirée je pensais redevenir cet adolescent que j’étais : joyeux et taquin. Pourtant ce soir-là, mon cerveau avait décidé de ressasser les déclarations que ma collègue avait lâché avant de partir. Elle avait quelqu’un. Et j’étais fou éperdu d’elle. Une histoire terminée avant même d’avoir commencé. J’aurais pu profiter de la présence de Dani à mes côtés pour me livrer, mais ce n’était pas mon habitude. J’aurais pu tout avouer à Andréa, mais là encore ce n’était pas mon genre. Non j’avais préféré garder le silence comme toujours. Puis elle avait voulu jouer. Se battre comme on le faisait si bien elle qui m’accordait les combats les plus intéressants à mener. Je n’étais jamais certains de gagner contre elle alors quand il s’agissait de jouer pour une glace, j’étais le premier à vouloir gagner. Même si cette soirée-là, malgré la victoire, je n’avais pas eu l’occasion de manger cette glace.

Les choses s’étaient passées tellement vite, comme cela s’était déroulé il y a sept ans. La seule différence se trouvait être la peine palpable qui faisait que nos corps se repoussaient autant qu’ils s’attiraient. Il y a sept ans, j’avais été surpris par le geste qu’avait intimé Dani, me retrouvant à lui rendre cette passion avec tendresse sans m’en rendre compte. J’avais succombé aux désirs charnels et l’avait emmené dans mon lit, lui montrant multiples façons de la satisfaire. Mais intimement, j’étais en train d’oublier dans des bras ceux que je désirais vraiment. Et me voilà, sept ans plus tard, quasiment au même stade. La différence notoire était qu’aujourd’hui la passion avait été remplacée par la haine et la délicatesse par la peine. Il n’y avait qu’un pas de l’amour à la haine, même si mon cœur ne pouvait l’empêcher de la chérir, je n’aurais jamais pu lui offrir ce dont elle désirait réellement.

« …j’ai besoin que tu me vois. » Les mots font écho, se répétant sans cesse. Ne lui avais-je pas accordé toute l’attention nécessaire ? N’avais-je pas été à l’affût du moindre de ses silences, de chacun de ses doutes et de toutes ses interrogations que la nuit insérait dans son esprit ? N’avais-je pas eu ma porte ouverte au beau milieu d’une nuit blanche, lui laissant mon canapé à disposition ? Ce n’était donc pas de cette façon qu’elle voulait que je la vois. Un frisson se déclencha en sentant la délicatesse de ses doigts sur mon avant-bras. J’avais beau fixé l’horizon, tous mes sens me rappelaient que j’étais prêt à céder de nouveau à cette pulsion qui n’était bénéfique ni pour elle, ni pour moi. « Je t’ai toujours vu Danika… Peut-être pas comme tu le désirais » avouais-je plus calmement, dans un soupir. Je me tournais vers elle, désolé d’avance de ce que j’allais pouvoir lui dire, de ce que j’allais pouvoir faire. Pourtant, ce fût elle qui me surprit à se livrer comme elle ne l’avait jamais fait. Ma main vint attraper la sienne et je décidais enfin de la regarder. De nouveau. Aurais-je été aveuglé par l’image de la petite fille pour voir qu’elle était devenue une jeune femme ? Probablement. Comme un frère qui ne veut pas voir grandir sa petite sœur… Ah oui, elle ne l’était pas. Elle ne l’avait jamais été. Et toute l’admiration qu’elle pouvait me porter prenait un tout autre sens maintenant que ces mots étaient posés.
« J’ai besoin de toi Dani… » avouais-je à mon tour tandis qu’elle restait fixée sur mes lèvres. Je déglutissais, fermant les yeux une fraction de seconde avant de nier d’un signe de tête. « Je ne peux pas… » lui dis-je simplement alors que mes mots résonnaient comme une tentative pour me convaincre autant qu’à elle. « Cette nuit-là… La seule qui s’est passée… J’étais perdu… Et c’est indéniable que tu me plais. » poursuivis-je en rompant le contact, bien trop dur à supporter mais en restant droit face à elle. Je ne m’enfuirais plus. Il était hors de question de ne pas assumer mes responsabilités. « Mais je ne suis pas de ceux qui couchent une fois sans sentiments… Et toi non plus tu ne mérites pas ça… » Je tentais de lui sourire légèrement, levant mon index dans sa direction pour lui faire comprendre que je n’avais pas terminé de lui dire ce que j’avais sur le cœur.

« On ne peut pas le faire Dani… Je ne dis pas que c’était une erreur il y a sept ans. Je dis simplement que je ne peux pas te faire ça… Je ne veux pas prendre le risque de te perdre de nouveau… de te perdre tout court… Parce que regarde moi Dani… Je suis au bord du gouffre… Et si au moins une fois dans ma vie je pouvais prendre la bonne décision pour éviter de faire souffrir les gens qui m’entourent…. Ce serait celle-ci ». Je m’arrêtais net sur ces dernières paroles, déglutissant tandis que j’étais pendu à l’attente de sa réaction. Je n’étais vraiment pas le plus doué pour ouvrir mon cœur et encore moins pour formuler le tout sans prendre le risque de la blesser. Je m’approchais d’elle, déposant un léger baiser sur sa tempe, profitant du geste pour murmurer à son oreille. « Pardonne-moi… ». Puis, non sans difficultés, je décidais de me retirer de la proximité de nos deux corps, m’apprêtant à rentrer de nouveau dans ma demeure. J’étais face à la baie-vitrée, observant le reflet de la jeune femme dans la vitre, une main sur la poignée que je n’avais pas encore tirée. Et j’étais soulagé. Plus léger de m’être libéré de cette vérité.

Et quoi qu’il advienne, je prenais conscience que fuir n’étais rarement une solution rentable mais surtout une preuve de lâcheté. Et j’en avais terminé d’être lâche. Pas avec elle. Pas avec cette femme.


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Message(#) Sujet: Re: all these memories run my mind in slow motion (keith) all these memories run my mind in slow motion (keith) EmptyMar 28 Avr - 11:32





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@KEITH WEDDINGTON  & DANIKA

Soudain tout se brise. Elle sent le sol glisser sous ses pieds, sent le mur éclater en éclats et elle se retrouve mise à nue sous le regard de l’homme pour qui elle avait eu trop de respect, trop d’estime. Elle a l’impression d’être spectatrice de sa propre destruction, comme dans un rêve qui se transforme en cauchemar.

« Je ne peux pas… » Le mot brise l’espoir, efface tout sur son passage et soudain elle a l’impression de se noyer. Instinctivement elle recule, son regard reste toujours fixé sur lui comme si elle essayait désespérément de se raccrocher à quoique que soit. A une parole, à un mot, à un geste qu’il pourrait lui donner.

Il ne dit pas que c’était une erreur. Mais pour elle c’est comme s’il avait prononcé les mots. Et tout son corps semble transpercé par le mot. Erreur. Elle et lui. Lui et elle. Elle. Elle. Elle.  Elle ne le regarde plus alors. Son regard se pose sur le sol, ses bras viennent encercler son corps de nouveau, comme une dernière protection. Mais c’est trop tard.  Il l’a forcée à se jeter d’une falaise juste pour la voir tomber. Il n’y a plus personne pour la rattraper.  Il se dit au bord du gouffre mais ne voit pas qu’elle est déjà en chute libre et qu’il vient de l’accélérer.

Le baiser sur sa tempe est un acide qui détruit tout sur son passage. Elle lutte pour ne pas le repousser violemment.   Elle n’est pas capable de le pardonner. Pas cette fois. Parce qu’il n‘a pas su voir à quel point, elle avait été brisée par la mort de son père. A quel point elle avait besoin de lui ce soir. A quel point elle avait eu besoin qu’il la prenne dans ses bras, qu’il l’embrasse, même s’il devait prétendre pour une nuit. A quel point, elle n’était pas capable de supporter ces mots qui révèlent que lui n'est même pas capable de ça.

En évitant de la faire souffrir, il vient de la détruire.  Un deuxième abandon. Encore plus violent que le premier.  Elle comprend alors qu’elle ne vaut rien. Qu’ils partiront tous. Parce qu’elle n’est pas assez bien pour être aimée. Elle qui avait passé sa vie à se dépasser dans l’espoir qu’on la voit, dans l’espoir d’être aimée et respectée assez pour ne plus jamais être abandonnée.  Sa mère était partie. Son père était mort. Et Keith qui aurait pu ramener un sourire sur son visage venait d’avouer qu’il ne se serait jamais capable de l’aimer. Elle tente désespérément de retrouver le vide salvateur, celui qui lui avait permis de continuer à avancer ces deux derniers mois. Celui qui lui permettait de respirer quand elle avait l’impression de se noyer dans sa tristesse et dans son mal-être. Elle n’y arrive pas, est incapable de s’accrocher à quoique ce soit.

Elle s’approche de nouveau de lui, pose une main sur la sienne dans l’unique but d’ouvrir la poignée de la terrasse, de le forcer à reculer pour qu’elle entre de nouveau dans l’appartement.  Elle ne le regarde plus, ne le voit plus.

Les photos sont toujours sur le plan de travail, il y a deux tas, celui de leurs pères et le leurs.  Les photos d’un temps révolu. Elle prend celles qui les représentent, les regarde un instant. Sans un mot elle les prend et ouvre la poubelle. Elle les laisse tomber et son regard reste fixé sur la fille qui rit sur la photo. La fille a disparu il y a longtemps. Danika ne se reconnait pas. Ne comprend pas qui elle est devenue. Elle referme la poubelle. Ses gestes sont mécaniques, sans vie, chaque pas est un effort dans sa fuite. Elle se dirige vers la porte d’entrée. Et se tourne vers lui une dernière fois.  La colère est loin. Il ne reste plus que ce qu’il a brisé.  Elle lui sourit alors, d’une tristesse cruelle.   « C’est trop tard. »  Une pause. Un moment pour ne pas perdre pieds. « Tu m’as déjà perdue depuis longtemps. »  

Danika n’attend pas la réponse, elle quitte l’appartement, remonte dans sa voiture et reprend la route vers chez elle. Bien plus tard, garée devant chez elle, elle essaye d’allumer une cigarette mais ses mains tremblent trop. Se rend-t-elle compte, des larmes qui enfin coulent sur ses joues, brouillent sa vision ?
Elle est seule. Ils sont tous partis. Son corps se recroqueville et elle force un poing à l’intérieur de sa bouche pour étouffer le cri qui manque de la déchirer. Elle avait besoin de lui, si désespérément besoin de lui mais Keith n’avait pas su le voir.


Pour la première fois depuis deux mois, Danika allume le répondeur de son portable et écoute le dernier message que son père a laissé sur son répondeur. La voix de son père raisonne sur le téléphone. Un message sans grande importance qui se termine par des mots de la plus grande importance. « Je t’aime ma Dani, à demain ma grande » Les mots raisonnent encore et encore et les larmes coulent de plus belle. Elle essaye de se raccrocher à ce message comme on se raccroche à une bouée. Son père aurait su effacer ses larmes. Il aurait su ramener un sourire sur son visage. Mais il était mort. Et la deuxième personne qui aurait été capable de le faire venait de l’abandonner à sa peine.


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