Je lui en suis reconnaissant à mon meilleur ami de m'avoir laisser un peu de liberté. Je pensais sincèrement que j'en avais besoin, mais au final je lui suis encore plus reconnaissant de m'avoir retrouver dans la salle de bain. Car, assit là sur le rebord de la baignoire, je commence tout doucement à me rendre à l'évidence : quelque chose ne va pas. Et je ne parle pas mentalement mais bel et bien physiquement. A chaque inspiration j'ai l'impression que mon bras droit s'engourdit d'avantage, à chaque expiration la force dans mes jambes se perd. Ma vue, elle aussi se trouble et c'est tout juste si j'arrive à garder mon regard poser sur mon meilleur ami lorsque celui-ci s’accroupit en face de moi.

Je l'entend me parler, mais je ne comprend pas le sens de ses mots. Je me sens glisser sur le sol et remarque la fraîcheur de la baignoire dans mon dos ainsi que la pression de la main de Loan sur mon abdomen, mais je ne parviens par à savoir ce qu'il me veut. Je tente de garder mon regard accroché sur le sien, mais il m'échappe autant que la réalité. Je parviens encore à secouer la tête, une lueur d'excuse se mettant à briller dans mon regard, avant de sombrer dans l'inconnu.

***

Plus jamais je ne douterais quand, à l'avenir, on me dira que les personnes dans le coma ressentent et entendent tout ce qui se dit et se fait autour d'elles. Les sons, les odeurs, les voix vives, même les couleurs et les lumières des néons, j'ai conscience de tout ça. Lorsqu'on me touche, qu'on m'enfonce des aiguilles dans les avants bras sans ménagement, qu'on me déplace, je le sens. J'ai envie de leur dire de me laisser tranquille, de leur faire comprendre que je suis là, mais ce n'est qu'un grognement de frustration qui parvient à s'échapper de ma gorge. J'ouvre les yeux, regarde les gens qui se penchent au-dessus de moi puis panique, tente sans doute de me lever, mais des mains ferme me retienne avant qu'une sensation de liquide froid ne traverse mon bras et que je ne sombre à nouveau sur mon oreiller.

Lorsque je rouvre à nouveau les yeux, la première chose que je remarque est l'obscurité qui m'entoure. Bizarrement, celle-ci à quelque chose de reposant et c'est avec une certaine douceur que je reprend peu à peu conscience de ce qui m'entoure. Mon regard est posé sur un plafond. A droite de moi se trouve un pied à perfusions sur lequel sont accroché deux sachets de liquides non identifiables. A gauche, au loin, il y a la porte qui est ouverte et qui représente la seule source de lumière de la pièce. Au vu des bruits divers et variés qui me parvienne, je n'ai pas de mal à identifier l'endroit où je me trouve : l'hôpital. Prenant une profonde inspiration, je relève la tête et tressaute subitement lorsqu'une main se pose sur mon épaule. C'est un regard paniqué que je trouve vers la personne qui s'est relevée et souffle doucement, rassuré, en reconnaissant Loan, autant à son visage qu'au son de sa voix. Je cligne plusieurs fois des yeux, puis repose ma tête sur l'oreiller et humecte mes lèvres.  «De l'eau » soufflais-je d'une voix faible et rauque avant de toussoter  «Y a de l'eau quelque part ? » reprenais-je plus fortement.

@Loan Severide

Il est devenu de plus en plus pâle Martin et sans prévenir, il a tourné de l’œil. Comme ça. Dans un souffle, j’ai vu sa tête pencher sur le côté, ses yeux se fermer et il ne réagissait plus du tout. J’ai hurlé, je l’ai secoué fort, j’ai même failli lui mettre une claque avant de réaliser que ça ne servirait à rien et que je ferais mieux de réagir rapidement. Je l’ai abandonné sur le carrelage de la salle de bain pour aller chercher mon téléphone et hurler à mon père que j’avais besoin de lui. Une fois les secours appelés, papa m’a aidé pour allonger Martin et surveiller sa respiration. J’étais à deux doigts de l’hystérie la plus totale. Il a sombré sous mes yeux alors que je tentais de l’aider à respirer alors déjà, je m’imagine le pire. « Loan calme toi. » que me demande mon père alors que l’on entende sonner en bas. « Va ouvrir, c’est l’ambulance. » Je me précipite dans les escaliers tellement rapidement que je manque de louper la première marche. J’accueille les secours en les assommant d’un discours décousu pour tenter de leur expliquer ce qui venait de se passer alors que je n’ai absolument aucune idée de ce qui a bien pu arriver à mon meilleur ami. « Il a eu un sacré choc émotionnel aujourd’hui. Puis il était pas très bien en arrivant ici. Il a fait tomber une bouteille comme s’il n'avait pas su l’attraper. Puis il avait du mal à respirer. Il était tout pâle et il a perdu connaissance. » Je parle vite et fort, je perds mon souffle alors qu’un des ambulanciers se penche au-dessus de Martin. « Il a une pathologie particulière ? Des problèmes de santé ? » « Non… Non il m’aurait dit. » Il m’aurait dit hein ?

Je suis obligé de négocier pour partir avec eux dans l’ambulance. Il m’en voudra plus tard Martin, mais j’ai prétendu qu’il était mon petit ami que l’on vivait ensemble depuis des années et mon père a confirmé comprenant la supercherie. Une fois à l’hôpital, je me suis retrouvé seul dans un couloir blanc et froid. Cela a semblé durer des heures et des heures avant qu’une infirmière vienne me chercher, elle m’explique pratiquement rien, mais me dit que je peux rester dans la chambre de Martin et c’est tout ce que je voulais entendre. Lorsque j’entre dans la chambre, je suis choqué par la vision qui s’offre à moi, mon meilleur ami allonger dans cette chambre, brancher à tout un tas de fils et le teint si pâle. « Qu’est-ce qui t’arrive Martin ? » que je murmure en effleurant sa main. Je prends place sur la seule chaise présente dans la pièce et attends.

J’attends, j’attends, j’attends. Les heures défilent et c’est très tard lorsque Martin fini par émerger de sa longue sieste. « Hey… » Il a l’air paniqué et je me lève pour qu’il puisse voir mon visage. « C’est moi. » Je lui souris timidement et me précipite dès qu’il demande de l’eau. Je remplis un verre en plastique et attrape la paille que m’avait laissée l’infirmière. « Tiens, fait doucement. » Je l’aide à boire doucement et finis par l’aider à se redresser dans le lit. « Tu t’es évanoui dans la salle de bain et tu revenais pas à toi alors j’ai appelé les secours. » dis-je doucement avant de tirer la chaise pour m’asseoir près de Martin sans jamais le lâcher des yeux. « Je sais pas ce qui t’est arrivé. Personne veut rien me dire, pourtant, j’ai dit qu’on était en couple depuis des années. » Je tente d’en rire un peu, malgré tout.

En rouvrant les yeux, je remercie sincèrement celui ou celle qui a eu la présence d'esprit d'esprit d'éteindre toutes les lumières de ma chambre. Ainsi mes pupilles ne sont pas agressées pas la trop vive luminosité des néons dégueulasses et je peux émerger tranquillement. Très vite, pourtant, je remarque que je ne suis pas seul et c'est avec soulagement que j'aperçois Loan. J'aimerais dire beaucoup de chose, poser des questions, mais les seuls mots qui sortent de ma bouche sont ceux pour demander de l'eau. Fort heureusement, mon meilleur ami s'exécute et sort rapidement de la chambre. Je l'entends échanger quelques mots avec quelqu'un dans le couloir -sans doute une infirmière- avant qu'il ne revienne avec un gobelet. Je le laisse m'aider et prend plusieurs longues gorgées avant de me recoucher à nouveau en soufflant doucement.

C'est alors que Loan commence à m'expliquer ce qui s'est passer. Il me connaît décidément parfaitement bien ! Voilà ce que je me dis alors qu'il me dit que j'ai perdu connaissance dans la salle de bain et, comme je ne revenais pas à moi, ils ont -son père et lui- décidé d'appeler l'ambulance. Malheureusement, il n'a, lui non plus, aucune idée de ce qui se passe réellement, car personne n'a voulut lui dire quoique ce soit. Et ce n'est pas faute d'avoir dit que lui et moi étions ensemble depuis plusieurs années !  «T'es con» soufflais-je en souriant, amusé.

 «Je t'avoue que j'ai absolument aucune idée non plus » je pince les lèvres et déglutis, poussant légèrement sur mes coudes pour me redresser un peu plus plus  «Tout ce que je sais c'est que c'est pas dans mes habitudes de perdre connaissances et dieu sait que des choques émotionnels j'en ai déjà eu » je fronce légèrement les sourcils  «Je... »

Je ne peux en dire d'avantage que la lumière s'allume bien trop brusquement pour mes pupilles. Aveuglé, je ferme les yeux et détourne le regard en grognant de mécontentement.  « Ah désolée» dis simplement l'infirmière sans pour autant changer quoique ce soit et s'approche de moi  «Comment tu te sens ? » demande-t-elle tandis qu'elle vérifie les quelques réglages  «j'ai connu mieux» que je répond dans un grognement en clignant plusieurs fois des yeux jusqu'à ce que ceux-ci se soient habitué à la luminosité  «Je vais juste te faire une prise de sang histoire qu'on puisse l'envoyer au labo le plus vite possible et qu'il soit analysé dès demain matin » explique-t-elle en repartant.

 « charmant» grimaçais-je avant de poser mon regard sur ma main gauche et fronce légèrement les sourcils avant que mes yeux ne glisse vers mes jambes recouvertes d'une couverture.  « C'est bizarre» dis-je, songeur, plus pour moi qu'autre chose. Retirant ma main droite de sous la couette, je repousse cette-dernière pour avoir mes pieds en visuel. Mais j'ai beau me concentrer comme je veux, je ne parviens pas à faire bouger les orteils  «bon, ça doit être la fatigue» concluais-je finalement, comme pour me persuader, alors que dans le fond la panique commence à revenir à la charge.

 «T'es pas obligé de rester, tu sais » reprenais-je, changeant de sujet pour me concentrer sur autre chose et essayer de ravaler l'angoisse qui rage e moi  «Tu ...enfin tu peux rentrer si tu veux et je ... » je prend une profonde inspiration  « Est-ce t'as appelé Ian ?» demandais-je, bien que je ne doute pas une seule seconde que mon frère va débarquer d'une minute à l'autre dans cette chambre étant donné qu'il est mon contact d'urgence.

@Loan Severide

Un long soupir de soulagement m'échappe lorsque je vois Martin s'agiter et finalement se réveiller. Il m’a fait une belle frayeur en restant inconscient aussi longtemps. Heureusement, c'est bel et bien mon meilleur ami que je retrouve lorsque la première chose qu'il me dit, c'est que j'ai été con de me faire passer pour son compagnon. « Eh estime toi chanceux, t'as un petit ami attentionné et un beau-père très soucieux. » que je plaisante un peu même si je dois l'avouer, le cœur n'y est pas vraiment. « C'est le seul truc que j'ai trouvé pour pouvoir rester avec toi. » que je finis par avouer en haussant un peu les épaules. Il m'aurait été impossible de rester sagement assis dans la salle d'attente sans pouvoir le voir ou savoir ce qui était en train de lui arriver.

D'ailleurs, il pense comme moi, Martin. Ce n'est pas le choc émotionnel qui a bien pu provoquer une telle réaction physique. Même pour l'annonce de ses parents, son corps n'avait pas réagi aussi violemment. Cela reste un mystère que j'aimerais beaucoup élucider, mais l'infirmière se contente de venir lui pomper un peu de sang sans nous en dire davantage. Ce qui commence sérieusement à m'inquiéter, c'est lorsque Martin se met à fixer ses jambes d'un air paniqué. Il se met à parler tout seul, fait des constatations et il me faudra un instant pour comprendre que quelque chose ne va pas avec ses jambes, justement. « Qu'est-ce qui se passe ? » Mais il ne me répond pas mon ami, il préfère me dire que je n'ai pas obligation de rester avec lui. Je lève yeux au ciel préférant ne même pas répondre à ce genre de connerie. Bien sûr que je vais rester avec lui après tout ce qui a bien pu se passer ce soir. Hors de question que je le laisse tout seul. Il me demande après son frère et je ricane doucement. « L'infirmière l'a appelé sous mon nez et quand elle a parlé de ton compagnon, je me suis empressé de le rappeler derrière, j'avais un peu honte. » Je hausse les épaules. On s'entend bien avec Ian, mais jamais on se fréquentera sans Martin. Il est un grand frère que j'ai toujours secrètement admiré, mais sans jamais vraiment lui en parler. Pour lui, j'étais probablement le copain un peu bruyant de son frère. « Il m'a demandé de le rappeler quand tu te réveilleras. Donc je vais aller faire ça. » que je dis en posant ma main un peu fortement sur la jambe de Martin. Il réagit à peine, son regard rivé sur la fenêtre. « Mais avant, tu vas me dire ce qui se passe avec tes jambes. » L'avantage, c'est que son frère est médecin et si je dis à Ian qu'il y a un sérieux problème, il va débarquer en moins de deux minutes.

Je laisse échapper un petit rire lorsque Loan continue avec sa petite plaisanterie, me disant qu'avec son mariage j'ai hérité d'un petit ami très attentionné et d'un beau père très soucieux avant de révéler qu'en fait c'est le seul truc qui lui est venu à l'esprit afin de pouvoir rester auprès de moi.  «Merci » dis-je, reconnaissant au possible avant de me concentrer à nouveau sur mon corps et les sensations qu'il me procure.

Ou plutôt le manque de sensations. Alors que je tente de bouger ma main gauche, je remarque rapidement que celle-ci ne me répond pas. De même que mes jambes. Je les fixe quelques instants, m'exprime un peu et parle plus pour moi qu'autre chose avant de soupirer doucement et mettre le tout sur le compte de la fatigue. Je décide, en plus, de changer de sujet et questionne mon meilleur ami sur mon frère, ignorant sa demande d'explications.

Il m'avoue que l'infirmière a appelé Ian devant lui, parlant de Loan comme mon compagnon.  «ça a du bien le faire marrer » souriais-je, pouvant totalement bien imaginer ce qui est passé par la tête de mon frère au moment de la déclaration. J'hoche la tête lorsque Loan me dis qu'il va aller prévenir Ian que je suis réveillé, mais ça aurait été trop beau qu'il s'en aille directement. Posant une main sur ma jambe, il me demande de lui dire sincèrement ce qui se passe avec mes membres.

 «Je sais pas » soufflais-je d'une petite voix  « je … je sens parfaitement ta main, je sais qu'elle est froid et combien tu met de pression mais j'arrive pas à les bouger. La droite comme la gauche» je secoue la tête  «Pareil pour mon bras  » je prend une profonde inspiration  «C'est juste la fatigue hein » je pose mon regard sur Loan  «Je viens de me réveiller de plusieurs heures d'inconscience, faut juste que mes muscles se réveillent » et pourtant je bouge parfaitement le bras droit. N'est-ce pas un signe que quelque chose est réellement déréglé ?

@Loan Severide

On échange rapidement sur son frère, bien entendu que ce dernier a été prévenu. Il est son contact d’urgence depuis des années. Puis même si je ne suis pas extrêmement proche d’Ian, je n’allais pas lui cacher cela alors que je sais à quel point, il tient à son petit frère. Ils ont une relation particulière tous les deux, mais ils sont la seule famille que l’autre a encore, c’est important tout ça. Et bien sûr que son frère c’est mis à rire quand je l’ai directement appelé pour corriger les dire de l’infirmière. « Tu sais bien qu’il a explosé de rire. » je dis en souriant un peu. « Au moins il était rassuré que tu sois avec moi et pas tout seul. » Je hausse un peu les épaules tout en continuant à observer mon meilleur ami. Il est si calme dans son lit d’hôpital, mais je vois bien qu’il ne cesse de fixer ses membres et que quelque chose ne va pas.

Je tente de manière absolument pas discrète de lui arracher des informations et cela fonctionne au moins un peu. Sauf que la réponse de Martin, me fait flipper plus que jamais. « Tu peux pas bouger du tout, du tout ? » J’enlève la pression que j’exerçais avec ma main pour lui laisser l’espace de bouger, mais rien du tout. Je n’aime pas du tout cela. D’abord il s’évanouit et maintenant il ne peut même plus bouger, pourtant il ne c’est pas taper la nuque, j’en suis certain, c’est moi qui l’ai rattraper avant que sa tête heurte le sol. Tout s’enchaîne dans ma tête alors que Martin tente encore de me rassurer, que c’est quelque chose qui va s’en aller, que c’est juste le résultat de sa petite sieste. « Ouais… Écoute, j’vais appeler ton frangin et voir si j’arrive à trouver ton médecin. » Je ne suis pas rassuré du tout et je n’arrive pas à faire semblant. « Tu m’inquiètes vraiment. »

Je m’éloigne au fond du couloir où se trouve une petite pièce pour téléphoner et passe un coup de fil à Ian qui m’apprends qu’il est déjà en route et qu’il sera bientôt sur place. Je préfère attendre son arrivée avant de l’inquiéter de trop. Je cherche un peu dans les couloirs, mais croise personne. Le temps que je reviens devant la chambre de Martin, Ian est déjà là. « Salut. » Je lui souris et on se fait un petit check comme on l’a toujours fait. « Ton frère va pas bien… » que je lui dis la voix un peu tremblante. [color=#000000]« Il arrive pas à bouger ses jambes, ça me fait flipper. » Je soupire un peu et pousse la porte pour que l’on entre ensemble dans la chambre. « Martin, Ian est là. » Je lui souris et vais reprendre ma place sur la chaise en plastique, laissant un peu les frères entre eux.

J'hausse simplement les épaules lorsque Loan me demande confirmation sur mon manque de motricité des jambes. Je ne souhaite pas le dire à nouveau à haute voix. Car le répéter encore et encore ne fera que donner plus d'importance encore à cette situation. Quelque part je suis peut-être dans le déni ? Enfin peu importe. Je laisse Loan s'en aller pour appeler mon frère et me retiens à temps de lancer un « je bouge d'ici » qui serait peut-être mal vu pour lui.

Du coup j'attends. Longtemps. Trop longtemps. J'ai l'impression que ça fait des heures que Loan est parti lorsque j'entends des voix derrière la porte, reconnaissant facilement celle de mon frère. Et effectivement, quelques instants plus tard, cette porte s'ouvre sur mon meilleur ami flanqué de Ian qui s'avance directement vers moi  « Désolé, je suis venu le plus vite possible» dit-il  «Comment tu te sens ? » m'interroge-t-il et se plaçant devant moi  « Ben ça va plutôt bien» que je répond dans un haussement d'épaule  «je... »  « Non mais je veux dire genre ...Sérieusement. Comment est-ce que tu vas ?» me coupe-t-il alors que j'étais sur le point de lui fournir quelques explications.

Je le fixe longuement, cligne des yeux puis pinces les lèvres pour éviter qu'elles ne tremblent et secoue doucement la tête  «ça va pas » avouais-je finalement d'une petite voix  « je sais pas ce qui m'arrive. J'arrive pas à bouger mes jambes, mon bras droit ne me répond plus et je ...ce ça fait quelques semaines déjà que j'ai plus de force dans la main. J'ai mis ça sur le dos de la fatigue et du fait de mon ancienne luxation de l'épaule » je vois mon frère hocher la tête, sachant parfaitement de ce que je veux parler  « Mais je ...» je lance un rapide coup d'oeil vers Loan  «Quand je suis aller chez Loan j'avais plus de coordination, ma main s'est refermé à plusieurs reprise dans le vide avant que je ne parvienne a attraper la bouteille qui a fini sa course au sol et je  »

Et elle arrive, cette crise d'angoisse tant redouter que je pensais pouvoir contrôler. Fort heureusement, mon frère s'y connaît parfaitement et parvient à gérer le tout en détournant mon attention. Ainsi la crise est, certes, très rapidement maîtrisée, mais me laisse dans un état second avec des questionnements incessant.  «Qu'est-ce qui m'arrive ? » demandais-je, la voix peint d'un réel désespoir  « je sais pas Martin» répond Ian en secouant doucement la tête  «Mais je vais m'assurer qu'il trouve rapidement  » il se redresse après un sourire qui se veut rassurant  «On en saura sans doute plus demain. Pour l'instant faut que tu te repose, ok ? » c'est ce qu'ils me disent tous, sans exception. Mais c'est tellement plus facile à dire qu'à faire.


@Loan Severide

Je suis véritablement soulagé de voir Ian arriver. On est plus des gamins, mais il reste la figure responsable du groupe, celui qui saura toujours quoi faire.Surtout dans ce genre de situation lorsque la santé de son petit frère est impliqué. Je vois dans son regard, qu'il prend toutes mes paroles très au sérieux et lorsqu'il rentre dans la chambre, je m'efface complètement. Je suis incapable de rester dans le couloir à attendre que l'on me dise de revenir.Puis je les connais par cœur les deux Murphy, si ma présence les dérange, ils ne se gêneront pas pour me le faire savoir.  

Alors, je reste en retrait, simple spectateur de la panique qui s'immisce sournoisement dans la pièce au fur et à mesure des paroles de Martin. Rien de tout cela n'est normal.Pourquoi, il n'a plus la motricité de ses jambes et seulement de l'un de ses bras ? L'espace d'une minute, la vision d'un Martin paraplégique traverse mon esprit. Il ne le supporterait pas. Pas lui. Il a trop besoin de son indépendance, de pouvoir voyager sur un coup de tête, faire un trek au milieu du bush australien avec comme compagnon un simple sac à dos. Non, ça ne peut pas lui arriver à lui. Non, je refuse que deux de mes proches soient touchés par ce genre de chose. J'ai vu la détresse de Clément, je ne veux pas voir mon meilleur ami traverser une telle épreuve.

Impuissant face à la crise d'angoisse de celui que je considère comme un frère, je laisse Ian gérer toute la situation. Je me contente d'être là, présent sans jamais m'imposer à écouter les conseils que prodigue le médecin qui semble pourtant peu sûr de lui. Martin doit se reposer et ça je ne peux que l'approuver mêmes'il commence déjà à ronchonner. Ian hésite à sortir de la pièce et je plonge mon regard dans le sien. « Je reste avec lui. » Je ne le lâcherai pas sois en sûr, je serais là, sans vaciller (ou tout du moins je vais essayer). Il s'échappe dans le couloir et je viens m'imposer au pied du lit. « Tu as faim ? Soif ? » Il va me trouver chiant, je le sais parfaitement et je l'assume tout autant. Et je reviens m'assoir près de lui, je prends sa main complètement endormie dans la mienne et commence des mouvements léger. Vaine tentative d'aide, geste désespéré pour m'occuper l'esprit. Je ne sais plus vraiment. « Ca va aller! » que je martèle avec tout la confidence qu'il me reste.Oui ça va aller...

Il n'y que mon frère qui parvient à me faire dire la vérité. Est-ce parce qu'il est médecin lui-même et que du coup il un grand nombre de connaissances que je n'ai pas forcément ? Ou est-ce parce que c'est mon frère, tout simplement, et que je n'ai absolument aucune raison de lui mentir ? Pourtant je n'ai pas non plus de raisons de mentir à Loan et je n'ai cessé de minimiser mon état jusqu'à présent. Pourquoi ? Pour ne pas l'inquiéter plus que de raison ? Pour ne pas qu'il panique  car s'il panique je sais que je ne pourrais retenir la mienne ? Je n'en sais trop rien.

Dans tous les cas il aura suffit de même pas deux minutes à mon frère pour que j'avoue tout. Mes problèmes, mon manque de sensation, ma motricité qui me manque. Je parle de tout jusqu'à la crise d'angoisse qui est rapidement maîtrisé grâce aux quelques gestes de Ian. Celui-ci m'assure ensuite qu'il fera en sorte qu'on ait rapidement une réponse concernant mon état mais que pour l'instant, étant donné que nous sommes en plein milieu de la nuit, on n'en saura sans doute pas plus. Toutefois, il s'en va, sans doute pour aller glaner les quelques informations que les infirmières voudront bien lui donner, me laissant donc seul avec Loan.

Je sens bien qu'il tente réellement de rester calme mais je le connais mon meilleur ami, dans le fond il est en panique totale. Je le laisse toutefois faire lorsqu'il contourne mon lit et, se plaçant à ma gauche, prend ma main dans la sienne. Mon regard se pose sur nos doigts qui s’entrelacent alors qu'il commence à faire faire des mouvements à ma main et je secoue la tête  « J'ai pas faim» dis-je, sans quitter nos mains sur regard  «Et j'ai pas soif non plus »

 «Non ! » m'exclamais-je soudainement lorsque Loan était sur le point de relâcher ma main  « Je ...enfin, continue. S'il te plaît» car mine de rien, voir ce mouvement me fait beaucoup de bien. Au final, Loan fait, instinctivement, ce que j'aurais fait, moi, si j'étais à sa place en tant que kiné face à un patient qui est dans mon état.  « tu peux bouger mon poignet aussi, un peu ? Et mon coude ? » j'observe ses doigts et chacun de ses gestes  « oui, voilà, tu peux y aller plus franchement, tu risques pas de me faire mal » détournant le visage, je ferme les yeux et me concentre totalement sur le mouvement, essayant de l'accompagner comme je peux.  « Si un jour on m'avais dis que c'est le patient qui devrait s'occuper du kiné j'aurais rigolé» rayais-je avec un sourire, même si le cœur n'y est pas forcément.

 «merci » dis-je finalement en reposant mon regard sur le jeune homme.  « Vraiment, je ...» ma voix se bloque tant ma gorge est nouée et je déglutis légèrement  « T'es vraiment le meilleur petit ami qu'on puisse avoir» et le sourire amusé qui se peint sur mes lèvres est, cette fois-ci, sincère.

 « Bon, les infirmières n'en savent pas plus» me tire la voix de Ian de mes pensées. Tournant mon regard vers lui, je le vois qui se fige, sourcil arqué, en nous observant  «Bon, je pensais que c'était une blague, Loan, quand tu disais que vous étiez ensemble » ironise-t-il, sourire narquois sur les lèvres  «Mais hey, vous faites ce que vous voulez hein, ça ne me regarde pas. Et pis je suis content que ce soit toi et pas quelqu'un d'autre que mon frèrot ait choisit » je soupire et roule des yeux  «t'es complètement con en fait » secouais-je la tête alors que Ian se laisse tomber sur la chaise  « En plus il est déjà prit, donc j'ai plus aucune chance» reprenais-je avec une moue presque triste.  « ouais, tu me l'avais dit» répond-t-il en sortant son ordinateur de sa sacoche  «Tu peux rentrer, tu sais » reprenais-je, quelque peu mal à l'aise que mon frère soit encore là alors qu'il a toujours juré sur ses 7h de sommeil  «Mon service commence dans 3h à côté, ça sert à rien que je reparte pour revenir » hausse-t-il les épaules.  « Moi toi tu vas me faire plaisir et tu vas dormir maintenant» reprend-t-il sur un ton intransigeant.


@Loan Severide

Je ne sais même pas vraiment ce que je fais lorsque je commence à manipuler la main de Martin. Je l’ai vu faire tellement de fois sur moi puis je ne sais pas… J’en suis à me dire que faire bouger un peu ses muscles pourraient être bon après tout. Je veux dire ça ne pourra pas faire de mal. C’est surtout pour m’occuper l’esprit pour ne pas laisser la panique prendre le dessus, sinon je vais ressembler à un poulet sans tête et il se moquera de moi pour le reste de ma vie. Je continue mon massage, mais me sens rapidement idiot et va pour arrêter. Mais Martin en décide autrement, il me demande de continuer, de le faire avec plus d’attention. Alors, je reprends mes gestes, je tente quelques points de pression même si je n’y connais rien du tout. Alors, j’y vais à l’aveugle, j’écoute ce qu’il me dit et je vois son visage se détendre petit à petit. « J’ai appris du meilleur. » que je plaisante tout en continuant le massage sur son avant-bras et dans le creux de son coude.

Il finit même par plaisanter Martin et je dois dire que ça me permet de me détendre encore un peu plus. S’il plaisante, c’est que ça va tout de même un peu mieux non ? Mais il a le teint pâle aussi non ? Je crois oui. Il n’est pas bien, ça se voit. Et lorsque Ian revient pour nous dire qu’on n’en saura pas plus ce soir, je dois dire que je suis vraiment vraiment déçu. Mais lui aussi, il plaisante. Faut croire que c’est de famille. « J’aurais adoré t’avoir comme beau-frère. » que je plaisante en lui faisant les yeux doux. Je lâche la main de Martin, et même si je sais qu’il va râler, je viens rapidement embrasser le front de Martin. Ça me rassure de pouvoir le toucher et le voir bien vivant là sous mes yeux. « Tu devrais te reposer, toi. » Mais bien entendu il continue à jouer les têtus nous disant de rentrer, qu’il pourrait bien se débrouiller tout seul. « Arrête d’être aussi têtu, on bouge pas. » Non je refuse de partir de cette chambre d’hôpital tant que je ne saurais pas ce qu’il a. Ca me stresse trop ce silence autour de son état. « Tu me prêtes un bout de ton lit ? » Parce que le mini canapé à pas l’air très confortable puis j’ai bien envie de rester près de lui. « Eh t’as dit que j’étais un bon petit ami, alors tu dois me faire de la place. » que je dis en riant. « Je suis sûr Clément serait d’accord. » Ou pas. Je lui laisserai pas vraiment le choix quand il s’agit de Martin en réalité. On se prend souvent la tête, mais il reste la personne présente dans ma vie depuis le plus longtemps. « Je te raconte une histoire pour que tu dormes ? » Je suis chiant ? Peut-être.

Les petits gestes que Loan fait faire à mon bras me font bien plus de bien que ce que j'aurais pensé. Il est doux, il travail de façon instinctive, sa poigne n'est ni trop forte ni pas assez. En somme, il fait exactement ce que j'avais envie de lui demander de faire mais ce que je n'avais pas osé. Peut-être pas honte ? J'en sais rien. Dans tous les cas, j'apprécie grandement ce qu'il m'offre là et je souris simplement lorsqu'il dit qu'il a apprit du meilleur.

C'est alors que mon frère revient dans la chambre, annonçant que personne n'a d'information me concernant. Je retiens ma déception, sachant relativiser à cause de l'heure qu'il est actuellement. Nous plaisantons ensuite tous les trois sur le fait que Loan n'aurait peut-être pas mentit quand il a dit qu'il était mon copain. Lui il surenchérit qu'il aurait adoré avec Ian comme beau frère, mais au final il est prit par Clément et c'est tant mieux. Au moins le comédien le rend heureux et c'est tout ce que je souhaite.

C'est alors que Loan me demande de lui faire un peu de place dans mon lit et je n'ai pas le temps de répondre quoique ce soit que Ian redresse la tête  «Pour des raisons hygiénique, on évitera ça » explique-il sur un ton calme  « Alors ok, vous avez peut-être déjà souvent partagé un lit, mais ce n'est pas la même chose» reprend-t-il en haussant les épaule  «Si t'avais été son père et si Martin avait été un gamin, là on t'aurait filé un lit d'appoint mais au final t'as pas vraiment de raisons officielles pour rester ici. » je grimace, m'excusant silencieusement du regard  «Donc au bien tu prends le petit canap là ou alors tu rentre. De toute manière je suis là moi et j'ai ton numéro. Tu peux revenir plus tard, les visites sont autorisé à partir de 13h.Et dans tous les cas au moindre souci je t'appelle  » il relève son visage sur Loan  « Ok ?» je pose, moi aussi mon regard sur mon meilleur ami  «Vraiment, rentre et essaie de dormir un peu, tu reviendras plus tard » je l'encourage sincèrement de prendre cette option là car c'est la plus logique, sa présence n'étant pas requise dans l'immédiat. Et pis connaissant le fonctionnement de l'hôpital je sens qu'il se ferait viré dès l'arrivé de la relève à 6h.

Et au final après avoir entendu tous nos arguments, Loan se ravise et après une dernière étreinte et une promesse de la part de Ian de l'appeler dès qu'il y a des nouvelles, il prend ses affaires et s'en va, me laissant seul avec mon frère. Et Quelques minutes après le départ de mon meilleur ami, je sombre, moi aussi, dans un sommeil sans rêve.


@Loan Severide